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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 09:36
la maison des 1000 mortsQuelques années avant que Tarantino ne force les critiques intellos branchés à faire semblant de s'intéresser au cinéma "grindhouse" avec son Boulevard de la Mort (d'ennui), le hardrockeux Rob Zombie décidait de se lancer dans un hommage au cinéma bis des années 70 pour sa première réalisation. Titre outrancier, galeries de personnages extravagants, mauvais goût assumé, univers horrifique bizarre et cracra, le film n'utilise certes pas d'effets spéciaux pour vieillir et endommager artificiellement son image mais on est indéniablement dans une ambiance à la Massacre à la tronçonneuse ou La Colline a des yeux.

La Maison des 1000 morts reprend d'ailleurs pas mal d'éléments au film de Tobe Hooper. Un petit groupe de jeunes s'arrête dans un trou paumé du Texas pour refaire le plein d'essence et va se retrouver victime de la famille de dégénérés du coin, les Firefly, des ploucs assassins et tortionnaires. Personne n'a de scie mécanique portative c'est vrai, mais il y a bien un gros demeuré défiguré dans la famille, et s'il n'est pas absolument certains que les Firefly soient anthropophages, j'ai cru déceler un clin d'oeil à la scène de Massacre à la tronçonneuse dans laquelle les futures victimes se font servir des grillades par un complice de la famille de Leatherface (en ignorant qu'elles sont probablement à base de chair humaine, donc) quand le restaurateur/forain du coin offre du poulet frit aux futurs morts.

Bon je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un remake ou une repompe intégrale mais faut avouer que l'intrigue n'est pas d'une originalité folle, c'est un schéma classique du genre, mais après tout pour un premier film, avoir la modestie de ne pas chercher à révolutionner le cinéma n'est peut-être pas un mal. Reste donc à savoir si Rob Zombie a su apporter  à la formule une touche personnelle intéressante et/ou un certain savoir-faire pour que son passage derrière la caméra (et le visionnage de ce DVD, donc) vale le coup quand même.

La Maison aux 1000 morts 01Une des forces du film est de proposer une sacrée belle galerie de sales gueules,
et tout ça sans avoir à faire appel aux traditionnels Michael Berryman, Robert Z'dar et Zelda Rubinstein.

Malheureusement, comme beaucoup de réalisateurs de cinéma de genre actuels, Rob Zombie est un garçon qui veut absolument qu'on sache qu'il a des références, qu'il ne débarque pas comme un fleur dans un domaine qu'il ne connaît pas au contraire qu'il maîtrise à fond son sujet. Je ne sais pas si les mecs qui font ça sont plutôt dans un trip à la Tarantino genre "mes goûts sont tellement intéressants, il faut absolument que j'en fasse profiter tout le monde en déblatérant dessus le plus longuement possible" ou si au contraire c'est le fruit d'une certaine angoisse, la peur de ne pas avoir de légitimité en tant que réalisateur, une tentative de prouver qu'on est un vrai cinéaste puisqu'on est un vrai cinéphile. Ce sont des gars qui connaissent le public auquel ils s'adressent, ils savent qu'ils ont face à eux des mecs totalement imprégnés la même sous-culture, nourris aux mêmes films et séries, des mecs qui ont dans un coin de leur tête le super film d'horreur ou de SF qu'ils réaliseront un jour quand un producteur leur aura donné les sous et qui en attendant, se montreront impitoyables envers les plus chanceux qu'eux, les geeks qui auront trouvé quelqu'un pour financer leurs histoires de monstres et de zombies. Forcément, pour apaiser ce genre de bestiau, le réalisateur qui débute peut être tenté de vouloir prouver par tous les moyens qu'il n'est pas qu'un simple critique de Mad Movies (enfin, ou Fangoria hein) qui a eu un gros coup de bol immérité, de montrer patte blanche, de prouver qu'il sait ce qu'il fait, qu'il n'est pas un imposteur, qu'il aime du même amour passionnel les mêmes choses que ses spectateurs potentiels.

La Maison aux 1000 morts 02T-shirts humoristiques, fausses marques de céréales rigolotes,
le film fourmille de petits gags visuels qui lui donnent un certain charme
mais ne suffisent pas à faire totalement pardonner ses faiblesses.

Bon enfin notez que ça n'est qu'une théorie hein. Mais donc Rob Zombie s'est lancé dans le film d'horreur parce que comme tous les rockeurs chevelus, il a passé son adolescence à regarder en cachette des histoires de cannibales ou de psychopathes de la cambrousse et que maintenant, il veut refaire pareil mais en y ajoutant sa touche personnelle, et sa touche personnelle consiste à fourrer toutes ses "influences", comme on dit, dans son premier film. Les "musées des horreurs" qu'on trouve au bord de certaines routes aux Etats-Unis,
Massacre à la tronçonneuse et La Colline a des yeux, les légendes de tueurs fous, les Marx Brothers, Massacre à la tronçonneuse et La Colline a des yeux, le hard rock, Massacre à la tronçonneuse et La Colline a des yeux, la série Les Monstres (ça fait moins bateau que La Famille Addams, sans doute), Massacre à la tronçonneuse et La Colline a des yeux, probablement un peu aussi Forbidden Zone de Richard Elfman pour faire bonne mesure.  De bonnes influences certes, mais ça fait un peu beaucoup d'un coup quand même et forcément, ça prend un côté fourre-tout, et notre apprenti-réalisateur a un peu de mal à faire exister un vrai film au milieu de tout ça.

La Maison aux 1000 morts 03La Maison des 1000 morts multiplie les monstres et créatures,
mais la réussite de leur design ne fait pas forcément oublier
que le film n'en fait finalement pas grand'chose de mémorable.

Ca n'est pas complètement inintéressant hein, visuellement par exemple c'est riche, et y a une assez belle galerie de méchants. Sid Haig (un ancien habitué des productions Roger Corman) est excellent dans un personnage savoureux d'affreux clown/Monsieur Loyal (mais malheureusement trop peu présent dans le film à mon goût), la vétérane Karen Black est très bien aussi en pouffiasse décrépite. Je suis un peu moins convaincu par le jeu d'actrice de Sheri Moon par contre mais c'est peut-être mon mauvais esprit qui m'amène à penser qu'elle n'a eu le rôle que parce qu'elle est Madame Zombie dans la vie. Les victimes, en revanche, ne sont là que pour être poursuivies, séquestrées, charcutées ; aucune ne peut être considérée comme un véritable personnage, il y a un pauvre prétexte scénaristique au fait que ces quatre abrutis ne se sauvent pas à toutes jambes en débarquant chez le vilain clown mais à part ça, rien, pas de personnalité, de signes distinctifs, ils sont juste vaguement antipathiques, c'est tout. Et malheureusement ça affaiblit grandement un film d'horreur, quand chaque disparition d'un des "héros" ne suscite pas grand chose de plus chez le spectateur que "ah ben tiens, un de moins là déjà, je me souviens même plus comment il s'appelait celui-ci" ou à la rigueur "ah, dur, j'aimerais pas qu'il m'arrive la même chose, mais au fait c'était laquelle des deux filles là ?" plutôt que "oh non pas cette pauvre Sandy/ce pauvre Ben !"

La Maison aux 1000 morts 04Dommage que le Cap'taine Spaulding ne soit pas plus présent dans le film,
ses rares scènes faisant partie des meilleures.

Mises bout-à-bout, les qualités de La Maison des 1000 morts ne rattrapent pas complètement ses défauts et ne font hélas pas vraiment un bon film. Ca ne vole jamais vraiment au-dessus de "Massacre à la tronçonneuse, sans la tronçonneuse". D'ailleurs tenez, c'est bien simple : ça n'est pas beaucoup plus passionnant à regarder que le remake superflu de Massacre à la tronçonneuse. Ca a plus de style, c'est sûr, et à choisir entre les deux j'ai plus de respect pour un film raté de cinéphile-cinéaste débutant que pour une production Michael Bay sans âme, mais concrètement, La Maison des 1000 morts est-il un bien meilleur film que celui de Marcus Nispel ? Bof. Bref, j'ai The Devil's Rejects de Rob Zombie qui m'attend dans ma pile de DVDs à voir et je suis curieux de le visionner quand même, mais en attendant je dois dire que je regrette un peu les 10 € que j'ai payés pour celui-ci.
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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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