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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 09:10

Moi, vous me connaissez : je suis pas le genre de bon gros fils de pute qui profiterait d'une tragédie mondiale pour relancer son petit blog avec un titre évoquant la situation actuelle pour racoler un peu. Non c'est vraiment un pur hasard si j'ai décidé de reprendre mon e-plume maintenant pour vous parler de Contamination, un film qui n'a absolument rien à voir avec les pandémies puisqu'en fait c'est une histoire d'extraterrestres pompée sur Alien. Signé Lewis Coates c'est-à-dire Luigi Cozzi, réalisateur du fameux nanar Starcrash, le film se prétend adapté du roman (fictif) L'Alieno pour ne pas risquer un procès de Ridley Scott, une méthode d'escroc qu'on lui pardonnera facilement en constatant que certes, il a volé l'idée de l'affreux monstre de l'espace dont les oeufs finissent par faire exploser ceux qui s'en approchent de trop près, mais n'a pas poussé l'arnaque jusqu'à recopier l'intrigue, radicalement différente ici. En effet, faute du budget nécessaire à un vaisseau spatial et des effets spéciaux un peu plus complexes que "on met des cascadeurs dans des combinaisons remplies de faux sang et d'abats, et on les fait éclater", l'histoire se déroule sur Terre et prend principalement la forme d'une enquête policière malgré l'élément de SF.

Une équipe est dépêchée pour intercepter un cargo qui dérive vers New York sans répondre aux appels des autorités portuaires. A bord, tout l'équipage est mort, horriblement mutilé, et l'on découvre que la cargaison de paquets de café contient en réalité d'étranges oeufs verts (oui j'ai choisi le film à cause de Pâques en vrai, je vous jure) porteurs d'une substance qui, par simple contact, empoisonne ses victimes et les transforme en geysers de tripailles en quelques secondes. Stella Holmes, une colonelle des "services de sécurité du Pentagone, 5ème division spéciale", des gens en vilain uniforme beige officiant dans des locaux qui évoquent le Star Trek original et dont les commandos interviennent en utilisant des hélicoptères de location, est dépêchée pour enquêter sur l'affaire. Après avoir tenté sans succès d'interroger les destinataires de la livraison de café, qui se sont révélés être une bande de criminels fanatiques qui projetaient selon toute vraisemblance d'empoisonner toute la ville, la colonelle remonte la piste des oeufs jusqu'à une plantation en Colombie...

Si vous aimez voir des viscères voler dans tous les sens au ralenti,
vous allez être gâtés.

L'actrice canadienne qui joue la colonelle a l'air hébétée tout au long du film, soit parce que c'est déroutant de jouer avec un casting international en sachant que tout le monde sera re-doublé en italien plus tard, soit parce qu'elle n'en revient toujours pas d'avoir signé pour jouer un personnage aussi incompétent. La meuf, on la met sur une mystérieuse affaire d'oeufs verts d'origine inconnue et il lui faut la moitié du film pour se rappeler soudain que "ah mais oui c'est vrai qu'il n'y a pas longtemps, j'ai fait radier de la NASA un astronaute qui prétendait avoir découvert des oeufs verts sur Mars alors que son coéquipier disait que c'était faux, ça doit avoir un rapport avec cette nouvelle affaire d'oeufs verts". Ensuite il lui faut tout le reste du film pour comprendre que c'est l'autre astronaute qui a ramené les oeufs en douce sur Terre avec de mauvaises intention. A son arrivée en Colombie quelqu'un tente de l'assassiner avec un des oeufs, prouvant ainsi qu'elle est repérée et qu'elle devrait être sur ses gardes, mais elle va se jeter dans la gueule du loup comme une gourdasse en décidant de visiter la plantation de café "sous couverture" comme si elle n'avait pas pigé qu'elle serait démasquée instantanément. Le recrutement à la "5ème division spéciale" du Pentagone, ça doit être du genre "ah oui, Stella... on va l'envoyer à la 5ème division, elle est pas méchante mais elle est un peu... spéciale".

Louise Marleau a beau être une actrice respectée au Québec,
le moins que l'on puisse dire c'est que la réponse de
Contamination à Ellen Ripley
ne fera jamais d'ombre à son modèle.

On sent que ça n'a pas dû être facile, pour ce pauvre Luigi Cozzi, de pondre 90 minutes de film avec "refais-moi Alien mais pour pas cher, ton copain Dario Argento nous prête le groupe Goblin pour faire la musique mais le reste doit pas coûter plus cher qu'un film de cannibales, d'ailleurs je t'ai récupéré 20 kilos de dégueulasseries dans les poubelles du tripier". Alors il étire son intrigue en faisant contourner le pot-aux-roses par son héroïne aussi souvent que possible, alors qu'elle est censée être une super pro complètement focalisée sur son boulot (ses deux comparses masculins espèrent la séduire, sans succès), et il étire ses séquences en faisant durer ses stock-shots aussi longtemps qu'il peut (comme c'est intéressant de regarder un avion atterrir en Colombie ! Puis de regarder descendre les passagers !), en n'hésitant pas à insérer un peu de comédie gentiment balourde dans son thriller horrifique, et en faisant régulièrement exploser quelqu'un, ce qui perd un peu de son côté "choc" quand tout le monde meurt de la même façon tout au long du film.

Les décors de Mars sont plutôt chouettes (même s'ils imaginent la "planète rouge" couverte de glace)
mais on ne les voit que très brièvement dans le film.

Avec tout ça il faut attendre le dernier quart d'heure pour voir enfin le méchant Martien, qui semble avoir été l'inspiration pour Kang & Kodos dans Les Simpson. S'il avait remué un peu plus, ça aurait limite pu être un Craignos Monster assez chouette dans son genre, mais là c'est une espèce de gros automate qui ouvre et ferme ses bouches et tend un peu le bras, c'est pas franchement très spectaculaire sans être suffisamment nanar non plus. Je m'attendais certes pas à une créature de la classe et la personnalité du vrai Alien de HR Giger mais quand même, patienter 1h15 pour au final voir que le terrible streum qui pond tous les oeufs pour conquérir le monde est simplement planté dans son coin de décor à attendre que ses victimes viennent se faire aspirer, ça laisse un peu sur sa faim.

Voilà, je vous montre "le Cyclope" au cas où vous préférez ne pas vous farcir le film pour de vrai.

Pour un amateur de bis italien, Contamination à son petit charme, entre les effets gore, la bande originale de Goblin, le côté sympathique d'une contrefaçon bricolée par des artisans débrouillards plutôt que des charlatans cyniques. Malheureusement ça reste un film assez bébête plombé par ses longueurs, son scénario qui demande beaucoup d'indulgence au spectateur, le manque de charisme de ses acteurs... J'ai vu pire, j'ai pas détesté, mais je me suis quand même un peu ennuyé devant. C'est pas pour n'importe quel fan de SF des années 80 en quête d'un titre méconnu, c'est vraiment plutôt à réserver aux curieux à qui le "Cinéma de quartier" de Jean-Pierre Dionnet manque cruellement. Si vous vous reconnaissez là-dedans, c'est vraiment pas indispensable, mais c'est pas ignoble.


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Contamination (1980), écrit et réalisé par Lewis Coates/Luigi Cozzi (Starcrash, le choc des étoiles). Avec Louise Marleau (Belle et Sébastien), Marino Masé (Le Gendarme à New York), Ian McCulloch (L'Enfer des zombies), Gisela Hahn (La Grande débandade), Siegfried Rauch (Bons baisers d'Athènes).

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6 août 2017 7 06 /08 /août /2017 12:59

La carrière de Nicolas Cage n'en est pas encore tout à fait au même point que celle de Steven Seagal, mais elle s'en rapproche, avec ses 5 ou 6 films par an, dont au moins la moitié sort directement en DVD, sous jaquette où sa tronche a été incrustée plus ou moins malhabilement sur la photo d'une doublure, et dans lesquels on voit bien qu'il n'est venu là que pour un chèque parce que les temps sont durs, pas parce que le rôle l'intéressait. Contrairement à Seagal, lui de temps en temps il tourne encore dans un vrai film, mais vu qu'il y a aussi les noms de Danny Glover et Peter Stormare à l'affiche de Tokarev, je ne vous surprendrai sans doute pas si je vous dis qu'on est ici clairement dans la catégorie "ma dette au fisc va pas se rembourser toute seule".

Probablement écrit par un ado qui a vu trois polars dans sa vie et qui s'est dit que ce serait trop cool de faire lui aussi un film avec des gangsters tatoués et des guns, voire par un générateur automatique de scénars pour direct-to-video bas-de-gamme, Tokarev est l'histoire de Paulie Maguire, un ancien membre de la mafia irlandaise (en langage cinématographique ça veut dire que c'est pas un enfant de choeur mais que c'est un mec honorable poussé au crime par nécessité) qui, après un gros coup contre la mafia russe (en langage cinématographique ça veut dire que c'est une bande de pourritures tellement dégueulasses que rien de ce que le héros leur infligera n'entachera sa droiture morale), s'est rangé des voitures et a monté une affaire honnête qui a fait de lui un des notables de sa ville. Tout bascule une nuit où sa fille disparaît alors qu'il est à un dîner d'affaires. On pense alors être face à la version Nicolas Cage de Taken, ce qui n'est pas une perspective désagréable, mais quelques scènes plus tard la gamine est retrouvée avec une balle dans la tête et notre héros décide d'enquêter lui-même pour découvrir qui a fait ça et le buter. Et ça devient donc un film de fausses pistes et coups de théâtre et discours sur la futilité de la vengeance, ce qui peut paraître plus subtil et intéressant, mais qui est surtout plus facile à foirer.

Pauvre Rachel Nichols, déjà réduite à jouer l'épouse effacée et docile
d'un héros qui pourrait être son père plutôt qu'un vrai rôle principal.


L'inspecteur joué par Danny Glover soupçonne, comme la jaquette du film, que c'est le passé criminel de Paulie qui le rattrape, et tente mollement de lui soutirer des noms de coupables potentiels et de le convaincre de renoncer à se faire justice lui-même. L'unique indice de ce fin limier est que l'arme utilisée est un pistolet Tokarev, le flingue préféré de la mafia russe. Paulie ayant eu vent de l'information lui aussi, il décide avec deux de ses potes, anciens malfrats comme lui, de passer le reste du film à tabasser et flinguer tous les Ivan, Andrei, Serguei et Sasha du coin pour s'auto-persuader que c'est bien leur chef qui est derrière tout ça. L'intrigue ne progressant pas du tout au fil des bagarres et poursuites dans les décors habituels de ce genre de film (boîte de strip-tease, planque de dealers, immeuble désaffecté...) on comprend que les scénaristes cherchent à nous cacher le vrai coupable sans savoir comment à part en le faisant disparaître du film jusqu'au dernier acte, où ce qui se veut être un retournement de situation malin ne surprend pas tant que ça puisque tous les autres suspects sont morts, et amène surtout à se rendre compte que l'inspecteur n'a pas dû vraiment beaucoup enquêter pour être à ce point passé à côté de la vérité.

Félicitation au cascadeur qui évite soigneusement la vedette
mais poignarde les roustons de son collègue.


Remarquez que c'est assez cohérent avec une vision de son boulot qui ressort, involontairement je suppose, d'un discours qu'il tient au héros : à quoi bon arrêter les coupables puisque ça ne ramène pas les victimes ? Bon, je me doute bien que le vrai but de la scène à laquelle je fais référence, c'est de dire "la vengeance ça sert à rien", mais la façon dont il illustre son propos, c'est en expliquant qu'il a laissé filer un mec coupable de délit de fuite sous prétexte qu'à ma base l'accident n'était pas de sa faute, et qu'il n'allait quand même pas le buter pour ça... D'accord mais alors peut-être l'arrêter pour homicide involontaire et délit de fuite pour qu'il soit jugé parce que tu es policier ? Non ? Okay. Bon, ça vous donne une idée de la qualité d'écriture du film, dont les auteurs se pensaient sans doute trop intelligents pour avoir besoin d'une relecture. L'histoire prend une demi-heure à se mettre en place puis tourne en rond jusqu'à la révélation-choc à 10 minutes du générique. Le scénario idiot, la banalité des situations et la platitude des dialogues n'ont clairement pas beaucoup motivé les acteurs, qui se traînent sans conviction d'une scène à l'autre.

Cage se force à une scène de "mega-acting" parce qu'il n'est jamais aussi je-m'en-foutiste que Seagal,
mais on sent bien pendant tout le film que le coeur n'y est pas.

Quelques échauffourées maladroitement mises en scène tentent de donner l'illusion que c'est un thriller musclé où il se passe des trucs, mais servent surtout à rappeler qu'on est décidément face à un mauvais polar con et vaguement prétentieux, au budget à peine moins limité que l'imagination et le talent de ses auteurs. C'est court mais passablement ennuyeux, même pour quelqu'un qui aime bien Nicolas Cage et qui n'a pas des attentes démesurées de ce genre de production.

 

 

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Tokarev (Rage, 2014), réalisé par Paco Cabezas (Les Disparus) sur un scénario de James Agnew (Game of Death) et Sean Keller (Mammouth). Avec Nicolas Cage (Volte face), Max Ryan (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires), Michael McGrady (Ray Donovan), Rachel Nichols (Conan), Danny Glover (L'Arme fatale), Peter Stormare (Fargo).

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14 juillet 2017 5 14 /07 /juillet /2017 09:36

Pas sûr que le mois de juillet soit le meilleur pour reprendre, mais en tout cas, voilà, malgré deux mois et demi de silence, le blog n'est toujours pas mort. Et je relance avec un film de saison, qui par chez nous s'appelle Bastille Day parce qu'on en est là, les amis, aujourd'hui pour vous vendre un film à vous autres les jeunes, même un film qui se passe à Paris, même un film sur la fête nationale française, il vous faut un titre anglophone, même si c'est pas le vrai titre original (qui en l'occurrence est The Take). Il y a encore 20 ans ça serait sûrement sorti sous un titre comme Le Braquage de la Bastille ou Terreur au 14 juillet, mais de nos jours même quand vous dites La Guerre des étoiles au lieu de Star Wars les gens ne comprennent plus. En tout cas, même Daech a désapprouvé puisqu'ils ont fait en sorte que le film soit retiré de l'affiche dès le lendemain de sa sortie l'année dernière.

Le début a des airs de parodie involontaire de la représentation hollywoodienne de la France, puisqu'on y voit une femme à poil à Montmartre. Il manquerait plus qu'elle fume sur un air d'accordéon. Ou que les pavés soient en forme de croissants comme dans Team America. Enfin, je reconnais que c'est une façon plutôt rigolote d'introduire l'un des deux co-héros (dans le film, pas dans la femme à poil), qui comme il se doit est américain même si joué par un acteur britannique. Pickpocket de son état, il a engagé la fille pour distraire les passants pendant qu'il les détrousse. Malheureusement, les auteurs ont épuisé presque toute leur imagination là-dessus et commencent à enchaîner les clichés juste après, puisqu'on voit l'autre co-héros, qui comme il se doit est américain même si joué par un acteur britannique, se faire remonter les bretelles par sa chef (je ne vous surprendrai sans doute pas en vous disant qu'elle est américaine même si jouée par un actrice britannique) parce qu'EVIDEMMENT c'est une tête brûlée incontrôlable qui désobéit aux ordres sous prétexte de sauver des vies. Eh oui, vous ne le saviez sans doute pas mais la France est secrètement protégée par la CIA.
 

SA SAY PA WEE !

Vous aurez déjà compris que ces deux hommes-que-tout-oppose vont devoir travailler ensemble à contrecoeur et apprendre à se respecter. Leurs chemins se croisent après que le pickpocket chourre le sac d'une aspirante terroriste, ce qui amène la bombe qu'il contenait à exploser au mauvais endroit, et la CIA à se précipiter sur l'affaire parce que si le suspect est américain, ils ne vont quand même pas laisser les autorités françaises lui tirer elles-mêmes des informations sous la torture. Comprenant que l'attentat n'était que de la poudre aux yeux, ils s'unissent pour affronter un gang qui a kiffé Une journée en enfer et décidé de faire croire à une menace terroriste pour détourner l'attention d'un braquage. Ou plus exactement, pour attirer tout le monde sur le lieu de leur forfait, mais utiliser le chaos généré pour passer inaperçus. Un plan audacieux, pour ne pas dire inutilement risqué, pour ne pas dire carrément idiot, mais parfois il faut ça pour pouvoir s'infiltrer dans une banque et transférer tout l'argent de l'ordinateur de la banque sur une clé USB.

Bien entendu, tout l'argent se télécharge euro par euro
et il faut vite s'enfuir dès que la barre à enfin atteint les 100%.

Bastille Day semble avoir la prétention d'être un peu malin, en mettant en scène des méchants qui utilisent les tensions politiques de leur pays pour manipuler l'opinion publique et créer un climat favorable à dévaliser une banque. Des bombes sautent, on accuse les islamistes, la police tabasse d'innocents musulmans, le simili-FN en rajoute en déclarant qu'il faudrait taper encore plus fort dessus, la populace s'énerve, les malfaiteurs jettent de l'huile sur le feu grâce aux réseaux sociaux en se faisant passer pour des activistes révolutionnaires, et voilà qu'éclatent, aux cris de "policiers, enculés !" et "banquiers, enculés !", des émeutes de jeunes masqués façon "le truc Anonymous de V pour Vendetta là, c'est pas libre de droits, si ?"... La façon dont c'est orchestré paraît presque plausible. Le problème c'est que c'est assez absurde que le cambriolage de la Banque de France repose entièrement sur la réussite parfaite d'un plan aussi tiré par les cheveux. Et puis, je sais pas, voir que tout ça, c'est parce que le pognon doit être extrait d'un disque dur dans une chambre forte... Bon c'est un détail, mais ça fait crétin, ça fait vieux réalisateur ringard qui essaie de montrer qu'il est moderne alors chez lui on carotte pas des billets ou des lingots d'or, on fait ça par ordinateur !

Et las bandits twittent des hashtags et tout, tellement c'est jeune !

A part ça, même si vous êtes fans d'Idris Elba et/ou Richard "Robb Stark" Madden, vous risquez d'être déçus, ni l'un ni l'autre ne brille particulièrement dans des rôles que les scénaristes ne se sont pas donné la peine de définir au-delà de "super-agent super-efficace et super-déterminé" et "bandit au grand coeur qui veut se ranger". Pas un trait de caractère original pour l'un ou l'autre, pas une bonne réplique... On n'a même pas l'impression de voir vraiment une complicité se développer, ils finissent quand même par se la jouer "on est potes et on blague ensemble" mais ça fait complètement forcé. Face à eux, leur adversaire parvient à être encore plus oubliable ; si son plan s'inspire largement de ceux des frères Gruber, la performance de l'abonné aux séries France Télévisions qui l'incarne ne fera pas oublier celles d'Alan Rickman ou Jeremy Irons.

Même José Garcia en cosplay Tony Stark est décevant.

Les coups de théâtre sont prévisibles, et l'action est rarement inventive. Y a une scène pas mal foutue où 5 personnages se cognent les uns sur les autres à l'arrière d'une camionnette lancée à fond dont le conducteur se fait buter en route, mais c'est la seule qui soit un peu mémorable, à part ça il n'y a qu'un peu de parkour pas terrible, quelques échauffourées banales. A trop vouloir se donner des airs de thriller moderne sérieux, le film se prive de l'absurdité rigolote de quelque chose comme 12 Rounds, mais il reste trop bête pour se hisser au niveau d'un polar pour grandes personnes comme Jack Reacher. C'est de la série B regardable mais banale pour après-midi pluvieux et jours de grippe, mais du coup, c'est pas vraiment la saison, par un temps pareil autant aller se promener.

 

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Bastille Day (The Take, 2016), écrit et réalisé par James Watkins (La Dame en noir). Avec Idris Elba (Sur écoute), Richard Madden (Game of Thrones), Charlotte Le Bon (la météo du Grand Journal), José Garcia (La Vérité si je mens), Kelly Reilly (L'Auberge espagnole), Thierry Godard (Un Village français), Eriq Ebouaney (Lumumba).

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18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 11:05

Dans la série "les petits films d'horreur un peu oubliés depuis qu'il n'y a plus de vidéoclubs pour les promouvoir", il me semble qu'Amsterdamned fait un bon candidat pour succéder à Critters et Maximum Overdrive. En fait il a probablement été un peu plus oublié que ces deux-là, d'ailleurs. Mais à l'époque de sa sortie, il bénéficiait encore de l'aura de son réalisateur Dick Maas, lauréat du Grand Prix du festival d'Avoriaz en 1984 pour L'Ascenseur. On te recommandait ça comme on te recommande aujourd'hui des choses comme Mister Babadook, de l'horreur "intelligente", du thriller psychologique et pas du slasher hollywoodien débile. Comme son titre l'indique assez bien, ça se passe à Amsterdam, qui pour les non-consommateurs de stupéfiants et de prostituées est une ville célèbre pour ses canaux. Un tueur aquatique y rôde la nuit à la recherche de victimes sur les quais ou les bateaux. Les cadavres plus ou moins horriblement mutilés se succèdent à la morgue, le seul témoin est une vieille folle qui prétend avoir vu un monstre, et la police ne dispose que d'une seule piste qui risque de ne pas mener loin : le coupable fait de la plongée sous-marine. En tentant d'exploiter cet indice plutôt maigre, l'inspecteur Eric Visser fait la connaissance d'une accorte plongeuse et de son onctueux psychanalyste. La vie de flic célibataire en blouson de cuir étant ce qu'elle est, il se met en tête de baiser l'une et soupçonner l'autre, ce qui ne fait pas beaucoup avancer l'enquête...

Un tueur sous-marin, des poursuites en bateaux, c'est pas quelque chose qu'on voit souvent ni dans les polars ni dans les films d'horreur. Amsterdamned exploite autant qu'il peut la spécificité de son décor, et rien que pour ça, si vous vous intéressez un tout petit peu au cinéma de genre, ça en fait une curiosité qui mérite qu'on y jette un oeil. Malheureusement, j'aurais préféré un bon film qu'un simple objet de curiosité. Mais le fait est qu'au-delà de son exotisme, Amsterdamned n'a pas grand'chose à offrir. L'intrigue, par exemple, n'est pas folichonne. Comme il n'y a aucun lien entre les meurtres et pas assez d'indices, l'enquête se résume un peu à une série de constatations d'échecs. Les scènes de meurtres parviennent à rester intéressantes malgré leur accumulation parce que le tueur change ses méthodes d'une fois sur l'autre, mais chaque fois qu'on passe au point de vue des flics, c'est à peu près toujours de l'ordre de "Zut alors, encore un meurtre qu'on n'a pas pu empêcher parce qu'on a vraiment zéro idée de qui a pu faire ça, y a plus qu'à espérer qu'on le prenne en flagrant délit".
 


Avouez que ça change agréablement des films où New York est à Vancouver.


Et le problème c'est que le personnage de l'inspecteur Visser, avec lequel on passe beaucoup de temps, n'a pas vraiment la trempe d'un héros de cinéma. En fait, même pour une série télé, ce serait plutôt le genre que France 3 diffuse pour occuper les maisons de retraite l'après-midi. Il manque de personnalité, toutes les scènes censées lui en donner ne font qu'exploiter des lieux communs : le flic bourru qui fait son boulot à sa manière sans prendre de gants, le solitaire qui n'a pas su sauver sa vie de couple mais reste un bon père... L'acteur n'est pas super charismatique, sa dégaine d'instituteur déguisé en Serpico a particulièrement mal vieilli. On sent bien qu'il a donné de sa personne dans certaines scènes d'action, mais en dehors de ça, c'est vraiment "Derrick à la cantine". Ses collègues ne font guère plus que de la figuration intelligente, quant aux suspects potentiels, ils sont introduits si tôt qu'on se doute que ce sera une fausse piste. Et effectivement, le film exploite cette unique fausse piste jusqu'au dernier acte où, enfin, des faits impossibles à deviner pour le spectateur sont dévoilés.
 


On pouvait craindre qu'un simple homme-grenouille ne fasse pas un très bon tueur de cinéma,
mais le petit côté "Créature du Lac Noir sadomaso" du costume fait qu'il fonctionne plutôt bien.


Entre le manque de rebondissements, certains passages trop longs (ah, le "suspense" de l'écluse qui n'en finit plus de se vider...) ou superflus, les moments de comédie ringarde (oh non, les déménageurs traversent la rue avec un objet fragile juste au moment où la voiture arrive à toute allure !), Amsterdamned ne parvient jamais à trouver un rythme et un ton satisfaisants. Les poursuites ne suffisent pas à en faire un thriller palpitant, ni quelques morts bien brutales à en faire un film d'horreur mémorable. Reste l'aspect insolite : c'est pas tous les jours qu'on voit des poursuites avec une Golf, des chevaux, une moto, un hors-bord. Ou qu'on a l'impression que l'acteur principal aurait vraiment pu crever pendant une cascade. Ou qu'une baigneuse se fait poignarder la chatte à travers son matelas gonflable. Ou que la "version originale sous-titrée" proposée sur le DVD est en réalité une version anglaise doublée par des acteurs néerlandais avec des accents à couper au couteau. Alors voilà, ça n'est pas complètement dénué de charme, mais c'est clairement pas indispensable.

 



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Amsterdamned (1988), écrit et réalisé par Dick Maas (L'Ascenseur). Avec Huub Stapel (Paradis Express), Monique van de Ven (Turkish délices), Serge-Henri Valcke (No Man's Land), Hidde Maas (Night Watch), Wim Zomer (Vincent et moi).

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 08:30

Parmi les sous-genres de l'horreur dont j'essaie de dénicher un représentant tous les ans pour la sélection d'octobre, il y a évidemment l'horreur avec des femmes à poil. Attention hein je ne parle pas du genre "traditionnellement il y a toujours une paire de seins dans les Vendredi 13", je parle de choses comme Pervert! ou Emanuelle et les derniers cannibales, où la femme à poil est l'élément principal du film, pas un simple bonus. Il faut avouer que c'est plus facile à trouver que des films d'horreur pour enfants. Cette fois-ci, j'ai choisi  Hollywood Chainsaw Hookers, sorti en France l'an dernier chez Crocofilms, un nouveau venu dans le domaine de l'édition de cinéma bis. Même si Massacre à la tronçonneuse peut sembler être la source d'inspiration évidente (d'ailleurs le Leatherface original, Gunnar Hansen, joue dans le film), c'est plutôt une espèce de parodie sexy de Blood Feast, le fameux "1er film gore de l'histoire du cinéma". A Los Angeles, un détective privé tente de retrouver une pettie provinciale ayant fui le domicile familial. Présumant avoir affaire à une jouvencelle naïve, il oriente ses recherches vers les nuits chaudes d'Hollywood, où tant de petites fugueuses au physique avantageux finissent exploitées. L'enquête se révélera beaucoup plus surprenante et dangereuse que prévu, car depuis quelques semaines, les prostituées du coin ont pris l'étrange et fâcheuse habitude de s'occuper de leurs clients à coups de tronçonneuse...

Le héros a l'air d'un vendeur de chaussures, les filles sont jolies mais pas vraiment actrices, les costumes sont minables, la même pièce aux murs blancs, filmée sous différents angles et avec du mobilier différent ressert aux trois quarts des décors, un bar à strip teaseuses, un commissariat... Pas de doute, c'est un nanar et ça ne cherche pas à s'en cacher. Et si bien souvent, les gens collent avec indulgence l'étiquette de "nanar volontaire" sur des navets insipides sous prétexte que "c'est de la merde mais c'est fait exprès !", pour ma part je ne pense pas qu'assumer sa nullité suffise à l'excuser. Cela dit, de temps en temps, un réalisateur de grosse couillonnade à petit budget un peu moins paresseux et un peu plus imaginatif que les autres se donne la peine d'essayer de divertir son public pour de vrai, et on obtient quelque chose qui pourrait mériter le fameux label. Et donc, même si Hollywood Chainsaw Hookers est super cheap et délibérément débile, je dois admettre qu'il est effectivement sympathique et rigolo, parce que l'auteur a fait un peu plus qu'espérer que la simple idée de putes à tronçonneuse soit si hilarante en soi qu'elle suffise à amuser pendant 75 minutes. Chaque scène amène son lot d'idées absurdes, de gags plus ou moins crétins, de petits détails saugrenus, le tout sur un ton faussement sérieux imitant celui d'une histoire de détective classique.
 


Le film accentue volontairement son côté ridiculement fauché avec des accessoires
comme des panneaux en carton, ou encore du faux sang qui ressemble à de la flotte à peine colorée.


Je ne voudrais pas vous le sur-vendre quand même, parce que ça reste un film con sur des femmes à poil avec des tronçonneuses. Pour un amateur de séries Z c'est drôle mais les blagues ne sont jamais très élaborées. Pour vous dire : la plupart des avis que j'ai pu lire racontent un élément qui n'est dévoilé qu'à la moitié du film et, si je ne vais pas prétendre que ça gâche l'intrigue, vu que c'est clairement pas à regarder comme un vrai thriller sérieux avec une vraie histoire, moi je préfère ne rien vous dire dessus, parce que j'aurais l'impression d'éventer l'aspect le plus fantaisiste du film. Bien sûr, c'est tentant d'en parler pour prouver à quel genre qu'on a affaire à quelque chose de bien délirant, mais le fait est que si je vous révèle ici les motivations des prostitueuses, sur le moment vous allez vous dire "hahaha, n'importe quoi, c'est trop con !" et ça va peut-être vous donner envie de le voir, mais une fois devant ça vous fera moins marrer parce que l'idée n'est pas poussée plus loin que ce que je pourrais vous en dire dans une brève description.
 


Tant que vous n'en avez pas des attentes démesurées par rapport à un film intitulé

Hollywood Chainsaw Hookers, vous devriez en avoir pour votre argent :
oui il y a des nichons, oui il y a des outils qui font bzzzz bzzzz, oui c'est merveilleusement idiot.


C'est bébête, c'est beauf, c'est plutôt à regarder entre garçons, c'est à peine un film d'horreur tant même les scènes gore sont clownesques, et ça souffre de quelques baisses de régime. Mais en même temps, ça s'appelle Hollywood Chainsaw Hookers donc il faut bien se douter que ça ne va pas être un trésor oublié du cinéma mais une grosse connerie. Alors, peut-être bien que quelqu'un comme Lloyd Kaufman aurait réussi à en faire quelque chose d'encore plus fou mais peut-être aussi que quelqu'un comme Charles Band en aurait fait quelque chose de complètement inintéressant, alors parfois, il faut savoir apprécier ce qu'on a. Je n'avais jamais vu aucun des 139 films de Fred Olen Ray et j'ai été agréablement surpris de constater qu'il n'était pas aussi mauvais que son fils Christopher, dont j'ai subi les lamentables Almighty Thor et Shark Week. Il travaille avec des scénars et des budgets tout aussi indigents, mais lui, il essaie de s'amuser un peu avec tout ça. N'en espérez pas un chef d'oeuvre subversif du cinéma d'exploitation, vous seriez déçu, mais il y a de quoi passer un meilleur moment que devant une bouse comme Bikini Bandits.

 

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Hollywood Chainsaw Hookers (1988), réalisé par Fred Olen Ray (Scalps) sur un scénario de BJ Nestles (L'Invasion des cocons). Avec Jay Richardson (Komodo vs Cobra), Linnea Quigley (Creepozoids), Michelle Bauer (Naked Instinct), Gunnar Hansen (Massacre à la tronçonneuse).

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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 08:44

Apparemment, l'éditeur français de Jungle Ground ne croit pas suffisamment en la notoriété de Roddy Piper auprès des amateurs de direct-to-video pour afficher sa bobine et son blaze sur la jaquette. Mais c'est bien lui la vedette de ce téléfilm de 1995, réponse canadienne à la mode des "films de ghetto" de l'époque, mais plus proche des Guerriers de la nuit dans son intrigue et sa vision fantasmée du monde des gangs. Jungle Ground se déroule en effet dans ce qui était le décor de tous les beat'em up des années 90 (et, de nos jours, celui des discours politiques sur l'insécurité) : une grande zone urbaine sinistre entièrement dédiée au crime sous toutes ses formes, "où même la police n'ose plus aller", où des centaines de jeunes marginaux se sont organisés en véritable armée pour célébrer ensemble leur amour des coiffures punks, des blousons en cuir, des jeans déchirés, des bracelets à clous, de l'éclairage par barils enflammés et des surnoms comme "Viper", "Razor" ou "Pitbull". Piper joue un flic contraint de participer à une mission sous couverture qui tourne rapidement au désastre. Capturé par les "Ragna-Rockers", le gang qui contrôle cette zone de non-droit que la VF (que je suppose québécoise parce que les personnages appellent une soirée une "partie" et utilisent des vannes aussi percutantes que "t'as bu ou t'as soif ?") appelle "Cité Noire", il devient la proie d'une chasse à l'homme et doit parvenir à quitter les bas-fonds sans aide extérieure avant le lever du jour s'il veut revoir sa copine vivante.

Dans la vraie vie, Toronto est apparemment l'une des grandes villes les plus sûres du continent américain. Et c'est rigolo de penser que malgré ça, il y a 20 ans, des gens de là-bas se sont quand même dit, vraisemblablement après avoir vu Boys N The Hood ou Menace II Society, "tiens, nous aussi je parie qu'on a des quartiers difficiles où tout le monde est un délinquant et s'entretue à coups de Uzi, on devrait faire un film qui se passe dans cet univers !" Même si le début se présente comme un polar sérieux, assez rapidement on comprend que ça ne prétend clairement pas dépeindre quoi que ce soit de façon réaliste. C'est pas un drame social, ça n'a pas de "message", c'est ce qu'on pourrait appeler de la "ghettosploitation", un film d'action qui surfe sur une mode. Notez que je dis pas ça comme une critique hein, au contraire. Ca aurait été difficile de tenter de dire un truc sérieux sur la misère, l'injustice et la violence tout en dépeignant les quartiers pauvres du Canada comme des coupe-gorge dont les habitants
n'ont pas attendu l'apocalypse pour vivre comme dans un Mad Max. Jungle Ground se contente donc d'imaginer ce qui se passerait si Roddy Piper était le héros de Double Dragon.
 


Dans le monde pittoresque des gangs de rues imaginaires, le Uzi ne sert pas à faire des "drive-by"
contre les bandes rivales, c'est un accessoire à munitions illimitées pour ados rigolos en rollerblades.


Le charme du film réside dans cette improbable "Cité Noire", avec sa bande des Rockers qui ressemblent moins à un vrai gang criminel qu'aux Juggalos, ou aux Cobra de GI Joe : c'est multiethnique, mixte, ils ont leur logo sur les murs de leur QG, leurs fringues, leurs véhicules, et même si leur thème officiel c'est la mythologie nordique, ils restent assez inclusifs pour avoir un mec qui porte un stetson et des six-coups, un gamin en rollerblades qui se prend pour un animateur télé, et des gens qui s'appellent "Diesel" ou "Spider" aux côtés de "Thor", "Loki" et "Troll". Et leur chef Odin (prononcé "Odine" par les doubleurs québécois), qui ressemble à une sorte de sous-Billy Idol, a même des tueurs jumeaux à sa solde ! Franchement, il ne leur manque plus qu'une ligne de figurines articulées à leur effigie. Bon, on ne sait pas trop de quoi vit tout ce petit monde, parce que dans un quartier comme le leur il ne reste personne à dépouiller, qu'ils rejettent violemment le trafic de drogue et qu'en dehors des putes (au grand coeur, bien sûr) et de leur mac personne ne semble avoir un travail, mais ils ont quand même une économie qui visiblement fonctionne bien puisqu'en plus de leurs gilets en cuir personnalisés ils ont des tonnes d'armes et de munitions, détruisent leurs propres bagnoles pour se divertir, et ont même une espèce de marché dans leur base où les membres peuvent se procurer des fruits et légumes.
 


Ceux qui ont joué à Streets of Rage sur Megadrive il y a 20 ans savent que les piles de pneus
servent à cacher des poulets rôtis pour récupérer de la vie après une bagarre.


A côté de ça, on pourra regretter que Roddy Piper soit un peu terne, avec un personnage de flic relativement banal. Je suis tenté de croire que c'est en partie la faute, une fois de plus, d'un doublage pas terrible (et évidemment, il n'y a pas de VO sur le disque). Mais il faut dire aussi que des intrigues secondaires à peu près inutiles limitent son temps de présence à l'écran et donc la possibilité de rendre son rôle plus intéressant. Le pervers qui drague sa copine, les flics qui viennent enquêter sur les lieux de son opération ratée (dans la zone où ils sont censés ne jamais aller), ça va nulle part, ça sert à rien. Même la division au sein des Rockers entre ceux qui veulent éradiquer tout trafic de drogue de leur territoire et ceux qui veulent simplement éliminer les fournisseurs extérieurs pour reprendre ça à leur compte, au final ça n'est là que pour servir de prétexte au changement de camp d'un des personnages secondaires. Et l'intrigue principale n'est pas vraiment passionnante non plus, c'est une course-poursuite pas très bien racontée, avec des chasseurs semi-débiles qui déclarent dès le début "il faut surtout pas se séparer sinon ils nous aura un par un" puis immédiatement après se séparent et se font avoir un par un, et une proie dont on ne sait jamais si elle a progressé vers son but ou si elle tourne en rond. De temps en temps il y a une fusillade ou une explosion ou une bagarre dans laquelle Roddy Piper parvient à caser des prises de catch.
 


"Odine", qui débutait dans ce film mais a fait son trou à la télé depuis, est si théâtral par moments
que lui et ses plombages en arriveraient presque à voler la vedette à Roddy PIper.


Malgré ces reproches, j'ai pas passé un mauvais moment devant. Comme Epreuve mortelle, c'est bébête, ça ne vaut pas les films que ça essaie d'imiter, mais ça reste plutôt sympathique, marrant et pas trop mal foutu. Alors bien sûr si à la base vous n'êtes pas du genre à fouiller dans le bac à 1€, ça n'est pas un truc pour vous, mais si l'idée de vous replonger dans les années 90 avec une repompe à petit budget des Guerriers de la nuit ressemble pour vous à une façon acceptable d'occuper 1h25 par un après-midi d'ennui, ça peut valoir le coup d'essayer de mettre la main dessus.

 

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Jungle Ground (Jungleground, 1995), réalisé par Don Allan sur un scénario de Michael Stokes (Aigle de fer IV). Avec Roddy Piper (Invasion Los Angeles), JR Bourne (Teen Wolf), Peter Williams (Stargate SG-1), Torri Higginson (Stargate Atlantis), Rachel Wilson (Les Kennedy), Joel Gordon (Max Payne), Lexa Doig (Jason X).

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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 08:10

The ScribblerIl n'y a pas que les BDs connues qui ont droit à leur version cinéma. Parfois il y a aussi des trucs complètement obscurs. Même pas le genre "pas très connu" comme Dylan Dog ou Jonah Hex hein, là on est dans le genre "publié de façon tellement confidentielle qu'aujourd'hui il faut raquer minimum 500€ pour s'en procurer un exemplaire". Est-ce que l'auteur est super pote avec un producteur ? Est-ce que la mode des adaptations de comics amène les studios spécialisés dans les direct-to-video à petit budget à acheter les droits de n'importe quel titre indépendant pour tenter de surfer sur la vague ? Mystère. Toujours est-il que voilà, The Scribbler, un album sorti en 2006 par Dan Schaffer, est devenu un film l'an dernier. La jaquette m'intriguait assez pour me donner envie d'y jeter un oeil et comme le DVD coûte largement moins cher que le livre (il est déjà dans les offres "5 pour 30€"), je me suis dit que ça serait l'occasion de ne pas parler que de vieilleries pour ce mois de l'histoire des meufs.

Sorte de polar fantastique, The Scribbler se déroule presque entièrement en huis clos dans un immeuble où sont envoyés, à leur sortie de l'asile, des malades mentaux en voie de guérison mais pas encore tout à fait capable de réintégrer la société. Suki, une locataire fraîchement installée, souffre d'un dédoublement de personnalité, et son psy lui a confié une machine censée lui permettre de "brûler" ses personnalités superflues petit à petit. La jeune femme hésite à s'en servir : la "vraie" Suki, celle qui survivra à la procédure, sera-t-elle vraiment celle qu'elle espère ? Tourmentée par les voix dans sa tête, et honteuse vis-à-vis du comportement de certaines de ses alter ego, notamment celle qui n'hésite pas à se faire violemment démonter par le voisin manipulateur qui couche avec toutes les filles de l'immeuble, la plus "normale" des personnalités finit par se décider à se débarrasser des autres. Mais chaque utilisation de la machine entraîne des absences, et chaque fois que Suki reprend connaissance, une locataire est retrouvée morte défenestrée... Suki finit par soupçonner l'une de ses personnalités, la "Gribouilleuse", d'essayer de lutter contre son effacement, et de commettre des meurtres à son insu.


The Scribbler 01C'est toujours le mois de l'histoire des meufs alors non, je ne mettrais pas de légende comme
"la personnalité qu'on veut voir gagner c'est celle qui se balade en petite tenue, j'ai raison ou quoi les gars ?",
c'est un site respectueux des meufs ici, MERCI.


L'idée gentiment invraisemblable d'une machine à effacer les personnalités superflues permet au film d'effleurer quelques idées pas inintéressantes, même si pas révolutionnaires, sur la folie et l'identité. Guérir un fou, est-ce tenter de retrouver une personne saine d'esprit cachée derrière sa folie, ou au contraire le débarrasser de toute trace de normalité pour laisser sa folie s'exprimer pleinement ? Ou encore réconcilier les deux facettes de sa personnalité ? Les auteurs semblent suffisamment lucides pour savoir qu'ils n'ont pas vraiment de réponse à apporter, ou quoi que ce soit de vraiment profond à dire, et qu'il vaut mieux te laisser te poser des questions et y réfléchir toi-même et te dire "bon c'est vrai qu'il a tendance à avoir une vision un peu simpliste des maladies mentales, avec ce personnage qui se prend pour Cléopâtre ou cet autre qui pense être allergique aux vêtements, mais malgré ça il est pas si con, ce film, pour une histoire de fille en combinaison de superhéroïne bas-de-gamme qui marche sur les murs".


The Scribbler 04La "Scribbler" n'est certes pas censée être Batman, mais quand même, son costume est vraiment pas terrible.


Alors, le souci, c'est qu'à côté de ça il raconte une histoire pas franchement passionnante, ou plutôt, une histoire qui aurait pu être meilleure si elle avait su laisser préserver plus de surprises sur ce qui se passe réellement. Tout est raconté en flashback par le biais d'un interrogatoire policier, l'héroïne se fait cuisiner par un méchant flic et une gentille psychologue... Et le truc c'est que toi et moi, on n'est pas nés de la dernière pluie : on sait que dans un film quand il y a un interrogatoire où le flic brusque le suspect parce qu'il est sûr de sa culpabilité, la personne est obligatoirement accusée à tort. Du coup là on se retrouve avec une héroïne qui explique qu'elle a douté de son innocence et pensé qu'une de ses personnalités avait tué les autres filles, et pour qu'il y ait un peu de suspense toi-même ten tant que spectateur tu es censé croire que oui, tiens, et si cette pauvre fille était coupable sans le savoir finalement ? sauf que non, tu sais bien qu'elle raconte ça tout en étant en train de clamer son innocence au flic, et que les flics de cinéma ne s'énervent à ce point que face à des gens effectivement innocents. Du coup, le suspense tombe un peu à l'eau. On devine immédiatement que les suicides n'en sont pas mais que Suku n'est pas coupable et vu que la liste de suspects se réduit vite au fil des défenestrations, la fin est un peu cousue de fil blanc.


The Scribbler 02
Certes, les scènes d'interrogatoire permettent d'éviter que l'héroïne
passe son temps à monologuer pour nous expliquer ce qui se passe,
mais avoir choisir d'enrober l'intrigue dedans n'est clairement pas la meilleure idée du film.


Le film parvient quand même à garder le mystère plus longtemps sur quelques éléments, mais plutôt mineurs (genre, à quoi servent les modifications apportées à la machine de Suki). Et il sous-emploie la majorité de ses personnages, ce qui est plutôt regrettable, non seulement parce qu'à défaut d'être réalistes ils auraient pu pimenter un peu l'histoire, mais aussi parce que la distribution est plutôt pas dégueulasse pour une production à petit budget. Pas de vedette, quasiment que des acteurs qu'on voit plutôt dans des petits rôles ou à la télé, mais que des visages reconnaissables : Gina Gershon, l'adjoint de Tommy Lee Jones dans No Country for Old Men, des filles de Buffy, le neveu de Tony Soprano... Il y a même Sasha Grey (que vous prétendrez ne pas connaître si jamais vous regardez le film avec votre femme) dans une apparition de dix secondes au cours de laquelle elle a l'occasion de prononcer une seule réplique avec tout le talent qu'on peut attendre d'une actrice habituée à ne pas trop parler dans ses autres films parce que c'est pas poli quand on a la bouche pleine.


The Scribbler 03Le début a l'air de promettre une belle galerie de dingues hauts-en-couleurs,
mais finalement l'intrigue reste très centrée sur Suki.


The Scribbler n'est donc pas une franche réussite. Au départ il a réussi à me donner envie de vraiment bien l'aimer, et puis finalement ça n'a jamais trop fonctionné. Cela dit, je suis loin d'avoir détesté. Même si le coup de théâtre du dernier chapitre m'a pas estomaqué, je me suis pas ennuyé devant, et j'ai trouvé ça original, ne serait-ce que parce qu'à l'image de son héroïne aux multiples personnalités, le film change plusieurs fois de ton de façon abrupte, et juxtapose science-fiction, comédie, polar, horreur, action, fantastique, thriller, ce que j'ai tendance à trouver maladroit dans d'autres films, mais colle bien au thème dans celui-ci. Allez, on va dire que c'est clairement pas un DVD à acheter au prix fort, mais que c'est une curiosité qui a du charme. C'est déjà pas si mal.

 

 

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The Scribbler (2014), réalisé par John Suits (Breathing Room) sur un scénario de Dan Schaffer (Doghouse). Avec Katie Cassidy (Arrow), Garret Dillahunt (Raising Hope), Michael Imperioli (Les Soprano), Eliza Dushku, (Dollhouse), Michelle Trachtenberg (Buffy contre les vampires), Billy Campbell (The Killing), Gina Gershon (Bound).

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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 08:59

Dick TracyAllez, enchaînons avec un autre personnage de strip des années 30 revenu au cinéma dans les années 90 après un premier passage au temps des "serials" : Dick Tracy, inspecteur de la police de Chicago qui lutte contre le crime organisé avec sa détermination, ses poings, et son gadget révolutionnaire pour l'époque : une montre-radio qui lui permet de recevoir les alertes et d'intervenir en temps record. Apparemment, Warren Beatty est fan et tenait tellement à ce que le film voit le jour qu'il a fini par le tourner lui-même après les désistements successifs de tous les réalisateurs associés au projet. Il joue évidemment le rôle-titre, face à Al Pacino en Al Caprice dit "Big Boy", un chef de gang qui cherche à prendre le contrôle de la ville par tous les moyens : élimination des rivaux, corruption des autorités, et intimidation des témoins qui pourraient amener à sa condamnation. Dick Tracy compte bien le faire plonger mais faute de preuves suffisantes, Big Boy est systématiquement relâché. Le témoignage d'une sulfureuse chanteuse de cabaret pourrait tout changer, mais elle refuse de parler tant que Tracy ne cède pas à ses avances. Pendant ce temps, dans l'ombre, un mystérieux gangster sans visage manipule tout le monde pour se débarrasser à la fois de Big Boy et de Dick Tracy.

Je ne sais pas si c'est une idée de Warren Beatty, parce que clairement on est face à un film sur lequel tout un tas de cuisiniers se sont acharnés à gâcher la sauce donc ça peut avoir été imposé par quelqu'un de chez Disney, ou avoir été hérité d'un précédent producteur ayant lâché l'affaire comme Spielberg, mais Dick Tracy cherche à transposer le plus fidèlement possible l'aspect visuel de la BD à l'écran. Robert Rodriguez reprendrait la même idée 15 ans plus tard pour faire Sin City mais du temps de Dick Tracy, il n'y avait pas internet et de fans abrutis qui chialent sur des forums que "ils ont complètement trahi l'esprit des comics !" quand on ne reproduit pas leur petit miquet à l'identique. Alors je pense que s'ils ont fait ça c'est pas pour se faire sucer aux Comic Con, mais parce qu'ils se sont dit que ce serait une bonne idée originale et rigolote. En cours de tournage je suppose qu'il y a quand même eu des gens pour se rendre compte que c'était parti pour être catastrophique mais vu les retards déjà accumulés c'était plus possible de recommencer à zéro, il fallait composer avec le fait que la moitié des personnages a une tête de marionnette en caoutchouc ridicule dans un monde tout en couleurs trop vives.


Dick Tracy 05Non, non, ne réglez pas votre écran d'ordi ou de téléphone, les images ressemblent vraiment à ça.


Cela dit, il y a quand même des choses qui fonctionnent là-dedans. Les "matte paintings" réalisés dans un style de dessin animé sont vraiment classes. L'exagération visuelle des prouesses du héros est assez amusante, les bagarres sont accélérées pour donner l'impression que ses poings sont ultra-rapides, il assomme une dizaine de types d'un seul crochet, un bandit fait un saut périlleux après avoir reçu un uppercut... Et même les costumes criards, on s'y fait. Malheureusement, il y a les maquillages. Certes, ils ont gagné un Oscar, et je ne dis pas que c'est pas mérité parce que c'est vrai qu'ils sont spectaculaires. Et si on s'amuse à chercher des vieux strips de Dick Tracy, on peut voir qu'effectivement les méchants avaient des gueules pas possibles, ce qui s'explique logiquement par le fait que des petits bonshommes en noir et blanc dans un journal risquaient de tous ressembler à "encore un autre gangster en complet-veston" si on ne trichait pas un peu pour les distinguer. Mais au cinéma, quand vous embauchez des stars comme Al Pacino et Dustin Hoffman, et des "gueules" comme Paul Sorvino, William Forsythe ou Henry Silva, pas besoin de les enfouir sous 8 kilos de latex. Non seulement c'est du gâchis mais ça jure avec tous les acteurs qui ont gardé une tête normale, et si en plus la plupart de ces gueules monstrueuses sont utilisées comme des éléments de décor plutôt que de vrais personnages, on se dit que ça ne valait vraiment pas la peine de transformer le film en Bébête Show pour si peu.


Dick Tracy 04Les singeries de Pacino valent le détour mais contribuent à transformer le tout en grosse farce.


Et le pire c'est que même si on essaie de ne pas se focaliser sur cette galerie de figurants difformes, voire à se dire que tout cela a au moins le mérite de constituer une expérience ratée certes mais singulière, derrière tout ça il y a une intrigue franchement pas terrible, voire carrément inintéressante. Comme je disais plus tôt, on a l'impression que trop de gens avec des visions contradictoires ont mis les mains dedans. Officiellement il n'y a que deux scénaristes crédités, le duo qui a signé Top Gun (mais aussi Turner et Hooch et Anaconda), mais ça sent les réécritures maladroites. Montrons que Tracy est un flic trop malin qui sait mettre à profit les technologies de la police scientifique, puis montrons que malgré ça il est complètement impuissant face au crime organisé. Donnons à croire qu'il s'agit d'une vraie enquête où l'important sera de trouver la bonne preuve ou faire craquer le bon témoin, puis oublions tout ça et concluons avec des fusillades et des bastons parce que les gens préfèrent les films d'action. Ajoutons plus de scènes inutiles avec le Kid, c'est un film pour enfants et les enfants veulent voir un héros de leur âge. Ajoutons plus de scènes avec Madonna en tenue sexy qui vient allumer le héros, elle joue comme une merde mais c'est un film pour grandes personnes et les grandes personnes veulent voir Madonna en tenue sexy. Multiplions les personnages et les intrigues secondaires, perdons du temps avec des numéros musicaux ou des conneries comme les interrogatoires de Dustin Hoffman, mais soyons tellement transparents que n'importe qui devinera la fin du film en dix minutes malgré tous les détours.


Dick Tracy 01Et la fin du film c'est que Dick Tracy le roi des gadgets et des méthodes scientifiques
va tout défoncer à la tommy gun dans un déluge d'explosions

parce que les enquêtes sérieuses ça fait chier tout le monde.


L'aspect "cartoon vivant" en fait tout de même un objet de curiosité pour les amateurs de cinéma bizarre. Surtout que ça devient rarissime qu'un gros studio mette plein de pognon et de gens compétents sur un film bizarre. C'est un peu triste de se dire qu'autant de peintres, maquilleurs, costumiers et accessoiristes talentueux aient fait autant d'efforts pour obtenir un résultat clownesque, mais ça vaut le coup d'oeil si vous êtes sensible à ce genre d'expérimentation. Et puis, si Warren Beatty est un peu terne (et Madonna vraiment atroce), Al Pacino est assez amusant par moments dans son rôle de bouffon grossier et brutal qui se prend pour un intellectuel. Mais si vous cherchez plutôt un bon film de gangsters qu'un drôle de machin insolite mais con, vous pouvez vous en passer.

 

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Dick Tracy (1990), réalisé par Warren Beatty (Reds) sur un scénario de Jim Cash & Jack Epps Jr (Top Gun). Avec Warren Beatty, Al Pacino, Glenne Headly (Urgences), Charlie Korsmo (Hook), Madonna.

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 08:19

Coffy la panthere noire de HarlemAprès la déconfiture de Bikini Bandits Experience, il fallait quelque chose de sympa pour s'enlever le goût, quelque chose de sexy mais qui ne se vautrerait pas dans le débile et le graveleux. J'ai donc choisi Coffy, qui d'après la légende aurait été tourné dans l'urgence par American International Pictures pour sortir avant le Dynamite Jones de la Warner. La plantureuse Pam Grier sous la caméra d'un vétéran du cinéma d'exploitation qui l'avait déjà dirigée dans plusieurs films de prison, et la retrouverait pour Foxy Brown, quoi de mieux pour aborder la rentrée du bon pied hein, j'ai raison ou quoi les gars ?

Bien que les distributeurs français aient choisi de la surnommer "la panthère noire de Harlem", les aventures de Coffy se déroulent à Los Angeles où elle mène secrètement la chasse aux dealers pour venger sa petite soeur détruite par l'héroïne. Elle approche les gros bonnets de la drogue en mettant à profit le contenu des siens, et les exécute impitoyablement en faisant passer ça pour des règlements de compte entre gens du milieu. Puis elle retourne à sa vie d'infirmière et de petite amie d'un député qui a le vent en poupe, jusqu'à sa prochaine mission. La situation, déjà dangereuse pour sa santé physique et mentale, empire lorsqu'un nouveau caïd arrive en ville pour prendre le contrôle de tout le trafic de drogue, en arrosant la police au passage pour assurer sa tranquillité. En infiltrant une agence d'escort-girls à la solde d'un mac récemment "absorbé" par la mafia, Coffy se retrouve en bien fâcheuse posture...


Coffy la panthere noire de Harlem 01Le style de Pam Grier apparaît assez vite... comment dire... très différent
de celui de l'extravagante mais pudique Tamara Dobson.


Coffy, c'est un peu la version plus sulfureuse, plus ancrée dans la réalité, et moins optimiste sur les relations entre Noirs et Blancs, de Dynamite Jones. Ici aussi on a une femme au physique hors normes, intrépide et pleine de ressources, qui combat le crime avec la force d'une armée à elle toute seule. On y retrouve l'idée que les quelques trafiquants noirs des bas quartiers ne sont que la partie visible de l'iceberg du bizness de la drogue, qui fait aussi vivre des fermiers du Tiers Monde, mais enrichit surtout des Blancs au sommet de la hiérarchie de la pègre et des flics ripoux. Mais le film pointe aussi du doigt le monde de la politique, alors la prochaine fois que vos potes vous les brisent parce que vous n'avez pas encore vu Sur écoute qui-est-une-série-trop-bien-trop-réaliste-mais-ça-c'est-la-qualité-HBO, vous pourrez leur dire que leur série préférée n'a rien inventé, que la blaxpoitation dénonçait déjà les mêmes choses il y a 40 ans.


Coffy la panthere noire de Harlem 03Et dans Sur écoute, y a même pas de femmes à poil.


Entre ce discours, et le fait que l'héroïne soit une femme capable de se débrouiller sans homme face à l'adversité, qui sait utiliser à la fois la séduction, la ruse et la force pour parvenir à ses fins, le film a clairement plus de cervelle qu'on ne pourrait le soupçonner, vu qu'à la base c'est quand même un truc destiné à satisfaire les bas instincts du spectateur, une ode à la justice à coups de fusil, où tous les prétextes les moins subtils sont bons pour dénuder les actrices et où l'héroïne doit coucher avec tout le monde pour parvenir à ses fins. Mais c'est donc pas trop bas-du-front, bien ficelé, rondement mené, et porté par une Pam Grier qui, malgré un jeu que je me permettrai de qualifier d'un peu limité, apporte ce qu'il faut de détermination, de charme et d'amertume à son personnage. Finalement si j'ai vraiment un gros reproche à faire au film c'est que, pour de la blaxpoitation, la bande-son n'est pas folichonne. Les quelques chansons originales sont acceptables mais pas mémorables, et la musique quasi-inexistante. Pour un peu, on aurait l'impression de regarder un polar classique des années 70, avec simplement un peu plus de coiffures afro.


Coffy la panthere noire de Harlem 02Il y a bien le personnage de King George pour pimenter un peu,
joué par le chef des flics des trois RoboCop originaux,
mais son rôle est malheureusement trop peu exploité.


Alors bien sûr je sais que la question qui vous brûle les lèvres, c'est : est-ce que c'est mieux ou bien que Dynamite Jones ? Difficile de les départager. Coffy perd en originalité et en extravagance ce qu'il gagne en réalisme. Je ne dirais pas que le film manque de caractère, mais les personnages secondaires, par exemple, sont plus ternes, moins rigolos, malgré la présence de quelques bonnes "tronches" comme Sid Haig. C'est plus violent mais, un peu paradoxalement, il y a un peu moins d'action. Il y a plus de suspense, une intrigue un peu plus intéressante. Pour ma part j'avoue une petite préférence pour Coffy, ne serait-ce que parce que son héroïne est plus attachante, mais si vous cherchez quelque chose d'un peu plus "tous publics" avec moins de nichons et moins de têtes qui explosent, alors mieux vaut vous tourner vers sa rivale.


Coffy la panthere noire de Harlem 04On ne retrouve clairement pas l'ambiance bon enfant du film concurrent.
Mais bon, quand même, Pam Grier hein ? Hé j'ai raison ou quoi les gars ?


En tous cas, si vous aimez les histoires de vengeurs solitaires que rien n'arrête et qu'une pointe d'érotisme ne vous rebute pas, n'hésitez pas, c'est pas un chef-d'oeuvre du cinéma policier mais c'est un bon petit thriller teigneux. Après, moi perso le DVD à 3€ me suffit, mais si vous êtes du genre à vouloir rentabiliser un écran HD géant, vous serez peut-être déçu par la qualité de l'image, correcte mais pas exceptionnelle, et vous préférerez peut-être attendre une hypothétique édition remasterisée en Blu-Ray.

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 08:02

Dynamite JonesNettement moins connue en France que Pam Grier parce que Tarantino n'a pas relancé sa carrière dans les années 90, Tamara Dobson a pourtant été l'une des premières héroïnes de blaxploitation il y a quarante ans avec son personnage de Cleopatra Jones. Ses aventures sont quand même raisonnablement faciles à trouver en DVD chez nous, et pour pas très cher en plus. Le premier épisode (il y a eu une suite, Dynamite Jones et le Casino d'Or) cherche à la fois à surfer sur le succès de Nuits rouges de Harlem et à adapter le genre au grand public en proposant un protagoniste "positif", ni marginal, ni sulfureux, ni hostile envers les Blancs, puisque Cleopatra (malgré le titre français, elle garde son nom original même dans la version doublée) est un agent spécial au service du Président des Etats-Unis et engagée dans la lutte anti-drogue. Pour avoir supervisé la destruction d'un champ de pavot en Turquie, elle s'attire les foudres de sa propriétaire, une baronne du crime de Los Angeles surnommée Mamy. Avec l'aide de flics ripoux, Mamy fait fermer un centre de désintox parrainé par Jones pour la forcer à rentrer à LA et ainsi l'éliminer, mais ses projets de vengeance vont évidemment se retourner contre elle.

L'intrigue est plutôt faiblarde et prévisible, mais avec sa galerie de personnages hauts en couleurs et ses dialogues rigolos, le film se révèle très sympa et jamais ennuyeux. Sorte de croisement entre Grace Jones et James Bond, Cleopatra ne se laisse intimider ni donner d'ordres par personne, ne perd jamais son sang-froid et son sens de la répartie face au danger, arpente dans des tenues extravagantes des rues mal famées où elle dépasse tout le monde d'une tête et où tout le monde la connaît et l'admire ou la craint. Shelley Winters (la veuve de La Nuit du Chasseur) s'amuse bien dans son rôle de méchante lesbienne qui change quotidiennement de petite assistante sexy et punit impitoyablement les hommes de main qui la déçoivent (elle va jusqu'à en passer un au concasseur à épaves). Antonio Fargas (Huggy-les-bons-tuyaux de Starsky et Hutch) (je ne sais même pas si ça évoque quelque chose aux jeunes d'aujourd'hui mais tant pis) campe un petit caïd fier d'avoir un majordome blanc et obsédé par son apparence au point que, même à l'article de la mort, il a le réflexe de vérifier que sa coupe afro est toujours impeccable.


Dynamite Jones 05Dynamite Jones vaut le coup d'oeil rient que pour sa grande bringue d'héroïne
qui ne quitte jamais ses improbables sapes haute couture même pour
distribuer des kakato geri aux dealers et aux flics véreux.


Alors évidemment comme aujourd'hui la mode est au "sombre et réaliste", plutôt que d'apprécier son côté bon enfant et plein d'espoirs de fraternité et de paix, certains se chagrineront de la vision un peu édulcorée et naïve des ghettos qu'offre le film. Dans Dynamite Jones, bien sûr il y a quelque malfrats, bien sûr il y a des flics malhonnêtes et racistes, mais surtout il y a des brothers qui veillent les uns sur les autres avec le sourire, des anciens toxicos qui ne replongent jamais, des tripots où on s'amuse sagement, un chef de la police blanc et ringard mais bienveillant et qui ne demande qu'à être frère avec tous ses amis noirs. Pour vous dire, même les dalleux qui regardent passer les filles avec envie n'ont jamais une parole désobligeante ou un geste déplacé. Du coup c'est clair qu'il ne faut pas regarder ça en espérant un film militant ou un polar crapoteux.


Dynamite Jones 03Malgré son côté progressiste qui invite Noirs et Blancs à se donner la main et
hommes et femmes à se traiter en égaux, le film est parfois considéré comme homophobe,
Shelley Winters campant une lesbienne lubrique et sadique.


Le côté un peu trop "gentillet" du film se ressent dans d'autres domaines. On nous annonce la participation de l'un des plus grands maîtres de hapkido... mais il y a finalement très peu de combats et on voit bien que les acteurs ne sont pas super doués pour les arts martiaux. Il y a quelques fusillades, une poursuite en voiture, mais sans aller jusqu'à dire que c'est mou du genou, l'action n'est pas vraiment à couper le souffle. La musique, signée par l'arrangeur de celle des Nuits rouges de Harlem, est sympa mais pas mémorable. L'histoire est sans surprise, on suit simplement l'héroïne remonter la piste de coupables que le spectateur connaît depuis le début. Je n'irai pas jusqu'à dire que le film manque d'âme parce que vraiment, il est plein de personnalité et de charme, mais il manque un peu de mordant.


Dynamite Jones 02Le film ne tient hélas pas toutes ses promesses, par exemple les deux ceintures noires
n'auront pas vraiment l'occasion de briller par leur pratique du karaté.


A choisir, je reverrais sans doute plutôt les aventures de Shaft ou Foxy Brown, parce que bon, Pam Grier jeune, hein ? j'ai raison ou quoi les gars ? Cela dit, si c'est entre Dynamite Jones et n'importe quel autre DVD chroniqué ce mois-ci qu'il faut choisir, c'est clairement celui-ci qui gagne. En fait il gagnerait probablement contre la moitié des films que j'ai chroniqués en 4 ans et demi. Donc malgré mes réserves, n'allez pas déduire que c'est un mauvais film parce que vraiment, c'est original, assez drôle, et dans l'ensemble vraiment chouette.
Après ça reste une jamesbonderie gentiment kitsch donc ceux qui préfèrent les films policiers plus réalistes ou les films d'action plus sérieux pourront trouver ça indigeste. Mais ceux qui ont apprécié Black Dynamite peuvent y risquer 5€ sans crainte.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

Goldmembers

goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

-Artemis
-jakbonhom
-Mahg

-Sheep Tapes
-Snowman
-Super Menteur