Après trois épisodes de Maniac Cop, Larry Cohen et William Lustig n'avaient apparemment plus trop d'idées mais ont tenté de recycler encore un dernier coup celle du fou en uniforme qui tue des gens. Cette fois c'est un militaire et plus un flic, et ça se passe dans une petite ville au lieu de New York. Ca n'a pas dû trop bien fonctionner puisqu'après ça, le réalisateur de Maniac a préféré raccrocher sa caméra et se lancer dans la distribution de cinéma bis en DVD et Blu-Ray. Dommage qu'il n'opère pas en France parce que du coup, ici, son dernier film n'est disponible que dans une édition pourrave en VF et format 4/3 chez "Action et Communication" (en gros ça doit être les mêmes gens que "Prism"). Bon, je ne dis pas que c'est un chef-d'oeuvre qui méritait une sortie luxueuse mais là entre l'image dégueu et le doublage naze, il n'avait clairement pas beaucoup de chances de séduire.
Ici, je vous ai déjà parlé de films d'horreur sur Halloween, Noël, la St-Valentin et vendredi 13, mais je n'en avais pas encore déniché un sur le 4 juillet, la fête nationale américaine, jusqu'à aujourd'hui. L'histoire démarre quelques jours avant les festivités, avec la découverte d'un hélicoptère abattu trois ans plus tôt par un tir allié lors de la première guerre du Golfe, et de ses occupants carbonisés. Parmi les corps rappatriés, celui de Sam Harper, qui reprend vie lorsqu'une bande de jeunes profane sa tombe en brûlant un drapeau au-dessus. Très en colère contre tous ceux qui, à ses yeux, déshonorent l'Amérique, notre cadavre ambulant dissimule ses brûlures sous un déguisement d'Oncle Sam pour se joindre incognito à la fête du 4 juillet, au cours de laquelle il commet une série de meurtres sanglants...
Contrairement à Timothy Bottoms et Bo Hopkins, feu Isaac Hayes n'a même pas droit
à son nom sur la jaquette, alors qu'il a un rôle nettement plus important qu'eux.
Uncle Sam avait suffisamment d'éléments intéressants pour s'élever au-dessus de la moyenne des films de tueurs fous calqués sur les grands classiques du genre. Mais il ne parvient jamais à trouver un rythme satisfaisant et une cohérence dans son propos, si bien qu'au final c'est surtout un gros gâchis laborieux. Le film dénonce les guerres "illégitimes" des Etats-Unis, dont les victimes américaines tombent plus souvent sous des tirs alliés que sous ceux de l'adversaire, et semble vouloir faire de son tueur une sorte d'anti-héros qui combat les "vrais" ennemis du pays, ceux de l'intérieur : un politicien véreux, un avocat qui aide les riches à payer moins d'impôts, un shérif qui consomme la drogue qu'il confisque... Alors que le cinéma d'horreur a tendance à se contenter de nous dire que c'est pas bien d'aller là où tes parents t'ont interdit d'aller et de faire des cochonneries avec d'autres petits inconséquents dans ton genre, c'est plutôt malin d'avoir choisi un message plus politique, et en montrant clairement le personnage comme un extrémiste (il va jusqu'à s'en prendre à un instituteur qui a refusé de faire le Vietnam, ou un gamin qui s'est moqué de l'hymne national) on évite l'impression que les auteurs cherchent réellement à dire "ces gens-là faudrait les tuer". Malheureusement, dans le dernier acte Lustig finit par saboter son Oncle Sam avec une volte-face qui en fait simplement une machine à tuer sanguinaire plutôt qu'une victime dont la vengeance va trop loin.
Le costume fait certes partie des éléments qui rendent le film unique,
mais il n'est pas vraiment très réussi.
A la limite, que ça loupe le coche en tant que film "engagé", c'est dommage mais pas très grave. Mais même comme simple slasher, c'est loin d'être une réussite. Le film met trois quarts d'heure à présenter sa galerie de futures victimes puis expédie toutes leurs confrontations avec le tueur en quelques secondes. L'intrigue se focalise sur le jeune neveu de Sam, qui considère son oncle comme un héros de guerre et l'idolâtre avant de comprendre que c'est un assassin, mais sa prise de conscience du fait que la guerre forme des tueurs plutôt que des héros n'est pas une révélation très originale ou intéressante. Certains passages donnent l'impression d'être des résidus d'idées abandonnées en cours de route (à quoi sert le petit aveugle en fauteuil roulant ? pourquoi cette musique inquiétante dans la dernière scène alors qu'il n'y a pas de rebondissement final ?). Et pour ne rien arranger, le costume et le masque font vraiment bas-de-gamme.
Le look du tueur en version "mutilé de guerre" fonctionne beaucoup mieux,
dommage qu'il le troque pour un déguisement pas terrible pendant la majeure partie du film.
Il y a tout de même des tueries comme on les aime quand on aime les films d'horreur, avec quelques pointes d'originalité et d'humour noir, l'Oncle Sam empale un type sur un drapeau, en tue un autre avec des feux d'artifice, se sert de la hachette de George Washington pour fracasser un crâne, tire sur Lincoln... Mais ni ça, ni un maquillage de zombie trop cuit plutôt réussi ne suffisent à faire oublier qu'on s'ennuie pendant une bonne moitié du film. Ca fait de la peine d'avoir à déconseiller un film qui a de bonnes idées et de la personnalité, mais le fait est qu'il est complètement raté. Revoyez plutôt Maniac.