Que serait un mois spécial horreur-qui-coûte-pas-cher sans un film de Charles Band, je vous le demande un peu ? Bon enfin je vous accorde qu'au niveau de la qualité moyenne de la sélection on n'y perdrait rien, au contraire, mais bon, c'est comme ça, il fait partie de la famille, alors ça se fait pas de pas l'inviter. J'avais quelques productions Full Moon sous le coude (un jour, faudra vraiment que je me décide à arrêter d'en acheter), j'ai choisi celle qui me semblait avoir le plus de chances de ne pas être trop naze, puisqu'elle a pour thème la marotte de l'auteur : les jouets tueurs. Entre les Puppet Master, les Demonic Toys et les Blood Dolls, on peut se dire, il aime ça, les poupées assassines, donc peut-être que quand il fait un film dessus il se donne un peu plus de mal que d'habitude. Mais c'était un peu naïf de ma part. En fait, je pense qu'il doit dire aux mecs de son département effets spéciaux de lui produire des tonnes de marionnettes pour pouvoir enchaîner les épisodes de l'interminable série des Puppet Master, et qu'au lieu de mettre à la poubelle celles qui sont jugées pas assez bonnes pour sa saga vedette, il garde tout et périodiquement il en sort 4 ou 5 du placard et il fait un nouveau film dessus, pas parce que ça le passionne mais parce que c'est facile et que ça coûte pas cher.
Le prologue, situé en 1905, raconte le meurtre accidentel d'une petite fille par son père alors qu'il cherchait à la punir en la forçant à enterrer ses poupées préférées. Cent ans plus tard, le fils de la famille qui occupe à présent la maison déterre par hasard l'un des jouets en nettoyant le jardin, sans savoir que le fantôme de la fillette hante toujours les lieux et que ses quatre "amis" de bois sont doués de vie. Et évidemment, j'aime autant vous dire qu'ils n'ont pas attendu un siècle dans la terre juste pour aller trinquer avec Barbie et Action Man en sortant ; du coup, la petite soirée entre ados organisée dans la vieille demeure va virer au carnage.
Ca alors, des jeunes qui veulent baiser, je me demande
si ça veut dire qu'un monstre va surgir pour les poignarder.
Charles Band se révèle une fois de plus fidèle à lui-même... Là j'en suis au point où je commence à croire que Full Moon Features est juste une société de blanchiment d'argent, et que faire des films n'est plus que la corvée à laquelle il se force pour ne pas attirer les soupçons dessus, mais sans même plus espérer que quelqu'un les apprécie, ni même ne les regarde. Doll Graveyard est à peine un long métrage, si on coupe le générique de début et de fin il reste moins d'une heure, et c'est un morne enchaînement de poncifs de l'horreur bas-de-gamme, avec des dialogues insipides joués par de mauvais acteurs amateurs, sans l'ombre d'une idée originale ou d'un rebondissement surprenant. Même le design des poupées sent le manque d'inspiration et le tout a l'air d'avoir été filmé avec une vieille caméra VHS.
En dehors de l'espèce de Zoulou aux yeux exorbités, et encore je suis généreux,
les marionnettes du film sentent vraiment le vieux fond de tiroir.
C'est vraiment l'un des Full Moon les plus paresseux que j'aie pu voir, le film ne se donne même pas la peine de nous donner une raison aux événements qu'il raconte. Il y a des poupées tueuses, ok pourquoi pas, il y a des ados fêtards/queutards qui se font tuer, d'accord pas de problème, mais... c'est quoi le lien entre les deux, en fait ? Pourquoi les poupées veulent tuer ces jeunes ? Elles n'ont jamais été définies comme "maléfiques", et leurs victimes ne leur ont absolument rien fait, et ne représentent même pas quoi que ce soit dont elles pourraient vouloir se venger. Je demande pas une explication scientifique hein mais au moins une logique de film d'horreur. Jason Voorhees par exemple il tue des jeunes qui ne lui ont rien fait, mais c'est parce qu'il les voit comme ceux qui ont indirectement causé sa mort, alors ça se tient. Même dans le premier Gingerdead Man le tueur a une vraie vengeance à accomplir. Mais la "vengeance" de Doll Graveyard n'a vraiment aucun sens. La petite fille morte a été tuée par son père, pas par une bande de jeunes, sa tombe n'a pas été profanée ni rien... C'est un peu trop "gratuit", un peu trop "elles tuent des gens parce que c'est ce qui arrive dans les films d'horreur et c'est tout".
"Hé les filles j'ai une super idée, si on restait à la maison se battre contre les méchantes poupées
au lieu de tout simplement se sauver et aller chercher de l'aide,
sachant qu'elles nous rattraperaient jamais avec leurs petites jambes ?"
Et tant qu'on y est, j'aimerais aussi savoir comment des créatures enterrées depuis 1905 savent qu'elles ont besoin de priver leurs proies de leurs téléphones portables pour les rendre plus vulnérables. Ou comment une petite fille de bonne famille s'est retrouvée en possession de ce genre de jouets affreux, à la base. Enfin, la poupée "classique", d'accord, mais un guerrier africain, un samouraï et un soldat prussien avec des gueules de cauchemar ? Mais apparemment ça n'intéresse plus Charles Band de se creuser la tête pour que ses histoires tiennent un peu debout. Il fait du cinéma pour un public dont l'exigence se limite à ce qu'il y ait quelques marionnettes moches et un peu de sang à l'écran de temps en temps, pour qui même un Chucky ou un Vendredi 13 c'est déjà trop intello.
Même la scène de la mort de la gamine témoigne du je-m'en-foutisme de l'auteur.
Oui allez on dirait que chuter d'un mètre sur de la terre fraîchement retournée, c'est mortel. Bien sûr.
Vous aurez compris que Doll Graveyard est une petite merde molle à n'acheter et visionner sous aucun prétexte. Zéro budget, zéro créativité et zéro talent qui s'additionnent pour obtenir zéro intérêt. Même ceux qui espèrent quelque chose d'involontairement drôle seront déçus, y a absolument rien à sauver dedans, c'est comme si ça n'existait que pour que d'autres films Full Moon un tout petit peu moins mauvais aient l'air potables en comparaison. A fuir comme la peste.