Allez, la fin du mois approche alors aujourd'hui ce sera non pas un ni même trois mais quatre films d'un coup, la série des Critters, qui ne doit pas évoquer grand'chose aux plus jeunes d'entre vous mais dont le premier épisode fait partie de ces films qui, sans vraiment être considérés comme des classiques de la série B de l'époque, ont quand même gardé une place dans les mémoires de ceux d'entre nous qui ont grandi dans les années 80, aux côtés de choses comme Starfighter ou Dar l'invincible. C'est généralement le genre de film qu'on évite de revoir une fois parvenu à l'âge adulte, histoire de ne pas écorner le vague bon souvenir qu'il nous en restait depuis nos 12 ans. Mais bon, vous savez ce que c'est, avec les intégrales DVD pas chères, on se dit que 4 films pour un peu plus de 10€ c'est une bonne affaire, qu'à ce prix-là ça vaut le coup de se replonger dedans, que c'est l'occasion de découvrir les épisodes qu'on avait ratés à l'époque et peut-être même de s'apercevoir que ça n'est pas simplement un sous-Gremlins vaguement sympa, mais un vrai bon petit film qui mérite de ne pas tomber dans l'oubli. Oui, même si la majorité de mes critiques ici sont négatives, je reste un type très optimiste.
Pour ceux qui ne connaissent pas, la série des Critters met en scène de méchants extraterrestres carnivores, qu'on pourrait décrire comme un mélange de hérisson, de piranha et d'ewok, et les chasseurs de primes de l'espace chargés de les traquer pour éviter qu'ils ne mangent trop de gens. Petits, fourbes, rigolards, ils sèment la panique et la destruction partout où ils passent, et forcément avec ce côté "ils sont méchants et ils cassent tout mais c'est drôle parce qu'ils sont débiles" (qui nous a aussi donné, à la même époque, les Ghoulies, les Hobgoblins, Munchies et quelques autres) on pense immanquablement à Gremlins, même si le réalisateur du premier épisode affirme évidemment que ça n'a rien à voir parce qu'en réalité c'est lui qui a eu l'idée avant.
La série ne précise jamais ce qui se passe si les Critters mangent après minuit,
mais malgré les dénégations de l'auteur la filiation avec Gremlins est évidente.
Critters est signé Stephen Herek, un réalisateur qui a connu son heure de gloire après ce film avec un passage chez Disney (Les Petits champions, Les Trois mousquetaires...) et un énorme succès public (Les 101 Dalmatiens) avant d'entamer une longue traversée du désert au cours de la décennie passée (son dernier film en date est Le Chaperon pour WWE Studios...). Dans la petite ville rurale américaine de Grover's Bend, la famille Brown voit sa maison envahie par les "Krites", des monstres évadés de la prison spatiale où ils venaient d'être transférés. Les parents, leurs deux enfants et leur ami Charlie luttent avec les moyens du bord contre ces bestioles féroces et venimeuses jusqu'à l'arrivée des exterminateurs armés jusqu'aux dents lancés à leur poursuite, et ne rechignent pas à faire autant de dégâts que leurs proies pour s'en débarrasser.
Un gag récurrent assez rigolo des premiers épisodes :
les chasseurs de l'espace, qui peuvent changer d'apparence à volonté
pour passer inaperçus sur Terre, choisissent toujours des looks improbables.
La subsistance d'oeufs de Krites à la fin du film amène ses trois suites à se construire sur une trame similaire, en déplaçant à chaque fois le lieu de l'action : les oeufs éclosent, les bébêtes bouffent quelques imprudents et foutent le bordel, Charlie aide les survivants de leur attaque à les éliminer. Dans Critters 2, on est toujours à Grover's Bend mais cette fois c'est toute la population qui affronte les monstres ; dans Critters 3, les oeufs sont embarqués vers la grande ville et s'en prennent aux occupants d'un petit immeuble ; enfin, la série renvoie les monstres dans l'espace dans Critters 4, idée qui sera repompée quelques années plus tard par Leprechaun 4, puis encore après par Jason X et qui est généralement signe qu'on a épuisé toute les possibilités et qu'il est temps de laisser ses personnages reposer en paix. Ce que les producteurs de Critters ont d'ailleurs été les seuls à avoir eu la sagesse d'accepter.
Malgré quelques situations un peu originales, Critters 3 sent la redite inutile.
Comme souvent avec les séries d'horreur, le premier épisode est le meilleur du lot, mais il faut bien avouer que dans le cas présent ça ne veut pas dire grand'chose : en plus d'avoir mal vieilli, les Critters étaient quand même super moyens dès le départ et ont ensuite dérivé vers la médiocrité puis la nullité tandis qu'il passaient sous la caméra de tâcherons de moins en moins doués. L'élément le plus notable de ces films est peut-être d'avoir plus ou moins mis le pied à l'étrier à de jeunes acteurs qui n'avaient eu que de petits rôles à la télé avant, mais ont fait carrière depuis : Scott Grimes, le gamin des deux premiers, est devenu le Dr Morris de la série Urgences et le Will Scarlett du Robin des Bois de Ridley Scott ; Angela Bassett, héroïne du dernier, a joué à peu près toutes les femmes noires célèbres de l'histoire des Etats-Unis, de Betty Shabazz à Michelle Obama en passant par Tina Turner et Rosa Parks. Et puis évidemment, Critters 3 a été le premier film de Leonardo DiCaprio, qu'on ne présente plus (enfin pour ceux qui connaissent pas, c'est le mec qui joue Louis XIV dans L'Homme au masque de fer), même si ce ne fut qu'un direct-to-video. Aucun des trois ne livre une performance mémorable, mais forcément, leur présence fait de la série un petit objet de curiosité. Mais à part ça, malheureusement, c'est un peu la dèche.
Vous vous rendez compte qu'il va avoir 38 ans cette année Leonardo DiCaprio ?
On a beau se dire que les effets spéciaux ne font pas tout, les Critters sont quand même sérieusement handicapés par les limites de leurs marionnettes, clairement très rudimentaires malgré un look pourtant réussi. Elles bougent à peine, et leurs apparitions se divisent donc entre des plans fixes où on les voit simplement mâcher des trucs ou se marrer, les scènes ou un acteur doit faire semblant de se débattre avec une peluche inanimée agrippée à sa gorge, et les moments où ils se roulent en boule pour poursuivre quelqu'un, et là on voit les fils qui les tirent. Du coup, ils ne peuvent pas être très drôles, leurs facéties étant banales et vite répétitives (ouh, il a cassé de la vaisselle/renversé du manger et tout sali, c'est pas bien !), ni très effrayants, entre autres de par leur tendance à rester parfaitement immobiles et se laisser exploser quand ils se font tirer dessus. Leur bilan est d'ailleurs assez dérisoire, puisqu'en quatre épisodes, ils doivent tuer une petite douzaine de personnes au total. Autrement dit, en 320 minutes ils tuent à peine deux fois plus que le Père Noël dès les 5 premières minutes de Very Bad Santa. Ajoutons qu'il ne subsistait apparemment plus que trois marionnettes pour les deux derniers films, et qu'on a encore plus de mal à croire les personnages en danger, du coup.
The Asylum, qui sort en DVD des copies minables des succès cinéma de l'année,
n'a rien inventé : l'année où Alien 3 sortait en salles, Critters 4 envahissait les vidéoclubs.
Certes, la série fait l'effort de changer de décor à chaque film et de garder un lien entre tous grâce aux personnages d'Ug et Charlie. Mais le truc c'est justement qu'on finit par se dire que si Barry Opper a continué d'écrire et produire des suites après Critters 2, c'est surtout pour donner du boulot à son frère Don, l'interprète de Charlie. Et arrivé au dernier film, le manque d'idées, de motivation et de budget est assez flagrant, et le résultat assez éloigné des comédies horrifiques bon enfant des débuts. Ca devient une sous-copie de sous-Alien indigente et assez sinistre, avec un unique gag laborieux répété à longueur de film (l'ordinateur de bord fait systématiquement le contraire des ordres qu'on lui donne), un virage à 180° inexpliqué pour le personnage de Ug, un point final à la série pas vraiment en apothéose.
Si Scott Grimes disparaît après Critters 2, Don Opper en revanche est présent à chaque film.
Les deux premiers contenteront peut-être les nostalgiques particulièrement indulgents envers tout ce qui provient de leur enfance, et quelques jeunes curieux désireux d'ajouter une petite touche old school et légère à leur marathon du 31 octobre. On passe pas un mauvais moment devant, si vous avez déjà vu et revu cent fois Gremlins c'est une alternative correcte, mais sans plus, vraiment. Les deux suivants sont vraiment inutiles et l'achat du coffret n'est donc pas forcément une super affaire (cela dit, séparément les films ne sont disponibles qu'en import). Honnêtement, à moins d'avoir absolument besoin de parfaire votre culture du cinéma de genre pour postuler à Mad Movies ou animer une nouvelle version de La Dernière séance en 2030, vous pouvez bien vous passer des quatre.