7 novembre 2009
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Réalisé par Gregory Dark, ancien filmeur de porno devenu réalisateur de clips pour Snoop Dogg et Britney Spears, See No Evil a failli s'appeler The Eye Scream Man, titre formidablement nanaresque s'il en est. A la différence d'un Freddy, d'un Jason, d'un Michael Myers ou d'un Jigsaw, son tueur fou (nommé Jacob Goodnight au générique mais qui reste anonyme pendant le film) n'est ni défiguré ni caché derrière un masque ou une marionnette, mais opère à visage découvert, celui de Glenn Jacobs, connu des fans de la WWE sous le nom de Kane (ou de Isaac Yankem DDS si vous avez arrêté de regarder du catch après 1996). Après avoir grandi en cage dans une caravane, éduqué par une mère catho intégriste qui le punissait cruellement pour de "vilaines pensées" qu'elle provoquait elle-même à coups de magazines de cul, Jacob devient un psychopathe dangereux qui enlève des jeunes femmes, les mutile et les tue. Un policier parvient, au prix de l'un de ses avant-bras, à mettre fin à ses agissements d'une balle dans la tête. Evidemment, le corps du monstre n'est pas retrouvé à l'arrivée des renforts...

du jeu d'acteur de Kane.
Des années plus tard, le brave policier manchot est amené à surveiller un groupe de jeunes détenus recrutés pour nettoyer un vieil hôtel crasseux et délabré en échange d'une remise de peine. Les 4 gars et 4 filles voient surtout ça comme un moyen de passer quelques jours hors de leur maison de correction, draguer et fumer des joints, sans se douter que dans les couloirs rôde un grand chauve au crâne troué et réparé par une plaque de métal, et qui aime punir les gamins mal élevés...

Dans un genre aussi encombré que le film de maniaque-qui-poursuit-des-jeunes-pour-les-tuer, il devient difficile de se distinguer de la masse. See No Evil tente le coup de deux façons : d'un côté, en essayant de faire de Jacob Goodnight un personnage mémorable et pas seulement un sous-Jason de plus, de l'autre en jouant avec quelques clichés et conventions du genre tout en ayant l'intelligence de ne pas lorgner du côté de Scream ou Scary Movie. Malheureusement, faute de mieux exploiter ses bonnes idées et intentions, et surtout faute de trouver un bon rythme, le film ne décolle jamais.

Kane l'acteur aux mille et une grimaces.
Il y a pourtant une certaine intensité au démarrage, avec la découverte d'une victime encore en vie et l'affrontement sur les lieux du crime, mais ça retombe tout de suite après et s'enlise dans les bavardages et chamailleries de ce groupe de jeunes couillons qui glandouillent tranquillement sans que leurs superviseurs semblent préoccupés par leur intention visible de ne pas en ramer une. Quand les meurtes démarrent, il y a un petit problème, c'est qu'on ne s'est attaché à aucun des personnages et qu'ils peuvent bien tous claquer sans qu'on s'en soucie. A la limite, ce ne serait pas un problème si, par ailleurs, leur bourreau avait le côté cool et rigolo d'un Freddy ou d'un Chucky, qui pourrait amener le spectateur à se ranger de son côté à lui, mais malgré ses multiples mimiques quasi-cartoonesques, Goodnight n'est pas vraiment un marrant, n'a pas une personnalité très développée, et n'est pas très créatif dans ses exécutions. Du coup, vous ne vous surprendrez probablement pas à lancer des "ouais vas-y Kane !" pour déconner entre deux bouchées de popcorn tandis qu'il plante sa chaîne-crochet dans ses proies avant de les énucléer avec ses gros doigts sales.

Restent les tentatives de détourner ou de s'amuser un peu avec les lieux communs du film d'horreur. Par exemple, on sait que généralement, si les personnages niquent, ils vont se faire buter, parce que le sexe, c'est vilain. Kane Jacob Eye Scream Man va encore plus loin : pour être sûr de ne pas rater les jeunes qui baisent, il a carrément installé un système de clochettes liées par des fils aux ressorts des matelas de l'hôtel ; ainsi, dès que ça copule quelque part, il est averti, et peut aller faire son boulot de monstre de film d'horreur. Ouais, c'est pas grand'chose, mais c'est mignon comme idée. Autre exemple, l'ordre dans lequel les personnages sont tués tend lui aussi à aller à contrecourant des lois du genre. Tout ça est louable, mais reste trop limiter our vraiment tirer le film vers le haut.

En résumé, on peut dire que malgré quelques qualités (comme je suis bon et plein de mansuétude, j'y ajoute le décor, plutôt réussi même s'il ne se démarque pas vraiment du style cracra-sordide-marron en vogue dans ce que certains appellent la nu horror), See No Evil compte trop d'éléments médiocres pour susciter l'engouement. Je ne dirais pas que je me suis ennuyé de bout en bout mais j'ai trouvé ça franchement con et pas bien palpitant. A 2 ou 3 € je ferais peut-être moins la fine bouche parce que même si ça n'est quand même pas le plus mauvais film d'horreur que j'aie vu, mais le petit divertissement qu'il y a à trouver dans See No Evil ne mérite certainement pas 10 € à mes yeux. AAAAAARGH NON MES YEUX PAS MES YEUEUEUEUX !!!!!
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See No Evil (2006), réalisé par Gregory Dark (Between the Cheeks, Hootermania) sur un scénario de Dan Madigan. Avec Glenn Jacobs (MacGruber), Christina Vidal (Freaky Friday), Michael Pagan (Le Témoin du Mal), Rachael Taylor (Grey's Anatomy).