Après avoir été vu par 15 personnes en salles, Jonah Hex s'est retrouvé en promotion à peu près 20 secondes après sa sortie en DVD. Clairement, ça intéresse personne, et les tentatives pour le rendre plus appétissant visibles sur la jaquette ne parviennent qu'à lui donner l'air plus louche. "D'après le personnage légendaire DC Comics" ? Ouais, genre les vrais personnages légendaires ont besoin qu'on le précise. Des comparaisons avec Underworld, qui n'a aucun rapport, et Ghost Rider, avec lequel on peut à la rigueur trouver une vague parenté, mais qui est une merde ? Drôle d'idée. Et "Avec une Megan Fox explosive !", sachant que Jennifer's Body a déjà prouvé qu'elle ne suffisait pas à attirer le chaland s'il n'y avait pas de robots transformables autour d'elle, ça fait un peu désespéré. Pour ma part, j'aurais refusé d'y jeter un oeil si je n'avais pas découvert que le tandem Neveldine/Taylor, qui devait réaliser, avait été remplacé avant le tournage, probablement quand leur producteur a eu l'idée de visionner leurs précédents films. Mais là du coup, avec les soldes ça m'a rendu curieux. Un film de cowboys qui joue la carte de la fantaisie et de l'outrance, ça a le mérite d'être original.
Après 20 ans de westerns "crépusculaires" s'efforçant de copier Impitoyable,
une histoire de cowboy nécromancien avec des Gatling guns sur son canasson c'est rafraîchissant.
Je ne sais pas en quoi consiste le petit miquet dont c'est tiré, mais sur grand écran, c'est l'histoire d'un ancien soldat de l'armée confédérée devenu chasseur de primes après la défaite du Sud et le massacre de sa famille par ses propres compagnons d'armes, qui l'ont défiguré au passage. Son ancien supérieur Quentin Turnbull, reconverti en terroriste, s'apprête à lancer une attaque dévastatrice contre les Etats-Unis et le Président décide donc de faire appel à Jonah Hex pour l'arrêter. Mû par sa soif de vengeance et aidé par son pouvoir magique qui lui permet de réveiller les morts pour leur soutirer des informations, Hex se lance sur la piste de l'homme qui a détruit sa vie.
Le film offre une quantité raisonnable de scènes d'action mais malheureusement,
il brûle ses meilleures cartouches dès le premier quart d'heure et
s'achemine ensuite vers un final pas particulièrement spectaculaire.
Dans le rôle-titre, Josh Brolin s'efforce de porter tout seul le film sur ses épaules, et comme il n'y a à peu près rien ni personne pour l'aider autour, Jonah Hex ne tient pas la route longtemps. Certes le début est sympa si vous ne cherchez pas du western sérieux et que vous êtes prêt à accepter une série B fantastico-cartoonesque, un genre de Wild Wild West en plus sombre et à l'humour plus pince-sans-rire sur fond de hard rock. Le héros a une bonne sale gueule, quelques répliques bien senties, et quelques gadgets rigolos, comme une double mitrailleuse montée sur son cheval ou des pistolets qui tirent des bâtons de dynamite. Comme ça ne prétend pas être une reconstitution historique, ça passe bien, c'est plutôt fun. Même le choix de Megan Fox paraît judicieux : ok, elle joue décidément pas très bien, mais avec son visage de poupée et sa silhouette improbable à la Jessica Rabbit, elle s'intègre tout naturellement dans cet univers fantasmagorique.
Brolin se donne du mal pour rendre le héros mémorable, et il faut reconnaître
que sans sa performance l'intérêt du film serait proche du néant.
Mais assez vite, le film s'égare, le réalisateur ne sachant visiblement pas trop quoi faire des éléments à sa disposition, et comme l'intrigue est banale et que John Malkovich assure tout juste le minimum syndical dans un rôle de méchant sans relief, ça n'aide pas à retenir l'attention du spectateur. Il y a peu de véritables rebondissements, pas mal de scènes ont l'air de n'exister que pour introduire un nouveau personnage secondaire venu révéler un élément du passé du héros avant de disparaître du film sans avoir rien fait de vraiment intéressant. Jonah va voir son armurier, ça pourrait être le prétexte à une séquence "Q dans James Bond", mais non, c'est juste pour rassurer le public sur le fait que, même si c'est un ancien Sudiste, notre chasseur de primes n'est pas un méchant raciste (et aussi parce qu'intégrer un ancien de la série Sur écoute au casting est devenu obligatoire dans les films tirés de comics, comme dans Punisher ou The Losers ou récemment Thor). Jonah va interroger une vieille connaissance qui dirige un cercle de combats (contre un monstre !!) et là on se dit que logiquement, il va se retrouver forcé de participer à un duel sauf qu'en fait non, il repart sans être descendu dans la fosse, le but de la scène était juste de lever un coin de voile sur les raisons de la haine de Turnbull envers Hex. Quand on sait que l'ensemble ne fait que 70 minutes, on se dit que cette faible durée aurait pu être utilisée un peu plus efficacement.
Le cascadeur qui a dû subir des heures et des heures de maquillage pour devenir
l'Homme-Serpent a dû faire la gueule quand il a découvert que son rôle ne servait à rien finalement.
Jonah Hex est donc un film raté, mais je tiens à redire qu'il n'est pas aussi catastrophique qu'on pourrait le craindre. On ne le retiendra pas comme l'une des meilleures adaptations de BDs au cinéma mais ça ne mérite pas non plus d'être cité dans les pires ; au moins, Brolin parvient à rendre son personnage intéressant. Comme j'aime bien les comparaisons avec la cuisine, disons que c'est un plat concocté par un chef qui n'avait pas la recette et pas que des produits frais sous la main : le résultat n'est pas bon, mais pas immangeable, et on peut quand même savourer quelques ingrédients valables au milieu du gâchis. Je ne conseille certainement pas l'achat du DVD, mais si ça passe à la télé un soir où il n'y a vraiment rien d'autre, vous n'êtes pas obligé de zapper.