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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 07:17

Devil StorySur le marché du DVD "bis", depuis la mort de Neo Publishing il nous restait Wild Side pour le dessus du panier, Bach Films et ses vieilles perlouzes libres de droit, Uncut Movies pour le gore crade allemand irregardable, le Chat qui fume qui s'adresse presque exclusivement aux amateurs de porno français vintage avec Brigitte Lahaie, et l'éditeur fantôme Prism qui sort à peu près n'importe quoi à partir de cassettes pourries des années 80-90. Mais aucun éditeur pour se consacrer exclusivement au nanar, le "mauvais film sympathique", que tant de non-initiés confondent avec le navet (et que tant de mauvais cinéastes fauchés essaient sans succès d'imiter volontairement). Et puis cette année, les spécialistes du genre se lancent enfin : ça y est, Nanarland, le site qui explore depuis 10 ans le joyeux monde de la série Z pour débusquer les ratages les plus drôles, se lance dans l'édition de DVDs. Et attention, pas avec du VHSrip moisi de merdes innommables sous jaquettes volantes, hein : ils démarrent fort, avec une belle sortie d'Il était une fois le Diable à l'occasion des 25 ans du film, souvent qualifié de "Plan 9 from Outer Space à la française".

Le film s'ouvre sur une série de meurtres sanglants de campeurs dans la campagne normande (mais une plaque minéralogique de Floride insinue que ça se passe aux Etats-Unis, petite ruse dérisoire pour faciliter l'exportation !) commis par un homme difforme affublé d'une veste d'officier nazi. Puis on suit un couple de vacanciers dont la femme est victime d'hallucinations de chat noir, et que des soucis de bagnole vont pousser à s'arrêter dans une auberge lugubre (en fait le Palais Bénédictine de Fécamp filmé la nuit). Là, les tenanciers leur parleront d'une légende selon laquelle la région est maudite depuis le naufrage d'un navire anglais ramenant une mystérieuse cargaison d'Egypte, parce que ce sont des gens accueillants comme ça. Et de fait, c'est une nuit bien étrange, peuplée de créatures de cauchemar, qui commence pour la jeune femme...


Devil Story 06Elle croisera notamment une momie tellement pauvre qu'elle est contrainte de vivre
debout derrière un simple couvercle de sarcophage.


Pour un nanardeur, le visionnage d'Il était une fois le Diable est vraiment une expérience à ne pas manquer. Au début les plus sceptiques pourront craindre un simple slasher pouilleux, qui fait rire quelques minutes à cause de son tueur à grosse tête d'Elephant Man grognant comme un demeuré en permanence, mais qui s'essouffle vite pour devenir surtout ennuyeux. Rassurez-vous : c'est pas de l'arnaque à la Gingerdead Man, c'est de la bonne. Les première minutes valent déjà leur pesant de cacahuètes, avec des morts qui continuent de respirer et des blessures au couteau qui n'en finissent pas de saigner à gros jets, et passée cette introduction qui ressemble à une revisitation façon Red is Dead de La Colline a des yeux, on se retrouve temporairement devant ce qui pourrait être les scènes de transition sans sexe d'un porno old school du terroir, au vu des décors, de la mise en scène et du jeu des acteurs. Enfin, Devil Story dérive vers le n'importe quoi le plus complet, une succession de scènes absurdes aussi horriblement mal filmées que mal jouées où l'on trouvera pêle-mêle un cheval maléfique, un chasseur qui s'acharne à lui faire la peau à coups de fusil à pompe aux munitions illimitées, une momie, un bateau-zombie qui sort de terre...


Devil Story 03Malgré les apparences, non, ce n'est pas Partie de chasse en Sologne.


C'est débile et ridicule à tous les niveaux, et la réputation d'Ed Wood français du réalisateur-scénariste Bernard Launois se révèle assez juste : l'ambition est là, mais il manque le talent, le budget et le savoir-faire. Cela dit, la comparaison a ses limites, puisque là où le papa de Plan 9 cherchait visiblement à imiter les films de SF et d'horreur de son temps, en version idiote, fauchée et mal foutue, l'auteur de Touch'pas à mon biniou signait pour sa part, avec ce qui deviendrait le dernier film de sa carrière, quelque chose de vraiment unique. Il voulait concurrencer les Halloween, Massacre à la tronçonneuse ou Vendredi 13, à la place il a accouché d'une aberration qui ne ressemble à rien, un peu plus d'une heure d'images grotesques assemblées de manière incohérente. Des éléments inexplicables (pourquoi le tueur a une veste d'uniforme SS ?), des scènes qui s'étirent à l'infini (le vieux qui tire sur le cheval toute la nuit...), des rebondissements incompréhensibles et saugrenus (la momie s'acoquine avec une morte-vivante qui ressemble trait pour trait à l'héroïne, en brune !). On est constamment surpris, destabilisé, et chaque fois qu'on se dit que ça ne pourra pas être plus con, il ne faut pas longtemps avant d'avoir l'occasion de constater qu'on avait tort.


Devil Story 04L'aubergiste passe des heures à éjecter des douilles invisibles en canardant le canasson...

Devil Story 05

...mais sa persévérance paie puisque, contrairement à la légende, il finit bien par réussir
à partager un ou deux plans avec l'animal.


Mais vous me direz, quand on est fan du genre, un nanar mythique comme Devil Story, on l'a déjà vu, pas la peine de claquer 15€ pour l'avoir en DVD. Vous auriez évidemment bien tort, comme d'habitude, bande de cons. D'abord parce que, même si ce n'est pas vraiment avec ce film que vous aurez l'impression de rentabiliser à fond votre grand écran HD et votre système Dolby Digital 5.1, cette édition propose une image et un son d'une qualité que vous aurez du mal à retrouver dans les rips de VHS récupérables sur le net. Et nanar ou pas, on va pas cracher sur un meilleur confort de visionnage et d'écoute. Mais ce qui rend vraiment l'achat incontournable, ce sont les bonus fournis avec le film. Et pourtant, moi qui vous dis ça, généralement pour un film "normal" c'est vraiment quelque chose dont je me bats gentiment les steaks. Et dans un souci d'honnêteté, je précise d'ailleurs que les bonus de Devil Story ne sont quand même pas tous indispensables ; certes y a des trucs rigolos (la fausse pub pour France Mannequins...) mais d'autres qui tombent un peu à plat. Mais la partie documentaire rattrape largement les déceptions de certains des bonus à vocation humoristique.


Devil Story 02Pour les fétichistes il y a aussi des blessures en viande qui éjaculent
bien fort sur leurs victimes.


Comment est né un film pareil ? Comment tout a pu foirer à ce point ? Qu'est-ce qui passait par la tête des gens qui ont fait ça ? Qu'est-ce qu'ils en pensent aujourd'hui ? Le DVD propose un documentaire, Il était une fois Devil Story, et un commentaire audio du réalisateur sur plusieurs scènes, pour répondre à ces questions. Avoir l'occasion d'écouter les gens qui ont bossé dessus raconter l'expérience et donner leur avis sur le résultat, voilà ce qui fait tout le sel de cette édition, et fait attendre avec impatience les prochains films estampillés "Les Improbables de Nanarland.com". Surtout que le réalisateur Bernard Launois et son actrice Véronique Renaud ne sont pas ici en mode "promo" : interviewés 25 ans après la sortie du film, alors que sa réputation est faite et que leurs carrières sont terminées, ils peuvent en parler librement, sans chercher à convaincre que leur produit est génial, sans chercher à ménager les susceptibilités de leurs confrères. Et là où on peut facilement imaginer que certains journalistes télé n'auraient pas eu d'autre préoccupation que de leur faire dire "Excusez-moi, je suis un minable et mon film est une merde", les gens de Sheep Tapes ont eu la classe de les laisser donner leur version de l'histoire.


Devil Story 01L'acteur qui joue LE MONSTRE (qui n'est autre que fils du réalisateur) s'est pris accidentellement le pied dans la tente,
mais comme refaire une prise ça perd du temps, la scène a été conservée comme ça.


Je ne vais pas tout vous déflorer, mais ça donne un éclairage unique sur un film qui ne l'est pas moins. Launois rejette un peu lâchement le ratage sur ses techniciens et l'un de ses acteurs, mais avoue par ailleurs sans langue de bois que sa principale préoccupation sur le tournage était d'obtenir rapidement 1h20 de film à vendre sans trop se soucier de la qualité du contenu, quitte à étirer certaines scènes ou filmer n'importe quoi sans autre raison que d'arriver à la durée règlementaire. Renaud quant à elle a apparemment senti que ses carottes étaient cuites dès la première projection et en a été mortifiée, mais arrive aujourd'hui à en rire et à s'amuser avec son mari du culte que les nanardeurs vouent au premier et dernier film de sa carrière d'actrice.


Devil Story 07Il était une fois Devil Story donne également la parole à Frank Henenlotter,
réalisateur tordu de petits films mémorables comme Basket Case ou Sex Addict,
et visiblement admiratif de l'ambiance 100% portnawak d'Il était une fois le Diable.


Bref, même pour ceux qui ont déjà vu le film, le commentaire audio et le docu Il était une fois Devil Story justifient largement de mettre la main au porte-monnaie pour se procurer le DVD. Et pour les nanarophiles qui n'auraient encore jamais vu Il était une fois le Diable, c'est de l'or en barres. Je ne prétends pas que ça convertira les autres à l'amour du cinéma affligeant mais drôle, mais les fans peuvent se précipiter dessus à sa sortie le 12 septembre, et souhaiter longue vie à son éditeur Sheep Tapes. Ben oui, parce que maintenant, faut pas s'arrêter en si bon chemin les gars : on veut le même pour White Fire et La Guerre des espions ! On veut l'interview des doubleurs de Hitman le Cobra ! On veut savoir comment Dominique Paturel est passé de Dallas et L'Homme qui valait trois milliards aux coups d'fouet d'mes couilles sur ta gueule !

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 09:52

Freddy Les Griffes de la nuitJe ne sais pas si ça vous fait ça des fois à vous, mais moi y a des films, je SAIS que je devrais pas les regarder, parce que ça a 9 chances sur 10 de pas me plaire, voire de m'énerver carrément, et malgré ça, je peux pas m'en empêcher. Généralement je résiste à l'envie d'aller les voir au ciné, mais à la sortie du DVD je finis par céder et je regarde. Pas parce que ça me fait plaisir de m'énerver devant, pas parce qu'ensuite je peux aller me défouler dessus sur le net, mais y a ce côté "ça parle quand même d'un truc que j'aime, je peux pas faire comme si ça existait pas". J'ai beau ne lire que des noms pas très engageants sur la liste des personnes impliquées, j'ai beau voir des bandes annonces pourries, je peux pas me retenir. Et c'est pas comme si j'étais souvent surpris agréablement hein. Mais c'est comme ça, je me les fais quand même, que ce soit des suites à petit budget sans les acteurs de l'original, des adaptations de jeux vidéo, des remakes de classiques de l'horreur, des films avec des catcheurs... C'est comme cette fable africaine du scorpion et de la grenouille finalement. Vous savez, le scorpion qui veut traverser la rivière sur le dos de la grenouille, la grenouille qui sait que c'est une mauvaise idée parce que le scorpion va la piquer en cours de route et qu'ils vont mourir noyés tous les deux, mais qui finit par se laisser convaincre quand même, et évidemment ils meurent. Je suis la grenouille qui sait quel sort l'attend si elle cède au scorpion qu'est le studio Platinum Dunes, mais qui l'embarque malgré ça.


Freddy 08Le making of nous annonce que Platinum Dunes n'a décidément pas changé :
leur but avec ce remake, c'était d'ancrer dans la réalité le mec qui fait justement peur
parce qu'il peut aller jusque dans notre imagination pour nous faire du mal. Bien joué les gars.


Bref. Tout ça pour dire que j'ai vu Freddy : Les Griffes de la Nuit, remake des Griffes de la Nuit de Wes Craven. Là je vais faire comme les auteurs du film et faire semblant que vous ne savez pas en quoi consiste la série des Freddy : c'est donc l'histoire d'une sorte de croquemitaine, Freddy Krueger, capable de s'attaquer aux adolescents dans leurs cauchemars. Si Freddy les tue en rêve, ils meurent pour de vrai. Comme leurs parents ne les croient pas et qu'ils ne peuvent pas s'empêcher indéfiniment de dormir, des lycéens tentent de découvrir par eux-mêmes qui est donc ce Freddy, pourquoi il leur en veut, et comment se débarrasser de lui, mais un par un, ils tombent victime dans leur sommeil de son terrible gant à lames. Les derniers survivants parviendront-ils à en réchapper jusqu'à un prochain épisode ?


Freddy 02Pour se démarquer de l'interprétation de Robert Englund, Jackie Earle Haley
rejoue son Rorschach de Watchmen, mais avec un nouveau masque.


Bien évidemment, le film suit la tendance actuelle qui consiste à se pencher de plus près que l'original sur la genèse du personnage central. Comme Massacre à la tronçonneuse : le commencement et Vendredi 13, il propose fièrement une origine totalement inintéressante à un accessoire emblématique du tueur (ici, le pull à rayures). Comme Halloween, il s'efforce d'ancrer le monstre dans le réel, parce que c'est vrai que pour une histoire de tueur fantôme qui se venge par les rêves on a besoin de plus de réalisme hein ? Alors on lui fait un maquillage censé le faire ressembler à une vraie victime de brûlures plutôt qu'à la tronche ravagée qu'arborait Robert Englund dans le même rôle, on s'étend plus longuement sur son passé auprès des mômes. Et puis, ce n'est plus un simple bourreau d'enfants, c'est un pédophile maintenant. Pour être honnête, ce changement part d'un bon sentiment, puisqu'il reprend l'idée originale de Wes Craven. Ca ne veut pas dire que c'était forcément une bonne idée.


Freddy 05On découvre enfin que ce pull rouge et vert si particulier, dont les rayures deviendront par la suite
un motif qui hante les cauchemars de ses victimes, est en fait un pull normal
qu'il portait le jour où il est mort. Ouah, ça c'était de la révélation indispensable !


Soyons honnête, ça aurait peut-être pu fonctionner et ajouter une petite touche d'originalité, créer un Freddy vraiment nouveau, si le scénario n'avait pas été retouché à la truelle en cours de route. Si vous avez peur que je vous en dévoile trop, passez directement au paragraphe suivant, au fait. Pour ceux que ça ne dérange pas, donc, sachez que le film joue avec l'idée que Freddy était peut-être innocent des crimes dont on l'a accusé et pour lesquels on l'a brûlé vif, d'où sa soif de vengeance contre cette injustice. Le problème c'est qu'au moment où les personnages commencent à envisager cette hypothèse, Freddy lui-même a déjà reconnu sa culpabilité. Donc forcément ça tombe à l'eau. Ouais réécrire le scénario mais sans relire le tout à la fin pour vérifier que c'est cohérent, ça craint. D'autres trucs ne collent pas vraiment, par exemple Freddy fait le libidineux avec ces ados presque majeurs (et évidemment joués par des acteurs de 25 ans, maquillés et lookés pour en paraître 30...), on comprend bien que c'est pour lui donner un aspect encore plus "gros pervers dégueulasse", mais il est censé être pédophile... Je suis pas psychologue hein mais je suppose que le gars qui aime tripoter des enfants de 5 ans n'est pas spécialement attiré par des quasi-adultes.


Freddy 03Toute idée un peu dérangeante, comme celle que Freddy puisse continuer
à tourmenter l'âme de ses victimes même après que leur corps est mort,
est malheureusement assez vite balayée sous le tapis.


En dehors de ces ajouts mal exploités, le film s'emploie à reproduire sagement les scènes emblématiques de l'original, la fille projetée au plafond, les griffes qui sortent de l'eau du bain... Pourquoi ne pas directement regarder le film de Wes Craven du coup ? C'est gentil de vouloir lui rendre hommage mais si c'est pour refaire exactement la même chose, on se demande à quoi peut bien servir le nouveau film. Et le comble, c'est que certains effets spéciaux sont moins réussis que dans la version de 1984...


Freddy comparatifEn résumé, si vous pouvez vous passez d'effets numériques pas terribles et
de la fameuse recoloration orange/sarcelle des films modernes, vous pouvez
vous passer de ces nouvelles Griffes de la Nuit.


Superflu, affligé d'un scénario saboté et ne parvenant jamais à faire peur, le film est donc indéniablement raté et Haley ne fera pas oublier Robert Englund. Néanmoins, soyons justes et parlons aussi des quelques aspects positifs. Déjà, les acteurs qui jouent les lycéens, s'ils font largement trop vieux pour leurs rôles, jouent tout de même mieux que leurs prédécesseurs de 1984. Bon je ne garantis pas que Kyle Gallner (le gothique tête-à-claques de Jennifer's Body) aura la carrière de son homologue Johnny Depp, mais pour avoir revu récemment les premières Griffes de la Nuit, je dois bien avouer que les acteurs n'y étaient pas très convaincants. Ensuite, en dehors des quelques cafouillages cités plus haut, ça n'est pas le plus idiot des films d'horreurs récents que j'aie pu voir. Par exemple ici, quand les personnages se servent d'internet, ils ne trouvent pas une page magique sur le thème "les fantômes de psychopathes qui vous attaquent en rêve, et comment les combattre". Y a toujours ça dans les films. Même Twilight, cette conne de Bella tape "super rapidité" et "super force" et boum, un site sur les vampires qui lui explique qu'Edward est un vampire. Ben ici, non. Quand je les ai vus devant un ordi j'ai eu peur, mais en fait ils cherchent juste des médocs pour pas dormir. Dans une production Michael Bay, c'est étonnant de retenue.


Freddy 07En dehors de quelques images comme cette chambre enneigée,
les rêves représentés dans le film restent terre à terre.


Ca ne fait pas grand'chose. C'est encore un remake à côté de la plaque. Ses auteurs sont sûrement des fans sincères mais ils n'ont pas vraiment compris ce qui faisait la force de l'original, ils s'attachent à des choses idiotes. "Le maquillage d'Englund ne ressemblait pas vraiment à un visage de grand brûlé, on va améliorer ça !" "Les griffes, le chapeau, les rayures, montrons que tout ça lui vient de ses origines de simple jardinier !", mmmmouais, merci les amis mais si vous pensez que c'était surtout ça qui faisait flipper les gens dans Les Griffes de la Nuit, c'est que vous l'avez mal regardé. Alors voilà, si vous êtes vraiment curieux, ce n'est pas une merde innommable, seulement médiocre et sans saveur. A 10 € ça fait cher, mais si vous êtes comme moi je peux comprendre que vous vouliez le voir quand même. Sinon, et si vous êtes prêt à accepter qu'un film des années 80 va ressembler à un film des années 80 sans immédiatement vous exclamer "Houlà, ça a mal vieilli !", autant voir l'original de Wes Craven.

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 09:02

meurtres a la st valentin 3dJe vous ai parlé de Vendredi 13 un vendredi 13 et d'Halloween pour Halloween, mais j'ai complètement raté le coche à Noël alors que j'avais Christmas Evil et Black Christmas sous la main. Aussi je m'en serais vraiment voulu de ne pas me pencher sur Meurtres à la St Valentin 3D en ce 14 février. Vous me direz que, même si vous décidiez de proposer à votre copine de laisser de côté la comédie romantique qui était prévue au programme pour à la place vous blottir l'un contre l'autre devant un film d'horreur, ça aurait été mieux que je vous parle de celui-ci avant, histoire de vous laisser le temps de vous le procurer d'ici le jour J, parce que là ça va pas être facile d'aller le dénicher en solderie le jour même. C'est pas possible, ça, vous n'êtes vraiment jamais contents !

Il me semble que le film est sorti en salles françaises en 2D seulement, mais le DVD est disponible en différentes éditions, dont certaines proposent la 3D. La "collector" doit être encore vendue à un prix exorbitant genre 25 €, mais si vous cherchez bien, vous devriez pouvoir trouver la même version que moi, qui coûte 10€ et contient deux paires de lunettes en carton et le film en 2D et 3D sur le disque. Mais vérifiez bien que ce n'est pas l'édition 2D à 10€. Enfin, sauf si vous n'en avez rien à battre de la 3D.

Remake d'un film canadien d'il y a 30 ans, Meurtres à la St-Valentin précédait de quelques mois la mode de la 3D. Le procédé utilisé pour l'effet relief n'est pas celui d'Avatar et consorts, mais celui de Coraline et Voyage au centre de la Terre, soit un cousin de la "vieille" 3D de L'Etrange créature du Lac Noir, Vendredi XIII 3, Les Dents de la Mer 3 ou La Fin de Freddy. En dehors du fait de permettre d'avoir, en théorie, une image en relief sur une télé "normale", ça signifie également que le réalisateur avait réellement envie de s'amuser avec ce procédé, plutôt que de simplement l'adopter pour faire comme tout le monde et gonfler le prix des billets en prétendant que "c'est pas un gadget, c'est une révolution aussi importante que le parlant ou la couleur, la profondeur de champ favorise l'immersion gnagnagnagna". Pour Patrick Lussier (Dracula 2001 et ses suites, La Voix des morts 2...), la 3D est un truc ludique fait pour crever l'écran avec divers objets pointés vers le spectateur, et j'avoue faire partie de ceux qui adhèrent à cette école. Quand j'ai 3 kilos de lunettes en plastique sur la tronche, j'ai du mal à croire que je suis sur la planère Pandora au milieu des Léonoptéryx.


Meurtres a la St Valentin 02C'est sûr qu'à plat, il y a des scènes qui perdent toute leur saveur.


Le film démarre sur un fait divers : des mineurs se retrouvent piégés sur leur lieu de travail pendant une semaine, et lorsque les secours arrivent enfin, ils sont tous morts sauf un certain Harry Warden, qui a visiblement tué à coups de pioche le reste du groupe pour économiser l'oxygène avant de sombrer dans le coma. Il en émerge le soir de la St-Valentin et retourne à la mine, où il massacre la quasi-totalité d'une bande de jeunes venus faire la fête avant d'être abattu. Dix ans plus tard, l'un des survivants, ayant entretemps hérité de la mine, revient en ville pour annoncer sa vente tandis que de nouveaux meurtres se produisent à l'approche de la St-Valentin. Le suspect porte une combinaison et un masque de mineur et tue ses victimes à la pioche, ce qui lance évidemment la rumeur d'un retour d'Harry Warden, pourtant officiellement mort et enterré...


Meurtres a la St Valentin 05Le Tueur de la St-Valentin est revenu, ça va chauffer, ha ha ha.


Si l'on est donc au départ face à une intrigue de slasher movie on ne peut plus banale, avec méchant tueur fou qui équarrit des ados fêtards sans raison particulière, par la suite le scénario prend une tournure un peu plus intéressante, en invitant le spectateur à considérer divers suspects potentiels à la nouvelle vague de meurtres plutôt que d'imposer la seule théorie d'un retour d'entre les morts d'Harry Warden à la manière d'un Jason Voorhees ou d'un Michael Myers. Plusieurs personnages semblent avoir un mobile plus ou moins valable pour tuer, et quelques "dommages collatéraux" constituent un moyen idéal de faire porter le chapeau au fantôme de Warden. Et si c'était un autre mineur cherchant à se venger de la vente de son gagne-pain ? Et si c'était le proprio de la mine, pour justifier sa vente en la transformant une nouvelle fois en théâtre d'actes horribles ? Et si c'était la femme du shérif, ayant découvert que son mari la trompait ? Et si c'était le shérif, pour se débarrasser d'une maîtresse ou d'un rival ?


Meurtres a la St Valentin 04L'action se déroule dans l'une de ses petites villes où tout le monde se connaît
et où chacun a un compte à régler ou un secret à cacher, ce qui permet de multiplier les fausses pistes.


Mais l'attraction principale du film n'est pas son scénario, qui ne tient malheureusement pas ses promesses jusqu'au bout, mais son usage de la 3D, et notamment dans les scènes de tuerie. L'un des auteurs n'est autre que le scénariste du rigolo Jason X, je ne sais pas s'il était spécifiquement consultant en exécutions sur ce film-ci, mais le tueur à la pioche, même s'il n'utilise quasiment que ce seul accessoire, sait faire preuve d'une certaine créativité "jasonnesque" dans son maniement. Enucléation, empalement, perforation crânienne et j'en passe, le tout filmé de façon à vous faire jaillir autant de choses que possible dans la gueule, comme il se doit dans un film 3D à l'ancienne. Sans que ça verse carrément dans la comédie comme, au hasard, Le Fils de Chucky, on est ici dans de l'horreur "ludique", c'est pas Saw ou Hostel, même si le ton est 100% sérieux, on est plus proche d'un Vendredi 13, gags macabres et plans nichons sont au rendez-vous.


Meurtres a la St Valentin 03En fait il y a même toute une séquence nichons, à se demander si le film a vraiment été tourné en 2008
ou si c'est un inédit d'il y a 25 ans qui refait surface.


Tout cela serait bel et bon si l'effet 3D rendait vraiment bien à la télé... Et là, malheureusement, je dois vous avouer que ça a été une déception énorme. C'est pas que ça ne fonctionne pas du tout, mais c'est quand même assez dégueulasse. Disons que ça alterne entre des scènes potables, où l'on voit à peu près bien divers éléments jaillir hors de l'écran, ce qui du même coup détourne l'attention du reste, et celles où l'effet de relief semble "cassé", et où l'on a l'impression de ne voir qu'une ignoble bouillie floue de rose et de vert. Forcément, ça gâche grandement le plaisir, d'autant plus qu'on voit vraiment que le réalisateur a tenté d'exploiter la 3D à fond. Y a le potentiel pour un truc vraiment fun, et on se retrouve à avoir le choix entre se contenter de la version 2D et passer à côté de plein d'idées de mise en scène marrantes, ou saigner des yeux derrière ses lunettes en carton pendant 1h20 pour grapiller de-ci de-là une pioche balancée à travers un pare-brise, un geyser de sang ou un trou béant dans une cage thoracique privée de son coeur.


Meurtres a la St Valentin 01Mais c'est vrai que la plupart du temps, le film ressemble à ça.


J'avais vraiment envie de pouvoir vous recommander chaudement le film, parce que j'aime beaucoup la 3D-gadget et qu'elle y est utilisée à bon escient. Et qui sait, si vous avez une meilleure vue que moi, vous arriverez peut-être à en profiter pleinement. Malheureusement, même si j'ai bien aimé, j'ai trouvé ça assez inconfortable à regarder en 3D, et en 2D, il ne reste qu'un thriller horrifique moyen, avec certes quelques bonnes idées et des personnages un peu plus consistants et humains que d'habitude, mais gâché par des acteurs un peu fades et un dernier acte dont la révélation amènera plutôt à penser "Tout ça pour ça ?" que "Trop fort, ils m'ont bien eu". Bref, si les films en relief à l'ancienne ne sont pas votre tasse de thé, laissez tomber, même si vous aimez les slashers, on n'est pas vraiment face à un nouveau classique du genre. Meurtres à la St-Valentin 3D est donc à réserver exclusivement aux curieux intéressés par l'idée de voir des meurtres en 3D (le thème de la St-Valentin n'est qu'effleuré, par contre) crever l'écran et prêts à accepter l'idée que ça ne va probablement pas ressembler à grand chose la moitié du temps. Mais pour ceux-là, c'est vrai, c'est sympa.

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 16:15

Halloween - La Nuit des MasquesNormalement, je ne parle pas trop des classiques ici parce que ça ne sert pas à grand'chose d'être le 3 milliardième mec à donner son avis sur un truc que tout le monde connaît. En même temps, des fois un film connu c'est un bon point de repère pour se situer par rapport aux goûts de quelqu'un et savoir si on peut se fier à ses critiques. Tenez je prends un exemple : il y a beaucoup de films chroniques sur Bebealien's World que je n'ai jamais vus, mais grâce à ceux que j'ai déjà vus, je sais que pour moi c'est l'un des blogs les plus fiables possibles : il aime Michael Bay, il défend Uwe Boll, et à côté de ça, il trouve que Judd Apatow n'est pas drôle, que Ninja est une daube et que Samuel L. Jackson aurait fait un meilleur Black Dynamite que Michael Jai White dans Black Dynamite. Ca revient à peu près à dire qu'Adam Sandler aurait fait un meilleur Monty Python que John Cleese. Or, comme disaient Confucius et Lao-Tzeu un soir qu'ils s'étaient réunis pour écrire des aphorismes ensemble, "De deux boussoles détraquées, celle qui indique avec précision le sud est plus utile que celle qui montre à peu près le nord-est". Je peux donc retrouver facilement le nord en suivant la direction opposée à ce qu'indique la boussole détraquée de mon confrère Bébé Alien, donc son site est bien pratique. Enfin tout ça pour dire donc que de temps en temps, ça vaut le coup de parler d'un film un peu connu ici, pour que vous sachiez un peu mieux si ma boussole peut vous aider à naviguer ou pas du tout.

Bon et puis évidemment, il y a aussi le fait que ce soir c'est Halloween. C'est vrai qu'en France à peu près tout le monde s'en branle à nouveau, et à juste titre d'ailleurs, mais pour certains ça reste un prétexte comme un autre pour se faire une soirée films d'horreur, alors de la même façon que j'ai posté ma critique de Vendredi 13 un vendredi 13, je peux bien vous parler aujourd'hui du film dont Rob Zombie a tiré un remake foireux il y a 3 ans, et sorti en France en 79 sous le titre La Nuit des Masques parce qu'à l'époque, c'est pas qu'on s'en foutait d'Halloween, c'est que le nom n'évoquait rien du tout à la majorité des gens. Mais le DVD reprend désormais l'appellation d'origine.


Halloween 06Bien avant de devenir la femme fatale d'Un Poisson nommé Wanda, Jamie Lee Curtis
jouait la fille la plus sage de son groupe de copines. Elle faisait même du tricot !


Le film s'ouvre sur le meurtre d'une adolescente par son jeune frère, le petit Michael Myers, la nuit d'Halloween. Le gamin se retrouve interné en hôpital psychiatrique mais parvient à s'en évader 15 ans plus tard. Il retourne alors dans sa ville natale où il ne tarde pas à faire une fixation sur une lycéenne, Laurie Strode, après l'avoir vue s'aventurer près de la maison de son enfance. Il entreprend alors de tuer ses amis avant de s'attaquer à elle. Traqué par son psychiâtre, le Dr Loomis, le serial killer au masque blanc parviendra-t-il à mettre ses sinistres desseins à exécution en ce nouveau soir d'Halloween ?


Halloween 02Toi aussi épate tes amis avec une anecdote que tout le monde connaît déjà :
le fameux masque d'Halloween est en fait un masque de Capitaine Kirk peint en blanc.


Le fou masqué, les grands coups de couteau, les jeunes qui se font étriper les uns après les autres pour s'être laissés aller à la fornication et la drogue, la dernière survivante qui surmonte sa terreur et affronte l'assassin, qui se relève à chaque fois qu'on croit l'avoir abattu... Les futurs clichés du slasher movie sont là, il y a même le vieil acteur connu qui est venu faire 5 scènes les mains dans les poches et qu'on met en vedette au générique, comme le feraient plus tard Danny Glover dans Saw, Gary Busey dans Gingerdead Man, ou Robert Englund dans toute sa carrière post-Freddy. Bon, à l'époque les années 80 n'avaient pas encore eu lieu, et c'était donc encore tout nouveau. Du coup, une grande part de votre appréciation pour le film dépendra de votre capacité à faire semblant que vous n'avez vu aucun autre film d'horreur avant, ou à vous extasier devant le fait qu'Halloween est le film qui a tout inventé dans le genre (enfin, probablement, mais pour être honnête je n'ai pas vu Black Christmas ou Toolbox Murders).


Halloween 03"Bon allez je leur fais deux scènes et je rentre chez moi, j'ai pas que ça à foutre.
J'espère qu'ils feront pas de suite, j'ai pas fait gaffe aux obligations en signant le contrat."


Enfin, je noircis peut-être un peu le tableau. Ca a vieilli parce que ça a beaucoup été refait depuis, mais ça n'a pas été autant imité que Vendredi 13, par exemple. Du coup, ça garde sa personnalité, son originalité. Ca ne mise pas sur l'aspect sanglant des meurtres ou leur multiplication, par exemple. Pas de nouvelle victime toutes les dix minutes, Myers tue sa soeur au début du film puis il faut attendre 50 minutes avant de le voir passer à nouveau à l'action. Halloween joue beaucoup plus sur le suspense, et ce qui se passe hors-champ, ce qui est finalement resté assez rare. Myers observe et attend, il fait peur à ses victimes mais se les garde pour plus tard. Elles partent à sa recherche mais il n'est plus là, pendant qu'elles pensaient le suivre il en a profité pour se planquer ailleurs. Carpenter se montre malin et habile avec sa caméra, sa façon de la déplacer, ce qu'il choisit de mettre devant et ce qu'il cache du même coup.


Halloween 07Toi aussi joue à Où est Charlie ? avec Michael Myers.


Mais à côté de ça, il y a quand même des choses assez ratées. J'ai l'impression que les critiques sont super indulgents avec ce film parce que c'est "le grand classique du grand auteur John Carpenter", et ferment les yeux sur le genre de défauts et de facilités avec lesquels ils sont impitoyables quand c'est dans un film d'horreur de consommation courante. Quand par exemple il y a un plan nichons gratuit dans une quelconque suite de Vendredi 13, c'est parce que c'est une débilité pour adolescents, mais quand il y a un plan nichon gratuit dans Halloween c'est parce que le grand maître de l'horreur psychologique Carpenter souligne intelligemment le lien entre les actes d'un serial killer et la sexualité. Ou un truc dans ce genre-là. Quand des jeunes acteurs jouent mal dans un autre film c'est parce qu'on les a choisis pour leur physique mais qu'ils sont nuls, quand les filles d'Halloween tirent des gueules clownesques au moment de leur mort ça n'est pas parce que Carpenter est un mauvais directeur d'acteurs qui les a laissées faire des grimaces risibles (pour ne pas "spoiler", comme on dit, je ne vous mets pas de photos, mais c'est le genre "je louche et je tire la langue" voyez ?), c'est sans doute parce qu'il manie astucieusement l'humour noir et veut montrer l'absurdité de leur mort. Quand Michael Myers défonce une porte de cuisine en deux secondes à la force de ses doigts, puis bataille pendant cinq minutes avec une minable porte de placard en lattes de bois, apparemment ce n'est pas absurde, c'est une façon astucieuse de prolonger le suspense.


Halloween 01Ci jooooli, ci aaaartistique, ci jamaaaaais vilgaire.


C'est quand même un meilleur film qu'il ne l'était dans mes souvenirs. Certaines séquences sont vraiment de grands moments de mise en scène, Donald Pleasence en Dr Loomis a quelques bonnes répliques même s'il n'est pas très présent dans le film, et Jamie Lee Curtis est très bien dans un bon rôle de fille qui a peur mais sais se défendre plutôt que simplement s'enfuir en hurlant. Je l'aime moins que Vendredi 13, mais le revoir confirme à quel point Rob Zombie s'est planté en beauté avec son remake qui met trois quarts d'heure à nous raconter en détail ce que Carpenter boucle en 10 minutes, en pensant bêtement justifier et rendre réaliste un personnage qui est bien plus intéressant en tant que croquemitaine quasi-animal ou possédé. Personnellement, je ne le considère pas vraiment comme un "grand" film, et je n'aurais pas dépensé 20€ pour une édition plus classe (comme celle du trentenaire), cette version d'il y a 10 ans dénichée pour 1 ou 2€ me suffit amplement. Si vous ne cherchez pas du gore, et qu'un rythme un peu lent ne vous endort pas, vous devriez apprécier.

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 16:28

Saw IIQuand je pense qu'il a lancé une série qui, à moins que son prochain épisode ne soit réellement le dernier comme cela a été annoncé (vous savez, comme pour Freddy 6 : la Fin de Freddy, ou Vendredi 13 : Chapitre Final..), pourrait devenir l'une des plus longues qu'on ait vues au cinéma, je me dis que le premier Saw aurait dû être beaucoup mieux. Mais j'avoue qu'il aurait pu être pire. Je sais qu'il y a même pas mal de gens qui disent "la série est devenue nulle ensuite, mais le premier était bien" ; personnellement, je n'irai pas jusque-là, je dirais juste qu'il était mauvais mais pas irregardable. J'espérais un peu que le deuxième soit meilleur. C'est pas que les suites dépassent souvent les originaux, au contraire, mais disons qu'il y a des fois où le résultat est suffisamment catastrophique pour faire comprendre aux producteurs qu'il est temps d'arrêter les frais et d'en rester là. Tenez, Blair Witch 2 par exemple. Remarquez, y aura sans doute pas de Blair Witch 3 mais ce serait presque étonnant si Platinum Dunes ne rachetait pas les droits pour faire un remake du premier d'ici 5 ans. Du coup je ne sais même pas si mon exemple va rester valable, mais je ne pouvais pas non plus citer S.O.S. Fantômes 2 puisque la "franchise", comme on dit, est en cours de résurrection depuis l'an dernier. Bref. Comme Saw II n'a pas été le dernier, je l'espérais dans une autre catégorie de suites, soit celles qui surpassent leur modèle, soit celles qui a défaut de faire mieux, exploitent d'une nouvelle façon l'univers déjà existant pour éviter de n'être qu'une bête copie de l'original.

On pourrait ranger Saw II dans cette dernière catégorie. Plutôt que de remettre 2 nouveaux types enchaînés dans une pièce en changeant le membre à s'auto-amputer pour pouvoir se sauver, la situation de départ est assez radicalement différente. Et il laisse même un peu de côté sa marionnette à la con. Cette fois, le Tueur au Puzzle vise un inspecteur de police, joué par Donnie Wahlberg, mais celui-ci se révèle plus malin que son frère Mark et parvient à exploiter un indice infime pour retrouver la planque du mystérieux Jigsaw. Une équipe lourdement armée se pointe pour le capturer, il ne résiste pas à son arrestation... car une fois de plus, il est en avance sur tout le monde, et a déjà préparé un nouveau "jeu". Des écrans de surveillance montrent 8 personnes enfermées dans une maison abandonnée, qui ont deux heures pour essayer de résoudre ses énigmes avant d'être tuées par un gaz toxique. Parmi elles, le fils de l'inspecteur. Evidemment, le facétieux assassin n'a aucune intention de coopérer gentiment avec la police : si Wahlberg veut savoir comment retrouver son gamin, il va devoir accepter les règles dictées par son énigmatique prisonnier.


Saw II 01D'un épisode à l'autre on passe d'une simple salle de bains à toute une maison,
j'espère que pour Saw X ils iront dans l'espace !!


Mais malgré cette nouvelle donne, tous les défauts du premier Saw sont encore là. Dans ma critique, je vous avais dit que le Tueur au Puzzle me rappelait le Pignon du Dîner de Cons, de par sa dévotion maniaque à un hobby dérisoire dont il est si fier de parler. Cette fois, il s'offre d'ailleurs le moment de gloire qui échappe à Villeret dans le film de Véber, il a invité lui-même son auditoire et il passe à table avec délectation. Et il faut dire que cette fois-ci il s'est surpassé, avec son équivalent personnel du pont de Tancarville en 466.422 allumettes et 37 tubes de colle, un genre de Fort Boyard de l'automutilation, plein de pièges personnalisés alambiqués pour tout un groupe, ça méritait bien de réunir une brigade du SWAT pour leur expliquer en détails ce qui l'a convaincu de se lancer dans la réhabilitation de son prochain par la souffrance et de mettre minutieusement en place des dispositifs d'exécutions surper élaborés pour réapprendre la valeur de la vie à des gens qui la gâchent, tout en sachant que la plupart d'entre eux vont simplement mourir dans ses pièges et que si c'est pour en arriver là il pourrait simplement les enlever et leur mettre une balle dans la tête, mais apparemment c'est vraiment important qu'à la place de faire ça, il fabrique des machines et enregistre des messages au dictaphone et dissimule des indices et fasse des mystères tout et tout.


Saw II 02Jigsaw a de la chance que la fille à qui cette épreuve s'adresse ait survécu jusqu'à cette salle,
sinon il se serait emmerdé à creuser une fosse et y pelleter deux tonnes de seringues pour rien !


Je n'arrive vraiment pas à prendre Jigsaw au sérieux en fait. Sa croisade est idiote, ses méthodes sont débiles, il a le charisme d'un concierge d'immeuble au bord de la retraite, et ce qui lui tient lieu de ruse est en fait la chance invraisemblable dont le scénariste le fait bénéficier. Une fois de plus sa machination ne fonctionne parfaitement que par une succession de hasards heureux (ou malheureux, selon le point de vue). La structure même de son nouveau "jeu" rend d'ailleurs encore la chose encore plus transparente. Au départ, les prisonniers sont tous enfermés dans la même pièce. Un hasard entraîne très vite la mort de l'un d'eux. Puis les autres parviennent à sortir, et découvrent une succession de salles dans laquelle il y a chaque fois une épreuve destinée à l'un d'eux, qui leur permet de progresser. Ca tombe drôlement bien qu'il n'y ait eu aucune épreuve destinée à la première victime morte par hasard, dites donc ! Sinon le jeu était fini, c'est bête. Mais apparemment Jigsaw avait vu dans sa boule de cristal que ce serait précisément cette personne-là qui ferait une bêtise au début et mourrait. Je précise qu'il n'y avait vraiment aucun moyen pour lui de le déduire de manière logique, hein, c'est vraiment du pur hasard, mais qui fonctionne parfaitement avec son plan. Et c'est comme ça pendant tout le film.


Saw II 03Tu serais cap' de le faire, ça, toi ?


Alors évidemment, si le premier vous a plu, celui-ci est du même tonneau, donc en dehors du fait que le casting ne tape même plus dans la catégorie "acteurs de second plan qui ont besoin de sous" mais descend à "visages vaguement familiers apparus dans des séries télé", et que l'attrait de la nouveauté n'est plus là, Saw II n'est pas franchement pire que Saw et, comme je le disais, il a au moins le mérite de ne pas être un remake déguisé de son prédécesseur et d'exploiter une situation différente. Mais dans le genre "tout le monde meurt atrocement dans un décor tout crado", les Hostel sont bien plus malins et intéressants. Et en plus on ne se farcit pas autant de musique de merde ni d'effets visuels énervants. Alors si vous êtes dans le délire "Qu'est-ce qui est pire : se laisser mourir pour ne pas avoir à se charcuter soi-même, ou sauver sa peau en se crevant un oeil ?" agrémenté d'une morale "la vie c'est tout noir et sale et tout le monde est coupable et on meurt avec du Mudvayne à fond !!", rassurez-vous, le film toujours repose là-dessus et vous en aurez encore pour vos 5 €. Mais plus vous êtes éloigné de vos 15 ans moins vous risquez d'accrocher. Pour ma part, j'arrête là avec cette série.

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 14:00

Vendredi 13 1980Etant donnée la date du jour, je me suis dit que ce serait une bonne idée de me refaire ce film qui fête ses 30 ans cette année : le tout premier Vendredi 13. Un film que tout le monde connaît de nom, dont tout fan d'horreur a forcément vu une suite, une copie ou un remake, mais qu'on n'est peut-être pas tant que ça à avoir revu récemment. Enfin je ne sais pas. C'est juste une supposition, liée au fait qu'il passe généralement pour le "cancre" auprès des autres grands classiques du genre comme le premier Halloween ou le premier Massacre à la tronçonneuse, alors qu'il n'est vraiment pas mauvais et que je pense donc que cette réputation lui vient probablement de l'image véhiculée par ses nombreux imitateurs et suites plutôt que de ses qualités propres.

Vendredi 13 démarre dans les années 50, alors que deux moniteurs d'un camp de vacances sont poignardés. 20 ans plus tard, alors que d'autres tragédies ont entraîné à plusieurs reprises la fermeture de Camp Crystal Lake, le fils de l'ancien propriétaire entreprend de le retaper pour tenter une nouvelle fois de le rouvrir. Des jeunes viennent d'arriver pour l'aider, et il en profite donc pour retourner faire une course en ville, les laissant s'occuper seuls des travaux pour cette journée de vendredi 13. Et en son absence, quelqu'un les assassine sauvagement, les uns après les autres...


Vendredi13 04Très sauvagement même, pour certains.


C'est vrai que le synopsis ressemble à celui de ouatmille autres films sortis au cours des trente dernières années, et c'est vrai que quand on connaît déjà l'histoire, tous les efforts déployés pour plonger le spectateur dans le mystère et l'y garder le plus longtemps possible peuvent paraître assez dérisoires. En fait, pour les gens qui voyait ça pour la toute première fois en 1980, il n'y avait même aucun moyen de se douter de l'identité de l'assassin avant qu'elle ne soit dévoilée dans la dernière demi-heure ; tous les premiers meurtres sont filmés à la première personne et il n'y a jamais l'ombre d'un indice qui aurait pu amener à se dire "Ha ha, je le savais !" au moment de la révélation. Pour chipoter, je pourrais même dire que justement ça va un peu trop loin, ça sort vraiment de nulle part. L'intrigue et la mise en scène ménagent habilement la surprise mais je pense que ça n'en aurait été que plus percutant s'il y avait eu par exemple un plus gros effort pour envoyer le spectateur sur de fausses pistes avant de lui asséner ce "en fait c'est ... qui a fait le coup". Quelques personnages peuvent apparaître comme de vagues suspects mais je pense que même quelqu'un qui ne connait pas la fin du film ne mordra pas à l'hameçon.


Vendredi13 02La caméra signale régulièrement aux spectateurs qu'un individu menaçant surveille les moniteurs,
mais ne nous dévoile jamais son aspect avant la révélation finale.


Mais bon, comme je disais, c'est vraiment histoire de pinailler. Sans être un chef-d'oeuvre, le film de Sean S. Cunningham se révèle être un chouette thriller, assez malin, et largement meilleur que dans mes souvenirs en fait. On y trouve certes tous les éléments de ce qui est devenu la formule classique du slasher movie (à commencer par la galerie de personnages du groupe de jeunes, avec le queutard et la cochonne, le blagueur assez connard sur les bords, la fille un peu plus sage...) donc même si à l'époque c'était plus ou moins nouveau, on pourrait se plaindre aujourd'hui que tout ça est un petit peu trop cliché. Mais tout comme l'original d'un document est de meilleure qualité que la photocopie de la photocopie de sa traduction sous Babelfish, Vendredi 13 a encore les qualités qui se sont ensuite perdues au fil des reproductions. Tout ce qui par la suite a été dilué, oublié, abêti, ce dont les Scream et autre Derrière le masque ont pu se moquer depuis, est encore ici sous forme non-risible, non-caricaturale. Pas vraiment de "on fait des groupes de 1" par exemple ; au lieu de séparer des personnages qui ont toutes les raisons de vouloir rester ensemble pour mieux se défendre, le scénario les sépare à un moment où ils n'ont aucune raison de soupçonner un danger (aucun cadavre n'est découvert avant le dernier tiers du film).


Vendredi13 03Quelques années plus tard, Les Griffes de la Nuit verraient les débuts de Johnny Depp,
Vendredi 13 en revanche avait un jeune Kevin Bacon à l'affiche.


On évite aussi le syndrome du "y a une actrice plus connue que le reste du groupe donc dès le début on sait que c'est elle qui va survivre jusqu'au bout" (qu'on trouve entre autres dans le remake de Massacre à la tronçonneuse), qui tue un peu le suspense. Tous les jeunes étaient des débutants ou quasi-débutants (Kevin Bacon n'a percé que quelques années plus tard), donc n'importe qui peut finir avec un couteau dans le ventre à n'importe quel moment. Et puis, comme c'était un précurseur, ça reste premier degré, sans hommage, sans clin d'oeil, sans autodérision, rien. Et ça manquerait presque, à notre époque, ça. Maintenant presque tous les réalisateurs d'horreur se sentent obligés de nous montrer qu'ils connaissent bien le genre dans lequel ils oeuvrent (à ce propos, j'en profite pour vous dire que j'ai vu récemment l'abominable Smash Cut, et qu'il faut le fuir à tout prix), un poster d'un film d'Argento dans un coin du décor, un personnage secondaire qui s'appelle "Romero" ou "Carpenter", un qui pointe du doigt que "c'est exactement comme dans un mauvais film d'horreur" pour nous faire croire qu'ici on n'est pas dans un mauvais film d'horreur puisqu'on a conscience des défauts et qu'on s'amuse avec. Ici, rien de tout ça, et c'est tant mieux, un retour aux sources ne fait pas de mal. Il y a juste un moment où j'ai cru à un hommage à Shining, parce que je pensais que Shining remontait aux années 70. Alors qu'en fait, Shining est sorti exactement deux semaines après Vendredi 13.


Vendredi13 07C'était aussi l'époque plus innocente, où vous pouviez faire le bûcheron à moustache
en short en jean et bandana sans que quelqu'un ne fasse des sous-entendus sur votre sexualité.


Alors c'est vrai que Vendredi 13 est quand même loin d'être parfait. Les acteurs, par exemple, ne sont pas toujours très bons. Ils ont une vilaine tendance à tirer des gueules pas possibles au moment de se faire tuer, ce qui décrédibilise un peu les scènes de meurtres, alors que les effets sanglants (signés Tom Savini) sont pourtant réussis. Et ceux qui espèrent voir un colosse avec un masque de hockey poursuivre des jouvencelles avec un instrument tranchant pendant 1h30 seront sans doute déçus. En revanche, on voit déjà ce qui deviendra l'un des éléments emblématiques de la série : les meurtres se font à l'aide d'instruments divers et variés tout au long du film, couteau, flèches, hache, machette... A ce sujet, personnellement j'ai trouvé assez astucieux le fait que le réalisateur introduit d'abord les "armes" en question sous forme d'outils dans les mains des futures victimes, avant de les placer dans celles de leur bourreau. Mais bon, pour certains ça ne sera peut-être qu'un détail pas spécialement intéressant. Dans tous les cas je dirais que c'est un film qui mérite vraiment d'être découvert ou redécouvert, plus réussi que la moyenne de ce qui se fait de nos jours, plus réussi que son faux remake, pas aussi farfelu que sa dernière vraie suite, et devant lequel un amateur d'horreur passera un bon moment. Un éditeur spécialisé dans la vente en kiosque à journaux de tout et n'importe quoi l'a proposé il y a quelques mois dans sa nouvelle collection, et à 6 €, c'était une chouette affaire, même si on se retrouve avec une image de jaquette rétrécie pour laisser place à tous leurs logos. Sinon, ça doit se trouver pour dix euros ailleurs, et même à ce prix, pour un amateur du genre, ça vaut le coup.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 07:37

Saw

SawAprès avoir vu les deux Hostel et parlé de ce terme idiot de "torture porn", je me suis rappelé d'un coup que je n'avais jamais vu le film qui avait lancé la machine (et qui, avec son interminable série de suites, est probablement celui qui contribue le plus à la mauvaise image de cette branche du cinéma d'horreur moderne) : le premier Saw. Comme ces jours-ci on le trouve en supermarchés pour 5 €, je me suis dit que j'allais corriger ça.

Le scénario paraît plutôt malin de prime abord. Deux types sont enfermés dans une salle de bain dégueulasse, chacun est enchaîné à un bout de la pièce. Entre eux il y a le cadavre d'un homme qui s'est suicidé. Ils ne se connaissent pas et ne savent pas ce qu'ils font là. Mais l'un des deux se doute qu'ils sont prisonniers d'un serial killer qui sévit depuis quelques mois, et qu'il va comme à son habitude les contraindre à participer à un "jeu" tordu dans lequel l'échec signifie une mort atroce. Et la règle ne tarde pas à leur parvenir : l'un doit tuer l'autre pour gagner sa liberté. Peu enclins au meurtre, et de toutes façons coincés dans une situation qui les empêche de s'entretuer, les deux hommes unissent leurs efforts pour tenter de dénicher les indices censés aider l'un d'eux à remporter le "jeu". Mais alors que l'heure tourne, les chances de s'en sortir vivants et en un seul morceau s'amenuisent...

Tourné pour un budget réduit (enfin, d'après les critères hollywoodiens, mais sinon pour les gens normaux ça fait 60 ans de SMIC), le film emploie quand même une poignée de visages connus : Cary Elwes de Princess Bride dans le rôle de l'un des prisonniers, Danny Glover en flic obsédé par la capture du tueur, Dina Meyer de Starship Troopers et Ken Leung de Rush Hour parmi ses collègues... Pas de grosses vedettes c'est vrai, mais par rapport à la moyenne des films d'horreur dont le casting est du genre "une fille qui était dans un épisode de Dawson, un gars qui avait deux répliques dans Smallville, et cette autre fille qui a fait de la figuration dans Destination Finale 3", c'est pas trop mal, c'est avec ça qu'on se dit qu'au départ l'ambition était plutôt de faire quelque chose à la Seven et pas de lancer la mode de l'ultra-sordide dans le cinéma d'horreur. Malheureusement, ils n'apportent finalement pas vraiment de valeur ajoutée très concrète au produit, notamment Glover qui a l'air de penser, tout du long, "A mon âge je devrais être autorisé à prendre ma retraite et pas être obligé de jouer dans des films comme ça pour gagner ma vie".


Saw 04Ca fait bientôt 25 ans qu'il le répète : Roger Murtaugh est trop vieux pour ces conneries.


Et c'est bien dommage parce qu'il faut bien dire que le fameux scénario ne fait pas illusion longtemps. Le film abuse des flashbacks pour ne nous dévoiler ses mystères que petit à petit, vieille ficelle très usée et censément justifiée par le fait que les personnages, frappés d'amnésie partielle (ce qui est d'ailleurs une ficelle usée aussi), recouvrent la mémoire peu à peu, mais on a beaucoup de mal à y croire, les auteurs ayant trop sacrifié la vraisemblance à leur envie de garder le plus longtemps possible quelques révélations-choc dans leur manche. Les gros oublis des deux prisonniers et leurs soudaines retrouvailles avec leurs souvenirs sont un peu trop "pratiques", un peu trop bien adaptés aux besoins du tordu qui les manipule. Il en va de même pour leur comportement, de manière générale. Leurs réactions ne sont pas totalement plausibles. A la limite je comprendrais qu'ils décident de jouer le jeu de leur geôlier et de s'entretuer dès le départ, mais sinon, je suppose qu'ils choisiraient de s'entraider au maximum pour mettre toutes les chances de leurs côtés. Là, on est entre les deux, et cette façon de coopérer à contrecoeur, de se mentir tout le temps, c'est des méthodes de candidats de télé-réalité qui veulent gagner le gros lot, pas d'otages en danger de mort.


Saw 01Les prisonniers font des efforts surhumains pour s'emparer du dictaphone au centre de la pièce,
mais le flingue qui leur permettrait de faire sauter leurs cadenas ne semble pas les intéresser, ce serait trop de la triche.


Avec tout ça, le fameux Jigsaw, le tueur au puzzle, ne paraît pas si malin que les scénaristes semblent penser qu'il est. Ses super plans diaboliques fonctionnent à la perfection, c'est vrai, ce qui peut donner l'impression qu'il a toujours avance sur tout le monde parce qu'il est super intelligent. Mais en fait il a simplement une chance invraisemblable, celle que tout le monde réagisse toujours de LA bonne façon, celle qui n'est pas trop crédible mais qui fait que sa machination peut se poursuivre jusqu'à remplir 80 minutes de film. Par exemple aucun des deux prisonniers ne fait la moindre tentative pour essayer de s'emparer du flingue qui se trouve dans la pièce et briser sa chaîne avec. Ou bien, après avoir trouvé des scies, aucun des deux n'envisage de tenter de couper autre chose que sa chaîne avant que la fin du film n'approche, et là d'un coup ça devient "bon ben je vais me couper le pied alors" sans même y réfléchir à deux fois. Alors bon, peut-être que je me prends trop la tête, mais pour moi le méchant du film n'est pas vraiment le genre génie démoniaque. C'est un donneur de leçons à deux balles qui se donne un mal fou à piéger des crétins. En plus, histoire de faire l'original, au lieu d'avoir un masque il a une vilaine marionnette, sauf que c'est nul, une marionnette. Mais voilà, c'est un type qui se casse le cul à trafiquer un piège à ours et à faire des vidéos avec une marionnette pour apprendre la valeur de la vie à une droguée. Y a un côté François Pignon version Dîner de Cons chez ce type. Il construit pas de Tour Eiffel en allumettes, mais on l'imagine bien jubiler tout seul en racontant comment il a dû travailler 300 heures pour disposer correctement les quatre tonnes de punaises qu'il a utilisées pour punir un employé de bureau qui gâchait les post-it.


Saw 02Et alors comme ça vous aimez les marionnettes ?
Oh, je sens qu'on va passer une bonne soirée, Monsieur Pignon, une très bonne soirée !


Pour ne rien arranger, le réalisateur a eu la main lourde sur les effets à la con très prisés dans le cinéma de merde depuis quelques années. La caméra qui se met à tourner autour d'un personnage fixe, les accélérations, le montage tout en hachures, clignotements et saccades, toutes ces conneries que reprennent les jeunes metteurs en scène sans grand talent pour faire croire qu'ils ont du style. Tout ça sur fond de musique de bourrins à grosses guitares qui grognent, histoire de parfaire cet aspect "Regarde comme mon film c'est trop un film de ouf malade, avec des images comme ça tu croirais des hallucinations cauchemardesques de drogué hein pas vrai ?" qui vous donne surtout l'impression que vous allez mourir d'une des pires façons du monde : d'une crise d'épilepsie en écoutant du Fear Factory.


Saw 05Malgré quelques séquences sanglantes, Saw n'est pas hyper gore,
l'édition DVD que j'ai eue à 5 € ne porte d'ailleurs pas de mention "déconseillé aux moins de 16 ans".


Bref. Le méchant est un ringard, le scénario abuse de facilités, les acteurs sont ternes, la réalisation sombre trop souvent dans le clip de trash metal insupportable. Que reste-t-il donc à Saw, qui a bien pu séduire suffisamment de gens pour donner lieu à tant de suites et produits dérivés ? Eh bien,  il reste l'implication du spectateur dans le petit jeu puéril du "et toi, tu serais cap' ?" La jaquette de cette réédition s'adresse directement à vous avec son "Combien de sang devriez-vous verser pour rester en vie ?", et au bout du compte, c'est principalement cette interrogation tacite qui fera que vous serez impliqué ou non dans le film : "et vous, à la place de ce personnage, vous feriez quoi ?" Pour sauver ta vie, tu serais cap' de plonger la main dans du caca pour ramasser un indice ? Tu serais cap' d'éventrer un gars pour récupérer une clé ? Tu serais cap' de tuer le mec en face de toi dans la cellule ? Tu serais cap' de te couper un membre ? Enfin vous voyez le genre. Les considérations débiles qui vous font délirer quand vous êtes ado mais qu'on trouve un peu moins marrantes en grandissant, parce que bon, finalement, réfléchir sur "tu préférerais boire un bol de pus ou te faire arracher un bras ?" n'est quand même pas si intéressant que ça.


Saw 03Et toi, hein, tu ferais quoi à sa place ?


Alors voilà, si vous vous sentez prêt à vous investir émotionnellement dans ce genre de questionnement métaphysique, vous trouverez peut-être un intérêt au premier épisode de la quête dérisoire que mène cette vieille nouille de Tueur au Puzzle avec ses mises à mort que même un méchant de James Bond trouverait inutilement complexes. Pour ma part, je regrette que ce qui ressemble plutôt à une bonne idée au départ soit finalement si mal exploité. Il y avait quelque chose de mieux à faire sur cette histoire de jeu de piste en huis-clos, de prisonniers amenés à coopérer puis s'affronter pour leur survie. Si vous n'êtes vraiment pas trop exigeant, à 5 € vous y trouverez peut-être votre compte, mais à mes yeux c'est plutôt un ratage.

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 08:49

Hostel chapitres I & II

Après la bonne surprise Cabin Fever, j'ai eu envie de me plonger dans le reste de la filmographie d'Eli Roth. Pas qu'il soit un grand réalisateur quand même, mais disons que comparé à un Marcus Nispel par exemple, c'est un surdoué. Du coup je me suis procuré cette compilation de ses deux chapitres d'Hostel que vous trouverez facilement sur le net à vil prix. Les deux films n'ont pourtant pas très bonne réputation, ils passent pour emblématique de ce que certains aiment appeler le torture porn, terme repris aussi bien par les détracteurs que par les fans, les premiers parce que ça leur permet en deux mots de nier toute qualité cinématographique aux films de cette mouvance sans avoir à trop se creuser la tête et les seconds parce que ça leur donne l'impression d'aimer quelque chose de nouveau et un peu subversif.

Enfin bon, on ne va pas se lancer dans un débat sur la validité de cette expression idiote. Mais pour les gens qui ne savent pas du tout en quoi ça consiste, sachez que non, ce ne sont pas des films où au début il y a une fille siliconnée qui sort du bain et se tripote dans une villa californienne, et là-dessus un genre de culturiste nu sous une combinaison de travail ouverte jusqu'au nombril sonne à sa porte et elle va lui ouvrir à poil et il lui sort d'un air entendu "salut, je suis gardien à Guantanamo, c'est ici qu'il y a des suspectes à interroger ?" et dans les 2 secondes qui suivent il commence à électrocuter les parties intimes de la fille tout en lui tailladant le visage au rasoir tandis que le spectateur ravi se malaxe la truite et ensuite pendant tout le reste du film des gens se font briser les os ou plonger la tête dans la cuvette des toilettes quasiment sans interruption tandis que le fan devant son écran continue de se polir le chinois s'il a encore de l'énergie.  Malgré ce nom de torture porn, ça n'a rien à voir avec ça. Mais ne lançons pas le débat j'ai dit. On n'est pas là pour ça, on est là pour parler d'Hostel et de sa suite, Hostel chapitre II.


Hostel II 06Un motif déjà présent dans Cabin Fever et qu'on retrouve dans ces deux chapitres d'Hostel :
les enfants sont des bêtes sauvages dont il faut se méfier.


Tout comme pour Cabin Fever, on est ici face à des mésaventures de jeunes Américains en vacances (bon ok, dans le premier l'un des gars est islandais), sauf que cette fois le danger ne vient pas de ces effrayants trous perdus des Etats-Unis où la nature et les autochtones arriérés rivalisent d'agressivité pour vous faire la peau, mais de ces effrayants trous perdus d'Europe de l'Est remplis de loqueteux sans morale prêts à tout pour quelques piécettes. Les deux films suivent une trame similaire ; au début de Hostel, un trio de touristes venus à Amsterdam en quête de débauche et déçus des résultats du voyage se laisse séduire par la perspective de trouver des filles aussi accortes que peu farouches dans une petite ville de Slovaquie, tandis qu'au début du deuxième chapitre ce sont trois étudiantes en arts plastiques qui décident de s'éloigner un peu de leurs cours de dessin à Rome et que la promesse de détente dans un spa de rêve pousse à se rendre dans la même petite ville de Slovaquie.


Hostel II 02L'image des Européens est assez peu reluisante, en gros nous sommes des barbares velus
vivant dans des pays sans foi ni loi, mais il faut reconnaître que
les Américains en voyage n'apparaissent pas franchement sous un jour très flatteur eux non plus.

 
Dans les deux cas, nos jeunes gens finalisent les derniers termes de leur arrêt de mort en s'installant dans une auberge (l'Hostel du titre, donc) qui sert de piège aux victimes d'une organisation qui, avec la complicité de la population locale, permet à ses clients d'acheter à prix d'or la vie de quidams qu'ils pourront ensuite massacrer à loisir dans les cellules sordides d'une usine désaffectée. Chaque fois, ils disparaissent un à un, et le dernier survivant, pas assez malin pour ne pas s'être laissé capturer à son tour mais suffisamment chanceux pour tomber sur un bourreau moins efficace, tente d'échapper au sort atroce subi par ses compagnons de voyage.


Hostel II 03C'est à ce moment-là que tout est définitivement foutu pour les protagonistes.


Que les âmes sensibles soient prévenues, ici quand ça commence à trancher dans la barbaque, ça n'y va pas de main-morte, ça ne se passe pas hors-champ, et ça n'est pas expédié en un seul coup de machette. Mais que les amateurs de gore à outrance qui espèrent de l'arrachage de tripaille non-stop sachent pour leur part que Roth prend son temps, les deux fois, pour amener ses héros vers leur mort, et que les scènes qui ont valu à la série sa réputation de verser dans la boucherie gratuite sont finalement peu nombreuses. Et ce n'est pas du gore rigolo façon Braindead : c'est sadique, c'est dur, on n'est pas là pour se marrer, on souffre avec les victimes.


Hostel II 07Non vraiment ça ne rigole pas.


Je dirais d'ailleurs que c'est en grande partie là-dessus que ces films fonctionnent : cet aspect "imagine si c'était toi à leur place". Il n'y a aucun élément surnaturel, on est dans le réel. Ca se passe dans un pays qui existe vraiment, y a un côté légende urbaine, peut-être que dans la vraie vie ça existe pour de vrai, voyez ? Du coup c'est plus facile de se mettre à la place des victimes que quand on voit des ados se faire poursuivre par Freddy ou Chucky ou même Michael Myers. Imagine un jour tu pars en vacances et t'es kidnappé par des fous. Hé, ça pourrait arriver, qui sait ce qui se passe dans ces coins reculés. J'ai un copain une fois à qui on a raconté que.  J'ai lu un article une fois qui disait que. Alors tu vois ça pourrait arriver. Si une aussi jolie nana avec un accent sexy te draguait comme ça, toi aussi tu craquerais et ils te piègeraient. Et imagine ils te torturent après. Tu vois comme il lui arrache l'oeil là, ça doit faire trop mal de se faire arracher un oeil comme ça. On regarde et on frissonne, oui, c'est vrai que putain ça doit faire trop mal, tu as raison Eli Roth.


Hostel II 01Un des gros reproches qu'on peut faire aux films : Eli Roth ne sait vraiment pas rendre
ses personnages sympathiques, le spectateur ne se retrouve de leur côté que
parce que personne ne mérite un sort aussi abominable que celui qu'ils subissent.


 Alors après évidemment ça n'aurait aucun intérêt de s'infliger ça si ça n'était pas articulé autour de scénario un petit peu malins. Et sans être grandiose, à ce niveau-là c'est plutôt pas mal. Le piège se referme lentement chaque fois, en laissant parfois planer le doute, est-ce qu'ils sont déjà foutus ou est-ce que c'est pour plus tard ? Est-ce que ce personnage-là travaille pour les organisateurs ou pas ? D'aucuns trouveront que certains rebondissements sont un peu téléphonés ; je serai plus indulgent, je préfère pour ma part qu'un réalisateur sème quelques indices en route pour rendre plus crédible un retournement de situation plus tard (comme lorsqu'un prisonnier en fuite, dont on sait qu'il n'a rien d'héroïque, rebrousse chemin au péril de sa vie pour sauver une parfaite inconnue) plutôt que de nous asséner un gros coup de théâtre invraisemblable histoire de dire que ha ha ha, je t'ai bien eu, tu t'attendais pas à ça, t'as vu comme je suis plus malin que toi.


Hostel II 08Dans Hostel chapitre II, la pauvre Heather Matarazzo joue
comme d'habitude la ringarde/rabat-joie/moche/vierge à 25 ans.


On aurait pu craindre que le 2 soit une bête resucée du premier, avec des filles à la place des garçons. Et c'est vrai que le schéma est tout à fait similaire. Et que la conclusion ne met pas un point final à l'histoire, parce que les producteurs voulaient pouvoir continuer à sortir des suites parce que le premier avait vraiment bien marché commercialement. Roth parvient tout de même à le différencier du premier chapitre en mettant nettement moins l'accent sur les festivités de ses jeunes en goguette ou l'évasion du survivant, et en suivant de plus près leurs tortionnaires. Il montre comment l'organisation fonctionne, les enchères sur internet à l'arrivée des touristes à l'hôtel, les hommes d'affaires qui s'offrent des victimes pour l'anniversaire de l'un des deux comme ils se paieraient des call-girls. Les discussions dans les jours qui précèdent la mise à mort avec le macho qui encourage son pote comme un père qui va emmener son fils à la chasse pour la première fois. Ca contribue à rendre la chose plus crédible, et comme je le disais plus haut, l'efficacité du film repose beaucoup sur le fait que dans la vraie vie, Pinhead ou les loups-garous ça peut pas exister, mais ça, va savoir. Avec tous ces riches qui ne savent plus quoi faire de leur pognon, qui ne savent plus quoi faire pour s'éclater une fois blasés des drogues, des putes de luxe et des sports extrêmes. Va savoir si Bernard Madoff n'est pas aller éviscérer des gamines en Roumanie. Va savoir si les dirigeants de BP ne se baignent pas tous les étés dans le sang de jeunes vierges en Hongrie.


Hostel II 04Le choix des acteurs incarnant le tandem d'Américains s'étant payé des compatriotes à dézinguer
(Roger Bart et Richard Burgi, vus tous deux dans
Desperate Housewives) est vraiment parfait.


Bref. C'est pas des films pour tout le monde. C'est pas du grand cinéma. Je crois pas qu'on en parlera comme de grands classiques de l'horreur dans vingt ans. Et même si le deuxième a été un bide et que les Saw sont donc largement plus coupables, ça fait partie des films qui ont lancé ce mouvement "y a des gens qui meurent atrocement tout le temps, aucun espoir de réchapper à quoi que ce soit, et la jaquette est dans des tons glauques avec comme des fausses taches de boue sur tout", ce qui fait que pendant 5-10 ans au lieu de laisser leur chance à des gens créatifs et originaux les producteurs de cinéma d'horreur vont juste donner des sous à qui saura bricoler pour pas cher un sous-Saw ou un sous-Hostel. Mais malgré tout ça, j'ai plutôt envie de les défendre. Pour moi ça confirme qu'Eli Roth est un réalisateur à suivre. C'est pas complètement con, plutôt habile et bien ficelé, pas fait pour s'astiquer le manche en regardant les gens se faire charcuter tout en étant de la vraie horreur qui fait mal et pas du petit film frileux simplement porteur d'une mention "accord parental", et ça change du genre "Poignardages en série au bal de promo". Ca vous prend aux tripes, ça vous met mal à l'aise tout en étant assez malin pour vous garder devant l'écran. Chacun des deux films emprunte des sentiers légèrement différents au lieu de resservir la même soupe, il y a quelques petits clins d'oeil pour amateur de cinéma bis (des petits roles pour Edwige Fennech et Ruggero  Deodato par exemple). Pour moi, les deux sont réussis, alors après c'est clair qu'il faut aimer le genre et avoir le coeur un peu bien accroché, mais pour ma part, à 7 € le coffret, je ne regrette pas mon achat.

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 09:13

HalloweenLa Maison des 1000 morts était raté mais pas inintéressant. The Devil's Rejects était presque réussi et montrait que le réalisateur Rob Zombie était capable de s'améliorer, de ne pas persévérer bêtement dans l'erreur sous prétexte que c'est son style à lui. Du coup je me disais que même si son troisième long métrage n'était qu'un bête remake, il y avait une petite chance pour qu'il parvienne à élever la chose au-dessus de ce que font les incapables qui travaillent pour Platinum Dunes, la boîte de Michael Bay.

Je dois dire que, parmi les grands classiques de l'horreur, Halloween est celui qui m'a toujours le moins intéressé. Mais bon, c'est sûrement une bonne chose parce que ça m'a évité d'avoir constamment à penser que l'original était vachement mieux, puisque je n'en avais que de très vagues et lointains souvenirs quand j'ai regardé cette remise à zéro. Juste qu'il y avait un type muet en masque blanc et combinaison qui poignardait les gens sans relâche et sans raison apparente. Le projet de ce remake est d'ailleurs justement de donner une raison à tout ça. Raconter les origines du personnage pour nous expliquer que non, ça n'est pas un petit garçon qui s'est retrouvé comme possédé par le mal à l'état pur, juste un être humain normal dont les crimes ont un traumatisme de jeunesse pour origine. J'avoue que cette tendance "humanisons le monstre, dans le fond n'est-il pas qu'un pauvre petit garçon incompris ?" qu'on retrouve dans des merdouilles comme Beowulf et Grendel me paraît être une sacrée mauvaise idée à la base, mais bon. Au moins, l'ambition n'était pas simplement de reproduire, avec une esthétique moderne, quelque chose qui existait déjà, comme ça a été le cas pour Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13, mais de tenter une nouvelle approche. Alors même si c'est une approche idiote, je suppose que ça vaut mieux que rien.

Halloween 07

Evidemment, qui dit horreur moderne dit que tout doit être cracra et abimé
pour faire plus chic et branché, et le masque blanc n'échappe pas à la règle.


Cet Halloween-là s'ouvre donc sur l'enfance de Michael Myers dans l'une de ces familles "white trash" de cauchemar comme vous en avez déjà vues dans ouatmille films. Papa n'est plus là, Maman est strip-teaseuse, Beau-Papa est un alcoolo lubrique et fainéant, Soeurette est une grosse traînée et au milieu de tout ça, le fiston est un pauvre souffre-douleur qui se fait chier sur la tête par tout le monde aussi bien à la maison qu'à l'école. J'ai beau imaginer, je vois pas comment ça aurait pu faire plus cliché que ça. Je sais pas s'il y a une école de cinéma qui dispense depuis des années un cours sur le thème "Dépeindre les pauvres à l'écran" mais en tout cas, il faut qu'il prenne sa retraite maintenant, parce qu'on commence à l'avoir beaucoup vue, cette famille-type, et qu'elle ressemble un peu trop à une grosse caricature pour être tout à fait plausible.

Halloween 01Tous les psys vous le diront, derrière chaque serial killer, il y a un William Forsythe
qui glande, boit et rêve de se taper la fille adolescente de sa copine danseuse seins nus.

Enfin bref. Petit, Michael Myers est malheureux. Au lieu de faire comme Haley Joel Osment dans Un Monde meilleur, qui a exactement la même enfance mais décide qu'il va faire le bien autour de lui, Michael tue des animaux, puis un camarade de classe. Et puis le soir d'Halloween, comme sa soeur préfère rester à la maison se faire tringler plutôt que de l'emmener faire la tournée du quartier pour réclamer des bonbecs, il décide de poignarder tout le monde. Ce qui lui vaut un séjour prolongé à l'asile psychiatrique où le docteur Loomis, ici joué par Malcolm McDowell, tente de le comprendre et le soigner, mais sans succès, alors Michael tue du personnel médical et s'évade et il retourne dans sa ville natale parce que sa petite soeur qu'il adorait parce qu'elle n'était qu'un bébé innocent quand il a tué les autres y habite toujours et il tue encore d'autres gens et le Dr Loomis le traque et on ne sait pas trop s'il veut tuer sa soeur ou être pote avec elle ou quoi et à la fin il meurt, ou bien est-ce que non ? Je veux pas vous niquer le suspense mais bon, il y a eu un Halloween II l'année dernière et il était sur l'affiche.

Halloween 05C'est l'ex-catcheur Tyler Mane qui incarne le tueur au masque de William Shatner, et
un vieux fan de la WWE pensera immanquablement à des personnages comme le Kane original ou Mankind
en le voyant évoluer au sanatorium avec sa dégaine imposante, son maque et ses cheveux longs.


Je peux comprendre ce qui séduit les scénaristes et réalisateurs dans le fait de faire toutes ces "redémarrages" de séries connues. D'un coup, un personnage mondialement connu, une icône de l'horreur est à vous. C'est vous qui choisissez pourquoi elle existe et pourquoi elle fait ce qu'elle fait. Vous effacez des décennies d'histoire avec ce que vous voulez. Wes Craven ou John Carpenter peuvent aller se faire enculer, leurs créations deviennent vos marionnettes. Vous pouvez ainsi imposer des choix audacieux et lourds de sens : Jason a un masque de hockey parce qu'il en ramasse un par terre, Freddy a un pull rayé parce que c'est ce qu'il portait le jour où il est mort. Des trucs de ouf comme ça. Rob Zombie, donc, décide que Michael Myers est grosso modo une version simili-réaliste de Jason Voorhees : c'est un gros colosse de quasiment 2m10, qui tue des jeunes qui baisent parce que quand il était petit il a souffert du fait que la personne chargée de s'occuper de lui l'ait négligé pour niquer. Et il a beau consacrer la moitié du film à expliquer ça, ça n'est pas franchement très intéressant ni convaincant. Avoir grandi dans une famille difficile, c'est un peu léger (pour ne pas dire complètement con) comme révélation sur ce qui change un petit garçon en impitoyable machine à tuer.

Halloween 02La première apparition du célèbre masque se révèle tout aussi inintéressante que celle
du masque de Jason dans le
Vendredi 13 de Marcus Nispel.


C'est bien là le gros boulet que se traîne le film en fait. Il essaie de faire intelligent et réaliste mais se montre finalement aussi simpliste et incohérent que n'importe quel mauvais film d'horreur. Cet Halloween veut le beurre et l'argent du beurre, il veut qu'on le trouve intelligent parce qu'il prétend explorer la psychologie de son monstre, et à côté de ça on est censé excuser des trucs complètement crétins parce que "bah c'est un film d'horreur, faut pas trop réfléchir". Genre la famille Myers est une affreuse bande de loqueteux vivotant sur des pourboires de strip teaseuse, et ils habitent une ville qui apparaît clairement comme le "suburbia" ricain typique pour petits bourgeois. Enfant, Michael tue un camarade de classe dont la disparition ne suscite apparemment aucun émoi puisque le soir d'Halloween, les gosses se baladent en ville comme si de rien n'était. Adulte, il n'a pas vu sa soeur depuis qu'elle était bébé, elle est devenue ado et a changé de nom mais il la retrouve et la reconnaît immédiatement.

Halloween 10Les rares fois où le film a une idée vaguement intéressante, comme le fait que le Dr Loomis
ait délaissé la thérapie de Michael Myers pour devenir célèbre en publiant un livre sur son cas,
il évite soigneusement de l'exploiter ou la piétine carrément.


Pour ne rien arranger, rien de ce qui pouvait faire le charme des précédentes réalisations de Rob Zombie ne se retrouve là-dedans. On est vraiment dans du film d'horreur fade et plan-plan, qui ne surprend jamais, si ce n'est par la quantité d'acteurs de The Devil's Rejects que le réalisateur a réussi à recaser ici. Y compris sa chère petite femme, dont le talent d'actrice ne dépasse pourtant toujours pas celui d'une ex-starlette porno reconvertie. C'est pas pour être méchant mais y a des catcheurs qui jouent mieux que ça, et s'il y a bien un élément de ses premiers films qu'il aurait mieux fait de ne pas importer ici, c'est Sheri Moon Zombie.

Halloween 08Robert Englund n'était sans doute pas disponible alors à la place c'est Brad "Chucky" Dourif
qui vient rejoindre les Danny Trejo, les Ken Foree, les Udo Kier dans ce all-star game du cinéma de genre.


Le film est trop long, et patauge du début à la fin dans les lieux communs. Entre la première partie et sa psychologie de bazar et la 2ème où s'enchaînent les meurtres de figurants n'ayant même pas eu le temps de prononcer cinq répliques avant de se faire poignarder, il n'y a vraiment pas grand chose à sauver. Allez, pour être gentil je dirai que le gamin qui joue le jeune Michael s'en tire honorablement, c'est pas le genre d'enfant acteur qu'on a envie de baffer. Et que le disque de bonus propose une fin alternative plus intéressante et originale que celle qui est incluse dans le film. Et que le DVD fait actuellement partie d'une opération "3 pour 15€", ce qui fait qu'il se retrouve pas cher. Mais ce ne sont en aucun cas des raisons suffisantes pour l'acheter. 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 09:15
Vendredi 13Du même tandem producteur/réalisateur, à savoir Michael Bay et Marcus Nispel, je n'avais pas vraiment aimé Massacre à la tronçonneuse, tout en ne le trouvant pas aussi atroce que je l'aurais craint. C'était raté et superflu, mais inoffensif, pour ainsi dire. Du coup, je gardais une certaine curiosité à l'égard de leur traitement d'une autre légendaire saga de films d'horreur, Vendredi 13.

C'est ce que dans le jargon on appelle un "reboot" de "franchise", des mots de marketeux qui sonnent mieux que "comme on n'avait pas d'idées nouvelles et aucune envie de se fouler on a simplement décidé de tenter d'extraire encore un peu de pognon d'un filon qui a fait ses preuves, et comme  de nos jours ça fait ringard de mettre un numéro d'épisode dans le titre on va dire qu'on repart du début". Ca n'est pas vraiment un remake du premier Vendredi 13 de 1980 puisque, comme vous le savez si vous l'avez vu ou si vous avez vu Scream, dans le film original de Sean S. Cunningham (crédité ici comme producteur), le tueur de Crystal Lake c'est Mme Voorhees, pas Jason. Ici, la jaquette ne fait pas de cachotteries, c'est vraiment du "si vous re-voulez du Jason, y en re-a", c'est lui le tueur et il a même déjà son masque de hockey, ce n'est donc pas non plus un remake de Vendredi 13 : le tueur du vendredi. Et ce n'est pas vraiment une suite à Jason X non plus puisqu'on imagine mal comment, après être allé découper la gueuse dans l'espace au 25ème siècle, Jason serait revenu sur terre en 2009.

C'est un redémarrage à zéro donc, en 1980, le 13 juin pour être exact (mais il ne sera jamais fait mention du fait qu'il s'agissait d'un vendredi), à Crystal Lake, alors que la mère d'un jeune enfant difforme assassine les moniteurs du camp de vacances qu'elle juge responsables de sa noyade, trop occupés qu'ils étaient à forniquer pour veiller sur le petit Jason. Elle est finalement terrassée par sa dernière proie, sous les yeux impuissants du gamin, toujours vivant ou bien revenu d'entre les morts (le film ne se donne jamais la peine de clarifier ce point). Vingt-neuf ans plus tard, un groupe de jeunes s'aventure près du camp abandonné de Crystal Lake, attirés par la présence inexpliquée de plants de cannabis qui semblent pousser dans la nature sans que personne n'en revendique la propriété ni que les flics les détruisent. Jason est là, évidemment, et il a grandi, et armé de sa fidèle machette, il commence à étriper un par un les importuns.

Vendredi 13 05Rassurez-vous, le plus célèbre lieu commun du cinéma d'horreur (tu baises = tu meurs)
est utilisé sans ironie, au premier degré, sans clin d'oeil lourdingue
au spectateur pour faire le malin comme dans
Derrière le masque.

Au bout de 20 minutes de film, notre vieil ami tombe à court de victimes et il ne se passe absolument rien pendant les 20 suivantes, qui servent à introduire une nouvelle bande d'étudiants en goguette ainsi que le héros, un jeune homme à la recherche de sa soeur qui, sans vouloir vous révéler toute l'intrigue, n'est pas vraiment morte mais retenue prisonnière par Jason. Bien entendu, assez vite tout ce petit monde se met à boire, fumer des substances illicites et jouer à touche-pipi, suscitant la colère de Jason qui recommence ses meurtres comme le veut la procédure habituelle des Vendredi 13 que ce nouvel épisode ne cherche visiblement pas à révolutionner pour justifier ce besoin d'un nouveau départ.

Vendredi 13 03Tout comme pour Massacre à la tronçonneuse, on nous gratifie d'un plan
du visage démasqué du tueur, mais entre le montage parfois aussi pénible
que dans Doomsday et l'éclairage, on n'en voit quasiment rien.

Pour être honnête, il faut avouer que les créateurs de cette version, s'ils ont préféré s'en tenir à une formule éprouvée, ont néanmoins pris la peine de donner leur touche personnelle à Jason lui-même. Sous le masque, Kane Hodder cède la place à un certain Derek Mears, qui campe un monstre moins imposant, plus agile, un Jason qui court, saute, grimpe sur les toits et tire à l'arc. Et après tout, pourquoi pas. Par contre, le fait qu'il garde une prisonnière au lieu d'abattre tout le monde dès qu'il en a l'occasion est un changement qui me paraît assez malvenu. On suppose qu'il l'épargne parce qu'il la prend pour sa mère (elle connaît son nom, elle porte le médaillon que portait sa mère, elle est censée lui ressembler) mais dans ce cas, pourquoi la retient-il enchaînée ? Et que se passe-t-il pendant les 6 semaines de captivité, elle reste attachée sans manger, se doucher et aller aux chiottes ou bien régulièrement Jason lui porte des repas et la laisse faire ses besoins ? Quelle que soit l'explication qu'on voudra y donner, c'est débile.

Vendredi 13 09Cette réinvention du personnage donne également une nouvelle origine
tout à fait fascinante à son fameux masque de hockey :
Jason le trouve par terre dans une cabane.

Et c'est là l'un des gros problèmes du film, en fait : chaque fois que ses créateurs ont tenté d'y ajouter une petite fantaisie scénaristique pour se démarquer de la série originale, c'est con, mal pensé, et ça marche pas. Le coup des plants de cannabis par exemple, au début on se dit que c'est rigolo. Ce serait marrant qu'ils soient à Jason, et qu'il les garde là exprès pour appâter de nouvelles victimes. Mais bon on l'imagine mal cultiver de la drogue, donc ça ne peut pas être à lui. Mais on l'imagine tout aussi mal laisser quelqu'un d'autre en cultiver près de chez lui. Et le propriétaire légitime ne laisserait pas les gens se servir comme ça. Bref ça n'a aucun sens, d'ailleurs le film ne l'explique jamais et finit par ne plus jamais mentionner cette herbe une fois que l'intrigue n'en a plus besoin pour avancer.

Vendredi 13 08Quelle surprise, dès l'arrivée du groupe à Crystal Lake on nous apprend
que les portables ne captent pas dans cette zone. Le téléphone portable,
voilà une invention qui emmerde bien les scénaristes d'horreur tiens,
et qui révèle immanquablement leur paresse avec le coup du
"ça capte pas !"

L'autre gros problème du film, c'est que malgré ces tentatives d'originalité, au bout du compte l'impression qui prime c'est que le réalisateur et les scénaristes n'ont à aucun moment cherché à surprendre le spectateur. C'est extrêmement prévisible du début à la fin. A la seconde où apparaît le premier groupe de jeunes, on devinera sans peine qui meurt dans quel ordre et qui s'en sort, puis même chose avec le second groupe. Et avec 100 % de réussite. Normalement, quand les auteurs sont un peu malins, le fan d'horreur qui s'amusera à ce petit jeu se plantera sur quelques-unes de ses prédictions. Mais ici, non, vraiment, tout est tellement cousu de fil blanc qu'on ne peut pas se gourer. Et ça craint. Pour qu'un film d'horreur fonctionne sur un spectateur qui a passé l'âge de s'imaginer que, peut-être, le méchant l'attend planqué dans son placard après le film, y a pas trente-six solutions, en gros soit on opte pour la voix de l'humour noir comme par exemple les derniers Chucky, soit on donne dans la surenchère de gore, soit on se débrouille pour jouer avec les nerfs du public, avec des rebondissements inattendus, un climat de tension permanente... Ce Vendredi 13, malheureusement, se déroule sans la moindre surprise. Un ou deux personnages s'isole(nt), Jason le(s) trouve, le(s) tue en dix secondes et hop, personnage suivant, même procédure ; la mécanique est raisonnablement bien huilée mais rapidement plus très passionnante à regarder tourner.

Vendredi 13 04Bon mais c'est vrai qu'il n'y a pas que des défauts dans ce film.

Histoire de ne pas être complètement négatif, je concèderai qu'il y a un certain effort pour rester fidèle à certains éléments caractéristiques de la série, à savoir que les filles montrent leurs nénés, et que Jason multiplie les accessoires et les méthodes d'exécuion. Pour les doudounes, rien à redire, pas moins de trois actrices se dévoilent, chose qui devient rarissime à Hollywood, donc chapeau bas. Pour les meurtres, le bilan est un peu moins satisfaisant, il y a quelques trouvailles certes mais la plupart sont finalement assez banals. Ca aurait pu être pire, mais ça n'atteint pas le niveau de fantaisie de Jason X.

Vendredi 13 06Bien évidemment ça se conclut par une course-poursuite la nuit, sous la pluie,
exactement comme le remake de M
assacre à la Tronçonneuse,
ça devient rare les cinéastes dont l'ambition dépasse la volonté
de reproduire exactement ce qui a déjà été vu dans d'autres films.

Des diverses séries d'horreur mythiques, Vendredi 13 passe pour la plus médiocre mais c'est sans doute aussi la plus imitée. Hélas, cet épisode ne semble pas chercher à faire beaucoup mieux que les imitations bas-de-gamme. C'est du bas-de-gamme à gros budget, le fric a été investi pour avoir une meilleure qualité d'image, un décor plus chiadé et de plus beaux jeunes gens que dans une merdouille façon Slaughterhouse, mais ça reste un produit générique, paresseux, insipide... Ca n'est pas atrocement mal fait ni profondément ennuyeux, mais ça n'a vraiment pas d'âme, c'est pas le film qu'on sortira pour une soirée pop corn/rigolade entre potes comme on est en droit d'attendre de la part d'un Vendredi 13. J'ai dû payer ça 5 € et même à ce prix-là, c'est vraiment du gâchis. Si le remake des Griffes de la Nuit est du même tonneau, ça promet...
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Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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