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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 08:38

Les cinéastes qui imaginent le sort du monde après la chute des bombes atomiques, les zombies ou le virus mortel ne sont, en général, pas d'une inventivité folle. Soit c'est "c'est comme notre monde mais en tout délabré, et les gens ont décidé d'arrêter de faire le ménage", soit c'est "tout le monde est devenu un punk barbare à clous qui conduit une voiture décorée avec des crânes et des lames rouillées", soit c'est un mélange des deux. Les auteurs de Ninja Apocalypse (à ne pas confondre avec Ninja Apocalypse c'est-à-dire Les Monstres de l'apocalypse) ont décidé d'être un peu plus originaux. Enfin peut-être moins "décidé" que "été contraints par leurs moyens limités" mais peu importe, le résultat c'est que dans Ninja Apocalypse, "des années après la grande guerre", les survivants auront muté et reconstruit une civilisation basée sur Mortal Kombat. D'ailleurs le héros s'appelle Cage, comme Johnny Cage, c'est dire si tout cela a vraisemblablement démarré par un "hé venez nous aussi on fait un fan film comme les mecs qui ont fait Mortal Kombat: Legacy avec Michael Jai White". Dans ce monde ninjapocalyptique, les gens se sont regroupés en clans basés sur leurs pouvoirs magiques de mutants : il y a ceux qui font de l'électricité avec les mains, ceux qui transforment les cailloux en boules de feu, ceux qui ont des écailles de reptile sur la tronche ou encore des bonnasses clonées.

Le chef suprême de tous les clans, joué par un Cary-Hiroyuki Tagawa venu cachetonner le temps de deux scènes, décide de réunir tout ce beau monde dans son bunker pour les obliger à s'allier les uns aux autres face à une terrible menace extérieure que le film ne nous montrera jamais. Ce mariage forcé n'est visiblement pas du goût de certains ; tellement pas, d'ailleurs, que le grand manitou est assassiné en public à la fin de son discours. Et immédiatement, le chef du clan des méchants accuse le chef du clan des gentils d'avoir fait le coup, et le "Clan perdu" se retrouve donc pourchassé par tous les autres, parce que le scénariste a vu Les Guerriers de la nuit et s'est dit que personne ne remarquerait le recopiage si tout le monde était déguisé en ninja de borne d'arcade plutôt qu'en Baseball Fury ou en Electric Eliminator. Ensuite comme niveau budget y avait pas trop les moyens pour "course-poursuite à travers une ville post-apocalyptique", ça devient une série d'échauffourées dans un "bunker", c'est-à-dire les couloirs d'un studio de tournage, où les 5 guerriers du Clan perdu vont devoir se montrer plus forts que tous les autres pour s'en sortir vivants à coups de tatanes dans la gueule, de katanas visiblement factices, d'effets spéciaux bas-de-gamme et de discours sur l'honneur et la loyauté.
 

C-HT possède les pouvoirs exceptionnels de se multiplier par 3 pour sabrer des Cro-Magnon post-nucléaires
et de nous quitter avant la vingtième minute.

Ninja Apocalypse m'a surpris au début, de par son côté "ne perdons pas de temps à entrer dans le vif du sujet" porté par un mélange de culot et de sens de l'économie. Pas besoin de justifier comment la fin du monde est arrivée, pas besoin d'expliquer comment la civilisation du 21ème siècle a évolué vers "cachons-nous dans les forêts californiennes déguisés en personnages de jeux de baston", tout est plié en quarante secondes de narration et d'images d'archives et paf Cary-Hiroyuki Tagawa dézingue des ninjas par télékinésie comme si c'était tout naturel. Les héros sont ensuite présentés par le biais d'un message lu à voix haute qui t'explique en un minimum de mots tout ce qu'il y aura à savoir de chacun : "choisis 4 de tes meilleurs guerriers, le plus fort (ça veut dire le gros renoi qui se sacrifiera pour sauver les autres à la puissance de ses muscles), le plus intelligent (ça veut dire qu'il expliquera le film chaque fois que le scénariste a un point à éclaircir rapidement), le plus féroce (ça veut dire qu'il se prendra régulièrement la tête avec le héros pour faire croire au spectateur qu'il va trahir tout le monde), et le plus talentueux (ça veut dire qu'elle a des gros seins)." Vous vous rendez compte ? Marvel développerait ça en 4 films individuels de 2h30 avant de les réunir pour une conclusion en 2 parties de 3h chacune, Ninja Apocalypse vous le brosse en une phrase et un montage. Quand on en a un peu marre de voir pour la 10ème fois comment Spiderman a découvert la Batcave sous des rayons gamma, cette paresse et cette superficialité ont quelque chose de rafraîchissant.
 

Ci-dessus : le talent.

Mais voilà, passée cette intro, et une petite rigolade à l'apparition des futurs adversaires, "Ryu mais pas sympa", "Baraka avec un maquillage pas terrible", "Kitana x 5, parce que multiplier une seule fille par ordinateur revient moins cher qu'embaucher un groupe de mannequins/cascadeuses", ça retombe au niveau de n'importe quel direct-to-DVD à deux balles de ces vingt dernières années, ceux où il ne se passe pas grand chose dans des décors indigents, ceux où on n'a pas pu s'empêcher de coller quelques zombies parce que t'as à peine besoin de maquiller tes figurants si tu filmes suffisamment dans l'ombre et ça te fait de quoi allonger la sauce sans te ruiner, ceux où tu peux même plus espérer voir une vraie explosion mais seulement de l'explosion numérique, ceux pour lesquels l'éditeur français ne propose même pas de VO sous-titrée mais une VF molle du genou, ceux où les rares noms reconnaissables au générique ne sont pas là pour plus de 10 minutes, ceux où le héros n'est plus joué par un Gary Daniels ou un Michael Dudikoff mais par un type falot dont t'as jamais entendu parler parce que Scott Adkins ne peut pas être partout à la fois et qu'à part lui qui se spécialise encore dans ce genre de production de nos jours ? Luke Goss non plus peut pas tout faire.

Anecdote absolument sans intérêt : moi aussi quand j'ai travaillé sur un décor où il fallait des bouteilles dont le design
évoque LE TURFU, j'ai choisi une eau minérale norvégienne dont je tairai le nom puisque
ça coûte une couille et ne mérite pas de publicité gratuite. Les grands esprits se rencontrent.

Cette idée gentiment con d'un avenir peuplé de street fighters et de morts vivants engendrés par la 3ème guerre mondiale donne au film un côté insolite et rigolo qui incite à l'indulgence même si au final c'est quand même assez mauvais et poussif. Pour un film qui s'appelle Ninja Apocalypse, c'est pas aussi drôle qu'on peut l'espérer, mais au moins c'est pas aussi irregardable qu'on peut le craindre quand on a l'habitude de chroniquer des séries moins-que-B-mais-même-pas-Z. Un peu de personnalité et un peu d'action, c'est pas assez pour vous le recommander, mais j'ai vu pire, alors disons que c'est à ranger dans la catégorie "si le titre vous intrigue, pourquoi pas".



 

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Ninja Apocalypse (2014), réalisé par Lloyd Lee Barnett (I Love You to Death) sur un scénario d'Ashley Scott Meyers (Snake Outta Compton). Avec Christian Oliver (Alerte Cobra) Les Brandt (The Second Coming of Christ), West Liang (Big Sky), Cary-Hiroyuki Tagawa (Soleil levant), Ernie Reyes Jr (Les Tortues Ninja II).

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28 septembre 2021 2 28 /09 /septembre /2021 07:30

Je sais pas si vous vous souvenez, vu que j'ai rien publié ici depuis un siècle, mais j'avais bien kiffé le 1er Happy Birth Dead, mélange rigolo et malin de slasher à la Scream (pas trop au sens parodique mais plutôt au sens "le tueur masqué est un copain, mais lequel ?") et d'Un jour sans fin. L'histoire, pour ceux qui ont la flemme d'aller lire la chronique : une étudiante se fait assassiner, se réveille comme si ça n'était qu'un cauchemar, puis comprend qu'en réalité elle est coincée dans une boucle temporelle qui va lui permettre d'élucider son meurtre et de l'éviter. Le réalisateur, qui rempile pour cette suite où il officie également comme scénariste, aurait pu jouer la facilité, et imaginer que cette pauvre Tree soit poursuivie un autre jour par un autre tueur masqué, ou mettre une nouvelle héroïne dans une situation identique. Mais Happy Birth Dead 2 You préfère prendre le risque de l'originalité.

Le film démarre au lendemain du précédent et commence par nous faire croire qu'on va changer de protagoniste mais rester sur le même campus pour revivre une journée à répétition de courses-poursuites avec un nouveau "Babyface". En réalité, l'histoire bifurque vers la science-fiction, et l'on découvre que les événements du premier film étaient le fruit accidentel d'une expérience scientifique menée à la fac. Tree, qui espérait avoir vécu un miracle grâce à une mystérieuse force supérieure ayant décidé de lui accorder une chance de rédemption et de survie, est évidemment un peu déçue mais néanmoins déterminée à aider la nouvelle victime du surineur au masque de bébé. La situation se révèle assez vite plus compliquée qu'elle ne l'espère et, après un nouvel accident de la machine à manipuler le temps, la voilà qui se réveille à nouveau au matin de son anniversaire alors qu'elle pensait avoir enfin laissé cette journée derrière elle. Mais les apparences sont trompeuses, et à nouveau Tree va devoir mourir encore et encore pour que sa vie puisse reprendre son cours normal.

Le film aurait pu se contenter d'envoyer un nouvel assassin aux trousses d'une nouvelle victime,
mais c'est une fausse piste, et Babyface n'est plus la principale préoccupation des protagonistes.


Il est cette fois question d'univers parallèles, et l'aspect thriller passe donc au second plan pour céder la place à de la comédie SF façon années 80 (les personnages comparent d'ailleurs leur situation à Retour vers le futur 2 parce que, comme on le sait déjà depuis l'épisode précédent, le scénariste a vraiment peur qu'on ne comprenne pas à quoi il essaie de rendre hommage s'il ne le cite pas nommément). Il y a bien un nouveau tueur mais la découverte de son identité n'est qu'une intrigue secondaire à la résolution pas très intéressante. Les fans d'horreur et d'humour noir amateur de meurtres dits "créatifs" pourront quand même apprécier un montage marrant de suicides affreux que s'inflige la pauvre Tree pour réinitialiser sa journée de merde.

Si vous êtes nostalgiques de comédies à la Une Créature de rêve ou Profession : génie,
vous êtes en veine, cette suite lorgne plutôt de ce côté-là que de celui de Vendredi 13.


Le film zigzague habilement en terrain connu, évitant à la fois d'être une resucée du précédent et de devenir répétitif, et Jessica Rothe continue de briller dans le rôle de Tree. Mais j'ai trouvé que le film fonctionnait moins bien que la première fois, peut-être parce que j'espérais un nouveau film d'horreur et que c'en est à peine un, peut-être parce que "combien de fois les jeunes savants vont-ils devoir refaire leur équation ?" est moins palpitant que "mais qui est donc le tueur ?", et peut-être aussi parce que le dénouement, cousu de fil blanc, du dilemme de l'héroïne sur les univers parallèles essaie de jouer la carte de l'émotion dans un contexte trop cartoonesque pour que ça fonctionne vraiment.

Jessica Rothe est aussi parfaite dans son rôle que Margot Robbie en Harley Quinn,
l'ex-pouffe à la lisière de la folie qui se suicide au débouche-chiottes n'est pas vraiment
un personnage qui va nous faire pleurer sur ses choix de vie cornéliens.


Les suites de films d'horreur sont souvent pas fameuses et surtout, pas très audacieuses, alors je m'en voudrais d'avoir l'air trop négatif au sujet d'Happy Birth Dead 2 You qui, même s'il m'a un peu déçu, reste sympa et marrant, et prend le risque de dévier de la formule qui a fait le succès du 1er film. Mais voilà, si je dois être totalement honnête, je dirais que si la suite vaguement promise par le générique de fin, et compromise par l'échec commercial du film, ne se fait jamais, ça me brisera pas le coeur. D'ailleurs je termine sur une note positive : tant qu'il n'était pas occupé à faire Happy Birth Dead to Us, Christopher Landon en a profité pour réaliser une autre comédie d'horreur très chouette, Freaky, qui sort en DVD en France le mois prochain !

 

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Happy Birth Dead 2 You (Happy Death Day 2U, 2019), écrit et réalisé par Christopher Landon (Manuel de survie à l'apocalypse zombie). Avec Jessica Rothe (Valley Girl), Phi Vu (Pitch Perfect 2), Israel Broussard (Extinction), Sarah Yarkin (Foursome), Suraj Sharma (L'Odyssée de Pi).

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 10:16

Avec un titre comme Deep Evil, qui fait tellement "généré aléatoirement par un programme informatique à partir d'une liste de mots associés aux films d'horreur", on est à peu près sûr de tomber sur un navet sans imagination. Normalement, j'essaie de me retenir d'acheter ces trucs-là maintenant, mais celui-ci avait quand même deux éléments en sa faveur. Déjà, la gueule du monstre donne l'impression que le responsable des effets spéciaux n'a pas voulu se donner la peine de concevoir un costume lui-même mais a simplement customisé une réplique de celui de la bestiole de L'Etrange créature du Lac noir en espérant que personne ne remarque la supercherie. Ca fait nanar, et donc ça fait envie. Ensuite, ça met en vedette Lorenzo Lamas, qui a eu une brève carrière de star du direct-to-video d'action grâce au succès de la série télé Le Rebelle, et dont je n'avais encore rien chroniqué. Or maintenant que j'ai fait  Joe Lara, la moindre des choses c'était quand même de tenter son "évolution pokémon" dans le genre bellâtre ténébreux à cheveux longs, avec des stats juste un tout petit peu plus élevés en jeu d'acteur et en charisme. Le hasard fait également que c'est l'occasion d'illustrer mon propos sur la différence entre les vieilles copies d'Alien, celles qui devaient se sortir un peu les doigts du cul pour attirer du public dans les cinémas de quartier, et les plus récentes, des téléfilms vendus à des chaînes qui n'ont rien à cirer de la qualité de ce qu'elles mettent à l'antenne.

L'histoire de Deep Evil est racontée sous forme de flashback par un personnage tellement fort en flashbacks qu'il peut même raconter des scènes qui ont eu lieu en son absence, des scènes qui n'ont eu lieu que dans l'imagination d'autres personnages et, cerise sur le gâteau, sa propre mort et les événements qui ont suivi. Tout ça, sans que son interlocuteur ne tique ! Oui ça sent un peu le scénario réécrit en plein tournage, peut-être parce qu'un producteur est passé visionner les rushes et a décidé que ce serait drôlement plus accrocheur pour le téléspectateur si on démarrait par la fin, et drôlement plus mémorable si on concluait sur un coup de théâtre éculé. Mais au cas où ça vous intéresse, donc, c'est un clone d'Alien et Predator où un commando militaire est envoyé dans un laboratoire menant des expériences secrètes pour l'armée en Alaska. Les personnages se limitent à quelques caractéristiques sommaires qui n'auront finalement aucune incidence sur le reste du film : Lorenzo Lamas aime niquer des gonzesses, la capitaine est une dure à cuire, le petit jeune est un peu con, ce genre de choses. Les savants qui les accompagnent sont évidemment peu loquaces sur les raisons de leur intervention si ce n'est que le personnel ne répond plus, mais une fois sur place, il leur faut cracher le morceau assez vite : ils s'amusaient avec un virus extraterrestre récupéré sur un fragment de météorite, et il a muté en dangereuse créature qui est en train de tuer tout le monde.
 

-Mais chef, on a déjà filmé la scène où l'héroïne rentre chez elle retrouver sa fille à la fin...
-Oui c'est très poignant ce serait bête de la jeter mais c'est pas grave, disons qu'elle ne fait que l'imaginer dans sa tête.
-Mais chef si c'est dans sa tête, comment le mec qui est déjà mort peut inclure la scène dans son récit ?
-C'est toi l'artiste, Coco, je te fais confiance pour mettre mes idées en forme.


Alors comme je disais l'autre jour, quand les Italiens tentaient une repompe à petit budget dans les années 80, ils se contentaient certes d'un scénario bébête aux rebondissements prévisibles, mais ils mettaient quand même un peu de moyens dans certains éléments pour élever le niveau. Musique, décors, ce qu'il fallait de cascades et d'effets pyrotechniques, de quoi avoir l'air d'un vrai film, même quand on n'est qu'un ersatz. Mais dans quelque chose comme Deep Evil, tout est bas-de-gamme et tout le monde, des techniciens aux acteurs, n'est là que pour toucher son chèque. La BO a clairement été composée en mode pilote automatique par un mec qui sonorise 5 à 10 productions fauchées du même genre par an, les intérieurs de la base militaire sont tournés à contrejour pour masquer le fait que c'est un centre de conférences ou une MJC dans une bourgade canadienne, les 3 mêmes couloirs et sous-sols sont filmés sous tous les angles pour représenter les différents lieux du laboratoire, l'hélicoptère est en images de synthèse foireuses...

Voilà le genre de cadrage qui vous donne une idée du niveau de soin
apporté au produit par les gens qui ont bossé dessus.

On saluera quand même la belle idée d'escroc qui a consisté à donner aux extraterrestres le pouvoir de se changer en eau. Attention hein je vous parle pas de devenir une créature liquide comme le T-1000, non, non, vraiment, juste de se changer en eau. Vous vous rendez compte des économies que ça fait sur les effets spéciaux, quand en guise de monstre vous pouvez simplement avoir une flaque par terre ou des gouttes qui tombent du plafond et des acteurs qui y réagissent comme s'ils étaient en panique ? En cours de route, le réalisateur a dû se dire qu'il ne pouvait quand même pas se foutre de la gueule du public comme ça pendant 90 mn et le virus mutant devient donc une nuée d'araignées, probablement parce que le responsable des effets numériques avait sur son ordi un modèle d'araignée récupéré d'un autre film ou dans une banque d'objets 3D libres de droit. Dans le dernier quart d'heure c'est le costume en caoutchouc qui prend le relais et, pour être honnête, à l'écran il fait un peu moins "j'ai pris un monstre d'un autre film et je l'ai mis dans le mien". Il n'est pas spécialement réussi pour autant, et l'idée qu'il représente une menace terrible pour l'humanité entière est assez ridicule. Hooooo, regarde, ils savent faire des cabrioles, et ils attaquent un par un parce qu'en vrai on n'a qu'un seul costume pour représenter tout le troupeau ! C'est terrible, il n'y a vraiment qu'une bombe atomique qui pourra mettre fin à ce cauchemar !

Pour un streum qui peut se métamorphoser en plus ou moins tout ce qu'il veut,
c'est un peu bizarre d'avoir choisi comme forme ultime un vieux film de superhéros de Wes Craven.

Ses quelques éléments nanaresques auraient pu faire de Deep Evil une couillonnade assez drôle, mais je me suis plutôt ennuyé devant. Pour faire basculer le film du bon côté, il aurait sans doute fallu que Lorenzo Lamas se révèle un peu plus intéressant comme tête d'affiche. Sans le côté kitsch du look "couverture de roman sentimental pour fille qui aime les bad boys au grand coeur" associé à sa fameuse série télé, c'est juste un acteur parmi d'autres. Il n'est pas risiblement mauvais comme Joe Lara, il n'a pas le physique hors norme d'un Lou Ferrigno ou la grande gueule d'un Jesse Ventura, il ne fait pas de karaté... Il aurait pu échanger son rôle avec n'importe lequel de ses collègues sur le tournage sans rien changer au film. Alors oui, le film est un peu amusant à raconter ("tu te rends compte, le mec raconte qu'il est mort et que le reste du groupe a continué sans lui !"), mais à regarder c'est un peu laborieux, et même en cette période où on est nombreux à avoir beaucoup de temps à tuer, vous avez forcément mieux à faire.

 


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Deep Evil, menace extraterrestre (Deep Evil, 2004). réalisé par Pat Williams (Dead Rising: Endgame) sur un scénario de Kevin Gendreau (Warbirds) et Lindsay James (Malibu Shark Attack). Avec Lorenzo Lamas (Le Rebelle), Ona Grauer (Percy Jackson, le voleur de foudre), Jim Thorburn (Dead Rising; Endgame), Adam J. Harrington (Harry Bosch), Rachel Hayward (L'Art de la guerre II : Trahison), Will Sanderson (BloodRayne).

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 09:10

Moi, vous me connaissez : je suis pas le genre de bon gros fils de pute qui profiterait d'une tragédie mondiale pour relancer son petit blog avec un titre évoquant la situation actuelle pour racoler un peu. Non c'est vraiment un pur hasard si j'ai décidé de reprendre mon e-plume maintenant pour vous parler de Contamination, un film qui n'a absolument rien à voir avec les pandémies puisqu'en fait c'est une histoire d'extraterrestres pompée sur Alien. Signé Lewis Coates c'est-à-dire Luigi Cozzi, réalisateur du fameux nanar Starcrash, le film se prétend adapté du roman (fictif) L'Alieno pour ne pas risquer un procès de Ridley Scott, une méthode d'escroc qu'on lui pardonnera facilement en constatant que certes, il a volé l'idée de l'affreux monstre de l'espace dont les oeufs finissent par faire exploser ceux qui s'en approchent de trop près, mais n'a pas poussé l'arnaque jusqu'à recopier l'intrigue, radicalement différente ici. En effet, faute du budget nécessaire à un vaisseau spatial et des effets spéciaux un peu plus complexes que "on met des cascadeurs dans des combinaisons remplies de faux sang et d'abats, et on les fait éclater", l'histoire se déroule sur Terre et prend principalement la forme d'une enquête policière malgré l'élément de SF.

Une équipe est dépêchée pour intercepter un cargo qui dérive vers New York sans répondre aux appels des autorités portuaires. A bord, tout l'équipage est mort, horriblement mutilé, et l'on découvre que la cargaison de paquets de café contient en réalité d'étranges oeufs verts (oui j'ai choisi le film à cause de Pâques en vrai, je vous jure) porteurs d'une substance qui, par simple contact, empoisonne ses victimes et les transforme en geysers de tripailles en quelques secondes. Stella Holmes, une colonelle des "services de sécurité du Pentagone, 5ème division spéciale", des gens en vilain uniforme beige officiant dans des locaux qui évoquent le Star Trek original et dont les commandos interviennent en utilisant des hélicoptères de location, est dépêchée pour enquêter sur l'affaire. Après avoir tenté sans succès d'interroger les destinataires de la livraison de café, qui se sont révélés être une bande de criminels fanatiques qui projetaient selon toute vraisemblance d'empoisonner toute la ville, la colonelle remonte la piste des oeufs jusqu'à une plantation en Colombie...

Si vous aimez voir des viscères voler dans tous les sens au ralenti,
vous allez être gâtés.

L'actrice canadienne qui joue la colonelle a l'air hébétée tout au long du film, soit parce que c'est déroutant de jouer avec un casting international en sachant que tout le monde sera re-doublé en italien plus tard, soit parce qu'elle n'en revient toujours pas d'avoir signé pour jouer un personnage aussi incompétent. La meuf, on la met sur une mystérieuse affaire d'oeufs verts d'origine inconnue et il lui faut la moitié du film pour se rappeler soudain que "ah mais oui c'est vrai qu'il n'y a pas longtemps, j'ai fait radier de la NASA un astronaute qui prétendait avoir découvert des oeufs verts sur Mars alors que son coéquipier disait que c'était faux, ça doit avoir un rapport avec cette nouvelle affaire d'oeufs verts". Ensuite il lui faut tout le reste du film pour comprendre que c'est l'autre astronaute qui a ramené les oeufs en douce sur Terre avec de mauvaises intention. A son arrivée en Colombie quelqu'un tente de l'assassiner avec un des oeufs, prouvant ainsi qu'elle est repérée et qu'elle devrait être sur ses gardes, mais elle va se jeter dans la gueule du loup comme une gourdasse en décidant de visiter la plantation de café "sous couverture" comme si elle n'avait pas pigé qu'elle serait démasquée instantanément. Le recrutement à la "5ème division spéciale" du Pentagone, ça doit être du genre "ah oui, Stella... on va l'envoyer à la 5ème division, elle est pas méchante mais elle est un peu... spéciale".

Louise Marleau a beau être une actrice respectée au Québec,
le moins que l'on puisse dire c'est que la réponse de
Contamination à Ellen Ripley
ne fera jamais d'ombre à son modèle.

On sent que ça n'a pas dû être facile, pour ce pauvre Luigi Cozzi, de pondre 90 minutes de film avec "refais-moi Alien mais pour pas cher, ton copain Dario Argento nous prête le groupe Goblin pour faire la musique mais le reste doit pas coûter plus cher qu'un film de cannibales, d'ailleurs je t'ai récupéré 20 kilos de dégueulasseries dans les poubelles du tripier". Alors il étire son intrigue en faisant contourner le pot-aux-roses par son héroïne aussi souvent que possible, alors qu'elle est censée être une super pro complètement focalisée sur son boulot (ses deux comparses masculins espèrent la séduire, sans succès), et il étire ses séquences en faisant durer ses stock-shots aussi longtemps qu'il peut (comme c'est intéressant de regarder un avion atterrir en Colombie ! Puis de regarder descendre les passagers !), en n'hésitant pas à insérer un peu de comédie gentiment balourde dans son thriller horrifique, et en faisant régulièrement exploser quelqu'un, ce qui perd un peu de son côté "choc" quand tout le monde meurt de la même façon tout au long du film.

Les décors de Mars sont plutôt chouettes (même s'ils imaginent la "planète rouge" couverte de glace)
mais on ne les voit que très brièvement dans le film.

Avec tout ça il faut attendre le dernier quart d'heure pour voir enfin le méchant Martien, qui semble avoir été l'inspiration pour Kang & Kodos dans Les Simpson. S'il avait remué un peu plus, ça aurait limite pu être un Craignos Monster assez chouette dans son genre, mais là c'est une espèce de gros automate qui ouvre et ferme ses bouches et tend un peu le bras, c'est pas franchement très spectaculaire sans être suffisamment nanar non plus. Je m'attendais certes pas à une créature de la classe et la personnalité du vrai Alien de HR Giger mais quand même, patienter 1h15 pour au final voir que le terrible streum qui pond tous les oeufs pour conquérir le monde est simplement planté dans son coin de décor à attendre que ses victimes viennent se faire aspirer, ça laisse un peu sur sa faim.

Voilà, je vous montre "le Cyclope" au cas où vous préférez ne pas vous farcir le film pour de vrai.

Pour un amateur de bis italien, Contamination à son petit charme, entre les effets gore, la bande originale de Goblin, le côté sympathique d'une contrefaçon bricolée par des artisans débrouillards plutôt que des charlatans cyniques. Malheureusement ça reste un film assez bébête plombé par ses longueurs, son scénario qui demande beaucoup d'indulgence au spectateur, le manque de charisme de ses acteurs... J'ai vu pire, j'ai pas détesté, mais je me suis quand même un peu ennuyé devant. C'est pas pour n'importe quel fan de SF des années 80 en quête d'un titre méconnu, c'est vraiment plutôt à réserver aux curieux à qui le "Cinéma de quartier" de Jean-Pierre Dionnet manque cruellement. Si vous vous reconnaissez là-dedans, c'est vraiment pas indispensable, mais c'est pas ignoble.


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Contamination (1980), écrit et réalisé par Lewis Coates/Luigi Cozzi (Starcrash, le choc des étoiles). Avec Louise Marleau (Belle et Sébastien), Marino Masé (Le Gendarme à New York), Ian McCulloch (L'Enfer des zombies), Gisela Hahn (La Grande débandade), Siegfried Rauch (Bons baisers d'Athènes).

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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 11:00

En bientôt 10 ans de Ciné Discount, je n'avais encore jamais chroniqué de film avec Joe Lara. C'est un peu comme tenir un blog porno sans jamais mentionner Ron Jeremy. Et pour tout vous dire quand j'ai décidé d'acheter cet Hologram Man à 1€ c'est parce que je pensais que sa jaquette pompée sur l'affiche italienne de Terminator cachait un film mystérieux, comme pour Safari, ou peut-être le faux Terminator 2 de Bruno Mattei. Mais non, c'est bien une édition bas-de-gamme de Hologram Man de Richard Pepin, ancien chef opérateur de porno (eh ouais, t'as cru qu'au début j'en parlais de façon purement gratuite hein, avoue ?) reconverti dans la confection de produits sur mesure pour pointures du cinéma de vidéoclubs, Don "The Dragon" Wilson, Gary Daniels, Jack Scalia, Traci Lords, Louis Gossett Jr et donc, dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, Joe Lara.

Dans un futur proche, le maintien de l'ordre à Los Angeles est assuré par la société "Cal Corp" et les criminels sont condamnés à avoir leur esprit numérisé et emprisonné dans un ordinateur censé les reprogrammer pour pouvoir les réintégrer à la société à l'issue de leur peine. Tous les 5 ans, ils reprennent connaissance sous forme d'hologramme en justeaucorps et sont évalués par un jury qui décide de leur possible remise en liberté. Parmi ces holo-prisonniers, Slash Gallagher, un terroriste avec un nom et un look de catcheur imaginaire conçu avec le mode "Create-a-Wrestler" de WWF Attitude sur la première Playstation. Le jour de son audience, c'est le drame : grâce à la complicité d'un hacker, son hologramme s'évade et rejoint son ancien gang. Cal Corp charge alors le capitaine Decoda, le flic qui avait arrêté Gallagher 5 ans plus tôt, de remettre la main dessus. Mais sous sa forme d'hologramme, Slash semble totalement invulnérable...

Bon évidemment le vague prétexte SF à la base d'Hologram Man est risible, mais au début c'est vraiment difficile de ne pas aimer le film si on est un tant soit peu amateur d'action nanarde. Ca s'ouvre sur une fusillade où tout explose tout le temps, quand il y a un choc, quand il y a un tir, quand il y a une brise un peu forte ou un battement de cils un peu brusque, boum ça pète. Ca enchaîne sur une scène de sexe où le méchant baise dans pas moins de quatre positions différentes une charmante demoiselle qui n'aura qu'une seule autre courte apparition et zéro réplique dans le film. Tout de suite après, on a une poursuite en bagnoles et bus avec encore plus de fusillades et d'explosions. Et tout ça nous conduit à cette histoire clownesque d'hologrammes vivants. C'est bas-du-front mais sans temps mort et sans prétention, et le doublage français par des acteurs aux niveaux de compétence et de motivation variés ajoute au côté rigolo, tout comme Joe Lara, sorte de héros de couverture de roman Harlequin qui en serait sorti après avoir rêvé très fort de devenir un vrai petit garçon comme Pinocchio mais dont le jeu évoque un morceau de bois.

Mais au moins ses cheveux sont symétriques avec ceux
de l'actrice qui joue sa petite amie dans le film,
c'est pas Bruce Willis qui peut s'en vanter.

Malheureusement, passée la première demi-heure, votre appréciation risque de varier grandement selon que vous regardez ça seul ou accompagné. Entre copains, il y a moyen d'en faire un jeu à boire, une gorgée chaque fois qu'il y a une explosion, une gorgée chaque fois qu'un figurant se fait abattre dans une fusillade alors qu'il se tenait debout sans aucune couverture avec son flingue à la main, une gorgée si quelqu'un parvient à citer le nom d'un vétéran du cinéma de genre la première fois qu'il apparaît à l'écran, une gorgée chaque fois que quelqu'un dit "Decoda" en accentuant une syllabe sans raison, une gorgée chaque fois que quelqu'un dit "chier !", et on vide son verre si c'est en réaction à la mort d'un personnage important. Avec ça tout le monde est très vite bourré et l'ambiance est garantie. Enfin sauf si vos potes ont l'alcool mauvais.

Au casting, une belle brochette de "gueules" dont on ne retient jamais les noms
alors qu'on les a vues en arrière-plan dans des dizaines de téléfilms et séries.

Mais si comme moi vous regardez des conneries comme ça tout seul sans vous piquer la ruche, l'enthousiasme du début finira par retomber, parce que c'est quand même très répétitif. PM Entertainment, le studio à l'origine du film, avait pour habitude de faire écrire ses scénarios non pas par des professionnels, mais par des gens qu'ils employaient déjà à autre chose (ici en l'occurrence, le cascadeur qui joue Slash Gallagher, et qui aujourd'hui tient une galerie d'art contemporain parce qu'une blessure l'a forcé à renoncer à sa carrière), avec comme consigne de caser une scène d'action toutes les sept minutes. Les mecs pondaient ça en quelques jours juste avant le tournage, en s'enfermant avec une pile de VHS des succès du genre à imiter, dans lesquels ils piochaient de quoi meubler entre les moments où tout et tout le monde explose. Ici, il y a un peu de RoboCop, un peu du Cobaye, même un peu de Highlander II et Speed, mais pas vraiment d'intrigue au-delà de "Slash tue des gens jusqu'à ce que Decoda le tue".

Désolé pour cette chronique interminable,
pour ceux qui n'ont pas la patience de finir voilà une image qui résume tout.

Tout le reste est du pur remplissage qui ne va nulle part. Je pensais qu'en sa qualité d'homme-hologramme, le méchant serait une sorte de version numérique de Shocker, mais non, en fait ses hommes de main lui fabriquent un corps synthétique pour le contenir et il n'utilise pas ses pouvoirs avant la fin. Et malgré la complément français du titre, c'est un terroriste à l'ancienne, qui fait péter des trucs, pas un Anonymous avant l'heure. Même son copain hacker devient vite un simple porte-flingue. Il y a une histoire de dôme construit pour protéger les riches du trou de la couche d'ozone, mais c'est complètement oublié en cours de route. Il y a une vague impression de satire d'un système judiciaire naïf qui libérerait des criminels pour peu qu'ils soient capables de tenir de beaux discours de faux repentis, mais là encore c'est abandonné au bout d'une scène. Le politicien joué par Michael Nouri de Hidden sert de méchant secondaire mais sans qu'on ne se donne jamais vraiment la peine de nous expliquer ou monter en quoi son gouvernement est particulièrement détestable. Hologram Man n'a rien à dire, rien à raconter, c'est une compilation d'imitations de films à plus gros budgets parce qu'1h30 de voitures qui font des tonneaux et de gens qui se flinguent sans interruption c'est invendable alors il faut bien allonger la sauce d'une façon ou d'une autre.

Devenir une projection d'image en justaucorps donne le pouvoir exceptionnel
de savater d'autres une projection d'image en justaucorps mal incrustés dans le décor,
alors qu'ils sont invulnérables aux armes conventionnelles.

Alors voilà, ça s'essouffle en cours de route mais je n'irais pas jusqu'à dire que ça devient profondément ennuyeux, c'est juste que ça perd de son charme une fois l'effet de surprise dissipé. Ca reste raisonnablement divertissant pour un fan de mauvais films drôles ; il y avait assez de pognon et de bons artisans impliqués dans les scènes d'action pour éviter que ça fasse minable à ce niveau-là mais autour de ça, on est plutôt dans de la série Z que B. C'est crétin, les effets censés représenter les technologies futuristes sont ringards, c'est mal doublé, et Joe Lara, sorte de Lorenzo Lamas empaillé que les autres acteurs traînent d'une scène à l'autre et à côté duquel même Steven Seagal aurait l'air particulièrement expressif,  donne l'impression d'être l'un des pires acteurs à être devenu tête d'affiche, ou plutôt tête de jaquette VHS, c'est assez incroyable. Si ce genre de sous-cinéma de forain vous amuse, à 1€ vous ne risquez pas trop d'être déçu même si ça ne sera pas le plus beau nanar de votre collection.

 

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Hologram Man (1995), réalisé par Richard Pepin (Dark Breed) sur un scénario d'Evan Lurie. Avec Joe Lara (Steel Frontier), Evan Lurie (Double Impact), Arabella Holzbog (Carnosaur 2), Anneliza Scott (Demolition Man), Michael Nouri (NCIS : Enquêtes spéciales), John Amos (58 minutes pour vivre), William Sanderson (Blade Runner), Tiny "Zeus" Lister Jr. (Le Cinquième élément), Nicholas Worth (Barb Wire).

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1 avril 2017 6 01 /04 /avril /2017 08:46

N'ayant chroniqué que des adaptations de jeux vidéo cette année, je continue sur ma lancée même si ça veut dire qu'il va falloir que je re-bouffe du Hitman et du Tekken. J'avais encore jamais vu Doom, qui a déjà 12 ans cette année, et comme pour Resident Evil ça me paraissait être un bon moment pour lui donner enfin sa chance. En 2005 je me serais sûrement focalisé bêtement sur "mais ça n'a rien à voir avec le jeu !", mais là je me sentais d'humeur à donner tort à tous ceux qui l'avaient descendu à sa sortie : les critiques sérieux qui avaient trouvé ça débile tout en affirmant que "mais les fans du jeu aimeront sûrement !" (parce que jouer à des jeux vidéo signifie automatiquement avoir des goûts de chiottes en matière de films tant qu'on appelle un personnage "Dr Carmack" OUAH COMME JOHN CARMACK LE CREATEUR DE DOOM), les fans outrés par les infidélités à "l'Oeuvre" d'origine, et ceux qui ne voulaient pas rater une occasion de se moquer d'un idiot de catcheur qui prétendait faire du cinéma.

Eh oui, parce qu'à l'époque The Rock était encore The Rock, un type qui jusque-là avait gagné sa vie en faisant semblant de se battre en slip, et pas encore Dwayne Johnson, la plus grosse star de la galaxie. Il était donc de bon ton d'ironiser sur son talent d'acteur. Vous vous rendez compte que même quand j'ai commencé ce blog, en des temps immémoriaux, je me demandais s'il trouverait enfin le film qui ferait de lui le nouveau Schwarzenegger ou s'il resterait toujours le un-peu-mieux-que-Roddy-Piper-mais-pas-beaucoup ? Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Vous voulez sauver GI Joe ? Vous appelez Dwayne Johnson. Vous voulez être sûr de pouvoir poursuivre les Fast & Furious jusqu'à l'explosion du soleil ? Dwayne Johnson. Vous voulez tirer du fric d'un vieux truc ringard comme Alerte à Malibu ? Dwayne Johnson. Et les critiques sur "encore un culturiste teubé qui joue comme un parpaing" ont laissé place à des louanges sur son côté sympa, charismatique et rigolo. Mais en 2005, donc, on n'en était pas encore là.

Je ne vous apprends sans doute rien en vous disant que Doom, que l'on doit au même réalisateur que Street Fighter, la légende de Chun-Li, est tiré de l'un des premiers et plus célèbres jeux de flingage en vue subjective, qui mettait en scène une invasion de démons dans une base martienne suite à l'ouverture d'un portail infernal. Le film délaisse l'élément occulte mais il est toujours question de massacre sur Mars, où des scientifiques sur un site de fouilles archéologiques sont victimes de créatures non-identifiées. Une escouade militaire est envoyée pour retrouver d'éventuels survivants ainsi que le fruit de leurs mystérieuses recherches. Attaqués à leur tour, les troufions comprennent assez vite que leurs supérieurs leur ont caché la vraie nature de la menace, et tombent l'un après l'autre dans les griffes de mutants féroces.

Remplacer les démons par de simples mutants, pourquoi pas,
mais ça semble avoir servi d'excuse pour utiliser des créatures au design assez banal.

Le seul moment mémorable du film, illustré ci-dessus, arrive vers la fin : cinq minutes à la première personne, dans la peau du héros qui tue des monstres dans des couloirs à coups de fusil d'assaut ou de tronçonneuse. C'est probablement cette scène qui a suffi aux critiques pour se mettre dans la tête que ça "plairait forcément aux fans du jeu vidéo". Malheureusement, en dehors de ça, c'est une copie d'Aliens qui souffre à la fois d'un manque de personnalité (même les streums ressemblent à une version bodybuildée du Xénomorphe) et d'un surplus de budget. Avec moins de fric ça aurait pu donner un nanar et être drôle, mais là, sans être vraiment une superproduction (on se rend sur Mars en téléporteur parce que ça coûte moins cher à représenter à l'écran qu'un vaisseau spatial) ça n'est pas ridicule du tout. Et avec un peu d'imagination ça aurait pu être une vraie bonne variation autour du thème "commando contre monstre(s)" comme Predator, mais c'est le genre de film où chaque scène est une réplique de la précédente (les soldats arrivent dans une nouvelle pièce/un nouveau couloir, une ombre fait "woosh woosh" derrière/au-dessus d'eux, une patte griffue en chope un en douce et le bute, les survivants répliquent en tirant dans le vide) et où chaque personnage a un seul trait de caractère qui dicte la totalité de sa contribution à l'histoire : le chef reste bien droit dans ses bottes, le bleu-bite panique, le cul-bénit prie, le psychopathe fait des trucs louches, le héros désobéit aux ordres pour la bonne cause, etc.

L'autre gros clin d'oeil au jeu, c'est le "Big Fucking Gun". Et c'est certes marrant de voir
The Rock se trimballer avec un fusil de la taille d'un éléphanteau, et en même temps,
il tire deux fois avec dans tout le film, et rate, donc ça n'est pas spécialement satisfaisant pour autant.

Alors voilà, comme il y a Rosamund Pike, comme les effets spéciaux sont plutôt réussis (meilleurs que ceux de Resident Evil, par exemple), comme il y a cette fameuse séquence imitant le jeu, comme ça n'est pas un de ces films de monstres fauchés où ça bavasse tout le temps parce que ça coûte moins cher que de tourner des scènes d'action, ça reste plus regardable que d'autres ersatz du film de Cameron tellement oubliables que là je suis même pas foutu de vous en citer un seul en exemple. Tout ça n'en fait pas un film intéressant pour autant, il manque une touche de folie ou de créativité qui aurait pu faire qu'on s'amuse vraiment devant, mais là même The Rock, sans être mauvais, ne donne aucun relief à son personnage et à la baston finale (qui se fait à coups de poings, un comble pour Doom). A choisir, je reverrais plutôt un Resident Evil que ça, et j'ai pourtant pas spécialement envie de revoir un Resident Evil, c'est vous dire si vous n'avez pas besoin de regarder Doom.

 


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Doom (2005), réalisé par Andrzej Bartkowiak (Roméo doit mourir) sur un scénario de Dave Callaham (Expendables : Unité spéciale) et Wesley Strick (Freddy : Les Griffes de la nuit). Avec Karl Urban (Dredd), The Rock, Rosamund Pike (Gone Girl), Raz Adoti (Resident Evil: Apocalypse), Richard Brake (Batman Begins), Dexter Fletcher (Arnaques, crimes et botanique).

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22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 08:38

Comme Apocalypse, Retribution démarre exactement là où s'arrêtait le chapitre précédent, et comme Afterlife, le film part dans une autre direction une fois que l'introduction l'a débarrassé des éléments que l'auteur a finalement regretté d'avoir mis en place (et des personnages dont les interprètes avaient mieux à faire que de revenir, comme Claire et Chris Redfield). Si vous vous attendiez à voir Alice mener les passagers de l'Arcadia dans une révolte contre Umbrella, ou à voir les deux camps comprendre que dans leur situation le plus sage est de déposer les armes et de tenter de reconstruire quelque chose ensemble sur les ruines du monde, pas de bol. Les survivants sont massacrés, Alice est capturée, et la voilà prisonnière d'un énième labo souterrain secret où son ancienne alliée Jill Valentine la torture. Heureusement pour elle, Wesker n'est pas mort (par respect pour votre intelligence, le film ne fait même pas semblant qu'il y a une explication à sa survie, il faut simplement admettre qu'il n'est pas mort) et a décidé de se retourner contre Umbrella pour l'aider à s'évader. Mais pour rejoindre l'escouade qui doit la tirer de là, Alice devra affronter toutes les armes vivantes que la Reine Rouge, l'intelligence artificielle qui règne sur les lieux, garde en stock, parmi lesquelles des clones de ses anciens compagnons d'armes.

J'aurais pu m'arrêter au quatrième film et on se serait quittés bons amis, Resident Evil et moi. Mais non, il a fallu que je voie le cinquième qui, hélas, n'est pas sorti en DVD 3D alors qu'il a lui aussi été conçu pour la 3D, et qui est probablement le plus crétin de toute la série. Sans le relief, les nombreuses courses-poursuites et fusillades perdent beaucoup de leur attrait (et les ralentis omniprésents se retrouvent superflus la plupart du temps), ce qui incite à moins d'indulgence envers le reste. Et le reste, c'est une espèce de tentative de best of Resident Evil, qui recycle des décors et monstres d'Afterlife, fait revenir le Lécheur des deux premiers films mais en version géante, nous inflige une nouvelle déclinaison de la Reine Rouge de l'original (le mec, c'est lui qui scénarise depuis le début, et il s'est persuadé que c'était la méchante, alors que son but original était d'empêcher l'épidémie, et il s'est persuadé qu'une menace aussi banale que son "You are all going to die down here" était une réplique percutante) et ressuscite sous forme de clones des personnages morts depuis plusieurs films. Pour meubler les 85 minutes règlementaires, Paul Anderson a aussi ajouté quelques nouveaux protagonistes calqués sur le modèle habituel du "j'ai 5 répliques et aucune personnalité mais je porte un nom tiré des jeux vidéo pour faire plaisir aux fans", et fourré où il pouvait quelques lieux communs du film de zombies qu'il n'avait pas encore trouvé l'occasion d'exploiter, comme l'invasion d'une petite bourgade idyllique par les morts-vivants.

Jusque-là il n'avait pas encore trouvé de prétexte non plus pour avoir des soldats zombies...

...et des zombies aquatiques, mais voilà, cette fois, c'est fait.

Le résultat est sans doute l'épisode le plus proche d'un jeu vidéo, même si pas forcément un jeu vidéo Resident Evil. Mais ça se résume vraiment à une succession de "Alice entre dans le 1er niveau, Tokyo, tue tous les monstres, passe au niveau 2, New York, tue tous les monstres, passe au niveau 3, Moscou, etc etc", entrecoupée de dialogues où les protagonistes s'expliquent les uns aux autres que derrière tous ces gros flingues et tout ce kung fu acrobatique il y a une conspiration mondiale vachement complexe. Et surtout vachement absurde et en contradiction avec ce qui s'est passé dans la série jusqu'ici, mais c'est pas fait pour y réfléchir trop fort, c'est fait pour justifier le fait que la trame s'est définitivement bloquée sur "Umbrella essaie d'éliminer ou contrôler Alice parce que c'est l'arme absolue, et Alice essaie d'éradiquer Umbrella parce que c'est les méchants", quand bien même Umbrella n'a plus de chef, Alice n'a plus de superpouvoirs, le monde est censé être un désert depuis Extinction, anéantir le peu d'humains encore en vie est sûrement beaucoup plus facile avec quelques bombes atomiques qu'en produisant en laboratoire des géants de trois mètres avec des cagoules de bourreau, et se venger des fabricants du Virus T semble une cause un peu moins productive que trouver un remède.

Comme pour presque chaque épisode, le meilleur moment du film est encore son intro,
ici une grosse scène d'action rembobinée au ralenti.
Après ça, à moins d'être un fan inconditionnel de la série, vous pouvez arrêter le visionnage sans regret.

Ca reste un film de gogol pas antipathique du tout, et même un peu rigolo pour un fan de nanars. Mais après un épisode que j'avais trouvé chouette, sans la 3D c'est un retour décevant à la réalité des Resident Evil : ce ne sont vraiment pas de bonnes petites séries B qui valent mieux que leur mauvaise réputation, mais bien des couillonnades décérébrées avec, de temps en temps, une idée un peu intéressante, une petite trouvaille qui élève une scène d'action pas exceptionnelle par ailleurs. Je reconnais que ça a une certaine personnalité, du style, que ça n'est clairement pas l'oeuvre d'un tâcheron qui fait ça pour payer son loyer mais bien de quelqu'un qui s'applique sur sa mise en scène (pas trop sur son écriture, en revanche...) parce qu'il est à fond dans son délire, mais ça reste un délire de gamin de 14 ans toujours pas remis de Matrix et amoureux de Milla Jovovich, auquel j'ai pas vraiment réussi à adhérer en cinq films. Là, voyez, je suis pas spécialement en train d'attendre avec impatience la sortie DVD du Chapitre Final. Et malgré un pic de qualité sur le quatrième film, mon verdict n'aura pas beaucoup bougé : c'est pas les pires adaptations de jeux vidéo qui soient, c'est moins gavant qu'Underworld, et en même temps, c'est moins chouette que Tomb Raider et clairement pas indispensable à votre culture cinématographique.

 

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Resident Evil: Retribution (2012), écrit et réalisé par Paul W.S. Anderson (Alien vs. Predator). Avec Milla Jovovich (Le 5ème élément), Li Bingbing (Transformers : L'Âge de l'extinction), Aryana Engineer (Esther), Michelle Rodriguez (Avatar), Boris Kodjoe (Clones), Sienna Guillory (Eragon), Oded Fehr (La Momie), Shawn Roberts (xXx: Reactivated),

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 16:52

Au début de l'épisode précédent, on apprenait que l'épidémie de Virus T avait transformé le monde en désert. Dans celui-ci, on découvre qu'en fait il reste des villes, mais qu'elles sont en ruines encore fumantes même 4 ans après l'apocalypse (accessoirement, Extinction se déroulait 5 ans après l'apocalypse mais je suppose qu'on n'est plus à ça près). Qui allume les incendies au sommet des immeubles, les zombies ? Bon, en tout cas, soyons juste, Paul Anderson (qui entre les deux films s'est marié avec son héroïne) n'a pas tout oublié de ce qu'il avait écrit avant. Contrairement à ce que je craignais, ce quatrième film n'ignore pas la conclusion du troisième. C'est plutôt qu'il en fait la mini-intrigue d'une intro à la James Bond, au lieu d'en faire le sujet du film. Alors voilà, les restes du fameux "convoi de Claire Redfield™" ont bien tenté de rejoindre un abri en Alaska, et Alice a bien emmené ses clones dans le labo souterrain d'Umbrella à Tokyo pour mettre une branlée au grand chef de la multinationale responsable de la fin du monde. Et je me souviens qu'au début de la série je trouvais intéressant qu'Umbrella soit montrée comme une caricature à peu près plausible d'une vraie entreprise pharmaceutique sans scrupules, mais là on en est clairement arrivés au point où ils ont achevé leur dégénérescence en simple gang de méchants de cinéma, avec un patron qui ne quitte jamais ses lunettes de soleil et flingue ses propres employés dès qu'ils hésitent à lui obéir.

En tout cas, une fois le prologue passé, et les clones dépensées par l'héroïne comme de simples vies supplémentaires pour parvenir jusqu'au boss du niveau, l'action se déplace dans les restes de Los Angeles, où Alice et Claire tombent (presque littéralement) sur un nouveau groupe de survivants dans une prison. Un hasard dont l'invraisemblance ne choquera probablement pas les fans de la série fait que ces nouveaux compagnons savent où se situe vraiment l'abri que tout le monde pensait trouver en Alaska, et figurez-vous qu'en réalité il est tout près de là où ils se planquent ! Le problème c'est qu'une immense horde de zombie leur barre la route. Heureusement, ils détiennent un prisonnier qui connaît un moyen de sortir en limitant les risques, et qui n'est autre que Chris Redfield, le frère de Claire, parce qu'au niveau coïncidences improbables on n'est plus à ça près n'est-ce pas ?

"Salut, on est là parce qu'un film de zombies ou aucun survivant ne se fait tuer c'est un peu chiant".

Bon, les amis, il aura fallu attendre l'antépénultième film de la série, mais cette fois, on y est : j'ai kiffé pour de vrai un Resident Evil. Pas seulement "bon c'est vrai que dans mes souvenirs c'était pire que ça" ou "oh, c'est pas aussi nul que sa réputation le laisse penser" mais "ah ben tiens il était plutôt cool celui-ci". Et pourtant l'intrigue est toujours basique et paresseuse, les personnages sont toujours sans grand intérêt, les effets numériques sont toujours médiocres, mais ce coup-ci les scènes d'action suffisent à justifier le visionnage. Il faut dire que c'est en 3D. Bon, dans mon cas, ça a été de la 3D de DVD, donc il faut utiliser des lunettes en carton et accepter qu'au lieu d'avoir des couleurs normales, l'image va être verte ou marron ou grise selon les scènes. Mais j'ai trouvé que ça en valait la peine. Il faut un temps d'adaptation/résignation mais ça m'a semblé plus facile à pardonner que sur Meurtres à la St-Valentin ou Dark Country, parce que le relief est vraiment mis en valeur aussi souvent que possible.

L'intro est sans doute la meilleure scène du film,
mais pour une fois la suite vaut le coup d'oeil quand même.

Là, il faut quand même dire une chose sur cette série, qui est valable depuis le début : c'est pas des films prétentieux. Ils ne cherchent jamais à faire croire qu'ils ont quelque chose de grave et profond à dire, mais ils ne donnent jamais non plus dans le genre "clin d'oeil au public parce qu'on sait tous qu'on vaut mieux que ça et qu'on est juste là pour en rigoler ensemble". Et donc, se mettre à la 3D, on voit bien que Paul Anderson n'a pas pris ça comme une bête obligation pour ramasser plus de fric. Il aurait pu se contenter de faire ajouter quelques effets de profondeur en post-production parce qu'il s'en fout et qu'il s'estime trop bien pour ce gadget, mais non, il a tourné avec les caméras d'Avatar et il s'est donné la peine d'élaborer un maximum de scènes qui auraient l'air cool en 3D. Alors, chaque fois qu'il y a une baston, vous pouvez être sûrs qu'Alice va balancer des shurikens vers l'écran, tirer vers l'écran, empaler ses ennemis avec des sabres pointés vers l'écran, qu'il va y avoir des flingues et des balles et des haches et des débris qui volent et tourbillonnent partout, etc. Et ça a sûrement encore plus de gueule sur une télé 3D mais vous voyez, rien qu'avec mes lunettes en carton je me suis surpris à esquiver.

Avec des choses comme ça pendant 1h30, je veux bien passer l'éponge
sur tout ce qu'il peut y avoir de con, absurde ou fade dans un
Resident Evil.

Alors après, c'est sûr que si j'avais vu une version 2D j'aurais sans doute pensé la même chose que pour les épisodes précédents. J'aurais peut-être même trouvé Afterlife plus laborieux, parce qu'il y a de longs ralentis tout le temps pour profiter encore plus de la 3D, et donc forcément, en 2D je suppose que ça fait bizarre de voir chaque scène d'action se dérouler comme ça. Mais là, voilà, c'est ce que j'espérais depuis le début : si ça doit rester le genre de film où un type de 3 mètres avec un sac sur la tête et une hache-marteau se balade dans les rues de Los Angeles sans explication (enfin je suppose que l'explication c'est qu'il est tiré d'un des jeux vidéo mais mon dernier c'était Resident Evil 3 sur la première Playsation donc c'est loin), où les interactions entre un frère et une soeur qui se croyaient morts se limitent à peu près à "Claire ? Je te croyais morte ! -Mais t'es qui ? -Ton frère. -Je me rappelle pas. -Mais si, ton frère ! -Ok.", où l'existence de chaque personnage est oubliée dans les 30 secondes qui suivent sa mort, alors il faut que l'action en jette, et pour une fois, ça y est, il y a un peu plus de moments mémorables qu'un coup de pied acrobatique à un chien zombie ou une moto qui vole à travers les vitraux d'une église.

Le film débarrasse Alice des pouvoirs magiques utilisés dans Extinction
pour se reconcentrer sur un classique du premier volet, le coup de savate volant dans la gueule.

S'il vous faut quelque chose de plus cérébral, ou si l'idée d'un arrière-goût de Matrix assez prononcé est susceptible de rendre le film ringard pour vous, ou si vous considérez la 3D qui en fait des tonnes dans le genre "attention baisse-toi !" comme un gadget pour enfants, ou si vous ne comptez pas le regarder en 3D du tout, ben voilà, c'est une série B bas-du-front, pas beaucoup plus crétine que la moyenne des Marvel et consorts mais sans le casting et les effets spéciaux haut-de-gamme pour la tirer vers le haut, donc ça reste aussi dispensable que les autres Resident Evil. Mais si ça vous amuse de voir le cinéma renouer avec ses racines d'attraction foraine de temps en temps, alors il y a des chances que ça vous fasse goleri de voir Milla Jovovich faire des pirouettes dans un hélicoptère en plein crash ou sauter d'un toit d'immeuble avec une horde de morts-vivants aux trousses.

 

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Resident Evil: Afterlife 3D (2010), écrit et réalisé par Paul W.S. Anderson (Mortal Kombat). Avec Milla Jovovich (Ultraviolet), Ali Larter (Heroes), Boris Kodjoe (Clones), Wentworth Miller (Prison Break), Kacey Barnfield (Lake Placid 3), Shawn Roberts (xXx: Reactivated), Kim Coates (Sons of Anarchy), Spencer Locke (Tarzan).

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 09:10

Au cinéma, ils aiment bien nous faire le coup de la fin où OH LA LA C'EST DINGUE LE HEROS EST DEVENU LE MECHANT. Mais comme ils aiment bien aussi faire des suites sans prendre trop de risques, à chaque fois ils reviennent sur leur pas. Le seul qui est allé au bout de son idée c'est George Lucas mais il a triché en filmant d'abord les suites donc ça ne compte pas. Les autres se sont tous dégonflés, la petite Jamie n'a pas remplacé Michael Myers, Tommy Jarvis n'a pas remplacé Jason Voorhees, et dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, Alice n'est pas redevenue un agent d'Umbrella et n'a pas éliminé les compagnons qui l'ont sauvée. Mais pour être honnête, le coup de théâtre qui concluait Resident Evil: Apocalypse n'est pas complètement ignoré, il est simplement mentionné puis balayé sous le tapis en quelques secondes vers la fin.

Extinction démarre quelques années après que le Virus T a provoqué la fin du monde, transformant la quasi-totalité de l'humanité en zombies et la Terre en désert, un scénario catastrophe qui se soucie moins de vraisemblance que d'économiser sur le budget, parce que c'est quand même moins cher et plus simple d'aller tourner dans un coin où y a du sable partout que de construire une ville fantôme, ou de demander à Yoram Globus s'il reste quelque chose des décors des Maîtres de l'Univers 2. Alice est devenue une Mad Max à moto toujours impeccablement maquillée. Ses copains de l'épisode précédent se sont séparés d'elle le temps d'aller remplacer Jill Valentine (l'actrice ayant abandonné la série au profit d'Eragon) par une nouvelle co-héroïne, et se retrouvent faire-valoir dans "le convoi de Claire Redfield", une bande de figurants survivants en quête perpétuelle de provisions et de carburant. Les gens d'Umbrella sont toujours planqués dans leur réseau mondial de laboratoires souterrains, et un chercheur est toujours déterminé à créer un super-clone d'Alice pour combattre les zombies, plutôt qu'à améliorer l'antidote imparfait disponible depuis le premier film. Puis il décide qu'il va plutôt apprivoiser les zombies pour combattre Alice, parce qu'après tout Umbrella c'est les méchants du film.

Ils sont tellement méchants qu'ils honorent la tradition residentevilienne
du personnage de la petite fille agaçante  dont on se serait bien passé.

Au bout d'à peu près une heure tout le monde finit par se rendre compte qu'il n'y a eu que peu d'action et que l'histoire n'a pas trop progressé, et qu'il va falloir se décider à plier tout ça, et se retrouve donc dans un coin de désert où ils ont ajouté numériquement des bâtiments ensevelis quand c'est filmé en plan général, mais pas grand'chose d'autre qu'un container, un bout de ruine et un panneau "Las Vegas" dès que la caméra s'approche, parce que Las Vegas ça coûte cher à fabriquer en vrai. S'ensuivent bastons, explosions, etc, jusqu'à un dénouement dont on soupçonne que lui aussi sera largement ignoré au début de Resident Evil: Afterlife.

Le boss de fin est banal comparé au Nemesis de l'épisode précédent,
et c'est un énième recyclage du cliché "je m'en fous d'être devenu un monstre abominable
parce qu'en fait je suis devenu la race supérieure qui remplacera l'humanité !"

On peut apprécier que Resident Evil ait choisi à nouveau de  changer complètement d'environnement : les grands espaces et le soleil écrasant de son monde post-apocalyptique succèdent à un deuxième épisode nocturne et urbain qui lui-même contrastait nettement avec l'original. Et Russell Mulcahy, réalisateur de Razorback, des premiers Highlander, et de la moitié des clips de ta jeunesse si t'as grandi dans les années 80, filme un peu plus joliment que les confrères qui l'ont précédé. Et c'est amusant de voir qu'Alice a encore débloqué de nouveaux superpouvoirs parce qu'elle commence à avoir accumulé beaucoup d'XP en trois aventures. Mais c'est à peu près tout ce que j'ai de sympa à dire sur ce troisième épisode qui ne corrige toujours pas les tares de la série.

Le monde post-apocalyptique du film reste assez fade et sous-développé,
mais on se consolera en se disant que c'est plus original que nous ramener à Raccoon City.

Et donc, en dehors de quelques détails l'action reste assez peu mémorable, et les effets spéciaux sont toujours moyens, mais surtout, l'intrigue est toujours con, et les protagonistes ont toujours zéro personnalité, même ceux qui n'en sont plus à leur première apparition. Ils sont là pour servir de chair à zombies ou pour porter des noms qui seront familiers aux fans des jeux, parce que Paul Anderson veut que tu saches qu'il s'est renseigné sur Resident Evil et qu'il a appris les noms des vrais personnages, vu que t'as chouiné quand il a inventé Alice de toutes pièces pour le premier film (ne nie pas, je sais que c'était toi). Alors tu vois, la rouquine avec un fusil, eh ben c'est Claire Redfield ! La fameuse Claire Redfield qui mène "le convoi de Claire Redfield" et dont le nom est cité aussi souvent que possible pour enfoncer le clou, mais à laquelle on ne va surtout pas attribuer un caractère parce que dans le fond, à quoi bon, c'est destiné à un public adolescent qui s'en bat les couilles.

Voilà, je vous mets la meilleure cascade du film, vous pouvez faire l'impasse sur le reste
si vous n'êtes pas vraiment fan de la série.

Vous me rétorquerez probablement que le cinéma hollywoodien à gros budget ne vise jamais vraiment les adultes et qu'un fan du Roi Scorpion comme moi est mal placé pour faire le snob. Mais voilà, épisode après épisode je n'ai vraiment pas l'impression que tout ça ait été produit en espérant captiver ou impressionner un spectateur qui espère savourer les films d'action, mais simplement d'occuper des gens peu exigeants qui les consomment à la chaîne d'un oeil distrait en se vantant même de faire ça "le cerveau débranché". Ca n'est pourtant pas spécialement paresseux, et ça reste à peu près honnête si on se contente de comparer aux nombreuses adaptations foireuses de jeux vidéo comme Max Payne ou King of Fighters, mais ça n'est pas vraiment un exploit. J'aimerais bien arriver enfin à un épisode que j'apprécie pour de vrai plutôt que de me répéter à chaque fois que bon, c'était moins naze que je craignais et qu'au moins 1h20 et des poussières c'est pas trop long.

 

Resident Evil: Extinction (2007), réalisé par Russell Mulcahy (Highlander) sur un scénario de Paul W.S. Anderson (Alien vs. Predator). Avec Milla Jovovich (Ultraviolet), Ali Larter (Heroes), Iain Glen (Game of Thrones), Oded Fehr (La Momie), Spencer Locke (Tarzan), Linden Ashby (Mortal Kombat), Mike Epps (Very Bad Trip).

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 16:16

Bien qu'Uwe Boll ait récemment annoncé sa retraite parce qu'on est trop cons et qu'on ne le mérite pas, il y aurait, à l'heure actuelle, pas moins d'une soixantaine de projets d'adaptations de jeux vidéo en films. Certains sont parfaitement logiques, comme The Last of Us ou Call of Duty, d'autres sont aussi absurdes qu'inévitables, comme Tetris ou Fruit Ninja,  et il y a des cas où on peut comprendre qu'un studio ait pensé que ça se prêtait bien à une version ciné mais où on se dit que c'est quand même très optimiste d'espérer faire de l'argent dessus, comme Dante's Inferno. Ouais, vous vous rappeliez vraiment de Dante's Inferno avant que j'en parle, là ? Ben, y a un studio qui espère encore que oui alors que même le développeur n'a jamais pris la peine de faire une suite.

Dans les sorties de cette année, on a eu un peu de tout ça : évidemment qu'Assassin's Creed est fait depuis le début pour devenir un film, évidemment que c'est obligé d'essayer d'exploiter le potentiel commercial d'Angry Birds. Ratchet & Clank, je dirais qu'il est un peu à cheval sur la 1ère et la 3ème catégorie. Oui, y a de quoi faire un film, mais 14 ans après la sortie du jeu, et alors que la série a toujours gentiment marché mais sans jamais vraiment s'imposer comme le Super Mario des consoles Playstation ? Bon, c'est vrai qu'ils ont sorti une version PS4 du jeu en même temps, mais justement, est-ce que le film était censé servir de pub au jeu, ou est-ce que c'est le jeu qui n'existait que pour rappeler aux gens "hé, Ratchet & Clank, souvenez-vous, ça existe, et en général ça vous plaît, allez voir le film maintenant, parce qu'on aimerait bien que Playstation Originals devienne le Netflix de Sony mais pour l'instant on a zéro contenu à part une adaptation de BD dont tout le monde se bat les couilles parce que c'est ni Marvel ni Batman".

Bon enfin, je l'ai vu quand même. J'ai oublié l'intrigue du jeu mais j'ai reconnu les 3 personnages principaux, Ratchet l'espèce de renard à sourcils, Clank le robot guindé façon C3PO, et Qwark le superhéros costaud pompé sur Buzz l'éclair de Toy Story. Dans cette version, Ratchet est un jeune mécanicien qui rêve d'aventure mais s'est fait recaler par Qwark à son entretien pour intégrer les rangers de l'espace. Clank, lui, est un robot créé accidentellement dans une usine de robots tueurs où la paresse du scénariste les caprices d'une machine ont fait que non seulement il ne ressemble en rien à ses congénères guerriers, mais en plus il a été affublé d'une IA héroïque, et il décide donc immédiatement de s'évader pour avertir la galaxie du danger que représente cette armée de métal. Clank atterrit chez Ratchet, et ensemble ils parviennent à sauver une ville assaillie par les fameux robots. Leur popularité immédiate contraint alors Qwark à les recruter à contrecoeur, mais les deux cerveaux à l'origine de cette attaque, le Président Drek et le Docteur Néfarious, vont exploiter sa jalousie envers eux pour remettre sur les rails leurs plans destructeurs.

Les dialoguistes ne sont pas allés jusqu'à faire dire "ça c'est une course de modules !" à leur héros,
mais on sent que c'est plus pour éviter un procès que par volonté de se démarquer de leurs modèles.

Sous-traité pour Sony par le studio qui pond des films Barbie à la chaîne pour Mattel, Ratchet & Clank ressemble à un produit dérivé pour le marché du DVD ou un pilote de série télé. C'est pas honteux, j'irai pas jusqu'à dire qu'on croirait un simple montage de vidéos d'un vieux jeu PS3 comme pour l'adaptation d'Heavenly Sword, mais disons que ça n'est quand même pas très cinématographique, le jeu PS4 offre probablement des graphismes de qualité équivalente. Pour les débuts au grand écran des films Playstation, on aurait pu espérer que Sony casse la tirelire pour produire quelque chose d'un peu plus spectaculaire, plutôt que de laisser les créateurs des Zévadés de l'espace se démerder avec un budget dérisoire même comparé à celui de ces films d'animation qui tentent leur chance entre les grosses sorties Disney et Dreamworks, style Opération Casse-noisettes. Le réalisateur n'est ni un débutant ni un incapable (il a signé, entre autres, TMNT) mais ils ne se sont pas donné la peine de débaucher un grand nom. Il y a quelques acteurs de cinéma parmi les doubleurs, mais les plus connus comme Stallone n'ont qu'un rôle assez brefs. Bon, c'est toujours mieux que la VF, puisqu'ici on n'a même pas droit aux habituels humoristes et starlettes de la chanson, mais à des putains de youtubeurs.

Vu qu'on a oublié de donner un caractère et quelque chose à faire aux personnages secondaires moches,
je peux presque comprendre que le distributeur français ait préféré faire appel à des gens comme "Kévin le Rire Jaune"
là où les Américains ont payé John Goodman ou Rosario Dawson.

Mais finalement, ce qui manque le plus au film, ça n'est pas tant les moyens que l'originalité et la personnalité. Les personnages, l'intrigue, les rebondissements, tout a déjà été vu ailleurs, souvent, et en mieux. C'est La Guerre des étoiles en version sagement loufoque, où Luke Skywalker est garagiste au lieu d'être fermier, avec Zapp Brannigan de Futurama en guest star et un peu des Indestructibles pour compléter. Ca ne serait pas franchement grave si c'était vraiment drôle, mais l'humour du film est lui aussi assez banal, avec son mélange de gags bébêtes pour les plus petits et de comique d'observation convenu à base de blagues sur les téléphones portables. Bizarre que le réalisateur de Dylan Dog, un film certes sans génie mais qui ne manquait pas de charme, ait été à ce point incapable de sauver Ratchet et Clank de l'insipidité totale.

Ah là là, ces costards-cravates à catogan qui se la jouent, on les aime pas hein ?
Et les jeunes avec leurs smartphones hein ? Hé j'ai raison ou quoi les gars ?

Ca n'est pas atroce, on est loin de certains films consternants que j'ai pu chroniquer ici, c'est au moins fait par des gens compétents soucieux de rendre un travail propre et cohérent et de ne pas endormir les gosses donc ça n'est pas de l'adaptation de jeu vidéo à la Uwe Boll ou un truc soporifique à la Max Payne mais voilà, si je m'étais pas mis en tête d'écrire quelque chose dessus, je me serais clairement pas donné la peine d'aller au bout. J'aurais pu abandonner en route n'importe quand sans regret parce qu'il n'y a vraiment eu aucun moment où je me suis dit "j'ai vraiment envie de voir où tout ça va mener !" ni "c'est pas folichon mais au moins ça me fait un peu rire". Ca peut sans doute contenter les petits pas trop exigeants, mais passé un certain âge même des enfants auront l'impression que vous tentez de leur fourguer la copie chinoise d'un dessin animé connu.
 

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Ratchet et Clank : le film (Ratchet & Clank, 2016), réalisé par Kevin Munroe (Dylan Dog) et Jericca Cleland, sur un scénario de TJ Fixman et Gerry Swallow (L'Âge de glace 2). Avec les voix de James Arnold Taylor (Star Wars - The Clone Wars), David Kaye (Transformers: Animated), Jim Ward (Ben10), Paul Giamatti (Il faut sauver le soldat Ryan), Armin Shimerman (Star Trek: Deep Space Nine), Rosario Dawson (Sin City), John Goodman (Big Lebowski), Bella Thorne (Big Love).

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Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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