7 novembre 2009
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White Ninja n'est pas l'adaptation du webcomic pas drôle (c'est quasiment un pléonasme) du même nom, heureusement, mais l'aventure édifiante de Willy, sorte de semi-clodo interprété par notre fameux CdMdAM et qui, à ses heures perdues, endosse son uniforme de ninja blanc pour aller défendre les opprimés contre d'autres ninjas moins recommandables. Et justement, les ninjas du clan Sakura ont dérobé un caisson de plutonium à des fins obscures, tandis que leurs collègues, simples hommes de main mafieux pas ninjas, rackettent tout un quartier, pendant que leur boss, fils du chef de clan ayant du mal à assoir son autorité, garde une pauvre strip teaseuse sous son emprise, et il se trouve que Willy est amoureux de la pauvre strip teaseuse même s'il passe son temps à partouzer avec deux putes, mais du coup lui et son alter ego le ninja blanc vont évidemment fourrer leur nez dans tout ça, même si la CIA est déjà sur le coup, mais la CIA n'est constituée que d'un seul officier, qui en plus n'a pas l'air d'être CdMdAM et se moque bien du sort de la pauvre strip teaseuse qu'il utilise comme espionne, donc c'est tant mieux que Willy/le ninja blanc décide de récupérer le plutonium, sauver la fille et mettre fin au racket, finalement.

Moi j'aime bien quand un film laisse des fautes de frappe dans ses textes, ça ajoute au côté cheap.
Je sais, raconté comme ça, ça a l'air inutilement compliqué et un petit peu con. "Un petit peu con" c'est pas grave, quand on achète un film de ninja à 3 € normalement on sait plus ou moins qu'on ne met pas les pieds en territoire hitchcockien, mais inutilement compliqué c'est dommage, c'est un genre qui s'accommode bien d'histoires simples qui vont droit au but. Là, on dirait presque un pilote de série cherchant à présenter les diverses facettes du personnage, le brave gars nonchalant qui drague les filles, fait du basket et joue avec les gosses, le redresseur de torts qui défend les gentils commerçants de Chinatown contre les truands, l'agent secret qui s'infiltre dans les hauts lieux du terrorisme international pour y jouer du sabre... Ca donne une succession de saynètes un peu décousues, dont le ton varie de la comédie pas drôle à la ninjaterie mi-molle pour Occidentaux, et qui peine à trouver un équilibre et un rythme satisfaisants.

ringard et pas drôle au mépris du public qui aimerait bien voir plus souvent
le ninja blanc promis sur la jaquette.
Fidèle à la tradition des films de karaté dont le héros est blanc, Jay Roberts Jr le CdMdAM est finalement impliqué dans très peu de combats, comme si malgré sa championnitude il ne touchait pas une bille au niveau coups de lattes. D'habitude, ce manque est compensé par une moustache et/ou un bandeau "ninja" qui valent toutes les ceintures noires du monde, et l'air déterminé d'un dur à cuire sur les pieds duquel il vaut mieux ne pas marcher. Ainsi, Richard Harrison et Bruce Baron n'ont peut-être jamais fréquenté un dojo de leur vie, mais ils transpirent indéniablement la ninja-attitude. Mais alors que le titre du film et son uniforme devraient le pousser à tenter d'incarner la quintessence du ninja de type caucasien, Jay Roberts est sans doute le pire que j'aie pu voir dans le rôle du gaijin encagoulé pourfendeur de ses méchants homologues asiatiques. Aucune présence, trop d'insistance à jouer au déconneur sympa alors qu'il n'est que beauf, une barbouze crado pour tenter de masquer la faiblesse de sa moustache, il semble en revanche capable de se castagner pour de vrai, et on se demande donc bien pourquoi le metteur en scène a insisté pour exploiter autant son talent inexistant pour la comédie et si peu son habileté au niveau des mawashi-geri dans la gueule, puisque concrètement, il ne doit pas passer beaucoup plus de 5 minutes dans tout le film avec son costume de gentil assassin masqué.

il emploie déjà brillamment le coup de pied en vue subjective.
Ce serait presque excusable si le film avait tout simplement pensé à employer l'autre artifice habituel de ce genre de production, faire se fritter des Chinois toutes les dix minutes histoire qu'il y ait quand même une dose d'action correcte avant que Toubab se décide à mettre le pied à la pâte dans la scène finale, mais Dusty Nelson, le gars pas doué derrière la caméra, semble tellement persuadé du charme du personnage de Willy qu'il n'y en a quasiment que pour lui. Willy fait ami-ami avec les mômes du coin, Willy rigole avec des filles de mauvaise vie, Willy claque des dunks, Willy visite la librairie, Willy va au club de strip-tease pour regarder danser son égérie, Willy joue de l'harmonica... Et pendant ce temps, quid du fameux Ninja Blanc du titre, je vous le demande ?

Visuellement, la qualité est pourrie, mais on a l'habitude avec les DVDs de cet éditeur (et des éditeurs de DVDs pour solderies en général). Ca fait même plus ou moins partie du charme des nanars de ninjas. Malheureusement, White Ninja souffre en plus d'un grave problème au niveau sonore, puisqu'arrivé aux deux tiers du film environ, le son se retrouve affreusement parasité et devient quasiment inaudible pour une vingtaine de minutes. Comme il ne s'agit pas de 20 minutes d'arts martiaux mais de 20 minutes avec des dialogues, c'est quand même un sacré problème, même si on suppose qu'on ne rate rien de vraiment intéressant.

et il n'y a aucune chance pour que je te batte comme ça.
Je te propose donc de poursuivre à mains nues cette lutte à mort."

J'accepte donc de me désarmer pour que tu puisses gagner quand même."

et c'est encore plus sympa d'avoir envoyé ton petit frère de 12 ans à ta place !"
En fin de compte, White Ninja est un peu le cul entre deux chaises, entre nanar et navet. Il y a des moments involontairement comiques, des petits détails qui font sourire, un doublage assez pouilleux comme on les aime, mais ça manque d'action, les combats sont sans intérêt, il n'y a pas beaucoup d'originalité, la qualité visuelle et sonore est au-dessous du seuil acceptable/appréciable de médiocrité, et on s'ennuie vraiment pas mal. A 50 centimes ou 1 €, et en faisant pas mal d'avance rapide, ça passait à peu près, mais là, même un fan de ninjateries au rabais ne s'y retrouvera pas.
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White Ninja (White Phantom, 1987), réalisé par Dusty Nelson (Necromancer, Inferno) sur un scénario de Chris Gallagher et David Hamilton. Avec Jay Roberts Jr (After Shock), Page Leong (48 heures de plus), Bo Svenson (Kill Bill 2).