J'aurais dû commencer par ce film au début du mois, pour fêter les 40 ans de Massacre à la tronçonneuse, mais le hasard des trouvailles de DVDs pas chers ne fait pas toujours bien les choses. Mais à propos d'anniversaires, vous vous rendez compte que le remake a déjà dix ans passés ? Et son producteur Michael Bay n'a pas dû se faire autant de fric qu'il espérait avec, vu qu'il a lâché l'affaire au bout d'une seule suite et revendu les droits à la boîte qui a produit les Saw. Vu qu'on leur doit aussi l'ignoble The Tortured, j'avoue que j'avais pas trop confiance, mais j'étais curieux quand même.
L'intrigue ignore tous les films précédents sauf l'original (résumé pendant le générique), et démarre là où il s'arrête. Alerté par la dernière survivante d'un carnage, le shérif d'une petite ville du Texas tente d'appréhender la famille de reclus cannibales qui en est à l'origine. L'arrestation se finit en bain de sang après irruption d'autochtones assoiffés de lynchage. Officiellement, toute la famille est éliminée, mais en réalité, vous vous doutez bien qu'un certain colosse handicapé mental amateur d'outils de découpe a réussi à s'enfuir.
Mais tenez-vous bien, Leatherface n'est pas le seul rescapé puisque sa cousine, encore bébé, est arrachée à sa mère et adoptée par un couple du coin. Une vingtaine d'années plus tard (donc théoriquement ça devrait se passer dans les années 90 mais les personnages ont tous des smartphones), les facéties de la génétique hollywoodienne ont poussé la petite à travailler au rayon boucherie d'un supermarché et à intégrer des ossements à ses oeuvres d'arts, tout en lui permettant d'avoir le physique d'Alexandra Daddario (vous pouvez cliquer sans crainte même au bureau, c'est pas un lien vers sa scène à poil dans True Detective) plutôt que d'une brute dégénérée. Elle hérite d'un manoir appartenant à sa vraie famille, dont elle ignore tout. Elle s'y rend avec un groupe d'amis, et je vous laisse deviner si la suite est une comédie dramatique indé douce-amère sur la difficulté de se forger une identité et de renouer avec ses racines quand on est un enfant adopté, ou une série de courses-poursuites entre un taré armé d'une tronçonneuse et des jeunes gens qui subissent le genre de mort atroce qu'on ne souhaite qu'au type qui a composé le "fou-foui-foui-fou" des téléphones Samsung.
Alexandra Daddario tient vraiment à ce que vous sachiez que son coach de fitness fait du bon boulot,
vu qu'elle passe tout le film soit en haut court soit en chemise pas boutonnée,
mais on ne va pas s'en plaindre, hein, j'ai raison ou quoi les gars ?
J'ai la vague impression qu'après des décennies de suites, remakes, copies et parodies, il y a des gens pour qui Leatherface, Jason Voorhees et Michael Myers sont devenus interchangeables, y compris des gens chargés d'écrire et réaliser de nouveaux films pour ces personnages. Il y a des moments dans Texas Chainsaw où on se dit que les auteurs n'étaient pas tout à fait sûrs de qui fait quoi. "Massacre à la tronçonneuse c'est bien celui avec le mec qui tue des gens à Halloween hein ? Bon dans le doute, on va dire que ça se passe à Halloween. Et Leatherface c'est celui qui veut tuer sa soeur ? Ou je confonds avec Vendredi 13 ? Bon on n'a qu'à mettre un peu de tout, pour être sûrs. Je m'y perds, ils se ressemblent tous ces psychopathes masqués qui poursuivent les honnêtes gens dans la forêt avec des instruments tranchants". Même s'ils s'efforcent de prouver leur déférence envers les films originaux, ça se fait par petits clins d'oeil superficiels (Bill Moseley et Gunnar Hansen ont des petits rôles, les personnages ramassent un autostoppeur, le shériff s'appelle Hooper...) tandis que le gros du film ressemble surtout à une histoire de vengeur fou.
Je ne suis pas hyper fan du look un peu "papy" et du nouveau masque,
et l'un des défauts les plus regrettable du film est ne pas vraiment exploiter les spécifités du personnage
et de le représenter simplement comme un cinglé qui te course en brandissant un truc qui fait mal.
C'est crétin comme une suite de Vendredi 13 (l'un des coscénaristes est un ancien collaborateur de Sean S. Cunningham, et a signé Jason en Enfer), mais c'est pas foncièrement désagréable à regarder tant qu'on n'est pas allergique aux films d'horreur un peu idiots. Les protagonistes ont souvent des comportements dangereusement absurdes (tiens, et si on ne lisait pas la lettre super importante donnée par le notaire qui a dit que c'était vital qu'on la lise avant toute chose ? tiens et si on confiait la baraque à ce vagabond inconnu qu'on vient juste de rencontrer ?) et on nage dans les vieux clichés (bien sûr il y a de vilains petits fornicateurs parmi les premières victimes, bien sûr les ploucs sont des dégénérés, bien sûr c'est précisément quand on doit s'enfuir que la camionnette refuse de démarrer) mais ça m'agace moins et ça m'amuse plus que quand un film entend se moquer de tout ça mais s'en ressert quand même. Enfin du coup c'est plus rigolo qu'effrayant, mais ça se laisse voir.
Bien qu'il ne fasse pas vraiment peur, Texas Chainsaw est à déconseiller aux âmes sensibles.
Le côté involontairement drôle prend toute son ampleur dans le dernier acte, avec un retournement de situation à la fois un peu prévisible et totalement invraisemblable qui donne lieu à quelques moments gentiment débiles. Je vous dis rien, je veux pas vous gâcher la surprise, mais moi ça m'a carrément fait espérer qu'il y aura une suite, parce que je serais vraiment curieux de voir dans quelle direction la série peut aller après ça. En tout cas, c'est impossible à prendre au sérieux mais ça a le mérite d'être inédit dans un Massacre à la tronçonneuse. Là où d'autres se seraient contentés d'une variation insipide autour de l'intrigue de l'original, Texas Chainsaw parvient à tenter quelque chose de nouveau pour cette septième aventure de Tronche-de-cuir sans avoir à l'envoyer dans l'espace, et le résultat est plutôt marrant.
De nombreux plans ont clairement été conçus pour exploiter la 3D,
ce que je trouve toujours appréciable, mais malheureusement quand on n'a pas
la télé et le lecteur Blu-Ray adéquats il faut se contenter d'un DVD sans relief.
Ca n'est pas vraiment un bon film, pas franchement un nanar non plus, si vous cherchez de l'horreur sérieuse pour flipper pour de vrai ça fonctionnera pas, et si vous espérez quelque chose dans la veine du premier film vous serez déçus, mais à mon avis c'est vraiment parfait pour une soirée Halloween entre potes. C'est couillon mais jamais ennuyeux, on goleri quand l'héroïne se pète la gueule comme une merde ou tente de fuir à bord d'une grande roue à la fête foraine. Il y a quelques scènes bien gore, c'est dommage que les effets numériques ne soient pas très réussis mais ça change de ces productions hollywoodiennes qui restent toute propres pour échapper à une interdiction aux moins de 12 ans. Voilà, sachez donc où vous mettez les pieds si vous décidez de le regarder, en tout cas mois après 4 semaines de médiocrité je considère que je tiens là le premier film recommandable du mois.