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28 septembre 2021 2 28 /09 /septembre /2021 07:30

Je sais pas si vous vous souvenez, vu que j'ai rien publié ici depuis un siècle, mais j'avais bien kiffé le 1er Happy Birth Dead, mélange rigolo et malin de slasher à la Scream (pas trop au sens parodique mais plutôt au sens "le tueur masqué est un copain, mais lequel ?") et d'Un jour sans fin. L'histoire, pour ceux qui ont la flemme d'aller lire la chronique : une étudiante se fait assassiner, se réveille comme si ça n'était qu'un cauchemar, puis comprend qu'en réalité elle est coincée dans une boucle temporelle qui va lui permettre d'élucider son meurtre et de l'éviter. Le réalisateur, qui rempile pour cette suite où il officie également comme scénariste, aurait pu jouer la facilité, et imaginer que cette pauvre Tree soit poursuivie un autre jour par un autre tueur masqué, ou mettre une nouvelle héroïne dans une situation identique. Mais Happy Birth Dead 2 You préfère prendre le risque de l'originalité.

Le film démarre au lendemain du précédent et commence par nous faire croire qu'on va changer de protagoniste mais rester sur le même campus pour revivre une journée à répétition de courses-poursuites avec un nouveau "Babyface". En réalité, l'histoire bifurque vers la science-fiction, et l'on découvre que les événements du premier film étaient le fruit accidentel d'une expérience scientifique menée à la fac. Tree, qui espérait avoir vécu un miracle grâce à une mystérieuse force supérieure ayant décidé de lui accorder une chance de rédemption et de survie, est évidemment un peu déçue mais néanmoins déterminée à aider la nouvelle victime du surineur au masque de bébé. La situation se révèle assez vite plus compliquée qu'elle ne l'espère et, après un nouvel accident de la machine à manipuler le temps, la voilà qui se réveille à nouveau au matin de son anniversaire alors qu'elle pensait avoir enfin laissé cette journée derrière elle. Mais les apparences sont trompeuses, et à nouveau Tree va devoir mourir encore et encore pour que sa vie puisse reprendre son cours normal.

Le film aurait pu se contenter d'envoyer un nouvel assassin aux trousses d'une nouvelle victime,
mais c'est une fausse piste, et Babyface n'est plus la principale préoccupation des protagonistes.


Il est cette fois question d'univers parallèles, et l'aspect thriller passe donc au second plan pour céder la place à de la comédie SF façon années 80 (les personnages comparent d'ailleurs leur situation à Retour vers le futur 2 parce que, comme on le sait déjà depuis l'épisode précédent, le scénariste a vraiment peur qu'on ne comprenne pas à quoi il essaie de rendre hommage s'il ne le cite pas nommément). Il y a bien un nouveau tueur mais la découverte de son identité n'est qu'une intrigue secondaire à la résolution pas très intéressante. Les fans d'horreur et d'humour noir amateur de meurtres dits "créatifs" pourront quand même apprécier un montage marrant de suicides affreux que s'inflige la pauvre Tree pour réinitialiser sa journée de merde.

Si vous êtes nostalgiques de comédies à la Une Créature de rêve ou Profession : génie,
vous êtes en veine, cette suite lorgne plutôt de ce côté-là que de celui de Vendredi 13.


Le film zigzague habilement en terrain connu, évitant à la fois d'être une resucée du précédent et de devenir répétitif, et Jessica Rothe continue de briller dans le rôle de Tree. Mais j'ai trouvé que le film fonctionnait moins bien que la première fois, peut-être parce que j'espérais un nouveau film d'horreur et que c'en est à peine un, peut-être parce que "combien de fois les jeunes savants vont-ils devoir refaire leur équation ?" est moins palpitant que "mais qui est donc le tueur ?", et peut-être aussi parce que le dénouement, cousu de fil blanc, du dilemme de l'héroïne sur les univers parallèles essaie de jouer la carte de l'émotion dans un contexte trop cartoonesque pour que ça fonctionne vraiment.

Jessica Rothe est aussi parfaite dans son rôle que Margot Robbie en Harley Quinn,
l'ex-pouffe à la lisière de la folie qui se suicide au débouche-chiottes n'est pas vraiment
un personnage qui va nous faire pleurer sur ses choix de vie cornéliens.


Les suites de films d'horreur sont souvent pas fameuses et surtout, pas très audacieuses, alors je m'en voudrais d'avoir l'air trop négatif au sujet d'Happy Birth Dead 2 You qui, même s'il m'a un peu déçu, reste sympa et marrant, et prend le risque de dévier de la formule qui a fait le succès du 1er film. Mais voilà, si je dois être totalement honnête, je dirais que si la suite vaguement promise par le générique de fin, et compromise par l'échec commercial du film, ne se fait jamais, ça me brisera pas le coeur. D'ailleurs je termine sur une note positive : tant qu'il n'était pas occupé à faire Happy Birth Dead to Us, Christopher Landon en a profité pour réaliser une autre comédie d'horreur très chouette, Freaky, qui sort en DVD en France le mois prochain !

 

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Happy Birth Dead 2 You (Happy Death Day 2U, 2019), écrit et réalisé par Christopher Landon (Manuel de survie à l'apocalypse zombie). Avec Jessica Rothe (Valley Girl), Phi Vu (Pitch Perfect 2), Israel Broussard (Extinction), Sarah Yarkin (Foursome), Suraj Sharma (L'Odyssée de Pi).

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 08:00

J'ai un peu merdé avec la sélection d'Halloween cette année, j'ai mis qu'une toute petite poignée de chroniques, y en avait autant dans les tuyaux mais j'ai jamais pris le temps de finir de les écrire, c'était pas terrible, désolé. J'ai de la chance d'avoir peu de lecteurs, au moins il n'y a personne pour se plaindre. En tout cas, y a un événement que je voulais essayer de pas foirer : LES 10 ANS DE CINE DISCOUNT. Eh oui les amis, c'est le 6 novembre 2009 que j'ai lancé ce blog. Il y a eu de longues périodes d'interruption depuis, alors ça ne fait pas vraiment 10 ans d'activité, mais ça fait 10 ans de présence sur le net. Pour fêter ça : Happy Birth Dead, même si "birthday" c'est plutôt un terme que les anglo-saxons emploient pour l'anniversaire des gens, et "anniversary" pour les commémorations d'événements, mais si vous trouvez un film qui s'appelle Happy AnniDeadsary faites-moi signe hein.

Si vous vous êtes déjà demandé "ça donnerait quoi Un jour sans fin en film d'horreur ?", félicitations, vous avez eu l'idée d'Happy Birth Dead, et c'est une bonne idée. On suit une journée qui se répète en boucle, mais cette fois, c'est celle d'une étudiante qui se fait poignarder par un tueur masqué le jour de son anniversaire. Après chaque meurtre, Teresa dite "Tree" se réveille avec la même gueule de bois au son de la même sonnerie de téléphone dans la même chambre de dortoir de campus chez le même mec rencontré la veille à une soirée. Les premiers temps elle pense être simplement victime d'une sensation de déjà-vu, puis se dit que c'est un cauchemar, puis comprend que c'est la réalité : elle est bel et bien prisonnière d'un phénomène temporel, que le film aura le bon goût de ne jamais chercher à expliquer.

C'est l'un des rares films où le contenu du cours d'une scène de salle de classe
ne sert pas à éclaircir l'intrigue ou le message du film pour les imbéciles, rien que ça moi ça me donnait envie de l'aimer.

Elle suppose que s'il y a un moyen d'en sortir, ce sera en trouvant le coupable de son assassinat et en parvenant à l'éviter. Plus facile à dire qu'à faire, car tout comme le personnage de Bill Murray dans le film d'Harold Ramis, notre héroïne n'est pas exactement une sainte. La liste des suspects va de la copine à qui elle est en train d'essayer de piquer un mec au mec qu'elle snobe suite à un mauvais rencard en passant par la coloc avec qui elle se montre détestable, le prof marié avec qui elle couche mais veut rompre, sa femme qui pourrait être au courant... Profitant de la possibilité de recommencer sa journée, elle se met à enquêter avec ses petits moyens, mais finit toujours par tomber entre les griffes du tueur au masque de bébé, quand elle ne provoque pas elle-même sa mort par accident. Et bientôt un nouvelle difficulté vient s'ajouter, qui pourrait contrecarrer son plan et mettre un terme définitif à ce problème de boucle temporelle.

C'est assez malin d'utiliser la mascotte de la fac comme masque pour multiplier les suspects potentiels,
mais soyons honnête, ce vilain bébé n'est pas spécialement plausible comme logo d'équipe universitaire.

La première grande force du film, c'est son personnage central : alors que la survivante d'un film d'horreur est normalement sa "gentille fille", Tree est égoïste, fausse, superficielle, grossière... Un personnage à la Bill Murray justement, l'antihéros des années 80, qui s'est fait rare depuis, et que le cinéma réserve généralement aux hommes, ou alors aux femmes qui n'ont pas un physique traditionnel d'héroïne hollywoodienne comme Amy Schumer ou Melissa McCarthy. Et comme tout bon antihéros qui se respecte, Tree est facilement détestable mais pas 100% antipathique, ce qui la différencie aussi de personnages de films d'horreur dont on sait qu'ils ne sont là que pour que l'on ait envie de voir le psychopathe les massacrer, d'autant qu'on se doute que sa situation sera l'occasion pour elle de s'améliorer.

La sororité de méchantes garces dont Tree est, au départ, une digne membre, est évidemment un peu caricaturale,
mais permet quelques situations drôles en plus d'allonger la liste des suspects plausibles.

L'autre avantage d'une protagoniste comme ça, c'est que ça rend tous les suspects, y compris certains personnages qui ne sont pas vraiment présentés comme tels, à peu près plausibles. Enfin, à partir du moment où on accepte que dans son entourage quelqu'un est assez haineux et dérangé pour la tuer. Du coup, la clé de l'énigme n'est pas trop prévisible, mais ne sort pas non plus de nulle part. Il y a ce qu'il faut de rebondissements et de fausses pistes pour qu'on n'ait pas la certitude absolue de l'identité de la personne qui a fait le coup longtemps avant la fin, et on se sent malin d'avoir réussi à deviner plutôt que pris pour un con parce qu'on n'avait aucune chance de trouver, à la différence de The Jane Doe Identity par exemple. Ajoutons que le film est drôle sans chercher à faire du sous-Scream, et que malgré un scénario qui s'y prête forcément il parvient à ne pas se montrer trop répétitif : on ne voit pas vraiment Tree réagir deux fois de la même façon aux mêmes événements, et même ses différentes morts sont assez variées.

Bien sûr les premiers temps elle se fait simplement suriner plusieurs fois,
mais en cours de route ça devient plus créatif.

Après, si on veut pinailler, il y a évidemment quelques défauts. Par exemple, il y a certes de la diversité dans les façons de faire crever l'héroïne, mais ça reste à chaque fois de la mort gentillette pour film d'horreur grand public. Les auteurs ont la main un peu lourde sur les indices qui permettent à Tree de comprendre sa situation et de convaincre la personne à qui elle décide d'en parler qu'elle n'est pas folle : la sortie du dortoir avec le mec aux lunettes de soleil qui la mate, la fille à la pétition, les arroseurs automatiques qui se déclenchent sur la gazon, l'alarme de bagnole et j'en passe... ça fait un peu trop pour être complètement plausible. Et puis, le film n'évite pas un petit côté un poil moralisateur ; sans vraiment tomber dans le "Tree est bien punie parce qu'elle couche à droite, à gauche", puisque c'est surtout ses divers défauts (égoïste, fausse, je vous refais pas la liste complète) plutôt que sa sexualité qui causent sa perte, il y a quand même l'idée que devenir une meilleure personne c'est aussi se trouver une relation stable avec un gentil garçon. Mais honnêtement, le truc qui m'a le plus contrarié, c'est qu'après avoir résisté quasiment jusqu'au bout à nous dire que "cette histoire, ça me rappelle Un jour sans fin"... le scénariste craque et finit par faire dire à un personnage que "cette histoire, ça me rappelle Un jour sans fin", vous voyez, des fois qu'on serait débiles et qu'on n'aurait pas capté sans ça.

S'il y a une ressemblance avec Scream, c'est que Happy Birth Dead est dôle mais sait aussi que si tout le monde déconne tout le temps
ça désamorce complètement tout suspense, et que parfois il faut savoir rester sérieux quelques minutes.

Bon, c'est vraiment qu'un détail hein, ça m'a agacé mais ça m'a pas gâché le plaisir, j'ai vraiment bien aimé, j'ai même regardé la fin alternative (que je préfère, d'ailleurs) et je suis assez impatient de voir la suite. Pour fêter 10 ans de Ciné Discount, j'aurais peut-être dû choisir quelque chose de plus emblématique, une bouse obscure de chez Prism, un film d'Uwe Boll, un truc con avec un catcheur, mais vous savez quoi : en fait, je suis pas mécontent de les fêter plutôt avec un bon film. Happy Anniversary, Ciné Discount.

 


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Happy Birth Dead (Happy Death Day, 2017), réalisé par Christopher Landon (Manuel de survie à l'apocalypse zombie) sur un scénario de Scott Lobdell (Garde rapprochée). Avec Jessica Rothe (La La Land), Israel Broussard (A tous les garçons que j'ai aimés), Ruby Modine (Shameless), Charles Aitken (The Knick), Rachel Matthews (Batwoman), Rob Mello (Les Sept mercenaires).




Une pensée pour Jérémie, qui lisait et commentait quasiment depuis le début, et qui n'aura pas l'occasion de recommencer sa dernière journée 20 fois pour éviter un camion. Je l'ai jamais rencontré en vrai mais on avait pas mal échangé en près d'une décennie et même fait une BD ensemble... A chaque fois que je clique sur "Publier" j'ai encore du mal à ne pas penser "tiens je me demande ce que Jérémie va en penser". La vie c'est quand même vraiment super con hein ?

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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 14:59

Chez nous, le sanglier est une pauvre bête destinée à finir en festin pour Gaulois dans les petits miquets. Mais dans d'autres pays, on se rappelle que c'est aussi une brute carnassière qui n'aime pas trop qu'on la fasse chier, ce qui en fait un monstre potentiel pour les réalisateurs qui veulent éviter un énième film de requin ou de crocodile. Les Australiens ont fait Razorback, les Américains ont fait Pig Hunt (et mis des sangliers tueurs dans Hannibal), et les Coréens ont fait le film d'aujourd'hui, Chaw.

On y reconnaît une trame classique de film d'animal mangeur d'hommes : ça se passe dans un petit village rural qui doit sa prospérité à une activité économique (ici, l'agriculture bio) qui se retrouve menacée par l'arrivée dans les parages d'une grosse bestiole (ici, un sanglier de 500 kgs) qui bouffe les gens. Le chef du village fait appel à une équipe de chasseurs professionnels pour en finir au plus vite et ainsi préserver son gagne-pain. Tout le monde crie victoire trop vite quand la bande de Rambos abat un gros animal, sauf le vieux sage qui sait bien que le sanglier qu'ils recherchent est toujours en vie, et qu'il va tuer encore plus de villageois. Evidemment, personne ne l'écoute, la bête revient semer la destruction, et c'est un groupe hétéroclite de volontaires qui va s'aventurer dans les montagnes pour lui régler son compte.

La première chose qui fait flipper, quand on commence à regarder Chaw, c'est la durée affichée sur le compteur : pas loin de deux heures. Tout le monde peut pas être Spielberg, tout le monde peut pas réussir Les Dents de la mer, et donc le mieux quand on fait un film d'animal tueur c'est d'admettre qu'on n'arrivera pas à garder le suspense pendant plus de 90 minutes, grand maximum. Le scénario n'est vraiment pas assez riche, les protagonistes vraiment pas assez intéressants pour justifier une pareille durée. Il y a plein d'éléments redondants, superflus, qui auraient pu être coupés au montage. Les scènes sur le déménagement du flic de Séoul, par exemple, ça n'apporte rien. Et celles avec l'espèce de folle qui exige que son fils l'appelle "Mamie", ça ne va nulle part. Le film accumule les personnages, essaie de donner un petit quelque chose à faire à chacun, puis se voit obligé d'en délaisser plein en cours de route. C'est à se demander si l'auteur planifiait toute une série télé autour de son idée de sanglier tueur, puis n'a eu le budget que pour en filmer deux heures au lieu de dix.

 


J'ai une idée, on va consacrer 10 minutes à un groupe de 11 personnages
dont 10 qui disparaissent complètement ensuite sans qu'on sache vraiment comment.


La deuxième chose qui fait flipper, c'est toujours pas le méchant sanglier, c'est qu'entre les tueries ça a la prétention d'être une comédie. Et une bonne comédie horrifique j'ai rien contre, mais là c'est plutôt un film qui n'a pas l'air de savoir s'il veut être un thriller ou une farce. La juxtaposition entre les scènes d'attaque, en mode sérieux, et les moments de comédie puérile, avec des gags bébêtes et des acteurs qui font des grimaces, donne un ensemble plutôt indigeste, un genre de Scoubidou coréen (d'ailleurs, il y a même des chiens qui parlent) qui aurait la prétention de pouvoir plaire aux adultes, pas du tout quelque chose dans la veine de The Host comme le dos de la jaquette voudrait le faire croire. Deux heures de ça, c'est particulièrement laborieux.

 


Ouaf ouaf ouaf, il a pris un coup de défense dans les fesses !
Ca veut dire qu'il faut lui baisser son caleçon pour lui soigner les fesses !


Le sanglier est, comme beaucoup de monstres des années 2000, principalement représenté en images de synthèse à peu près crédibles tant qu'il est tout seul à l'écran, mais qui échouent complètement à donner l'illusion qu'il y a réellement quelque chose de dangereux dans le même décor que les acteurs. Du coup, les scènes à suspense ne fonctionnent pas vraiment mieux que les bouffonneries. On voit bien que les personnages ne sont poursuivis par rien, on n'a même pas l'impression que le monstre soit si destructeur que ça quand il attaque à l'intérieur d'une salle des fêtes remplie de monde.
 


Le sanglier, censé être un monstre hybride d'une demi-tonne,
reste une de ces bestioles "fantômes" qui n'intéragissent jamais avec un élément réel.


Si vous accrochez à l'humour gentiment débile de Chaw, et que ça ne vous dérange pas qu'on passe d'une scène où une jeune fille se fait dévorer vivante à une scène de "hahaha ils dégringolent tous de la colline parce que c'est en pente !", peut-être que vous arriverez à ne pas vous ennuyer autant que moi devant cette interminable couillonnade. Mais si vous cherchez plutôt un vrai film d'horreur sur ce thème, mieux vaut en rester à Razorback.

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 08:30

Parmi les sous-genres de l'horreur dont j'essaie de dénicher un représentant tous les ans pour la sélection d'octobre, il y a évidemment l'horreur avec des femmes à poil. Attention hein je ne parle pas du genre "traditionnellement il y a toujours une paire de seins dans les Vendredi 13", je parle de choses comme Pervert! ou Emanuelle et les derniers cannibales, où la femme à poil est l'élément principal du film, pas un simple bonus. Il faut avouer que c'est plus facile à trouver que des films d'horreur pour enfants. Cette fois-ci, j'ai choisi  Hollywood Chainsaw Hookers, sorti en France l'an dernier chez Crocofilms, un nouveau venu dans le domaine de l'édition de cinéma bis. Même si Massacre à la tronçonneuse peut sembler être la source d'inspiration évidente (d'ailleurs le Leatherface original, Gunnar Hansen, joue dans le film), c'est plutôt une espèce de parodie sexy de Blood Feast, le fameux "1er film gore de l'histoire du cinéma". A Los Angeles, un détective privé tente de retrouver une pettie provinciale ayant fui le domicile familial. Présumant avoir affaire à une jouvencelle naïve, il oriente ses recherches vers les nuits chaudes d'Hollywood, où tant de petites fugueuses au physique avantageux finissent exploitées. L'enquête se révélera beaucoup plus surprenante et dangereuse que prévu, car depuis quelques semaines, les prostituées du coin ont pris l'étrange et fâcheuse habitude de s'occuper de leurs clients à coups de tronçonneuse...

Le héros a l'air d'un vendeur de chaussures, les filles sont jolies mais pas vraiment actrices, les costumes sont minables, la même pièce aux murs blancs, filmée sous différents angles et avec du mobilier différent ressert aux trois quarts des décors, un bar à strip teaseuses, un commissariat... Pas de doute, c'est un nanar et ça ne cherche pas à s'en cacher. Et si bien souvent, les gens collent avec indulgence l'étiquette de "nanar volontaire" sur des navets insipides sous prétexte que "c'est de la merde mais c'est fait exprès !", pour ma part je ne pense pas qu'assumer sa nullité suffise à l'excuser. Cela dit, de temps en temps, un réalisateur de grosse couillonnade à petit budget un peu moins paresseux et un peu plus imaginatif que les autres se donne la peine d'essayer de divertir son public pour de vrai, et on obtient quelque chose qui pourrait mériter le fameux label. Et donc, même si Hollywood Chainsaw Hookers est super cheap et délibérément débile, je dois admettre qu'il est effectivement sympathique et rigolo, parce que l'auteur a fait un peu plus qu'espérer que la simple idée de putes à tronçonneuse soit si hilarante en soi qu'elle suffise à amuser pendant 75 minutes. Chaque scène amène son lot d'idées absurdes, de gags plus ou moins crétins, de petits détails saugrenus, le tout sur un ton faussement sérieux imitant celui d'une histoire de détective classique.
 


Le film accentue volontairement son côté ridiculement fauché avec des accessoires
comme des panneaux en carton, ou encore du faux sang qui ressemble à de la flotte à peine colorée.


Je ne voudrais pas vous le sur-vendre quand même, parce que ça reste un film con sur des femmes à poil avec des tronçonneuses. Pour un amateur de séries Z c'est drôle mais les blagues ne sont jamais très élaborées. Pour vous dire : la plupart des avis que j'ai pu lire racontent un élément qui n'est dévoilé qu'à la moitié du film et, si je ne vais pas prétendre que ça gâche l'intrigue, vu que c'est clairement pas à regarder comme un vrai thriller sérieux avec une vraie histoire, moi je préfère ne rien vous dire dessus, parce que j'aurais l'impression d'éventer l'aspect le plus fantaisiste du film. Bien sûr, c'est tentant d'en parler pour prouver à quel genre qu'on a affaire à quelque chose de bien délirant, mais le fait est que si je vous révèle ici les motivations des prostitueuses, sur le moment vous allez vous dire "hahaha, n'importe quoi, c'est trop con !" et ça va peut-être vous donner envie de le voir, mais une fois devant ça vous fera moins marrer parce que l'idée n'est pas poussée plus loin que ce que je pourrais vous en dire dans une brève description.
 


Tant que vous n'en avez pas des attentes démesurées par rapport à un film intitulé

Hollywood Chainsaw Hookers, vous devriez en avoir pour votre argent :
oui il y a des nichons, oui il y a des outils qui font bzzzz bzzzz, oui c'est merveilleusement idiot.


C'est bébête, c'est beauf, c'est plutôt à regarder entre garçons, c'est à peine un film d'horreur tant même les scènes gore sont clownesques, et ça souffre de quelques baisses de régime. Mais en même temps, ça s'appelle Hollywood Chainsaw Hookers donc il faut bien se douter que ça ne va pas être un trésor oublié du cinéma mais une grosse connerie. Alors, peut-être bien que quelqu'un comme Lloyd Kaufman aurait réussi à en faire quelque chose d'encore plus fou mais peut-être aussi que quelqu'un comme Charles Band en aurait fait quelque chose de complètement inintéressant, alors parfois, il faut savoir apprécier ce qu'on a. Je n'avais jamais vu aucun des 139 films de Fred Olen Ray et j'ai été agréablement surpris de constater qu'il n'était pas aussi mauvais que son fils Christopher, dont j'ai subi les lamentables Almighty Thor et Shark Week. Il travaille avec des scénars et des budgets tout aussi indigents, mais lui, il essaie de s'amuser un peu avec tout ça. N'en espérez pas un chef d'oeuvre subversif du cinéma d'exploitation, vous seriez déçu, mais il y a de quoi passer un meilleur moment que devant une bouse comme Bikini Bandits.

 

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Hollywood Chainsaw Hookers (1988), réalisé par Fred Olen Ray (Scalps) sur un scénario de BJ Nestles (L'Invasion des cocons). Avec Jay Richardson (Komodo vs Cobra), Linnea Quigley (Creepozoids), Michelle Bauer (Naked Instinct), Gunnar Hansen (Massacre à la tronçonneuse).

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 14:55

GalaxinaAprès Ninja Blade, encore une jaquette trompeuse qui me fait conclure ce mois de l'histoire des meufs avec un film où le personnage présenté comme l'héroïne du film (elle lui donne même son nom) est en fait un second rôle qui n'apparaît pas beaucoup. En plus l'image ne représente même pas vraiment Dorothy Stratten, la playmate de Playboy (époque poils à la chatte) qui joue Galaxina, juste une femme à poil de l'espace fantasmée par un illustrateur, dans un costume plus sexy que la vraie. Pauvre Dorothy : on la cantonne à de la figuration intelligente dans un film dont elle aurait dû être la vedette, deux mois après la sortie elle se fait assassiner par son ex-mari (si vous avez vu Meurtre d'une créature de rêve avec Jamie Lee Curtis ou Star 80 avec Mariel Hemingway et Eric Roberts, c'est de ça que ça parle), et vingt ans plus tard les éditions DVD du film utilisent une autre fille qu'elle pour le vendre de peur que son look "disco" de l'époque fasse ringard. Remarquez, si elle était encore vivante aujourd'hui elle aurait 55 ans et on ne la verrait probablement plus que dans des news internet sur le thème "ces actrices qui ont mal vieilli" ou "regardez comme la chirurgie esthétique a enlaidi cette ancienne star" alors peut-être qu'elle a eu du bol de mourir jeune finalement...

Bon enfin tout ça pour vous dire que j'espérais un genre de sous-Barbarella kitschounet mais que finalement c'est une parodie de space opera par un type qui a dû se dire que s'il s'emparait de La Guerre des Etoiles et d'Alien avant Mel Brooks (qui ne tournerait La Folle histoire de l'espace que des années plus tard) et le trio Zucker-Abrahams-Zucker (attelés à ce moment-là à la réalisation de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? après s'être fait connaître avec Hamburger Film Sandwich), il toucherait le gros lot. On y suit l'épopée de l'Infinity, un vaisseau de police piloté par une belle androïde durant les longues périodes d'hibernation de son équipage de bras cassés. Ayant raté l'interception d'un suspect, les flics de l'espace se voient contraints de le poursuivre jusqu'à une planète hostile. Et l'intrigue est tellement minimaliste qu'entre ces deux événements il doit bien s'écouler quarante minutes sans qu'il ne se passe rien de concret. Notez que ça n'aurait pas été grave si le film avait été plus riche en gags...


"J'ai une idée, on va parodier la scène de la cantina de Star Wars, et le gag ce serait que...
euh... ben... dis donc, y avait drôlement de figurants avec des masques d'extraterrestres
dans la cantina de
Star Wars !"


Oui mais voilà, en gros il y a une ou deux blagues par scène et, le réalisateur n'ayant aucun sens du rythme, on alterne entre des moments avec cinq minutes de blabla sans gag ni progression de l'histoire, et d'autres où une idée vaguement amusante est surexploitée comme si elle était géniale et méritait bien qu'on s'attarde dessus, comme lorsque le capitaine prend le temps de renifler toutes les pilules qu'on lui propose pour le repas comme si c'étaient des mets délicats, ou s'amuse à jeter des cailloux à la tête de l'extraterrestre mange-cailloux sous prétexte de lui apporter son repas (et si ça ne vous paraît pas spécialement marrant raconté comme ça, dites-vous bien que ça ne l'est pas plus dans le film). Des trucs qui déjà à la base ont à peine de quoi faire sourire en deviennent carrément pénibles, des séquences s'éternisent sans raison. Il y a beaucoup de remplissage et on finit par avoir l'impression que l'auteur avait écrit de quoi faire vingt minutes de film avant le début du tournage, et qu'ensuite il a improvisé n'importe quoi au hasard, genre "tiens allez le studio a un décor de western libre là, on va faire une séquence western vous allez voir ça sera drôle". Comme on ne peut pas dire que les acteurs qui portent ça soient de grandes natures comiques, l'ensemble est vraiment poussif.


Il y a même des fausses pubs pour meubler, aussi "drôles" que le reste.


Je m'attendais à un nanar, malheureusement c'est un film qui cherche volontairement à faire rire et qui n'y parvient pas du tout. C'est super laborieux mais même pas assez débile et beauf pour pouvoir être considéré comme une comédie nanarde. Les effets spéciaux sont encore ce qu'il y a de moins ratés, et pourtant ils n'ont pas super bien vieilli. J'ai eu ça pour 4€, ça va, y a pas mort d'homme, mais vraiment, n'espérez ni une série Z rigolote ni de la SF sexy ni même une petite curiosité sympa, ça n'est qu'une comédie ringarde.

 

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Galaxina (1980), écrit et réalisé par William Sachs (Le Monstre qui vient de l'espace). Avec Stephen Macht (Hôpital central), Avery Schreiber (Airport 80 Concorde), James David Hinto, Dorothy R. Stratten (Et tout le monde riait...).

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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 08:43

Brenda StarrVous le savez tous, mars c'est le mois de l'histoire des meufs. Et je ne vais pas vous sortir une généralisation absurde de type "ici chez Ciné Discount, on aime les meufs", mais sans vouloir me vanter, entre deux films poilus avec une voix grave, je suis pas le dernier à tenter d'apporter un peu de visibilité à des films jusque-là maintenus dans l'obscurité sous prétexte que ce sont des meufs ont le rôle principal. Alors voilà, ce mois-ci, je ne vous parlerai que d'héroïnes, en l'honneur du mois de l'histoire des meufs. Mais pour assurer la transition en douceur avec le thème du mois précédent, on va commencer par des héroïnes de BDs. Aujourd'hui, ce sera Brenda Starr, née dans les années 40 sous le crayon d'une dessinatrice qui était obligée de signer sous un nom d'homme pour qu'un journal veuille bien publier ses strips. Je ne suis pas sûr que ça ait été édité un jour en France, probablement pas vu que ça ne se trouve même pas dans la collection Copyright de chez Futuropolis, celle du Fantôme, du Spirit et de Dick Tracy. Du coup elle ne doit pas avoir beaucoup de fans chez nous, et c'est peut-être tant mieux, ça évitera qu'ils ne se plaignent que cette adaptation "viole leur enfance" vu son attitude un poil déroutante vis-à-vis du matériau source.

Le film démarre en effet dans l'atelier d'un dessinateur contraint pour gagner sa vie de travailler sur un strip qu'il déteste : Brenda Starr. A sa grande stupéfaction, le personnage finit par s'animer sous ses yeux pour manifester sa colère face à ses propos désobligeants, et abandonne la planche sur laquelle il bossait. Apparemment incapable de simplement la redessiner dans les cases où elle a disparu, le petit-miquettiste plonge dans l'une de ses pages de BD pour partir à la recherche de Brenda. Le voilà désormais personnage secondaire d'une aventure rocambolesque de cette vaillante reporter, prête à braver tous les dangers pour un scoop. Ayant appris l'existence d'une invention révolutionnaire par un savant nazi exilé au coeur de la jungle amazonienne, Brenda se rend au Brésil avec son dessinateur, sa rivale et une escouade d'espions soviétiques aux trousses...


Brenda Starr 01Les séquences dessinées sont, à mon avis, superflues, mais heureusement pas envahissantes.


Je crois que c'est la seule adaptation qui choisit de se distancier de la BD comme ça, avec ce procédé du personnage réel aspiré dans un monde fictif. C'est probablement en partie pour des questions de budget, parce que ça permet parfois d'utiliser un dessin plutôt qu'un vrai décor qui coûte cher pour certains extérieurs. Mais ça ressemble quand même un peu à une façon de dire "excusez-nous, on sait que les petits miquets c'est trop con, alors voilà, rassurez-vous, tout ce que vous allez voir est à prendre au second degré". Et d'ailleurs les producteurs ont sans doute trouvé le résultat trop con eux aussi, vu que le film n'est sorti que 6 ans après le tournage (officiellement, pour des questions de droits). Le fait est que Brenda Starr s'autoriseà être complètement fantaisiste et même délibérément invraisemblable tout le temps, et que ce n'est pas foncièrement désagréable en soi. Je comprend la réticence à adapter au premier degré un truc complètement suranné, mais l'autoparodie, c'est plus sympa quand les auteurs vous font confiance et ne se croient pas obligés de vous faire un gros clin d'oeil pour être sûr que vous pigiez qu'on est là pour rigoler. Là c'est comme si Hazanavicius avait inséré un personnage de lecteur moderne des romans de Jean Bruce dans ses OSS 117.


Brenda Starr 02En surface, Brenda Starr est une ringarde nunuche qui s'habille en princesse anglaise,
mais mine de rien, pour une création des années 40, elle est plutôt moderne,
c'est une fille qui n'hésite pas à  tenir tête à son patron, à partir à l'aventure seule,
et dont la meilleure copine s'habille en homme, fume le cigare et se fait appeler "Hank".


Si on arrive à passer outre, il reste un film plutôt charmant et rigolo à petite dose, mais qui malheureusement se répète assez vite, les gags ne variant pas beaucoup. Brenda trouve systématiquement une tenue extravagante impeccable où qu'elle aille, même au coeur de la jungle. Le mystérieux Basil apparaît toujours automatiquement dès qu'il faut un deus ex machina pour la tirer d'affaire. Les méchants russes prononcent le moindre mot avec un accent à couper au couteau, et se prennent des trucs dans la gueule tout le temps. Brenda refuse d'utiliser le moindre gros mot, le dessinateur en dit tout le temps pour compenser. C'est un peu le même sketch qui tourne en rond pendant une heure et demie, même si les décors changent et qu'on a, de temps en temps, une situation farfelue un peu plus originale (Brenda qui joue du piano avec le Président des Etats-Unis, ou fait du ski nautique sur des crocodiles). Pour ne rien arranger, le scénario qui lie tout ça n'est pas franchement passionnant, et l'intrigue secondaire sur le dessinateur qui finit par tomber amoureux du personnage qu'il détestait est complètement forcée.


Brenda Starr 04Malgré quelques séquences d'action, on a plutôt affaire à une comédie.


C'est un peu la version ratée du Fantôme du Bengale et je ne vais clairement pas vous le recommander sans réserve, mais j'ai pas détesté. Ca reste suffisamment léger et bien rythmé pour se laisser regarder jusqu'au bout, d'autant que le casting est vraiment bien trouvé (Brooke Shields en poupée Barbie intrépide, indépendante et débrouillarde, Timothy Dalton en aventurier énigmatique irrésistible alors qu'il n'avait pas encore joué son premier James Bond), à condition toutefois d'accepter qu'un film se prenne si peu au sérieux. Entre le fait que la critique l'ait massacré à l'époque, et la tendance moderne à vouloir faire une tragédie grecque de la moindre histoire de justicier masqué, j'avoue que j'ai du mal à croire qu'il trouve vraiment un large public aujourd'hui, mais je vous fais confiance, les amis. C'est un film couillon certes, mais il faut le voir comme le genre de film que plus personne n'osera jamais faire et en ces temps où tout est si formaté, c'est bien d'avoir l'esprit un peu ouvert à quelque chose comme ça. Surtout que c'est le mois de l'histoire des meufs, bordel. Vous n'allez quand même pas vous barricader dans vos préjugés et vos certitudes alors que la société a besoin de progresser, si ?

 

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Brenda Starr (1986), réalisé par Robert Ellis Miller (Revanche à Baltimore) sur un scénario de Noreen Stone (Amy), James D. Buchanan (Drôles de dames) et Delia Ephron (Vous avez un message). Avec Brooke Shields (Le Lagon bleu), Timothy Dalton (Tuer n'est pas jouer), Tony Peck (Pirates), Diana Scarwid (Psychose III), Jeffrey Tambor (Very Bad Trip).

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 07:31

De l huile sur le feuLes jeunes humoristes français ont beau vénérer leurs confrères américains et s'enorgueillir de faire du "stand up" plutôt que de vulgaires sketches comme ceux qui faisaient rire ton papa, au cinéma ils ont encore trente ans de retard. Ben oui parce que le genre "houlala, notre fille sort avec un Noir, comme nos préjugés de vieux bourgeois blancs vont être bousculés quand on va découvrir qu'il sait lire et s'habille en costume !" ou "houlala, comme ma famille musulmane pittoresque et traditionnaliste va faire des histoires quand ils vont découvrir que je me marie avec une Blanche moderne et libérée !" ou encore "houlala, imagine, des Juifs et des Chinois dans le même quartier, le clash que ça va être !", chez nos voisins d'en-face, c'est un peu démodé aujourd'hui. Mais en France, nos comiques télévisuels semblent ne pas se lasser d'enchaîner les Mohamed Dubois, Il reste du jambon ?, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, Paris à tout prix, Antilles-sur-Seine, La Première étoile, Agathe Cléry, Mauvaise foi, La Vérité si je mens ! et autre Neuilly sa mère ! Apparmement le fait que des couleurs de peaux et cultures différentes se côtoient reste un sujet d'hilarité chez nous au 21ème siècle, qu'on soit sous la gauche ou la droite, que les gentils antiracistes se donnent la main pour aller voter à 82% contre le méchant Jean-Marie ou que les abrutis décident d'offrir 25% à sa fille pour protester contre "le Système". Tout le Jamel Comedy Club a beau se réclamer de Dave Chappelle ou Chris Rock, au cinéma ils espèrent te faire marrer façon Fernandel et Bourvil dans La Cuisine au beurre. D'ailleurs c'est presque étonnant que De l'huile sur le feu ne se soit pas appelé La Cuisine au Beur.


De l huile sur le feu 01Ah, le bon vieux coup de l'homo super effeminé, un gag ultra-moderne
qui n'a pas pris une ride en quarante ans !


Enfin tout ça pour dire que le film de Nicolas Benamou repose sur une idée incroyablement fertile en goleri : imagine un fast food rebeu et un restaurant chinois qui se partagent la même terrasse à Belleville ! Avec ça y a presque pas besoin d'en dire plus, les gags s'écrivent tout seuls. Bien sûr les Arabes sont tchatcheurs, payent leur loyer en retard, sont surexcités quand l'Algérie joue au foute... et ont peur que les Chinois mangent leur chien ! Bien sûr les Chinois sont bosseurs, payent leur loyer à temps, ont des accents marrants... et ont peur que les Arabes soient des terroristes ! Pour ceux qui seraient curieux, il y a quand même une intrigue : suite à un quiproquo (ah, que serait la comédie française sans ça ?), les patrons du "Berbère King" et de "L'Empire du Dragon" se sont déclaré la guerre et enchaînent les mesquineries. Mais lorsque la propriétaire des locaux des deux restaurants meurt en laissant derrière elle un mystérieux héritier dont on ne devine pas du tout immédiatement qu'il s'agit du coursier des Chinois amoureux de la petite beurette, ils se voient contraints de... ah non, de rien en fait. Ils continuent les coups bas et l'héritage n'est qu'une intrigue parallèle qui n'a aucune incidence sur le reste. Mais quand même, avoue, des noichs et des rebeux sur la même terrasse, le potentiel comique est infini, y a pas besoin de se soucier du scénario !


De l huile sur le feu 02Francis Kuntz vient apporter une intrigue secondaire inutile
et un total impressionnant de 1 gag (à un moment, il pète).


J'ai beau m'être moqué au début de cette chronique, je ne suis pas foncièrement mauvais public pour les comédies françaises tendance djeunz', sinon je n'aurais même pas acheté ce DVD. Je me suis bien marré devant des choses que certains d'entre vous sont probablement trop snobs pour avoir regardées, comme Fatal ou Les Kaïras, c'est vous dire. Aussi, si je vous dis que je n'ai pas ri une seule fois devant De l'huile sur le feu, ce n'est pas de l'exagération, ce n'est pas parce que je me suis mis devant le film en ayant décidé par avance d'écrire une critique assassine dessus. J'espérais être agréablement surpris malgré son sujet gentiment bidon, mais le fait est que les gags sont rares et tombent tous à plat l'un après l'autre. Tout est convenu, téléphoné, déjà vu, ringard. Des scènes entières s'étirent à partir d'une seule idée de blague super basique que l'auteur ne semble pas vouloir chercher à enrichir.


De l huile sur le feu 03Vous l'aviez tous deviné : bien sûr, à un moment il y a du couscous aux nems !


Un exemple typique est la scène où le Chinois fait livrer du porc au Berbère King le jour de la visite de l'imam. Alors, sans le savoir, les patrons servent du porc à l'imam, et sans le savoir, l'imam mange du porc, et il adore ça, et le Chinois se réjouit de son mauvais tour. Et pendant dix minutes on a la même séquence de trente secondes qui se répète en boucle : l'imam mange une bouchée de sandwich et se régale, les patrons du restaurant paniquent à l'idée qu'il découvre que c'est du porc, le Chinois les observe par la fenêtre et ricane. Et c'est tout. La chute : l'un des gars du Berbère King crache accidentellement le morceau, et l'imam se met en colère. Même si l'on considère que l'idée d'un imam qui aime le porc est un peu amusante, il faut admettre qu'il n'y a pas vraiment de quoi remplir dix minutes de film rien qu'avec ça. Et tout est dans ce genre-là, des saynètes construites autour de gags bébêtes qui traînent en longueur.


De l huile sur le feu 04Haha, l'imam il mange du halouf, haha. Pendant dix minutes.


Les dialogues sont sans saveur, et les acteurs ne relèvent pas le niveau. Nader Boussandel, ex-membre du duo "Christophe et Nader" qu'on voyait au Grand Mezzé d'Edouard Baer avant qu'ils ne  deviennent la 463ème tentative ratée de Canal + pour reproduire le succès des Nuls, partage la vedette avec Tien Shue, dont les précédents rôles s'appellent "le restaurateur chinois", "le Chinois" ou encore "le patron du restaurant chinois", c'est dire le calibre du bonhomme. Et ils ont tous les deux le même personnage : le type qui s'énerve, gesticule et crie en faisant des grimaces. Vincent Lacoste rejoue Les Beaux gosses agrémenté d'une pointe de Bruce Leroy parce qu'il se prend pour un Chinois. Alice Belaïdi peine comme d'habitude à masquer ses origines bourgeoises tandis qu'elle crache ses "vazi t'es relou" et "putain j'vais t'niquer ta race" pour faire caillera. Autour d'eux, outre deux enfants acteurs particulièrement mauvais, on a une brochette de comiques télé venus cachetonner, Michaël Youn, Vincent Desagnat, Francis Kuntz, Claudia Tagbo... Aucun ne parvient à être vraiment drôle, et certainement pas Nader Boussandel, qui semble moins chercher à être marrant qu'à postuler pour tous les rôles de crétin énervé qu'Elie Semoun refusera à l'avenir.


De l huile sur le feu 05Prochainement sur vos écrans : Nader Boussandel et Elie Semoun sont deux frères
séparés à la naissance, mais l'un est musulman... et l'autre est juif !
Choc des cultures et quiproquos n'engendrant pas la mélancolie en perspective !


Alors après, j'avoue que ça n'est pas le pire film dans lequel on voit ce pauvre Jérôme Le Banner, un kickboxer qui veut tellement être acteur qu'il joue dans n'importe quoi, y compris le catastrophique Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques. Dans le genre comédie ratée, même si c'est pas drôle, que l'intrigue et les personnages n'ont aucun intérêt, et que c'est aussi cinématographique qu'une sitcom France 3, c'est moins nul qu'un Cinéman ou un Coco. Enfin disons que son côté "petit film choral sans prétention" le rend moins agaçant qu'une croûte laborieuse centrée sur une vedette persuadée d'avoir assez de talent pour faire rire avec rien. Mais voilà, même si ça n'est pas la pire comédie française de ces dernières années, 2€ c'était évidemment beaucoup trop cher payé pour ça, d'autant que c'est mauvais sans vraiment virer nanar, et je ne le recommanderais vraiment à personne à part à la rigueur votre petit frère s'il n'a pas plus de dix ans.

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 08:01

Les Veces etaient fermes de l interieurAvec son titre au parfum suspect de laborieuse comédie franchouillarde, et malgré l'absence au casting d'Aldo Maccione, Jean Lefèbvre et Philippe Clair, voilà un film que j'ai toujours soigneusement évité quand il passait encore régulièrement à la télé, c'est-à-dire quand j'étais jeune, c'est-à-dire quand vous n'étiez pas nés. Et puis récemment j'ai appris qu'il s'agissait en réalité de l'adaptation semi-officielle des enquêtes de Bougret et Charolles, deux personnages récurrents de la Rubrique-à-brac du grand Marcel Gotlib, par Patrice Leconte. Je dis semi-officielle parce que c'est Gotlib qui l'a co-écrite mais que les noms des personnages ont changé et qu'il n'est fait nulle part mention dans le film de leurs origines BDesques. Ils avaient fait ça pour Fais gaffe à la gaffe aussi, je ne sais pas si c'est parce que les revues comme Spirou ou Pilote refusaient le risque qu'on salisse une de leurs séries vedettes ou si c'est parce que les producteurs avaient peur que le public se dise "ah, un film tiré d'un petit miquet, c'est pour les enfants"...

En tout cas, même si le commissaire et son fidèle adjoint ont été rebaptisés Pichard et Charbonnier, le film reprend le ton absurde et quelques éléments emblématiques de la bande dessinée : deux enquêteurs, un mentor impassible et son disciple admiratif, qui récoltent "des indices plutôt maigres" sur une scène de crime, puis dénichent un suspect idéal que les circonstances et son air patibulaire accusent ostensiblement, mais qui se révèle innocent, et finissent par démasquer le véritable coupable de façon totalement tirée par les cheveux. Ici, les deux hurluberlus sont face à un mystère de chambre close : Gaspard Gazul, contrôleur de bus parisien, a été retrouvé mort assassiné dans ses toilettes verrouillées. Les soupçons se portent vite sur un certain Joseph Ordure, mais chaque fois que Pichard et Charbo pensent être sur le point de boucler leur enquête, un nouvel élément les amène sur la piste d'un autre témoin ou suspect, ce qui les promènera à travers la France à la recherche du meurtrier.


Les Veces etaient fermes de l interieur 01Une  blague récurrente du film : la présence régulière et purement gratuite de femmes à poil.


Le DVD propose de nombreux suppléments et c'est rare que je me donne la peine de regarder ce genre de choses, mais pour une fois ça vaut le coup, parce qu'ils servent un peu de "mot d'excuse" au film, qui n'est pas très réussi. C'était le premier long métrage de Patrice Leconte, la première fois que Gotlib écrivait pour le cinéma, et tous les deux gardent clairement une certaine tendresse pour le résultat final mais ils sont suffisamment lucides pour admettre qu'ils ont foiré leur coup comme les débutants qu'ils étaient, et expliquent pourquoi sans hypocrisie. En gros, chaque fois qu'ils avaient une idée qui les faisait marrer, ils bricolaient une scène autour, ce qui leur a permis d'étirer sur 1h15 une intrigue de court-métrage, mais n'est pas vraiment l'idéal pour obtenir un ensemble bien construit et rythmé.


Les Veces etaient fermes de l interieur 03Les cinéphiles intrigués par les coulisses des ratages se régaleront
des témoignages de Leconte, Gotlib et Rochefort (apparemment Coluche n'était pas disponible).


Le film est quand même drôle, mais les saynètes qui le constituent sont d'intérêt très inégal. Quand il n'y a qu'un seul gag pour justifier toute une séquence, c'est un peu laborieux. La prostituée qui tapine sur les falaises d'Etretat par exemple, c'est rigolo mais c'est longuet, et ne parlons pas du passage interminable à l'hôpital psychiatrique. Et même si la sympathie qu'on peut avoir pour les quelques grands noms présents au générique joue en faveur du film, il faut avouer qu'ils livrent des performances assez médiocres : Coluche est comme d'habitude beaucoup moins drôle quand il fait l'acteur qu'il ne l'était dans ses sketches, Roland Dubillard est bourré dans presque toutes ses scènes, Robert Dalban doit avoir une minute de présence à l'écran, et surtout Jean Rochefort a l'air désolé d'être là (et il l'était effectivement).


Les Veces etaient fermes de l interieur 02Dubillard débite difficilement ses répliques et semble toujours sur le point de s'écrouler ivre mort.


Malgré tout ce qui plombe le film, son esprit potache et son côté insolite voire expérimental le rendent attachant. On est loin d'un grand moment de franche poilade mais si j'avoue m'être parfois un peu ennuyé je ne regrette pas pour autant de l'avoir enfin vu. Disons que c'est un ratage intéressant, suffisamment intriguant pour que j'aie eue envie de regarder les bonus pour en savoir plus, et de ne pas les couper au bout de 2 minutes. Et ça n'est pas si souvent qu'un auteur parle ouvertement d'un de ses échecs sans chercher à désavouer son oeuvre ou à la faire passer pour un chef-d'oeuvre incompris, ni qu'un acteur admette sans langue de bois qu'il a détesté un tournage et continue à considérer le résultat comme lamentable même après s'être réconcilié avec le réalisateur. On n'est pas loin de la belle édition de Devil Story par Nanarland, et d'ailleurs Leconte lui-même finit par appeler affectueusement Les Vécés un nanar. Pour ma part, je n'irai pas jusque-là mais le fait est que je peux difficilement recommander l'achat à un autre public que celui des amateurs de curiosités (ou des inconditionels de Gotlib).

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 09:05

Les 3 Stooges Les Trois CorniaudsVous avez peut-être remarqué que j'avais chroniqué zéro film pour la Saint-Valentin cette année, et je me suis dit que du coup, pour me rattraper, avec l'arrivée des vacances scolaires j'allais parler de quelques films pour enfants. Je démarre avec le dernier film des frères Farrelly, des réalisateurs qu'on associe généralement à une comédie pour adultes, Mary à tout prix, mais ne nous y trompons pas, celle-ci est bien un film pour enfants. Les Stooges n'étant pas très connus en France, il est à l'origine sorti chez nous en salles sous le titre Les Trois Corniauds et a fait un énorme bide. Il n'a probablement pas mieux marché en DVD, malgré l'utilisation du titre original cette fois, puis que les supermarchés l'écoulent déjà pour 5€. Il faut dire que vraiment, les noms de Moe, Curly et Larry n'évoquent pas grand chose au public de ce côté-ci de l'Atlantique où ils n'ont pas réussi à s'exporter avec le même succès que Laurel et Hardy, malgré un humour assez proche. Cela dit on a tous déjà vu, dans une sitcom ou un cartoon, un hommage à leurs pitreries, les doigts dans les yeux, les échanges de taloches endiablés, quelqu'un qui s'enfuit en criant "wooboobooboobooboob" (même Les Nuls l'ont fait).

L'idée à l'origine du film est assez absurde : faire un film des Stooges sans eux, puisqu'ils sont morts. Je vous fais pas un historique des acteurs envisagés pour les rôles hein, on s'en fout, mais avant que le film sorte je pensais que c'était une biographie, mais non, c'est trois acteurs grimés en Stooges qui font un film des Stooges. En France, on a des réalisateurs qui essaient de fabriquer des équivalents modernes des comédies avec De Funès et/ou Bourvil, on a eu des remakes du Schpountz et de L'Emmerdeur, mais jusqu'à présent personne encore n'a eu l'idée saugrenue de déguiser Guillaume Canet en Gérard Rinaldi, Patrick Chesnais en Jean Sarrus et Mathieu Amalric en Luis Rego pour faire Les Charlots. Enfin, maintenant que je l'ai dit, vous pouvez être sûrs que Thomas Langmann est déjà en train de passer des coups de fil pour monter le projet évidemment, parce que ce blog est lu par tous les producteurs les plus influents du 7ème Art. Mais bon, voilà, tout ça pour dire que le procédé ressemble à un clou de plus dans le cercueil de la créativité hollywoodienne. Comme en plus la réputation du film n'est pas vraiment irréprochable et que la simili-blague de la jaquette, "aucune tête de gland n'a été blessée pendant le tournage", ne semble avoir été mise là que pour confirmer qu'on était face à un produit désespérément ringard et pas drôle, ce n'est évidemment pas parce que je m'attendais un bon film que je l'ai acheté, mais parce que j'espérais un nanar. Surprise : ça n'est finalement pas si mauvais.


Les 3 Stooges 01La comédie physique n'est certes pas la forme d'humour la plus raffinée qui soit
et ne fera pas autant rire le public adulte d'aujourd'hui que celui des années 30 et 40,
mais les clowneries des 3 zigotos gardent quand même un petit charme désuet.


Le début de l'intrigue rappelle le médiocre Krunk Out, mais avec trois demeurés au lieu d'un : Larry, Curly et Moe ont grandi dans un orphelinat et y sont encore à 35 ans, faute d'avoir trouvé des parents adoptifs et d'être capables de se débrouiller seuls dans le monde extérieur. Mais les catastrophes qu'ils provoquent régulièrement ont causé tant de dégâts que l'établissement se retrouve surendetté et menacé de fermeture. Ils s'engagent alors à trouver la somme nécessaire, mais n'ont pas la moindre idée de quoi faire pour y parvenir. Ils croisent alors la route d'une femme fatale qui leur propose de les payer pour euthanasier son mari, qu'elle prétend atteint d'une maladie incurable et désireux d'en finir au plus vite. Le trio de nigauds accepte sans se douter qu'il s'agit d'une ruse pour récupérer un héritage, mais le plan se retourne bien vite contre son instigatrice du fait de la bêtise et de la maladresse des apprentis-assassins.


Les 3 Stooges 02Malgré l'apparition de quelques connards de la télé-réalité américaine,
le film n'essaie pas d'être moderne et branché,
ils ne sont là que pour se faire claquer le beignet par l'irascible Moe.


Evidemment, le scénario est avant tout un prétexte pour mettre les personnages dans des situations où ils pourront causer un maximum d'accidents. L'humour des Stooges repose presque entièrement sur l'idée que voir des gens se faire mal, c'est rigolo, et quasiment chaque scène amène son lot de chutes et de baffes, quand ce ne sont pas des coups de marteau sur le crâne, des homards dans le slip, des fers à repasser sur le torse ou de la dynamite dans la tronche. Alors bien sûr c'est pas très sophistiqué, comme j'ai dit c'est avant tout un film pour enfants, et d'ailleurs ça reste à chaque fois de la violence façon cartoon (avec les bruitages qui vont avec), qui ne blesse jamais personne sérieusement. Mais si je ne vais pas prétendre que je me suis marré tout du long, je dois bien avouer que j'ai ri de bon coeur plus d'une fois. C'est bébête, mais j'ai pas trouvé ça consternant. Et les critiques branchés qui ont érigé les frères Farrelly en rois de l'humour irrévérencieux il y a quinze ans (avant de le regretter tout de suite après, d'ailleurs, si j'en crois l'accueil tiède réservé à Fous d'Irène et L'Amour extra-large, puis l'indifférence dans laquelle sont sortis les suivants) seraient bien hypocrites de prétendre que le coup de la teube coincée dans la braguette était un gag beaucoup plus subtil et honorable que celui de la bataille de bébés pisseurs.


Les 3 Stooges 04C'est idiot mais le coup de l'élevage de saumons en plein air, moi ça m'a fait goleri.


Il y a des comédies débiles qui me prennent vraiment à rebrousse-poil, comme Va te faire foutre Freddy, et des films pour gosses dont l'existence me contrarie, comme Les Schtroumpfs. Les 3 Stooges réussit à rester sympathique du début à la fin, tout en étant bien crétin et pas vraiment destiné aux grandes personnes. Probablement parce que, même si de l'extérieur le film pue le projet né dans l'esprit d'un cadre de gros studio qui voulait se faire du fric sur le dos de comiques morts plutôt que d'essayer d'avoir une idée neuve, le résultat ressemble à un film sincère fait par des gens qui y croyaient, pas à un produit élaboré par un service marketing. Les acteurs ne donnent pas l'impression d'être là juste pour toucher un chèque, que ce soient les trois principaux, parfaits imitateurs des vrais Stooges, ou les seconds rôles, comme Larry David (de Larry et son nombril) en bonne soeur acariâtre. Le film n'essaie pas de modifier les personnages pour les rendre cool, les adapter aux années 2010. Ils ne font pas de rap, leurs interactions avec le monde moderne ne font que montrer à quel point ils ne s'y intègrent pas. Ce sont simplement les mêmes couillons qui s'échangeaient des torgnoles et tombaient des échelles dans les années 40. Et il n'y a pas d'intrigue secondaire sur un yuppie qui veut renouer avec son talent artistique et son ex
, censée faire croire aux adultes qu'on pense à eux aussi.


Les 3 Stooges 03Finalement le seul point commun avec Les Schtroumpfs, c'est Sofia Vergara,
et on ne va pas s'en plaindre hein, pas vrai les gars ?


Ca reste un film sur trois simplets qui se tapent dessus, ça ne vole vraiment pas haut et c'est assez répétitif. Je n'ai pas revu Dumb & Dumber depuis des siècles, mais j'ai souvenir qu'il était meilleur que celui-ci dans le genre film concon sur des débiles légers. Du coup, ça me vexera vraiment pas si vous décidez que Les 3 Stooges n'est pas pour vous, je ne vais pas insister pour essayer de vous convaincre que c'est une comédie indispensable à posséder absolument dans sa collec de DVD. Mais disons que si vous devez passer un après-midi pluvieux devant la télé avec des moins de douze ans, je suis à peu près sûr que vous serez mieux devant cette aimable couillonnade que devant Alvin et les Chipmunks.

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 08:18

Bad SantaN'ayant eu envie ni de me farcir des comédies familiales douteuses comme Voisin contre voisin ou Un Noël de folie, ni de payer à prix d'or d'obscurs films d'horreur pas ou peu distribués en France comme Don't Open Till Christmas, et ayant oublié d'acheter Noël chez les Muppets et Le Drôle de Noël de Scrooge en temps et en heure, je n'ai pas grand'chose à vous proposer comme sélection de Noël cette année. Heureusement, c'est du bon.

Ecrit par les scénaristes du sympathique I Love You Phillip Morris, supposément retouché par les frères Coen, et réalisé par Terry Zwigoff, cinéaste à la carrière plutôt discrète et surtout connu pour son très bon documentaire sur Robert Crumb, Bad Santa (aucun rapport avec Very Bad Santa) est une comédie noire un peu policière sur un trio de voleurs spécialisés dans le cambriolages de grands magasins à chaque nuit de Noël. Leur mode opératoire, plutôt audacieux, consiste pour deux d'entre eux à se faire embaucher comme Père Noël et lutin tandis que la dernière se fait passer pour une cliente, pour mieux étudier les lieux et s'y introduire au moment voulu. Leur prochain coup s'annonce plus risqué qu'à l'accoutumée : le responsable de la sécurité de la grande surface qu'ils visent est du genre soupçonneux, les flics commencent à flairer leur piste même s'ils changent d'état à chaque braquage, et surtout Willie, le Père Noël, dépressif et alcoolo, est en train de partir en couilles, de bitures en tentatives de suicide, et risque de ne plus être en état d'accomplir son devoir de perceur de coffres-forts. Mais c'est sa rencontre avec un drôle de gamin légèrement demeuré qui pourrait bien bouleverser le plus leurs plans de vol...


Bad Santa 02Même quand l'humour tape au-dessous de la ceinture, comme dans cette scène
ou les trois personnages principaux se boxent les roubignolles,
le film parvient à ne pas sombrer dans la comédie grasse pour mongolos.


En France, on est particulièrement bien placés pour savoir que le Père Noël est une ordure et que mettre un poivrot teigneux, grossier, libidineux, crasseux et détestant les enfants dans le costume rouge et blanc n'est pas vraiment un gag super novateur. C'est dire si on pouvait craindre un truc convenu et poussif, du genre que pondrait fièrement un Uwe Boll en étant persuadé d'être super irrévérencieux et choquant mais en n'étant au final que super beauf. Mais Billy Bob Thornton est vraiment drôle dans ce rôle de sale type à la dérive, gratuitement méchant, je-m'en-foutiste à l'extrême et totalement sans scrupules, qui parvient toujours à tomber plus bas chaque fois qu'on pense qu'il a touché le fond. Et le gamin qui lui donne la réplique est assez exceptionnel dans son rôle de victime consentante, de brave couillon désarmant de gentillesse, dont on n'arrive jamais vraiment à savoir s'il est complètement débile, simplement trop naïf et optimiste, ou s'il a pigé mine de rien que quand on n'était ni très malin ni très mignon, c'est en provoquant un mélange de pitié, d'incrédulité et d'agacement chez les adultes qu'on avait une petite chance d'en tirer ce qu'on voulait. A leurs côtés, le casting ne manque pas de seconds rôles de qualité, comme Tony Cox en complice irascible ou Bernie Mac en chef de la sécurité se prenant hyper au sérieux.


Bad Santa 01Billy Bob Thornton livre une performance savoureuse et mémorable,
tandis que le jeune Brett Kelly enfonce la plupart des enfants acteurs
dans un rôle particulièrement ingrat.


Les gags ne sont pas toujours hyper fins mais ça ne vire jamais au bas-du-front pour ados et ça tombe rarement à plat. Je crois que le secret de la réussite du film, outre ses acteurs, c'est de ne pas avoir cherché à faire de l'"anti-Noël", parce que ça peut devenir aussi vite laborieux que les films de Noël "gentils" deviennent gnangnan. Billy Bob Thornton en déchet humain qui n'hésite pas à cambrioler le pauvre gosse qui l'aide ou à payer les stripteaseuses avec des tickets de jeu à gratter gagnants de 5 dollars, c'est drôle, mais je ne suis pas sûr que le résultat aurait été si marrant si à la place ça avait été "Billy Bob Thornton passe 1h30 à répéter que Noël c'est une fête bidon qui existe que pour engraisser les commerçants". Mais du coup je sais que certains détracteurs de Bad Santa lui reprochent de sacrifier à la tradition de la rédemption de Noël, parce que vous avez des gens comme ça qui voudraient que tout se termine toujours mal au cinéma parce que sinon c'est trop grand public et commercial.


Bad Santa 03

Pas d'intervention surnaturelle qui changerait notre méchant père noël en petit ange :
même lorsqu'il finit par se laisser attendrir et essayer de devenir un homme meilleur,
le protagoniste reste un voleur, un ivrogne et un obsédé.


Ici donc non, sans trop vouloir vous révéler toute l'intrigue, disons que notre anti-héros finit par s'apercevoir que sa vie serait sans doute un peu moins de la merde si lui-même se comportait moins comme une merde, et met un peu d'eau dans son vin. Pour moi ça reste goleri parce que ça n'est pas une transformation radicale à la Fantômes en fête (que j'aime bien quand même, au passage) et que même en faisant un beau geste, le personnage parvient à rester l'escroc paresseux et égoïste qu'on connaît, mais voilà, je préfère vous prévenir que le film se contente de parodier le cliché du mauvais garçon que l'esprit de Noël pousse à essayer de se racheter, pas de le piétiner rageusement pour faire "subversif". Pour ma part je n'irai peut-être pas jusqu'à le considérer comme un classique incontournable de la saison, mais son humour vache reste suffisamment réjouissant pour en faire une bonne comédie noire tout à fait recommandable.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

Goldmembers

goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

-Artemis
-jakbonhom
-Mahg

-Sheep Tapes
-Snowman
-Super Menteur