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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 17:47

 

Designe pour mourirEncore un Seagal de la période catogan, réédité récemment sous une autre jaquette censée faire plus moderne, mais je vous mets l'ancienne parce que ce révisionnisme qui essaie de faire croire que tous les films de tous les temps datent des années 2000 m'agace. Il y joue un flic qui décide de raccrocher après une mission qui tourne mal et de retourner auprès de sa famille dans une petite ville qu'il espère tranquille. Mais sur place il s'aperçoit vite que la guerre des gangs fait rage entre jamaïcains et hispaniques pour le contrôle du trafic de drogue. Peu désireux de sortir de sa retraite pour s'impliquer dans leurs affaires, il se retrouve néanmoins contraint d'affronter les méchants dealers quand ceux-ci s'en prennent à sa nièce.

Je m'attendais à quelque chose de plutôt bas-de-gamme et sans âme, dans la mesure où le réalisateur Dwight H. Little travaille surtout pour la télévision et que ses quelques films (Halloween 4, Sauvez Willy 2, Anaconda 2, Tekken...) n'ont pas vraiment marqué l'histoire du cinéma. Mais c'est finalement un petit polar sympathique, qui bénéficie d'une mise en scène plutôt compétente, d'un scénario qui sait intégrer quelques idées originales et répliques percutantes à une intrigue assez bateau, et de seconds rôles de qualité autour d'un Seagal utilisé à bon escient. Son personnage est du même genre que ceux qu'il a l'habitude de jouer, un agent spécial ultraviolent et invincible qui met son sens de la famille avant tout, mais légèrement atypique puisqu'il admet avoir été un mauvais flic "qui est devenu ce qu'il haïssait le plus", dénonce ouvertement l'inanité de la lutte antidrogue (il va jusqu'à dissuader son copain coach de foot qui veut chasser les dealers qui vendent à ses joueurs), a l'intention d'éviter la bagarre plutôt qu'aller la chercher. On ne peut pas dire que ça mette a rude épreuve son talent d'acteur limité, mais ça évite l'impression d'être devant une redite de Nico.


Designe pour mourir 02Le film est rempli d'acteurs de second plan dont on oublie toujours le nom
mais
qu'on est content de retrouver une fois de plus.


Bon, cela dit on ne va pas se mentir, si vous envisagez de regarder ce genre de film ce n'est pas en espérant une prestation à Oscar, mais de bonnes scènes d'action, et à ce niveau on est plutôt bien servi, avec une bonne poursuite en voiture, des fusillades, des corps-à-corps mémorables. L'aïkido reste suffisamment rare au cinéma pour garder une certaine fraîcheur même si Seagal l'utilise dans tous ses films, et il y a quelque chose d'horriblement comique dans la façon dont son style défensif et élégant et ses velléités pacifistes tranchent avec sa brutalité et sa cruauté excessives (il n'arrête jamais un combat avant d'avoir au moins brisé un membre à son adversaire, il tue sans remords). Il y a aussi quelques duels au sabre pour varier, et des exécutions mémorables. Si vous êtes délicat, il y a des chances pour que ce soit trop violent à votre goût, entre les décapitations et les avant-bras pliés en deux, mais pour ceux qui regrettent l'époque où le cinéma d'action n'avait pas peur d'être interdit au jeune public, Désigné pour mourir est assez réjouissant.


Designe pour mourir 01Les poignets cassés, un classique seagalien dont on ne se lasse pas.


Dans ses grandes lignes, l'histoire ne réinvente pas le fil à couper l'eau tiède, mais ses auteurs (scénaristes de Poltergeist) ont fait des efforts pour pimenter les choses, il y a de la magie noire, des voyages (ça démarre en Amérique du sud, ça se poursuit en Illinois, il y a un crochet par la Jamaïque vers la fin), des personnages avec du caractère. Le méchant est bien théâtral comme il faut. Seagal a plusieurs scènes pour établir les diverses facettes de son rôle, désabusé par rapport à son métier mais toujours protecteur envers les siens (il s'assure même que son copain trafiquant d'armes prend soin de sa santé !). Son compagnon d'armes (joué par le toujours savoureux Keith David) ne donne pas l'impression d'être un simple faire-valoir noir, ils se traitent d'égal à égal. Et entendons-nous bien tout ça ne fait pas un chef-d'oeuvre, c'est des petits plaisirs de film con-con pour garçons, comme la scène où les héros préparent leurs flingues et gadgets, mais c'est ce qui fait qu'on préférera regarder ça ou Commando ou  Kickboxer plutôt qu'un direct-to-video de seconde zone tourné dans les pays de l'Est.


Designe pour mourir 03Parmi les petites touches de fantaisie bizarres et rigolotes du film :
Jimmy Cliff fait une apparition pour chanter sur le sort à venir du méchant,
façon choeur de tragédie grecque.


Désigné pour mourir
n'est pas un grand film, pas non plus un film d'action grand public comme Piège en haute mer, c'est une petite série B pour bourrins pas mal foutue, dans la veine de Justice sauvage. Je me suis ennuyé à aucun moment, je le reverrais sans doute avec plaisir, mais si je dois la conseiller à quelqu'un ce sera plutôt à un pote capable d'apprécier Predator ou un Van Damme au premier degré plutôt qu'à ta meuf, ou à un jeune amateur de blagues sur Chuck Norris qui s'est trop marré devant Expendables.

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 09:08

Justice sauvageBon ben voilà les amis, les vacances scolaires sont terminées pour presque tout le monde donc on va en rester là pour ce qui est des films pour enfants, d'autant que ça n'a pas vraiment attiré un public très nombreux, vu qu'en termes de fréquentation ce mois de février a été le pire qu'ait connu Ciné Discount depuis 2010. Là honnêtement je ne sais plus ce qu'il vous faut pour venir ici, j'ai tenté les films obscurs que vous trouverez pas ailleurs, j'ai tenté les films connus dont tout le monde parle, j'ai tenté les femmes à poil, j'ai tenté les thèmes saisonniers, mais quoi que je fasse vous vous en battez les couilles, il va falloir que je me résolve à l'idée tout le monde préfère télécharger puis regarder absolument n'importe quoi gratos plutôt que de se renseigner un peu pour ne sélectionner que les bons trucs.

Mais trève de pleurnicheries, et puisque le cinéma d'arts martiaux pour les petits c'est fini pour le moment, repartons du bon pied avec un film pour hommes, un Seagal de la phase ascendante, la période catogan, celle qui l'amènerait à Piège en haute mer et un statut éphèmère de poids lourd du cinéma mondial. Justice sauvage s'ouvre sur une citation d'Arthur Miller, eh ouais, qu'est-ce tu crois, et poursuit en nous montrant sans perdre de temps tout ce qu'il y a à savoir sur Gino, le personnage interprété par Seagal, un flic qui fait passer son idée de la justice avant le règlement et que même les parrains du quartier respectent pour son sens de l'honneur et de la famille, une tête brûlée qui ne prend de gants avec personne (parce que des gants sur une tête ça serait ridicule). Son meilleur ami a été tué par un gangster tellement cinglé que même la mafia l'a désavoué, et il entreprend de régler ça en marge de la loi, avec "24 heures, une voiture et un fusil à pompe". Commence alors une traque sanglante dans les rues de Brooklyn, à la recherche d'un fou dangereux accro au crack, qui sait que tout le monde veut sa peau et n'a aucune intention de revoir le soleil se lever, juste de s'amuser une dernière fois avant de se faire dessouder.


Justice sauvage 07Pour une fois, le dialogue ne le décrit pas comme un ancien des forces spéciales,
mais le très beau béret, là, il a pas dû le ramener de chez les scouts.


Comme dans Nico, Seagal joue un italo-américain qui a gardé des amis au sein de la mafia, je ne sais pas si c'est lui qui faisait son Bernard Lavilliers et qui persuadait les scénaristes de lui écrire des rôles comme ça en leur affirmant qu'en plus d'être japonais de coeur, il était italien dans l'âme, ou bien si ses problèmes d'élocution amenaient les producteurs à lui faire jouer des types avec un accent, comme ils ont fait jouer des Russes à Lundgren et Schwarzenegger par exemple. En tout cas, son faux accent n'est pas super convaincant, mais ça n'est rien à côté de ses répliques en italien, à peu près incompréhensibles. Cela dit, parmi les sportifs devenus acteurs, vous avez ceux qui n'arrivent pas à faire autrement que débiter robotiquement leur dialogue, ceux comme John Cena qui se contentent de toujours rester dans la peau de leur personnage public habituel pour que ça soit plus facile à jouer, et finalement c'est plus intéressant d'en voir un essayer de faire l'acteur pour de vrai, même s'il rate un peu son coup.


Justice sauvage 04En plus, il a de superbes répliques.


Il y a même des moments où on se demande s'il improvise ou quoi, parce qu'il se met à dire des choses absurdes, comme lorsqu'il raconte une histoire sur son père, un rémouleur ayant perdu son gagne-pain, non pas parce que l'inox a bien niqué cette profession, mais... parce que les gens de son quartier se sont mis à acheter des couverts jetables, évidemment. Forcément ça sonne super authentique comme anecdote et c'est donc très émouvant. Avec tout ça, il faut bien avouer que le personnage est parfois assez difficile à prendre au sérieux, et c'est dommage parce qu'il est quand même un peu original, une sorte de pré-Vic Mackey de The Shield, le côté corrompu en moins mais le genre qui ne se gêne pas pour abuser de son pouvoir et brutaliser ou humilier ses suspects, qui se préoccupe moins de défendre la loi que ses valeurs personnelles. En face, William Forsythe campe un méchant plutôt atypique lui aussi, un fou qui essaie de faire durer sa cavale le plus longtemps possible tout en ne se faisant pas d'illusions sur son issue, et en improvisant au fur et à mesure.


Justice sauvage 06Pas d'explosions ou d'hélicoptères à la Piège en haute mer,
mais c'est nerveux et ça ne laisse pas le temps de s'ennuyer.


En tout cas; le film sait aussi mettre à profit les points forts de son acteur principal, avec de bonnes bastons dans lesquelles il casse un paquet de tronches et de membres avec ce style qui mélange brutalité pure et finesse. Pour l'anecdote, à chaque affrontement y a une espèce de tic mi-rigolo mi-crétin qui consiste à faire crier aux victimes "aille, mon [partie du corps détruite par Seagal] !", j'imagine assez bien la vedette décidant d'utiliser sa qualité de coproducteur pour mettre son grain de sel dans la mise en scène, genre "tiens là tu vois quand je lui mets un coup de tatane dans les couilles, ce serait bien qu'il dise un truc comme 'aille, mes couilles !', et puis l'autre, quand je lui pète les dents, il pourrait dire 'aille, mes dents !', en tant que producteur de cinéma je pense que ce serait plus percutant", mais bon ça n'est que pure spéculation de ma part. En tout cas c'est assez amusant alors que je ne suis pas sûr que c'était l'effet recherché, mais bref, passons. Pour en revenir à l'action elle-même, sans jamais aller jusqu'au grand spectacle, Justice sauvage propose de la qualité et de la variété : combats à mains nues, à l'arme blanche, fusillades et même une poursuite en voitures comme on n'en fait plus. D'ailleurs à ce propos, soyez prévenus que c'est de la bonne vieille violence à l'ancienne, donc pas destinée à être regardée en famille, mais pour les amateurs, c'est cool.


Justice sauvage 02Vous je ne sais pas, mais moi je préfère me rappeler de lui comme du type qui pouvait
démolir Dan Inosanto, l'élève de Bruce Lee, plutôt que comme la caution morale de Vladimir Poutine.


Sans les quelques passages où Seagal est vraiment impossible à prendre au sérieux, ce serait vraiment un très bon petit polar bien teigneux. On est encore loin de choses comme Attack Force ou Against the Dark, c'est l'époque où il tournait pour des réalisateurs compétents, avec des seconds rôles de qualité (ici, outre Forsythe, on trouve Jerry Orbach de New York, police judiciaire), dans le genre c'est plus réussi que Vigilante, mais je mentirais si je disais que le film est entièrement appréciable au premier degré. Cela dit, les petites touches de bizarrerie qu'il apporte sont aussi ce qui fait la personnalité et le charme de Justice sauvage, ça n'était pas du sous-Schwarzy ou du sous-Stallone, c'était son style à lui et c'est le genre de film qui manque un peu à Hollywood aujourd'hui, je trouve. Le DVD se trouve facilement à 5€ en supermarchés, si vous n'êtes pas fan de Seagal c'est peut-être pas le film qui vous convaincra ou vous réconciliera, mais pour ceux qui sont curieux de l'entendre parler un italien qui semble avoir été l'inspiration pour celui de Brad Pitt dans Inglourious Basterds ou qui regrettent la castagne, le sang et la vengeance comme on les filmait il y a un quart de siècle, c'est un achat recommandé.

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 10:36

Locked DownSigné par le même tandem scénariste/réalisateur que le très oubliable Sang pour sang extrême, Locked Down en reprend également une bonne partie du casting et a probablement été écrit et tourné dans la foulée, genre "allez les gars puisque vous êtes là, venez on fait un deuxième film tout de suite tant qu'on est chauds. Désolé Bai Ling, sur celui-ci j'ai pas de personnage d'Asiatique anorexique avec une coiffure qui ressemble à une perruque de strip-teaseuse, mais à la place ça te dirait pas de jouer une gardienne de prison hispanique ? Et toi Kimbo Slice, bon j'ai déjà promis à Rashad Evans le rôle du gros renoi qui se bat contre le héros, mais si tu veux je te filme en train de tabasser un autre mec et on trouvera plus tard un prétexte quelconque pour inclure ta scène n'importe où dans le film. Sois sympa, ta sale tronche sur une jaquette est plus vendeuse que celle de Tony Schiena".

Enfin bon, si ça se trouve en réalité c'est le sponsor Tapout, les vendeurs de t-shirts pour beaufs trentenaires qui se rêvent encore en durs à cuire en souvenir de leurs bagarres de récré, qui a été super impressionné par Sang pour sang extême et qui a absolument voulu réunir l'équipe à nouveau et leur financer un autre projet, je ne sais pas. En tout cas, ça n'est pas du tout une suite, simplement une nouvelle histoire de brutes qui se mettent des baffes en cage, mais cette fois, la cage est en prison. Ca veut dire UNE CAGE DANS UNE CAGE, les mecs. La profondeur de ce film est vertigineuse.


Locked Down 02

Rassurez-vous, Bai Ling n'a que 2 ou 3 répliques et ne garde pas tous ses vêtements jusqu'à la fin.


Il y a toujours une brochette de non-acteurs issus du monde des MMA dans des rôles anecdotiques et toujours Tony Schiena dans celui du héros. Cette fois c'est un inspecteur de police victime d'un coup monté, qui en prend pour 25 ans après avoir été accusé de trafic de drogue. Et comme le dit la jaquette, "entrer en prison peut se transformer en condamnation à mort" (probablement parce que c'était trop long de préciser "...même pour un mec qui, à la base, ne va pas en prison suite à une vraie condamnation à mort"), surtout pour un flic, et surtout si on l'envoie dans la même taule que des criminels qu'il a arrêtés. Mais plutôt que de le faire simplement suriner sous les douches ou au détour d'un couloir comme un gentleman, son pire ennemi a choisi une façon plus barbare de se venger de lui : le faire participer aux combats entre détenus qu'il organise avec la bénédiction du directeur et des gardiens, et qui se terminent régulièrement par la mort d'un participant.


Locked Down 03Pour l'anecdote, le rôle de Morgan Freeman est joué par

le type qui double le héros du jeu vidéo The Walking Dead.


Il faut être vraiment très optimiste pour s'attendre à un super film quand on ramasse
dans le bac à 2€ un obscur direct-to-video sur des bourrins qui se tapent sur la gueule, mais on est au moins en droit d'espérer un petit machin potable vu que ça existe. Hélas, Locked Down se révèle encore plus mauvais que son prédécesseur. L'histoire est un ramassis de clichés maladroitement assemblés, les protagonistes n'ont aucune personalité, l'interprétation est médiocre, la bande son est l'habituel brouet de rap insipide et de mauvais rock, les combats sont mal filmés parce que ça fait "cinéma moderne" de placer sa caméra n'importe où et n'importe comment, le peu qu'on distingue des chorégraphies n'est pas du tout inspiré (en gros, toujours les 4 ou 5 mêmes attaques qui se répètent), et le montage chaotique à base de plans de 1 à 5 secondes formant des scènes de 10 à 30 secondes est absolument insupportable. Je ne sais pas si c'est parce que ça s'adresse à un public de jeunes gavés de Redbull incapables de rester concentrés une minute entière sur la même chose, ou si c'est parce que ça a été tourné à la sauvette, une seule prise à chaque fois et avec des acteurs pas toujours disponibles en même temps, et qu'il a fallu tout découper en tout petits bouts avant de pouvoir bricoler un film entier, mais en tout cas c'est vite pénible à regarder.


Locked Down 01Ouah, trop spectaculaire ce coup (?) de poing (?) en pleine tête (?).


Les situations sont sans originalité, tout est prévisible, des prétextes au déshabillage partiel des actrices (bien sûr il y a une strip-teaseuse dans le garage) aux absurdités (bien sûr, la fliquette de la police des polices et le héros finissent en couple après s'être côtoyés 5 minutes et bien sûr, elle l'aide à remettre à la famille de son compagnon de cellule le magot d'un hold up planqué depuis des années). C'est la version pour enfants idiots des films sur les MMA et des films de prison, et c'est typique de ces produits quasi-amateur  écrits sans réfléchir suivant la méthode "recopie des trucs que t'as trouvés cool dans des vrais films", avec des dialogues plats et cons, mon échange préféré étant probablement celui où le directeur dit "En général, un ex-flic ne fait pas de vieux os en prison", et le flic lui répond "Merci du conseil" parce qu'il a vraiment trop le sens de la répartie et apparemment aucune idée de la signification du mot "conseil".


Locked Down 04Autre bon moment témoin de la qualité d'écriture du film :
les prisonniers se font passer un petit mot en cachette pour annoncer secrètement le prochain combat,
ce qui ne sert à rien vu que les gardiens sont au courant, y assistent, et sont de mèche avec l'organisateur.


Un petit film d'action crétin ça n'est pas forcément désagréable mais encore faut-il qu'il y ait de bonnes scènes d'action et un peu de caractère, ce qui n'est pas du tout le cas de cette pauvre merdouille produite à destination d'un public à peu près dépourvu de la moindre exigence. A choisir, même si vous cherchez un truc bas-du-front pour jeunes plutôt que quelque chose d'un peu "sérieux" comme Redbelt ou Fighting, il vaut encore mieux voir des choses comme Never Back Down et sa suite. Heureusement que les soldes sont terminées et que ce genre de DVD pouilleux va sagement rentrer moisir à l'entrepôt ou partir démarrer une nouvelle vie à l'usine de recyclage, que je sois moins tenté d'acheter de la grosse merde sous prétexte qu'il y a de la baston dedans.

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 08:35

L Art de la guerreVous avez probablement déjà entendu parler du célèbre traité de stratégie attribué à Sun Zi, L'Art de la guerre, avec tous ces chefs d'entreprise et tous ces rappeurs qui font semblant d'avoir lu, les uns pour avoir l'impression qu'ils font un métier de vrais bonhommes qui en ont, les autres pour faire croire qu'ils ont des lettres, tous pour montrer qu'ils ont plein d'ennemis mais qu'ils ont appris à les écraser scientifiquement.

Eh bien figurez-vous que le film éponyme n'a à peu près aucun rapport avec le livre, si ce n'est la Chine et quelques citations. Signé Christian Duguay, un réalisateur revenu au grand écran l'an dernier avec Jappeloup mais qui bosse surtout sur des producttions "de prestige" pour la télévision (son Anna Karénine a été diffusé chez nous pendant les fêtes), c'est un petit film d'espionnage comme on en faisait encore au tournant du siècle, quand les producteurs s'autorisaient à dépenser des sommes intermédiaires entre le budget d'un direct-to-DVD et celui d'un James Bond. Ca manque un peu aujourd'hui, les films à soixante millions de dollars, non ? Bon alors après je vous accorde que ça nous a donné des trucs pas forcément réussis comme Le Saint avec Val Kilmer ou Ballistic avec Antonio Banderas, et qu'en plus d'être pas terrible à la base ils ont super mal vieilli parce que tout ce qui était censé faire moderne et hi-tech à l'époque est complètement désuet aujourd'hui, mais quand même. Avec cette disparition du cinéma à budget "moyen gros", quelqu'un comme Wesley Snipes se retrouve à avoir le choix entre jouer les seconds couteaux dans une saga à la gloire de Stallone ou tourner des trucs qui finiront multidiffusés sur NT1 ou NRJ12. C'est triste.


L Art de la guerre 04Une scène amène à croire que l'art du déguisement fait partie de l'arsenal habituel du héros,
mais cet élément ne sera pas du tout réexploité avant l'épilogue.


Enfin bon, voilà, à une époque donc Wesley Snipes était encore tête d'affiche dans des productions qui coûtaient un peu cher, et après US Marshals et Blade il a enchaîné avec L'Art de la guerre. Il joue ici un agent secret au service de l'ONU qui, après avoir été blessé en mission, envisage de prendre sa retraite, mais se voit poussé à reprendre du service pour déjouer un complot visant à faire échouer un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis. Les conspirateurs se révèlent plus malins que lui, et le voilà accusé du meurtre qu'il était censé empêcher. Lâché par sa hiérarchie, embastillé par le FBI, traqué par les Triades, il va devoir s'évader pour blanchir son nom, lever le voile sur l'affaire, et empêcher les relations entre les deux plus grandes puissances mondiales de dégénérer.


L Art de la guerre 01Après un prologue dynamique, L'Art de la guerre ne parvient malheureusement
jamais à trouver un rythme vraiment satisfaisant.


Les premières minutes sont plutôt enthousiasmantes. Même si l'o
n constate que le film n'a pas tout à fait les moyens de ses ambitions, avec un saut en parachute un peu trop visiblement tourné en studio sur fond vert, c'est du Mission Impossible basique mais pas mal foutu, avec un Wesley Snipes plutôt en forme, qui a l'occasion de faire une démonstration du potentiel de son personnage, un casse-cou qui peut opérer depuis la façade d'un immeuble sans froisser son costard ni renverser son champagne, qui fait du karaté comme un champion mais qui sait aussi faire usage de tchatche et de bonne déconne ("Vous me reconnaissez pas ? Eddie Murphy !" répond-il à un dignitaire chinois qui lui demande son nom). Malheureusement, L'Art de la guerre ne tient pas les promesses de son introduction jamesbondienne, et s'enlise vite. Il faut une bonne quarantaine de minutes pour que les bases de l'intrigue soient complètement posées, les rebondissements sont assez prévisibles, l'histoire pas vraiment très prenante au bout du compte. Quant aux scènes d'action, on appréciera certes qu'elles aient été tournées par quelqu'un qui croyait encore aux mérites de la lisibilité et de la fluidité (c'était quelques années encore avant que La Mort dans la peau ne fasses ses ravages) mais elles restent assez banales, une poursuite en voiture par-ci, une baston par-là, quelques explosions, rien de vraiment mémorable.


L Art de la guerre 02Pas vraiment d'acrobaties inédites ou de péripéties très inventives au programme.



Mais le plus décevant, finalement, c'est la sous-exploitation du personnage de Wesley Snipes. Il a beau être omniprésent, il a beau savoir se sortir de n'importe quelle situation épineuse, il s'est révélé moins intéressant que ce que j'espérais au début. On a l'impression que le réalisateur lui a demandé de ne pas trop se faire remarquer, de ne pas trop chercher à se montrer charmant ou marrant, de laisser sa doublure s'occuper des cascades... C'est dommage, parce qu'un protagoniste moins terne aurait pu faire toute la différence entre une série B pas horriblement mal faite mais pas originale pour deux sous, et un vrai bon petit thriller qu'on prendrait plaisir à revoir de temps en temps, ou dont on attendrait des suites avec intérêt. Les seconds rôles ne brillent pas spécialement non plus, malgré un casting tout à fait correct (Donald Sutherland, Anne Archer, Michael Biehn, Cary-Hiroyuki Tagawa...).


L Art de la guerre 03Même le charme de Marie Matiko peine à tirer le spectateur de son apathie.
Au passage, on finit par se demander si c'est parce que les producteurs ne voulait pas d'un couple
composé d'une Asiatique et d'un Blanc qu'ils ont choisi Wesley Snipes plutôt que Steven Seagal pour le rôle.


Ca n'est pas nul, mais ça n'est clairement pas assez palpitant pour justifier sa durée de près de deux heures. C'est moyen, banal, c'est du sous-Fugitif pas très inspiré. On s'endort pas devant, on peut s'amuser du fait que les technologies censées épater le public à l'époque sont désormais d'une ringardise totale (des téléphones portables gros comme des sabots ! des infos top-secrètes qu'on copie sur disquette ! des ordis sous Windows 98 ! un modem 56K !) et pour peu qu'on apprécie un peu Wesley Snipes il y a quelques moments où il parvient à insuffler un peu de vie au film. Mais ça n'est clairement pas un DVD à ajouer à tout prix à votre collection, plutôt quelque chose à voir à la télé s'il n'y a vraiment rien d'autre. Comme disait Sun Zi, "J'ai fait la guerre pour habiter rue de la Paix, je ne manque jamais à l'appel quand c'est le jour de la paie" ; le jour de la vôtre, gardez le fric pour un meilleur film.

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 08:07

Piege en haute merC'est moi ou il avait un peu disparu de la circulation, celui-ci ? Depuis quelques années, plus moyen de le trouver en DVD autrement qu'en occaz (l'exemplaire que j'ai fini par acheter est dans un de ces vieux boîtiers carton-plastique à rabat, avec une étiquette de prix en francs !), plus de passage télé... Et puis là, coup sur coup, diffusion sur NT1, réédition, et distribution cette semaine par un célèbre hebdomadaire de programmes télé qui semble avoir pris Steven Seagal pour mascotte. C'était donc l'occasion rêvée (en plus du fait que le blog a eu quatre ans il y a deux jours) pour vous parler de Piège en haute mer, premier film à gros budget pour sa vedette après une série de productions modestes qui avaient fait de lui une star, et pour lequel il retrouvait le réalisateur de ses débuts, Andrew Davis.

Comme le titre français l'insinue discrètement, c'est une sorte de version maritime de Piège de cristal, avec un type coincé dans un lieu isolé et qui doit y lutter seul contre un groupe de criminels qui prétendent agir dans un but politique. Seagal joue son personnage habituel, un expert en arts martiaux viré des forces spéciales pour insubordination (mais qui avait raison de se rebeller). Il s'appelle ici Casey Ryback et aspire désormais à une vie plus tranquille en tant que cuisinier à bord du légendaire cuirassé USS Missouri (celui sur lequel les Japonais ont signé leur capitulation en 45 et qui a servi jusqu'à la première guerre du Golfe). Il se doute qu'il y a une couille dans le pâté quand Krill, le second du navire, lui annonce qu'il ne préparera pas le repas d'anniversaire du Capitaine, et le fait enfermer dans la chambre froide. Krill est en effet un traître chargé de faciliter la prise du cuirassé par un groupe terroriste mené par un ancien de la CIA, Strannix. Lorsque Ryback parvient enfin à quitter sa geôle, il entreprend de sauver équipage prisonnier et de récupérer le Missouri des mains de Strannix, qui menace Honolulu avec les missiles atomiques présents à bord.


Piege en haute mer 03Contre-attaques fulgurantes et cassages de poignets sont au menu de ce chef
un peu particulier. Un gag récurrent est son insistance à répéter qu'il n'est qu'un simple cuisinier.


Drôle de carrière tout de même que celle de Steven Seagal. Même si Machete l'a un peu relancée récemment, quand on pense qu'il n'y a pas si longtemps il en était à
faire la guest-star pour des trucs imbitables tournés pour 50€ en Bulgarie c'est difficile d'imaginer qu'il y a 20 ans, à l'époque de Piège en haute mer donc, il suffisait de son nom et sa tronche sur une affiche pour vendre un film à des dizaines de millions de spectateurs à travers le monde. Il était parti pour devenir l'égal de Schwarzenegger et Stallone mais il manquait d'élan, alors en route il a suffi qu'il se plante deux fois (avec Terrain miné et Menace toxique) pour se transformer en Christophe Lambert. Du coup, ce sera probablement difficile de vous convaincre aujourd'hui que certains de ses premiers films, comme celui-ci, sont de vrais bons films d'action. Pourtant, le futur réalisateur du Fugitif signait là un thriller de bonne facture avec un scénario pas trop tarte et une belle galerie de seconds rôles (Tommy Lee Jones, Gary Busey, Colm Meaney...) pour épauler sa vedette.


Piege en haute mer 01Les amateurs de séries télé retrouveront plein de visages (et pas que des visages) connus :
Tuco Salamanca de Breaking Bad, Erika Eleniak d'Alerte à Malibu,
le réceptionniste des dernières saisons d'Urgences, le chef de la sécurité présidentielle de 24H chrono...


Bien sûr, l'intrigue repompe celle d'un autre film, mais elle le fait de façon plutôt habile et ne manque pas de bonnes idées, les terroristes qui utilisent la surprise d'anniversaire du capitaine pour s'infiltrer sur le bateau en hélicoptère, le vétéran de la Deuxième Guerre mondiale venu pour les festivités et qui sait encore utiliser les anciennes pièces d'artillerie du Missouri (une idée piquée par cette bouse de Battleship, qui utilise d'ailleurs le même cuirassé) pour riposter alors que Strannix contrôle les missiles... Et puis l'aspect politique est original, malgré la contribution visiblement généreuse de l'US Navy (il y a un sacré paquet de matériel militaire à l'écran, le cuirassé, un sous-marin, des jets...) le film se permet de véhiculer un message cher à Seagal sur l'absence de scrupules et de perspicacité du gouvernement américain qui arme des fous dangereux pour faire son sale boulot avant de les voir se retourner contre lui. Eh ouais, les gens se foutent beaucoup plus de sa gueule que de celle de Stallone, mais au final, à qui l'Histoire a donné raison hein ? A Rambo III ou à Piège en haute mer ?


Piege en haute mer 04

L'une des marottes de Seagal depuis son premier film :
la dénonciation des pratiques de la CIA qui forme elle-même les futurs terroristes
contre lesquels elle est censée lutter.


Bon enfin après je vais pas prétendre que c'est un brûlot gauchiste qui fait réfléchir, ça reste du divertissement grand public avec des cascades, des fusillades, des explosions, un agent secret invincible qui défonce tout le monde sans une égratignure, une playmate hystérique qui finit par se découvrir des aptitudes guerrières, et Tommy Lee Jones et Gary Busey qui s'en donnent à coeur joie dans le registre "je suis trop un méchant taré qui pète les plombs". Et Seagal n'est clairement pas un super acteur, même s'il n'est pas aussi nul que le prétendent ceux pour qui il n'est qu'un sujet de blague. Quand il fait le bon copain blagueur ou le type qui pète des bras ça va, mais dans les moments où il joue le plus faux c'est assez embarrassant à voir et ça tire l'ensemble vers le bas. Mais ça reste pas trop débile et c'est raconté avec un vrai sens de la narration qui fait défaut à un Michael Bay ou un Roland Emmerich par exemple.


Piege en haute mer 02Busey et Jones campent des psychopathes rigolos, mais ne donnent pas dans la subtilité.


J'aurais aimé qu'il y ait un peu plus d'arts martiaux. L'inconvénient de s'être aventuré dans le domaine du cinéma hollywoodien à gros budget, pour Steven Seagal, c'est qu'il a dû partiellement sacrifier ce qui fait sa spécificité au cinéma, l'aïkido et le sabre, au profit d'une action plus "classique", qui sans être ratée n'est pas franchement très originale ni à couper le souffle. Il y a quand même quelques "belles" exécutions mais pour tout dire je suis même un peu déçu que le métier de cuisinier du personnage n'ait pas été incorporé à son style de combat, j'aurais bien aimé le voir étaler un adversaire à coups de presse-purée, de hareng ou de coupe-raviolis. Du coup, Piège en haute mer ne parvient pas vraiment à se hisser au rang des meilleurs représentants du genre. C'est un bon film d'action mais pas un grand film d'action. Pour un amateur de série B ça reste une acquisition intéressante et pour un fan de Seagal c'est l'occasion de le voir dans autre chose qu'un produit bas-de-gamme ; je ne dis pas qu'il faudra casser sa tirelire pour l'édition Blu-Ray qui sort en janvier, mais en DVD pas cher ça vaut le coup.

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 07:52

Almighty ThorComme les plus perspicaces d'entre vous l'auront immédiatement deviné, Almighty Thor a été produit par The Asylum pour tenter de grapiller quelques miettes du succès de Thor, l'adaptation ciné de la BD de Marvel, et remplir la grille des programmes de la chaîne Syfy. A force, on sait exactement à quoi s'attendre face à ce genre de téléfilm : acteurs vieillissants et/ou à la carrière moribonde (Richard "y a 25 ans j'étais le nouveau Johnny Depp" Grieco, Patricia Velasquez...) ou inconnus semi-amateurs, intrigue débile, effets spéciaux risibles, courses-poursuites autour des locaux de la boîte de prod en guise de scènes d'action, de grandes chances pour que ce soit de la grosse daube complètement sans intérêt, un maigre espoir que ce soit un petit peu rigolo tellement c'est nul. Et à la fin, pour moi, une envie de créer sur le modèle des Alcooliques Anonymes quelque chose comme les Acheteurs de DVDs pourris Anonymes, pour aider à décrocher (et à économiser, du coup). On se réunirait pour se féliciter d'avoir tenu six mois sans acheter de nouvelle comédie de zombies, on aurait un parrain qu'on pourrait appeler dans les moments de crise, pour éviter une rechute face à un Uwe Boll à 3€. Idée à creuser.

Almighty Thor démarre au royaume légendaire d'Asgard où le démon Loki... oui parce qu'il faut savoir que pour Hollywood, toutes les mythologies du monde sont simplement des variantes du christianisme avec des casques à cornes ou des chevaux ailés, donc il faut forcément qu'un des dieux soit l'équivalent du Diable, comme Hadès dans Le Choc des Titans ou Percy Jackson... le démon Loki, donc, cherche à s'emparer du "Marteau d'Invincibilité" du roi des dieux, Odin, afin de détruire l'Arbre de Vie et ainsi de déclencher l'apocalypse. Blessé à mort par son rival, Odin confie à son fils Thor la garde du marteau magique, et avec l'aide de la guerrière Jarnsaxa, l'intrépide jeune dieu de la foudre s'enfuit sur Terre, et plus précisément à Los Angeles au 21ème siècle. Mais Loki et les créatures monstrueuses qu'il invoque parviennent à le suivre et sèment la panique en ville. La puissance de Thor sera-t-elle suffisante pour l'arrêter ?
Trouvera-t-il la force morale de résister aux ruses de Loki et d'apprendre à écouter les conseils de la sage Jarnsaxa au lieu de foncer tête baissée ? Ou bien devra-t-il céder le marteau pour que cessent les tueries et que s'accomplisse la prophétie qui prédisait l'avènement de Loki comme maître d'un nouveau monde ?


Almighty Thor 01Costumes et accessoires de pacotille, décors hideux, premier rôle tenu par un mannequin à l'air benêt
qui n'avait que de la figuration muette avant... Même pour The Asylum tout est super bas-de-gamme.


Chaque fois qu'on pense avoir vu ce qu'Asylum pouvait faire de pire, on tombe sur un nouveau film qui montre qu'ils peuvent toujours creuser plus bas. Celui-ci donne l'impression d'avoir été tourné en un weekend avec le budget d'un porno et la moitié d'un scénario. Je ne sais même pas si le fait de propulser Thor dans le monde réel d'aujourd'hui est lié à une volonté de singer le film de Kenneth Branagh ou s'il a simplement été dicté par la nécessité de ne dépenser que le strict minimum en décors et costumes (peut-être comme Berserkers). L'essentiel des 88 minutes se joue avec seulement trois acteurs sur un parking, dans quelques tronçons de mornes ruelles (où l'on voit parfois des passants gênés essayer de se ranger sur le côté après avoir aperçu la caméra) et la pièce de stockage des accessoires du studio. Après un prologue dans un affreux monde simili-viking en images de synthèse moisies (qui est l'occasion de voir le catcheur Kevin Nash en dieu nordique tatoué comme un biker), la même séquence se répète en boucle pendant la dernière heure de film : 1) Thor et Jarnsaxa se chamaillent dans leur "sanctuaire" (un petite pièce remplie d'armes à feu) pour savoir s'il vaut mieux sortir affronter Loki ou rester à l'abri et s'entraîner au combat, 2) Loki arpente une rue avec un rictus mauvais aux lèvres, 3) Thor finit par sortir contre l'avis de sa baby-sitter, ils se chamaillent pour savoir s'il vaut mieux retourner à l'abri et s'entraîner au combat ou rester dehors pour affronter Loki, et 4) finalement il y a un petit peu de baston, Thor bat en retraite et on en revient à l'étape 1. Comme les dialogues sont nuls, j'aime autant vous dire que c'est passionnant.


Almighty Thor 02La pauvre Patricia Velasquez se donne du mal, mais son âge très avancé de 40 ans
lui interdira d'embrasser le héros parce qu'il faut pas déconner quand même.


Parfois, pour meubler un peu, il y a quelques monstres ratés, même pas au niveau de ceux d'autres productions Asylum, une dizaine de figurants (toujours les mêmes) qui courent dans tous les sens, ou bien des scènes de destruction probablement empruntées à divers films-catastrophe du studio. Ed Wood aurait sans doute été fier de cette façon de faire du cinéma sans argent, en quasi-amateur (on sent que le réalisateur fait carrière grâce à son père, le nanardeur Fred Olen Ray), en piquant des bouts de films ailleurs, en tournant ce qu'on peut quand on peut et en essayant d'assembler une histoire autour de ce qu'on a pu mettre en boîte au risque qu'elle ne tienne pas vraiment debout. Mais Almighty Thor n'offre jamais de moments de comique involontaire aussi drôles que ceux d'un Plan 9 From Outer Space. Son côté pitoyable revêt parfois quelque chose d'amusant, c'est vrai, mais dans l'ensemble c'est surtout un film très ennuyeux et très laid. L'original n'était certes pas fameux, la copie n'a qu'un intérêt plus que limité pour les nanarophiles les plus hardis, et aucun pour le commun des mortels. Vivement que ça existe, les Acheteurs de DVDs pourris Anonymes.

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 07:09

Universal Soldier Le Jour du JugementUniversal Soldier - Regeneration reste l'un des meilleurs films d'action que j'ai chroniqués ici, du coup c'est peu dire que j'espérais beaucoup de cette suite par le même réalisateur et  toujours avec Van Damme et Lundgren, qui se bonifient avec le temps. J'ai quand même attendu sagement qu'il soit soldé (on le trouve maintenant souvent dans les offres "5 pour 30€") avant de l'acheter, mais j'avais confiance dans le fait que ce serait le prochain film que je pourrais conseiller avec enthousiasme à des gens qui me répondraient d'un air moqueur "Ouais non mais je t'avoue que ce genre de chose c'est pas trop mon truc désolé" parce que vous savez comment sont les gens, une énième suite d'un film idiot de Roland Emmerich, sortie directement en DVD, personne n'y croit si vous leur dites que c'est bien.

A la fin de l'épisode précédent, Luc Deveraux, le personnage joué par Van Damme, désertait après avoir accompli sa mission. On le découvre ici décidé à prendre sa revanche sur ceux qui ont fait de lui une sorte de zombie cyborg après sa mort au Vietnam. Avec l'aide de nouveaux clones de ses anciens rivaux (joués par Lundgren et l'ancien champion UFC Andrei Arlovski), il a fondé une secte qui récupère les "UniSols" pour les libérer du joug du gouvernement qui les a créés. Mais malgré ce qu'on pourrait croire d'après son rôle dans les autres films de la série et sa position sur la jaquette, Deveraux est ici le méchant de l'histoire, et ne fait que quelques brèves apparitions. L'intrigue est en fait centrée autour d'un nouveau personnage incarné par Scott Adkins (Expendables 2), un homme qui se réveille d'un coma avec pour seul souvenir celui de l'assassinat brutal de sa famille par Deveraux. Il va évidemment chercher à le retrouver pour se venger, mais son amnésie quasi-totale handicape sérieusement son enquête, d'autant que les personnes qui le reconnaissent ne semblent pas le considérer comme quelqu'un de très fréquentable. Qui était-il donc avant son séjour à l'hôpital ? Et pourquoi Deveraux semble vouloir le rallier à la cause des Universal Soldiers au lieu de l'affronter ?

 

Universal Soldier Le Jour du Jugement 04Adkins-Lundgren, mais aussi Adkins-Arlovski, Adkins-Van Damme, Lundgren-Arlovski,
il ne manque guère qu'un Van Damme-Arlovski pour pouvoir dire que le film offre vraiment
toutes les combinaisons dont l'amateur de baston peut rêver au vu des noms au générique.


Le Jour du Jugement ne manquera pas de surprendre ceux qui s'attendent à quelque chose dans la veine de Regeneration. L'univers de la saga est toujours là, l'action est toujours de qualité supérieure, mais ça n'est donc pas une nouvelle mission pour Van Damme ni un nouveau face-à-face avec Lundgren, c'est quelque part entre le polar noir et le film d'horreur (sur fond de science-fiction quand même), avec un protagoniste inédit, et des ex-ennemis rabibochés contre toute attente. Bon alors après c'est pas Star Wars, je pense pas qu'il y ait des fans qui se plaindront que ça n'est pas assez dans l'esprit des anciens épisodes (cela dit, la poursuite en voiture évoque un peu Terminator 2, ce qui pour le coup nous renvoie au tout premier film), mais après avoir été bluffé par le précédent, le réflexe naturel c'est d'espérer encore plus de la même chose de la part de John Hyams et ce n'est pas vraiment ce qu'on a ici. Je dirais quand même qu'une fois passée la surprise, les éléments qui se mettent en place sont suffisamment intriguants pour que la curiosité de savoir où tout cela va aller l'emporte sur la petite déception de voir Jean-Claude se faire voler la vedette et Hyams dévier de la trajectoire qu'on attendait.


Universal Soldier Le Jour du Jugement 03Niveau castagne, rien à redire, John Hyams est l'un des seuls cinéastes occidentaux
à se donner la peine de mettre en scène de beaux combats plutôt que de laisser
un assistant passer son iPhone au shaker face à un cascadeur en pleine crise d'épilepsie.


  Ce ne sera pas la peine d'essayer de convaincre vos amis cinéphiles sérieux que c'est un bon acteur, mais Adkins se montre tout à fait capable d'assumer le premier rôle, un personnage certes pas spécialement complexe, du genre qui irait bien à Steve Austin ou Batista, le M. Tout-le-Monde au passé trouble de type qui a donné encore plus de coups qu'il n'en a pris et qui aimerait mener enfin une vie sans bourre-pif mais que les événements vont remettre sur le sentier de la guerre. Arlovski confirme qu'il ferait un bon Terminator, et Van Damme, qui nous la joue un peu Colonel Kurtz d'Apocalypse Now, montre une fois de plus que même s'il ne gagnera jamais d'Oscar, il sait faire autre chose que le couillon qui tortille du cul entre deux coups de tatane dans Kickboxer. Les combats sont spectaculaire, c'est pas le style ballet aérien de cinéma asiatique mais dans le genre brutal et réaliste (et parfois assez gore) c'est chorégraphié et filmé avec brio, ça enfonce n'importe quel film sur les MMA que j'ai eu l'occasion de voir jusqu'à présent. De manière générale, la mise en scène est d'ailleurs largement au-dessus de la moyenne des direct-to-video, et confirme que le réalisateur n'est pas qu'un simple faiseur de films d'action fauchés, mais qu'à défaut de faire du cinéma d'auteur il essaie quand même de donner de la classe à ce qu'il fait.


Universal Soldier Le Jour du Jugement 01

Le prologue, en vue à la première personne, est particulièrement réussi, mais le film
donne finalement l'impression d'une accumulation de trucs réussis qui fonctionnent
pourtant pas vraiment ensemble au bout du compte.


Mais, car il y a un mais... Tout cela étant dit, je mentirais si je disais que le film ne m'a pas déçu. Pas parce que c'est pas Regeneration 2, mais parce que malgré ses qualités, au bout du compte il promet plus qu'il ne donne. Il gâche certains personnages. Le fameux "Jour du Jugement" n'a même pas lieu. Il fait beaucoup de mystères, et quand les révélations arrivent enfin, elles ne sont pas vraiment très intéressantes ou surprenantes. Il aimerait bien être intelligent, aborde des sujets sérieux comme le cynisme des dirigeants de la lutte antiterroriste, mais il reste assez creux, convenu. Il se penche sur des thèmes classiques de la SF, les machines qui pensent, les clones, les souvenirs implantés, mais se contente de ressasser des choses déjà vues dans Blade Runner, RoboCop, Matrix, Total Recall et d'autres.


Universal Soldier Le Jour du Jugement 02

Le personnage du truand défiguré fait partie de ces éléments qui épaississent le mystère
et donnent l'illusion d'un scénario vraiment malin... avant que le soufflé ne retombe
et qu'on s'aperçoive que
Le Jour du Jugement a certes du style, mais pas tant de cervelle que ça.


Ca n'est pas un mauvais film, il y a des moments vraiment impressionnants (et pas seulement dans les scènes d'action), c'est plus ambitieux et audacieux que la majorité des thrillers à petit budget destinés au marché du DVD, et ça reste à voir aussi bien pour ceux qui ont aimé l'épisode précédent que pour les curieux qui veulent voir ce que ça donne quand un réalisateur qui cite Gaspar Noé, David Lynch ou Roman Polanski parmi ses influences fait un film sur des cyborgs morts-vivants qui se mettent des baffes. Mais ça m'a pas scotché, ça m'a laissé sur ma faim, je vais pas forcément le revoir souvent ni le conseiller à beaucoup de gens, j'en garde surtout l'image d'un film qui vaut curieusement moins que la somme de ses parties. Je regrette pas mon achat, mais je regrette pas non plus d'avoir attendu qu'il soit en solde plutôt que de me jeter dessus dès sa sortie.

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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 07:20

Lara Croft Tomb Raider Le Berceau de la VieJe conclue mon hommage (de fort bon goût vous en conviendrez) avec le deuxième épisode du diptyque Tomb Raider, cette fois réalisé par Jan De Bont, connu pour Speed et Twister, et qui n'a plus rien tourné depuis ce Berceau de la Vie. Le premier film était sympa mais brouillon, on pouvait espérer que la suite tenterait d'améliorer la formule à défaut de la révolutionner. On retrouve Angelina Jolie toujours charmante en Lara Croft et toujours décidée à nous montrer que c'est une grande fille qui sait faire (une partie de) ses cascades elle-même, elle a toujours ses deux acolytes Noah Taylor et Chris Barrie, et son manoir anglais pour s'entraîner. Mais on sent que le monde a changé depuis ses précédentes aventures et que le cinéma d'action commence à entrer pour de vrai dans ce 21ème qui ne rigole plus, puisque son rival-mais-qui-l'aime-bien-mais-rival-quand-même n'est plus un archéologue/aventurier mais un mercenaire, et que le méchant n'est plus un gros bonnet d'une société secrète mystique mais un savant lié au terrorisme international. On s'éloigne d'Indiana Jones pour se rapprocher de James Bond (même si Daniel Craig n'est plus là) et c'est un peu dommage.

Lara Croft est cette fois-ci sur la piste de la Boîte de Pandore, dont l'emplacement tenu secret depuis le règne d'Alexandre le Grand pourrait être enfin révélé grâce à la découverte d'une orbe antique qui dévoilera la cachette à qui saura la décrypter. L'objet en question ayant été dérobé par des Chinois pour le compte d'un scientifique de renom devenu fournisseur d'armes bactériologiques pour toutes sortes de criminels, et qui espère décimer l'humanité en relâchant le terrible fléau prisonnier de la Boîte, Lara est missionnée par le MI6 pour remettre la main dessus. Elle fait alors libérer de prison un de ses anciens associés et amants, Terry Sheridan, pour lui servir de guide en Chine. Ca n'est évidemment que le début d'un long périple qui la mènera
jusqu'au Berceau de la Vie, où repose la Boîte de Pandore.


Lara Croft Tomb Raider Le Berceau de la Vie 02Angelina Jolie semble avoir plus ou moins renoncé à son accent anglais factice,
par contre Gerard Butler exagère à fond son accent écossais
(et ça se voit beaucoup sur cette image, je sais).


Tout comme dans la série de jeux vidéo dont elle est issue, les auteurs font l'effort d'emmener l'héroïne dans des situations et décors inédits pour elle : sous la mer, dans un gratte-ciel, en Chine, en Afrique... Mais comme son prédécesseur, le film doit faire la promotion des produits de ses sponsors, et ressemble par moments à un assemblage de séquences où ces nouveaux voyages sont moins destinés à faire progresser une intrigue qu'à vendre la nouvelle jeep, ou des motos, ou une bande originale de musique de jeunes, ou une figurine avec un nouveau costume. Il faut dire aussi que le scénario donne l'impression d'avoir été écrit pour un film d'espionnage et remanié pour devenir un Tomb Raider en greffant çà et là un peu de magie et d'exotisme de façon assez malhabile (un scientifique de génie qui se tourne vers la mythologie grecque pour obtenir un virus mortel au lieu de le créer lui-même ?), ce qui contribue à ce côté "accumulation de scènes de remplissage entre les moments vraiment importants".


Lara Croft Tomb Raider Le Berceau de la Vie 03Les scènes à Shanghai et Hong Kong amènent leur lot de chouettes cascades,
dommage que le lien entre ces péripéties ne soit pas bien passionnant.


On y trouve quand même, heureusement, ce qu'il faut de cascades, bagarres et fusillades pour ne pas s'ennuyer en dehors de quelques longueurs, mais pour ceux qui aiment s'impliquer un peu dans une histoire et pas simplement regarder des images, c'est assez décevant. J'ai rien contre un scénario un peu con-con dans un film de ce genre mais ça passe mieux quand c'est bien raconté. En tant que spectacle, ça reste plaisant, à ce niveau on n'est pas tout à fait dans le cinéma d'aujourd'hui, ça a encore un pied dans les années 90 (même si ça date de 2003), on sent que c'est mis en scène par quelqu'un que ça amuse vraiment d'imaginer des acrobaties originales pour son héroïne, et de filmer un saut à la perche sur un hélicoptère en vol ou un plongeon en combinaison ailée du haut d'un immeuble. C'est peut-être pour ça que Jan De Bont ne trouve plus de travail à Hollywood d'ailleurs, ça le fait pas marrer de faire du techno-thriller moderne tourné au téléphone portable dans une machine à laver, mais dans le domaine de l'action-aventure débile, les producteurs préfèrent embaucher Roland Emmerich parce qu'il fait tout faire par ordinateur et que ça coûte moins cher.


Lara Croft Tomb Raider Le Berceau de la Vie 01Les monstres informes en images de synthèse sont moins originaux
que les statues cambodgiennes animées du premier épisode.


La série bénéficie une fois de plus d'une brochette de seconds rôles de qualité : Gerard Butler en baroudeur louche assure le quota "beau gosse musclé",
Ciarán Hinds (César dans la série Rome, Mance Rayder dans Game of Thrones...) en gros salaud est visqueux à souhait, Til Schweiger (Inglourious Basterds), Simon Yam (Ip Man) et Djimon Hounsou n'ont que quelques scènes mais contribuent à placer le film largement au-dessus des adaptations de jeux vidéo à la Uwe Boll. J'aurais quand même aimé que les motivations de tout ce petit monde soient un peu plus crédibles. Le plan du terroriste est assez absurde, et la nécessité d'évacuer certains personnages du film ou d'une suite (qui ne s'est jamais faite) amène à des réactions incohérentes. Lara elle-même ne semble d'ailleurs pas bien maligne dans cet épisode.


Lara Croft Tomb Raider Le Berceau de la Vie 04Allez, reposez en paix, et encore merci pour tout.


Lara Croft - Tomb Raider, le Berceau de la Vie est un peu trop con, un peu trop long, un peu trop le cul entre deux chaises : trop rocambolesque pour un film d'action sérieux, pas assez léger et bon enfant pour un film d'aventures fantaisiste pour jeune public. Pas vraiment de progrès par rapport au premier film donc, même si une fois de plus, ça n'est pas une façon désagréable d'occuper un après-midi à la maison si vous êtes amateur de cinéma à grand spectacle à l'ancienne et/ou de gros seins. Je garde une petite préférence pour le premier, un poil moins spectaculaire mais moins décousu et plus décidé à faire du Tomb Raider qu'à s'accoupler maladroitement avec Mission Impossible, mais cette suite reste amusante sans être indispensable.

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 07:57

Lara Croft Tomb RaiderIls seront probablement snobés lors de la séquence In Memoriam de la prochaine cérémonie des Oscars, mais sans vouloir me vanter, Ciné Discount c'est quand même un blog qui a un peu plus de classe que ça, MERCI BIEN, alors il ne sera pas dit qu'on ne rendra pas hommage ici aux seins d'Angelina Jolie, qui nous ont quittés brutalement ce mois-ci (enfin, concrètement, il y a trois mois, mais c'est déjà suffisamment difficile pour moi alors n'en rajoutez pas en pinaillant sur des détails comme ça, s'il vous plaît). Replongeons-nous donc avec émotion sur les films qui les ont révélés au grand public après des années de téléfilms et de seconds rôles : les adaptations cinéma de la série de jeux vidéo Tomb Raider.

Bon, je ne vous fais pas l'insulte de vous rappeler qui est Lara Croft, a priori si vous êtes suffisamment à jour avec la civilisation moderne pour vous servir d'un ordinateur vous en avez déjà entendu parler quelques milliards de fois. Le film choisit d'ailleurs lui aussi de présumer qu'il peut vous épargner une "origin story" qui raconterait de quelle façon passionnante elle a acquis son short et ses flingues, et entre directement dans le vif du sujet. Dans cette aventure signée par le réalisateur d'Expendables 2, elle se lance sur la piste d'un puissant artefact capable de contrôler le temps, le Triangle de Lumière, après la découverte d'indices laissés par son défunt père pour en localiser les fragments. Sa route va croiser celle de la fameuse secte des Illuminati, dont les chefs ne reculeront devant rien pour s'emparer du Triangle avant elle. Au Cambodge, en Sibérie et dans son propre manoir anglais, elle va devoir mettre sa ruse, son agilité et ses flingues à rude épreuve pour empêcher ses rivaux de récupérer cet objet si dangereux que ses créateurs eux-mêmes avaient décidé de le détruire.


Lara Croft Tomb Raider 05Contrairement à des adaptations comme Street Fighter, le film ne s'éloigne pas trop de ses racines...
Lara Croft Tomb Raider 03...et offre le genre d'acrobaties, temples maudits et monstres géants qu'on attend d'une aventure de Lara Croft.


Tomb Raider est un de ces films "capsule temporelle" témoins d'une époque pas si lointaine et déjà révolue. Tenez, pour vous dire, dans le boîtier du DVD il y a même un livret avec des photos et les titres des chapitres, pas un code de téléchargement périmé pour une "copie numérique" du film. Et dans le film même, on voit des choses aujourd'hui disparues, et pas seulement en rapport avec le physique de la vedette : d'autres couleurs que de l'orange et du bleu, une bagarre influencée par Matrix et Tigre et Dragon, des scènes d'action sonorisées par de la techno, et une manière d'oser raconter, en la prenant au sérieux tout en gardant un ton léger, une histoire fantaisiste (et pour être honnête, un peu crétine) d'aventurière milliardaire et de méchante société secrète qui se battent pour des objets magiques, sans chercher à avoir l'air "sombre et réaliste" d'un Dark Knight ni se réfugier dans la blague permanente pour s'excuser d'exister comme Avengers.


Lara Croft Tomb Raider 04Ce sont indéniablement deux grands du cinéma qui ont disparu.


Le film est tiré vers le bas par un certain nombre d'éléments regrettables, comme sa façon pas du tout subtile de servir de support publicitaire à tous les accessoires de son héroïne (ses flingues, ses bottes, sa moto, sa jeep...). On sent aussi que la garde-robe d'Angelina Jolie a été conçue pour que le fabricant de jouets qui s'est payé la licence puisse commercialiser une floppée de figurines, Lara Croft aventurière, Lara Croft motarde, Lara Croft aux sports d'hiver... Ca a beau être des pratiques courantes, ça me chagrine un peu plus ici que dans un GI Joe. Dans un autre registre, le faux accent britannique de la vedette n'est pas super convaincant, et faire répéter constamment à ses faire-valoir des "Oh, bugger!" et autre "Blimey!", pour qu'on comprenne bien qu'ils sont anglais, est un poil agaçant. Plus contrariant, le scénario n'est pas super palpitant, original ou malin. Les rebondissements s'enchaînent vite alors on n'a pas le temps de s'ennuyer, mais on reste sur les sentiers battus du genre. Intrigue simplette, énigmes bébêtes, grosses ficelles, ça tient quand même debout tant qu'on n'y réfléchit pas trop mais on n'est clairement pas dans le haut-de-gamme du cinéma grand public.


Lara Croft Tomb Raider 06Là sur une image fixe on se rend pas bien compte, mais il y a quand même des moments
de pure poésie, comme une course au ralenti pendant laquelle on se rend à peine compte
qu'il y a plein de trucs en train d'exploser et s'écrouler autour d'Angelina Jolie.


 C'est une sorte de mélange d'Indiana Jones et James Bond sans génie mais pas raté, gentiment sexy, avec des scènes d'action potables, des décors exotiques et des effets spéciaux de qualité honorable, porté par des acteurs sympathiques. Angelina Jolie est à l'aise dans son personnage, c'est clairement pas un rôle à oscars mais c'est pas non plus "je débite mes répliques, je prends mon chèque et je me casse" comme un Jake Gyllenhaal dans Prince of Persia (un film dont j'ai dit à tort, à l'époque, qu'il valait un Tomb Raider, alors qu'en fait non, Tomb Raider est plus chouette). A ses côtés, on a un Daniel Craig pré-Bond en rival admiratif, Iain Glain (le bras droit de Daenerys dans Game of Thrones) en méchant, là encore pas des performances mémorables mais le genre grâce auquel la série B ne vire pas au Z. Noah Taylor (le père du héros dans Submarine) en revanche se coltine un personnage un peu cliché de geek comme on en voyait au cinéma à l'époque où votre grand'mère n'utilisait pas encore un iPad tous les jours.


Lara Croft Tomb Raider 02De vrais acteurs dans les seconds rôles, ça change de Tekken ou Postal.


 C'est meilleur que la plupart des adaptations de jeux vidéo, meilleur que dans mes souvenirs, c'est pas désagréable à regarder surtout si vous n'êtes pas insensible au charme de la femme de Brad Pitt (ou aux pectoraux de 007, si c'est plus votre genre). Mais c'est clairement pas un classique du film d'aventures, c'est dans la même veine que Le Roi Scorpion, un passe-temps pour dimanche après-midi pluvieux. Si vous vous sentez d'humeur nostalgique et que vous avez 5€ qui traînent, banco, sinon rassurez-vous ça n'est pas un chef-d'oeuvre impérissable et ça peut attendre un passage télé.

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 07:53

The TournamentEh ben le voilà, le film que j'aurais dû voir pour ma 200ème chronique. Un petit film d'action britannique sorti directement en DVD un peu partout en dehors de son pays natal, au casting semi-prestigieux (Ving Rhames, Kelly Hu, Robert Carlyle, Scott Adkins...), au budget modeste mais pas ridicule, qui se retrouve régulièrement dans les offres "5 pour 30€"... ET QUI EST VRAIMENT PAS MAL ! Bon, c'est pas grave. La 202ème chronique c'est bien aussi.

Un peu dans la même veine qu'un Mise à prix, The Tournament fantasme sur la vie des tueurs à gages, super-guerriers des temps modernes aux spécialités spectaculaires (arts martiaux, bazooka, parkour...) et aux personnalités hautes en couleurs. On nous affirme ici que les trente meilleurs assassins au monde se réunissent tous les sept ans dans un lieu différent pour s'affronter jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un, qui gagne du même coup dix millions de dollars et un titre de champion qui lui permet de monnayer ses services pour bien plus cher, tout ça sous le patronage d'un groupe de milliardaires qui assistent au Tournoi par vidéosurveillance interposée et parient sur son issue. L'idée d'un "jeu de la mort" entre criminels n'est certainement pas neuve, et le prétexte à celui-ci est assez absurde. On suppose que les organisateurs sont eux-mêmes clients de tueurs à gages, du coup c'est un peu contre-productif de pousser la crème de la crème à s'entretuer. Et si les participants représentent vraiment l'élite de la profession, on devine qu'ils gagnent suffisamment bien leur vie grâce à elle pour ne pas avoir à prendre ce risque insensé pour quelques millions de plus. Quant à la "gloire" d'être le vainqueur, dans un métier où la discrétion est de mise, on a du mal à croire qu'elle puisse vraiment les motiver.


The Tournament 01Vedette des suites d'Un seul deviendra invincible, Scott Adkins n'a
que peu de scènes mais a l'occasion de faire ce qu'il fait de mieux.


Et malgré ça... on se laisse entraîner quand même, dès la première scène, parce qu'à défaut d'être crédible, c'est divertissant et que le réalisateur et ses scénaristes ont su donner l'air cool à leur idée invraisemblable. En guise d'introduction, on assiste à la conclusion d'un Tournoi dans un abattoir, entre les trois derniers survivants. Vu que l'un d'eux est joué par Ving Rhames et que c'est lui qu'on voit en gros sur la jaquette, on n'a pas trop de doutes sur l'identité du gagnant, mais entre une ambiance apocalyptique, des fusillades et cascades pas trop mal mises en scène, et un final assez extravagant et gore avec une belle glissade sur un sol graissé par des hectolitres de sang, le ton est donné : ça va être nerveux, violent, rigolo, et ça ne laisse aucune prétention au réalisme entraver une belle scène d'action.


The Tournament 04Quelques moments particulièrement brutaux et sanglants réservent le film à un public averti.


La suite montre que le grand champion, au lieu de profiter d'une retraite bien méritée, est contraint de participer à l'édition suivante du Tournoi pour y retrouver le meurtrier de sa femme. Pour être tout à fait honnête, l'intrigue n'est pas particulièrement habile ou surprenante, on devine assez vite qui a appuyé sur la détente et qui tire les ficelles derrière, mais l'intérêt de The Tournament réside plutôt dans la qualité et la variété de l'action et les quelques petites touches d'originalité qui pimentent le tout, comme le personnage de Robert Carlyle, un prêtre alcoolo qui se retrouve embarqué malgré lui dans la compétition après avoir ingéré à son insu un des émetteurs qui permettent de localiser les participants. Scott Adkins (le bras droit de Van Damme dans Expendables 2) disparaît trop vite mais livre un beau combat, le "freerunner" Sébastien Foucan (Casino Royale) a plusieurs fois l'occasion de faire le show avec ses acrobaties piéton-contre-véhicule, ça castagne, ça se tire dessus, il y a des poursuites, des explosions... Et heureusement, même si ça ne résiste pas totalement à la mode de la caméra-qui-tremble-et-qui-cadre-trop-près, ça reste lisible la plupart du temps.


The Tournament 02Sébastien Foucan poussé au sol par une voiture en marche et qui continue à canarder,
l'une des cascades qui sortent le film de l'ordinaire malgré son sujet rebattu.


La grande force du fim est donc d'avoir su intégrer de quoi tirer le maximum de ses différents éléments : les meilleurs acteurs s'occupent des scènes où ça bouge pas trop, ceux qui savent donner des coups de tatane se bagarrent, ceux qui savent marcher aux murs ou sauter d'immeuble en immeuble se courent après, et l'utilisation de Ving Rhames dans un rôle finalement secondaire, en espèce de monstre mythologique inarrêtable, surgissant au milieu des massacres pour éliminer tous ceux qui tiennent encore debout, survivant à toutes les blessures, permet de compenser un peu le fait que le vrai méchant du film ne soit pas très intéressant. Ce dernier n'est d'ailleurs pas l'unique maillon faible, le personnage du tueur psychopathe beau gosse est un peu raté aussi, les multiples apparitions d'un duo de techniciens commentant les coulisses du Tournoi n'ont aucun intérêt, et il y a d'autres défauts : il n'y a qu'une petite demi-douzaine de participants dont le rôle ne se limite pas à 5 secondes de présence à l'écran avant d'etre abattu, la fin ne tient pas vraiment debout... C'est pas grave d'être irréaliste mais faut au moins être un peu cohérent avec les règles qu'on a fixées soi-même.


The Tournament 03Debout sous les rafales de balles, Ving Rhames recharge son flingue comme si de rien n'était...
Le genre d'image qui permet à un personnage par ailleurs assez peu développé
de prendre la dimension surhumaine d'un bon héros de cinéma.


The Tournament ne renouvelle pas le genre, et je garantis pas qu'il fera un passage annuel dans mon lecteur DVD. Mais j'ai vraiment passé un bon moment devant. C'est une très chouette série B bien rythmée, avec pas mal de bonnes scènes d'action, quelques idées originales, un peu de suspense malgré des rebondissements prévisibles, des acteurs sympathiques.
Ca s'adresse évidemment à un public sensible aux joies simples de la tatane dans la gueule, des têtes qui explosent et des cascadeurs qui bondissent sur des autobus en marche, faut pas chercher de deuxième couche à l'intérieur, de réflexion, d'intelligence ou de beauté. Si ça vous parle et que vous n'espérez pas y voir un successeur aux John Woo, John McTiernan, James Cameron ou Tsui Hark de la grande époque, ça vaut largement ses 5 ou 6 €.

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Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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