16 novembre 2009
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Ma soeur m'avait dit "C'est vraiment une merde, mais tu devrais le regarder quand même". Elle connaît mes goûts, ma soeur, elle sait que mon affection pour la série Z m'amène parfois à apprécier des films dénigrés par le commun des mortels. Comme Jason X, par exemple. Et justement, Skinwalkers est l'un des rares films du réalisateur de Jason X. Se pouvait-il que ce que les critiques désignaient quasi-unanimement comme un ignoble navet dissimule en réalité un très honnête petit film d'horreur original et divertissant ?
Comme son titre l'indique (mais uniquement à ceux qui connaissent les légendes navajos), Skinwalkers parle de loups-garous. Dans un monde où les loups-garous existent mais vivent cachés, deux clans s'affrontent. L'un d'eux est composé d'individus ayant choisi de lutter contre leur nature, qu'ils considèrent comme une malédiction, et se font enchaîner par des humains les nuits de pleine lune avant que leur transformation survienne, afin de ne pas faire de victimes. Dans l'autre camp, en revanche, on trouve ceux pour qui la lycanthropie est un bienfait, des créatures amatrices de sang humain qui tous les mois, libèrent l'animal qui est en elles pour aller chasser de la chair fraîche. Ce second groupe est bien contrarié par une prophétie qui annonce qu'un enfant parviendra à libérer le monde de la malédiction des loups-garous le jour de ses 13 ans et cherche à mettre la main sur le gamin, qui est évidemment sous la protection du premier groupe. Ce qui va bien sûr pousser tout ce petit monde à s'entretuer pendant un peu plus d'1h20 de film.

Elias Koteas est légalement tenu d'apparaître dans deux films sur trois.
Une prophétie avec un être élu, un enfant en plus, et une lutte fratricide qui va survenir à la veille de sa réalisation (parce que les mecs n'ont pas pensé à chercher le gamin avant les jours qui précèdent ses 13 ans pour éviter d'avoir à le buter à la dernière minute) : à peine commencé, le film se traîne déjà de sacrés gros boulets et malheureusement, cette fois-ci Jim Isaac n'est pas là pour plaisanter avec les lieux communs comme il a pu le faire sur le 10ème Vendredi 13. D'ailleurs autant le dire tout de suite, Skinwalkers n'a pas la moindre des qualités de Jason X. Rythme plombé par les temps morts, effets spéciaux moisis, pas d'humour... Là où Jason X parvenait à se montrer original par de petites touches loufoques alors que beaucoup lui reprochaient de n'être que "Alien, mais avec Jason", Skinwalkers essaie maladroitement d'être "Terminator 2, mais avec des loups-garous" et se vautre lamentablement dans la banalité et l'ennui.

puis attendre que Jonathan Mostow et McG fassent des suites pourries.
Autant je n'ai pas de mal avec Rhona Mitra en Sarah Connor, même si je regrette qu'une fois de plus la pauvre hérite d'un personnage sous-exploité, autant les autres "remplaçants" ne soutiennent pas deux secondes la comparaison avec leurs modèles. John Connor dans sa version 91 était cool, c'était un petit débrouillard qui savait pirater des distributeurs de billets, faisait de la moto et écoutait du hard rock. Dans cette repompe de 2006, c'est un petit geignard inutile dont la seule tentative pour se faire remarquer consiste à sortir quelques remarques timidement lubriques à une infirmière pour jouer au grand garçon, ce qui n'a pas grand intérêt. A part ça, on a aussi Elias Koteas à la place de Schwarzenegger, et si je ne remets pas en cause ses talents d'acteur, faut reconnaître qu'il n'a pas vraiment la trempe d'un héros de film d'action. En plus son personnage est nul ; un loup-garou qui ne veut pas être loup-garou, c'est chiant. Et pour finir, là où T2 s'efforçait d'en mettre plein la vue au spectateur avec une succession de cascades exceptionnelles et des effets spéciaux dernier cri, Skinwalkers n'a que quelques fusillades banales et des maquillages plutôt foireux. On a même droit aux transformations en loup-garou à l'ancienne en 3 temps, 1) j'ai des fausses dents et des lentilles colorées, 2) oh regarde, la pleine lune !, 3) ça y est je suis un homme-loup.

qu'à faire des trucs de loups-garous.
Le fait que l'intrigue et les réactions des personnages soient presque toujours débiles et incohérentes n'aide pas non plus à se plonger avec passion dans le truc. C'est le genre de film où un personnage voit son père mourir sous ses yeux abattus par les méchants, et puis hop dès la scène suivante on n'en reparle plus jamais parce que le père n'était qu'un figurant. Plus loin c'est un autre personnage qui doit abattre sa fille chérie, et ça lui pose un terrible dilemme pendant au moins, oh, disons une seconde, une seconde et demie. Et ne parlons même pas du retournement final... A part ça, on aussi droit à "Toi ??? Mais je te croyais mort !!!", un beau cas de "ça alors, je n'aurais jamais cru que mon fils Luke Skywalker pouvait se cacher sur ma planète natale, chez mon demi-frère, sous mon vrai nom de famille", et la pauvre Rhona qui ne s'est jamais rendue compte qu'à chaque pleine lune, son défunt mari, toute sa belle-famille et une grande partie de leur village allaient se faire enchaîner dans des caves par les rares membres humains de sa communauté, et ce pendant au moins 14 ans.

Certes, ça se veut une course-poursuite effrénée qui ne laisse pas le temps de réfléchir aux détails du scénario, mais comme les scènes d'action manquent de punch, c'est raté. Il faut dire que des ralentis malvenus et des personnages qui font claquer leurs armes toutes les 10 secondes (combien de fois il faut éjecter une douille, ou enclancher une balle dans le canon, ou retirer la sécurité ou autre avant de tirer une fois au fusil ?) comme seuls éléments de mise en scène censément "cool", c'est léger. Bref, 6,33 € pour un film minable, même pas classifiable comme "nanar drôle", ça fait cher payer. C'est vrai que je peux glisser la poche de faux sang dans le boîtier d'un meilleur film, remarquez, c'est toujours ça. Mais pour ce qui est de voir réellement décoller la carrière de Rhona Mitra comme héroïne de cinéma de genre, c'est encore un coup pour rien. Si son agent ne lui trouve pas de meilleurs films, elle risque de rester la Milla Jovovich du pauvre.