Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 08:10

The Last PatrolDepuis trente ans, Dolph Lundgren maintient un statut de star du cinéma d'action tout en n'ayant jamais eu le premier rôle dans un vrai gros succès. Après les échecs successifs des Maîtres de l'Univers et du Punisher, il s'est contenté grosso modo de jouer les seconds couteaux pour des confrères plus connus, et d'enchaîner des séries B à deux balles qui sortent directement en VHS ou DVD (et qui sont devenues plus faciles à se procurer que le Punisher et les Maîtres de l'Univers, justement). Et j'ai l'impression qu'il n'a jamais vraiment développé un style à lui. Un film de Van Damme ou Seagal, on sait à quoi ça ressemble, en tout cas pour ceux de la période où ils sortaient encore en salles. Mais un film de Lundgren, c'est plus flou. Pour autant que je puisse en juger (car j'avoue n'en avoir pas vus tant que ça) c'est simplement un film de Stallone ou Schwarzenegger qui n'avait les moyens de se payer ni l'un ni l'autre. Et c'est dommage, vu que Lundgren est meilleur acteur que ce que pourrait laisser penser sa prestation robotique dans Rocky IV, et qu'il a un physique unique. Il aurait mérité de meilleurs rôles, une carrière plus intéressante. Mais vu que plus personne ne risque de lui proposer d'être la tête d'affiche d'une grosse production étant donné son impact limité sur le box office, et qu'il faut bien bouffer quand même, il tourne dans n'importe quoi quatre fois par an. De temps en temps il y a un truc correct dans le lot. Et de temps en temps, il y a The Last Patrol.

Ecrit il y a une quinzaine d'années par une scénariste de soap opera et son mari, sans doute encore sous le choc du séïsme* qui avait frappé Los Angeles en 1994, c'est une tentative de faire du post-apocalyptique avec le budget d'un épisode de L'Agence tous risques, un casting qui ferait de la peine aux studios Asylum, et l'idée saugrenue que le "Big One" qui menace la Californie pourrait carrément provoquer la fin du monde. Lundgren joue un militaire de carrière qui vient de prendre le commandement d'un dépôt de matériel de l'armée lorsque survient un tremblement de terre cataclysmique qui coupe le continent américain en deux et détruit presque toute civilisation au passage. Sa base, miraculeusement intacte mais isolée du reste du monde, devient alors un abri pour les rares survivants de la région : une officier de l'armée de l'air, un troufion et son extravagante épouse, un couple de touristes beaufs, un vieil excentrique, un jeune Indien... La relative quiétude de ce petit monde va se retrouver perturbée par la présence, dans les environs, d'une prison dont les détenus ont pris le contrôle et vont chercher à s'emparer de leurs armes et de leur eau potable.


Au début on pourrait croire que ça va être un déluge d'explosions, mais n'espérez
surtout pas du
Mad Max, en réalité il n'y a quasiment pas d'action avant le dernier quart d'heure.


Peut-être que l'histoire était parfaitement cohérente dans la tête des auteurs mais qu'ils ont oublié d'en écrire la moitié. Ou bien au contraire ils ont pondu 150 pages mais Sheldon Lettich, le réalisateur (que vous connaissez tous ici comme celui de beaucoup des premiers Van Damme, évidemment), a décidé de ne filmer qu'une partie des scènes pour ne pas dépasser les 90 minutes, mais en ne choisissant que les moins intéressantes et en faisant dire plein de choses à sa vedette en voix off pour essayer de combler les trous dans le scénario. En tout cas ce qui est certain c'est que le résultat est une purge, incroyablement ennuyeuse de par son manque d'action et l'impossibilité d'accrocher à cette intrigue remplie d'éléments qui ne tiennent pas debout, ne servent à rien, ne mènent nulle part. Pourquoi c'est important le sauvetage du cheval ? C'est quoi le délire avec la maladie qui donne des boursouflures ? Ou avec la fille qui fait pleuvoir ? Pourquoi on nous montre le départ solennel du couple de touristes vu que ça n'a aucune incidence sur rien ? Pourquoi en faire des tonnes sur la tension sexuelle entre Lundgren et la blonde si ça ne va jamais plus loin que "ils ont l'air d'être à deux doigts de s'embrasser mais ne le font pas" ?


Idée super originale : et si, alors qu'ils se chamaillent sans arrêt, ils étaient
secrètement attirés l'un vers l'autre ? Eh ben, ça donnerait plein de passages comme ça,
suivis d'aucune conclusion satisfaisante finalement.


C'est absurde, c'est indigent, c'est bavard, il ne se passe presque rien, on ne comprend pas trop ce que c'est censé raconter. C'est calamiteux mais sans jamais en devenir drôle, et je soupçonne que la seule chose un tout petit peu intéressante au sujet du film soit le mystère de son existence même. Comment des professionnels du cinéma ont accouché de ce machin informe, qui ne sait jamais s'il veut être une comédie débile, un film sérieux sur la fin du monde ou un film d'action bourrin ? Ils ont vu l'occasion de se faire payer des vacances en Israël par des producteurs locaux et ensuite ils ont simplement improvisé n'importe quoi au jour le jour pour justifier leur présence, face à des mecs tellement contents de bosser avec des gens d'Hollywood qu'ils les ont laissé faire ce qu'ils voulaient sans jamais se dire "houlà, mais ils sont en train de nous escroquer avec leur merde là" ? Je ne sais pas. S'il y avait un documentaire pour raconter tout ça, ça vaudrait peut-être le coup de s'infliger The Last Patrol. Comme ça n'est hélas pas le cas, il n'y a vraiment rien qui justifie de perdre son temps devant.

*Oui je sais, j'ai drôlement bien choisir mon jour pour parler de ce film. C'est même pas fait exprès.



--------------------------------------------
The Last Patrol (The Last Warrior, 2000), réalisé par Sheldon Lettich (Full Contact) sur un scénario de Pamela K. Long (Santa Barbara) et Stephen Brackley. Avec Dolph Lundgren, Sherri Alexander, Joe Michael Burke (Sex Crimes 2), Rebecca Cross (University Hospital), Juliano Mer (Yom Yom).

Partager cet article
Repost0
18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 11:54

WaterworldJ'aime bien de temps en temps revoir un gros film descendu à sa sortie. Et comme je l'avais mentionné dans ma chronique sur Terrain miné il y a quelques jours, je me suis dit, tiens, pourquoi ne pas revoir Waterworld pour ce mois d'hommage aux stars du cinéma d'action. Après tout, même s'il n'a pas encore été "adoubé" par une apparition dans un épisode d'Expendables, Kevin Costner n'a pas été que le type qui a fait rêver ta maman dans les années 90 grâce à Bodyguard. Entre Les Incorruptibles, Robin des bois, prince des voleurs et Danse avec les loups on peut dire qu'il commençait à s'imposer dans ce domaine. Sinon il n'aurait pas probablement pas pu faire faire Waterworld et Postman.

A l'époque ça a fait couler beaucoup d'encre en tant que "film le plus cher de l'histoire", certains utilisaient le qualificatif comme argument publicitaire pour te faire croire que ça allait forcément défoncer encore plus fort que Terminator 2, mais d'autres le mentionnaient en jubilant à l'idée que ce gros prétentieux de Costner n'allait jamais réussir à rentrer dans ses frais et que ça serait bien fait pour sa gueule (y avait probablement un truc oedipien au-delà de l'occasion de faire des gros titres parlant de "tomber à l'eau", "couler" ou "faire naufrage"). Dans mon souvenir, c'était décevant mais ça ne méritait certainement pas l'acharnement dont ça avait été victime. Alors, vingt ans plus tard, ça donne quoi ?

Généralement décrit comme un "Mad Max sur l'eau" parce que les gens ne sont pas très imaginatifs mais aussi parce que c'est assez vrai, Waterworld se passe dans un futur où la Terre a été entièrement submergée par la fonte des pôles. Ce qu'il reste de l'humanité quelques siècles après la catastrophe survit dans des villages flottants fortifiés, à la merci des attaques des "Smokers", des pirates fumeurs et pollueurs qui écument les mers à bord de l'Exxon Valdez. Costner, lui, préfère se tenir le plus possible à l'écart de tous ces gens-là, d'abord parce qu'il est trop cool pour être ton pote, mais aussi parce que c'est un mutant et qu'il sait qu'il va être rejeté comme un monstre chaque fois qu'on découvrira qu'il a des ouïes de poisson. Il vagabonde à bord de son trimaran à la recherche de bricoles à troquer, mais un jour qu'il s'arrête pour faire ses courses, il se retrouve pris dans un assaut des Smokers puis en fuite avec une petite fille qui porte, tatouée sur son dos, une carte censée mener aux dernières terres encore sèches.


Le village flottant a probablement coûté à lui seul de quoi faire deux autres films
et disparaît complètement après la première demi-heure. Une folie que plus aucun studio n'ose de nos jours,
alors que ça restera toujours bien plus cinégénique des images de synthèse incrustées sur fond vert.

 

Après un détournement rigolo du logo Universal, le film s'ouvre sur Costner pissant dans une bouteille puis buvant son urine recyclée, une scène assez emblématique de deux gros problèmes récurrents dans Waterworld. D'abord, son  univers post-apocalyptique est construit sur des éléments pas super crédibles dès qu'on y réfléchit deux secondes. Alors quoi, dans le futur on invente des filtres à pipi mais plus personne ne sait désaliniser l'eau de mer ? Et l'homme-poisson, il peut respirer dedans mais pas la boire ? Ca se déroule suffisamment longtemps après le cataclysme pour que plus personne ne sache à quoi ressemblait le monde d'avant, et que de nouvelles langues et croyances se soient développées, mais la bouffe et les cigarettes retrouvées à bord du cargo sont encore consommables ? C'est dommage, parce que l'idée de ce monde aquatique est intéressante et que tout ce qui est décors, costumes et accessoires est vraiment chouette, plein de petits détails rigolos comme le fait que les Smokers se confectionnent des vêtements avec ce symbole de la pollution marine que sont les anneaux en plastique qui servaient à tenir les lots de boissons ensemble.


Dans le futur, on sait fabriquer des trimarans hi-tech avec des bouts d'épave et des objets de récup,
mais on ne sait pas recopier des coordonnées sur du papier pour éviter d'avoir à pourchasser
la gamine qui les porte tatouées sur son dos.


Mais l'autre problème, donc, c'est Costner, qui à vouloir casser son image de gentil garçon, finit par en faire trop, au point de se rendre foncièrement antipathique. On devine une tentative de camper un anti-héros eastwoodien, ce qui d'ailleurs lui avait plutôt bien réussi dans Un Monde parfait, mais ici il veut être L'Homme sans nom. Et il n'a pas pu se contenter d'être bourru, solitaire et taciturne, il a tenu à enfoncer le clou, du coup son personnage se comporte constamment en brute égoïste.  Puis après avoir été un sale con imbuvable pendant la moitié du film, d'un coup il décide que ce serait bien de se révéler comme un justicier au grand coeur. Le revirement est trop brusque pour être vraiment plausible, et le personnage ne parvient jamais à séduire. Comme en plus c'est un scénario un peu con qui le mène d'une péripétie à l'autre, c'est difficile de vraiment se passionner pour ses aventures.


"Je vous préviens, si vous essayez encore d'être sympas avec moi, je vous fais violer
par des requins et bouffer par des pirates. Mon coeur d'or ne se dévoilera
que quand on aura fini de réécrire le dernier acte du scénario."


Pourtant, dans les scènes d'action, on sent bien que les deux Kevin (Costner et Reynolds, le réalisateur) se sont dit, quitte à faire péter le record de budget établi quelques années auparavant par James Cameron, autant  essayer d'être encore plus impressionnant visuellement. Et si au final je ne dirais pas qu'il parvient à surpasser Terminator 2, Waterworld ne démérite pas dans ce domaine. C'est l'époque où on faisait encore presque tout avec des vrais cascadeurs, des vrais véhicules, des vraies explosions, dans des vrais décors remplis de vrais figurants, où il fallait que le public voit qu'on n'avait pas lésiné sur les moyens pour lui offrir quelque chose de grandiose. Il y a des cascades en jet-ski, en avion, ils ont même réussi à placer des cascades en voiture à bord d'un bateau, c'est bien foutu, assez inventif parfois, et pas déplaisant à regarder.


A une époque où les James Bond ont un peu mis de côté l'aspect "voyons ce que Rémy Julienne et ses gars
peuvent nous concocter d'inédit" pour le remplacer par
"voyons dans quel ville la doublure de Daniel Craig peut faire du parkour",
c'est pas désagréable de revoir un film où des gens font du ski nautique tirés par un hydravion.


C'est pas un hasard si vingt ans plus tard, Universal n'a aucune intention de faire une suite ou un remake, alors que le spectacle aquatico-pyrotechnique adapté du film continue d'être l'une des attractions-phares de leurs parcs : on ne peut pas s'impliquer dans Waterworld au-delà du simple "ouah dis donc t'as vu les jet-skis qui s'envolent !" ou "ouah le mec là il fait son Tarzan au milieu des flammes, trop fort !" parce que son univers est trop factice, son histoire trop bébête, ses personnages inintéressants (à part, à la rigueur, le méchant joué par Dennis Hopper), mais quand on aime un tant soit peu voir des casse-cous faire leur métier de dingues avec de gros moyens, il y a des scènes qui valent vraiment le détour. Alors oui, c'est un film raté, trop long, un peu puéril dans sa façon d'essayer de nous dire que la pollution c'est vilain, mais si vous n'avez pas de quoi vous payer un voyage à Hollywood, Osaka ou Singapour, c'est au moins l'occasion de voir le show quand même pour quelques euros.


--------------------------------------------------------------
Waterworld (1995), réalisé par Kevin Reynolds (Robin des Bois, prince des voleurs) sur un scénario de Peter Rader (La Dernière légion) et David Twohy (Pitch Black). Avec Kevin Costner, Jeanne Tripplehorn (Basic Instinct), Dennis Hopper, Tina Majorino (Veronica Mars), Gerard Murphy (Batman Begins), Michael Jeter (La Ligne verte). Il y a Jack Black cinq minutes dans le rôle du pilote de l'hydravion aussi.

 

Partager cet article
Repost0
10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 07:19

Terrain mineVous vous rendez compte que Steven Seagal a 63 ans aujourd'hui ? Alors, je sais que j'ai dit que j'allais pas faire tout un mois de chroniques sur lui, mais il faut quand même fêter ça dignement, alors je vais vous parler de son unique réalisation, Terrain miné, un caprice de star qu'il a pu se permettre après avoir ramassé 150 millions avec Piège en haute mer. Toutes proportions gardées c'est un peu son Waterworld à lui, un projet personnel lié à ses préoccupations écologistes, qui lui a valu une réputation de mégalo qui dépense beaucoup trop par rapport à ce qu'il est capable de gagner avec ses petites lubies, un premier pas vers l'expulsion du cercle des acteurs qui comptent à Hollywood.

Encore mince et affublé de son catogan, il incarne Forest Taft, une espèce de super-pompier au service d'une compagnie pétrolière. Héliporté en Alaska pour éteindre un feu sur une plate-forme à coups d'explosion, il est prévenu par le contremaître que leur employeur utilise du matériel défectueux pour pouvoir terminer ses travaux en temps et en heure, faute de quoi les droits d'exploitation du puits seraient restitués aux Inuits. Forest mène sa petite enquête en loucedé et découvre des preuves accablantes. Son patron tente alors de l'assassiner, mais il survit, et décide de faire ce que tout individu déraisonnable ferait à sa place : aller récupérer les tonnes d'explosifs planqués dans son châlet, et faire sauter la raffinerie.

Sans vouloir faire mon analyste à deux balles vu que je ne serais jamais aussi bon que l'expert en la matière, je dirais que les films de la première décennie de carrière de Steven Seagal se divisent grosso modo en deux catégories : ceux dans lesquels tu peux presque imaginer Stallone ou Bruce Willis à sa place et qui sont susceptibles de séduire un public assez large d'amateurs d'action, comme Nico ou Piège en haute mer, et ceux où tu sens qu'on n'a pas osé lui dire non quand il a voulu mettre ses doigts dans le scénario, les dialogues, la mise en scène, et qui sont du coup plutôt à réserver aux gens qui apprécient ces touches de bizarrerie, cette part de folie que tu ne trouves pas chez ses confrères.


Et puis il y a de l'aïkido, et ça non plus tu le vois pas chez Schwarzenegger ou Mel Gibson.


Et malgré les similitudes scénaristiques étonnantes entre ce film et Le Scorpion rouge avec Dolph Lundgren (un homme comprend qu'il travaille depuis des années pour les méchants et, change de camp après avoir été trahi et laissé pour mort, et sa convalescence chez une tribu locale lui permet de se connecter à son animal-totem et de retrouver la force d'aller tout péter), forcément, avec Seagal comme patron sur le tournage, Terrain miné a les deux pieds bien plantés dans la seconde catégorie. Il avait probablement une clause dans son contrat l'autorisant à casser les poignets de ses coproducteurs si l'un d'eux tentait une critique du genre "tu sais Steven, je comprends que dans ce film-ci tu es censé être un genre d'Indien et je te félicite d'avoir écouté ma suggestion d'éviter les imitations d'accent italien, mais j'ai discuté avec ta costumière, la veste à frange, les chemises de cowboy ou la tenue d'eskimo, je suis pas sûr que ça fonctionne", ou "tiens j'ai jeté un oeil sur le scénario, comment ça se fait que ton personnage décide directement de mettre des bombes partout au lieu d'avertir les autorités avec les preuves qu'il a en mains ? Et comment ça se fait qu'à la fin, au lieu d'être arrêté pour meurtres et actes de terrorisme, il est acclamé à une conférence sur l'environnement ?"


Personne ne dit à Steven Seagal ce qu'il peut porter ou non, même
quand il veut porter de la fourrure dans un film sur la protection des animaux.


On a donc affaire à une collection de ses marottes et travers, à commencer par son personnage, évidemment un ancien de la CIA invincible, qui a ce caractère qu'il affectionne de gros con qui se croit brave type, que le spectateur est censé approuver, malgré ce qui ressemble souvent à de l'arrogance et du sadisme, comme une sorte de guerrier-poète, de philosophe redresseur de torts. C'est le mec, quand tu fais un truc qui lui déplaît, il t'arrête pas tout de suite, il te laisse continuer jusqu'à être sûr que t'aies largement dépassé les limites, comme ça il a une excuse pour te défoncer la tronche en t'humiliant au passage, puis il conclue en te disant sans ironie qu'il a fait ça pour ton bien et que lui non plus n'est pas parfait. Et comme il se bat pour l'écologie et que l'écologie c'est bien, il peut se permettre de détruire une exploitation pétrolière après avoir froidement abattu ses gardes et au risque de tuer de simples ouvriers au passage : ce sont les oeufs qu'on ne peut éviter de casser pour l'omelette de la protection de nos frères les eskimos, les ours, les caribous et les aigles.


Forest Taft ne fait pas dans la demi-mesure quand il casse des oeufs.


Alors voilà, il y a quelque chose d'admirable dans cette espèce de complexe de supériorité dont il fait preuve en toute décontraction, mais le fait est qu'avec cette attitude, même quand il a raison (parce que c'est vrai que c'est pas bien de ne pas respecter les Indiens et l'environnement), il est difficile à prendre au sérieux. Avec lui quand il y a une scène de baston dans un bar, ça ne peut pas être une simple baston dans un bar, il faut que ça se règle en impliquant le plus sérieusement du monde un jeu de cour de récré en plus des traditionnelles mandales dans la gueule, et que ça se conclue sur deux adversaires qui se quittent en s'avouant l'un à l'autre qu'ils ont encore du chemin à parcourir dans leur quête spirituelle. Et il y a d'autres "beaux" moments comme ça, la conversation avec le shaman inuit ("je suis une souris qui se cache des faucons dans le nid du corbeau"), ou le trip mystique qui l'amène à se fritter avec un ours (joué par l'ours de L'Ours). Avouez qu'il n'y a pas ça dans les films avec Tom Cruise.


Steven a toujours été ouvert aux autres cultures, aujourd'hui c'est la culture russe,
à l'époque c'était la culture amérindienne dans laquelle, comme chacun sait,
on consomme des substances psychotropes pour prier Frère l'Ours.


Mais je peux comprendre que ce soit pas votre tasse de thé. C'est dommage, parce que derrière tout ça il y a un film d'action plutôt pas mal mis en scène, qui multiplie les moments spectaculaires (combats d'aïkido, fusillades, chevauchée dans les montagnes, explosions comme s'il en pleuvait), sur une musique de Basil Poledouris qui fait classe et au casting pas dégueu : Michael Caine en industriel véreux, le Dr Cox en crapule mesquine, R. Lee Ermey en mercenaire grande gueule (c'est lui qui a la fameus tirade du "slip sur la banquise"), Shari Shattuck (une habituée des téléfilms "Hollywood Night") (oui faut avoir fait son adolescence dans les années 90 pour connaître) en garce sans coeur, il y a même un Billy Bob Thornton quasi-débutant en homme de main. On est très loin des trucs bas-de-gamme que le gros monsieur a tourné dans les pays de l'Est sous la caméra de tâcherons dans les années 2000.


Même le cinéma d'action à gros budget d'aujourd'hui ne nous offre plus de belles images comme ça.


Il faut reconnaître à Seagal d'avoir été un précurseur parmi les stars qui s'engagent pour la planète et un réalisateur étonnamment compétent. Mais le fait est que le scénario, les dialogues, et son jeu habituel font de Terrain miné un film chelou et gentiment crétin. Il est trop bien fait pour vraiment convenir à n'importe quel amateur de nanars mais trop couillon pour se regarder comme on regarderait un épisode de L'Arme fatale ou de Piège de cristal. C'est pour les gens qui peuvent se mettre dans l'état d'esprit nécessaire pour apprécier le style si singulier du type qui rabaisse et défonce de pauvres bougres en leur expliquant que "ça prend du temps, de changer la nature d'un homme". Mais pour ceux-là, c'est indispensable.

 

---------------------------------------------
Terrain miné (On Deadly Ground, 1994), réalisé par Steven Seagal sur un scénario d'Ed Horowitz (Hors limites) et Robin R. Russin. Avec Steven Seagal, Michael Caine, John C. McGinley (Scrubs), Joan Chen (Le Dernier empereur), Shari Shattuck (Les Feux de l'amour), Richard Hamilton (Men in Black), R. Lee Ermey (Full Metal Jacket), Sven-Ole Thorsen (Gladiator), Billy Bob Thornton (Armageddon).

Partager cet article
Repost0
7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 07:49

 

Voilà les amis, le mois de l'histoire des meufs est terminé, il est temps de passer au thème suivant. Avril, c'est bien entendu le mois de l'anniversaire de Steven Seagal. Alors, je pourrais ne chroniquer que des films avec lui pendant un mois, mais j'ai peur que certains d'entre vous se lassent, voire décident immédiatement de ne plus mettre les yeux ici avant mai. Du coup on va plutôt profiter de l'occasion pour rendre hommage à divers grands noms du cinéma d'action, et pas seulement à lui. Et pour que la transition se fasse en douceur avec le thème du mois précédent, on va commencer par une meuf : Angelina Jolie, devenue une star du genre avec les Tomb Raider mais qui s'y essayait déjà longtemps avant, alors qu'elle était encore (presque) gamine, avec ce téléfilm à petit budget. Rebaptisé par un éditeur opportuniste qui a fait de son mieux pour faire ressembler la jaquette à celle d'une aventure de Lara Croft avant la sortie du Berceau de la vie, il s'agit en fait d'une fausse suite à Cyborg d'Albert Pyun. Quelques images de Jean-Claude Van Damme savatant des punks post-apocalyptiques servent à faire croire que les deux films sont vraiment liés mais c'est vraisemblablement un ajout de dernière minute pour fourguer aux vidéoclubs un produit frelaté.

Il y est tout de même question de cyborgs (enfin, des androïdes, si on veut chipoter) et plus précisément de la toute dernière création d'un labo de cybernétique sans scrupules : des femmes-robots destinées à être utilisées pour des attentats-suicides grâce à la substance explosive qu'elles contiennent, le "glass shadow". Et pour pouvoir approcher et séduire leurs cibles sans éveiller de soupçons, elles ont l'apparence de jolies jeunes filles et sont capables de sentiments humains. Du coup, vous vous doutez bien que les concepteurs vont voir leurs plans tomber à l'eau quand l'une d'elles, Casella "Cash" Reed, décide qu'elle n'a pas trop envie d'aller se faire doublement sauter dans le plumard d'un inconnu, et que son instructeur d'arts martiaux, évidemment amoureux d'elle, l'aide à s'évader. Les voilà en cavale dans un monde où les cyborgs n'ont pas droit de se déplacer librement, poursuivis par des chasseurs de primes chargés de capturer Cash. Heureusement pour eux, un mystérieux hacker capable d'apparaître sur n'importe quel écran va tenter de les guider vers la liberté.


Ca se passe dans l'un de ces futurs où il y a toujours un baril braséro qui brûle
pour réchauffer un gang des rues et toujours un mec qui a absolument besoin de faire de la soudure en pleine nuit.


Il paraît qu'Angelina Jolie a été tellement déçue par le film qu'elle a envisagé d'abandonner sa carrière d'actrice à 18 ans. Ce qui aurait été dommage, certes, mais le fait est que cette espèce de sous-Blade Runner n'est pas une réussite et que son rôle n'est pas très intéressant. Bon, c'est vrai aussi qu'à l'époque elle jouait un peu mal, alors on peut comprendre que le réalisateur ait préféré laisser le gros du travail à des acteurs expérimentés, mais quand même. On a l'impression qu'en cours de film, son personnage passe de femme d'action qui sait se débrouiller comme une grande à simple spectatrice dont la survie dépend des hommes qui la protègent. Ce qui est d'autant plus regrettable qu'à ses côtés, Elias Koteas est un peu terne, et face à eux, Billy Drago fait vite le tour de ce qu'il y a d'amusant à tirer de son personnage de psychopathe dangereux. Le premier n'a pas le charisme, la coolitude et le physique pour porter un film d'action sur ses épaules et le second me semble plus efficace quand il laisse sa sale gueule assurer le boulot d'intimidation plutôt que quand il en fait des tonnes pour montrer à quel point c'est trop un ouf gueudin.


La future héroïne de Wanted et Salt n'est pas encore hyper convaincante mais de toutes façons
aucun des acteurs n'a vraiment l'occasion de briller dans ces rôles médiocres qu'on leur a écrits.


Les auteurs ne se sont pas montrés plus talentueux pour l'intrigue que pour les personnages et les dialogues... La trame générale est une course-poursuite assez basique, sans aucun rebondissement original, une simple succession d'échauffourées dans différents décors, et les tentatives d'étoffer un peu l'histoire se font avec des bouts d'idées abandonnées en cours de route, comme le "glass shadow" qui est vite balayé sous le tapis, ou le complot que mène un des dirigeants de l'entreprise contre sa propre boîte, qui ne va absolument nulle part, ou le fait que les deux personnes qui traquent Cash cherchent à s'entretuer, comme si les scénaristes avaient oublié qu'ils bossaient pour le même mec dans le même but. Enfin, je ne sais pas, il y a peut-être une explication rationnelle mais c'est tellement bien raconté et captivant que ça m'a complètement échappé.


Malgré des scènes d'action correctes pour un direct-to-video à petit budget, on s'ennuie pas mal.


Je me suis infligé tellement de mauvais films ces dernières années que je ne peux même pas dire que celui-ci soit parmi les pires, mais clairement, c'est mauvais et ça n'aurait probablement jamais refait surface en DVD sans la présence d'une future star au casting. Pour les gros fans de l'actrice, c'est une petite curiosité, clairement pas indispensable mais avec cet aspect "avant d'être LA grande dame de l'Hollywood du 21ème siècle, c'était un petit mannequin à bouille de poupée qui montrait ses nénés dans n'importe quoi pour se faire connaître" qui la rend un peu rigolote. Et pour les gens qui font une thèse sur le cinéma bas-de-gamme de l'ère de la VHS, il y a quelques éléments emblématiques de son époque, comme une vélléité de se la jouer cyberpunk pour montrer qu'on n'est pas un gros ringard en plaquant sur un produit tout ce qu'il y a de plus classique des termes informatico-science-fictionneux qui veulent rien dire. Pour tous les autres, c'est pas vraiment la peine de foutre votre fric en l'air.

-------------------------------------
Cash Reese - Glass Shadow (Cyborg²: Glass Shadow, 1993), réalisé par Michael Schroeder (L'Arme du clown) sur un scénario de Ronald Yanover & Mark Geldman (Le Livre de la jungle). Avec Angelina Jolie, Elias Koteas (Crash), Billy Drago (Les Incorruptibles), Karen Sheperd (Backlash - Terminator Woman), Jack Palance.

Partager cet article
Repost0
29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 19:05

 

Pour ce mois de l'histoire des meufs, j'avais pensé qu'un film d'arts martiaux avec une catcheuse en vedette serait de bon aloi. Evidemment, ça risquait d'être un truc bas-de-gamme, un peu mou, un peu fade, mais j'étais curieux de voir ce que pouvait valoir Gail Kim en tant qu'actrice. Alors autant vous l'avouer tout de suite, la jaquette et le titre sont trompeurs, et le film ne colle pas tout à fait à ma thématique des héroïnes. Il n'y a pas de ninja, sauf si on considère que n'importe quel assassin extrême-oriental est un ninja, pas de "sabre de la vengeance" non plus, mais surtout, Gail Kim n'a qu'un rôle secondaire et le personnage principal est un homme. Je me permets de vous en parler quand même parce que ça a vraiment dépassé toutes mes attentes et que comme ça je suis sûr de le chroniquer avant Nanarland. Je ne sais pas si vaut le coup de vous résumer l'intrigue, disons qu'en gros c'est l'histoire d'un vaillant héros qui annonce à une lycéenne sans histoire qu'elle est en réalité une princesse népalaise et qu'il est là pour la protéger d'une tueuse lancée à ses trousses pour l'empêcher d'hériter du trône. S'ensuivent courses-poursuites, fusillades et bagarres. Et dit comme ça je sais que ça peut avoir l'air d'un film normal, mais non, vraiment, trop pas.

On sent dès le départ qu'on est face à quelque chose de spécial : un cavalier costumé comme pour une aventure médiévale voit des avions de chasse bombarder une montagne sur laquelle il n'y a rien à détruire, et nous raconte l'assassinat de son roi par le biais d'une illustration qui semble avoir été piquée dans un livre d'heroic fantasy ou une pochette de death metal. Tout ça sur une musique épique qui continue sur des images d'Eric Roberts, looké comme si on venait de le tirer d'une maison de retraite, en train de plier les sous-vêtements d'une adolescente. Un peu plus tard il y a un flashback et on découvre que dix ans auparavant il avait déjà exactement la même coupe de cheveux, les même lunettes et les mêmes fringues. Parallèlement à cela on constate que Gail Kim a bien fait de se remettre au catch plutôt que de persévérer au cinéma et que les trois quarts des dialogues de l'acteur principal ont été re-doublés dans une grotte. Il y a aussi un mec avec l'accent d'Apu dans Les Simpson qui fait à la fois les news à la télé, la radio des flics et le message du répondeur d'Eric Roberts. La puissance nanaresque du film ne se dément jamais, en tout il doit y avoir quatre ou cinq scènes qui ressemblent vaguement à ce qu'on verrait dans un vrai film, tout le reste tient de la vidéo amateur, du bêtisier et du 2-en-1 à la Godfrey Ho.

 


Petit moment de solitude pour l'actrice qui se rend compte qu'on l'a placée au mauvais endroit
et qu'elle est maintenant coincée entre le mur et la porte par le type censé la guider vers la scène suivante.


C'est signé Babar Ahmed, réalisateur pakistanais dont le nom ne vous évoque certainement pas un éléphant avec un fez parce que vous êtes au-dessus de ce genre de blague puérile, et qui faisait là ses débuts aux Etats-Unis. Je pense qu'il est arrivé sans scénario, probablement même sans véritable idée de film, qu'il a commencé à dépenser son budget dans des éléments qui lui permettraient de bricoler une bande annonce un peu vendeuse : une demi-journée de tournage avec Pat Morita de Karate Kid, une demi-journée de tournage avec Eric Roberts, l'explosion d'immeuble de L'Arme fatale 3... Après seulement, il a tenté d'imaginer une intrigue pour lier tout ça. Résultat, les trois personnages principaux ne partagent jamais l'écran avec les deux semi-vedettes. Mais ça ne les empêche pas de dialoguer avec ! Ainsi Eric Roberts n'est jamais dans la même pièce que sa fille pour lui parler, et la quasi-totalité des répliques du personnage de Pat Morita est prononcée hors champ par quelqu'un d'autre, le pauvre vieux étant à l'article de la mort à l'époque et n'ayant réussi à bredouiller que 2-3 phrases. Je vous laisse imaginer à quel point les conversations obtenues sont naturelles et cohérentes ; ça rappelle parfois un sketch des Inconnus.


Et au bout du compte, il y a tellement pas assez de rebondissements que le monteur
a dû meubler avec des moments aussi passionnants qu'Eric Roberts rentrant des courses
pour arriver à une durée d'1h25.


Après je ne sais pas si en cours de route il s'est aperçu que son histoire ne tenait pas vraiment debout et qu'il s'est dit que le seul moyen de sauver l'ensemble était de prendre une mesure radicale. En tout cas le dernier acte du film démarre par un coup de théâtre merveilleusement idiot et Ninja Blade se conclue sur vingt minutes expliquant sous un nouveau jour tout ce qui a précédé. Pour quelqu'un qui est déjà en train de bien se marrer devant, c'est la cerise d'absurdité sur un gâteau d'incompétence, qui achève de convaincre que vraiment, c'est pas grave qu'il n'y ait pas de ninja, c'est pas grave que Gail Kim apparaisse très peu et joue mal, cette espèce d'expérience de savant fou est bien plus intéressante que la moyenne des films à petit budget "normaux" produits pour le marché du DVD.


Pour les amateurs de catch, je signale quand même que dans les scènes d'action,
Gail Kim case autant de lucha libre qu'elle peut,
mais il faut vraiment pas regarder
Ninja Blade comme un vrai film d'action.


C'est tellement mauvais et risible qu'après sa sortie et la réaction unanime des queqleus critiques qui l'ont vu, le réalisateur s'est mis à affirmer que "c'est fait exprès !" à la manière de Tommy Wiseau pour The Room. Alors voilà, si vous cherchez un vrai film ce n'est évidemment pas ce qu'il vous faut, vous couperiez au bout de quelques minutes à peine. Mais si vous êtes fan de série Z, si vous aimez goleri devant des trucs vraiment incroyablement désastreux et pas simplement paresseusement ratés, je ne peux que vous conseiller de mettre la main sur un exemplaire de Ninja Blade, ça vaut le coup.
 


------------------------------------------------
Ninja Blade (Royal Kill/Ninja's Creed, 2009), écrit et réalisé par Babar Ahmed. Avec Alexander Wraith (Savages), Lalaine (Lizzie McGuire), Gail Kim.

Partager cet article
Repost0
18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 11:55

Fight NightLe film de combats clandestins est un genre assez prolifique mais presque exclusivement masculin. En fait, à part L'Arène avec Zoë Bell et Rachel Nichols, sorti l'année dernière, je crois qu'il n'y a que celui-ci, arrivé sur Ciné Discount juste à temps pour le mois de l'histoire des meufs par la générosité de notre jeune Goldmember du Var, jakbonhom, qu'on applaudit bien fort. La jaquette nous affirme que sa vedette, une inconnue qui a depuis renoncé à sa carrière d'actrice pour faire de l'humanitaire, est "championne du monde de tae kwon do", une information que ni le site officiel de la fédération ni sa prestation dans le film ne semblent confirmer, mais c'est de bonne guerre, le monde des vidéos de bagarre a toujours bluffé sur ce sujet. Tant qu'on est dans le bobard, l'espèce de gorille chauve qu'on voit derrière elle n'est pas dans le film mais on va pas chipoter.

Si vous avez déjà vu, disons, n'importe quel film avec le mot "Fight" ou un dérivé dans le titre, voire n'importe quel film de sport en fait, vous connaissez déjà les grandes lignes de l'intrigue puisqu'ils sont tous construits sur le même modèle : un dur à cuire qui ne sait pas faire grand'chose de ses dix doigts, à part les serrer en poings pour les envoyer dans la tête des gens, se laisse convaincre de gagner sa vie en allant tabasser des musclés tatoués dans des salles mal éclairées. Tout le monde le donne perdant parce que personne ne l'a jamais vu en action, mais il enchaîne les victoires, jusqu'au moment où il plaque tout suite à un drame, avant de rempiler quand même parce que c'est un battant, de passer à deux doigts d'une défaite cuisante, mais de finalement trouver la force de triompher de ce gros salaud arrogant et/ou tricheur de champion.


Fight Night 03Ca a l'air tout simple raconté comme ça, mais quand on réfléchit 30 secondes
aux manigances des personnages, on s'aperçoit qu'on est déjà en train d'y réfléchir plus qu'eux-mêmes.


La différence ici, donc, c'est que le castagneur est une castagneuse, que son manager convainc de combattre des hommes pour se faire un max de fric en pariant sur elle alors que tout le monde parie contre. Ca aurait pu suffire à pimenter un peu la vieille formule mais rapidement le film traite ça comme une banalité et se focalise sur son associé, probablement parce que l'acteur qui joue le rôle a profité de sa position de coproducteur pour tirer la couverture à lui. Cela dit, il faut avouer que si Rebecca Neuenswander est convaincante quand elle boxe, chaque fois qu'elle prononce une réplique on sent bien que c'est sa première expérience d'actrice, et que le réalisateur n'avait pas spécialement envie de la diriger, et qu'il a probablement fait une seule prise pour chaque scène. C'est dommage, je ne dis pas qu'elle avait le potentiel d'une Gina Carano ou d'une Ronda Rousey mais il y a quelques moments où elle parvient à se montrer naturelle et c'est déjà bien. On ne va pas espérer d'un sportif qui s'essaie au cinéma d'avoir un énorme talent pour la comédie ou même un charisme débordant, mais parfois rien qu'un peu d'authenticité, un côté "moi je viens de la rue pour de bon, je suis pas un acteur qui fait semblant", c'est déjà beaucoup. Avec un peu de coaching elle aurait peut-être pu reprendre le flambeau de Cynthia Rothrock, devenir une semi-vedette du direct-to-video. Mais dans Fight Night a l'air simplement l'air d'une amatrice pas douée.


Fight Night 02Il n'y aucune alchimie entre les acteurs et la petite boxeuse est lesbienne,
mais l'inévitable happy end dans laquelle le héros obtient tout ce dont il rêvait
semble impliquer qu'ils finissent ensemble quand même.


Le film fait amateur à tous les niveaux, d'ailleurs. Le scénario donne l'impression d'avoir été écrit par un gamin qui s'est servi d'un modèle-type trouvé sur internet, et a rendu son premier jet sans jamais rien relire, persuadé d'avoir suffisamment bien recopié des éléments piochés dans des feuilletons regardés d'un oeil distrait. L'alliance entre les deux protagonistes repose sur des idées absurdes, comme le fait que payer une caution suite à une arrestation signifierait s'absoudre de tout crime, et que la fille aurait besoin d'un casier judiciaire vierge pour garder le droit de s'inscrire à des combats clandestins. Leur combine consiste à profiter du fait que personne ne s'attend à voir une femme gagner, sauf qu'au lieu de simplement répéter leur numéro pour des matchs d'exhibition dans des endroits où personne ne les connaît, ils participent à un tournoi organisé par des gens qui savent déjà que le type est un escroc, et au cours duquel logiquement les paris sur la fille ont peu de chances de rester rentables longtemps puisque les gens auront pigé qu'elle est parfaitement capable de battre des hommes. Rien ne tient debout, c'est une série de prétextes ténus pour aller d'un passage obligé à un autre.


Fight Night 01Oh la la mais quelle bonne idée de filmer les combats comme ça !

 

La réalisation ne relève pas le niveau, c'est plat, presque tout est filmé en plan rapproché, cadré approximativement, donc évidemment les scènes de combat, peu nombreuses en plus, n'ont aucun intérêt. Voilà, j'avais envie d'y croire, de bien l'aimer, mais ça n'est jamais qu'un énième mauvais film de baston, particulièrement idiot et moche, et incapable de mettre en valeur l'élément qui aurait pu le faire sortir du lot malgré tous les autres défauts. J'ai beau ne pas avoir adoré Fighting ou Never Back Down, il faut reconnaître que finalement, dans le genre, ils font partie des rares à être quand même un peu réussis.

 

 

-----------------------------------------

Fight Night (Rigged, 2008), réalisé par Jonathan Dillon sur un scénario de Ian Shorr (Splinter). Avec Chad Ortis, Rebecca Neuenswander, Kurt Hanover (American Maniacs).

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 09:18

Le Fantome du BengaleComme Jonah Hex ou Dylan Dog, Le Fantôme du Bengale a besoin que sa jaquette te précise qu'il est tiré d'une "célèbre BD" parce qu'il sait bien qu'en réalité t'en as jamais entendu parler mais que ça fait tout de même mieux que "inspiré d'une BD de seconde zone parce que Superman et Spider-Man sont déjà pris". Créé il y a bientôt 80 ans par l'auteur de Mandrake le Magicien, le Fantôme est un justicier de la jungle qui protège les tribus du pays fictif de Bengalla contre toutes sortes de pirates et aventuriers sans scrupules venus piller leurs trésors. D'autres adaptations l'ont modernisé ou carrément envoyé dans le futur mais celle-ci a choisi de garder les deux pieds fermement plantés dans les années 30. C'est plus un film pour le public d'Indiana Jones et Tarzan que celui de Batman. Billy Zane y incarne le 21ème Fantôme, descendant d'une lignée qui veille sur le Bengalla depuis 400 ans. Il se retrouve aux prises avec un syndicat du crime qui cherche à s'emparer des trois "Crânes de Tuganda", artefacts magiques qui, lorsqu'ils sont réunis, confèrent une puissance sans égale à leur possesseur. N'ayant pu empêcher le vol d'un premier crâne, il s'engage dans une course-poursuite à travers le monde pour mettre la main sur les deux autres avant les malfaiteurs.

Les superhéros d'aujourd'hui, tu sais comment c'est : le sort de l'univers entier est en jeu à la moindre de leurs aventures et chaque épisode voit la destruction de la moitié de New York même s'ils gagnent à la fin. Ils ont lu Nietzche, ils craignent qu'à force de regarder au fond de l'abysse et de combattre les monstres, il va leur arriver des misères. Et puis ils ont lu Stan Lee aussi, ils comprennent que les superpouvoirs, c'est pas pour rigoler, c'est un fardeau. Du coup, ils tirent la gueule, ils sont tourmentés, dépressifs, cyniques. Eh bien, tout ça, c'est pas trop son délire au Fantôme. Lui, être un héros, sauver la veuve et l'orphelin à coups d'acrobaties et de bagarres, ça l'éclate. Il est conscient de ses devoirs quand même : venger son père, défendre sa jungle, préserver le secret de son identité pour que les brigands de tout poil continuent de croire que c'est le même mec immortel qui défonce les méchants depuis quatre siècles. Mais il est ni accablé ni blasé par la vie d'action, d'aventures, de voyages et de magie qu'impliquent ses responsabilités. Et tu peux te moquer de son attitude toujours positive, de son sourire aussi blanc que son cheval, de son collant violet moule-teube, ça le dérange pas, il se demande pas si on va le trouver cool ou non, il risque pas d'avoir des problèmes d'estime de soi alors qu'il est dans une forme olympique, que les filles tombent amoureuses de lui au premier regard, qu'il paye ses trajets en taxi avec des poignées de pierres précieuses, qu'il vit dans une grotte en forme de crâne et qu'il parle aux tigres.


Le Fantome du Bengale 02Le Fantôme, un héros qui sait soigner son entrée plutôt que simplement faire la même que tous ses confrères.


Alors évidemment, avec ses manières démodées, ce pauvre Fantôme s'est pris un bon gros bide à sa sortie en 1996. Et c'est vraiment dommage, parce que Billy Zane joue le rôle à la perfection, avec beaucoup d'enthousiasme. Clairement, il s'amuse beaucoup, et campe du coup un personnage assez unique dans le paysage des superhéros cinématographiques de ces vingt dernières années. A la rigueur on pourrait voir Captain America comme son plus proche cousin moderne, mais sinon je crois qu'il faut remonter jusqu'au Zorro de Guy Williams pour retrouver cette bonne humeur et cet esprit chevaleresque chez un justicier masqué. Du coup, le film est vraiment rafraîchissant pour qui se lasse du héros "sombre et adulte" et des histoires toutes calquées sur le modèle "l'apocalypse arrive et des images de synthèse explosent partout tout le temps mais heureusement, un type qui fait la tronche dans un costume avec des muscles en latex va venir limiter la casse". Ici c'est juste une "petite" aventure tournée dans des vrais décors (même quand ils ont un aspect un peu carton-pâte, au moins ils sont là pour de vrai, c'est pas de l'incrustation sur fond vert) avec plein de rebondissements rocambolesques et un esprit bon enfant et je dis pas que tout le monde devrait refaire pareil mais ça a le mérite de changer agréablement de tout le reste pour une fois.


Le Fantome du Bengale 06Le film bénéficie d'une bonne galerie de méchants qui s'intègrent naturellement à l'histoire plutôt
que de ressembler à "et maintenant, on dirait que trois personnages connus de la BD
décident de s'associer pour défoncer la gueule à Spider-Man".


Je précise que le film est dépourvu de toute ironie, ça se permet d'être "rétro" sans se sentir obligé de faire de la parodie comme les OSS 117 avec Jean Dujardin (que j'aime beaucoup aussi hein, me faites pas dire ce que j'ai pas dit), c'est vraiment un film pour les gens qui apprécient au premier degré les péripéties d'un type qui peut traverser la rue en sautant du toit d'une bagnole à une autre, se jeter d'un hydravion en vol sur le dos de son cheval, qui s'arrête pour ramasser le sac des dames quand il les bouscule en poursuivant un méchant, et qui au lieu d'affronter des nazis, des terroristes ou des conquérants extraterrestres, fait face à un gang de filles pirates de l'air qui ne peuvent pas s'empêcher de se pâmer de désir pour lui, des bandits qui vivent sur un vieux galion dans une grotte secrète et se battent au sabre, et une espèce de gentleman-aventurier-criminel qui est content comme un gosse quand ses ambitions diaboliques sont sur le point de se réaliser.


Le Fantome du Bengale 07Et puis, Catherine Zeta-Jones jeune, hein ? Hé, j'ai raison ou quoi les gars ?


Ce sera pas du goût de tout le monde évidemment, il suffit de voir l'accueil réservé récemment à John Carter ou Lone Ranger pour comprendre que Le Fantôme du Bengale n'a pas beaucoup plus de chances de succès aujourd'hui qu'il y a 20 ans. Même parmi un lectorat comme le mien, constitué entièrement de gens de bon goût, je veux bien admettre qu'il y en aura un ou deux pour trouver ça ringard, voire ridicule, ou se chagriner de son intrigue pas folichonne. Je les juge pas, ils ont le droit de ne pas aimer s'amuser. Mais pour ceux qui entre deux superproductions Marvel aiment bien les séries B à moyen budget comme on n'en fait plus depuis le début du 21ème siècle, dans la veine du Roi Scorpion ou du premier Tomb Raider, c'est vraiment un chouette film.

 

----------------------------------------------------------------------

Le Fantôme du Bengale (The Phantom, 1996), réalisé par Simon Wincer (Sauvez Willy) sur un scénario de Jeffrey Boam (Indiana Jones et la Dernière Croisade). Avec Billy Zane (Titanic), Kristy Swanson (Buffy, tueuse de vampires), Treat Williams (Dernières heures à Denver), Catherine Zeta-Jones (Le Masque de Zorro), James Remar (Les Guerriers de la Nuit), Patrick McGoohan (Le Prisonnier), Cary-Hiroyuki Tagawa (Mortal Kombat ).

Partager cet article
Repost0
3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 16:00

SpawnJ'ai épuisé à peu près tous les films d'horreur sur la St-Valentin trouvables en France, et je me voyais mal vous faire une sélection de comédies romantiques, surtout qu'il y a des gens beaucoup plus doués que moi pour ça. Alors, à la place, comme thème du moment, je me suis dit qu'avec le festival d'Angoulême qui vient de se terminer, je pourrais de vous parler de quelques films tirés de BDs. En plus ça me faisait un prétexte pour revoir Spawn, parce qu'après les 8 films sans budget, sans imagination et sans énergie que je venais de m'infliger pour démarrer l'année, j'avais besoin de quelque chose pour m'enlever le goût. Pas forcément quelque chose de bon, mais quelque chose de corsé, qui arrache.

Le film remonte à un peu moins de vingt ans, époque à laquelle on n'avait pas des superhéros à l'affiche toutes les semaines comme aujourd'hui, mais où certains producteurs continuaient de courir après le succès du premier Batman, en vain et sans trop y croire. Spawn, je sais même pas si c'est encore connu de nos jours, mais en son temps c'était un des plus gros succès d'une vague de comics plus sombres et violents que ce que produisaient traditionnellement Marvel et DC.

Cette adaptation raconte l'origine du personnage, un soldat d'élite du "A6", une agence gouvernementale apparemment composée de cinq personnes et qu'à certains moments, le dialogue appelle la CIA parce que c'est pas facile de rester cohérent quand on réécrit un film pendant le tournage. Notre homme veut raccrocher parce qu'il en a marre de tuer des innocents, mais lors de son ultime mission, son chef décide de se débarrasser de lui. Il est aussitôt envoyé en Enfer où il accepte immédiatement un pacte avec le Diable, un monstre affreux en images de synthèse même pas dignes de Mortal Kombat et qui ne remue pas la bouche quand il parle : il peut retourner sur Terre et revoir sa meuf s'il accepte de devenir le "Hellspawn", le rejeton de l'Enfer, chef des armées de démons. En tant que Spawn, le voilà désormais doté de plein de pouvoirs qui fluctuent au gré des besoins du scénario et des compétences du responsable des effets spéciaux, et qu'il décide d'utiliser pour venger sa propre mort. Mais un autre suppôt de Satan qui entend lui servir de mentor, le "Clown", le harcèle pour lui rappeler son nouveau rôle et le pousser à déclencher l'Apocalypse.


Spawn 01Le réalisateur n'a malheureusement pas su laisser de côté les éléments qui avaient
peut-être l'air trop cool sur une page de comic mais se retrouvaient complètement ridicules sur un écran de cinéma.



L'influence de The Crow se ressent dans les décors, la musique, certains des thèmes. Mais là où le film d'Alex Proyas s'adressait à des adolescents amateurs de belles choses tristes, celui de Mark Dippé (un ancien de chez ILM qui a bossé sur Abyss, Terminator 2 et Jurassic Park, mais n'avait rien réalisé avant) est plutôt destiné à des petits garçons idiots. Le genre qui veulent montrer que maintenant ça y est, ils sont grands et ils aiment les trucs pour les vrais durs trop rebelles : les guns, les motos, les démons, le hard rock et les blagues grasses. Le résultat,
puéril comme Les Tortues Ninja, est d'une laideur et d'une connerie agressives dans la veine des Mortal Kombat et de Double Dragon mais en plus prétentieux parce que ça pense être drôle et malin et "adulte". Je ne sais même pas si à notre époque c'est encore susceptible de plaire à des gamins de treize ans, mais je dois avouer qu'en tant qu'amateur de nanars qui avait oublié à quel point celui-ci était con, j'ai passé un bon moment de consternation.


Spawn 03On sent à quel point l'auteur est super en phase avec la jeunesse
quand il se met à faire des blagues sur La Vie est belle.


L'univers et l'intrigue sont merveilleusement crétins et absurdes. Spawn a obtenu des superpouvoirs en Enfer, mais se bat avec des flingues. Un de mes moments préférés c'est même quand il fait un saut périlleux tout en tirant sans interruption avec ses mitraillettes, des fois qu'il y ait des ennemis au plafond peut-être. Il peut voler, mais il se déplace à moto. Les personnages passent leur temps à parler tout seuls pour être sûrs que le spectateur comprenne bien leurs intentions ou leurs émotions : les méchants expliquent leurs plans diaboliques, Spawn qu'il est trop vénèr ou que ses pouvoirs sont trop chanmés. Tout le monde s'insulte et se menace constamment, mais en veillant à employer un langage pas trop dur parce qu'aux Etats-Unis les gros mots auraient vite conduit à une interdiction aux mineurs non-accompagnés, que les producteurs voulaient éviter. Le chef de la CIA du A6 ne remet jamais en question la légitimité des conseils du Clown, une créature qui pète de la fumée verte et mange des ordures et sort une blague beauf par réplique, et se laisse manipuler comme le dernier des demeurés. Le scénario se veut complexe, mais à peu près aucun élément ne résiste à deux secondes de réflexion.


Spawn 07La poursuite à moto sera l'occasion pour le Clown de réessayer de tuer Spawn
alors qu'il est censé l'aider, et pour Spawn de tester de nouveaux pouvoir pour lui échapper,
mais sans jamais penser qu'il pourrait simplement s'envoler. Ouais cherchez pas trop à comprendre.


Le fait que le film accuse méchamment son âge contribue à le rendre gentiment ridicule. Pas de doute, Spawn date bien de la fin des années 90. Il y a des cathédrales lugubres et des gargouilles menaçantes, il y a du vert fluo, il y a un petit gamin des rues débrouillard qui porte sa casquette à l'envers et devient pote avec le héros, il y a des infos top-secrètes sur CD-Rom. Il y a de la "fusion". Vous vous souvenez quand après le grunge on a eu la fusion ? Les hard-rockeux craignaient que leur jeune public se détourne d'eux pour de nouveaux styles musicaux à la mode, et du coup ils s'acoquinaient avec des rappeurs et des DJs pour montrer qu'ils n'étaient pas ringards, et ça nous a donné des choses comme la bande originale de Spawn. Metallica ou Henry Rollins remixés façon trip hop, Slayer qui essaie d'être Prodigy, rien de tel pour se replonger direct en 1997 les amis. Surtout quand ça sonorise des effets spéciaux numériques tape-à-l'oeil bien pourris façon "regarde, ami jeune, c'est comme sur ta Playstation !"


Spawn 02Dans un souci d'honnêteté, je concède que le "Violator" est plutôt réussi.
Du coup c'est d'autant plus étonnant que le reste des effets spéciaux fasse autant pitié.


Pour être tout à fait franc, même s'il y a de quoi intéresser un amateur de série Z dans tout ça, je ne peux pas dire que j'aie passé 90 mn à me marrer devant, parce qu'il y a quand même quelque chose d'un peu triste à voir des acteurs comme Martin Sheen et John Leguizamo se fourvoyer dans des rôles nuls ou à se dire que Michael Jai White a un peu suicidé sa carrière dès le départ à jouer le rôle du guignol en costume en caoutchouc dans une merde aussi catastrophique. Et quelque chose d'un peu honteux, aussi, à se rappeler qu'à l'époque où c'est sorti, on pensait vraiment que ça allait être trop cool alors qu'on était déjà un grand couillon de vingt piges trop vieux pour ça. Si vous aimez les nanars je pense quand même qu'il y a de bonnes chances que ça vous fasse goleri, mais pour le spectateur moyen nourri aux productions Marvel modernes, ce sera simplement un film d'action débile et moche pour pré-ados demeurés, pas une belle pièce à ajouter à sa collection de films de superhéros.

 

---------------------------------------------------------

Spawn (1997), réalisé par Mark A.Z. Dippé (Frankenfish) sur un scénario d'Alan B. McElroy (The Marine ). Avec Michael Jai White (Black Dynamite), John Leguizamo (Roméo et Juliette), Martin Sheen (ça va, vous connaissez, quand même, non ?), D.B. Sweeney (Dinosaure), Theresa Randle (Bad Boys), Melinda Clarke (Le Retour des Morts-Vivants 3).

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 09:11

Night Force la force des tenebresCélébrer les 5 ans du blog avec un bon film pas connu c'est cool, mais faudrait voir à pas renier ses origines quand même. Et aux origines de Ciné Discount il y a les obscurs téléfilms des années 80 édités en DVD par Prism Pictures à partir de VHS trouvées dans les poubelles de Delta Vidéo (un nom qui n'évoquera rien aux gens qui n'ont pas grandi près d'un vidéoclub quand ça existait encore). Pour continuer les festivités je vous ai donc déniché Night Force, qui honore les traditions du cinéma très bas-de-gamme puisque le sous-titre français La Force des ténèbres donne l'impression que le distributeur croyait vendre un film d'horreur et que le titre original n'est pas beaucoup mieux trouvé puisque le "commando de la nuit" opère en plein jour. Et à l'affiche on retrouve Linda Blair, Chad McQueen et Richard Lynch, comme si les producteurs avaient voulu inventer les anti-Expendables avec 20 ans d'avance. D'ailleurs je suis vraiment étonné  qu'il n'y ait pas eu un émule de Menahem Golan pour tenter de réunir Michael Dudikoff, Joe Lara, Lou Ferrigno, Lorenzo Lamas et Mario Van Peebles pour affronter Bolo Yeung dans un direct-to-video à faire baver Stallone d'envie. La Cannon n'en finira décidément pas de nous manquer.

Le film
prend mollement son temps pour en venir au fait, il faut s'accrocher pour ne pas s'endormir pendant les vingt premières minutes.  Même les plans nichons n'aident pas tant que ça, et pourtant le réalisateur n'a pas lésiné sur les moyens puisqu'on a droit assez vite à une scène de cul et, deux minutes plus tard, à une scène de douche (allez, cliquez sur les liens, vous en mourez d'envie) pendant laquelle il y a un flashback de la scène de cul. Mais les plus motivés finiront donc par découvrir que Night Force joue sur la peur, bien légitime, que de méchants étrangers vont venir jusque sur le pas de ta porte pour embarquer ta meuf et la faire vivre toute nue dans une cage dans la brousse, une peur qu'on connaît bien ici en France si j'en crois les derniers résultats électoraux. Dans Night Force, pas de rroms ni d'islamistes mais de méchants mexicains qui enlèvent la fille d'un sénateur qui a apparemment basé sa carrière politique sur le fait qu'il ne négocie pas avec les terroristes. Il refuse donc de payer la rançon, et le gouvernement se révèle incapable de faire libérer la malheureuse jeune femme. Son amant décide alors de se procurer un stock d'armes et de réunir sa bande de copains pour s'infiltrer au Mexique et l'arracher lui-même aux pattes velues de ses ravisseurs.


Night Force 01Comme d'habitude avec Prism Pictures, attendez-vous à de la remasterisation HD de qualité supérieure.


Des costards-cravates qui restent les bras croisés pendant que de féroces soldats barbus latinos viennent nous mugir jusque dans les bras pour commettre des actes déconseillés par la Convention de Genève sur nos fils et nos compagnes et que d'innocents Américains croupissent dans des geôles étrangères, de braves petits gars qui en ont des grosses comme ça et qui prennent les choses en mains eux-mêmes... On sent que les auteurs (qui n'ont jamais rien fait de notable ni avant ni après) voulaient surfer sur les succès de fleurons du cinéma d'action bas-du-front de l'époque comme L'Aube rouge, Invasion USA ou Rambo II. Après, je ne sais pas si le fait d'avoir laissé de côté la propagande anti-communiste leur a fait manquer de mordant, ou si c'est surtout de pognon et de talent qu'ils ont manqué, mais en tout cas Night Force est malheureusement bien soporifique en plus d'être invraisemblable et con. Ca dure à peine 75 minutes et pourtant ça se traîne en longueur, à croire que chacun des trois scénaristes n'avait qu'une seule idée de rebondissement.


Night Force 02Qui aurait cru que l'ultra-charismatique James Van Patten n'arriverait pas à se tailler
une place quelque part entre Arnold Schwarzenegger, Chuck Norris et Dolph Lundgren hein ?


Les rares scènes d'action sont remplies de fusillades, d'explosions et de figurants qui font des cascades, mais totalement sans intérêt malgré toute cette agitation, la faute à une mise en scène sans aucune inventivité, un montage qui ressemble à un assemblage maladroit de plans tournés au hasard jusqu'à épuisement du stock de l'artificier, et un scénario bidon qui rend difficile de se passionner pour ce qu'on voit. Entre deux moments où ça pète, on s'enlise dans du bavardage, et les dialogues fades sont débités sans conviction par des doubleurs en mode "faut bien qu'on bouffe" (je ne sais pas si c'est la peine de vous préciser qu'il n'y a que la VF sur le disque) même quand ils nous expliquent que le chef des terroristes est tellement cruel qu'il a castré et décapité sa précédente victime avant de jouer au foute avec sa tête, ou que l'une des héroïnes a probablement mordu la poussière lors de l'assaut sur le camp ennemi (mais finalement Linda Blair a dû exiger que son personnage s'en sorte, vu qu'elle finit par surgir saine et sauve peu après). Allez, pour être gentil, disons que ces moments de remplissage apportent parfois quelques touches d'incongruité qui font sourire, comme lorsque le bourlingueur blasé interprété par Richard Lynch joue un morceau mélancolique à la flûte traversière au coin du feu.


Night Force 03Voilà, je vous le mets là comme ça maintenant vous l'avez vu et vous pouvez éviter le film sans regret.


C'est médiocre à tous les niveaux, dépourvu d'imagination, et même si l'intrigue idiote fait espérer une grosse couillonnade rigolote, le je-m'en-foutisme général donne juste un navet poussif, pas un truc assez nanaresque pour justifier un visionnage. C'est
un bête film d'exploitation comme il s'en produisait par paquets de douze il y a trente ans, et cette époque-là nous a quand même donné suffisamment de bonnes séries B pour qu'on laisse les pires se perdre dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Oui je sais, j'aurais mieux fait d'essayer de caser cette référence dans une chronique sur un film de SF mais je vous emmerde.

Partager cet article
Repost0
17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 11:02

Soviet Le Guerrier rouge Sous cette jaquette pour le moins alléchante, je pensais avoir découvert un Dolph Lundrgen oublié. Mais en lançant le DVD, petite déception puisque j'ai découvert qu'il s'agissait tout simplement d'une édition bas-de-gamme du Scorpion rouge, l'un de ses films les plus connus. Tourné par le réalisateur de Portés disparus et Invasion USA, ce n'est donc pas une histoire de superhéros stalinien courant vaillamment défendre un Kremlin en flammes, mais un de ces films de propagande anticommuniste comme les Américains aimaient en produire dans les années 80. Le célèbre chimiste suédois y joue Nikolaï Rajenko, un soldat d'élite des Spetsnaz envoyé en mission en Afrique (le pays n'a apparemment pas d'autre nom que "notre beau pays d'Afrique"). Il doit infiltrer un groupe rebelle (très facile, pour un blond de 2 mètres et 110 kilos, de passer incognito en Afrique) en lutte contre le gouvernement soutenu par l'URSS et Cuba, et assassiner son chef. Mais les événements vont l'amener à s'apercevoir qu'il joue pour la mauvaise équipe depuis toutes ces années, et à changer de camp pour aider les gentils guérilleros à bouter les vilains cocos hors du pays.

Pour ceux qui ne le sauraient pas (et qui ne risquent pas de l'apprendre grâce au DVD, vu que c'est une de ces éditions basiques sans VO ni bonus), Le Scorpion rouge a été produit avec le soutien du gouvernement sud-africain du temps de l'apartheid par un type qui, depuis, est devenu lobbyiste pour les Républicains et a récemment fait trois ans de taule pour une affaire de corruption d'une telle ampleur qu'elle a elle-même été adaptée au cinéma (Casino Jack, avec Kevin Spacey). Mais curieusement, le film reste assez inoffensif idéologiquement parlant. Bon ça reste du cinéma d'action reaganien bien caricatural, où l'Américain combat 'le pire oppresseur de tous les peuples du monde" grâce à la puissance du rock'n'roll (littéralement, hein, il met Little Richard à fond dans un haut-parleur pendant une poursuite et ça les aide à défoncer les soldats cubains) et où le Russe découvre que le régime qu'il soutient n'est bon qu'à trahir ses propres soldats, torturer ses prisonniers, exécuter ses opposants et raser des villages civils au lance-flammes. Mais pour un truc coécrit par un futur sbire de George W. Bush qui s'est fait prêter tout son matos militaire par ses amis ségrégationnistes, ça reste assez gentillet.


Soviet Le Guerrier rouge 01Une jeune lectrice m'a récemment reproché de ne penser qu'à mon lectorat masculin
avec mes films qui servent d'excuse à mettre des photos de filles à gros seins partout.
Alors aujourd'hui, voilà, cadeau : un film qui sert d'excuse à mettre un bodybuilder qui fait un striptease
(et puis une explosion derrière quand même pour les garçons).


Et ça se laisse regarder, mais c'est pas vraiment un classique du genre. Oh, il y a ce qu'il faut de bagarres, fusillades, poursuites et explosions, mises en scène de façon satisfaisante, avec un budget adéquat. Mais on ne peut pas dire que ça serve une intrigue intéressante ou que ce soit très bien rythmé. Ca a tendance à traîner en longueur entre deux moments où ça pète, puis à passer trop abruptement d'une séquence molle à une séquence d'action, sans faire monter la sauce. Genre, on dit qu'on attaque le QG et hop, immédiatement après c'est l'assaut, sans préparation du plan de génie super malin ou ruse de ninja ou quoi que ce soit. Et puis, ça manque de personnalité. Il y a quelques petits détails saugrenus pour pimenter (genre, Lundgren insiste pour passer toute la 2ème partie du film en poum poum short, et il fait un stage chez les bushmen pour gagner une force surhumaine en buvant du venin de scorpion) mais dans l'ensemble c'est un peu terne. Le héros est une page vierge, il n'est pas drôle, il n'a pas d'aptitude particulière. Dans l'ensemble Lundgren a jamais su développer un style comme Schwarzenegger ou Seagal, si ce n'est un côté "homme-machine" qui fonctionne bien dans les Universal Soldier mais ici trahit simplement le fait que c'était un acteur débutant à qui les producteurs ne confiaient que des rôles super limités parce qu'ils le prenaient pour un culturiste teubé.


Soviet Le Guerrier rouge 02Pour une fois, le film manque plus de saveur que de moyens.


J'ajoute que le doublage n'est pas génial, et que la qualité d'image est médiocre. Alors après, ça m'a coûté qu'1€ et je peux pas dire que je regrette mon fric ni mon temps, mais bon, c'était pas la petite trouvaille sympa que j'espérais, juste un film de guerre potable. Dans le même genre c'est bien loin de valoir un Commando par exemple, et c'est vraiment à réserver aux inconditionnels nostalgiques de ce type particulier de cinéma bourrin bas-du-front qu'on faisait il y a 30 ans et que Stallone n'arrive pas vraiment à reproduire aujourd'hui avec les Expendables.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Ciné Discount
  • : Films en solde ou au rabais
  • Contact

Coupé court

Les vidéos de CoupeCourt-lefilm sur Dailymotion

Recherche

Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

Goldmembers

goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

-Artemis
-jakbonhom
-Mahg

-Sheep Tapes
-Snowman
-Super Menteur