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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 12:35

Sur le papier, le synopsis du film paraît à la fois un peu léger et raisonnablement intriguant : deux médecins légistes vont passer une nuit à essayer de déterminer l'identité d'une "Jane Doe", un cadavre de femme anonyme qui semble n'avoir aucun lien avec la scène de crime sur laquelle il a été découvert, et dont l'analyse amène plus de questions que de réponses. La distribution étant solide, ça laissait espérer un thriller horrifique un peu classe qui tirerait un peu mes chroniques d'Halloween vers le haut entre deux trucs crétins et bas-de-gamme.

The Jane Doe Identity nous emmène dans le vif du sujet sans traîner : le shérif et ses hommes trouvent une famille entière massacrée dans leur maison, ça pourrait être une affaire classique de cambriolage qui tourne à l'homicide ou de dispute qui vire au bain de sang, sauf qu'au sous-sol il y a un corps de femme à demi-déterré, intact, et étranger à cette famille. Les médecins légistes, un père et son fils, s'apprêtent à quitter la morgue pour la nuit, mais le shérif débarque avec la "Jane Doe" et exige des réponses aussi vite que possible. Le vieux accepte les heures supp parce qu'il est pote avec le shérif et curieux de résoudre une nouvelle énigme, le fils annule son rencart parce qu'il culpabilise de ne pas encore avoir annoncé au daron qu'il allait quitter son apprentissage et déménager avec sa meuf, et les voilà donc au travail sur la dépouille de l'inconnue.

Le mystère s'épaissit au fur et à mesure de leur découpe : Jane Doe n'a aucun traumatisme extérieur, mais a été salement amochée de l'intérieur ; elle présente à la fois des signes d'une mort récente et d'une mort ancienne ; différents indices montrent que le cadavre ne provient même pas de la région... Les premières anomalies n'inquiètent pas exagérément le père qui affirme que, même si c'est rare, il peut y avoir une explication rationnelle à ce genre de cas, il a déjà été face à des situations similaires, il a un copain qui connaît un copain qui a vu l'homme qui a vu l'ours qui a vu la femme qui est morte brûlée puis dont la peau s'est régénérée et dont le cadavre a provoqué une série de décès dans d'horribles circonstances, etc, mais alors que la nuit avance, divers phénomènes étranges se produisent à la morgue, et lorsque l'autopsie finit par les conduire à une découverte impossible, ils se rendent à l'évidence : une force surnaturelle et maléfique est à l'oeuvre dans cette affaire, et la nuit risque de mal se terminer pour eux.

On vante souvent les films d'horreur "d'art et essai" pour leur refus d'avoir recours aux effets sanguinolents.
The Jane Doe Identity, heureusement, ne retient pas les coups :
une autopsie, c'est pas propre, c'est pas artistique,
c'est de la fouille dans des cavités de corps mutilés.

Si on arrive à tolérer l'étalonnage numérique qui fait les dents bleues aux personnages, et à accepter quelques grosses ficelles comme le shérif qui a absolument besoin que l'autopsie se fasse là, maintenant, tout de suite, en pleine nuit, parce que "la presse va exiger des réponses dès demain matin" mais surtout parce qu'un film d'horreur qui se passerait en plein jour ça ferait moins peur, le début est assez prometteur. Peut-être que le film va nous donner assez d'indices pour nous laisser percer le mystère juste avant ses personnages ? Peut-être qu'au lieu de partir dans du surnaturel, il va y avoir une intrigue policière bien ficelée ? Certes j'avais choisi ça en espérant un film d'horreur, pas un épisode des Experts, mais puisque le film prend des scientifiques pour protagonistes, un thriller sanglant réaliste aurait, à mon goût, mieux fonctionné qu'une intrigue qui bascule dans La Quatrième dimension mais sans avoir la simplicité élégante de ses coups de théâtre.

Si malin qu'il se croit, le film ne rechigne pas à quelques rebondissements
ultra-prévisibles de slasher crétin, tels que "oh non je croyais avoir
mis un coup de hache à l'horrible monstre mais en fait c'était un copain surgissant à l'improviste".

Le scénario accumule les éléments inexplicables jusqu'au moment où il n'y a plus d'autre issue que de nous balancer une réponse qu'on n'avait plus aucune chance de déduire soi-même, et qui ne tient pas debout. Bon je sais bien que théoriquement, dans le surnaturel, on fait ce qu'on veut, mais là c'est quand même particulièrement con. Je ne voudrais pas trop en dévoiler à ceux qui sont quand même curieux de voir le film, mais... en gros, le film veut avoir l'air intelligent et progressiste en n'accordant pas de crédit à certaines superstitions, mais du même coup il en établit une autre, particulièrement idiote. Disons pour ne pas trop en dire que, si c'était un film sur les vampires, ce serait du genre "haha mais bien sûr que les vampires n'existent pas, voyons ! On a injustement accusé de pauvres gens qui étaient simplement atteints de protoporphyrie érythropoïétique ! En revanche, si tu utilises de l'ail et un crucifix sur un non-vampire... il se transforme en vrai vampire à la Dracula !", alors vous je ne sais pas, mais moi je préfère un film qui me demande simplement de croire, pour les besoins de l'intrigue, que Dracula ça existe, plutôt que cette façon d'essayer d'avoir le beurre et l'argent du beurre.

Quand arrive la fameuse révélation, ça fait hélas un petit moment
déjà qu'on se doute que ça va être de la grosse couillonnade.

Je n'ai toujours pas vu Troll Hunter, le film qui a valu son ticket pour Hollywood à André Øvredal, qui a depuis signé Scary Stories. The Jane Doe Identity montre au moins qu'il peut réaliser un film tout à fait regardable à partir d'un scénario raté, ce qui n'est pas si mal. La façon de montrer l'autopsie est assez bluffante, c'est très cru sans qu'on ait l'impression qu'il cherche simplement à faire du dégueu pour choquer, et c'est très prenant tant que ça n'a pas encore basculé dans le foutage de gueule. C'est servi par de bons acteurs, la jeune femme qui "joue" le cadavre est particulièrement impressionnante, et les effets spéciaux sont généralement convaincants (il y a une scène d'incendie un peu foireuse quand même). Alors oui, au final, j'ai quand même été hyper déçu, mais on est bien au-dessus de bon nombre de merdouilles bas-de-gamme que j'ai chroniquées ici lors de précédents mois d'octobre et vous serez peut-être plus indulgents que moi si vous êtes plus branchés possession/satanisme/fantômes que slasher dans vos choix de films d'horreur.

 

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The Jane Doe Identity (The Autopsy of Jane Doe, 2016), réalisé par André Øvredal (Troll Hunter) sur un scénario de Ian Goldberg et Richard Naing (Fear the Walking Dead). Avec Brian Cox (Braveheart), Emile Hirsch (Into the Wild), Olwen Kelly (Winter Ridge), Ophelia Lovibond (Elementary), Michael McElhatton (Game of Thrones).

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 14:00

Cette année encore je voulais inclure un film d'horreur pour enfants à la sélection d'Halloween, mais j'ai pas pu me résoudre à acheter l'un des nombreux autres DTV de Scooby-Doo. A la place, ce sera donc la deuxième production (après Coraline) du studio Laika, fondé par le patron de Nike pour occuper son fils après l'échec de sa carrière de rappeur. Alors, je vous accorde que c'est pas exactement une petite production obscure mais pas non plus vraiment comparable aux Minions ou à Madagascar quand même, donc j'ai le droit, MERCI.

Doublé par le jeune acteur de La Route, Norman est affligé du même fardeau que le gamin de Sixième sens : il peut voir et communiquer avec les fantômes. Evidemment, dans son entourage personne ne le croit, beaucoup le prennent pour un fou, et à l'école tout le monde se fout de sa gueule. A part son seul ami, parce que tout le monde se fout de sa gueule à lui aussi parce qu'il est gros. Alors que dans sa petite ville on s'apprête à célébrer l'anniversaire d'un procès en sorcellerie qui est apparemment un sujet de fierté local, Norman apprend que son oncle partage son pouvoir, et protège secrètement la ville des effets d'une malédiction qui la frappe depuis ce procès. Mais le vieil homme n'en a plus pour longtemps, et charge Norman d'accomplir à sa place le rituel qui empêchera les cadavres des villageois maudits trois siècles plus tôt de quitter leurs tombes...

Avec tout ce que je chronique comme mauvais films cons bâclés par des incompétents je-m'en-foutistes, je m'en veux un peu d'avouer que je n'ai pas spécialement aimé un film plutôt pas bête et pas mauvais, qui est clairement le fruit de l'énorme travail de gens talentueux et méticuleux. Et pourtant, ben, voilà, pour moi, L'Etrange pouvoir de Norman est un film dont on peut reconnaître qu'il est certes techniquement réussi, mais qui malgré ça n'est pas très intéressant. Je crois que c'est le problème quand, au lieu d'insuffler une vraie personnalité à leur film, les auteurs se préoccupent surtout de se démarquer des autres studios. On sent le produit calibré pour se tailler une part d'un marché ultra-concurrentiel en se présentant comme une alternative à ce que le public connaît déjà. Un produit élaboré pour devenir un chouchou des critiques qui se réjouiront du fait qu'ici, il n'y a pas de voitures qui parlent, d'animaux qui dansent ou d'ogres qui pètent, de l'idée qu'ils soutiennent un gentil David indépendant face au méchant Goliath Disney (alors que le film a coûté le double de Frankenweenie, sorti la même année). Un produit conçu pour séduire le genre de parents qui s'enorgueillissent de ne pas emmener leurs enfants voir la même chose que tout le monde. Vous en connaissez forcément, l'an dernier par exemple ils vous ont fièrement expliqué que leur jeune prodige avait préféré le dernier Miyazaki, si profond et poétique, à La Reine des Neiges.
 


Il fallait bien que le cinéma pour enfants se décide lui aussi à exploiter la mode des zombies.


Cette volonté d'être un "Anti-" se ressent nettement dans le design des personnages. Clairement, il ne fallait surtout pas ressembler aux productions Pixar ou Dreamworks, pas trop prêter le flanc aux inévitables comparaisons avec Aardman (parce que c'est de l'animation "en volumes", pas des images de synthèse) et Tim Burton (parce qu'il y a des monstres et des excentriques). Du coup ça n'a pas dû laisser aux concepteurs beaucoup d'autres choix stylistiques que "soigneusement moche". Les mecs ont bossé dur pour que tout le monde, pas seulement les zombies, les méchants ou les idiots, soit ridiculement laid. Le contrôle qualité a été super strict, dès qu'un prototype était un peu trop mignon, PAF, on accentuait ses oreilles décollées, son double menton, les imperfections de sa peau ou l'asymétrie de ses traits, jusqu'à en faire une insulte pour les yeux. Ah ben ouais, qu'est-ce tu crois, Laika ils sont pas dans ce business pour te vendre des jouets, et pour te le prouver, ils s'appliquent minutieusement à ne mettre en scène que des protagonistes extrêmement désagréables à regarder.
 


Non, non, ce n'est pas une sorcière ou une trisomique, c'est la gentille maman du héros.


Mais j'admets, le scénario n'est pas foncièrement idiot, il y a quelques gags qui font sourire, le message est bateau mais gentil (il faut savoir voir au-delà des apparences), ça effleure quelques thèmes un peu audacieux pour un film pour enfants (les mythes fondateurs comme mensonges couvrant des faits historiques honteux). Mais au bout du compte ça me paraît quand même moins malin que ça n'a l'air de le croire. Par exemple, j'aimerais pouvoir applaudir plus fort un film dans lequel les prétendues "sorcières" exécutées sont innocentes. Ah ben oui mais si la sorcière innocente a quand même réellement des pouvoirs maléfiques pour se venger des villageois après sa mort, ben, du coup, c'est peut-être un peu une vraie sorcière non ? Et finalement le film est pas tellement plus intelligent que Lords of Salem ou Le Dernier des Templiers du coup, si ?
 


Attention, pas d'amalgame, y a les bonnes et les mauvaises sorcières, comme pour les chasseurs.


Une fois de plus, je tiens à tempérer toute cette négativité : ce n'est vraiment pas un mauvais film. C'est pas ennuyeux, c'est pas gnangnan, c'est pas débile, c'est pas vulgaire, c'est pas plombé par des chansons de merde ni des blagues pipi-caca. C'est pas Alvin et les Chipmunks, c'est pas Les Schtroumpfs. Mais j'aurais préféré avoir des raisons de dire "c'est..." (vraiment passionnant, vraiment drôle, vraiment malin, vraiment beau...) que "au moins, comparé à des trucs nuls, c'est pas...". Ca manque de coeur, d'âme, d'inventivité. Il n'y a pas de personnage attachant, les rebondissements sont prévisibles. Le héros est typiquement le genre de gosse que le cinéma dit "indépendant" invente pour que les adultes soient ravis d'y reconnaître celui qu'ils espèrent avoir été : plus malin et sensible que tout le monde, anticonformiste, cinéphile. Les gens qui ont conçu L'Etrange pouvoir de Norman ne voulaient pas raconter une bonne histoire aux enfants, ils voulaient donner aux parents la satisfaction de faire consommer à leurs mômes un produit bio issu du commerce équitable plutôt qu'un Happy Meal. Et c'est sûrement honteux, mais moi je trouve qu'il y a plus de goût dans un Happy Meal.

 


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L'Etrange pouvoir de Norman (ParaNorman, 2012), écrit et réalisé par Chris Butler et Sam Fell (Souris City). Avec les voix de Kodi Smit-McPhee (La Route), Tucker Albrizzi (Alvin et les Chipmunks 3), Anna Kendrick (Twilight), Casey Affleck (Gone Baby Gone), Christopher Mintz-Plasse (SuperGrave), Leslie Mann (40 ans : mode d'emploi), John Goodman (The Big Lebowski).

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 07:15

La filmographie de Wes Craven compte un nombre respectable de classiques de l'horreur, que je n'envisage pas vraiment de chroniquer ici parce que je présume que vous les avez déjà vus. Mais de temps en temps il a signé quelques trucs plus obscurs, comme ce Summer of Fear, pas vraiment du même calibre que Les Griffes de la nuit, La Colline a des yeux ou Scream. En fait c'est même pas sorti en salles aux Etats-Unis, seulement en Europe. Et sous cette jaquette française qui a renoncé au titre VF de l'époque (L'Été de la peur) et n'hésite pas à prendre quelques libertés avec la réalité pour appâter les amateurs d'horreur sanglante et crado, on ne devinerait jamais que c'est un téléfilm d'épouvante "familial", une adaptation d'un roman de l'auteur de Palace pour chiens produite par NBC et diffusée en 78 pour Halloween sous le titre Stranger in our House.

Linda Blair joue Rachel, une adolescente plutôt pas malheureuse dans la vie : elle habite dans une belle baraque avec ses parents blindés de thunes, elle possède un cheval de compétition et sort avec un fringant cowboy. Mais elle devrait se douter qu'un jour tout va basculer parce que son voisin d'en-face est un professeur d'université spécialisé dans l'histoire des sciences occultes et ça, c'est jamais bon signe. Nous autres, qui avons des vies normales, on n'a pas de prof comme ça dans notre entourage. Même du temps où on allait à la fac on n'a jamais côtoyé un expert en druidisme ou un doctorant en démonologie. Mais dans un film, si tu vis dans les environs d'un mec comme ça, tu peux être sûr que ça va chier dans moins de pas longtemps. Il serait pas là si t'allais pas avoir besoin, à un moment de ta vie, qu'il t'explique l'origine d'une malédiction, la fois où les villageois ont brûlé la sorcière, la légende du fantôme du serial killer bi-classé shaman, la signification des symboles et des animaux crucifiés apparus mystérieusement sur tes murs, les rites vaudous des dealers jamaïcains, l'identité de l'auteur des menaces inscrites en lettres de sang sur ton frigo. Après généralement il lui arrive des bricoles parce qu'il en a trop dit et que ça se paye.
 


Arrrrgh non un universitaire qui s'y connaît en magie, fuyez tous pauvres fous !


Ici, donc, ça ne rate pas : la vie de Rachel tourne peu à peu au cauchemar quand la mort de son oncle et sa tante amène leur orpheline Julia, sa cousine, à s'installer à la maison. Apparaissant au départ comme une brave jeune femme de la campagne timide et inoffensive, elle se révèle au fil des jours être une petite garce allumeuse et manipulatrice. Après être tombée malade, s'être fait piquer son mec, et avoir perdu son cheval, Rachel finit par se persuader que Julia fait usage de magie noire pour lui nuire. Et son impression est confirmée quand le voisin d'en-face susmentionné, après avoir éclairé sa lanterne sur la sorcellerie, tombe subitement dans le coma. Rachel se met en tête de démasquer Julia au grand jour, mais la mystérieuse cousine a su se faire adorer de tout le monde, et personne ne veut croire aux accusations de Rachel...
 


Oh la la, l'horrible sorcière, elle m'a emprunté ma robe et elle lui va mieux qu'à moi, c'est affreux.


Si on veut être positif, on peut saluer le fait que Summer of Fear parvienne habilement à laisser le doute planer presque d'un bout à l'autre : même si Julia apparaît visiblement comme une menteuse opportuniste et sans scrupule sous ses airs de sainte-nitouche, jusqu'au dernier acte il reste envisageable que ces histoires de sorcellerie ne soient que le délire paranoïaque d'une gamine jalouse. Mais disons que si ça n'était pas signé Wes Craven on ne laisserait peut-être pas le bénéfice du doute et on se dirait que c'est probablement moins le résultat d'un choix délibéré que du fait qu'il ne se passe vraiment pas grand'chose de tout le film. Pour vous dire, le bilan final est de UN mort, et c'est un canasson euthanasié par le véto. Avouez que ça fait pas beaucoup pour un film d'horreur, surtout quand l'illustration de la jaquette semble promettre une boucherie. Pour le reste, honnêtement je doute que ça effraie même les âmes les plus sensibles. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est ennuyeux, on a quand même envie de savoir où cette succession de petits faits troublants va mener, mais ça reste ça tout du long : des trucs un peu bizarres au sein d'une famille sans histoire. La nouvelle venue a de drôles d'objets dans ses affaires, rend le cheval super nerveux par sa seule présence, séduit les hommes de sa propre famille. Intriguant, mais pas super flippant.
 


A la fin il y a une petite poursuite en voitures, dont tout le monde se sort indemne
parce que c'est décidément un petit téléfilm tout public et pas
La Dernière maison sur la gauche.


Les plus grands fans du cinéaste se consoleront peut-être en y trouvant une variation autour du thème "cravennien" des ados livrés à eux-mêmes face au danger parce que leurs parents refusent de les croire. Mais une fois de plus, comme on n'a pas vraiment l'impression que l'héroïne risque beaucoup plus que de perdre quelques-uns de ses privilèges de pauvre petite fille riche, "mes parents refusent d'entendre que leur nièce est une sorcière et du coup je ne peux plus garder mon cheval à l'écurie" n'est pas vraiment aussi angoissant que "nos parents refusent de croire que le fantôme du type qu'ils ont assassiné revient se venger en nous tuant dans nos cauchemars." Dans l'ensemble, ça m'a sacrément déçu, après je dois reconnaître que c'est plutôt bien interprété, que le personnage central est intéressant et que ça n'est pas foncièrement mauvais, juste un peu trop mou et sage. C'est pas à fuir, mais ça me paraît dispensable, que ce soit pour un amateur de Wes Craven ou non.

 

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Summer of Fear (Stranger in Our House, 1978), réalisé par Wes Craven (Les Griffes de la nuit) sur un scénario de Glenn M. Benest (La Ferme de la terreur) et Max A. Keller (Agence Acapulco). Avec Linda Blair (L'Exorciste), Lee Purcell (Le Retour de l'Incroyable Hulk), Jeff McCracken, Carol Lawrence, Jeremy Slate, Macdonald Carey (Des jours et des vies), Fran Drescher (Une Nounou d'enfer).

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 09:12

The Lords of SalemJe ne vous apprends rien en vous disant que l'affaire des "sorcières" de Salem, et les procès pour sorcellerie en général, ne comptent pas parmi les épisodes les plus glorieux de l'histoire de l'humanité. Et pour ce mois de l'histoire des meufs il aurait sans doute été de meilleur goût que je déniche un film qui les montre comme l'instrument de manipulation et d'oppression qu'ils ont été. Mais le cinéma préfère faire comme si ces femmes exécutées par superstition ou vengeance mesquine avaient en fait bel et bien été des créatures surnaturelles maléfiques qu'il fallait effectivement brûler pour éviter le pire. The Lords of Salem ne déroge pas à la règle, c'est un film d'horreur, et une histoire de complot entre colons du 17ème siècle n'est pas un super sujet de film d'horreur. Il y a donc de "vraies" sorcières dedans. A sa décharge, c'est un film qui ose donner le premier rôle à une actrice quadragénaire, autrement dit quelqu'un qui d'habitude jouerait la mère du héros. Bon, le fait que la personne en question soit mariée au réalisateur l'a sûrement un peu aidée au moment du casting, mais quand même. Admettez que peu de films hollywoodiens ont une actrice de 42 ans comme tête d'affiche.

Sheri Moon Zombie, puisque c'est elle donc, joue une animatrice radio dans le Salem des temps mordernes. Elle vit seule avec son chien, se laisse dragouiller par un collègue mais tout en refusant que ça aille plus loin. En cours de film on devine que sa carrière a connu des jours plus glorieux (elle a un genre de page wikipédia rien que pour elle) mais que des problèmes de drogue l'ont reléguée à une petite station locale. Un jour, elle reçoit un 33 tours d'un groupe inconnu, "The Lords". Elle est prise d'un malaise en le diffusant dans son émission, tandis qu'en ville diverses auditrices sont comme hypnotisée par le morceau. Au fil des jours, son état mental se dégrade, les cauchemars et hallucinations se multiplient, elle recommence à se droguer. Parmi les images récurrentes qui la hantent : celles des sorcières brûlées vives à Salem pour avoir tenté de donner naissance à l'Antéchrist, et celle d'une petite chose monstrueuse sortant de ses propres entrailles...


Et puis évidemment aucun rêve diabolique n'est vraiment complet sans
quelques évêques zombies et femmes à poil masquées qui se promènent dans un opéra.


Pour moi, Rob Zombie n'a vraiment réussi aucun de ses films jusqu'à présent (j'avoue n'avoir pas vu son dessin animé, The Haunted World of El Superbeasto), mais parmi la pléthore de fans de cinéma d'horreur qui se sont dit "tiens, allez, moi aussi je peux en faire un", il est l'un des rares à avoir l'ambition de faire du cinéma pour de vrai, et pas une simple vidéo YouTube distribuée en DVD. En fait, avec The Lords of Salem, on est quasiment dans du cinéma "d'art et d'essai" comme on dit. Il n'y a pas à proprement parler d'intrigue ou en tout cas pas au sens "intrigue de film d'horreur avec un héros qui cherche à échapper à un tueur ou un monstre", le rythme est lent, les visions de l'héroïne sont parfois assez absconses certaines scènes tirent vers le grandiloquent. On retrouve des points communs avec ses précédents films, comme ce besoin d'afficher sa culture filmique (il y a des télés qui diffusent des classiques en noir et blanc chez tout le monde, la Lune de Méliès qui décore un mur de chambre...) ou de collectionner les acteurs qui ont marqué sa jeunesse (Sid Haig, Michael Berryman et Richard Lynch ont été coupés au montage, mais il reste Ken Foree de Zombie, Meg Foster de Invasion Los Angeles, Patricia Quinn du Rocky Horror Picture Show...). Mais clairement il ne faut pas s'attendre à quelque chose dans la veine de Devil's Rejects ou Halloween.

 


Rob Zombie n'a pas osé s'attribuer un rôle aux côtés de ses acteurs préférés,
mais à la place il a mis une sorte d'avatar de lui-même.

 

Et pour être honnête, ce à quoi il faut s'attendre, c'est un film hélas un peu chiant, où il ne se passe pas grand'chose... On suit jour après jour une semaine de la vie de cette DJ, elle promène son chien, elle anime son émission, elle voit des trucs chelous et dans ces moments-là on ne sait jamais trop ce qui est en train d'arriver pour de vrai et ce qui n'est qu'un simple rêve. Visuellement c'est suffisamment bizarre pour être intriguant et donner une vague envie de voir où ça va aller malgré un scénario faiblard, mais quand arrive la conclusion en eau-de-boudin on est surtout soulagé que ce soit fini parce que ça commençait à devenir vraiment laborieux. On sent l'envie puérile de choquer le bourgeois (et de faire plaisir à ses fans hardrockeux) à coups d'imagerie dégueu, de messes noires, de curés pervers et de dialogues crachant sur la "Pute Vierge" ou Jésus, mais quand la notion de blasphème t'en touche une sans faire bouger l'autre, tout ça te paraît un peu vain et tu regrettes que le film passe autant de temps sur les incantations satanistes, et si peu sur les quelques chouettes monstres qu'il te dévoile brièvement mais qui ne prennent aucune part active à l'histoire.


Les plus sensibles sursauteront peut-être en découvrant les sorcières régulièrement
planquées dans le décor, mais il ne faut pas vraiment s'attendre à un thriller horrifique angoissant.


Il y a quelques trucs qui fonctionnent : une ou deux scènes marquantes, une ambiance mystérieuse, mais dans l'ensemble, on s'ennuie. Le genre "houla attention il y a une vilaine sorcière qui t'observe cachée dans le décor !" ou "holala le Diable vit dans l'appartement d'à côté, méfie-toi !" je trouve pas ça spécialement flippant, et comme j'ai dit, ça manque d'une vraie intrigue, qui lierait de façon un peu plus intéressante cette succession de "tableaux". Après, ben, si les captures d'écran vous rendent curieux malgré tout, vous pouvez toujours tenter le coup, je ne dis pas que c'est nul, juste qu'il faut vraiment savoir dans quoi on s'embarque.

 

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The Lords of Salem (2012), écrit et réalisé par Rob Zombie (La Maison des 1000 morts). Avec Sheri Moon Zombie (The Devil's Rejects), Jeff Daniel Phillips (Halloween II), Bruce Davison (X-Men), Judy Geeson (Les Anges aux poings serrés).

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 15:01

Evil Dead 2013L'autocélébration ça va bien cinq minutes ou à la rigueur un mois, mais il va être temps de s'arrêter pour laisser place à la sélection de Noël. Alors, comme pour mon démarrage il y a 5 ans j'avais chroniqué un remake d'un classique de l'horreur, aujourd'hui on va conclure cet anniversaire avec un autre histoire de marquer le coup.

Plus de 30 ans après le film original, et sans doute inquiet à l'idée que des incapables ne sabotent le travail comme pour Les Griffes de la nuit ou Vendredi 13, Sam Raimi a décidé de produire lui-même cette nouvelle version d'Evil Dead et a confié la caméra à un débutant qui s'était fait connaître par une vidéo YouTube, probablement pour pouvoir garder la mainmise sur le projet et éviter que ça ne devienne le genre "voilà, maintenant cette histoire m'appartient à moi et je change tout ce que je veux !" façon Halloween. Il y avait donc de quoi espérer que le film ne soit pas trop raté, et comme j'admets que le premier n'a pas complètement bien vieilli, pour une fois il y avait même des chances pour que cette réactualisation ne soit pas totalement superflue.

L'histoire reprend les grandes lignes de la version de 1981 : un groupe de cinq amis, trois filles et deux garçons, va passer quelques jours dans une vieille cabane lugubre au milieu de nulle part. A la cave, ils découvrent un mystérieux grimoire rempli d'avertissements sur la présence de forces diaboliques dans les environs... et de formules pour les invoquer. Refusant d'y croire, l'un d'eux lit une incantation à voix haute, et c'est le début du cauchemar : un démon prend possession d'un des membres du groupe et se met à attaquer les autres. Pensant d'abord avoir affaire à une maladie inconnue, ils se contentent d'essayer de calmer ses crises de folie à coups de sédatifs, mais d'autres se retrouvent changés à leur tour en suppôts de Satan. Les derniers encore sains d'esprit finissent par se rendre à l'évidence : pour sauver leur peau et libérer les âmes de leurs compagnons, ils vont devoir les tuer...


Evil Dead 01Ceux qui connaissent déjà Evil Dead seront en terrain familier, mais apprécieront
les modifications apportées à l'histoire pour les surprendre un peu.


Comprenant qu'il serait difficile de remplacer Bruce Campbell dans le rôle qui a lancé sa carrière il y a trente ans et des poussières, les auteurs ont eu la bonne idée de ne même pas essayer. Il y a bien un personnage qui correspond vaguement au sien, joué par un des soupirants d'Amanda Seyfried dans Le Chaperon rouge, mais il ne cherche pas à être Ash. C'est d'autant plus judicieux que c'est surtout Evil Dead 2 et L'Armée des ténèbres qui ont rendu Ash célèbre, et que le remake n'est pas une comédie horrifique mais cherche à faire peur pour de vrai, comme l'original. Ce qui ne l'empêche pas d'être drôle, pas parce qu'il y a des blagues, mais parce que la violence finit par atteindre un niveau comique. Entre l'automutilation et les bastons à coups de tout ce qui peut leur tomber sous la main, tous ces braves petits jeunes subissent une quantité d'atrocités qu'on ne souhaite qu'aux gens qui restent immobiles sur les tapis roulants des aéroports et du métro, et certes on souffre avec eux chaque fois qu'il y en a un qui se fait sectionner un membre ou bousiller la gueule au pistolet à clous, mais en même temps, toute cette méchanceté gratuite a quelque chose de rigolo et défoulant.


Evil Dead 02La recette "moment calme mais inquiétant où la caméra te fait comprendre qu'il y a
quelque chose qui rôde dans l'ombre, moment où l'horreur se déchaîne
dans une explosion de violence et de sang" fonctionne toujours aussi bien.


Mais ça aussi c'était dans la version de 1981 et on n'est donc décidément pas dans une réinvention de l'original comme a pu l'être, par exemple, le remake de Maniac. C'est plutôt une remise au goût du jour. Le groupe de jeunes qui va se perdre dans une bicoque abandonnée flippante pour les vacances, c'est devenu un cliché pas super plausible, alors le prétexte à leur réunion à cet endroit a été changé. Les effets spéciaux et maquillages étaient bons pour un film tourné entre copains pour à pleine plus d'une poignée de dollars, mais ils méritaient un petit lifting et c'est du bon travail d'artisan, bien gore, pas des images de synthèse et du sang numérique. Les acteurs étaient tous amateurs et pas toujours totalement convaincants, les voilà remplacés par des professionnels. Dans l'esprit, ça reste fidèle au modèle, et les clins d'oeil ne manquent pas. En plus, ils sont plutôt bien amenés, c'est pas le genre "hé, tavu, tavu, regarde ce truc-là, j'ai mis ça parce que c'est comme dans le premier tavu, c'est parce que je suis trop un fan respectueux comme toi".


Evil Dead 03Les producteurs ont résisté à la tentation du numérique, et les maquillages sont plus spectaculaires que dans le premier.

Il y a suffisamment d'améliorations et de nouveaux rebondissements pour ne pas avoir l'impression d'être face à une redite inutile, alors après j'imagine qu'il y aura toujours des gens pour se targuer d'être des fans "puristes" d'Evil Dead et rejeter le film, mais pour ma part je ne trouve pas qu'il y ait eu trahison de l'oeuvre de Sam Raimi. Bon après j'avoue que cette nouvelle version est typiquement un film de gros studios, avec ses couleurs délavées parce que c'est la mode, ses acteurs qui ressemblent à des mannequins, et cet agaçant bruitage genre "frrrrbrrrrrr" qui sert de "cri" aux possédés et qui est le même que dans environ, disons, 100% des films de monstres, extraterrestres et robots actuels... Je continue de préférer l'original, parce qu'il a le charme des petits films marginaux, parce que l'ambiance est plus angoissante, que la musique est meilleure... Mais je ne regrette pas mon achat (dans une de ces offres à 20€ les 4 DVD), et sans aller jusqu'à corroborer les superlatifs prétentieux de la jaquette je dirais que c'est vraiment un bon film d'horreur bien sanglant comme on n'en fait plus assez de nos jours.

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 15:08

Evil BongJusqu'à présent la "sélection" d'Halloween de cette année n'est pas terrible, j'avoue. Avec son score de zéro film recommandable, c'est surtout une sélection de films à éviter, et ça ne va pas s'arranger aujourd'hui puisque, comme tous les ans à la même période, j'ai encore expérimenté un film Full Moon Features dans l'espoir que pour une fois, ça soit réellement aussi goleri que son synopsis nanaresque cherche à le faire croire.

Cette année ce sera Evil Bong, qui date de 2006 et qui a déjà donné lieu à trois autres épisodes depuis, dont un en 3D et un crossover avec la série Gingerdead Man parce que Charles Band est du genre à presser ses citrons, même les plus pourris, jusqu'au bout. Puis à passer l'écorce et les pépins au mixeur pour être sûr de rien gâcher.
C'est une histoire de pipe à eau hantée qui tue des gens et donc logiquement, ça devrait être drôle, parce que sans ça, ça n'a même pas de raison d'être, parce que personne ne fait ni ne regarde un film de pipe tueuse en pensant que ça va être un vrai bon film qui fout la trouille. Le début cherche d'ailleurs plus à ressembler à une sitcom qu'à un film d'horreur : un jeune étudiant ringard emménage en colocation avec une bande de fêtards. Ces derniers ne pensent qu'à s'amuser, fumer des joints et draguer les filles, tandis que le nouveau ne pense qu'à ses bouquins, et donc il ne manque plus que des rires enregistrés pour se croire revenu dans une série des années 80-90. L'un d'eux achète un bong maudit, qui aspire l'âme de tous ceux qui l'utilisent, et l'intello va être contraint de se décoincer et de consommer à son tour la drogue de la pipe maléfique pour aller libérer ses colocs prisonniers.


Evil Bong 01L'avènement d'Apatow et sa bande est sans doute ce qui a poussé Full Moon Features
à tenter le genre "rions un peu entre mecs cool qui aiment fumer des joints" mais le résultat
ressemble quand même plutôt à un pilote de feuilleton rejeté il y a 20 ans qu'à de la comédie moderne.


Avec un total de deux décors, un scénario de deux lignes (écrit sous pseudonyme par l'auteur de  Critters), un objet inanimé dans le rôle du "monstre", on n'est clairement pas dans le dessus du panier des productions Full Moon, plutôt dans un truc bricolé à la va-vite avec les moyens du bord, en faisant improviser une série de saynètes répétitives à des acteurs au chômage. Les personnages qui tirent sur le bong font TOUS le même trip qui coûte pas cher, à savoir, aller dans une boîte de strip-tease où, en plus de femmes à poil, ils rencontrent des copains du réalisateur (Tim Thomerson, Phil Fondacaro) et des marionnettes empruntées à des films précédents (le Gingerdead Man et le "sauvage" de Doll Graveyard). C'est dans la veine de ce que le studio fait depuis une dizaine d'années : prendre une idée de base suffisamment débile pour faire rêver les amateurs de série Z, ajouter zéro créativité parce que le titre incongru suffira à vendre, et simplement bacler un peu plus d'une heure de n'importe quoi pour remplir un DVD.


Evil Bong 02Tu prends un accessoire d'un de tes vieux films, tu le combines avec un autre accessoire genre un joint,
et hop, magie ! Tu as un nouveau film sans débourser un dollar de plus !


Cela dit, curieusement on a quand même vaguement l'impression que Charles Band a fait un petit effort sur ce coup-là au lieu de rester en pilote automatique. Déjà parce que pour une fois ça n'est pas une resucée de son propre Puppet Master ni un sous-Freddy, mais un genre d'American Pie horrifique. Ensuite parce qu'il s'est donné la peine
de débaucher deux "pointures" du cinéma d'horreur et du cinéma cannabisophile en guise de petit clin d'oeil au public : Bill Moseley et Tommy Chong viennent cachetonner deux minutes. Remarquez, on avait bien Sid Haig et Michael Berryman dans le minable  Ghost Poker, donc ça ne prouve sans doute rien. Et puis surtout, un jour ce serait bien qu'il essaie de développer ses idées débiles en véritables histoires, et pas seulement espérer que broder autour de "imagine : un lacet de chaussure qui tue des gens !" suffise à faire rire pendant 60 à 80 minutes.


Evil Bong 03La moitié du duo comique Cheech & Chong (quasi-inconnu en France c'est vrai)
fait une brève apparition dans le rôle de l'ancien propriétaire du bong.


Alors voilà, si vous ne cherchez vraiment rien de plus qu'un film à mettre en bruit de fond d'une soirée fumette, je suppose qu'il peut faire l'affaire autant que n'importe quel autre. De toutes façons on dirait bien que Charles Band ne vise plus d'autre public que ça. Pour ceux qui ne prennent la peine de mettre un DVD dans leur lecteur que s'ils comptent regarder le film pour de vrai, en revanche, attendez-vous à une succession de gags laborieux (des filles avec des soutien-gorge carnivores, des monstres qui se branlent) assaisonnés de quelques effets spéciaux indigents, ce qui veut dire en gros que je n'ai plus qu'une semaine pour vous trouver au moins UN bon film pour Halloween, parce que ce n'est clairement pas celui-ci.

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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 15:58

PaperhouseQuand on parle des nuitées de samedi sur Canal +, bien sûr la plupart d'entre vous pense au premier du mois et au Journal du Hard parce que vous êtes des petits dépravés, mais pour ceux d'entre nous qui ont été jeunes il y a longtemps, c'était aussi l'une des rares occasions de voir du cinéma fantastique, d'horreur ou de science-fiction à la télé. C'est là que j'ai découvert Paperhouse, qui s'est fait plutôt rare depuis, et dont je gardais un très bon souvenir, mais vous savez comment c'est avec ce genre de film un peu "disparu" : au début on l'aime bien, puis il devient introuvable et il gagne une aura de petit chef-d'oeuvre perdu, parce que plus aucune chaîne ne le diffuse, qu'on n'a pas que ça à foutre d'écumer les brocantes en espérant trouver une VHS survivante, et que personne ne se décide à le sortir en DVD en France. Du coup, plus moyen de vérifier si c'était si bien que ça mais on se dit que ça l'était forcément, puisque ces gros cons d'éditeurs et de directeurs des programmes nous en privent parce qu'ils n'y connaissent rien. Mais bon, voilà, après quasiment 25 ans d'absence, on peut enfin se procurer le film de Bernard Rose (Candyman, Ludvig Van B.) facilement et pour pas cher et vérifier si c'était bien un trésor caché à redécouvrir, ou simplement un bon petit film atypique.

Adaptée d'un roman de Catherine Storr inédit en France, l'histoire est celle d'une écolière anglaise, Anna, qui nous fait sa petite crise de préadolescence : elle dessine en classe, elle sèche les cours... Elle a régulièrement des pertes de connaissance, au cours desquelles elle rêve qu'elle explore l'un de ses dessins, une maison au milieu de nulle part. Pour ne pas s'ennuyer lors de sa prochaine visite, elle décide d'améliorer son oeuvre, en dessinant l'intérieur, ainsi qu'un personnage à une fenêtre, pour avoir un ami. Mais Anna ne contrôle pas la façon dont ses dessins seront interprétés dans le monde des rêves, et s'aperçoit trop tard qu'elle ne peut pas effacer ce qui ne lui convient pas. Et quelques coups de crayon malheureux vont transformer sa "maison de papier" en théâtre de cauchemars.


Paperhouse 02Le menu du DVD donne l'impression d'avoir été réalisé pour un gentil petit film innocent pour enfants
mais même s'il convient au jeune public, Paperhouse contient son lot de scène inquiétantes.


La bonne nouvelle c'est qu'il y a plein de choses dans Paperhouse qui sont aussi bien que dans mes souvenirs. Le scénario prend des thèmes qui en soi ne sont pas foncièrement neufs, le dessin qui prend vie, la confusion entre rêve et réalité, mais les exploite de façon habile et originale, avec plein de bonnes idées. La vision du rêve est l'une des plus justes que j'aie pu voir dans un film, on n'est ni dans Freddy ni dans Inception, c'est un univers fait d'éléments du monde réel plus ou moins déformés, qu'on contrôle un peu (ici donc en faisant des dessins) mais jamais complètement (tout ajout au dessin, bon ou mauvais, est irréversible), qui peut être tantôt familier ou inquiétant, et qui malgré les événements fantaisistes qui s'y déroulent, obéit à certaines règles arbitraires de "simili-réalisme" (on ne peut pas faire apparaître par magie les cornets dont on a besoin pour la machine à faire des glaces à l'italienne, il fallait penser à les dessiner avant).


Paperhouse 04La maison du titre n'est pas le seul lieu que visite Anna dans ses rêves, et visiblement Bernard Rose
a le goût des grands édifices surplombant une campagne déserte.


 Le décor et les accessoires sont excellents, aussi bien intérieurement qu'extérieurement c'est plein de trouvailles visuelles pour vraiment donner l'impression d'un trait enfantin maladroit transformé en objet réel mais en gardant sa forme biscornue. La maison, le mobilier, le vélo... Les coups de crayon rageux pour faire disparaître ce qu'on n'aime pas, et qui se transforment en affreuses balafres... Le tout est joliment filmé, y a pas vraiment d'effets de mise en scène super fous mais de beaux plans comme cette image qui décore la jaquette (bien meilleure que l'ancienne). Tous ses bons côtés en font vraiment un film unique et attachant, d'autant plus aujourd'hui qu'il appartient à un genre quasiment abandonné, le fantastique pur. On ne bascule jamais complètement dans le film d'horreur, le surnaturel n'est toujours qu'une hypothèse, mais on n'essaie pas non plus de tout nous expliquer par la science. J'ai pas souvenir de beaucoup de réalisateurs qui tentent de faire du thriller psycho-onirique comme ça sans verser dans le truc intello abscons à la David Lynch.


Paperhouse 01"Maman, où est mon kimono ? C'est aujourd'hui que j'ai ma compète contre les Coréens !!"


Oui mais voilà, malgré tout ça... j'ai eu très vite la triste impression que finalement non, Paperhouse n'était pas le super film qu'il était devenu dans ma tête, déjà parce que quelque chose casse immédiatement l'ambiance : les acteurs ne sont vraiment pas très bons. C'est pas facile de trouver des enfants qui savent jouer et la petite Charlotte Burke, dont c'est d'ailleurs resté l'unique rôle, est plutôt mauvaise. Oh, pas le genre tête à claques insupportable à force d'en faire trop pour paraître cool ou adorable, au moins c'est déjà ça, mais elle joue faux. Et les adultes autour ne font pas beaucoup d'efforts pour relever le niveau. Ajoutons que l'épilogue traîne en longueur tandis que la relation entre Anna et son ami imaginaire dans la maison de papier est finalement sous-exploitée, que la musique verse un peu trop souvent dans le larmoyant/grandiloquent, et le résultat ne sort pas indemne d'un deuxième visionnage, même si le premier remonte à plus de vingt ans.


Paperhouse 03On croirait plus facilement à la petite amourette pleine de grands mots passionnés
des deux enfants si on avait passé un peu plus de temps à les voir s'amuser
dans leur maison imaginaire et un peu moins à regarder le film se finir poussivement.


Ca me rend un peu triste, et je conseillerais à tous ceux qui auraient déjà vu Paperhouse dans leur jeunesse de laisser leur souvenir intact et de ne pas revoir le film, sauf si vous vous sentez d'humeur indulgente face à une petite actrice qui joue comme la fille des vieilles pubs pour Mir Express (oui, pour les jeunes, c'était ça l'histoire du kimono dans la légende de la photo plus haut). Pour ceux qui le découvriraient en revanche, les qualités devraient être suffisantes pour passer l'éponge sur les défauts. Ca n'est pas le grand film qu'il a pu devenir dans la mémoire de certains fans, c'est une espèce de film d'épouvante malin pour jeune public, doublé d'un beau film sur le rêve et l'enfance, et qui ne ressemble à aucun autre. C'est dommage qu'il soit raté, mais il mérite d'être vu au moins une fois.

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 08:58

Dark Floors"Le gore, c'est du hard rock !" écrivait Alain Chabat en ouverture de sa préface au désormais introuvable Gore, autopsie d'un cinéma de Marc Godin. Loin de moi l'idée de contester cette affirmation, mais les choses ont quand même un peu changé depuis une quinzaine d'années. La "metalsploitation" à la Black Roses ou Rock'n'Roll Nightmare est tombée en désuétude, Black Sabbath et AC/DC servent à sonoriser des films de superhéros qui rapportent des centaines de millions plutôt que des histoires de tueurs masqués pour cinémas de quartier, et même Rob Zombie à renoncé à employer son groupe pour la bande originale de ses films après La Maison des mille morts. Mais quand j'ai appris que les merveilleuses andouilles de Lordi, le groupe de clowns costumés vainqueurs de l'Eurovision il y a quelques années, avaient fait un film d'horreur, j'ai pensé que des mecs bloqués dans le passé comme eux seraient enclin à renouer avec la tradition et nous pondre une belle histoire de chevelus en gilets en jeans et bracelets de force qui se frittent avec des démons sur fond de grosses guitares. Mais pour le meilleur et pour le pire Dark Floors, film finlandais tourné avec des acteurs britanniques, n'est pas vraiment le fils spirituel de KISS contre les fantômes.

Si vous avez aimé la petite Skye Bennett en fillette malade qu'un groupe d'adultes essaie d'aider à s'échapper d'un hôpital rempli de monstres dans Against the Dark avec Steven Seagal, vous serez probablement ravis d'apprendre qu'elle se retrouve dans un rôle et une situation similaires ici. Elle y incarne en effet Sarah, enfant autiste qu'aucun traitement ne semble en mesure d'aider, et que son père décide donc de faire quitter l'hôpital contre avis médical, lassé d'avoir l'impression qu'elle n'y est que pour servir de cobaye. Mais l'ascenseur qui doit les emmener vers la sortie se bloque et, lorsque les portes finissent par se rouvrir, Sarah, son père et les quatre autres occupants de l'ascenseur se retrouvent dans un hôpital désert. Ils pensent d'abord qu'un exercice d'évacuation a eu lieu sans qu'ils entendent l'alarme, mais après la découverte d'un cadavre et l'apparition d'un fantôme, ils se rendent à l'évidence : ils sont victimes de phénomènes paranormaux, et leurs vies sont en danger.


Dark Floors 01Les protagonistes font un peu "j'ai recopié les modèles suggérés dans
Ecrire des histoires d'épouvante Pour Les Nuls de Stephen King"
mais ça n'est pas le plus gros défaut du film.

 
Dark Floors aurait visiblement aimé être un film d'horreur sérieux qui fout la trouille pour de vrai, pas une série B marrante pour métalleux amateurs de monstres et de sang qui gicle. Et ça aurait presque pu fonctionner. Les acteurs sont plutôt bons, le décor est sinistre à souhait, les effets spéciaux sont tout à fait acceptables, dans les meilleures moments la combinaison d'une atmosphère macabre et mystérieuse et d'idées de scénario plutôt malignes et intriguantes laissent espérer un petit film original et réussi. Malheureusement, Dark Floors se retrouve vite tiré vers le bas par un premier boulet au pied : Lordi. Non pas que leur musique soit envahissante, au contraire, on n'entendra qu'un seul morceau du groupe, et encore, à condition de rester pour le générique de fin. Mais leurs personnages de monstres, qui servent de méchants, ne sont pas du tout adaptés au ton du film. Une histoire d'hôpital hanté, ça peut être flippant ; une histoire d'hôpital hanté par les ennemis de Musclor, c'est un peu ridicule.


Dark Floors 03Skeletor s'est juré de mettre la main sur les secrets
du Château des Ombres pour devenir le Maître de l'Univers, mais il s'est gouré d'histoire.

 
Alors évidemment on ne pouvait pas faire "The Lordi Motion Picture" sans Lordi, mais s'ils tenaient absolument à apparaître à l'écran en tant que gang de créatures en caoutchouc et cuir clouté, il fallait faire un autre film, vraiment à leur image, théâtral, grandiloquent, un truc avec des haches, des tronçonneuses, des grimoires maudits, des incantations diaboliques, des motos, des filles à gros seins, des sorciers, parce que là, ils pètent l'ambiance et ils se gâchent eux-mêmes. Lordi, ils sont faits pour se castagner avec Christophe Lambert dans un Beowulf 2, pour défier Jack Black dans une adaptation ciné de Brütal Legend, pour seconder Freddy Krueger ou Jacob Goodnight dans leurs prochains forfaits. Là ils transforment La Quatrième Dimension en Scoubidou et c'est assez regrettable. Pour ne rien arranger, on finit par deviner en cours de route que tout ce qui apparaissait au départ comme de bonnes trouvailles scénaristiques, comme lorsque les protagonistes comprennent que le temps est figé après avoir vécu le même moment de deux points de vue opposés, va finir en queues-de-poissons à la Lost.


Dark Floors 02Le décor, de plus en plus lugubre d'étage en étage, est l'une des plus grosses réussites
du film, mais ça ne suffit pas à excuser tout le reste.


Certes, un genre comme le fantastique s'accommode bien de zones d'ombres et parfois, ne pas chercher à tout expliquer est ce qu'il y a de mieux à faire. D'après les mots-clés de recherches qui amènent sur mon blog, je peux voir que pas mal de spectateurs sont frustrés de ne pas savoir le pourquoi du comment de l'histoire de boucle temporelle de Dark Country, mais c'est typiquement le genre de cas pour lequel je trouve qu'il vaut mieux accepter les choses comme elles sont, sans chercher plus loin. Ici en revanche, quand arrive la conclusion, ce côté "voilà, absolument plus rien n'a de sens... en apparence seulement bien sûr, mais maintenant c'est à toi, public, d'essayer de comprendre la clé de l'énigme !" ressemble un peu à du foutage de gueule, à une dérobade de scénariste qui a écrit au jour le jour sans savoir où il voulait en venir et qui, après s'être enfermé dans un cul-de-sac, s'en tire avec un "euh, voilà, alors en vrai peut-être que tout n'était qu'un rêve, ou bien en vrai ils étaient tous morts depuis le début, ou bien c'est à cause des univers parallèles, ou bien tout ce que vous voudrez" d'autant plus désagréable que, vraiment, un type qui fait un film sur des gogols déguisés en zombies klingons ne peut pas vraiment se permettre de jouer au plus malin.


Dark Floors 04

A moins de vous satisfaire de "tout ça c'était la faute de Gene 'The Demon' Simmons,
mais ses pouvoirs magiques n'affectent pas les gamines", l'épilogue risque de vous laisser sur votre faim.


Il y a vraisemblablement un film d'horreur ou de fantasy rigolo à faire avec Lordi, et une bonne histoire à raconter sur un groupe de malheureux prisonniers d'une faille temporelle cauchemardesque dont le salut est entre les mains de quelqu'un qui ne peut pas communiquer avec eux. Mais Dark Floors n'est finalement aucun des deux. C'est dommage, parce que le film n'est pas franchement nul, mais le fait est que, malgré les qualités que j'ai citées, il est raté. J'espérais un nanar, après quelques scènes je me suis mis à espérer un vrai bon film, et j'ai été déçu sur les deux tableaux. Je ne regrette pas de l'avoir vu, c'est une petite curiosité pas complètement inintéressante qui ne m'a pas coûté très cher, mais ça n'est pas pour autant un achat que je recommanderais à beaucoup de gens. C'est suffisamment regardable pour qu'un curieux qui tient absolument à voir à quoi peut ressembler un projet bizarre comme "le film de Lordi" ne passe pas un mauvais moment, mais pour le cinéphile moyen, ça n'est clairement pas un visionnage indispensable.

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 09:07

The WomanJe sais pas ce que vous en pensez (vu que vous ne dites jamais rien) mais moi je trouve que jusqu'à présent, il est pas trop désespérant, ce petit mois thématique. Ca change un peu des enchaînements de films pourris. Enfin je dis pas que je vous ai déniché une liste ininterrompue de chefs-d'oeuvre mais en dehors de trucs comme Donkey Punch y a pas trop de merdes quand même. Hostel III, Maniac, Frontière(s), hein ? Pas trop mal tout ça. Mais bon, je sens que vous êtes exigeants, alors aujourd'hui j'ai encore mieux. Vous êtes gâtés.

La fameuse Femme du titre provient d'un autre film, Offspring, tiré d'un roman du même scénariste (Jack Ketchum). Mais The Woman se suffit à lui-même, pas besoin de voir ce premier épisode pour apprécier. Par contre c'est le genre de film sur lequel je pense qu'il vaut mieux ne pas savoir grand'chose avant de le regarder. Désolé je sais que ça fait un peu "voilà mon excuse bidon pour bâcler cette critique en trois paragraphes" mais je voudrais vraiment pas vous gâcher le plaisir. Il faut dire aussi que ça n'est pas un film qui suit un schéma typique de film d'horreur, genre le tueur masqué, les jeunes qui sont punis pour s'être amusés, le monstre démoniaque, les animaux qui mangent les gens, les zombies qui attaquent, les fantômes qui claquent les portes, tout ça. En soi, s'éloigner des recettes habituelles ne suffit pas à faire un bon film, mais c'est quand même généralemnt bon signe quand un réalisateur essaie de faire autre chose que de copier Massacre à la tronçonneuse ou Les Dents de la mer.

Pour ceux qui veulent un petit mot sur l'intrigue quand même, c'est l'histoire d'une famille de bourgeois propres sur eux qui séquestrent une jeune femme sauvage que le père a capturée en forêt, sous prétexte de la "civiliser". Mais c'est vraiment qu'un prétexte, parce qu'elle ne parle pas leur langue et essaie de les bouffer dès qu'ils la détachent, ce qui ne facilite pas trop l'apprentissage de quoi que ce soit. Alors ils se contentent de la garder enfermée comme un animal féroce. Un animal féroce que les hommes de la famille auraient envie de baiser. Ce qui, évidemment, ne va pas sans causer quelques tensions à la maison, jusqu'à ce que tout parte en sucette de façon spectaculaire.

The Woman 02L'Ecossaise Pollyanna McIntosh reprend le rôle qu'elle incarnait déjà dans Offspring,
une cannibale aux allures de méchant de
Rahan.

 

Ca aurait pu en faire des caisses sur des thèmes usés comme "oh la la, regardez comment sous cette apparence lisse de famille américaine modèle, ces gens sont des tarés", ou "mais alors, se pourrait-il que finalement les vraies personnes non-civilisées dans cette histoire ne soient pas celles qu'on pense ?" Mais ça aurait été un peu convenu tout ça, non ? Au lieu de ça, le ton rappelle un peu The Human Centipede, de l'horreur extrême mais avec beaucoup d'humour noir, et un protagoniste complètement malade derrière ses manières affables, qui inflige à ses victimes des tortures psychologiques et physiques atroces comme si tout ça était parfaitement normal. Mais alors que Human Centipede était malheureusement un peu creux, un peu "gratuit", The Woman a quand même quelque chose à lire entre les lignes, une deuxième couche à l'intérieur. Si on veut surintellectualiser le truc on peut dire que c'est sur cette obsession bien humaine de vouloir convertir l'Autre à notre vision du monde, notre système de valeurs, si arbitraires et contradictoires soient-elles, et sur le besoin masculin de s'approprier, de "dompter" la femme, parce que l'imaginer libre et autosuffisante est insupportable à certains hommes.


The Woman 04

Les gags visuels font partie des petites choses qui rendent The Woman si affreusement drôle,
comme ici avec le père
qui porte des gants en caoutchouc rose à fleur pour effectuer ses basses besognes.

 

Les acteurs sont excellents, à commencer évidemment par Pollyanna McIntosh (Cadavres à la pelle) en sauvageonne et Sean Bridgers (Deadwood) en patriarche tyrannique. La première a le physique et le langage corporel parfaits pour ce rôle sans dialogue de créature animale, brutale, étrangement désirable malgré la boue partout, les dents pourries, la démarche d'homme des cavernes. Le second campe un genre de Will Ferrell pervers, évite l'ecueil de la jouer façon savant fou ou tortionnaire sadique ricanant, pour une attitude plus subtile de brave papa sévère mais juste. Les autres acteurs ne sont pas en reste, pas même la petite fille, et pourtant à cet âge-là les enfants ont tendance soit à jouer complètement faux, soit à être de sacrées têtes-à-claques, soit les deux.


The Woman 01

La qualité du casting est l'un des gros points forts du film.

 

J'ai un peu l'impression d'essayer de vous vendre le film avec ce qu'il n'est pas plutôt qu'avec ses qualités intrinsèques, mais comme j'ai dit, je pense qu'il vaut mieux se laisser surprendre. Sachez juste qu'il vaut mieux avoir le coeur bien accroché quand même (c'est pas hyper sanglant tout le temps, mais y a quelques moments bien affreux, vers la fin c'est même l'escalade), apprécier l'humour tordu et pince-sans-rire, et être prêt à se laisser embarquer dans une histoire bizarre, déroutante. C'est vraiment l'un des meilleurs films d'horreur que j'aie pu voir récemment, mais je connais aussi des gens qui ont détesté donc voilà, vous êtes prévenus. Ca se trouve dans les opérations "4 pour 20€", si vous êtes curieux ça vaut largement le coup de tester.

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 08:15

Dark Country 3DIl y a pas loin de 15 ans maintenant (oui je suis vieux), TF1 avait diffusé une série de programmes en 3D nécessitant un autre type de lunettes en carton que les traditionnelles "rouge et bleu" avec lesquelles FR3 avait créé la sensation autour de la diffusion de L'Etrange créature du Lac Noir au début des années 80 (je suis vieux, et je vous emmerde). Je ne sais pas comment ça s'appelle, mais si je me souviens bien l'effet relief était potable et les couleurs restaient naturelles. Du coup, je trouve bien dommage qu'il ne soit plus utilisé aujourd'hui pour les films à petit budget qui veulent faire de la 3D mais n'ont pas les moyens de s'offrir la technologie d'Avatar, parce que l'anaglyphe (les lunettes rouge et bleu) à la télé, ça donne systématiquement des images baignées dans des tons rosâtres/verdâtres dégueulasses et ça gâche pas mal l'expérience. Alors après je ne sais pas, peut-être que c'est un procédé super pénible à utiliser, ou vraiment très coûteux, ou trop limité. Mais quand même, c'est dommage. Parce que la 3D moi j'aime bien, mais sur une téloche normale sans "lunettes actives" ça rend moche et bordel si on a la technologie pour filmer des images de Mars je devrais pouvoir regarder Piranha 3D dans mon salon sans voir de nichons bicolores, quoi, merde.

En attendant donc à moins d'acheter le téléviseur adéquat et des Blu-Ray, pour le DVD il faut se contenter de 3D à l'ancienne, mais c'est cool de voir des productions modestes s'emparer de cette mode, surtout parce que contrairement aux gros studios qui souvent se contentent de la barbouiller sur n'importe quoi pour faire comme tout le monde sans vraiment chercher à l'exploiter, les "petits" essaient de faire des choses amusantes avec. Outre Piranha 3D, il y avait eu Meurtres à la St-Valentin 3D qui vous projetait instruments tranchants ou pointus et éclaboussures de sang dans la gueule, mais le film qui nous intéresse aujourd'hui est plus singulier. C'est une sorte de long épisode de La Quatrième dimension, à la lisière du film d'horreur, dans un ton proche du film noir. Le tout réalisé par son acteur principal Thomas Jane, le héros de la moins intéressante des trois versions ciné du Punisher, qui partage l'affiche avec Lauren German, l'autostoppeuse du remake de Massacre à la Tronçonneuse et dernière survivante d'Hostel II. Il y a aussi une petite apparition de Ron Perlman dans un rôle exceptionnellement sans hache de guerre.


Dark Country 02Malgré son nom en grosses lettres sur la jaquette,
la présence de Ron Perlman se limite à quelques minutes.


Dark Country 3D fait partie de ces films qui s'apprécient mieux quand on en sait le moins possible dessus avant de les voir. Avancer dans le noir, comme ses personnages, aide à entrer dans l'ambiance. Du coup, je vais essayer d'en dire le minimum sur l'intrigue. On suit un couple qui vient de quitter Las Vegas après un mariage express. Ils ne se rappellent même plus comment ils en sont arrivés là, se connaissent à peine, ne sont pas trop sûrs qu'ils ne viennent pas de faire une énorme connerie, mais ils ont décidé d'aller s'éclater en lune de miel quand même parce qu'on a qu'une vie et que ce genre de grand bond dans l'inconnu n'est pas seulement inquiétant mais aussi excitant. Tandis qu'ils font route à travers le désert, ils s'aperçoivent qu'ils ont emprunté le mauvais itinéraire, mais alors qu'ils tentent de rejoindre le bon, ils percutent un homme...


Dark Country 04Je veux bien vous montrer qu'il ressemble à ça pour espérer vous intriguer un peu,
MAIS J'EN DIRAI PAS PLUS OKAY ?


Ecrit par le scénariste de quelques-uns des Disney modernes les plus oubliables (Frère des ours, La Planète au trésor...) et réalisé par un acteur qui signait là son premier long métrage, distribué chez nous directement en DVD et sans fanfare, Dark Country ne paye pas de mine sur le papier. Mais pour ma part, j'ai été séduit dès les premières minutes. Visiblement décidé à s'amuser avec la 3D, Thomas Jane ne cherche pas forcément à vous envoyer tout le temps des trucs pointus en pleine face (ce qui est bien aussi hein, la 3D c'est pour goleri) mais s'attache à composer des plans qui ont la classe en relief, en jouant avec le cadrage, la perspective, et pour un débutant chargé de pondre 90mn de 3D pour le prix d'une suite de Paranormal Activity (c'est-à-dire trois fois rien), il n'a pas fait son boulot par-dessus la jambe et a cherché à donner de la personnalité à son film. Je dis pas qu'on assiste à la naissance d'un futur grand ni que sa "voix" est 100% originale, mais il a du style, on le sent moins timoré que Michael Jai White sur Never Back Down 2, par exemple. Dans un monde parfait, Robert Rodriguez lui cèderait les rênes de Sin City 2 et le laisserait tourner à sa manière plutôt que dans le style du premier épisode et ça donnerait une vraie version ciné de Sin City plutôt que "regardez j'ai filmé des planches de BD".


Dark Country 03Je peux pas affirmer avec certitude que Thomas Jane a lu The Hard Goodbye,
mais l'intro du film ressemble un peu à un clin d'oeil quand même.


Le film s'efforce de garder la clé de l'énigme jusqu'aux dernières minutes, ce qui aurait pu donner quelque chose d'ennuyeux comme du M. Night Shyamalan s'il avait fallu se contenter d'attendre la révélation finale en se demandant quelle était l'explication rationnelle à tout ça. Heureusement, l'intrigue est parsemée de rebondissements, accumulant les emmerdes pour ses héros tout en épaississant le mystère dans lequel ils sont plongés, et les deux acteurs principaux se montrent à la hauteur du défi de porter une histoire qui n'a quasiment pas de personnages secondaires et dont la majeure partie se déroule dans une voiture.


Dark Country 01C'est le genre de plan qui montre bien pourquoi la 3D est importante
et pourquoi Thomas Jane doit tourner d'autres films.


Pour être honnête, la chute n'est pas aussi percutante qu'on pourrait l'espérer et donne un côté un peu creux à l'ensemble. C'est plus de l'exercice de style qu'une histoire "à message" comme La Quatrième Dimension, Au-delà du réel ou Les Contes de la Crypte ; c'est pas un crime, mais c'est dommage. Mais le plus décevant reste le défaut dont j'ai parlé au début : si on regarde en 3D, c'est pas très beau, si on regarde en 2D on a l'impression de perdre quelque chose (et l'aspect ne fait pas très naturel de toutes façons). Cela étant dit, je ne regrette pas du tout mon achat (dans une offre "4 pour 20€"), c'est vraiment une bonne surprise, qui donne envie de voir plus de choses des mêmes auteurs. Si vous aimez le fantastique, c'est pas un chef-d'oeuvre mais ça vaut le coup.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

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