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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 16:21

Lors de ses précédentes aventures, notre copain le Roi scorpion s'était pas mal éloigné de ses racines, conquérant la Thaïlande puis la Roumanie avant de les abandonner aussi sec. Pour ce cinquième épisode, il revient aux sources, et on pourrait même croire que les producteurs et scénaristes sont prêts à boucler sa boucle. Le prologue raconte en effet à peu près la même chose que celui du Retour de la Momie, l'histoire d'un guerrier qui veut devenir roi du monde, et en vient à vendre son âme au dieu égyptien Anubis en échange de son aide dans cette entreprise. Sauf que ce n'est pas Mathayus, c'est un autre mec, et ce coup-ci l'armée prêtée par Anubis n'a de "guerriers-chacals" que le nom, parce que la production n'a pas les moyens de se payer des effets spéciaux au niveau de ceux d'un film d'il y a près de 20 ans. Et il y a une épée magique, forgée "dans les flammes de l'Enfer" (la mythologie égyptienne étant, comme toutes les autres à Hollywood, un brouillon du christianisme à la sauce heroic fantasy, il y a toujours un enfer avec des flammes chez tout le monde), qui s'appelle le Croc d'Anubis et qui emprisonne l'âme de ses victimes et de son utilisateur dans le Livre des âmes. Son premier possesseur finit par aller bouffer les adenia par la racine, mais un certain Nebserek pille sa tombe et commence à asservir le monde à son tour à coups de Croc.

Comme en plus du Croc, le monsieur a une dent contre les Akkadiens, il fait une pause dans sa quête le temps de traquer et éliminer leur dernier représentant, le Roi scorpion. Alors, va-t-on assister à une guerre entre deux conquérants et voir Mathayus se laisser gagner par la soif de pouvoir  qui le conduira à devenir un monstre ? Eh bien non, encore raté. Notre héros a, une fois de plus, renoncé sans véritable explication au trône gagné lors de l'épisode précédent. Sous les traits d'un quatrième acteur, le voilà désormais forgeron anonyme le temps d'une scène qu'on pourra charitablement qualifier d'hommage à Conan le barbare plutôt que de vulgaire plagiat, où il explique à un petit garçon que dans la vie, on ne peut faire confiance à rien d'autre qu'au métal qu'on forge. Et cette fois, il ne veut plus d'aventures, plus de batailles, plus de richesses, autant  dire que c'est encore plus mal barré que d'habitude pour trouver une façon plausible, en moins de 90 minutes, de faire du personnage le streum qui cherchera des noises à Brendan Fraser 5000 ans plus tard.

Cette énième aventure n'a rien de vraiment inédit à proposer
mais elle ressemble un peu moins à un téléfilm bas-de-gamme pour enfants que la précédente.

Mathayus est néanmoins contraint de reprendre le sentier de la guerre parce que sans ça y a pas de film, et croise bientôt la route d'une Xéna nubienne qui n'est autre que la fille du personnage joué par Michael Clarke Duncan dans le film avec The Rock. Entre ces invocations du passé cinématographique du héros et l'air grave et fatigué qu'il affiche tout au long du film pour montrer qu'il est usé par les drames subis entre les épisodes, je me suis brièvement remis à croire qu'on était face à la conclusion de ses aventures, ou au moins à un tournant, mais la suite tend à montrer que c'est plutôt le manque d'imagination qui a amené les auteurs à piocher dans ce qui existait déjà et à transformer leur héros en Jon Snow. Au passage, je dois avouer avoir été surpris de constater que la page imdb de l'acteur qui remplace Victor Webster dans le rôle-titre comportait de vrais rôles et pas simplement "Biker #2", "Homme de main #4" et "Garde du corps (non crédité)" dans des DTV sur le freefight. Zach McGowan a indéniablement un physique de barbare, mais pas vraiment la présence d'une tête d'affiche de cinéma d'aventures. Les contours du personnage sont suffisamment flous depuis le début pour ne pas s'offusquer d'une quelconque "trahison" mais cette interprétation toute en regards de chien battu et en c'est-bien-la-dernière-fois-que-je-prends-les-armes-mais-arrêtez-de-dire-que-je-suis-un-roi-scorpion n'est pas vraiment la plus intéressante.

Zach McGowan évoque moins The Rock que le genre d'acteur que
les gens de
Game of Thrones remplacent au bout d'une saison
quand ils décident de donner plus d'importance à son personnage.

Cela dit, les changements par rapport à l'épisode précédent ne sont pas tous malvenus : l'humour niais est fort heureusement cantonné à quelques interventions du faire-valoir comique, et  le réalisateur a la sagesse de limiter son usage des effets spéciaux à des éléments à la portée de son petit budget. Là-dessus, il y a du progrès par rapport à la laborieuse Quête du pouvoir avec son crétinisme généralisé et ses tentatives dérisoires de faire voler ses personnages. Ajoutons que ce coup-ci, il n'y a pas de pub mensongère, les trois noms sur la jaquette sont bien ceux des trois acteurs principaux. Mais en même temps ça veut dire aussi qu'il n'y a pas du tout de guest star du calibre d'un Billy Zane ou d'un Ron Perlman pour pimenter un peu le casting et donner un peu plus de cachet au produit, ce qui est assez regrettable, même si les seconds rôles ne sont pas foncièrement mauvais.

Un second rôle pas foncièrement mauvais.

Pour le reste, le film se contente de la formule habituelle, le groupe de héros comprenant obligatoirement  un gros benêt et une jeune femme à la garde-robe issue de la collection "mille et une nuits" d'un catalogue pour strip-teaseuses se livre aux péripéties habituelles, décryptages d'indices, découverte d'éléments magiques, escarmouches à l'arme blanche, etc. Il y a quelques batailles un peu plus satisfaisantes que ce qu'on a pu voir dans le 4, quelques décors un peu inédits, mais dans l'ensemble ça manque assez cruellement de saveur. Les personnages sont sous-développés, les lieux communs abondent. Parfois ça passe, parce que le vieux coup des guerriers qui en viennent à se respecter après un affrontement honorable est un classique indémodable du cinéma avec du poil sous les bras et qu'à un moment donné si vous n'appréciez pas un minimum ce genre de chose c'est même pas la peine de regarder un truc qui s'appelle Le Roi Scorpion. Mais parfois c'est du recopiage débile de clichés qui, dans le contexte, n'ont aucun sens. "Rends-toi, tu es seul contre tous !", dit un sbire du roi à notre héros, qui lui fait alors remarquer qu'il n'est pas seul, il a une guerrière à ses côtés, déclenchant l'hilarité des méchants. "Mais oui, c'est ça, une femme !", ironise grassement le fâcheux, parce que le scénariste a vu ça dans d'autres films et s'est dit que montrer le personnage comme un abruti sexiste le rendrait encore plus détestable au public. Sauf qu'ici l'abruti en question est lui-même le bras droit d'une tueuse féroce donc il sait très bien qu'il vit dans un monde avec des guerrières donc cet échange est complètement absurde, c'est du pur "les méchants de film ils disent des trucs comme ça, si je le place ici ça fera comme dans les vrais films".

Heureusement les clichés ne sont pas tous à jeter
mais le film ne brille clairement pas par sa créativité.


Il a fallu creuser un peu pour trouver, parce que sur IMDB il n'y avait pas grand chose, mais j'ai vu que le scénario avait été pondu par un marchand de chaussures et un flic (je vous jure c'est vrai) qui un jour ont miraculeusement gagné un prix d'écriture censé lancer leur carrière à Hollywood. C'est bien de poursuivre ses rêves mais ça ne donne pas automatiquement la compétence nécessaire et, de fait, Le Livre des Âmes est leur seule oeuvre produite, par un studio qui a déjà prouvé qu'il n'était pas très regardant sur la qualité de l'écriture tant qu'on peut caser "roi scorpion" dans le titre. Cet épisode peut-être final reste regardable, le passage de "grossièrement niais" à "paresseusement insipide" le rend un poil meilleur que le précédent, et si la série s'arrête vraiment là c'est une façon un peu décevante de conclure (accessoirement, la fin du film créée une espèce de paradoxe temporel par rapport au Retour de la Momie), mais en même temps, tant que personne ne voudra se donner la peine de se sortir un peu plus les doigts, c'est peut-être pas la peine de produire un sixième film.

 

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Le Roi Scorpion - Le Livre des âmes (Scorpion King; Book of Souls, 2018), réalisé par Don Michael Paul (Un Flic à la maternelle 2) sur un scénario de David Alton Hedges et Frank DeJohn. Avec Zach McGowan (Death Race Anarchy), Pearl Thusi (Tremors 5 : Bloodlines), Peter Mensah (300), Katy Saunders (Medieval Pie : Territoires vierges), Mayling Ng (Wonder Woman), Nathan Jones (Mad Max : Fury Road).

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5 février 2019 2 05 /02 /février /2019 18:05

Ca fait si longtemps que j'ai laissé dormir ce blog que je n'ai pas un, mais DEUX Roi Scorpion de retard. Je pouvais pas laisser passer ça plus longtemps, quand j'ai vu Le Livre des âmes en magasin j'ai su qu'il était temps de relancer Ciné Discount. Aujourd'hui on reprend donc avec le quatrième film de la saga, La Quête du pouvoir, dont la jaquette donne l'impression d'être un épisode en droite lignée du précédent, parce que l'acteur principal revient et qu'il est accompagné d'un véritable All-Star Game du direct-to-video : Lou Ferrigno ! Michael Biehn ! Rutger Hauer ! Don "The Dragon" Wilson ! Ajoutez M. Emmet Walsh, un second rôle de Game of Thrones, une ancienne catcheuse et quelques vieilles gloires des MMA, et sur le papier ça ressemble à un nouveau petit téléfilm "de prestige" sympathique comme L'Oeil des dieux.

On avait laissé Mathayus alors qu'il venait d'accéder au trône d'un petit royaume extrême-oriental, mais le voilà à nouveau mercenaire ; il est temps d'accepter que le lien entre cette série et Le Retour de la Momie est désormais purement symbolique et qu'elle ne racontera jamais comment le dernier Akkadien s'est auto-infligé une malédiction dans sa soif de conquêtes, simplement une série de variations autour de "voilà comment il est devenu roi en partant de rien". Ca coûte moins cher, ça permet de conserver la possibilité de faire des suites indéfiniment, et puis de toutes façons, à force de représenter le personnage en héros plus intéressé par l'aventure et la justice que par le pouvoir, ça devient difficile de trouver une excuse plausible pour en faire un boucher sanguinaire prêt à sacrifier son âme pour régner sur le monde entier. Alors ce coup-ci, il est chargé par un roi moyen-oriental joué par un blond aux yeux bleus de subtiliser "l'Urne des Rois", qui renferme le secret d'un pouvoir qui permit jadis à son propriétaire de régner sur le monde entier (ça se faisait beaucoup en ce temps-là, le monde était plus petit). Malgré un piège qui oblige notre héros à plagier éhontément Les Aventuriers de l'Arche perdue, l'affaire est rapidement dans le sac car son possesseur actuel n'a apparemment jamais eu l'idée de s'en servir pour son propre compte, ni les moyens de la faire garder par plus de 4 personnes vu que les figurants c'est cher.

Avis aux fans de L'Incroyable Hulk qui auraient acheté le film rien que
pour Lou Ferrigno : son rôle commence à 7m32 et se termine à 9mn22,
donc ne zappez surtout pas le pré-générique.

Evidemment, à peine volée, l'urne tombe entre de mauvaises mains (enfin, pires que les mains d'un mec qui voulait la voler à un autre pour obtenir le pouvoir absolu) (ben oui parce que c'est comme les chasseurs, y a les bons et les mauvais mecs qui veulent voler des objets magiques pour obtenir le pouvoir absolu) et Mathayus va devoir la re-voler, ou élucider le mystère qu'elle dissimule avant le méchant. Pour cela, il doit voyager jusqu'à un royaume vaguement slavo-nordique parce que les producteurs n'ont pas les moyens de tourner ailleurs qu'en Roumanie et qu'ils espèrent que pour toi, public, tant que ça se bagarre avec des épées c'est "l'Ancien temps", et que du coup tu ne chercheras pas la petite bête même si concrètement il y a 4000 ans d'écart entre les Akkadiens et la construction des châteaux montrés dans le film. Comme d'habitude, au cours de sa quête, il croise une jolie nana et un faire-valoir comique, ce coup-ci un vieil inventeur à moitié fou, et casse des gueules avec le sourire jusqu'à la fin du temps règlementaire où il remportera une couronne dont on ne reparlera déjà plus au début du prochain film.

C'était plus facile de conquérir royaume sur royaume à l'époque où
les citadelles européennes du Moyen-Âge n'étaient qu'à quelques jours de chameau
du Moyen Orient de l'an 3000 avant J.C.

Le Roi Scorpion n'a jamais eu la prétention de faire dans l'épopée sombre et brutale à la Conan le barbare, mais jusqu'à présent on restait dans de la fantasy légère pour public familial, quelque chose comme, disons, Willow plutôt que Barbarians. Sous la caméra du réalisateur de Beethoven 6, on passe hélas dans le registre de la bouffonnerie pour enfants. Les méchants se font poignarder dans le trou-de-balle ou les roubignolles, les gentils font des concours de rots, le héros regarde les femmes comme un collégien qui n'en a encore jamais approché une en vrai, son comparse se livre à des clowneries qui donnent l'air subtil au personnage de voleur qui accompagnait The Rock dans le film original, et les deux se retrouvent en robe parce que des types forcés de se déguiser en bonnes femmes ça amuse toujours les gosses. Un état d'esprit bébête qui se retrouve même dans les scènes pas spécialement comiques, comme quand on voit un banquet réunir, dans la bonne humeur, des personnages qui auraient toutes les raisons de vouloir s'entretuer. Mais bon, les enfants ne réfléchissent pas à ça, les enfants veulent voir qu'en réalité tout le monde est un bon copain et personne n'est vraiment mort, n'est-ce pas.

Hahaha je suis tellement contente de venir trinquer
à la santé de l'héroïne qui m'a cassé les deux bras
pour me punir de l'avoir affrontée dans un combat à la loyale !

Mon enthousiasme est donc assez vite retombé : les défauts du précédent film sont ici aggravés, sans qu'on retrouve ce qui faisait son charme. Les gags sont encore plus niais, le budget est encore plus réduit, le temps de présence des têtes d'affiche est encore plus sévèrement limité. Les guest stars susmentionnées, y compris celles figurant sur la jaquette comme si elles étaient les vraies vedettes du film, ont en effet une scène chacune (deux si on compte le fameux banquet final dont je vous parlais). Et les jungles et temples thaï étaient plus photogéniques que la Roumanie médiévale, et c'était plus original d'avoir des batailles avec des éléphants, des sorciers et des ninjas en guise de clou du spectacle qu'un combat de MMA, et Victor Webster était plus intéressant quand il faisait moins le gogol.

Ancienne catcheuse et nièce par alliance de Royce Gracie qui joue aussi dans le film,
Eve Torres s'acquitte honorablement de son unique scène (en dehors du générique),
mais elle consiste principalement à faire des clés de bras et coller des pains.

Sans surprise, l'intrigue n'est pas folichonne : l'urne est le point de départ d'une chasse aux indices qui, un par un, finissent par mener au secret du fameux pouvoir du roi qui avait conquis le monde ; les gentils ont quelqu'un dans leur bande qui sait toujours déchiffrer toutes les énigmes, et les méchants les suivent de près pour leur souffler la récompense à la fin. La seule idée qu'on pourrait, avec une certaine générosité, trouver un peu audacieuse pour une série qui fait toujours appel au surnaturel, est que derrière chaque élément magique, il y a en fait de la science, une technologie trop avancée pour être comprise par les gens de l'époque. Mais ça devient finalement risible, parce que c'est de la science "magique" (une armure qui permet de voler grâce au pouvoir des aimants, voyez-vous ça) et qu'il y aussi de la magie quand même après tout (parce que c'est un film pour les enfants).

Haha, quand on pense que ce vilain con d'Iron Man passe tout un film
à concevoir sa première armure volante alors qu'ils suffisait d'utiliser
le pouvoir de l'électromagnétisme !

Je ne me suis pas endormi devant, et je ne peux pas en dire autant de tous les direct-to-video que je me suis infligés au fil des années. Mais le précédent était meilleur et la jaquette mensongère de celui-ci renforce la déception. C'est du passe-temps pour état grippal, en cette époque où les télés françaises ne diffusent plus Hercule avec Kevin Sorbo pour les amateurs d'héroïques couillonnades fantaisistes. Si vous n'êtes pas du genre à collectionner les séries complètes nonobstant la médiocrité de leurs pires épisodes, vous pouvez largement vous passer du DVD.

 

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Le Roi scorpion - La Quête du pouvoir (The Scorpion King 4: Quest for Power, 2015), réalisé par Mike Elliott (Blue Crush 2) sur un scénario de Michael Weiss (Voyage au centre de la Terre). Avec Victor Webster (Clones), Ellen Hollman (Spartacus : le sang des gladiateurs), Will Kemp (Van Helsing), Barry Bostwick (The Rocky Horror Picture Show), Esmé Bianco (Game of Thrones).

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 14:21

Je m'y prends un peu tard pour faire une sélection de films de Noël cette année, mais bon, allez, tant pis, voilà le premier des films pour enfants en retard. Alors le mois dernier je m'étais farci la version Syfy Channel de La Belle et la Bête à cause des nénés d'Estella Warren, et ce mois-ci comme on ne se refait pas je me suis infligé la version de Christophe Gans à cause des nénés de la plus célèbre diplômée de l'école de la rue, Léa Seydoux. La précédente adaptation vous promettait "la véritable histoire", à la place celle-ci se targue d'être "plus fidèle au conte original". Du coup, après celle de l'an prochain, ça va devenir difficile de continuer à en justifier d'autres en piochant parmi les excuses habituelles, vu que Shrek et Once Upon a Time ont déjà un peu coupé l'herbe sous le pied d'un "univers cinématographique partagé" où le marquis de Carabas recruterait Peau d'Âne et le Petit Poucet pour affronter le Nain Jaune ou la Fée Carabosse.

Mais pour l'instant, on n'en est pas encore là, on est à La Belle et la Bête d'après Tim Burton, la version du réalisateur du Pacte des loups qui, conformément à la vision originale de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (ou Gabrielle-Suzanne de Villeneuve), fait la part belle aux effets spéciaux, attaques de brigands déguisés en méchants de westerns, et petites créatures rigolotes en images de synthèse conçues par le papa du Godzilla d'Emmerich. André Dussollier joue le marchand le plus bête du monde, puisque qu'il fait naviguer tous ses bateaux ensemble pour être sûr de perdre toute sa flotte d'un coup en cas de problème, qu'il a investi toutes ses liquidités dans une cargaison unique, et qu'il a oublié qu'au XVIIIème siècle l'assurance maritime ça existait déjà. Il se voit donc totalement ruiné après une nuit de tempête et contraint d'emménager avec sa famille dans une "modeste" chaumière qui ferait passer la baraque des Ingalls pour les bas-fonds de Gotham City. Sa fille Belle, qui est jolie et donc intelligente et douce et pure, se réjouit de mener enfin une vie simple d'humbles fermiers, mais ses autres filles apparemment handicapées mentales se désolent, et ses fils, qui ont tous des accents différents parce que c'est une coproduction européenne, se mettent à traîner avec des types peu recommandables (leur chef a des balafres et se tape une gitane, c'est vous dire).

Des bestioles pour amuser les tout-petits et prêtes à devenir des figurines Funko Pop,
exactement comme le voulaient des aristos morts il y a 300 ans.

Après une échauffourée avec les malandrins en question, Dussolier trouve refuge dans un château délabré où un hôte invisible a préparé un banquet comme s'il attendait 20 personnes plutôt que lui seul, et soigné son cheval. Il se goinfre, ramasse les coffres à trésor qui traînent et repart sans dire merci, une habitude qu'il a dû prendre en jouant à Zelda ou Final Fantasy. Sur le chemin du retour, il cueille une rose sans penser à mal, et là on le comprend vu que le film ne cherche pas du tout à établir qu'un buisson de ronces lugubre entre des ruines et une forêt, à la lisière d'une propriété aux limites floues, est en réalité la possession la plus sacrée du maître des lieux, et qu'il faut absolument sa permission pour se servir dessus alors que tout le reste est gratos. Dussolier est donc assailli par ce que le conte original, auquel le film est d'une fidélité garantie sous contrôle d'huissier, appelle "une bête si horrible, qu'il fut tout prêt de s'évanouir" et qui ressemble ici au Roi Lion avec la voix de Vincent Cassel. Le joli minet condamne Dussolier à mort mais l'autorise à aller annoncer la nouvelle à ses enfants, ce qui donne l'occasion à Belle de décider de se sacrifier à sa place. Evidemment la Bête ne va quand même pas buter une petite blonde à gros nichons et préfère lui offrir des robes bien décolletées à porter pour assister à ces buffets campagnards donc il a le secret.

Pas folle la Bête : si la Belle est du genre à manger salement,
avec une surface de robe réduite y a moins de risques de faire des taches !

Belle comprend instantanément que sous ses airs un peu secs, le monsieur à tête de peluche est en réalité un homme bon et généreux, mais comme il faut bien arriver jusqu'à 1h40, elle explore les environs et découvre de grands vagins lumineux (parce que Christophe Gans a lu quelque part que le symbolisme sexuel c'était important dans les contes de fées) qui diffusent des flash-backs qui permettent de comprendre comment le Prince Cassel a été condamné à devenir un personnage de dessin animé, comment ses chiens de chasse son devenus des produits dérivés potentiels, et comment les habitants de son royaume qui avaient un rôle parlant ont été changés en deus ex machina de dernier chapitre pendant que les simples figurants ont disparu. Confortée par le récit de cette tragédie dans son idée que la bébête est décidément un garçon formidable, probablement parce qu'elle a été distraite pendant les passages qui montrent que c'est parce qu'il était égoïste et indifférent aux supplications de sa femme qu'il s'est fait maudire comme ça, Belle continue de partager avec lui des conversations de type "je ne suis qu'un horrible monstre, personne ne peut m'aimer" "mais si" "mais non" "mais si" jusqu'à ce qu'il soit enfin l'heure pour tout le monde d'être beau, riche et heureux avant le générique chanté par un ancien gagnant de The Voice conformément aux souhaits de Gabrielle-Suzanne de VIlleneuve (ou Jeanne-Marie Leprince de Beaumont) (ou Giovanni Francesco Straparola).

Peu importe qu'au final le symbole ne signifie rien et que le film n'ait rien à dire,
tant que tu mets un truc vaguement sexuel ça fait tout de suite cinéma d'auteur !

Le problème quand on fait un film qui coûte des dizaines de millions, c'est qu'il faut essayer de contenter trop de gens pour ramasser de quoi le rembourser. Alors, soit on fait un film tellement génial que tout le monde aura naturellement envie d'aller le voir, soit on assemble des éléments censés faire plaisir, les uns aux grands, les autres aux petits, d'autres aux moyens, des éléments qui font plaisir aux filles, d'autres aux garçons, et puis aux différents marchés européens, au public qui veut du cinéma "à l'américaine" qui "t'en met plein la vue", à celui qui veut du cinéma populaire Label Qualité France™, des éléments qui imbriqués n'importe comment forment un gros conglomérat de n'importe quoi complètement indigeste. On a un peu l'impression que, comme tout le monde connaît déjà l'histoire, le film ne cherche pas vraiment à la raconter, juste à l'illustrer par une série de vignettes sorties d'un ordinateur. Tu sais déjà que la Belle va tomber amoureuse de la Bête alors pourquoi se faire chier à vraiment essayer de dépeindre des personnages et une relation qui évoluent ? Regarde, voilà une belle scène de bal, voilà une scène pour avoir peur, voilà une scène de mystère, et peu importe que parfois ça se répète, tourne en rond, ou semble s'enchaîner dans le désordre.

Il y a des femmes à poil pour faire plaisir aux papas, mais elles sont pudiques jusque dans la mort.
(et je ne dévoile rien que la bande annonce ne dévoile pas elle-même donc commencez pas à chialer)

Pour un adulte normal comme vous et moi, je dirais que c'est mi-amusant pour le côté nanar, mi-gavant. Après, je peux comprendre que les petits enfants amateurs d'histoires de princesses et de magie s'en contenteront parce qu'ils trouveront ça joli comme une publicité pour des chocolats de Noël ou du parfum. Et je suppose même que certaines grandes personnes se réjouiront par fierté de voir qu'en France aussi on a un réalisateur qui peut faire de grosses croûtes d'heroic fantasy inintéressantes et clinquantes comme Le Hobbit. Mais vous et moi on vaut mieux que ça n'est-ce pas ?

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 14:46

En mars prochain bien sûr vous irez tous voir la nouvelle version dans laquelle Emma Watson prouvera qu'une fille peut trouver l'amour dans les bras d'un homme riche grâce au syndrome de Stockholm, parce que le féminisme c'est bien sympa mais un beau gros chèque signé Disney c'est difficile à refuser. Pour vous aider à patienter, je me permets de vous proposer une autre adaptation de La Belle et la Bête, un téléfilm produit pour la chaîne Syfy par le réalisateur de Commando avec Schwarzenegger, qui nous annonce sur sa jaquette que "cette fois-ci, ce n'est pas un conte de fée". Eeeeeeh ouais les gars, parce que les studios vous respectent, ils savent que vous n'êtes plus des gamins, alors là c'est la VRAIE histoire sombre et réaliste telle qu'elle s'est VRAIMENT passée pour de VRAI, pas des bobards pour faire rêver les petites filles. Ca n'interdit pas, en revanche, d'essayer de faire rêver les grands garçons avec le physique d'Estella Warren. En tout cas moi je sais que sans sa présence au générique j'aurais pas dépensé 1€ pour me procurer le DVD, mais je suis peut-être le seul à me souvenir avec émotion de cette pauvre fille, une ancienne championne de natation synchronisée et ancienne mannequin dont la carrière d'actrice s'est écrasée au décollage avec La Planète des singes de Tim Burton, et dont le plus gros film depuis a été Kangourou Jack avec Jerry O'Connell.

Belle est ici une lavandière qui aime se promener en mini-robe décolletée dans les bois à la recherche d'ingrédients pour ses lessives. Un jour, elle est sauvée des griffes d'un loup par la Bête, un métalleux clochard avec un masque d'orc récupéré dans les poubelles du Seigneur des Anneaux, qu'on accuse de tous les crimes commis dans la région. Ceux-ci sont en réalité l'oeuvre d'une bestiole en images de synthèse invoquée par une sorcière qui l'utilise pour convaincre son cousin, un noble qui espère hériter du trône à la mort du roi, de la choisir comme future reine, le plan étant que tant qu'il refusera le monstre continuera à bouffer ses soldats, mais que s'il accepte elle l'aidera à capturer la Bête et à tout lui mettre sur le dos pour se faire passer pour un héros auprès du peuple, et s'assurer ainsi d'accéder au pouvoir (qu'il semble à vrai dire déjà posséder avant même d'être roi, et qui consiste à régner sur un unique village d'une vingtaine d'habitants). Heureusement dès sa deuxième rencontre avec la Bête, Belle a compris que c'était un brave garçon qui méritait qu'elle risque sa vie pour l'aider, et ensemble ils vont tenter de rétablir la vérité.

Estella Warren garde la même tenue tout le temps de l'aventure, qui dure pourtant plusieurs jours,
mais on ne va pas s'en plaindre, hein, j'ai raison ou quoi les gars ?


C'est moi ou ça fait un peu beaucoup d'intrigue pour l'adaptation d'une histoire à la base aussi simple que "une gentille fille apprend, en vivant auprès d'un homme monstrueux, qu'il ne faut pas juger les gens sur leur apparence" ? C'est sans doute parce que CETTE FOIS-CI CE N'EST PLUS UN CONTE DE FEE. La vraie vie des personnages imaginaires, c'est compliqué. Bon enfin je taquine mais à vrai dire je peux comprendre que cette énième version ait décidé de mettre de côté la leçon de morale (par ailleurs légèrement hypocrite puisqu'à ma connaissance dans toutes les versions la Bête finit par se transformer en beau gosse comme ça la Belle n'est pas obligée de se marier avec un monstre, parce que les apparences ça compte pas jusqu'au moment où, quand même, ça compte un peu), et de raconter autre chose à la place. Même si ce prétexte de révéler "la véritable histoire" (qui n'est pas qu'un slogan pour la jaquette, c'est répété au début du film lui-même par le narrateur) est absurde, en théorie ne pas raconter exactement la même chose que tous ses prédécesseurs est une bonne idée.

Sans doute pour enfoncer le clou sur le fait que ce n'est pas une gentille fable pour gamins,
cette adaptation comporte plusieurs scènes particulièrement sanglantes.


Malheureusement, comme le film ne laisse dès le départ aucune ambiguïté sur l'identité et les motivations des vrais coupables et sur la vraie nature de la Bête, c'est un peu difficile de se passionner pour cette histoire de complot. D'autant qu'on sent bien que les auteurs ne croyaient pas que quelqu'un se donnerait la peine de regarder jusqu'au bout pour de vrai, et que le scénario paraît de plus en plus bâclé au fur et à mesure qu'il avance. Il y a par exemple une scène vers la fin où la Bête doit s'introduire dans le château par la fenêtre, en escaladant une tour, puis 2 minutes plus tard elle est sauvée par la Belle qui débarque dans la pièce par la porte sans qu'on sache comment elle a bien pu y accéder, et après ça nos deux héros recommencent une conversation qu'ils avaient déjà eue à la scène précédente, avant d'être rejoints par un de leurs potes qui n'avait pourtant aucun moyen de savoir qu'ils étaient là (et dont on ne sait pas comment il a réussi à entrer lui non plus).

Le film se donne la peine de mentionner que le fait que la Bête ne se batte qu'à l'arbalète
est de notoriété publique,et pourtant personne ne doute jamais de sa culpabilité
quand les victimes sont retrouvées décapitées, griffées et mâchouillées.


Les personnages eux-mêmes n'ont pas grand intérêt non plus, et on retrouve à peu près tous les défauts de ce genre de téléfilm fauché : dialogues insipides, décors minables, effets spéciaux indigents, acteurs inconnus qui ne cherchent même pas à cacher qu'ils n'ont pas envie d'être là. Pour un fan de nanars mort de faim, il y a 2-3 petites choses à se mettre sous la dent, comme la scène où "les chiens ont suivi sa trace jusqu'au ruisseau !" mais on ne voit jamais les fameux chiens parce que louer des animaux à un dresseur ça coûte cher et on ne les entend pas non plus parce qu'apparemment même mettre un bruit d'aboiements au loin c'était déjà trop d'efforts. Ou le fait que les graphistes se soient donné la peine de modéliser des fesses au troll. Ou le personnage qui s'étonne que "derrière son aspect monstrueux j'ai découvert que la Bête était la plus gentille créature que j'aie connue" alors qu'il sait depuis le début que c'est simplement un humain victime d'un sort, et qu'il l'a élevé lui-même depuis sa naissance.

Le golem de la sorcière (qu'ils appellent "troll") est probablement la version sans poil
d'un modèle de loup-garou piqué à un autre film, et les images de synthèse sont
encore plus bas-de-gamme que ce que proposent habituellement les productions Syfy.


Malgré ces rares gags involontaires, ou le charme poupin de sa vedette, je ne pense pas qu'il y ait vraiment de quoi justifier de passer une heure et demie devant. Enfin, je ne sais pas, peut-être que c'est encore drôle pour quelqu'un qui n'aurait pas déjà vu des dizaines de productions Syfy exactement dans la même veine, mais moi ça fait un petit moment que je suis blasé face à banquet royal dont l'aliment le plus luxueux est une grappe de raisins, un village médiéval dont on ne voit jamais plus de deux bâtiments, ou une actrice qui n'arrive jamais à prononcer correctement les noms compliqués comme "Ahura Mazda".

 

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La Belle et la Bête (Beauty and the Beast, 2009), réalisé par David Lister (Malibu Shark Attack) sur un scénario de Gavin Scott (Small Soldiers). Avec Estella Warren (La Planète des singes), Rhett Giles (Quantum Apocalypse), Vanessa Gray (The Strip), Victor Parascos (Les Sirènes de Mako).

 

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 08:34

Toujours déterminé à conquérir le box office mondial avec des épopées qui coûtent bonbon à l'échelle de la production cinématographique de son pays, le rappeur malaisien Yusry Kru, réalisateur du Choc des Empires, a cette fois choisi de s'attaquer à la mythologie européenne et a réussi à débaucher quelques têtes connues du public occidental. Bon, pas des vraies stars, mais deux acteurs qui tournent beaucoup pour Uwe Boll, ce qui fait que ça donne tout de suite au produit un côté "merdouille à la The Asylum pour le marché du DVD à petit prix" plutôt que "fresque historique spectaculaire pour le grand écran". Et en même temps c'est pas comme si le cinéma de Malaisie était beaucoup distribué en France donc il faut admettre que le mec a quand même partiellement atteint son but même si son film n'est pas sorti en salles ici.

Ca se passe à l'époque où les Vikings ont presque totalement abandonné leurs anciennes croyances au profit du christianisme. Mais Thor, le dieu de la foudre, ne l'entend pas de cette oreille et décide de s'incarner pour aller reconquérir le coeur des fidèles à grands coups de marteau magique dans la gueule. Il compte profiter de l'Eclipse de Sang, un événement qui a lieu une fois tous les 800 ans, pour ouvrir les portails entre les différents monde en utilisant trois artefacts qui, non, écoutez, allez, on va pas essayer de résumer ce truc tortueux et absurde dans les détails. En gros il y a deux types stéroïdés avec des perruques, un qui joue Thor, c'est le méchant, l'autre qui joue Eric le Sanguinaire, c'est le gentil, et avec l'aide d'un groupe cosmopolite de compagnons de voyage Eric va tenter de mettre une branlée à Thor. En chemin, il y a des batailles, des trahisons, de la magie, des monstres, etc.

Vikingdom, c'est la version moderne de l'heroic fantasy italienne produite par la Cannon dans les années 80, façon Barbarians ou Sinbad. On garde les bases : de mauvais acteurs musclés qui se bagarrent dans des décors factices et bariolés au gré d'un scénario gentiment débile qui n'a retenu des mythes et périodes historiques dont il s'inspire que quelques noms de personnages connus. Mais on adapte tout ça aux tendances d'aujourd'hui. Plutôt que de fabriquer des grottes et des châteaux en carton-pâte on filme tout en studio et on plaque sur les fonds verts des textures qui semblent avoir été piquées au jeu vidéo Skyrim. Au lieu d'utiliser sans modération des couleurs chatoyantes pour faire "film hollywoodien en Technicolor" on utilise sans modération la retouche numérique pour faire "film hollywoodien recolorisé par un daltonien". Dans les bastons, on remplace les manchettes et prises de lutte par des virevoltes au ralenti ou en accéléré parce que Yusry Kru ne s'est toujours pas remis de 300.
 


Le guignol emperruqué qui joue le dieu de la foudre n'est autre que le premier des
culturistes à s'être succédé dans le rôle de "La Montagne" dans
Game of Thrones.
Ici, il est doublé façon méchant de film de karaté des années 70.


Le Choc des Empires, sans être très réussi, restait appréciable au premier degré, mais cette rencontre improbable entre Luigi Cozzi et Zack Snyder tient plutôt du nanar. Entre l'intrigue crétine avec ses dieux nordiques qui ont besoin du "Collier de Marie-Madeleine" pour ouvrir un portail à Stonehenge qui permet de vaincre le Dieu chrétien, l'acteur principal qui joue comme un parpaing, le copain chinois qui fait du kung fu au milieu des vikings, le marteau de Thor en polystyrène, les couleurs baveuses dégueulasses qui donnent au même personnage, d'une scène à l'autre, un costume tantôt bleu vif, tantôt gris, et des cheveux parfois bruns, parfois verts, ça a son petit charme, il y a de quoi rigoler un peu. Hélas, la série Z, c'est sympa quand c'est court, mais quand ça dure 2h, à moins que l'auteur soit un pur génie de la connerie, l'ennui finit par l'emporter.
 


Brutales et agrémentées de quelques cascades sympathiques, les batailles sont
les seuls moments où
Vikingdom ressemble un peu à un vrai film.


Au moins, c'est plus ambitieux et inventif que des navets imbitables comme Drakkar ou Thor et le Marteau des dieux. Les scènes d'action sont même potables, et visuellement il y a des moments de pure bizarrerie comme une hallucination de chevaux sous-marins, ou un mur de femmes à poil en or. C'est pas dans n'importe quel mauvais film de vikings qu'on voit ça. Mais entre les choix artistiques douteux et la bêtise confondante de l'intrigue, c'est vraiment à réserver aux amateurs de comique involontaire et de ratages catastrophiques. Et même ceux-là devront bien s'accorcher pour arriver jusqu'à la merveilleuse ballade rock ringarde qui sert de générique de fin, parce qu'il y a bien 40 minutes de trop pour l'apprécier pleinement.

 

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Vikingdom, l'éclipse de sang (Vikingdom, 2013), réalisé par Yusry Kru (Cicak-Man) sur un scénario de James Coyne. Avec Dominic Purcell (Prison Break), Natassia Malthe (Dead or Alive), Conan Stevens (Le Hobbit), Craig Fairbrass (Cliffhanger), Jon Foo (Tekken).

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 07:01

Le 13eme guerrierBanderas, voilà un type qu'on n'aurait pas forcément imaginé en star du cinéma d'action à ses débuts chez Almodovar dans les années 80. Et puis il y a 20 ans il a fait Desperado et Hollywood s'est ensuite efforcé de l'imposer comme nouvelle tête d'affiche du genre, avec plus ou moins de succès. Souvent moins, d'ailleurs, puisqu'en dehors des deux Zorro, il a rarement affolé le box office. Il faut avouer que ses plus gros fans sont moins les amateurs d'action que nos mamans, et que nos mamans veulent bien le voir en héros intrépide mais qu'il faut qu'il soit un peu chevaleresque et romantique quand même. Du coup, le pauvre Antonio s'est plusieurs fois planté de façon spectaculaire, notamment avec le fameux Ballistic, mais aussi avec Le 13ème guerrier, que je me permets donc d'accueillir ici bien que ce soit un "gros" film. Tellement gros que c'est le film qui a le plus perdu d'argent de toute l'histoire du cinéma si on tient compte de l'inflation. Eh ouais, même plus que Waterworld. Entre les décors, les armes et armures, les chevaux, les figurants, le budget de départ devait déjà être assez conséquent, et il a dû exploser quand John McTiernan, le réalisateur, s'est fâché avec Michael Crichton, l'auteur du roman original (Le Royaume de Rothgar), et que chacun s'est mis à tourner séparément sa version. Et au moment de le sortir en salles, le studio n'y croyait plus et a accepté le bide sans broncher au lieu d'engloutir encore plus de fric dans sa promotion.

Adapté, donc, d'un roman du papa de Jurassic Park, lui-même inspiré de l'épopée Beowulf et des récits d'un voyageur arabe ayant rencontré et décrit des peuplades nordiques, le film suit le périple d'Ahmed Ibn Fahdlan, ancien poète à la cour du calife exilé en Scandinavie pour avoir séduit la femme d'un gros bonnet de Bagdad. Sa route croise celle d'une horde de Vikings dont le chef Buliwyf reçoit un message de détresse du roi Hrothgar, qui l'implore de le débarrasser des Wendols, des monstres mangeurs d'hommes qui ravagent ses terres. L'oracle annonce à Buliwyf que la mission nécessite treize guerriers, dont un étranger à la peau sombre, parce que même à l'époque des prophéties il y avait des quotas ethniques, et Ahmed se laisse enrôler à contrecoeur dans le rôle du fameux copain rebeu qui sert de caution morale aux blagues racistes quand l'ami noir est occupé. Parvenu au village de Hrothgar, Buliwyf s'aperçoit qu'il ne reste plus assez d'hommes pour affronter l'ennemi aux côtés de son petit groupe, mais l'espoir renaît quand Ahmed comprend que les Wendols ne sont pas des démons, mais simplement des hommes couverts de peaux de bêtes.


Les batailles ne sont pas forcément parmi les plus spectaculaires qu'on ait pu voir au cinéma,
mais au moins on comprend à peu près ce qui s'y passe et à quels moments
un camp prend l'avantage sur l'autre.


Même si je me doutais que je n'allais pas avoir affaire à un chef-d'oeuvre injustement boudé, j'avoue que j'espérais un peu mieux de John McTiernan. Mais c'est difficile d'obtenir quelque chose de réussi en scotchant ensemble deux films réalisés par des mecs qui se font la gueule. Le résultat est regardable, quelques bonnes idées ayant survécu au milieu de cet assemblage de scènes, mais entre les éléments sous-developpés, ceux qui se contredisent, et ceux qui sont abandonnés sans explication, on ne peut pas dire qu'il subsiste vraiment une histoire solide ou de bons personnages. Dans les meilleurs moments, il y a le genre de choses qu'on apprécie dans les films de bonhomme : un respect mutuel et une franche camaraderie qui se nouent entre des gars bourrus mais qui ont bon fond, de vaillants gaillards prêts à prendre les armes pour l'honneur et la gloire même s'ils n'ont aucune chance, des batailles bien violentes et mises en scène à peu près correctement. Et dans le genre "essayons d'imaginer les faits réels derrière la légende", le film s'en tire de façon un peu plus intéressante que son concurrent direct Beowulf, la légende viking et que des superproductions comme Le Roi Arthur ou le Robin des bois de Ridley Scott.


Ah, ça, on sent que c'est un film américain d'avant septembre 2001.


Mais il y a, malheureusement, plein de choses qui ne fonctionnent pas trop, à commencer par le héros lui-même, dont on finit par se demander ce qu'il apporte à l'histoire de Beowulf. Certes, on appréciera qu'il ne tombe pas dans le cliché du couard incapable qui apprend à devenir un homme, un vrai, et qu'il s'agisse probablement du dernier Arabe musulman montré sous un jour 100% positif dans une production hollywoodienne. Mais ce qui fait sa spécificité au sein du groupe de barbares se retrouve vite dilué. Ce n'est pas un homme d'action... mais il ne rate pas une occasion de se montrer héroïque, et se révèle très habile au cimeterre sans qu'on nous explique pourquoi un poète est aussi doué pour la bagarre. C'est le malin de la bande... mais ses potes vikings sont en fait rusés eux aussi, et au bout du compte c'est à grands coups d'épée dans la gueule que se résout le conflit, pas grâce à la sagesse d'Ahmed ou à la supériorité de la science arabe. Du coup, ce 13ème larron n'est vraiment qu'un guerrier de plus, qui ne sert qu'à faire de l'ombre à celui qui devrait être le vrai protagoniste.


Ahmed a beau se défendre d'être un guerrier, dès qu'il a entre les mains une lame plus adaptée
à sa morphologie que les lourdes épées vikings, il fait des prouesses.


Buliwyf est tellement relégué au second plan de sa propre saga qu'il n'a pas le temps de développer la moindre personnalité. Et ses compagnons ne sont pas mieux lotis. Pourtant, le générique de fin attribue à chacun un trait de caractère : "Querelleur", "Superstitieux", "Grincheux", "Atchoum"... S'ils ont filmé de quoi justifier ces surnoms, tout a été coupé au montage. Sacrifiée également, une intrigue secondaire sur un complot du fils de Hrothgar, qui se développe sur quelques scènes au milieu du film avant d'être balayée sous le tapis sans cérémonie. En revanche, des passages gentiment couillons ont été conservés, comme quand Ahmed apprend à parler couramment la langue des Vikings rien qu'en les écoutant discuter entre eux, ou quand Buliwyf est fasciné par l'art de "dessiner les mots", comme si le concept d'écriture était quelque chose d'inconnu et magique pour les civilisations nordiques.


Les rares personnages féminins ne font guère plus que de la figuration intelligente
et la petite amourette d'Ahmed avec une jolie suédoise ne durera que quelques minutes.


Au final, ça ne vole pas très haut, c'est un peu avare en rebondissements, ça manque de scènes d'action vraiment spectaculaires et d'un protagoniste mémorable. Mais ça a son petit charme quand même, pour un amateur d'aventures médiévales ça n'est pas désagréable à regarder et ça vaut nettement mieux que les films de Vikings bas-de-gamme sortis directement en DVD ces dernières années. Omar Sharif, qui a un petit rôle au début, affirme qu'il a eu tellement honte du film qu'il a failli prendre sa retraite plutôt que continuer à cachetonner dans des merdes ; venant d'un type qui a tourné des pubs pour une revue de pronostics de tiercé, ça me fait doucement goleri qu'il juge Le 13ème guerrier indigne de lui. Mais c'est sûr que c'est pas super réussi. Il faut aimer les histoires basiques de brutes qui coupent des têtes et ne pas espérer quelque chose de la trempe de Predator et Piège de cristal pour ne pas être déçu, mais à défaut d'être digne de ce qu'on pouvait espérer de John McTiernan, c'est meilleur que ce qu'on pouvait craindre de l'échec le plus coûteux de l'histoire du cinéma.


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Le 13ème guerrier (The 13th Warrior, 1999), réalisé par John McTiernan (Piège de cristal) et Michael Crichton (Runaway, l'évadé du futur) sur un scénario de William Wisher (Terminator 2) et Warren Lewis (Black Rain). Avec Antonio Banderas (Desperado), Vladimir Kulich (Equalizer), Dennis Storhøi (D'une vie à l'autre), Tony Curran (Shuttle), Sven Wollter (Carambole).

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 14:26

Bloodrayne 2 DeliveranceAllez, continuons la fête avec, pour ce 300ème DVD en 5 ans, la suite du tout premier film chroniqué ici, l'adaptation du jeu vidéo Bloodrayne. C'est toujours signé par Uwe Boll, cinéaste médiocre qui s'est bâti une carrière internationale sur sa réputation de "pire réalisateur du monde" il y a une dizaine d'années (eh oui, déjà), mais qui séduit aujourd'hui les petits Blancs énervés avec ses histoires de mecs en colère qui nik le Système à coups de flingues parce que bon, le Système hein, j'ai raison ou quoi les gars ?

Dans cet épisode, Kristanna Loken est remplacée par Natassia Malthe dans le rôle-titre. Natassia Malthe c'est un peu la fille qu'on embauche quand le budget ne permet même pas de s'offrir Rhona Mitra (ou Kristanna Loken, donc). Et je n'ai rien contre cette brave fille mais sa présence donne une idée assez claire de la mentalité qui a présidé à la production de Bloodrayne 2 : "puisque de toutes façons je vais faire de la merde, autant la faire pour le moins cher possible". Boll serait-il l'inventeur de la méthode Asylum ou bien doit-on simplement accuser Roger Corman ? Mais je m'égare. L'action quitte l'Europe du XVIIIème siècle pour l'Amérique du XIXème. La ville bien tranquille de Deliverance finit d'installer sa ligne de chemin de fer lorsque le gang de Billy le Kid décide d'y élire domicile. En effet, Billy et sa bande sont en réalité des suceurs de sang qui comptent sur l'arrivée en masse de voyageurs par le train pour se goinfrer. Pas de chance pour eux, c'est également le moment qu'a choisi Rayne, la chasseuse de vampires, pour rendre visite à des amis dans la région. Et elle n'est pas ravie d'avoir fait le déplacement pour se retrouver face à leurs cadavres.


Bloodrayne 2 02La petite mannequin norvégienne Natassia Malthe, aperçue dans des séries B aussi inoubliables
que
Lake Placid et Elektra
, est bien mignonne,
mais pas spécialement convaincante en héroïne de film d'action.


Mes amis, j'aurais aimé vous écrire une belle chronique bien rigolote pour cette 300ème, mais il n'y a vraiment pas grand'chose à dire sur ce téléfilm minable. Le réalisateur-producteur a acheté le scénario de western le moins cher qu'il a pu trouver, l'a fait retoucher à la va-vite pour y insérer un personnage dont il possédait les droits d'exploitation, et a filmé paresseusement au caméscope l'habituelle bande d'acteurs de troisième zone à laquelle il est obligé de faire appel depuis que sa réputation et/ou son budget ne lui permettent plus de sortir ses films autrement qu'en direct-to-video et de s'offrir Jason Statham ou Christian Slater. Quand on pense que l'un des quelques éléments qui faisaient du premier film un objet de curiosité à peu près regardable, c'était la présence d'autant de vedettes dans une production aussi bas-de-gamme, et qu'ici les acteurs les plus connus sont Zach Ward et Michael Paré, on comprend qu'il va être difficile pour Bloodrayne 2 de ne pas somber dans l'inintérêt total.


Bloodrayne 2 03Le héros de Postal pour succéder à Ben Kingsley, Billy Zane et Meat Loaf dans le rôle du méchant,
et celui de Komodo vs Cobra pour remplacer Michael Madsen dans celui du faire-valoir,
pas de doute on est bien dans le pire de ce que peuvent être les suites destinées au marché du DVD.


Car malheureusement il n'y a rien pour sauver le film. L'intrigue est con, les péripéties sont plus de l'ordre du bête remplissage que du véritable rebondissement (Rayne constitue une équipe de tueurs, chaque membre a droit à sa scène de recrutement mais accepte sans broncher, ensuite ils se font buter sans avoir rien accompli). Ca a clairement été écrit à la base pour de simples hors-la-loi plutôt que des vampires, et retravaillé précipitamment... Le chef du gang a un accent européen parce que c'est bien connu que les vampires viennent des Carpathes... mais c'est quand même Billy le Kid parce que, ben pourquoi se faire chier à changer TOUT ce qui était dans le scénar d'origine ? Et dans une scène, on voit les chasseurs de vampires s'équiper de balles en argent puisées dans une caisse remplie d'ail... puis dix minutes plus tard un groupe de civils parvient à tuer les vampires avec des munitions normales... mais encore après, on a droit à une exécution à coups de pieu dans le coeur... Ah c'est compliqué de se relire avant de commencer à tourner hein ?


Bloodrayne 2 01Michael Eklund, devenu aujourd'hui le chouchou des productions WWE Studios,
surjoue gentiment un personnage de prêtre-desperado qui finit par se révéler complètement inutile.


Le premier épisode est immanquablement cité dans chaque "Top 10 des pires adaptations de jeux vidéo" que publient les sites de divertissement chaque fois qu'il y en a une nouvelle qui sort, mais cette suite est pire à tous les niveaux. L'histoire est bidon, l'action est plate, ça n'est même pas un peu sexy... Ca n'est jamais drôle dans sa nullité, simplement ennuyeux. Pas la peine de perdre votre temps avec ce navet.

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6 novembre 2014 4 06 /11 /novembre /2014 08:00

Dagmar L Ame des VikingsEn voilà un que j'ai évité quelques temps après quelques expériences malheureuses dans le genre "film de Vikings dont t'as jamais entendu parler avant son arrivée en DVD en solde". Et puis j'en ai lu une critique élogieuse qui m'a rendu curieux. Je me suis dit que fêter le 5ème anniversaire du blog avec un bon film, ça nous changerait un peu.

Ca se passe en Norvège au XIVème siècle donc ça n'a rien à voir avec les Vikings de ce titre français gentiment débile. En gros c'est comme si Inglourious Basterds avait été rebaptisé Landa, l'âme des Prussiens. Ajoutons à ça le fait que le visage de l'actrice Ingrid Bolso Berdal, pas vraiment une vilaine fille, hein, j'ai raison ou quoi les gars ?, a été photoshoppé à mort pour ressembler à une sorte de monstre asexué, et on a la triste impression que le distributeur avait vraiment peur de ne pas réussir à vendre le film sans avoir à mentir aux gens comme moi. Ayez un peu confiance en nous, bordel. Oui on est des bourrins amateurs de films de brutes en cottes-de-maille qui s'étripent, et en même temps, on peut s'intéresser à autre chose de temps en temps. Pas la peine de faire semblant que c'est une histoire de barbares qui se fightent avec un troll, façon Beowulf. Avouez simplement que c'est un thriller médiéval dont les trois personnages principaux sont des femmes, on va pas tous se sauver en courant pour acheter Berserkers à la place quand même. Les gens lisent mon blog par millions, ils sont prévenus que c'est de la merde.


Dagmar L Ame des Vikings 01
Ingrid Bolso Berdal, vue récemment dans Hercule, n'arbore clairement pas son habituel look de mannequin,
mais on est quand même bien loin du monstre défiguré par lequel le graphiste l'a remplacée sur la jaquette du DVD.


Bon, j'en étais où, moi ? Ah oui donc la Norvège au XIVème siècle, une région post-apocalyptique puisque l'épidémie de peste noire en Europe a laissé derrière elle une campagne déserte, des maisons abandonnées, et des petits groupes de survivants à la merci de pillards sauvages. La jeune Signe voit disparaître toute sa famille dans une attaque de bandits de grand chemin mais se voit épargnée par leur chef, la cruelle Dagmar. Emmenée au campement de ses ravisseurs, Signe comprend que Dagmar ne lui a pas laissé la vie sauve par bonté d'âme : elle ne peut plus avoir d'enfant, mais comme sa fille adoptive Frigg veut une petite soeur, elle va laisser ses hommes se charger d'engrosser la malheureuse adolescente kidnappée. Pas spécialement ravie à l'idée de se faire violer en bande par les brigands qui ont tué ses parents et son frère, Signe va devoir tenter de convaincre Frigg de l'aider à fuir.


Dagmar L Ame des Vikings 04J'ai plutôt tendance à déplorer que beaucoup de films soient trop longs mais ici,
certains éléments comme
la brève apparition d'un vieux guerrier vagabond me font au contraire regretter

que le film n'ait pas pris un peu plus de temps pour les développer.


Dans le genre "film d'aventures moyen-âgeux", faute de budget il semble que beaucoup de cinéastes renoncent à l'option "grande fresque épique" et s'orientent vers la simple traque en pleine nature entre petits groupes. Mais là où les auteurs de Drakkar ou Hammer of the Gods se sont bien vautrés avec des films chiants comme tout, le réalisateur de Cold Prey signe 75 minutes d'une course-poursuite tendue, habilement mise en scène, et dont la force ne tient pas que dans son suspense, puisque les personnages et leurs rapports sont un peu plus complexes et originaux qu'à l'accoutumée. Oh, bien sûr il y a quand même l'habituel groupe de stéréotypes d'affreux barbares (le vicelard obsédé par le viol de sa captive, le costaud un poil simplet, le maigrichon à l'air fourbe). Mais pour une fois ils ne sont pas uniquement motivés par une soif de sang et de richesses, ils sont dans une situation où l'extrême pauvreté de tout le monde les a poussés au crime. En fait il y a un petit côté "lutte des classes", on comprend qu'ils ont une vie encore plus misérable que les honnêtes villageois qu'ils dépouillent. Ils sont contents de pouvoir ramener quelque chose d'aussi "luxueux" qu'un jouet pour enfant dans leur butin. Et puis, même parmi les méchants il y en a un qui est plus sympa, avec plus d'instinct paternel que d'envie de viol.


Dagmar L Ame des Vikings 02Un film qui arrive à être violent et sanglant comme on l'espère d'un truc avec "vikings" dans le titre
(même si, une fois de plus, il n'y a pas de vikings dans le film) tout en laissant la part belle
à de bonnes performances d'actrices, c'est assez rare pour être salué.


Mais comme je disais plus haut, les trois rôles principaux sont féminins, et ce sont les plus intéressants. Dagmar est une méchante avec un passé tragique, qui fait preuve d'un pragmatisme froid et impitoyable tout en se comportant aussi en mère protectrice qui a besoin d'amour. Elle massacre la famille de Signe sans sourciller, mais refuse que ses hommes la maltraitent, mais la destine quand même à un sort horrible, mais fait ça pour faire plaisir à sa fille, mais la terrorise au passage. Signe est l'innocente de service, que les événements vont forcer à s'endurcir, mais pas dans le genre "c'est cool de devenir une guerrière", plutôt "c'est affreux que ma survie dépende de ça maintenant". Elle aimerait arracher la petite à sa vie de merde tout en se demandant si elle n'est pas plus en sécurité parmi les sauvages qui l'ont kidnappée. Frigg peut se montrer tantôt déjà blasée, tantôt encore fragile et enfantine. Elle voit arriver Signe comme une rivale potentielle puis se met à espérer qu'elle peut gagner une grande soeur affectueuse si elle renonce à une maman tordue.


Dagmar L Ame des Vikings 05Alors un truc quand même qui me chagrine dans ce film c'est que moi dans la vie j'aime bien
d'autres couleurs en plus de l'orange brunâtre et du bleu grisâtre mais que c'est malheureusement
les deux seules qu'on est autorisés à voir dans la majorité des scènes.


La majorité des films que je chronique ici me donnent envie de couper au bout d'un quart d'heure et que celui-ci m'a tenu en haleine jusqu'au bout, donc forcément, pour une fois, c'est un achat recommandé. Après je voudrais pas vous le vendre comme un chef-d'oeuvre indispensable, le scénario est basique, certains rebondissements sont prévisibles, le traficotage numérique des couleurs est dégueulasse. Mais c'est vraiment un très chouette petit film d'action et d'aventures, nerveux et tendu sans être bourrin et débile, qui a de quoi séduire le lectorat de Causette sans ennuyer celui d'Impact (ça re-existe toujours Impact ou c'est re-mort ?) et inversement. Pour célébrer cinq années à vous parler de trucs nazes, un bon film c'était peut-être pas le choix le plus approprié, mais moi ça me fait quand même plaisir.

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 09:03

Fire and SwordA cause du titre, je pensais qu'il s'agissait d'une adaptation de Par le fer et par le feu de Sienkiewicz (en gros, Tarass Boulba du point de vue des Polonais) (là si j'avais vraiment des lecteurs je recevrais sûrement 250 commentaires pour me dire "haha non pas du tout"), d'autant que le réalisateur Jerzy Hoffman en a bien signé une. Et comme il y a des Vikings et un drakkar sur la jaquette, je me suis dit que le distributeur français était prêt à nous baratiner pour nous le vendre. En fait, j'avais tort : c'est tiré d'un tout autre roman, lui-même basé sur un conte historico-légendaire, et le fan club d'Odin y joue effectivement un rôle.

Ca se passe au 9ème siècle alors que les Polonais, pas encore convertis au christianisme, vénèrent le dieu-soleil. Le régent Popiel, pour faire plaisir à son épouse arriviste et manipulatrice (vous savez comment son les bonnes femmes hein, j'ai raison ou quoi les gars ?), élimine toute sa famille par la ruse pour se faire proclamer prince. Le chef de ses armées trouve que ça ressemble drôlement plus à un assassinat en masse qu'à un gros accident, et préfère s'exiler. Il fait part de ses soupçons aux clans vassaux qui décident alors de se révolter, mais faute d'avoir choisi un chef, les rebelles sont mis en déroute par Popiel et ses alliés vikings. Alors, par amour pour une jolie prêtresse, un jeune chasseur intrépide va se décider à mener l'insurrection.

Mes incursions dans le cinéma slave et le film avec des vikings ont rarement été très satisfaisantes, mais Fire and Sword est une bonne petite surprise. L'éditeur le compare à Wolfhound, je n'irai pas jusque-là mais c'est clairement mieux que Barbarians ou Prince Yaroslav. L'intrigue est tout à fait compréhensible même pour quelqu'un qui ne connaît rien à l'histoire des pays de l'Est, ce qui n'est pas forcément le cas dans le films susmentionnés, et tout en suivant un parcours relativement classique d'humble guerrier qui devient un sauveur du peuple, recèle son lot de rebondissements et manigances à la Game of Thrones, avec le vieux saligaud (Bogdan Stupka, le Taras Bulba de Barbarians, toujours aussi "subtil" dans son jeu) et sa femme qui enchaînent les coups de pute pour se débarrasser des prétendants au trône, s'assurer l'obéissance de ses vassaux, recruter les services d'ennemis communs pour forcer les mutin à rentrer dans le rang en échange de sa protection.


Fire and Sword 01Nous discutions l'autre jour avec une jeune lectrice du fait qu'au cinéma, l'arc est plutôt une arme de fille,
mais une fois n'est pas coutume, le héros de Fire and Sword est meilleur archer que bretteur.


Les personnages sont intéressants, pas aussi prévisibles que peuvent l'être les héros légendaires. Bien sûr le beau gosse (un genre de Brad Pitt polonais) et la jolie nana (qui a tourné en France pour le frère d'Agnès Jaoui) tombent amoureux, mais leur relation est originale, peut-être tout simplement parce que le réalisateur n'a pas tenu à en faire un couple moderne comme il est d'usage aujourd'hui dans les films d'époque, et a accepté qu'au Moyen-Âge, les sujets de Confessions intimes étaient du genre "Mon mari m'a enlevée à ma tribu", "Chérie, choisis, c'est le Dieu-Soleil ou moi !" ou "Ma femme passe trop de temps chez la sorcière". La fille ne se jette pas dans les bras du gars mais ne fait pas non plus la pimbêche pas intéressée, elle a un serment familial à respecter et s'y tient avec une ferveur farouche. Son soupirant, de son côté, a décidé que l'affaire était conclue même s'il fallait passer par un enlèvement pour ça. Ce qui est d'ailleurs lié à un aspect de sa personnalité qui le distingue de l'archétype du héros récalictrant à la Yan Solo : ce n'est pas le genre cowboy solitaire cool qui joue les blasés cyniques parce qu'il est trop fier pour avouer qu'il a un coeur d'or. Il a un côté "petit con capricieux et égoïste" pas forcément sympathique mais atypique. Quand il commence par refuser d'aider la rébellion, ça n'est pas seulement parce que "c'est pas sa guerre" : c'est parce que "si je peux pas baiser votre soeur, allez vous faire foutre".


Fire and Sword 02En même temps, comme c'est la main de cette jolie petite-là qu'on lui refuse,
je comprends qu'il fasse la gueule, hé j'ai raison ou quoi les gars ?


Bon et alors là vous me direz que quand on regarde ce genre de film, c'est aussi parce qu'on aime voir des brutes en cotte de mailles se défoncer à coups de hache. Là-dessus, il faut être honnête : visiblement le budget pour les figurants, les costumes et les accessoires était tout à fait correct, et le réalisateur ne s'est pas contenté de simplement filmer des cascadeurs en train de courir et se taper dessus n'importe comment, il a essayé de mettre les batailles en scène de façon à ce qu'on puisse en suivre clairement le déroulement, et malgré ça, ça garde un petit côté "téléfilm" plutôt que "grande épopée cinématographique". C'est pas raté, et c'est brutal (je précise au passage que ça n'est pas vraiment un film d'aventures familial, certaines scènes sont très sanglantes), mais ça n'est jamais hyper spectaculaires et c'est parfois un peu gâché par des effets spéciaux catastrophiques. Et tant qu'on parle de trucs ridicules, les maquillages de certains personnages secondaires, façon Gargamel ou Brigitte Bardot, jurent un peu avec le reste. Même s'ils ont délibérément été introduits comme éléments comiques, c'est pas vraiment un ajout très bienvenu au film, et pourtant je suis le premier à me plaindre quand une série B se prend trop au sérieux.


Fire and Sword 03On n'est heureusement pas face aux affrontements sans queue ni tête de Barbarians,
mais ça n'a pas non plus l'ampleur de la Bataille du Gouffre de Helm ou de Braveheart.


Ca reste un achat que je recommande aux amateurs d'heroic fantasy ou plutôt de médiéval-fantastique (enfin, vaguement fantastique). Enfin, à condition que de ne pas être allergique à la VF ou de comprendre le polonais, vu que la VO est proposée sans sous-titres sur le DVD. C'est clairement pas un grand film, mais il est largement au-dessus de la majorité des direct-to-video bidons avec des barbares ou des chevaliers que j'ai eu l'occasion de chroniquer ici depuis 5 ans..

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 09:38

Cercle de ferMême si j'ai conscience d'être un peu à la bourre sur ce coup, comme je suis un mec très classe j'ai décidé que l'actualité récente serait l'occasion de rendre hommage aux grands pendus du cinéma. Pour cela je vous propose un obscur film avec David Carradine, qui n'a pas piqué que la série Kung Fu à Bruce Lee, puisque Cercle de Fer (à ne pas confondre avec Ring d'acier) était également un projet du Petit Dragon, mort avant d'avoir pu le concrétiser. Le film existe en DVD sous diverses jaquettes (parfois avec une légère variante du titre, Le Cercle de fer, parfois en pack avec Knights), l'édition que j'ai fait partie de ces produits douteux pour solderies qui m'ont fait créer ce blog au départ, avec une qualité de transfert assez médiocre, que la VF, des bugs (ici, toute une scène qui est zappée automatiquement à la lecture, et qui n'a pas de son quand on revient en arrière pour tenter de la visionner) et l'impression générale qu'un mec a fait ça chez lui à partir d'une VHS sans l'autorisation des ayants-droit pour le revendre à la sauvette.

L'idée de Bruce Lee était de raconter une histoire pleine de violence et de sexe qui rende les légendes et la philosophie orientales plus accessibles au public occidental. Réécrit par James Coburn et le scénariste de La Tour infernale, et produit sans la participation de Bruce Lee en 78, le résultat final ressemble à une adaptation de film d'arts martiaux chinois sous forme d'heroic fantasy italienne des années 80, où le rôle du culturiste benêt serait tenu par le type qui jouait le psy de Sue Ellen dans Dallas (ce qui n'évoquera absolument rien à 99% de mes 5 lecteurs) plutôt que par Lou Ferrigno et où David Carradine jouerait tous les personnages secondaires, sous différents postiches et maquillages.


Cercle de fer 01Les puristes regretteront sans nul doute l'impossibilité de visionner correctement
la séquence où Eli Wallach explique à Musclor son projet pour faire fondre ses coucougnettes.


Au début de l'aventure, notre héros (qui aurait pu être l'inspiration pour Arok le Barbare, ou le modèle de ces figurines bon marché qu'on trouvait dans les bazars quand j'étais p'tit, qui copiaient Les Maîtres de l'Univers et Conan) se voit refuser la victoire lors d'un tournoi de bagarre où il a défoncé tout le monde, sous prétexte qu'il ne combat pas honorablement. Il décide du coup de suivre le gagnant, qui a remporté le droit de partir en quête d'un livre légendaire, censé détenir toutes les connaissances du monde. Et bien lui en prend, puisqu'il peut ainsi reprendre le flambeau quand le champion se fait tuer en chemin. Les obstacles à franchir pour parvenir au livre sont en effet particulièrement difficiles, et sans l'aide d'un mystérieux joueur de flûte aveugle, le brave bourrin pourrait bien se retrouver hors course à son tour.


Cercle de fer 02Rahan qui se fritte avec un croisement de Greystoke et Ric Flair,
avouez que c'est pas dans Game of Thrones que vous verrez ça.


Un couillon blondinet en pagne avec un sourire et une chevelure de starlette de soap opera, David Carradine en maître bouddhiste énigmatique qui pète le nez d'un môme pour lui apprendre la vie, David Carradine en chef d'une tribu d'hommes-singes, David Carradine en panthère noire, ou bien encore David Carradine en danseuse orientale à moustache (ou en personnage d'Iznogoud peut-être ?) mais aussi Christopher Lee en Grand Schtroumpf en chemise de nuit, voilà les attractions principales de Cercle de Fer, petit nanar sympathique entre Zardoz (en moins prétentieux) et Les Barbarians (en moins ouvertement comique). Forcément ceux qui achètent en espérant un vrai film de kung fu parce que la jaquette proclame fièrement "D'après un scénario de Bruce Lee" risquent d'être déçu, vu que les scènes de combat n'impliquent que des acteurs et cascadeurs qui ne pratiquent pas réellement les arts martiaux et se contentent donc de mimer des affrontements tandis que la caméra peine à masquer leur manque de compétence en la matière.


Cercle de fer 03Les combats sont mis en scène de façon à exploiter les talents de danseur (réels) de David Carradine
plutôt que les compétences en arts martiaux (à peu près inexistantes) des protagonistes.


C'est cheap, pas très bien joué, assez con-con et tellement impossible à prendre au sérieux qu'on finit par se dire que c'est une parodie involontaire de ce que l'auteur original avait en tête à la base. Les costumes et postiches improbables donnent l'air ridicule à quasiment tous ceux qui entendent enseigner un peu de philosophie au héros (à l'exception du flûtiste aveugle, assez sobre), qui pour sa part se montre exaspéré ou moqueur envers toutes les leçons de sagesse qu'il reçoit. Et si la conclusion essaie de nous convaincre que la brute arrogante du début a évolué en être éclairé, les faits semblent plutôt dire que dans la vie, l'éveil spirituel ça va bien cinq minutes mais ça ne remplace pas le muscle et les poings dans la gueule.


Cercle de fer 04"Ha ha ha, 'la clé de l'éveil est en toi', mais qu'il est bête celui-là alors !"


Je me suis bien amusé devant malgré tout, mais c'est vraiment plutôt destiné aux amateurs de série B/Z kitsch et de films un peu originaux et fous qu'à ceux qui cherchent de l'heroic fantasy ou du film d'arts martiaux de bonne qualité. C'est crétin, et proposé dans une édition honteuse, vous êtes prévenus. Avec tous ces films à gros budget modernes super sérieux et dramatiques ou le moindre hobbit, barbare ou fermier changé en guerrier doit sauver le monde entier sans jamais sourire, moi, un truc comme ça, ça me détend. Et dans le bac à 2€, il vaut mieux ramasser ce genre de bizarrerie qu'un téléfilm d'action ou d'horreur pouilleux comme il y en a tant.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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