Le cinéma d'horreur britannique n'a pas l'air au mieux de sa forme. Ce qui restait de la Hammer a été racheté par le fondateur d'Endemol, qu'on devine plus désireux d'écouler du caca sous un label prestigieux que de révéler le nouveau Christopher Lee, et les quelques trucs qui parviennent jusque chez nous en DVD, comme Doghouse ou Donkey Punch, ne sont pas bien fameux. Du coup je ne sais pas trop ce qui m'a poussé à acheter Comedown, en dehors du fait qu'il y avait une offre "2 films pour 20€" au supermarché et qu'il me fallait un autre DVD pour accompagner celui que je voulais vraiment. C'est fou le fric que je peux gaspiller avec ces promos à la con.
En théorie, le film pourrait être une variation un petit peu originale autour du thème usé des jeunes qui s'isolent dans un trou perdu pour faire la fête et se font éventrer par un quelconque équarrisseur en goguette : ici, pas de gosses de riches en route pour une maison de campagne, mais une bande de petits prolos rosbifs qui squattent un immeuble abandonné et découvrent qu'ils n'y sont pas seuls. Bon enfin ça n'est pas non plus spécialement novateur hein, c'est déjà un peu ça dans See No Evil voire La Horde. Mais disons qu'il me semble que les HLM insalubres d'outre-Manche sont un décor de simili-Vendredi 13 sensiblement moins courant que la campagne américaine. Le point de départ de l'intrigue est, en revanche, assez banal : le DJ d'une radio pirate paye un groupe de copains pour aller installer une antenne au dernier étage de la tour où ils ont grandi. Munis d'une quantité respectable de substances récréatives diverses, ils décident d'en profiter pour passer la nuit dans le bâtiment, désormais condamné, et fêter la sortie de prison de l'un d'eux. Ils ignorent que deux membres d'une bande rivale sont déjà sur place, et pire encore, qu'un mystérieux inconnu vit toujours là et capture ou exécute ceux qui s'aventurent sur son territoire.
Ceux qui ont vu le malheur de voir Phénomènes se rappelleront peut-être de ses plans insistants
sur des arbres, censés faire flipper, "hou hou attention, les arbres !", ici on a droit à la même chose
avec un immeuble. Attention, attention, regarde l'immeuble comme il est inquiétant, t'as peur hein ?
Il s'écoule une demi-heure avant qu'il se passe quoi que ce soit d'autre que "cinq petits cons tous plus ou moins antipathiques s'insultent, fument des joints et boivent des bières", ce qui n'est pas vraiment idéal pour motiver un spectateur à rester regarder jusqu'au bout. Pour ne rien arranger, on a droit à la série des "fausses alertes" pour film d'horreur paresseux qui essaie de te faire sursauter sans se fouler, les "ah non en fait c'est juste un rat", le pote qui surgit de nulle part pour faire une blague, le mec qui tombe mais ça va il a simplement trébuché, l'inconnu au détour d'un couloir mais c'est pas lui le méchant, etc. Ca peut être efficace... un peu facile hein, mais efficace... si y a déjà un peu de suspense et que le public est bien tendu sur son siège, prêt à bondir, mais ici ça souligne plutôt cette désagréable impression qu'en dehors du fait qu'à un moment ils ont eu peur d'une bestiole, il ne s'est toujours rien passé alors qu'on est en train d'arriver mollement à un tiers du film déjà.
Bien entendu, la seule du groupe à se souvenir qu'elle a un téléphone portable
commence par l'utiliser comme lampe-torche au lieu d'appeler du secours.
La suite n'est pas beaucoup plus intéressante, les personnages s'isolent un par un pour des raisons discutables et se font serrer par le méchant tueur, qui a différentes armes improvisées et pièges à sa disposition pour se débarrasser d'eux. Ca n'est jamais ni malin ni inventif, on se doute très vite de l'identité du psychopathe, son mobile est ridicule et l'idée même qu'il s'était préparé à la venue de ses futures victimes ne tient pas debout. Tout est d'une grande platitude, idiot et sans surprise (si vous décidez de le regarder quand même, au bout de 10 minutes notez l'ordre dans lequel vous pensez que les personnages vont mourir, à la fin du film vous verrez que vous avez tout bon), et même le décor, qui aurait pu être un moyen d'apporter un peu d'originalité au film, est exploité plutôt bêtement. Pour couronner le tout, les spectateurs qui arriveront à tenir jusqu'au bout de ces 90 minutes d'ennui seront récompensés par un épilogue absurde qui achève de donner l'impression qu'on est face au travail d'un amateur dont l'ambition se limite à régurgiter les clichés des films qu'ils consomme, pour faire comme les vrais.
Même les exécutions manquent d'imagination.
Jason Voorhees doit se retourner dans sa tombe.
Il y a des films tellement ratés qu'ils en amènent à reconsidérer l'opinion négative qu'on a pu avoir sur d'autres du même genre qui, d'un coup, ne paraissent plus si mauvais en comparaison. Comedown, hélas, en fait partie. J'évoquais See No Evil il y a quelques paragraphes ; ça reste un slasher plutôt médiocre mais par rapport à celui-ci, d'un coup on se dit qu'il est quand même dans le dessus du panier de l'horreur bas-de-gamme. Si vous faites une soirée entre potes et que vous avez besoin, vers 3 heures du matin, après avoir épuisé le stock de bons DVDs, d'un dernier film devant lequel tout le monde pourra s'endormir sans regret, nul doute que Comedown fera l'affaire, mais à cette heure-là il y aura sûrement un Crocoshark vs Anacondasaurus sur NRJ12 qui ne vous coûtera pas 10€.