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14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 11:37

Tant qu'on est dans le bis italien, restons-y encore un peu avec Tonnerre, premier film d'une trilogie de Rambosploitation mettant en scène un jeune guerrier navajo joué par le biker aux gros pectoraux des Guerriers du Bronx, Mark Gregory. Bon, je sais que c'est pas exactement le moment pour aller trouver des raretés dans les vide-greniers ou les boutiques d'occasion, mais disons que mes chroniques de ces jours-ci c'est plutôt pour les gens comme moi, qui accumulent des trucs qu'ils finissent par ne jamais regarder et qui traînent dans une pile à laquelle on ne touche pas trop parce que même si c'est que des films qu'on était un peu curieux de voir, on craint de se faire chier devant quand même. Mais avec les semaines d'enfermement qui se suivent et les réserves de bons films qui s'amenuisent, il faut bien que quelqu'un se dévoue pour tester ce qu'il y a de valable dans le stock de trucs douteux, n'est-ce pas ? Il y a des gens qui vont sur internet pour voir si quelqu'un sait si on peut encore manger sans risque les ramen instantanés périmés d'il y a 2 ans qui traînaient au fond du placard, il doit bien y en avoir en ce moment qui se demandent ce qui est regardable parmi les couillonnades à 1€ qu'ils ont amassées sans les visionner.

Arrêtez-moi si vous la connaissez : un jeune chevelu en blouson kaki débarque dans une petite ville des Etats-Unis où les autorités n'ont pas trop envie de voir sa gueule parce qu'elles ont décidé qu'il était le genre de type qui allait causer des ennuis. Lui-même ne veut pas spécialement d'ennuis, mais il faut pas trop le faire chier. Il est escorté contre son gré à la sortie de la ville, la situation s'envenime, et tout ça se finit en guérilla dans les collines entre le guerrier solitaire et les hommes du shériff. Si vous avez dit "Rambo", bravo, vous avez gagné, mais vous avez gagné aussi si vous avez répondu "Tonnerre". Le distributeur français a même embauché les doubleurs de Stallone et Brian Dennehy pour faire la voix du héros et du méchant adjoint au shérif histoire de ne laisser aucun doute sur la source d'inspiration du film. La différence de taille, c'est que le héros est ici un Amérindien qui cherche à faire respecter un traité garantissant le caractère sacré de la terre de ses ancêtres alors qu'un chantier du gouvernement est en train de ravager le cimetière de sa tribu. Le shérif s'en bat les steaks et la plupart de ses adjoints et des ouvriers du chantier sont des racistes bien haineux, et Tonnerre se retrouve traqué comme un animal. Heureusement, il connaît le terrain comme sa poche, et même s'il n'a pas de colonel Trautman pour essayer de le protéger, un reporter va s'efforcer de retourner l'opinion publique en sa faveur.

"Quand on n'a qu'un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous,
et quand on n'a qu'un arc et des flèches, tous les problèmes ressemblent à des hélicoptères"
(proverbe navajo)

De nos jours quand un studio comme The Asylum décide de produire une contrefaçon de film à succès, comme le but n'est pas vraiment que des gens le regardent pour de vrai mais simplement d'avoir un produit discount à vendre aux chaînes de télé, services de streaming et supermarchés qui veulent remplir leurs grilles de programmes, catalogues ou bacs de soldes pour le moins cher possible, le seul effort c'est celui de dénicher un has been encore un peu reconnaissable pour faire la guest star dedans. Les plagiaires italiens d'il y a 40 ans, c'était quand même autre chose. Bien sûr il y avait du très bas-de-gamme, mais vous aviez aussi des studios qui avaient besoin d'attirer les gens en salle pour de vrai, et pour ça, il fallait quand même y mettre un peu d'huile de coude. Alors à défaut de dépenser des tonnes de fric ou de compromettre leurs vedettes, ils faisaient au moins bosser des gens compétents et motivés. Par exemple, un compositeur qui essaie de faire du Morricone, d'accord c'est pas le vrai Morricone, mais ça donne tout de suite un certain cachet à un film comme Tonnerre. Le chef op de Lucio Fulci qui filme de vraies poursuites en bagnoles, de vrais hélicoptères, de vraies explosions, dans des décors naturels en Arizona, ça a de la gueule même si le metteur en scène n'est qu'un ancien directeur de prod de Joe D'Amato plutôt qu'un réalisateur hollywoodien.

Bo Svenson dans le rôle du shérif est l'acteur le plus "connu" du film
donc c'est clairement pas une production prestigieuse,
mais l'ensemble a quand même beaucoup plus de classe que ses équivalents modernes.

Alors attention, je ne voudrais quand même pas vous le "survendre", ça n'est pas vraiment ce que j'appellerais un bon film. Ca reste une copie éhontée de Rambo, les rebondissements se répètent (Tonnerre se fait presque attraper mais finalement il est juste un poil plus rapide ! ou bien il est miraculeusement aidé par quelqu'un qui se justifie avec "mon grand-père était Apache" !), les méchants sont très caricaturaux et le héros est joué par un acteur clairement pas très talentueux ni charismatique (et dont le temps de présence à l'écran a du coup été limité au strict minimum). Le personnage est très sommaire, son combat est certes juste mais il n'a rien qui le rende particulièrement intéressant ou cool. Le seul truc un peu marrant à son sujet c'est quand il finit par trouver un lance-roquettes et que ça devient sa réponse à tout, qu'il soit face à un barrage de flics ou une simple alarme.

Par chance, la puissance de ses projectiles s'adapte automatiquement
à son environnement pour lui éviter de tout se faire péter à la gueule.

Si vous êtes du genre nostalgique des années 80 (parce que vous les avez vécues, pas parce que Stranger Things vous a dit que c'était drôlement plus chouette que maintenant), des cassettes vidéos en VF où vous aviez la voix de John Wayne qui sortait des "arrête don' d'brrâââiller comme un âââne" et des "ça c'est l'bouquet !", des affiches qui déchirent peintes par Enzo Sciotti, des culturistes transformés en acteurs plutôt que l'inverse, et que de temps en temps vous êtes plutôt d'humeur pour vous reposer l'esprit devant 1h15 d'un film d'action bébête plutôt que de ne visionner que des chefs-d'oeuvre toute la journée, il y a pire que Tonnerre. Mais soyez quand même prévenus que sans être trop ennuyeux ça n'est pas franchement palpitant de bout en bout et que si je n'irai pas jusqu'à qualifier d'insipide parce qu'il a tout de même quelques touches de personnalité (ne serait-ce que parce que parler de la spoliation des populations natives par les Blancs n'est pas hyper courant dans ce genre de film), ça reste du travail de faussaire certes compétent mais pas très inventif.

 

 

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Tonnerre (Thunder, 1983), réalisé par "Larry Ludman"/Fabrizio De Angelis (Killer Crocodile) sur un scénario de "David Parker Jr"/Dardano Sacchetti (La Maison près du cimetière). Avec Mark Gregory (Les Guerriers du Bronx), Bo Svenson (Le Maître de guerre), Raimund Harmstorf (Un Génie, deux associés, une cloche), Antonio Sabato (Le Tueur à l'orchidée), Valeria Cavalli (Kaamelott).

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 09:09

Sans être un titre particulièrement prestigieux, il y a 25, 30, 40 ans, être la "Playmate de l'année" de Playboy ça donnait une petite notoriété utilisable comme tremplin pour faire une carrière d'actrice. Oh, pas pour donner la réplique à des stars dans des productions prestigieuses ou jouer des rôles sérieux dans du cinéma d'auteur hein, entendons-nous bien, mais pas non plus pour écarter les cuisses dans Autostoppeuses en chaleur ou La Ruée vers Laure. Non, si Hugh Hefner avait brièvement fait de vous la jolie blonde dont l'Amérique avait eu le plus envie de voir les seins, vous pouviez gagner votre ticket d'entrée chez Roger Corman et ses émules, ou dans ces téléfilms policiers un peu dénudés qui firent les beaux soirs de TF1 le samedi sous le label "Hollywood Night". Claudia Jennings, Dorothy Stratten, Anna Nicole Smith, Jenny McCarthy, Shannon Tweed... Bon, je sais, c'est des noms qui n'évoquent vraisemblablement rien aux jeunes, et je ne crois pas qu'aujourd'hui le cinéma en accueille encore, des comme ça, mais en leur temps, ce furent des noms reconnaissables pour jaquettes de VHS.

Kathy Shower n'est pas forcément la plus connue de cette espèce disparue, mais n'a pas trop mal tiré son épingle du jeu en son temps. Dans les années 80, elle a eu son quart d'heure dans le cinéma d'action pour vidéoclubs dans le rôle de "la belle nana qui en a", les jours où Brigitte Nielsen était déjà occupée. Dans Commando Squad, elle joue Kat, une flic de Los Angeles qui mène ses enquêtes déguisée en Joan Jett et à grands coups de Desert Eagle. Curieusement elle gardera sa perruque de rockeuse pendant la quasi-totalité du film, le réalisateur n'ayant pas dû piger que le studio cherchait à exploiter le concept "imagine, une jolie mannequin à chevelure d'ange qui serait en réalité une dangereuse dure à cuire qui manie des grosses pétoires !" vendu par la jaquette. Elle la retire le temps brièvement, quand son chef lui annonce qu'elle doit démanteler un réseau de trafic de drogue en allant attaquer à la source, au Mexique. Kat, reine de la réplique percutante, lui rétorque alors que "je n'ai absolument rien à faire de votre maudite cocaïne !", mais change d'avis lorsqu'elle apprend que plusieurs de ses collègues, envoyés là avant elle, ne donnent plus signe de vie.

Il faut attendre une heure avant de vraiment voir Kat jouer les Rambo,
les scènes d'action chez Fred Olen Ray ne se succèdent pas vraiment au même rythme
que dans une production de chez PM Entertainment.

En effet parmi eux il y a un certain Clint, qu'on devine être son ex, puisqu'elle a encore une photo de lui encadrée sur son chevet mais qu'elle n'était pas au courant qu'il s'était barré à l'étranger. Clint c'est Brian Thompson, que vous avez forcément déjà vu dans une cinquantaine de rôles de gros-bras à sale gueule si vous êtes amateur de série B (si vous n'êtes pas amateur de série B, ça vous ennuierait de m'expliquer ce que vous faites ici ?). Il se fait capturer par les trafiquants, et découvre alors, tenez-vous bien, que c'est l'un de ses prédécesseurs qui a pris le contrôle du cartel ! Pendant ce temps, Kat se fait équiper de matériel non-réglementaire par une vieille dame qui tient une librairie qui vend des affiches de cinéma mais planque des grenades et des cartouches derrière son comptoir, parce que pourquoi pas, hein ? Et voilà, après ça, le scénario, écrit par le mec qui jouait Mengele dans Surf Nazis Must Die, tourne un peu en rond jusqu'à la fin, il essaie de s'évader, il se refait capturer, Kat se fait capturer, Kat s'évade, Kat se refait capturer, ils s'évadent ensemble...

J'ai rien contre Brian Thompson au contraire, c'est même en partie pour la curiosité
de le voir dans le rôle du héros pour une fois que j'ai acheté le DVD,
mais à l'époque il ne savait pas jouer du tout, et passe presque tout le film ligoté à une chaise.

On sent que l'ambition était de faire un Commando bas-de-gamme avec un musclé à mâchoire carrée qui brave une armée de méchants latinos pour défoncer un moustachu à coups de couteau, mais le réalisateur a dû s'apercevoir assez vite qu'il avait un petit problème : ses deux vedettes n'avaient pas vraiment le charisme ni le talent pour porter le film. Sans être tout à fait des débutants, puisque Kathy Shower avait déjà quarante épisode du soap opera Santa Barbara (je vais supposer que je suis principalement lu par des plus de quarante ans, et ne pas expliquer Santa Barbara) derrière elle, et que Brian Thompson avait avait déjà joué face à Schwarzenegger (c'est un pote de Bill Paxton dans Terminator) ET Stallone (en tueur dans Cobra), ils n'étaient pas vraiment faits pour des rôles avec beaucoup de dialogues. Du coup, l'un comme l'autre font un peu office de seconds rôles pendant que l'essentiel du film est porté par les méchants, joués par des vétérans du genre comme le toujours bienvenu Sid Haig. La fameuse "équipe de choc" de la jaquette n'est réunie à l'écran que 10 minutes avant le début du générique, et ne sera en action ensemble que pendant la moitié de ce temps. De quoi se sentir un peu floué, donc.

Les artificiers ne chôment pas quand l'intrigue les sollicite,
mais ça ne suffit pas à rendre le film palpitant.

Commando Squad avait le budget pour quelques scènes d'action pas ridicules mais sans imagination ni grande envergure, du genre qu'on pouvait voir dans les séries télé de l'époque, L'Agence tous risques, Supercopter, L'Homme qui tombe à pic... Il y a des fusillades, des explosions, des poursuites en bagnole, un hélicoptère, mais ça reste de la Rambosploitation assez fade. Je m'attendais évidemment pas à un excellent film d'action mais j'espérais au moins que l'association du Shao Kahn de Mortal Kombat : Destruction finale et d'une playmate de Playboy ait un minimum de personnalité, ce qui n'est pas vraiment le cas. Le début est un peu prometteur, le doublage VF ringard donne un petit charme, mais ça retombe vite. C'est le genre de film qui avait trop de moyens et de compétences pour être nanar, mais pas assez pour être bon. On sourit un peu, on s'ennuie beaucoup et on regrette le potentiel gâché. Pas la peine de perdre votre temps devant.

 

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Commando Squad (1987), réalisé par Fred Olen Ray (Hollywood Chainsaw Hookers) sur un scénario de Michael D. Sonye (Sur le fil du rasoir). Avec Kathy Shower (Robo-C.H.I.C.), Brian Thompson (X-Files : Aux frontières du réel), William Smith (Ca va cogner), Sid Haig (The Devil's Rejects), Mel Welles (La Petite boutique des horreurs), Andre Benita (¡Trois amigos!).

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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 11:00

En bientôt 10 ans de Ciné Discount, je n'avais encore jamais chroniqué de film avec Joe Lara. C'est un peu comme tenir un blog porno sans jamais mentionner Ron Jeremy. Et pour tout vous dire quand j'ai décidé d'acheter cet Hologram Man à 1€ c'est parce que je pensais que sa jaquette pompée sur l'affiche italienne de Terminator cachait un film mystérieux, comme pour Safari, ou peut-être le faux Terminator 2 de Bruno Mattei. Mais non, c'est bien une édition bas-de-gamme de Hologram Man de Richard Pepin, ancien chef opérateur de porno (eh ouais, t'as cru qu'au début j'en parlais de façon purement gratuite hein, avoue ?) reconverti dans la confection de produits sur mesure pour pointures du cinéma de vidéoclubs, Don "The Dragon" Wilson, Gary Daniels, Jack Scalia, Traci Lords, Louis Gossett Jr et donc, dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, Joe Lara.

Dans un futur proche, le maintien de l'ordre à Los Angeles est assuré par la société "Cal Corp" et les criminels sont condamnés à avoir leur esprit numérisé et emprisonné dans un ordinateur censé les reprogrammer pour pouvoir les réintégrer à la société à l'issue de leur peine. Tous les 5 ans, ils reprennent connaissance sous forme d'hologramme en justeaucorps et sont évalués par un jury qui décide de leur possible remise en liberté. Parmi ces holo-prisonniers, Slash Gallagher, un terroriste avec un nom et un look de catcheur imaginaire conçu avec le mode "Create-a-Wrestler" de WWF Attitude sur la première Playstation. Le jour de son audience, c'est le drame : grâce à la complicité d'un hacker, son hologramme s'évade et rejoint son ancien gang. Cal Corp charge alors le capitaine Decoda, le flic qui avait arrêté Gallagher 5 ans plus tôt, de remettre la main dessus. Mais sous sa forme d'hologramme, Slash semble totalement invulnérable...

Bon évidemment le vague prétexte SF à la base d'Hologram Man est risible, mais au début c'est vraiment difficile de ne pas aimer le film si on est un tant soit peu amateur d'action nanarde. Ca s'ouvre sur une fusillade où tout explose tout le temps, quand il y a un choc, quand il y a un tir, quand il y a une brise un peu forte ou un battement de cils un peu brusque, boum ça pète. Ca enchaîne sur une scène de sexe où le méchant baise dans pas moins de quatre positions différentes une charmante demoiselle qui n'aura qu'une seule autre courte apparition et zéro réplique dans le film. Tout de suite après, on a une poursuite en bagnoles et bus avec encore plus de fusillades et d'explosions. Et tout ça nous conduit à cette histoire clownesque d'hologrammes vivants. C'est bas-du-front mais sans temps mort et sans prétention, et le doublage français par des acteurs aux niveaux de compétence et de motivation variés ajoute au côté rigolo, tout comme Joe Lara, sorte de héros de couverture de roman Harlequin qui en serait sorti après avoir rêvé très fort de devenir un vrai petit garçon comme Pinocchio mais dont le jeu évoque un morceau de bois.

Mais au moins ses cheveux sont symétriques avec ceux
de l'actrice qui joue sa petite amie dans le film,
c'est pas Bruce Willis qui peut s'en vanter.

Malheureusement, passée la première demi-heure, votre appréciation risque de varier grandement selon que vous regardez ça seul ou accompagné. Entre copains, il y a moyen d'en faire un jeu à boire, une gorgée chaque fois qu'il y a une explosion, une gorgée chaque fois qu'un figurant se fait abattre dans une fusillade alors qu'il se tenait debout sans aucune couverture avec son flingue à la main, une gorgée si quelqu'un parvient à citer le nom d'un vétéran du cinéma de genre la première fois qu'il apparaît à l'écran, une gorgée chaque fois que quelqu'un dit "Decoda" en accentuant une syllabe sans raison, une gorgée chaque fois que quelqu'un dit "chier !", et on vide son verre si c'est en réaction à la mort d'un personnage important. Avec ça tout le monde est très vite bourré et l'ambiance est garantie. Enfin sauf si vos potes ont l'alcool mauvais.

Au casting, une belle brochette de "gueules" dont on ne retient jamais les noms
alors qu'on les a vues en arrière-plan dans des dizaines de téléfilms et séries.

Mais si comme moi vous regardez des conneries comme ça tout seul sans vous piquer la ruche, l'enthousiasme du début finira par retomber, parce que c'est quand même très répétitif. PM Entertainment, le studio à l'origine du film, avait pour habitude de faire écrire ses scénarios non pas par des professionnels, mais par des gens qu'ils employaient déjà à autre chose (ici en l'occurrence, le cascadeur qui joue Slash Gallagher, et qui aujourd'hui tient une galerie d'art contemporain parce qu'une blessure l'a forcé à renoncer à sa carrière), avec comme consigne de caser une scène d'action toutes les sept minutes. Les mecs pondaient ça en quelques jours juste avant le tournage, en s'enfermant avec une pile de VHS des succès du genre à imiter, dans lesquels ils piochaient de quoi meubler entre les moments où tout et tout le monde explose. Ici, il y a un peu de RoboCop, un peu du Cobaye, même un peu de Highlander II et Speed, mais pas vraiment d'intrigue au-delà de "Slash tue des gens jusqu'à ce que Decoda le tue".

Désolé pour cette chronique interminable,
pour ceux qui n'ont pas la patience de finir voilà une image qui résume tout.

Tout le reste est du pur remplissage qui ne va nulle part. Je pensais qu'en sa qualité d'homme-hologramme, le méchant serait une sorte de version numérique de Shocker, mais non, en fait ses hommes de main lui fabriquent un corps synthétique pour le contenir et il n'utilise pas ses pouvoirs avant la fin. Et malgré la complément français du titre, c'est un terroriste à l'ancienne, qui fait péter des trucs, pas un Anonymous avant l'heure. Même son copain hacker devient vite un simple porte-flingue. Il y a une histoire de dôme construit pour protéger les riches du trou de la couche d'ozone, mais c'est complètement oublié en cours de route. Il y a une vague impression de satire d'un système judiciaire naïf qui libérerait des criminels pour peu qu'ils soient capables de tenir de beaux discours de faux repentis, mais là encore c'est abandonné au bout d'une scène. Le politicien joué par Michael Nouri de Hidden sert de méchant secondaire mais sans qu'on ne se donne jamais vraiment la peine de nous expliquer ou monter en quoi son gouvernement est particulièrement détestable. Hologram Man n'a rien à dire, rien à raconter, c'est une compilation d'imitations de films à plus gros budgets parce qu'1h30 de voitures qui font des tonneaux et de gens qui se flinguent sans interruption c'est invendable alors il faut bien allonger la sauce d'une façon ou d'une autre.

Devenir une projection d'image en justaucorps donne le pouvoir exceptionnel
de savater d'autres une projection d'image en justaucorps mal incrustés dans le décor,
alors qu'ils sont invulnérables aux armes conventionnelles.

Alors voilà, ça s'essouffle en cours de route mais je n'irais pas jusqu'à dire que ça devient profondément ennuyeux, c'est juste que ça perd de son charme une fois l'effet de surprise dissipé. Ca reste raisonnablement divertissant pour un fan de mauvais films drôles ; il y avait assez de pognon et de bons artisans impliqués dans les scènes d'action pour éviter que ça fasse minable à ce niveau-là mais autour de ça, on est plutôt dans de la série Z que B. C'est crétin, les effets censés représenter les technologies futuristes sont ringards, c'est mal doublé, et Joe Lara, sorte de Lorenzo Lamas empaillé que les autres acteurs traînent d'une scène à l'autre et à côté duquel même Steven Seagal aurait l'air particulièrement expressif,  donne l'impression d'être l'un des pires acteurs à être devenu tête d'affiche, ou plutôt tête de jaquette VHS, c'est assez incroyable. Si ce genre de sous-cinéma de forain vous amuse, à 1€ vous ne risquez pas trop d'être déçu même si ça ne sera pas le plus beau nanar de votre collection.

 

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Hologram Man (1995), réalisé par Richard Pepin (Dark Breed) sur un scénario d'Evan Lurie. Avec Joe Lara (Steel Frontier), Evan Lurie (Double Impact), Arabella Holzbog (Carnosaur 2), Anneliza Scott (Demolition Man), Michael Nouri (NCIS : Enquêtes spéciales), John Amos (58 minutes pour vivre), William Sanderson (Blade Runner), Tiny "Zeus" Lister Jr. (Le Cinquième élément), Nicholas Worth (Barb Wire).

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23 juin 2019 7 23 /06 /juin /2019 10:02

Parfois, en cherchant de quoi alimenter son blog avec quelque chose d'un peu plus insolite qu'un Transformers ou un Underworld tombé dans une promotion "5 pour 30€", on voit une jaquette qui annonce un film des années 80 sur un féroce éléphant tueur maléfique avec John Rhys-Davies en chasseur inquiétant, et on se dit "tiens, voilà qui pourrait être une curiosité intéressante à chroniquer". Après, on regarde au dos et on voit que c'est une publication de chez Prism, avec un résumé qui ne mentionne jamais John Rhys-Davies et où en fait l'éléphant est gentil, et on est partagé entre la déception  de ne pas vraiment avoir déniché un film où Gimli met un coup de fusil dans la gueule d'un pachyderme aux yeux de Terminator, et le besoin de savoir ce qu'il va y avoir sur le disque au bout du compte, si ça va être une version pirate des Aventuriers du trésor perdu ou de l'intégrale de la série Frank chasseur de fauves (une référence qui, à n'en pas douter, ravira les jeunes de 40 ans comme moi). Bon enfin tout ça pour vous dire que voilà, j'ai acheté un truc que son éditeur fantôme appelle comme un film avec Kad Merad et illustre avec l'affiche de Tusks, et qui se révèle être L'Ami africain, modeste production de 1994 qu'on suppose avoir été diffusée 3 fois par mois sur M6 en bouche-trou il y a 20 ans avant de se perdre dans les limbes, peuplée d'illustres inconnus et signée par le réalisateur de Mac & moi, sous-E.T. bien connu des amateurs du site Nanarland.

On suit les mésaventures d'un groupe de touristes dans la savane kényane, qui après avoir vu des braconniers abattre un éléphant puis se faire arrêter par des garde-chasse, se retrouvent otages d'une tribu locale qui compte les échanger contre leurs copains éléphanticides embastillés. Comme la jolie fille du groupe plaît bien au fils du chef, les toubabs décident qu'il va falloir s'échapper avant d'attendre l'issue des négociations s'ils ne veulent pas que leurs vacances se transforment rapidement en épisode de BlacksOnBlondes.com. Hélas, la tentative d'évasion n'est pas fructueuse pour tout le monde, le chef des autochtones se prend une balle perdue et bientôt, voilà la blondinette poursuivie avec quelques compagnons d'infortune par son prétendant, désormais avide de vengeance, à travers un désert dont la faune est décidée à se nourrir de ses visiteurs. Alors que tout semble perdu, elle et son dernier camarade vont recevoir l'aide d'un éléphant qui a décidé que les ennemis de ses ennemis étaient ses amis, et va les guider et leur fournir de quoi garder de l'avance sur le T-1000 à sagaie qui les traque.

La fille a joué le mannequin à qui Will Ferrell reproche d'avoir un gros cul dans une courte scène de Zoolander,
le gars est le fils de George Hamilton et l'ex-mari de Shannen Doherty et Angie Everhart.
Cherchez pas sur IMDB si l'un ou l'autre a accompli mieux que ça, mais ce sont eux les vedettes du film.

L'essentiel du film repose sur les épaules de deux acteurs destinés à des carrières de figurants, et le doublage français, imposé par le DVD, donne envie de couper le son. Une bonne heure se passe à rejouer les mêmes scènes en boucle : montrer successivement les touristes qui galèrent à assurer leur propre survie jusqu'à ce que l'éléphant les aide puis le chasseur qui sait exactement quoi faire dans les mêmes situations (trouver de l'eau, trouver son chemin...) ; faire se chamailler les héros parce qu'il est strictement interdit qu'un couple se forme au cinéma sans passer cette phase ;  les faire interagir avec différents animaux pour montrer qu'on a fait l'effort d'avoir de vraies bestioles et un dresseur sur le tournage plutôt que d'utiliser des stock-shots. C'est platement mis en scène en plus d'être répétitif, les "prouesses" des animaux sont assez dérisoires et si on ajoute que l'ensemble a comme un arrière-goût vaguement raciste (c'est notamment l'un de ces films où "l'Afrique" est un pays, pas un continent, parce que bon, ces coins remplis de brousse et de Noirs c'est un peu partout pareil n'est-ce pas), le film n'a pas grand'chose pour plaire.

AFRICA, le quotidien qui vous donne toutes les dernières nouvelle
de l'Afrique, ce beau pays.

Environ la moitié de la filmo du réalisateur (par ailleurs scénariste de Passager 57 avec Wesley Snipes) est consacrée à des histoires de citadins occidentaux livrés à eux-mêmes dans des destinations exotiques et on sent que le mec a pris l'habitude de filmer toujours les mêmes choses en mode pilote automatique et de profiter de vacances tout frais payés tout en assurant à ses producteurs qu'il va leur pondre le nouveau Lagon bleu ou un digne successeur d'A la poursuite du diamant vert. Si vous aviez 6-8 ans au milieu des années 90 et que vous êtes tombé quelques fois sur L'Ami africain à la télé, je peux croire que vous en gardiez un souvenir ému : il y a des éléphants et des autruches et des rhinocéros et à un moment on voit les doudounes de la fille. Moi qui ne l'ai vu qu'à l'âge adulte j'ai du mal à le voir autrement que comme un truc gentiment pourri et très ennuyeux mais rassurez-vous, je ne vous juge pas.

 

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Safari (Lost in Africa, 1994), écrit et réalisé par Stewart Raffill (Philadelphia Experiment). Avec Jennifer McComb (Sauvés par le gong), Ashley Hamilton (Iron Man 3), Mohamed Nangurai, Abu l'éléphant.

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6 août 2017 7 06 /08 /août /2017 12:59

La carrière de Nicolas Cage n'en est pas encore tout à fait au même point que celle de Steven Seagal, mais elle s'en rapproche, avec ses 5 ou 6 films par an, dont au moins la moitié sort directement en DVD, sous jaquette où sa tronche a été incrustée plus ou moins malhabilement sur la photo d'une doublure, et dans lesquels on voit bien qu'il n'est venu là que pour un chèque parce que les temps sont durs, pas parce que le rôle l'intéressait. Contrairement à Seagal, lui de temps en temps il tourne encore dans un vrai film, mais vu qu'il y a aussi les noms de Danny Glover et Peter Stormare à l'affiche de Tokarev, je ne vous surprendrai sans doute pas si je vous dis qu'on est ici clairement dans la catégorie "ma dette au fisc va pas se rembourser toute seule".

Probablement écrit par un ado qui a vu trois polars dans sa vie et qui s'est dit que ce serait trop cool de faire lui aussi un film avec des gangsters tatoués et des guns, voire par un générateur automatique de scénars pour direct-to-video bas-de-gamme, Tokarev est l'histoire de Paulie Maguire, un ancien membre de la mafia irlandaise (en langage cinématographique ça veut dire que c'est pas un enfant de choeur mais que c'est un mec honorable poussé au crime par nécessité) qui, après un gros coup contre la mafia russe (en langage cinématographique ça veut dire que c'est une bande de pourritures tellement dégueulasses que rien de ce que le héros leur infligera n'entachera sa droiture morale), s'est rangé des voitures et a monté une affaire honnête qui a fait de lui un des notables de sa ville. Tout bascule une nuit où sa fille disparaît alors qu'il est à un dîner d'affaires. On pense alors être face à la version Nicolas Cage de Taken, ce qui n'est pas une perspective désagréable, mais quelques scènes plus tard la gamine est retrouvée avec une balle dans la tête et notre héros décide d'enquêter lui-même pour découvrir qui a fait ça et le buter. Et ça devient donc un film de fausses pistes et coups de théâtre et discours sur la futilité de la vengeance, ce qui peut paraître plus subtil et intéressant, mais qui est surtout plus facile à foirer.

Pauvre Rachel Nichols, déjà réduite à jouer l'épouse effacée et docile
d'un héros qui pourrait être son père plutôt qu'un vrai rôle principal.


L'inspecteur joué par Danny Glover soupçonne, comme la jaquette du film, que c'est le passé criminel de Paulie qui le rattrape, et tente mollement de lui soutirer des noms de coupables potentiels et de le convaincre de renoncer à se faire justice lui-même. L'unique indice de ce fin limier est que l'arme utilisée est un pistolet Tokarev, le flingue préféré de la mafia russe. Paulie ayant eu vent de l'information lui aussi, il décide avec deux de ses potes, anciens malfrats comme lui, de passer le reste du film à tabasser et flinguer tous les Ivan, Andrei, Serguei et Sasha du coin pour s'auto-persuader que c'est bien leur chef qui est derrière tout ça. L'intrigue ne progressant pas du tout au fil des bagarres et poursuites dans les décors habituels de ce genre de film (boîte de strip-tease, planque de dealers, immeuble désaffecté...) on comprend que les scénaristes cherchent à nous cacher le vrai coupable sans savoir comment à part en le faisant disparaître du film jusqu'au dernier acte, où ce qui se veut être un retournement de situation malin ne surprend pas tant que ça puisque tous les autres suspects sont morts, et amène surtout à se rendre compte que l'inspecteur n'a pas dû vraiment beaucoup enquêter pour être à ce point passé à côté de la vérité.

Félicitation au cascadeur qui évite soigneusement la vedette
mais poignarde les roustons de son collègue.


Remarquez que c'est assez cohérent avec une vision de son boulot qui ressort, involontairement je suppose, d'un discours qu'il tient au héros : à quoi bon arrêter les coupables puisque ça ne ramène pas les victimes ? Bon, je me doute bien que le vrai but de la scène à laquelle je fais référence, c'est de dire "la vengeance ça sert à rien", mais la façon dont il illustre son propos, c'est en expliquant qu'il a laissé filer un mec coupable de délit de fuite sous prétexte qu'à ma base l'accident n'était pas de sa faute, et qu'il n'allait quand même pas le buter pour ça... D'accord mais alors peut-être l'arrêter pour homicide involontaire et délit de fuite pour qu'il soit jugé parce que tu es policier ? Non ? Okay. Bon, ça vous donne une idée de la qualité d'écriture du film, dont les auteurs se pensaient sans doute trop intelligents pour avoir besoin d'une relecture. L'histoire prend une demi-heure à se mettre en place puis tourne en rond jusqu'à la révélation-choc à 10 minutes du générique. Le scénario idiot, la banalité des situations et la platitude des dialogues n'ont clairement pas beaucoup motivé les acteurs, qui se traînent sans conviction d'une scène à l'autre.

Cage se force à une scène de "mega-acting" parce qu'il n'est jamais aussi je-m'en-foutiste que Seagal,
mais on sent bien pendant tout le film que le coeur n'y est pas.

Quelques échauffourées maladroitement mises en scène tentent de donner l'illusion que c'est un thriller musclé où il se passe des trucs, mais servent surtout à rappeler qu'on est décidément face à un mauvais polar con et vaguement prétentieux, au budget à peine moins limité que l'imagination et le talent de ses auteurs. C'est court mais passablement ennuyeux, même pour quelqu'un qui aime bien Nicolas Cage et qui n'a pas des attentes démesurées de ce genre de production.

 

 

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Tokarev (Rage, 2014), réalisé par Paco Cabezas (Les Disparus) sur un scénario de James Agnew (Game of Death) et Sean Keller (Mammouth). Avec Nicolas Cage (Volte face), Max Ryan (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires), Michael McGrady (Ray Donovan), Rachel Nichols (Conan), Danny Glover (L'Arme fatale), Peter Stormare (Fargo).

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14 juillet 2017 5 14 /07 /juillet /2017 09:36

Pas sûr que le mois de juillet soit le meilleur pour reprendre, mais en tout cas, voilà, malgré deux mois et demi de silence, le blog n'est toujours pas mort. Et je relance avec un film de saison, qui par chez nous s'appelle Bastille Day parce qu'on en est là, les amis, aujourd'hui pour vous vendre un film à vous autres les jeunes, même un film qui se passe à Paris, même un film sur la fête nationale française, il vous faut un titre anglophone, même si c'est pas le vrai titre original (qui en l'occurrence est The Take). Il y a encore 20 ans ça serait sûrement sorti sous un titre comme Le Braquage de la Bastille ou Terreur au 14 juillet, mais de nos jours même quand vous dites La Guerre des étoiles au lieu de Star Wars les gens ne comprennent plus. En tout cas, même Daech a désapprouvé puisqu'ils ont fait en sorte que le film soit retiré de l'affiche dès le lendemain de sa sortie l'année dernière.

Le début a des airs de parodie involontaire de la représentation hollywoodienne de la France, puisqu'on y voit une femme à poil à Montmartre. Il manquerait plus qu'elle fume sur un air d'accordéon. Ou que les pavés soient en forme de croissants comme dans Team America. Enfin, je reconnais que c'est une façon plutôt rigolote d'introduire l'un des deux co-héros (dans le film, pas dans la femme à poil), qui comme il se doit est américain même si joué par un acteur britannique. Pickpocket de son état, il a engagé la fille pour distraire les passants pendant qu'il les détrousse. Malheureusement, les auteurs ont épuisé presque toute leur imagination là-dessus et commencent à enchaîner les clichés juste après, puisqu'on voit l'autre co-héros, qui comme il se doit est américain même si joué par un acteur britannique, se faire remonter les bretelles par sa chef (je ne vous surprendrai sans doute pas en vous disant qu'elle est américaine même si jouée par un actrice britannique) parce qu'EVIDEMMENT c'est une tête brûlée incontrôlable qui désobéit aux ordres sous prétexte de sauver des vies. Eh oui, vous ne le saviez sans doute pas mais la France est secrètement protégée par la CIA.
 

SA SAY PA WEE !

Vous aurez déjà compris que ces deux hommes-que-tout-oppose vont devoir travailler ensemble à contrecoeur et apprendre à se respecter. Leurs chemins se croisent après que le pickpocket chourre le sac d'une aspirante terroriste, ce qui amène la bombe qu'il contenait à exploser au mauvais endroit, et la CIA à se précipiter sur l'affaire parce que si le suspect est américain, ils ne vont quand même pas laisser les autorités françaises lui tirer elles-mêmes des informations sous la torture. Comprenant que l'attentat n'était que de la poudre aux yeux, ils s'unissent pour affronter un gang qui a kiffé Une journée en enfer et décidé de faire croire à une menace terroriste pour détourner l'attention d'un braquage. Ou plus exactement, pour attirer tout le monde sur le lieu de leur forfait, mais utiliser le chaos généré pour passer inaperçus. Un plan audacieux, pour ne pas dire inutilement risqué, pour ne pas dire carrément idiot, mais parfois il faut ça pour pouvoir s'infiltrer dans une banque et transférer tout l'argent de l'ordinateur de la banque sur une clé USB.

Bien entendu, tout l'argent se télécharge euro par euro
et il faut vite s'enfuir dès que la barre à enfin atteint les 100%.

Bastille Day semble avoir la prétention d'être un peu malin, en mettant en scène des méchants qui utilisent les tensions politiques de leur pays pour manipuler l'opinion publique et créer un climat favorable à dévaliser une banque. Des bombes sautent, on accuse les islamistes, la police tabasse d'innocents musulmans, le simili-FN en rajoute en déclarant qu'il faudrait taper encore plus fort dessus, la populace s'énerve, les malfaiteurs jettent de l'huile sur le feu grâce aux réseaux sociaux en se faisant passer pour des activistes révolutionnaires, et voilà qu'éclatent, aux cris de "policiers, enculés !" et "banquiers, enculés !", des émeutes de jeunes masqués façon "le truc Anonymous de V pour Vendetta là, c'est pas libre de droits, si ?"... La façon dont c'est orchestré paraît presque plausible. Le problème c'est que c'est assez absurde que le cambriolage de la Banque de France repose entièrement sur la réussite parfaite d'un plan aussi tiré par les cheveux. Et puis, je sais pas, voir que tout ça, c'est parce que le pognon doit être extrait d'un disque dur dans une chambre forte... Bon c'est un détail, mais ça fait crétin, ça fait vieux réalisateur ringard qui essaie de montrer qu'il est moderne alors chez lui on carotte pas des billets ou des lingots d'or, on fait ça par ordinateur !

Et las bandits twittent des hashtags et tout, tellement c'est jeune !

A part ça, même si vous êtes fans d'Idris Elba et/ou Richard "Robb Stark" Madden, vous risquez d'être déçus, ni l'un ni l'autre ne brille particulièrement dans des rôles que les scénaristes ne se sont pas donné la peine de définir au-delà de "super-agent super-efficace et super-déterminé" et "bandit au grand coeur qui veut se ranger". Pas un trait de caractère original pour l'un ou l'autre, pas une bonne réplique... On n'a même pas l'impression de voir vraiment une complicité se développer, ils finissent quand même par se la jouer "on est potes et on blague ensemble" mais ça fait complètement forcé. Face à eux, leur adversaire parvient à être encore plus oubliable ; si son plan s'inspire largement de ceux des frères Gruber, la performance de l'abonné aux séries France Télévisions qui l'incarne ne fera pas oublier celles d'Alan Rickman ou Jeremy Irons.

Même José Garcia en cosplay Tony Stark est décevant.

Les coups de théâtre sont prévisibles, et l'action est rarement inventive. Y a une scène pas mal foutue où 5 personnages se cognent les uns sur les autres à l'arrière d'une camionnette lancée à fond dont le conducteur se fait buter en route, mais c'est la seule qui soit un peu mémorable, à part ça il n'y a qu'un peu de parkour pas terrible, quelques échauffourées banales. A trop vouloir se donner des airs de thriller moderne sérieux, le film se prive de l'absurdité rigolote de quelque chose comme 12 Rounds, mais il reste trop bête pour se hisser au niveau d'un polar pour grandes personnes comme Jack Reacher. C'est de la série B regardable mais banale pour après-midi pluvieux et jours de grippe, mais du coup, c'est pas vraiment la saison, par un temps pareil autant aller se promener.

 

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Bastille Day (The Take, 2016), écrit et réalisé par James Watkins (La Dame en noir). Avec Idris Elba (Sur écoute), Richard Madden (Game of Thrones), Charlotte Le Bon (la météo du Grand Journal), José Garcia (La Vérité si je mens), Kelly Reilly (L'Auberge espagnole), Thierry Godard (Un Village français), Eriq Ebouaney (Lumumba).

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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 09:11

Bien qu'elle n'ait pas marqué les mémoires, la première adaptation ciné de Hitman a quand même ramassé 100 millions au box office mondial mine de rien, et tout ça pour un coût modeste. Alors forcément, la Fox a voulu faire un deuxième film. Comme personne n'a aimé le premier, ils n'ont pas cherché à en faire une suite, ils sont repartis à zéro avec de nouveaux acteurs. Et comme ils voulaient répéter la même opération, ils y ont mis peu de moyens et compté sur la popularité des jeux du même nom pour que ça se vende quand même. Ils ont réengagé le même scénariste, un réalisateur qui n'avait fait que des pubs et des clips avant, et toujours pas de vraie tête d'affiche. Bon, moi, je suis pas du genre à renier mes origines : Ciné Discount est né d'un blog de jeux vidéo, je continuerai à chroniquer des films tirés de jeux même quand ils font pas envie du tout. Ne serait-ce que parce que je voudrais pas rater le jour où les meilleurs d'entre eux dépasseront le "c'est très con mais c'est rigolo" et le "c'est pas une grande réussite mais c'est chouette" pour atteindre enfin le "c'est vachement bien".

Comme le titre l'indique, on suit à nouveau l'Agent 47, cette fois joué par un second rôle de la série Homeland et issu de manipulations génétiques produisant des assassins dépourvus d'états d'âme et aux sens et réflexes accrus pour le compte d'une organisation spécialisée dans les meurtres sur commande. Une agence rivale qui souhaite obtenir ses propres super-tueurs recherche sans succès le savant à l'origine du programme, disparu depuis des années, et 47 est chargé de contrecarrer leurs plans. Pour cela, il compte les priver de leur dernière piste, une mystérieuse jeune femme elle-même lancée sur les traces du généticien en cavale. Alors qu'il est sur le point de lui mettre le grappin dessus, sa cible est sauvée par un inconnu, mais il se pourrait bien que l'homme cache ses véritables intentions à son sujet.

Hitman: Agent 47 vous est offert par la Audi RS7, une voiture qu'elle est bien pour la conduire,
surtout en rouge vif quand vous essayez de circuler discrètement en ville.

Hitman: Agent 47 aimerait bien avoir l'air d'un thriller sérieux, et pour cela il recopie ce qu'il a vu chez plein d'autres. Il y a des sociétés secrètes internationales avec des noms super originaux comme "L'Agence" et "Le Syndicat". Il y a des coupures de journaux et des photos et des indices punaisés au mur sur une carte parce que même à l'ère des smartphones ça reste apparemment le meilleur moyen de stocker tous les renseignements qu'on a sur la cible qu'on traque, même quand on est en cavale et qu'il faut tout remballer précipitamment à chaque déménagement. Il y a des ordinateurs qui font dzzzzziiiiit dziiiiit trrrrrrllll bliiiip bloup pendant que le logiciel reconnaît quelqu'un à partir d'images de vidéosurveillance floues. Il y a des coups de théâtre où en fait les gentils sont méchants et les méchants sont gentils, puis inversement, puis le contraire. Il y a une fille qui se bourre de cachets pour montrer qu'elle a une vie compliquée. Il y a un flic à l'air niais qui ironise quand son prisonnier qui a été assez bête pour se laisser capturer tout seul lui avoue qu'en fait il l'a fait exprès parce que c'est un super criminel et ça fait partie de son plan (le film vole même une réplique de Watchmen, "vous ne comprenez pas, ce n'est pas moi qui suis enfermé avec vous, c'est vous qui êtes enfermés avec moi"). Il y a un méchant qui dit à son ennemi "vous et moi, nous ne sommes pas si différents". Il y a des indices apparemment anodins qui amènent à des déductions qui tombent 100% juste, genre "l'homme que nous recherchons en vain depuis 20 ans aime les orchidées, il sera donc forcément demain matin à Singapour à 9 heures".

La fille décroche des articles de sa carte au fil des révélations,
pour signifier au public à quelle point elle est vive d'esprit
parce qu'elle vient de déduire que le type ne se cache pas dans l'océan Atlantique.

Les lieux communs se succèdent au fil d'un scénario légèrement insultant de bêtise. Bon, des fois c'est juste des petits détails idiots, comme quand la fille va récupérer un passeport commandé à un faussaire, n'est pas contente de sa qualité, menace le mec pour en obtenir un meilleur... qu'il lui donne immédiatement parce qu'apparemment il gardait en stock, juste au cas où, un deuxième faux passeport de meilleure qualité fabriqué spécialement pour elle (à moins que l'auteur pense qu'un faux passeport, c'est juste un passeport vierge que tu remplis toi-même au stylo après avoir collé ta photo dedans, et après ça passe tranquille à la douane). D'autres fois c'est un peu plus crétin, comme quand on découvre que "Le Syndicat", qui veut absolument pouvoir lancer son propre programme d'Agents, possède déjà la technologie pour produire des tueurs dotés des mêmes facultés, mais qui en plus sont invulnérables aux balles. On sent d'ailleurs que même 47 est perturbé par l'absurdité du plan parce que jusqu'au combat final, alors qu'il sait très bien que les armes à feu sont inutiles contre son adversaire, il tente encore de tuer le mec avec son flingue juste au cas où. Et puis à d'autres moments, là c'est carrément que le fameux type recherché par le Syndicat habite DANS LA MÊME VILLE QUE LEUR QUARTIER GÉNÉRAL, DANS LAQUELLE IL FRÉQUENTE UN LIEU PUBLIC SANS MÊME SE DÉGUISER. Attention hein ça n'est même pas qu'il a une ruse particulièrement astucieuse et audacieuse pour échapper à leur caméras et satellites hein, c'est simplement qu'il a cette chance incroyable que les mecs qui surveillent le monde entier sont trop cons pour surveiller leurs propres environs, quand bien même ils disposent de tous les indices qui permettent à plus malin qu'eux de deviner où il est.

Un mec qui fréquente assidûment un attrape-touristes et qui a besoin
d'un traitement médical expérimental pour son cancer des poumons,
c'est drôlement dur a repérer sur un territoire plus petit que le Luxembourg.

Au milieu de ce mélange de paresse et de stupidité, il y a un héros hélas pas très intéressant, joué par un acteur fade. Le problème de 47 c'est que sa profession en fait logiquement le méchant de l'histoire, ce qu'il est d'ailleurs au début du film, mais qu'il faut bien lui donner le beau rôle quand même. Et c'est faisable avec un assassin charismatique, pour peu qu'il ait une personnalité intrigante, un côté tragique, une cause juste, un code d'honneur de type "je tue que ceux qui méritent", mais ici ça n'est qu'une espèce de robot construit entièrement en clichés sur les tueurs à gages solitaires froids et méticuleux, qui abat sans sourciller tous ceux qui peuvent compromettre sa mission, parfois de manière gratuitement atroce, comme quand il balance un simple homme de main dans un broyeur. Il n'évolue pas en cours de route, même quand son rôle dans le film s'inverse, et on ne nous donne jamais une vraie raison de vouloir le voir gagner à la fin. C'est sous-titré Agent 47 et les mecs sont pas foutus de nous amener à nous soucier de l'Agent 47, ils comptent juste sur "c'est le héros du jeu vidéo, t'aimes ça les jeux vidéo non ?"

Il n'y a même pas un mot sur son passé de champion de limbo.

Mais le plus décevant, c'est quand on sait que les séquences d'action ont été mises en scène par le tandem David Leitch/Chad Stahelski et qu'elles se révèlent aussi moyennes. On reconnaît quand même la marque de fabrique des papas de John Wick, un personnage qui se déplace calmement à travers un décor en éliminant méthodiquement un par un ses adversaires avec un mélange de tirs ultra-précis et de combat au corps-à-corps, mais ici la sauce ne prend pas, entre autres parce que les environnements où se déroule l'action ne se prêtent pas à une chorégraphie très intéressante, mais aussi parce que le montage tend à casser la fluidité des échauffourées alors qu'elle fait partie intégrante de ce style qui a fait le succès du film avec Keanu Reeves. Le résultat est quand même loin d'être nul mais reste insuffisant pour relever le niveau.

Outre le fait que Rupert Friend et Hannah Ware
ne sont pas spécialement crédibles en héros de film d'action,
un hélipad n'est pas le meilleur endroit pour une fusillade à la
John Wick.

Je me souviens trop peu de l'original pour dire si celui-ci est légèrement moins mauvais ou encore pire. Après relecture de ma chronique de l'époque, j'ai l'impression que c'est un match nul : comme celle de 2007, la nouvelle version est un truc idiot au point d'être risible, avec un acteur mal choisi, éclipsé par la jolie mannequin qui l'accompagne, et des scènes d'action bien brutales et pas trop foireuses mais qui ne rattrapent pas le fait qu'on n'ait absolument rien à cirer de l'intrigue, sauf qu'ici en plus d'évoquer n'importe quel thriller bas-de-gamme de ces trente dernières années, est un mélange foireux de Terminator 2 et Hanna. Mieux vaut revoir John Wick.

 

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Hitman: Agent 47 (2015) réalisé par Aleksander Bach sur un scénario de Skip Woods (Die Hard: Belle journée pour mourir) et Michael Finch (Predators). Avec Hannah Ware (Shame), Rupert Friend (Homeland), Zachary Quinto (Star Trek), Ciarán Hinds (Game of Thrones), Thomas Kretschmann (Avengers : L'Ere d'Ultron).

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1 avril 2017 6 01 /04 /avril /2017 08:46

N'ayant chroniqué que des adaptations de jeux vidéo cette année, je continue sur ma lancée même si ça veut dire qu'il va falloir que je re-bouffe du Hitman et du Tekken. J'avais encore jamais vu Doom, qui a déjà 12 ans cette année, et comme pour Resident Evil ça me paraissait être un bon moment pour lui donner enfin sa chance. En 2005 je me serais sûrement focalisé bêtement sur "mais ça n'a rien à voir avec le jeu !", mais là je me sentais d'humeur à donner tort à tous ceux qui l'avaient descendu à sa sortie : les critiques sérieux qui avaient trouvé ça débile tout en affirmant que "mais les fans du jeu aimeront sûrement !" (parce que jouer à des jeux vidéo signifie automatiquement avoir des goûts de chiottes en matière de films tant qu'on appelle un personnage "Dr Carmack" OUAH COMME JOHN CARMACK LE CREATEUR DE DOOM), les fans outrés par les infidélités à "l'Oeuvre" d'origine, et ceux qui ne voulaient pas rater une occasion de se moquer d'un idiot de catcheur qui prétendait faire du cinéma.

Eh oui, parce qu'à l'époque The Rock était encore The Rock, un type qui jusque-là avait gagné sa vie en faisant semblant de se battre en slip, et pas encore Dwayne Johnson, la plus grosse star de la galaxie. Il était donc de bon ton d'ironiser sur son talent d'acteur. Vous vous rendez compte que même quand j'ai commencé ce blog, en des temps immémoriaux, je me demandais s'il trouverait enfin le film qui ferait de lui le nouveau Schwarzenegger ou s'il resterait toujours le un-peu-mieux-que-Roddy-Piper-mais-pas-beaucoup ? Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Vous voulez sauver GI Joe ? Vous appelez Dwayne Johnson. Vous voulez être sûr de pouvoir poursuivre les Fast & Furious jusqu'à l'explosion du soleil ? Dwayne Johnson. Vous voulez tirer du fric d'un vieux truc ringard comme Alerte à Malibu ? Dwayne Johnson. Et les critiques sur "encore un culturiste teubé qui joue comme un parpaing" ont laissé place à des louanges sur son côté sympa, charismatique et rigolo. Mais en 2005, donc, on n'en était pas encore là.

Je ne vous apprends sans doute rien en vous disant que Doom, que l'on doit au même réalisateur que Street Fighter, la légende de Chun-Li, est tiré de l'un des premiers et plus célèbres jeux de flingage en vue subjective, qui mettait en scène une invasion de démons dans une base martienne suite à l'ouverture d'un portail infernal. Le film délaisse l'élément occulte mais il est toujours question de massacre sur Mars, où des scientifiques sur un site de fouilles archéologiques sont victimes de créatures non-identifiées. Une escouade militaire est envoyée pour retrouver d'éventuels survivants ainsi que le fruit de leurs mystérieuses recherches. Attaqués à leur tour, les troufions comprennent assez vite que leurs supérieurs leur ont caché la vraie nature de la menace, et tombent l'un après l'autre dans les griffes de mutants féroces.

Remplacer les démons par de simples mutants, pourquoi pas,
mais ça semble avoir servi d'excuse pour utiliser des créatures au design assez banal.

Le seul moment mémorable du film, illustré ci-dessus, arrive vers la fin : cinq minutes à la première personne, dans la peau du héros qui tue des monstres dans des couloirs à coups de fusil d'assaut ou de tronçonneuse. C'est probablement cette scène qui a suffi aux critiques pour se mettre dans la tête que ça "plairait forcément aux fans du jeu vidéo". Malheureusement, en dehors de ça, c'est une copie d'Aliens qui souffre à la fois d'un manque de personnalité (même les streums ressemblent à une version bodybuildée du Xénomorphe) et d'un surplus de budget. Avec moins de fric ça aurait pu donner un nanar et être drôle, mais là, sans être vraiment une superproduction (on se rend sur Mars en téléporteur parce que ça coûte moins cher à représenter à l'écran qu'un vaisseau spatial) ça n'est pas ridicule du tout. Et avec un peu d'imagination ça aurait pu être une vraie bonne variation autour du thème "commando contre monstre(s)" comme Predator, mais c'est le genre de film où chaque scène est une réplique de la précédente (les soldats arrivent dans une nouvelle pièce/un nouveau couloir, une ombre fait "woosh woosh" derrière/au-dessus d'eux, une patte griffue en chope un en douce et le bute, les survivants répliquent en tirant dans le vide) et où chaque personnage a un seul trait de caractère qui dicte la totalité de sa contribution à l'histoire : le chef reste bien droit dans ses bottes, le bleu-bite panique, le cul-bénit prie, le psychopathe fait des trucs louches, le héros désobéit aux ordres pour la bonne cause, etc.

L'autre gros clin d'oeil au jeu, c'est le "Big Fucking Gun". Et c'est certes marrant de voir
The Rock se trimballer avec un fusil de la taille d'un éléphanteau, et en même temps,
il tire deux fois avec dans tout le film, et rate, donc ça n'est pas spécialement satisfaisant pour autant.

Alors voilà, comme il y a Rosamund Pike, comme les effets spéciaux sont plutôt réussis (meilleurs que ceux de Resident Evil, par exemple), comme il y a cette fameuse séquence imitant le jeu, comme ça n'est pas un de ces films de monstres fauchés où ça bavasse tout le temps parce que ça coûte moins cher que de tourner des scènes d'action, ça reste plus regardable que d'autres ersatz du film de Cameron tellement oubliables que là je suis même pas foutu de vous en citer un seul en exemple. Tout ça n'en fait pas un film intéressant pour autant, il manque une touche de folie ou de créativité qui aurait pu faire qu'on s'amuse vraiment devant, mais là même The Rock, sans être mauvais, ne donne aucun relief à son personnage et à la baston finale (qui se fait à coups de poings, un comble pour Doom). A choisir, je reverrais plutôt un Resident Evil que ça, et j'ai pourtant pas spécialement envie de revoir un Resident Evil, c'est vous dire si vous n'avez pas besoin de regarder Doom.

 


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Doom (2005), réalisé par Andrzej Bartkowiak (Roméo doit mourir) sur un scénario de Dave Callaham (Expendables : Unité spéciale) et Wesley Strick (Freddy : Les Griffes de la nuit). Avec Karl Urban (Dredd), The Rock, Rosamund Pike (Gone Girl), Raz Adoti (Resident Evil: Apocalypse), Richard Brake (Batman Begins), Dexter Fletcher (Arnaques, crimes et botanique).

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22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 08:38

Comme Apocalypse, Retribution démarre exactement là où s'arrêtait le chapitre précédent, et comme Afterlife, le film part dans une autre direction une fois que l'introduction l'a débarrassé des éléments que l'auteur a finalement regretté d'avoir mis en place (et des personnages dont les interprètes avaient mieux à faire que de revenir, comme Claire et Chris Redfield). Si vous vous attendiez à voir Alice mener les passagers de l'Arcadia dans une révolte contre Umbrella, ou à voir les deux camps comprendre que dans leur situation le plus sage est de déposer les armes et de tenter de reconstruire quelque chose ensemble sur les ruines du monde, pas de bol. Les survivants sont massacrés, Alice est capturée, et la voilà prisonnière d'un énième labo souterrain secret où son ancienne alliée Jill Valentine la torture. Heureusement pour elle, Wesker n'est pas mort (par respect pour votre intelligence, le film ne fait même pas semblant qu'il y a une explication à sa survie, il faut simplement admettre qu'il n'est pas mort) et a décidé de se retourner contre Umbrella pour l'aider à s'évader. Mais pour rejoindre l'escouade qui doit la tirer de là, Alice devra affronter toutes les armes vivantes que la Reine Rouge, l'intelligence artificielle qui règne sur les lieux, garde en stock, parmi lesquelles des clones de ses anciens compagnons d'armes.

J'aurais pu m'arrêter au quatrième film et on se serait quittés bons amis, Resident Evil et moi. Mais non, il a fallu que je voie le cinquième qui, hélas, n'est pas sorti en DVD 3D alors qu'il a lui aussi été conçu pour la 3D, et qui est probablement le plus crétin de toute la série. Sans le relief, les nombreuses courses-poursuites et fusillades perdent beaucoup de leur attrait (et les ralentis omniprésents se retrouvent superflus la plupart du temps), ce qui incite à moins d'indulgence envers le reste. Et le reste, c'est une espèce de tentative de best of Resident Evil, qui recycle des décors et monstres d'Afterlife, fait revenir le Lécheur des deux premiers films mais en version géante, nous inflige une nouvelle déclinaison de la Reine Rouge de l'original (le mec, c'est lui qui scénarise depuis le début, et il s'est persuadé que c'était la méchante, alors que son but original était d'empêcher l'épidémie, et il s'est persuadé qu'une menace aussi banale que son "You are all going to die down here" était une réplique percutante) et ressuscite sous forme de clones des personnages morts depuis plusieurs films. Pour meubler les 85 minutes règlementaires, Paul Anderson a aussi ajouté quelques nouveaux protagonistes calqués sur le modèle habituel du "j'ai 5 répliques et aucune personnalité mais je porte un nom tiré des jeux vidéo pour faire plaisir aux fans", et fourré où il pouvait quelques lieux communs du film de zombies qu'il n'avait pas encore trouvé l'occasion d'exploiter, comme l'invasion d'une petite bourgade idyllique par les morts-vivants.

Jusque-là il n'avait pas encore trouvé de prétexte non plus pour avoir des soldats zombies...

...et des zombies aquatiques, mais voilà, cette fois, c'est fait.

Le résultat est sans doute l'épisode le plus proche d'un jeu vidéo, même si pas forcément un jeu vidéo Resident Evil. Mais ça se résume vraiment à une succession de "Alice entre dans le 1er niveau, Tokyo, tue tous les monstres, passe au niveau 2, New York, tue tous les monstres, passe au niveau 3, Moscou, etc etc", entrecoupée de dialogues où les protagonistes s'expliquent les uns aux autres que derrière tous ces gros flingues et tout ce kung fu acrobatique il y a une conspiration mondiale vachement complexe. Et surtout vachement absurde et en contradiction avec ce qui s'est passé dans la série jusqu'ici, mais c'est pas fait pour y réfléchir trop fort, c'est fait pour justifier le fait que la trame s'est définitivement bloquée sur "Umbrella essaie d'éliminer ou contrôler Alice parce que c'est l'arme absolue, et Alice essaie d'éradiquer Umbrella parce que c'est les méchants", quand bien même Umbrella n'a plus de chef, Alice n'a plus de superpouvoirs, le monde est censé être un désert depuis Extinction, anéantir le peu d'humains encore en vie est sûrement beaucoup plus facile avec quelques bombes atomiques qu'en produisant en laboratoire des géants de trois mètres avec des cagoules de bourreau, et se venger des fabricants du Virus T semble une cause un peu moins productive que trouver un remède.

Comme pour presque chaque épisode, le meilleur moment du film est encore son intro,
ici une grosse scène d'action rembobinée au ralenti.
Après ça, à moins d'être un fan inconditionnel de la série, vous pouvez arrêter le visionnage sans regret.

Ca reste un film de gogol pas antipathique du tout, et même un peu rigolo pour un fan de nanars. Mais après un épisode que j'avais trouvé chouette, sans la 3D c'est un retour décevant à la réalité des Resident Evil : ce ne sont vraiment pas de bonnes petites séries B qui valent mieux que leur mauvaise réputation, mais bien des couillonnades décérébrées avec, de temps en temps, une idée un peu intéressante, une petite trouvaille qui élève une scène d'action pas exceptionnelle par ailleurs. Je reconnais que ça a une certaine personnalité, du style, que ça n'est clairement pas l'oeuvre d'un tâcheron qui fait ça pour payer son loyer mais bien de quelqu'un qui s'applique sur sa mise en scène (pas trop sur son écriture, en revanche...) parce qu'il est à fond dans son délire, mais ça reste un délire de gamin de 14 ans toujours pas remis de Matrix et amoureux de Milla Jovovich, auquel j'ai pas vraiment réussi à adhérer en cinq films. Là, voyez, je suis pas spécialement en train d'attendre avec impatience la sortie DVD du Chapitre Final. Et malgré un pic de qualité sur le quatrième film, mon verdict n'aura pas beaucoup bougé : c'est pas les pires adaptations de jeux vidéo qui soient, c'est moins gavant qu'Underworld, et en même temps, c'est moins chouette que Tomb Raider et clairement pas indispensable à votre culture cinématographique.

 

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Resident Evil: Retribution (2012), écrit et réalisé par Paul W.S. Anderson (Alien vs. Predator). Avec Milla Jovovich (Le 5ème élément), Li Bingbing (Transformers : L'Âge de l'extinction), Aryana Engineer (Esther), Michelle Rodriguez (Avatar), Boris Kodjoe (Clones), Sienna Guillory (Eragon), Oded Fehr (La Momie), Shawn Roberts (xXx: Reactivated),

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 16:52

Au début de l'épisode précédent, on apprenait que l'épidémie de Virus T avait transformé le monde en désert. Dans celui-ci, on découvre qu'en fait il reste des villes, mais qu'elles sont en ruines encore fumantes même 4 ans après l'apocalypse (accessoirement, Extinction se déroulait 5 ans après l'apocalypse mais je suppose qu'on n'est plus à ça près). Qui allume les incendies au sommet des immeubles, les zombies ? Bon, en tout cas, soyons juste, Paul Anderson (qui entre les deux films s'est marié avec son héroïne) n'a pas tout oublié de ce qu'il avait écrit avant. Contrairement à ce que je craignais, ce quatrième film n'ignore pas la conclusion du troisième. C'est plutôt qu'il en fait la mini-intrigue d'une intro à la James Bond, au lieu d'en faire le sujet du film. Alors voilà, les restes du fameux "convoi de Claire Redfield™" ont bien tenté de rejoindre un abri en Alaska, et Alice a bien emmené ses clones dans le labo souterrain d'Umbrella à Tokyo pour mettre une branlée au grand chef de la multinationale responsable de la fin du monde. Et je me souviens qu'au début de la série je trouvais intéressant qu'Umbrella soit montrée comme une caricature à peu près plausible d'une vraie entreprise pharmaceutique sans scrupules, mais là on en est clairement arrivés au point où ils ont achevé leur dégénérescence en simple gang de méchants de cinéma, avec un patron qui ne quitte jamais ses lunettes de soleil et flingue ses propres employés dès qu'ils hésitent à lui obéir.

En tout cas, une fois le prologue passé, et les clones dépensées par l'héroïne comme de simples vies supplémentaires pour parvenir jusqu'au boss du niveau, l'action se déplace dans les restes de Los Angeles, où Alice et Claire tombent (presque littéralement) sur un nouveau groupe de survivants dans une prison. Un hasard dont l'invraisemblance ne choquera probablement pas les fans de la série fait que ces nouveaux compagnons savent où se situe vraiment l'abri que tout le monde pensait trouver en Alaska, et figurez-vous qu'en réalité il est tout près de là où ils se planquent ! Le problème c'est qu'une immense horde de zombie leur barre la route. Heureusement, ils détiennent un prisonnier qui connaît un moyen de sortir en limitant les risques, et qui n'est autre que Chris Redfield, le frère de Claire, parce qu'au niveau coïncidences improbables on n'est plus à ça près n'est-ce pas ?

"Salut, on est là parce qu'un film de zombies ou aucun survivant ne se fait tuer c'est un peu chiant".

Bon, les amis, il aura fallu attendre l'antépénultième film de la série, mais cette fois, on y est : j'ai kiffé pour de vrai un Resident Evil. Pas seulement "bon c'est vrai que dans mes souvenirs c'était pire que ça" ou "oh, c'est pas aussi nul que sa réputation le laisse penser" mais "ah ben tiens il était plutôt cool celui-ci". Et pourtant l'intrigue est toujours basique et paresseuse, les personnages sont toujours sans grand intérêt, les effets numériques sont toujours médiocres, mais ce coup-ci les scènes d'action suffisent à justifier le visionnage. Il faut dire que c'est en 3D. Bon, dans mon cas, ça a été de la 3D de DVD, donc il faut utiliser des lunettes en carton et accepter qu'au lieu d'avoir des couleurs normales, l'image va être verte ou marron ou grise selon les scènes. Mais j'ai trouvé que ça en valait la peine. Il faut un temps d'adaptation/résignation mais ça m'a semblé plus facile à pardonner que sur Meurtres à la St-Valentin ou Dark Country, parce que le relief est vraiment mis en valeur aussi souvent que possible.

L'intro est sans doute la meilleure scène du film,
mais pour une fois la suite vaut le coup d'oeil quand même.

Là, il faut quand même dire une chose sur cette série, qui est valable depuis le début : c'est pas des films prétentieux. Ils ne cherchent jamais à faire croire qu'ils ont quelque chose de grave et profond à dire, mais ils ne donnent jamais non plus dans le genre "clin d'oeil au public parce qu'on sait tous qu'on vaut mieux que ça et qu'on est juste là pour en rigoler ensemble". Et donc, se mettre à la 3D, on voit bien que Paul Anderson n'a pas pris ça comme une bête obligation pour ramasser plus de fric. Il aurait pu se contenter de faire ajouter quelques effets de profondeur en post-production parce qu'il s'en fout et qu'il s'estime trop bien pour ce gadget, mais non, il a tourné avec les caméras d'Avatar et il s'est donné la peine d'élaborer un maximum de scènes qui auraient l'air cool en 3D. Alors, chaque fois qu'il y a une baston, vous pouvez être sûrs qu'Alice va balancer des shurikens vers l'écran, tirer vers l'écran, empaler ses ennemis avec des sabres pointés vers l'écran, qu'il va y avoir des flingues et des balles et des haches et des débris qui volent et tourbillonnent partout, etc. Et ça a sûrement encore plus de gueule sur une télé 3D mais vous voyez, rien qu'avec mes lunettes en carton je me suis surpris à esquiver.

Avec des choses comme ça pendant 1h30, je veux bien passer l'éponge
sur tout ce qu'il peut y avoir de con, absurde ou fade dans un
Resident Evil.

Alors après, c'est sûr que si j'avais vu une version 2D j'aurais sans doute pensé la même chose que pour les épisodes précédents. J'aurais peut-être même trouvé Afterlife plus laborieux, parce qu'il y a de longs ralentis tout le temps pour profiter encore plus de la 3D, et donc forcément, en 2D je suppose que ça fait bizarre de voir chaque scène d'action se dérouler comme ça. Mais là, voilà, c'est ce que j'espérais depuis le début : si ça doit rester le genre de film où un type de 3 mètres avec un sac sur la tête et une hache-marteau se balade dans les rues de Los Angeles sans explication (enfin je suppose que l'explication c'est qu'il est tiré d'un des jeux vidéo mais mon dernier c'était Resident Evil 3 sur la première Playsation donc c'est loin), où les interactions entre un frère et une soeur qui se croyaient morts se limitent à peu près à "Claire ? Je te croyais morte ! -Mais t'es qui ? -Ton frère. -Je me rappelle pas. -Mais si, ton frère ! -Ok.", où l'existence de chaque personnage est oubliée dans les 30 secondes qui suivent sa mort, alors il faut que l'action en jette, et pour une fois, ça y est, il y a un peu plus de moments mémorables qu'un coup de pied acrobatique à un chien zombie ou une moto qui vole à travers les vitraux d'une église.

Le film débarrasse Alice des pouvoirs magiques utilisés dans Extinction
pour se reconcentrer sur un classique du premier volet, le coup de savate volant dans la gueule.

S'il vous faut quelque chose de plus cérébral, ou si l'idée d'un arrière-goût de Matrix assez prononcé est susceptible de rendre le film ringard pour vous, ou si vous considérez la 3D qui en fait des tonnes dans le genre "attention baisse-toi !" comme un gadget pour enfants, ou si vous ne comptez pas le regarder en 3D du tout, ben voilà, c'est une série B bas-du-front, pas beaucoup plus crétine que la moyenne des Marvel et consorts mais sans le casting et les effets spéciaux haut-de-gamme pour la tirer vers le haut, donc ça reste aussi dispensable que les autres Resident Evil. Mais si ça vous amuse de voir le cinéma renouer avec ses racines d'attraction foraine de temps en temps, alors il y a des chances que ça vous fasse goleri de voir Milla Jovovich faire des pirouettes dans un hélicoptère en plein crash ou sauter d'un toit d'immeuble avec une horde de morts-vivants aux trousses.

 

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Resident Evil: Afterlife 3D (2010), écrit et réalisé par Paul W.S. Anderson (Mortal Kombat). Avec Milla Jovovich (Ultraviolet), Ali Larter (Heroes), Boris Kodjoe (Clones), Wentworth Miller (Prison Break), Kacey Barnfield (Lake Placid 3), Shawn Roberts (xXx: Reactivated), Kim Coates (Sons of Anarchy), Spencer Locke (Tarzan).

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Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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