9 novembre 2009
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18:04

Bref, j'aime bien Rhona Mitra, voilà, c'est dit. Et donc, ayant déniché Doomsday à 5 € dans l'une de ces éditions sans suppléments vendues moins chères que celles disponibles en grandes surfaces, j'ai voulu me faire un avis par moi-même sur ce que beaucoup considèrent comme une merde complètement ratée, mais que certains défendent quand même comme une chouette série B décomplexée et rigolote.
Réalisé par Neil Marshall, dont je n'ai vu que Dog Soldiers, film de loups-garous bien accueilli par la critique à l'époque mais que je n'avais personnellement trouvé que très moyen, Doomsday s'ouvre sur des scènes qui lorgnent assez clairement sur l'excellent Les Fils de l'homme, sans en avoir ni la force ni la classe. L'Ecosse est en proie à une terrible épidémie et les victimes se comptent par millions. Il n'y a aucun remède, et nombreux sont ceux qui tentent de fuir vers l'Angleterre pour tenter d'y échapper. Mais pour empêcher la propagation de la maladie, le gouvernement décide de mettre toute l'Ecosse en quarantaine en érigeant un mur fortifié pour la séparer du reste du pays, et en abattant toute personne qui tente de s'en approcher. Juste avant que le portail en soit définitivement scellé, une mère écossaise confie sa petite fille à des militaires anglais, pour qu'ils l'amènent du bon côté du mur et assurent ainsi sa survie.

ne suffit malheureusement pas à donner à l'héroïne la personnalité nécessaire
pour entre au panthéon des icônes du cinéma d'action.
25 ans plus tard, la petite fille est devenue Rhona Mitra, et son personnage est si mémorable dans le film que j'ai oublié son nom, c'est dire si les scénaristes et réalisateurs d'aujourd'hui sont fortiches pour imposer des successeurs aux Snake Plissken, aux John Matrix, aux John McClane ou aux Martin Riggs d'antan. On va donc l'appeler Rhona, c'est plus simple. Rhona est devenue agent des forces spéciales, et le gouvernement a besoin d'elle pour une mission top secret : s'infiltrer en Ecosse, où il y aurait apparemment des survivants, et en ramener ce que ces survivants ont utilisé pour ne pas succomber au virus, car celui-ci a refait surface dans le coeur même de Londres et les heures sont comptées avant que le sud du pays ne soit ravagé de la même façon que le nord 25 ans plus tôt. Avec l'aide d'une équipe de militaires et de scientifiques, Rhona franchit le mur et se dirige vers Edimbourg...

dans le rôle d'un clone de Wez de Mad Max 2.
La civilisation qui s'est reconstruite en 25 ans est constituée d'une horde de sauvageons lookés comme dans les Mad Max, avec crêtes de punks, peintures de guerre, cuirs cloutés et bagnoles customisées avec des ossements. Un style qui traduit l'agressivité des autochtones, qui se manifestera par une assez franche hostilité envers Rhona et son commando, puisqu'à leur arrivée, ils les attaquent par surprise, les tuent et les mangent, sauf l'héroïne bien sûr et une poignée de sous-fifres destinés à mourir un peu plus tard dans le film. Rhona parviendra-t-elle à s'évader et à retrouver le savant qui est soupçonné d'avoir mis au point un remède au virus ? Les punks cloutés sont-ils les derniers humains d'Ecosse où rencontrera-t-elle également d'autres cinglés ayant décidé de vivre à l'heure médiévale dans un vieux château-fort ? Les méchantes autorités britanniques seront-elles bien punies d'avoir si mal géré les crises liées au fléau ?

n'en sera que plus spectaculaire grâce à de mauvais effets spéciaux, sachez néanmoins que
pour cuire sa viande on ne la jette pas directement dans le feu, sinon ça brûle et c'est pas bon.
Doomsday, c'est un peu la quintessence du film d'action moderne, et je ne dis pas ça comme un compliment. Incapable d'avoir l'ombre d'une idée originale, ça recopie les glorieux anciens sous prétexte de leur rendre hommage ; le montage des scènes d'action est à base de trois plans à la seconde, ce qui est je suppose censé les rendre dynamniques mais ne parvient qu'à les rendre absolument illisibles ; et sous prétexte qu'un film d'action n'a pas besoin d'être très intelligent, ça se permet d'être complètement con mais sans pour autant en devenir rigolo.

et la cascadeuse qui lui vole la vedette sur la jaquette n'a pas été facile
avec ce putain de montage épileptique.
avec ce putain de montage épileptique.
Je fais partie de ces amateurs de films d'action snobs qui n'arrivent pas à excuser n'importe quelle daube à coups de "bah tant que tu te débranches le cerveau et que tu regardes ça pour rigoler entre copains bourrés, ça va", ni à se satisfaire d'une simple succession d'explosions. Et c'est vrai que Doomsday ne manque pas d'explosions hein, d'ailleurs à chaque fois qu'un véhicule entre en collision avec quoi que ce soit, il explose instantanément en une grosse boule de feu. Alors si regarder une série d'explosions suffit à vous divertir, cool, courez l'acheter et n'en parlons plus. Cela dit, pour moins cher vous avez des vidéos Youtube, et on ne peut pas dire que Doomsday ait beaucoup plus à offrir. Le film souffre du même problème que The Creeps ou Des serpents dans l'avion : sur le papier, il y a une idée à la con qui aura de quoi allécher l'amateur de projets délibérément crétins, mais comme l'auteur ne sait finalement pas du tout comment l'exploiter, le spectateur déchante très vite en voyant tout ça tomber à plat.

Les accessoiristes se sont vraisemblablement donné beaucoup de mal pour concevoir
des véhicules à la Mad Max, mais tout est si mal filmé et monté que leur boulot se voit à peine.
des véhicules à la Mad Max, mais tout est si mal filmé et monté que leur boulot se voit à peine.
Il y a des gens qui arrivent à s'en contenter, remarquez. Probable qu'ils se répètent en boucle "ha ha quand même des punks et des chevaliers dans un monde futuriste, comment c'est trop con donc trop marrant !" pendant tout le film sans trop le regarder pour de vrai, histoire de se convaincre que c'est vraiment aussi rigolo que c'était censé l'être en théorie. Ca doit être le même genre de gens qui pensent être encore drôles en se lançant dans le sempiternel débat "c'est qui le plus fort, le ninja, le pirate, le robot ou le zombie ?", je pense. Alors là encore, comme pour les explosions, si le simple fait de lire "ninja" et "zombie" dans la même phrase peut vous provoquer 90 minutes d'euphorie, peut-être que vous jubilerez devant Doomsday chaque fois que vous reconnaîtrez de quels films plus réussis celui-ci est inspiré, ou simplement en vous rappelant à quel point quand même, cette idée de "Snake Plissken en femme + punks + chevaliers" c'est la chose la plus drôle que vous ayez vue depuis ce t-shirt "Pirates vs Ninjas vs Zombies" que vous avez acheté par internet.

Mais le contenu du film lui-même ne donne pas vraiment de raisons de l'aimer à ceux qui cherchent un peu plus que des voitures qui explosent et du cosplay de Mad Max et Excalibur. Si seulement il y avait eu des personnages un peu plus marquants, des répliques un peu percutantes. Hélas, l'héroïne n'est pas du tout mise en valeur, elle n'a pas de petit trait de caractère qui la distingue vraiment, pas de spécialité originale, pas de petite phrase qui tue. Son seul gagdet amusant, son oeil de verre-caméra, est à peine utilisé. Ses compagnons d'infortune sont encore plus fades, ses ennemis sentent trop le déjà-vu pour être vraiment mémorables. Du coup on ne peut pas dire que l'on se passionne pour le sort de tout ce petit monde. L'univers du film n'est pas crédible une seconde sans pour autant faire preuve de suffisamment de fantaisie pour séduire quand même, et son intrigue accumule tant d'invraisemblances qu'on n'en a assez vite plus rien à cirer.
Je comprends l'intérêt de se réfugier dans un château-fort en ces temps troublés,
mais faudra m'expliquer comment au passage Malcolm McDowell a convaincu ses sympathisants
de ne pas y apporter le confort moderne et d'y vivre comme des gueux de Sacré Graal.
Pour que ça fonctionne malgré toutes ces faiblesses, il aurait fallu que les scènes d'action soient vraiment à couper le souffle mais à ce niveau-là aussi, c'est un énorme ratage : avec cette manie de filmer la moindre séquence de 5 secondes avec 284 caméras différentes on n'a pas vraiment l'occasion de voir quoi que ce soit de spectaculaire. Résultat, on s'ennuie ferme malgré toute cette frénésie, et tant d'efforts déployés pour avoir l'air extravagant et délirant ne donnent au final qu'un mix de n'importe quoi complètement insipide et indigeste. Dans le genre "hommage sauce portnawak au cinéma de genre à l'ancienne", préférez Planète Terreur de Rodriguez, largement plus réussi et divertissant.

mais faudra m'expliquer comment au passage Malcolm McDowell a convaincu ses sympathisants
de ne pas y apporter le confort moderne et d'y vivre comme des gueux de Sacré Graal.
Pour que ça fonctionne malgré toutes ces faiblesses, il aurait fallu que les scènes d'action soient vraiment à couper le souffle mais à ce niveau-là aussi, c'est un énorme ratage : avec cette manie de filmer la moindre séquence de 5 secondes avec 284 caméras différentes on n'a pas vraiment l'occasion de voir quoi que ce soit de spectaculaire. Résultat, on s'ennuie ferme malgré toute cette frénésie, et tant d'efforts déployés pour avoir l'air extravagant et délirant ne donnent au final qu'un mix de n'importe quoi complètement insipide et indigeste. Dans le genre "hommage sauce portnawak au cinéma de genre à l'ancienne", préférez Planète Terreur de Rodriguez, largement plus réussi et divertissant.