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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 08:38

Les cinéastes qui imaginent le sort du monde après la chute des bombes atomiques, les zombies ou le virus mortel ne sont, en général, pas d'une inventivité folle. Soit c'est "c'est comme notre monde mais en tout délabré, et les gens ont décidé d'arrêter de faire le ménage", soit c'est "tout le monde est devenu un punk barbare à clous qui conduit une voiture décorée avec des crânes et des lames rouillées", soit c'est un mélange des deux. Les auteurs de Ninja Apocalypse (à ne pas confondre avec Ninja Apocalypse c'est-à-dire Les Monstres de l'apocalypse) ont décidé d'être un peu plus originaux. Enfin peut-être moins "décidé" que "été contraints par leurs moyens limités" mais peu importe, le résultat c'est que dans Ninja Apocalypse, "des années après la grande guerre", les survivants auront muté et reconstruit une civilisation basée sur Mortal Kombat. D'ailleurs le héros s'appelle Cage, comme Johnny Cage, c'est dire si tout cela a vraisemblablement démarré par un "hé venez nous aussi on fait un fan film comme les mecs qui ont fait Mortal Kombat: Legacy avec Michael Jai White". Dans ce monde ninjapocalyptique, les gens se sont regroupés en clans basés sur leurs pouvoirs magiques de mutants : il y a ceux qui font de l'électricité avec les mains, ceux qui transforment les cailloux en boules de feu, ceux qui ont des écailles de reptile sur la tronche ou encore des bonnasses clonées.

Le chef suprême de tous les clans, joué par un Cary-Hiroyuki Tagawa venu cachetonner le temps de deux scènes, décide de réunir tout ce beau monde dans son bunker pour les obliger à s'allier les uns aux autres face à une terrible menace extérieure que le film ne nous montrera jamais. Ce mariage forcé n'est visiblement pas du goût de certains ; tellement pas, d'ailleurs, que le grand manitou est assassiné en public à la fin de son discours. Et immédiatement, le chef du clan des méchants accuse le chef du clan des gentils d'avoir fait le coup, et le "Clan perdu" se retrouve donc pourchassé par tous les autres, parce que le scénariste a vu Les Guerriers de la nuit et s'est dit que personne ne remarquerait le recopiage si tout le monde était déguisé en ninja de borne d'arcade plutôt qu'en Baseball Fury ou en Electric Eliminator. Ensuite comme niveau budget y avait pas trop les moyens pour "course-poursuite à travers une ville post-apocalyptique", ça devient une série d'échauffourées dans un "bunker", c'est-à-dire les couloirs d'un studio de tournage, où les 5 guerriers du Clan perdu vont devoir se montrer plus forts que tous les autres pour s'en sortir vivants à coups de tatanes dans la gueule, de katanas visiblement factices, d'effets spéciaux bas-de-gamme et de discours sur l'honneur et la loyauté.
 

C-HT possède les pouvoirs exceptionnels de se multiplier par 3 pour sabrer des Cro-Magnon post-nucléaires
et de nous quitter avant la vingtième minute.

Ninja Apocalypse m'a surpris au début, de par son côté "ne perdons pas de temps à entrer dans le vif du sujet" porté par un mélange de culot et de sens de l'économie. Pas besoin de justifier comment la fin du monde est arrivée, pas besoin d'expliquer comment la civilisation du 21ème siècle a évolué vers "cachons-nous dans les forêts californiennes déguisés en personnages de jeux de baston", tout est plié en quarante secondes de narration et d'images d'archives et paf Cary-Hiroyuki Tagawa dézingue des ninjas par télékinésie comme si c'était tout naturel. Les héros sont ensuite présentés par le biais d'un message lu à voix haute qui t'explique en un minimum de mots tout ce qu'il y aura à savoir de chacun : "choisis 4 de tes meilleurs guerriers, le plus fort (ça veut dire le gros renoi qui se sacrifiera pour sauver les autres à la puissance de ses muscles), le plus intelligent (ça veut dire qu'il expliquera le film chaque fois que le scénariste a un point à éclaircir rapidement), le plus féroce (ça veut dire qu'il se prendra régulièrement la tête avec le héros pour faire croire au spectateur qu'il va trahir tout le monde), et le plus talentueux (ça veut dire qu'elle a des gros seins)." Vous vous rendez compte ? Marvel développerait ça en 4 films individuels de 2h30 avant de les réunir pour une conclusion en 2 parties de 3h chacune, Ninja Apocalypse vous le brosse en une phrase et un montage. Quand on en a un peu marre de voir pour la 10ème fois comment Spiderman a découvert la Batcave sous des rayons gamma, cette paresse et cette superficialité ont quelque chose de rafraîchissant.
 

Ci-dessus : le talent.

Mais voilà, passée cette intro, et une petite rigolade à l'apparition des futurs adversaires, "Ryu mais pas sympa", "Baraka avec un maquillage pas terrible", "Kitana x 5, parce que multiplier une seule fille par ordinateur revient moins cher qu'embaucher un groupe de mannequins/cascadeuses", ça retombe au niveau de n'importe quel direct-to-DVD à deux balles de ces vingt dernières années, ceux où il ne se passe pas grand chose dans des décors indigents, ceux où on n'a pas pu s'empêcher de coller quelques zombies parce que t'as à peine besoin de maquiller tes figurants si tu filmes suffisamment dans l'ombre et ça te fait de quoi allonger la sauce sans te ruiner, ceux où tu peux même plus espérer voir une vraie explosion mais seulement de l'explosion numérique, ceux pour lesquels l'éditeur français ne propose même pas de VO sous-titrée mais une VF molle du genou, ceux où les rares noms reconnaissables au générique ne sont pas là pour plus de 10 minutes, ceux où le héros n'est plus joué par un Gary Daniels ou un Michael Dudikoff mais par un type falot dont t'as jamais entendu parler parce que Scott Adkins ne peut pas être partout à la fois et qu'à part lui qui se spécialise encore dans ce genre de production de nos jours ? Luke Goss non plus peut pas tout faire.

Anecdote absolument sans intérêt : moi aussi quand j'ai travaillé sur un décor où il fallait des bouteilles dont le design
évoque LE TURFU, j'ai choisi une eau minérale norvégienne dont je tairai le nom puisque
ça coûte une couille et ne mérite pas de publicité gratuite. Les grands esprits se rencontrent.

Cette idée gentiment con d'un avenir peuplé de street fighters et de morts vivants engendrés par la 3ème guerre mondiale donne au film un côté insolite et rigolo qui incite à l'indulgence même si au final c'est quand même assez mauvais et poussif. Pour un film qui s'appelle Ninja Apocalypse, c'est pas aussi drôle qu'on peut l'espérer, mais au moins c'est pas aussi irregardable qu'on peut le craindre quand on a l'habitude de chroniquer des séries moins-que-B-mais-même-pas-Z. Un peu de personnalité et un peu d'action, c'est pas assez pour vous le recommander, mais j'ai vu pire, alors disons que c'est à ranger dans la catégorie "si le titre vous intrigue, pourquoi pas".



 

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Ninja Apocalypse (2014), réalisé par Lloyd Lee Barnett (I Love You to Death) sur un scénario d'Ashley Scott Meyers (Snake Outta Compton). Avec Christian Oliver (Alerte Cobra) Les Brandt (The Second Coming of Christ), West Liang (Big Sky), Cary-Hiroyuki Tagawa (Soleil levant), Ernie Reyes Jr (Les Tortues Ninja II).

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23 avril 2017 7 23 /04 /avril /2017 09:23

L'inspection de la fiche technique de Tekken 2 permet d'abandonner tout espoir futile avant le visionnage : le film est signé "Wych Kaos", le nouveau pseudonyme de l'ex-"Kaos", réalisateur de Ballistic, et Steven Paul, scénariste des P'tits génies et producteur de Ghost Rider et Doomsday. Au moins avec ça on ne risque pas de fausse joie à la "ah cool, les mecs qui ont fait John Wick ont bossé sur Hitman: Agent 47, peut-être que ce sera pas si mal". On sait d'emblée qu'on ne sera pas déçu : une adaptation de jeu vidéo par un type qui est entré dans le cinéma parce que papa avait des relations, écrit et produit par un agent hollywoodien qui fait bosser ses propres clients dans des merdes tournées par sa boîte de prod, il n'y a aucune chance pour que ce soit autre chose qu'un désastre. Restait à voir si le résultat serait catastrophique au point d'être drôle, ou simplement d'une nullité à crever d'ennui.

Le premier Tekken tentait maladroitement d'adapter quelques éléments emblématiques de la série de jeux de baston qui ont fait les beaux jours des différentes Playstation depuis plus de 20 ans : un monde futuriste, dont le contrôle se joue lors d'un tournoi d'arts martiaux qui réunit agents secrets, justiciers et criminels dans le but, pour l'organisateur, de pouvoir écraser toute personne susceptible de menacer sa suprématie. Le début de cette suite, sous-titrée Kazuya's Revenge à l'écran mais pas sur la jaquette, évoque ça brièvement et vaguement, avant d'enchaîner sur un film qui n'a aucun rapport avec Tekken si ce n'est qu'il y a de la bagarre. On suit un amnésique capturé par la version anglaise d'Aubrey Plaza et recruté de force par un vieux prêcheur slave qui se présente comme un bienfaiteur et l'enrôle dans une guerre qu'il mène dans les bidonvilles. L'amnésique se voit assigner différentes cibles censées être d'horribles criminels, mais finit par découvrir que le prêcheur est en réalité un gangster qui l'utilise pour se débarrasser de ceux qui gênent ses magouilles. C'est alors qu'on n'est plus qu'à quelques minutes de la fin et qu'il faut bien rattacher ça à Tekken alors notre héros comprend qu'il n'est autre que Kazuya Mishima, un des méchants de Tekken. Il décide donc de péter la gueule à son père Heihachi Mishima, un autre méchant de Tekken, mais comme Cary-Hiroyuki Tagawa a tourné ses scènes séparément, c'est pas possible, et donc il se rabat sur deux hommes de main et c'est la fin du film.

Attention, si vous clignez des yeux à ce moment-là, vous raterez
la seule preuve (en dehors de l'écran de titre) que vous êtes bien devant un
Tekken.

Tekken 2 parvient donc quand même à surprendre à défaut de décevoir, puisque je ne m'attendais pas à un pareil foutage de gueule. C'est clairement basé sur un scénario sans aucun rapport avec Tekken et qui allait partir à la poubelle après avoir été refusé par Tony Jaa, et puis en faisant le ménage dans ses tiroirs le producteur s'est dit "non attends je sais, Tony Jaa c'est pas le seul chinois à faire du karaté, et j'ai encore les droits ciné de Tekken, c'est un truc de chinois ça Tekken, allez hop voilà j'ai qu'à embaucher un autre chinois et produire ça sous le titre Tekken 2 : la vengeance de John Tekken, et je le fourgue sans problème". L'intrigue principale est cousue de fil blanc et reste complètement inintéressante même une fois qu'on a accepté l'idée qu'on est devant ce qui aurait probablement pu s'appeler Assassin Fighter : le Combat du Dragon et pas une adaptation de Tekken, et de toutes façons rien de ce qui meuble la première heure du film n'a plus aucune importance une fois qu'interviennent les deux acteurs rescapés de l'épisode précédent, Cary-Hiroyuki Tagawa et Gary Daniels.

Une belle galerie de quatre personnages (si si regardez bien à droite,
il y a la main d'une troisième fille) librement pas du tout inspirés de la saga
Tekken.

Alors, à propos de Gary Daniels, il reprend son rôle de Bryan Fury au sens où son personnage s'appelle à nouveau Bryan Fury, mais cette fois ce n'est plus un cyborg et plus un méchant. Et pour vous dire à quel point tout ça est très bien écrit, dans sa première scène il se bat avec le héros, qui lui demande qui il est, et il refuse de répondre, sauf que dès le lendemain il recontacte le mec en piratant son ordi et là Kazuya reconnaît immédiatement sa voix et s'exclame "Fury !" alors que le mec avait refusé de lui dire son nom. Et là Gary Daniels répond "Je suis flatté que tu te souviennes de mon nom", t'sais le nom qu'il a refusé de lui donner la veille au soir et que Kazuya a appris par magie entretemps. Et après il lui explique qu'en fait ils sont dans le même camp, et lui dit, je cite, "Fais-moi confiance : je suis ton seul ami. Et je ne suis pas ton ami", je sais pas si tu te rends compte de la profondeur et de la portée philosophique de cette réplique. Après ça il a encore une scène qui sert à rien et ensuite il disparaît sans explication parce que son rôle à lui aussi a été mis en boîte en marge du tournage principal.

Brian Fury vient dévoiler un secret si important
qu'on ne prend jamais la peine de nous dire de quoi il s'agissait.

Pour ne pas être en reste, la réalisation fait gentiment pitié. Spécialiste du plan absurde et du cadrage foireux, Wych Kaosayananda filme n'importe quoi n'importe comment. Par exemple pour les bastons, par moments il place sa caméra de façon à ce que les combattants soient cachés par le décor, comme ici :

A d'autres il se dit que ce serait trop stylé de les filmer à contrejour pour que leurs silhouettes se détachent trop bien à la lumière, sauf qu'en fait le résultat est tout flou :

J'ai apprécié aussi le moment où le héros soigne son épaule blessée, qu'il fixe intensément du regard mais que la caméra n'arrive pas à choper (alors qu'elle accorde les deux tiers de l'image au mur de sa chambre) :

Ou encore une révélation choc qui est mise en scène comme ça :

Vous avez entendu parler de ce style de jeu vidéo à la mode chez les amateurs de jeux "indépendants" depuis quelques années qu'on surnomme le "simulateur de marche" ? Eh bien, on pourrait croire que Tekken 2 est adapté d'un simulateur de marche plutôt que d'un jeu de combat un-contre-un tant le mec adore montrer ses protagonistes en train de marcher d'un endroit à un autre. Il faut dire que ça permet de meubler facilement quand tu n'as pas assez de matériau pour un long métrage. On a donc plusieurs longues scènes de marche qu'il combine avec des ralentis, des flashbacks et des images d'autres films pour allonger la sauce. Parfois le héros, comme Jean-Jacques Goldman, marche seul :

Parfois il marche avec sa pote :

Et parfois il marche pendant tellement longtemps que j'ai été obligé d'accélérer le gif animé pour que ça tienne (et si ça n'a pas l'air accéléré tout le temps c'est parce que le mec adore vraiment les ralentis) :

Vous noterez au passage le charisme IMPRESSIONNANT de Kane Kosugi (le fils de Sho Kosugi, la star de la "trilogie du Ninja" de la Cannon). Enfin, je taquine, mais je reconnais qu'il se débrouille bien dans les scènes de tatane, et qu'elles ne sont pas toute filmées en dépit du bon sens, mais même les meilleures ont toujours des moments un peu... comment dire... un peu comme ça :

Le très léger changement d'angle de caméra avant que le mec se relève, là... Est-ce que ce brillant réalisateur comptait tout filmer en une prise, et que du coup il n'a jamais fait mettre de marques au sol pour retrouver où se placer au cas où il faudrait en refaire une ? Ou bien est-ce qu'il s'est dit "ça sera drôlement plus dynamique si pour la dernière demi-seconde de roulade arrière, quand il se relève, je me déplace de trente degrés" ? Ou bien c'est pour cacher que Kane Kosugi, un mec qui sait faire des doubles-coups-de-pieds-sautés, ne sait pas bien faire la roulade arrière ?

Une scène de sexe particulièrement excitante pour les fétichistes du coude.

Ce que j'essaie de vous dire depuis le début, les amis, c'est que c'est très mauvais. Evidemment, ce coup-ci, le réalisateur n'avait pas 70 millions de dollars et des stars à sa disposition, mais justement, quand on voit à quel point le mec est incompétent, on se demande vraiment comment, il y a 15 ans, il s'est retrouvé aux commandes d'une grosse production hollywoodienne alors qu'il paraît capable de foirer la vidéo du spectacle de fin d'année d'une école primaire. Le premier Tekken était pas fameux mais au moins, c'était un vrai film. Là, c'est plus un sujet d'étude nanarologique, encore que ça ne se soit pas spécialement marrant à voir. A mon âge je peux plus vraiment me permettre de gâcher 80 minutes de vie devant quelque chose comme ça.

 

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Tekken 2 (Tekken 2: Kazuya's Revenge, 2014) "réalisé" par Wych Kaos (Ballistic) sur un "scénario" de Nicole Jones (Dracula: Prince of Darkness) et Steven Paul (Stargrove et Danja, agents exécutifs). Avec Kane Kosugi (DOA: Dead or Alive), Kelly Wenham (Dead Set), Rade Serbedzija (Taken 2), Paige Lindquist, Cary-Hiroyuki Tagawa (Mortal Kombat), Gary Daniels (Expendables : Unité spéciale).

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 16:02

C'est fou comme un an passe vite hein ? Bon, je vais pas vous mentir hein, s'il m'a fallu aussi longtemps pour revenir c'est que la motivation n'est plus vraiment là. Et j'aimerais vous dire que pendant cette absence j'ai rédigé des dizaines de chroniques pour pouvoir redémarrer avec un feu nourri, et que j'ai sélectionné tout spécialement Cyborg pour la reprise parce que c'est un super film, mais là non plus je vais pas vous mentir.

La légende veut que Cyborg soit né des cendres d'un projet de suite aux Maîtres de l'Univers avec Dolph Lundgren. Tellement sûrs que la popularité de Musclor ne faiblirait jamais, les producteurs avaient déjà fait faire des décors et des costumes pour un deuxième film, mais le public leur a donné tort et plutôt que de continuer à donner des sous à Mattel en pure perte, ils ont décidé d'utiliser tout ce matériel pour pondre vite fait un truc pas cher avec l'un de leurs poulains en vedette, un jeune karatéka belge qui a fait son chemin par la suite. Ca a donné Cyborg, couillonnade post-apocalyptique à petit budget dans la veine des bis italiens sortis après le succès de Mad Max 2, avec Van Damme dans le rôle du mec qui défonce les méchants gangs de barbares cloutés du futur, et signé par Albert Pyun, spécialiste de l'action/SF bas-de-gamme dont ça resterait le film le plus célèbre.

Une épidémie a ravagé le monde, la civilisation s'est effondrée, la majorité des survivants a décidé qu'il était temps d'arrêter de faire sa lessive ou se laver la figure. Une femme cyborg tente de fuir les ruines de New York où elle a récupéré des informations qui devraient permettre de trouver un remède à la maladie à condition qu'elle puisse rejoindre une équipe de chercheurs à Atlanta. Elle se fait capturer par une horde de malandrins alors qu'elle tente d'engager un mercenaire comme garde du corps. Le hasard faisant relativement bien les choses, il se trouve que le mercenaire en question a un compte à régler avec la horde de malandrins susmentionnée, et il décide donc de les suivre pour aller leur éclater la gueule. En chemin, il y a une meuf, des bastons, des flashbacks tristes et une évocation christique.
 

Quelques effets spéciaux dérisoires permettent de justifier le titre
en montrant l'une des actrices sous cet aspect de vilaine créature biomécanique.


Une des meilleures utilisations du fameux grand écart facial que Van Damme ait pu faire dans sa carrière, une crucifixion sur l'épave d'un bateau, et un méchant rasta en cotte de mailles, voilà à peu près tout ce qu'il y a de mémorable de Cyborg. Même si visuellement ça ne ressemble pas aux aventures de Musclor, la parenté avec Les Maîtres de l'univers se ressent : on dirait effectivement un dessin animé bébête des années 80, avec ses personnages aussi riches que le costaud qui fait "brrrraaaarrrrrgghhh", le costaud qui fait "weeeeeurrrrrhh" ou le costaud qui fait "grreeuuuuhhh", et ses rebondissements aussi bien trouvés que "merci de m'avoir sauvée mais on n'est qu'à la moitié du film donc ne me sauve pas, je me sauverai moi-même à la fin, oh et puis tiens finalement tu sais quoi, maintenant qu'on est à la fin, sauve-moi quand même". Les combats sous-exploitent les capacités du fringant Jean-Claude, la musique est gentiment pourrie, les fameux décors qu'il ne fallait surtout pas gâcher ne sont pas très impressionnants, on a l'impression que c'est tourné dans les restes d'un clip de Billy Idol.

Un groupe de durs à cuire marchant au ralenti avec des flammes dans le dos,
c'est pas d'une originalité folle mais ça fait toujours son petit effet.

C'est bas-de-gamme et bas-du-front, mais ça a le minimum de personnalité pour que les nostalgiques des séries B fauchées comme on en louait en vidéoclubs dans les années 80 y trouvent un petit charme (et ne seront pas trop dépaysés tant l'édition DVD est de mauvaise qualité), de même que les fans de sa vedette. Si vous avez déjà vu tous les classiques de cette époque, que vous êtes vraiment curieux de voir le film dont la suite a donné son premier rôle principal à Angelina Jolie, et que tant qu'il y a de l'action vous savez vous montrer indulgent même quand c'est très con, ça se laisse regarder.


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Cyborg (1988), écrit et réalisé par Albert Pyun (Nemesis) avec Jean-Claude Van Damme (Universal Soldier), Deborah Richter (Capitaine Furillo), Vincent Klyn (Point Break), Dale Haddon (Spermula), Ralf Moeller (Gladiator).

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 13:12

J'hésite à chroniquer Invasion Los Angeles, parce que bon, vous avez déjà vu Invasion Los Angeles, n'est-ce pas ? Mais Roddy Piper n'a pas tourné que pour Carpenter, il nous a aussi laissé un paquet de téléfilms obscurs qu'en France on ne trouve que dans de vieilles éditions DVD pourraves pour bacs à 1€, et comme à la base c'est un peu la raison d'être de ce site, c'est l'occasion de se replonger dans cet univers fascinant.

Epreuve mortelle nous vient de chez Prism, sous une jaquette qui propose, en plus d'un résumé gentiment con rempli de fautes de frappe, la fiche technique de Best of the Best avec Eric Roberts, histoire de nous rappeler quel éditeur sérieux et professionnel était Prism Leisure Corporation. Piper  y partage l'affiche avec une autre vedette du direct-to-video, Billy Blanks, ancien champion d'arts martiaux dont les vidéos de fitness ont eu suffisamment de succès, dans les années 90, pour attirer l'attention de producteurs de cinéma en quête du nouveau Van Damme ou Seagal.

Le gourou du Tae Bo joue "Quicksilver", un agent spécial de la CIA amnésique suite à une tentative de capture. A l'hôpital où il est soigné pour ses blessures, il se fait repérer par Elmo Freech, un détective privé/chasseur de primes persuadé qu'il s'agit d'un criminel en fuite qui va lui rapporter un paquet de pognon. Mais quand Elmo comprend qu'il a affaire à un agent tellement secret qu'officiellement, il n'existe pas, il décide de l'aider à échapper à ceux qui en ont après lui. Coup de chance, cette association sera l'occasion de faire d'une pierre deux coups (de tatanes dans la gueule), puisque les compères s'apercevront que les mafiosi qu'Elmo cherche à coincer depuis des mois sont impliqués dans un trafic d'armes et de drogue avec les traîtres de la CIA qui ont provoqué l'amnésie de Quicksilver qui, heureusement, se souvient encore comment être trop fort au kickboxing.

Même si périodiquement des personnages malfaisants en costard-cravate tiennent des réunions secrètes pour expliquer l'intrigue avec des airs sérieux, cette histoire de complot et d'amnésie est assez bébête et ne tient pas très bien debout. Mais c'est pas très grave, Epreuve mortelle ne cherche pas vraiment à être un thriller malin, simplement une histoire de camaraderie virile entre braves costauds aux personnalités contrastées, qui déambulent d'un décor à l'autre en distribuant généreusement blagues et bourre-pifs. C'est la version à petit budget de 48 heures ou L'Arme fatale, un moment de détente pour après-midi pluvieux, quand on a besoin de plaisirs simples comme accompagner deux cogneurs dans un monde
où il n'est pas de souci qu'on ne puisse dissiper d'un grand coup de pied sauté dans la tronche, où les méchants ronds-de-cuir arrogants finissent bien punis pour leur mauvaises actions, et où les gentils sont richement récompensés pour leurs exploits.
 


Avoir un bon copain, voilà c'qu'il y a d'meilleur au monde.


Le problème quand un film comme ça arrive de notre côté de l'Atlantique, malheureusement, c'est que soit le distributeur estime que ça ne mérite pas d'engager de vrais doubleurs professionnels, soit les acteurs chargés de la VF se sentent trop bien pour ce genre de couillonnade et sabotent leur travail. Comme il n'y a pas de VO sur le DVD, il faudra donc subir des doubleurs qui nous jouent ça en mode atone ou gogol. Et ça a beau n'être "que" un film de bagarre, je trouve que ça gâche sensiblement le charme du film, qui repose beaucoup sur les interactions rigolotes entre ses trois personnages principaux (les deux têtes d'affiche et Lisa Stahl, qui joue la secrétaire de Roddy Piper). Certains se consoleront en trouvant que, couplé à son scénario crétin, ça achève de faire basculer Epreuve mortelle dans le nanar. D'autres, avec les scènes d'action, variées et sympathiques. Des poursuites, des fusillades, et surtout, des bastons, avec l'occasion d'apprécier deux styles différents, Piper qui mélange tout en brutalité catch et combat de rue, Blanks qui avec son style rapide et aérien fait regretter qu'il n'ait pas fait plus de vrais films d'arts martiaux que de vidéos de remise en forme.
 


Même les cascadeurs ont l'air de s'être bien amusés sur le tournage.


Dans le genre téléfilm à 1€, il y a pire, celui-ci a le mérite d'avoir un petit peu de personnalité, des petites touches amusantes, Roddy Piper qui fait le guignol pendant la séance d'entraînement parce qu'il n'arrive pas à suivre, Billy Blanks qui pourrait simplement exploser un type à mains nues mais prend la peine de l'étrangler avec une chaise pour que ce soit plus original, les deux héros qui se mettent à se battre entre eux comme un hommage à Invasion Los Angeles, pas moins de deux visites dans des bars qui servent à rien à part ajouter des scènes de castagne en plus... Après, ben, voilà, si à la base c'est pas le genre de produit avec lequel vous aimez occuper vos jours d'arrêt maladie, je vais pas essayer de vous convaincre que celui-ci est tellement bien qu'il peut plaire même à quelqu'un qui n'est pas spécialement porté sur les petites productions bas-du-front avec des gens qui se tapent dessus et des choses qui explosent. Mais pour les fans, ça vaut bien 1€.



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Epreuve mortelle (Tough and Deadly, 1995), réalisé par Steve Cohen (Martial Law) sur un scénario d'Otto C. Pozzo (Dojo : la loi des arts martiaux). Avec Roddy Piper (Invasion Los Angeles), Billy Blanks (Le Dernier samaritain), Lisa Stahl (Jerry Maguire), Phil Morris (Smallville), Richard Norton (Mad Max: Fury Road), Sal Landi (Maniac).

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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 12:30

Coq de combatAllez, pour varier un peu, maintenant on va parler d'une adaptation de manga. Enfin, je vais parler tout seul d'une adaptation de manga, parce qu'à part jakbonhom, vous ne dites jamais rien. Je n'ai pas lu la BD, mais en version cinéma c'est l'histoire de Ryo Narushima, un jeune homme incarcéré pour le meurtre de ses parents, violé et tabassé en prison où son crime inexpliqué est considéré comme impardonnable, et qui apprend le karaté sous la houlette d'un codétenu pour pouvoir se venger de ses bourreaux. Sa peine purgée, il tente de retrouver sa soeur, mais sa tendance à régler ses problèmes à coups de tatane dans la gueule attire l'attention d'un maître d'arts martiaux, également promoteur du "Lethal Fight", un championnat de full contact. Avec son penchant pour la violence, Ryo accepte tout naturellement de participer, avec pour objectif de péter la tronche au champion en guise de revanche sur sa vie de paria. Trop arrogant pour se rendre compte qu'il n'a pas le niveau pour affronter des professionnels, il ne se doute pas qu'il n'est qu'un pion que l'organisateur compte utiliser pour un coup de pub, en offrant à la foule le spectacle du châtiment d'un meurtrier...

Même si la jaquette nous le vend avec un slogan sur "le freefight comme seule destinée", Coq de combat a le mérite de ne pas complètement ressembler aux autres films de costauds en colère qui se cognent dessus pour le plaisir d'une foule sadique. Le héros ne se bat pas pour l'argent, ou venger quelqu'un, ou parce qu'il est victime d'un chantage. Ce n'est pas une vieille gloire déchue qui remonte au sommet, ou un outsider qui va devenir le meilleur grâce à sa détermination. Ryo est une boule de haine et de violence, qui apprend vite mais ne cherche pas à aller plus loin, ses victoires en combat de rue l'ayant amené à croire qu'il était plus doué qu'il ne l'est réellement.
Il sait se battre, mais sur le ring il se retrouve toujours face à meilleur que lui et pour rester en compétition, il en est réduit aux coups bas et au dopage. Face à lui, pas de champion arrogant ni de psychopathe dégénéré, mais un type qui ne lui a jamais rien fait de mal et se bat honorablement. Même les motivations du promoteur sont un peu plus originales que d'habitude.

 
Coq de combat 01Même le montage d'entraînement inclut des choses qu'on ne voit pas tous les jours,
comme les tractions au-dessus du vide.


Mais il y a un revers à la médaille... Pour s'investir un peu dans ce genre de film, il faut qu'on ait envie de voir les combattants recevoir ce qu'ils méritent, une belle victoire pour le bosseur, ou une bonne correction pour le salaud... Mais ici, les rôles ne sont pas bien définis, on a un protagoniste foncièrement antipathique, qui triche, méprise ceux qui l'aident, cogne les filles, mais on devine qu'on est censé l'accepter comme une sorte de héros tragique, et un adversaire quasiment sans personnalité mais qui, par défaut, occupe la fonction de méchant. Tout ça mène à une fin qui ne satisfera même pas ceux qui auront, malgré tout, réussi à s'intéresser suffisamment à tout ça pour avoir envie de savoir comment l'histoire se termine. Et le retournement de situation se voit venir dès les premières minutes du film, sans mentir.


Coq de combat 02Les combats sont, heureusement, de meilleure qualité que dans des films comme Sang pour sang extrême .


Pour ne rien arranger, même quelqu'un comme moi qui n'a pas lu le manga peut voir à quel point l'adaptation s'est faite maladroitement. On dirait un "jeu à points" pour ceux qui ont lu le manga : si tu connais déjà l'histoire, tu sais ce qui manque et tu peux raccorder les scènes entre elles quand même, mais sinon tu en es réduit à voir défiler des personnages secondaires inutiles, des bouts d'intrigue qui vont nulle part. Le fait que le public des combats ait envie de voir Ryo mourir n'est jamais vraiment développé ou mis en scène. Le statut du jeune maître du dojo rival passe de "personnage probablement important" à "figurant qu'on revoit de temps en temps mais qui n'a aucune incidence sur rien" en une scène. On découvre furtivement le passé trouble de l'instructeur de Ryo, mais ça n'apporte aucun éclairage nouveau sur son caractère ou ses relations aux autres. La petite pute au grand coeur évoque deux secondes ses propres chagrins, et puis hop c'est balayé sous le tapis, pas le temps de creuser. On la voit se faire poignarder puis rafistoler par un chirurgien, on se dit que sa blessure ou sa grosse cicatrice en "X" vont avoir un impact sur la suite... mais non. Ryo teste des stéroïdes anabolisants super dangereux, et... euh, ben, voilà, c'est tout. Ca doit être ça qui lui donne un oeil rouge vers la fin, comme sur la jaquette, mais c'est tout. L'oeil rouge lui-même d'ailleurs, il sert à autre chose qu'à faire cool ? Y a une raison au fait qu'il semble disparaître et réapparaître d'une image à l'autre ? On sait pas, sûrement qu'il faut avoir lu le livre.


Coq de combat 031h40 ça ne laisse pas le temps de développer grand'chose, et
l'épisode de la rivalité entre la vieille et la nouvelle école de karaté
fait ainsi partie de ces moments qui peuvent être zappés sans rien perdre de l'intrigue du film.


Ca reste plus original et mieux fait que la majorité des films sur les MMA à petit budget que j'ai chroniqué ici, et ça bénéficie de combats plus réussis même s'ils ne sont pas spécialement spectaculaires ou inventifs. Pour un fan d'arts martiaux, ça se laisse regarder. Pour les autres, c'est un film qui a l'air de vouloir faire le malin sur le thème rebattu de la violence mais ne sait pas vraiment ce qu'il veut dire dessus à part peut-être "se faire violer en prison, ça vous change un homme", "les coups ça fait mal mais si on sait encaisser on peut toujours s'en relever", sans oublier l'ineffable "la foule, elle veut du sang et des os brisés, c'est pas bien, maintenant regarde mon film plein de sang et d'os brisés".

 

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Coq de combat (Shamo, 2007) réalisé par Soi Cheang (Love Battlefield) sur un scénario de Izô Hashimoto (Akira) et Seto Kam-Yuen (Exilé). Avec Shawn Yue (Infernal Affairs), Annie Liu, Francis Ng (Evil Cult), Leung Siu-Lung (Crazy Kung Fu).

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 16:45

TMNT Les Tortues NinjaBon ben voilà, avec celui-ci je me serai fait la totalité des aventures sorties en salles de ces reptiles férus d'arts martiaux. J'avais bon espoir que cette nouvelle adaptation ne soit pas trop mauvaise, d'abord parce que ces personnages sont plus à leur place dans un dessin animé que joués par des cascadeurs en costume, ensuite parce qu'en 2007 leur popularité n'était plus suffisante pour permette de vendre un produit dérivé d'aussi mauvaise qualité que la version de 1990 et qu'il était donc à peu près sûr que les frères Weinstein se soient un peu plus sortis les doigts du cul que la Golden Harvest en son temps, et enfin parce qu'avec un peu de chance le nouveau scénariste/réalisateur serait assez sensé pour accepter que l'époque où ce langage de golmons et cette attitude d'ados surexcités et frimeurs pouvaient passer pour cool était aujourd'hui révolue et qu'il était temps de rectifier le tir.

Le début du film n'est pas spécialement encourageant puisqu'on sent une volonté de suivre cette mode qui veut que tout film d'action prenne absolument des proportions épiques et doive avoir pour enjeu la sauvegarde du monde entier, vraisemblablement liée au succès du Seigneur des Anneaux et des films de superhéros. Il y est question d'un guerrier qui tenta de conquérir le monde il y a 3000 ans mais dont la soif de puissance entraîna la perte (l'auteur doit être fan du Retour de la Momie ou du Roi Scorpion). Par la suite heureusement on retourne à New York, où Raphaël, Donatello et Michel-Ange sont en chômage technique depuis la défaite de leur ennemi Shredder et le départ de Leonardo, leur maître leur ayant interdit de se battre tant que la famille n'était pas à nouveau au complet. Ils vont néanmoins devoir reprendre du service lorsqu'un groupe de monstres attaque la ville et qu'un richissime homme d'affaires semble décidé à capturer ces  féroces bestioles pour son usage personnel. Mais la plus grande menace qui pèse sur les Tortues vient de l'intérieur : Raphaël, déçu par ses frères et blessé par le refus de Maître Splinter de lui confier le commandement du groupe, décide de la jouer perso et met ainsi tous les autres en danger.


TMNT 01L'avantage du dessin animé c'est qu'il permet des acrobaties bien plus spectaculaires
que des costumes en caoutchouc.


Il aura fallu quatre tentatives mais on le tient, le film potable sur les Tortues Ninja. Le mitraillage constant d'expressions idiotes destinées à être répétées dans les cours de récré a disparu, les blagounettes sont discrètes et inoffensives, l'intrigue tient la route, les scènes d'action sont plutôt pas mal, les doubleurs ne sont pas mauvais (à part peut-être Zhang Ziyi de Tigre et Dragon, probablement pas très à l'aise quand elle joue en anglais). C'est plutôt bien rythmé (même si la première demi-heure laisse craindre que ça va un peu trop partir dans tous les sens), je ne me suis pas ennuyé devant, et si je devais le comparer à d'autres films d'animation récents qui visent à peu près le même public, je dirais que c'est meilleur que Clone Wars et The Prodigies. Techniquement ça n'arrive pas au niveau du Royaume de Ga'Hoole, c'est de l'image de synthèse à moyen budget avec des textures lisses et des personnages aux mouvements saccadés et aux physiques taillés sur les trois mêmes modèles, filiforme, obèse et Superman, mais en termes d'intérêt ça se vaut.


TMNT 02Le look des personnages humains n'est pas du tout à mon goût,
heureusement qu'on ne les voit pas trop.


Et quand je dis que ça se vaut je veux dire par-là que c'est sympathique, pas mal foutu, pas trop tarte, regardable, mais qu'il manque quelque chose qui en ferait une franche réussite. C'est peut-être parce que ce type d'animation fait un peu trop "pilote de série télé", ou bien à cause de cette manie agaçante dont je parlais plus haut, qui consiste à transformer n'importe quelle histoire de justiciers en film catastrophe apocalyptique, qui s'accorde assez mal avec l'univers des Tortues Ninja. C'est un poil trop solennel pour une aventure de mutants qui mettent des baffes à des monstres, d'autant que même si ça essaie d'aborder les relations entre les personnages sous un angle un peu sérieux, leur manque d'épaisseur (chacun n'a toujours qu'un unique trait de caractère, reflété par les carrières qu'ils ont choisies pour occuper leur temps libre : le geek travaille pour une hotline, le rigolo anime des goûters d'anniversaire...) empêche de vraiment s'impliquer dans leur petit drame familial. Bon évidemment c'est Les Tortues Ninja hein, pas du Wes Anderson, mais c'est avec ce genre de défaut que ce qui pourrait être un bon film pour toute la famille reste un simple film correct pour enfants et ados qui ne sera pas une torture pour un adulte amené à le regarder avec eux.


TMNT 03Mêler l'heroic fantasy à une histoire de justiciers du Bronx n'est pas la meilleure idée du film
mais le scénario réserve quelques rebondissements par trop bêtes.


Ca se trouve facilement en offre de type "6 pour 30€" et à ce prix-là, si vous voulez faire plaisir à une nièce ou un petit cousin qui aime les films de bagarre, c'est un achat qui me semble raisonnable. Et si vous êtes un adulte nostalgique mais suffisamment lucide pour vous douter qu'il vaut mieux éviter de revoir le film qui fit votre bonheur il y a près de 25 ans, TMNT vous fournira 80 minutes de Tortues Ninja sans vous donner honte des goûts de merde de votre jeunesse. Pour n'importe qui d'autre, ça n'est clairement pas un achat indispensable. 

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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 13:56

Les Tortues Ninja 2 aventuresMalgré la piètre qualité du premier film des Tortues Ninja, j'ai comme d'habitude choisi de donner une seconde chance au produit. Il se trouve que les deux suites sont réunies dans un même pack à 5€ donc voilà, je me suis fait toute la trilogie comme ça. Voilà à quoi on s'expose quand on fait naïvement confiance à des nostalgiques à oeillères.

Le Secret de la mutation démarre juste après la fin du premier épisode si l'on se base sur le fait que Shredder sort à peine de la benne à ordure dans laquelle il a été broyé et que les survivants du Clan du Pied arrivent tout juste à leur nouvelle planque, ou quelques semaines plus tard si l'on choisit plutôt de se fier à d'autres indices, puisqu'il n'est fait aucune mention de l'explosion de l'immeuble d'April O'Neil (désormais jouée par une nouvelle actrice, peut-être parce que Judith Hoag ressemblait trop à Jay Mohr en travelo) et de sa relation avec Casey Jones (qui est totalement absent du film), comme si tout cela était loin derrière elle, et qu'elle a l'air de connaître déjà par coeur les mauvaises habitudes des Tortues Ninja, qu'elle héberge dans son tout nouvel appartement. Et donc déjà là en cinq minutes de film on a compris que la qualité d'écriture est toujours au rendez-vous. Après un nouveau discours de Maître Splinter sur l'importance de vivre cachés et de ne jamais dévoiler leur existence aux humains, probablement parce qu'il a oublié qu'ils ont été vus par des dizaines de jeunes dans le film précédent et qu'ils vivent chez une journaliste, les quatre héros partent enquêter sur la substance à l'origine de leur mutation. Mais Shredder et ses sbires dérobent le dernier échantillon existant et s'en servent pour créer de nouvelles bestioles monstrueuses. S'ensuivent une série de péripéties repompées au premier film (Raphaël se met dans la panade en voulant faire cavalier seul, un ado joué par Ernie Reyes découvre leur secret...) et de bagarres jusqu'à ce que le réalisateur s'aperçoive qu'il a mis en boîte de quoi assembler 1h20 de scènes et qu'il est temps de passer au générique.


Les Tortues Ninja II 01Surtout n'allez pas croire que les auteurs du film ne sont pas en phase avec la jeunesse
sous prétexte que leurs tortues blaguent en citant Casablanca hein...
Les Tortues Ninja II 03...parce qu'ils sont totalement au courant de l'existence de Bart Simpson...

Les Tortues Ninja II 04...et de Vanilla Ice j'vous f'rais dire, ok ?


Les costumes et les masques animatroniques sont toujours ceux créées par la boîte de Jim Henson (le film est dédié à sa mémoire, pauvre homme) et les cascadeurs qui les portent sont toujours capables de pratiquer les arts martiaux avec une certaine aisance, mais une fois de plus c'est vraiment tout ce qu'il y a de gentil à dire et ça commence à faire très, très peu, d'abord parce que l'effet de surprise est passé et surtout parce que les défauts ont empiré. Le scénario est encore plus bidon, l'humour est encore plus à côté de la plaque, les personnages sont encore moins intéressants. L'impression générale est à mi-chemin entre le montage de scènes coupées de l'épisode précédent parce que jugées trop nulles, et la suite tournée à la va-vite pour le marché vidéo avec un tout petit budget dans les quelques décors qui étaient disponibles dans le studio à ce moment-là, en recyclant les idées de la version ciné. Mais non, c'est bien un film produit pour le grand écran, et avec deux fois plus de fric. Voilà ce qu'on obtient quand un truc qui n'a pas coûté cher rapporte des centaines de millions alors que c'est de la merde : les coupables essaient de voir s'ils peuvent re-toucher le jackpot avec la même formule mais en se foulant encore moins.


Les Tortues Ninja II 02Le design des nouvelles créatures ne les rend malheureusement pas bien menaçantes.


Un truc assez frappant dans cette suite, dont je m'étais pas vraiment rendu compte dans Les Tortues Ninja, c'est à quel point ces personnages sont finalement assez antipathiques. Non seulement les efforts pour les différencier sont toujours dérisoires (à un moment, on voit Donatello s'intéresser à une explication scientifique pour confirmer que c'est l'intello de la bande, et c'est à peu près tout), mais en plus au-delà du côté agaçant et répétitif de leurs jeux de mots poussifs et de leur langage de débiles profonds, ils sont capricieux, arrogants, sans considération pour leur entourage, et c'est pas comme s'ils étaient par ailleurs suffisamment cool ou charmants pour justifier cette attitude de m'as-tu-vu. Des Chimpunks grand modèle, quoi, avec un petit côté machiste puisqu'April est ici une bonniche consentante. Je me suis forcé à regarder jusqu'au bout mais vraiment, suivre ces gros blaireaux au gré d'une intrigue finie à la pisse, merci bien. Et vous savez quoi, je me suis même forcé à regarder le deuxième film du boîtier...


Les Tortues Ninja II 05Le produit qui a transformé les Tortues est tellement puissant
qu'il fait aussi muter le costume de Shredder.


Curieusement intitulé Nouvelle génération par un distributeur français qui devait avoir honte d'avouer que c'était une histoire de voyage dans le temps, le dernier épisode a le mérite de ne pas nous resservir la même soupe même s'il donne du même coup l'impression que les producteurs étaient prêts à essayer n'importe quoi (comme faire revenir Elias Koteas et lui donner deux rôles) après avoir gagné 100 millions de moins avec Le Secret de la mutation qu'avec le premier film. Dans celui-ci, April achète un vieux sceptre au marché aux puces pour l'offrir à Splinter, sans savoir que l'objet est magique. En activant accidentellement son pouvoir, elle se retrouve transportée dans le Japon médiéval, en pleine guerre de clans, ce qui pousse les tortues à utiliser le sceptre à leur tour pour partir à sa recherche. Sur place, ils vont aider des villageois dans leur lutte contre le daimyo qui, avec l'aide d'un marchand d'armes occidental, entend les massacrer pour avoir enlevé son fils, qui est en réalité parti de son plein gré par amour pour l'une des filles du village.


Les Tortues Ninja III 03Les nouveaux costumes sont malheureusement plus laids que ceux
réalisés par les créateurs des Muppets pour les autres épisodes...

Les Tortues Ninja III 02...et les chorégraphies des combats, bien que correctes, n'apportent absolument
rien qu'on n'ait pas déjà vu dans les deux autres films.

Bien que le point de départ soit idiot, qu'on ait l'impression que des réécritures et remontages sauvages (genre "tiens et si on rajoutait Casey Jones ?") ont été dictés en cours de route suite à des projections-tests, que les blagues soient toujours du genre qu'écrirait un quadragénaire qui s'est acheté un jean et fait percer l'oreille pour avoir l'air jeune, et que l'univers et les méchants du film n'aient pas grand'chose à voir avec ses héros, Les Tortues Ninja III est probablement le moins mauvais de la série. Peut-être parce que l'ambiance est un peu moins mongolo, que les personnages sont un peu plus supportables, qu'une fois qu'on est lancés dans la partie "samouraï" de l'intrigue elle tient à peu près la route. Ca reste médiocre et con, je me suis beaucoup ennuyé devant, mais c'était nettement moins agaçant que les deux autres. Pour un adulte ça doit être le plus regardable des trois.


Les Tortues Ninja III 01Rien de tel pour montrer qu'on est encore dans le coup en 1993 qu'une référence à Wayne's World,
quitte à sous-entendre que l'affection des reptiles pour leur copine humaine n'est pas
qu'un simple béguin innocent de cinéma pour enfants, mais qu'elle leur file une bonne grosse trique.


Cinq ou dix euros pour deux films ratés, dont l'un vraiment consternant, c'est évidemment bien trop cher payé, et même si la sortie d'une nouvelle série animée et de nouvelles gammes de jouets a fait de nouveaux fans parmi les enfants d'aujourd'hui, je ne pense pas qu'il soit très charitable de leur infliger ces vieilles merdes, ou alors à la rigueur si vous trouvez le 3ème tout seul pour pas très cher dans un Cash Express. C'est rare de pouvoir se dire que Michael Bay n'arrivera sans doute pas faire pire, mais c'est probablement le plus gros accomplissement de cette trilogie et ça n'est pas vraiment très glorieux.

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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 08:03

Les Tortues NinjaNées dans un comic underground en 1984 et transformées quelques années plus tard en usine à pognon par une adaptation en dessin animé, les Tortues Ninja refont surface périodiquement depuis 20 ans et seront à nouveau sur grand écran dans quelques mois par la faute de Michael Bay et du réalisateur de l'oubliable World Invasion: Battle Los Angeles. Beaucoup de ceux qui avaient entre six et douze ans à l'époque de sa sortie gardent un souvenir ému du premier film. Pour ma part, je l'avais vu alors que j'étais déjà trop vieux pour ça et je me rappelais d'un truc bébête avec des marionnettes moches. Je l'ai revu pour ma série de chroniques de films pour enfants pour les vacances scolaires, et je dois avouer que j'avais tort sur un point : les marionnettes, créées par le même studio que les Muppets, étaient vraiment très réussies.

L'action se déroule à New York alors qu'une vague de crimes frappe la ville. Le Clan du Pied, de méchants ninjas à la solde du cruel Shredder, recrute des adolescents et les pousse à commettre toutes sortes de vols au nez et à la barbe d'une police impuissante. Tandis qu'elle enquête sur l'affaire, la journaliste April O'Neil découvre l'existence d'une famille d'animaux humanoïdes qui utilisent leurs compétences en arts martiaux pour tenter de défendre les honnêtes citoyens contre les criminels. Il s'agit évidemment des Tortues Ninja, qu'on ne présente plus, et de leur mentor, un vieux rat plein de sagesse asiatique. Lorsque ce dernier est kidnappé par les hommes de main du Clan du Pied, les quatre tortues se retrouvent bien désemparées, mais après une petite mise au vert, elles trouveront la force d'aller affronter Shredder et ses sbires pour sauver leur maître.


Les Tortues Ninja 01

Les scènes de baston ne sont pas trop mauvaises quand on pense que les cascadeurs
portent des costumes aussi encombrants dans lesquels ils ne voient probablement rien.


Le film étire sur 85 minutes une intrigue tout juste bonne à remplir un épisode du dessin animé, soit le quart de cette durée. Les producteurs devaient se douter qu'il y avait peu de risque de se planter au box office et qu'ils pouvaient se permettre de confier l'écriture au premier incapable venu. C'est tombé sur un vieux monsieur qui n'avait signé que quelques épisodes de sitcoms comme Arnold et Willy ou Petite merveille avant, peut-être qu'ils lui devaient une faveur, je ne sais pas. En tout cas c'est très maladroitement raconté, et plombé par des dialogues ringards au possible. Je sais bien que ça s'adresse aux gosses et qu'ils n'analysent pas les scénarios en détail, surtout pas quand il s'agit de reptiles magiques qui font du karaté, mais ça n'empêche pas certains auteurs de films pour la jeunesse de se donner du mal pour essayer d'inventer de bonnes histoires bien ficelées, avec des personnages un peu consistants. Là, on est vraiment face à un produit dérivé pondu par un type qui avait une liste d'éléments à intégrer et pas beaucoup de bonnes idées sur la façon de les articuler entre elles.


Les Tortues Ninja 03Casey Jones, le personnage interprété par Elias Koteas, débarque de nulle part sans trop d'explication
et devient ami à la vie à la mort avec les tortues parce qu'il n'avait rien de mieux à faire ce jour-là.


Par exemple, il fallait bien raconter comment des tortues banales deviennent des ninjas, pour les parents qui accompagnent les gosses, et je ne pense pas qu'un flashback soit si difficile que ça à insérer intelligemment dans une histoire, mais ici il est amené de façon bien débile : alors qu'au début du film, le rat a fait un sermon aux tortues sur l'importance capitale de rester discrètes, de ne pas laisser les humains les voir, et de préserver leur cachette dans les égoûts, dix minutes plus tard le voilà ravi que ses protégés aient amené une journaliste chez eux, et il se met à tout lui raconter lui-même. Très logique, très habile, bravo. Notons d'ailleurs que cette histoire d'anonymat n'a rapidement plus aucune importance pour personne puisqu'après cette scène
les tortues ne se donnent même plus la peine de se déguiser pour sortir en public. Il faut dire aussi que, de la même façon que la journaliste a accepté sans sourciller l'existence de ces monstres, par la suite aucun humain ne semblera le moins du monde surpris de leur présence.


Les Tortues Ninja 02Leur homosexualité semble plutôt bien acceptée elle aussi.


Les auteurs ne se sont pas non plus beaucoup foulés au niveau du développement des personnages. Les quatre héros se différencient les uns des autres par la couleur de leur bandeau et leurs armes, mais à part ça, ça pourraît être quatre fois la même caricature horripilante d'adolescent rigolard persuadé d'être super cool, sauf si l'on considère que les quelques secondes consacrées à chacun pour le distinguer des autres leur confèrent à tous une personnalité. A un moment, Donatello aide à retaper une voiture : sa personnalité c'est qu'il aime bien bricoler ! Raphael sort tout seul pour aller au cinéma : sa personnalité c'est que c'est une tête brûlée ! Alors oui ok c'est toujours mieux que les Chipmunks et puis c'est Les Tortues Ninja, ce serait absurde de s'attendre à une psychologie complexe, mais un petit effort pour rendre les bestioles un peu plus attachantes et leur donner un peu de caractère au-delà de "ils aiment les pizzas et ils répètent des expressions à la con comme 'radical !' ou 'tubulaire !' pour faire jeune et cool" n'aurait pas été de trop.


Les Tortues Ninja 07Le repaire des méchants est une version typiquement années 90 du pays des jouets de Pinocchio,
où l'on s'adonne au skate, aux jeux vidéo et au hip-hop avant d'être changé en baudet ninja.
Du coup, le message véhiculé n'est pas super clair : être méchant, c'est bien ou pas ?


Pour ne rien arranger, des rebondissements aussi palpitants que "tout le monde va se reposer à la ferme le temps que Raphaël sorte du coma" ne sont pas vraiment ce qu'on peut imaginer de mieux pour dynamiser une comédie d'action. Heureusement, de temps en temps il y a une bagarre et là, je dois avouer que pour des types qui devaient se coltiner des costumes en caoutchouc d'environ une tonne chacun, les cascadeurs s'en sortent vraiment pas trop mal. C'est pas du Jackie Chan, c'est jamais hyper spectaculaire, mais c'est étonnamment acrobatique. Dans l'ensemble, les costumes sont le seul élément vraiment très réussi du film, les tortues ont un look sympa, des tronches expressives, les différentes marionnettes du rat sont pas mal non plus, les experts en animatronique du studio Jim Henson ont fait du beau boulot. Si dans l'esprit le film est assez proche du très naze  Double Dragon, on peut se consoler en se disant qu'au moins il ne partage pas son esthétique affreuse, et n'est pas déplaisant à regarder.


Les Tortues Ninja 05Contrairement à tout le reste, les effets spéciaux n'ont pas vieilli :
les costumes et les masques animés sont fidèles au cartoon et rendent bien à l'écran.


Je me doute bien que je ne convaincrai pas les incurables nostalgiques que leur joli souvenir d'enfance est en fait une grosse daube conçue par de vieux bonshommes cyniques sans aucun respect pour les jeunes consommateurs à qui ils l'ont vendue il y a près de 25 ans. Mais pour ceux qui y auraient échappé à l'époque, faites-moi confiance, à moins d'être le genre de curieux compulsif qui a absolument besoin de l'étudier pour sa thèse en nanarologie enfantine, il n'y a pas de raison valable de s'infliger aujourd'hui un truc aussi couillon, à l'humour atroce (les seuls moments drôles étant ceux, involontairement comiques, où le film essaie d'être dramatique) et rythmé par du rap de supermarché.

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 08:38

Dragon EyesEntre deux épisodes d'Universal Soldier, John Hyams a injecté son amour du cinéma et des arts martiaux dans un film un peu différent, sorte de version moderne des westerns spaghetti où un cowboy solitaire vient nettoyer une ville des desperados qui la parasitent. Ici, le mystérieux étranger est joué par Cung Le, un champion de MMA qui a déjà eu des rôles mineurs dans des films comme Fighting ou Tekken. A sa sortie de prison, il débarque à St. Jude et se met à tabasser et dépouiller les deux bandes qui se partagent le trafic de drogue local. Plutôt que de se fatiguer à l'affronter, le parrain du coin décide qu'il ferait mieux de le recruter, et voilà donc notre justicier autorisé à réorganiser les activités criminelles de façon "citoyenne et responsable" comme disent les entreprises françaises qui veulent faire croire qu'elles ne sont pas gérées par des pollueurs et des gros fils de pute. Mais l'arrangement ne tient pas longtemps, par la faute d'un troisième gang qui profite de l'affaiblissement des autres pour étendre son territoire, et de flics ripoux pas vraiment ravis de voir leur part du gâteau se réduire, et tout ce petit monde va donc être contraint de se remettre des coups sur la gueule.

Moins de deux minutes après le début du film, ce cher vieux Jean-Claude Van Damme a déjà éclaté un premier gugusse à coups de saton et on se dit, chouette, voilà un bon petit film de castagne qui va droit au but. Assez vite l'enthousiasme redescend d'un cran, à cause des couleurs retouchées et de ce gadget visuel agaçant et ringard de l'image qui se fige avec le nom du personnage qui s'inscrit à côté de sa tronche. On s'attend à ce genre de connerie de la part d'un naze qui se croit super cool et ne sait pas faire autrement, pour en convaincre son public aussi, que de ressasser des trucs qui faisaient branché dans les années 90, mais de la part de John Hyams c'est assez décevant. Surtout que c'est fait si maladroitement qu'on se retrouve avec des personnages qui sont nommés à la fois par le dialogue ET par une image fixe avec leur identité, et d'autres qui ne le sont pas du tout, ce qui finit par amener à une situation absurde où tout le monde en a après un certain "Feldman" et qu'en tant que spectateur, on ne sait pas qui c'est. Ce qui pourrait paraître délibéré et un peu malin si c'était pour finir par nous révéler un nouveau personnage important et mystérieux, mais là en fait c'est juste un personnage mineur déjà aperçu plus tôt mais que le film a oublié de nommer avant cette fameuse scène où son chef cherche à le joindre.


Dragon Eyes 03Dommage qu'un réalisateur qui n'a clairement pas besoin de ça pour que ses films aient de la gueule
se laisse aller à des artifices moisis comme les textes sur l'image et les filtres colorés dégueulasses.


Je conviens que c'est un détail, mais pour moi c'est un détail qui fâche. Après ça, il y a des hauts et des bas. La mise en scène est élégante. Il y a quelques idées originales, comme le fait qu'au lieu d'éliminer les gangs, le héros les pousse à rendre leur bizness moins nuisible. La musique est bonne. Les scènes d'arts martiaux sont réussies et Cung Le a un style à lui, il ne combat pas de façon "gracieuse" et agile comme disons un Jet Li ou même un Van Damme jeune, il n'a pas un physique d'athlète aux muscles bien sculptés, c'est un petit bagarreur noueux et brutal qui ne cherche pas à faire le clone de Bruce Lee ou Tony Jaa. En tant qu'acteur on va dire qu'il est minimaliste et que le rôle tire profit de ses limites au lieu d'en faire des faiblesses. Il a peu de répliques, tout passe par son langage corporel, son expression mélancolique, son air parfois un peu benêt. Ca pourrait être la version asiatique de Ryan Gosling s'il était beau gosse. Van Damme quant à lui tente un personnage à ma connaissance nouveau pour lui, le vieux mentor plein de sagesse (il a même des lunettes). Il n'a qu'une poignée de scènes, plutôt courtes en plus, du coup sa performance est moins marquante que dans JCVD ou même Le Jour du jugement, mais ça reste intéressant de le voir jouer autre chose que le héros. Peter Weller est amusant en salaud qui s'enorgueillit de ses racines italiennes, à leurs côtés il n'y a pas beaucoup de têtes connues (sauf peut-être des amateurs de mixed martial arts) mais chacun est convaincant dans son rôle.


Dragon Eyes 02Comme toujours chez Hyams, les scènes d'action sont impeccables,
fluides, lisibles, dynamiques et percutantes.


Mais voilà, comme j'ai dit, il y a des bas aussi. L'histoire n'est pas mauvaise mais pas super bien racontée, on a l'impression que des digressions se font au détriment d'éléments qui auraient gagné à être plus développés, que des scènes importantes n'ont pas survécu au montage parce qu'il fallait absolument que ça reste court parce que les amateurs de cinéma d'action sont incapables de rester attentifs plus d'1h25. Van Damme est sous-exploité (ses scènes ont clairement été filmées à part, indépendamment du tournage principal), l'intrigue secondaire sur le gang des Russes n'apporte pas grand'chose (si ce n'est quelques bastons, bienvenues certes, mais avait-on vraiment besoin d'ajouter de nouveaux personnages pour ça ?), le personnage féminin n'existe que pour servir d'otage. La fin est décevante, l'ensemble laisse l'impression d'un assemblage bancal de scènes plus ou moins réussies liées par un scénario auquel il manquait quelques pages, arrachées pour laisser la place à Trevor Prangley de se fritter avec des cascadeurs.


Dragon Eyes 01Jean-Claude a de beaux restes, mais malgré son nom et sa bobine
en gros sur la jaquette, il n'apparaît pas très longtemps dans le film.


J'espérais mieux de John Hyams mais justement, c'est peut-être le moment d'admettre que, malgré ses compétences évidentes, il ne réalisera pas d'autre vrai bon film tant qu'il ne travaillera pas avec de meilleurs scénaristes. Et, tant qu'on y est, tant que son envie de filmer de beaux combats entre ses idoles de l'ultimate fighting gardera la priorité sur les besoins des histoires qu'il raconte. Ou alors, qu'il fasse un Kickboxer hein, y a pas de honte, un Kickboxer Regeneration avec Van Damme dans le rôle du maître ça pourrait être classe. En tout cas, Dragon Eyes n'est pas franchement mauvais mais il n'est pas vraiment réussi non plus. Si des coups de tatanes dans la tronche bien chorégraphiés vous suffisent, c'est du bon, voyez-le sans hésiter. Si vous cherchez un peu plus que ça, c'est regardable quand même, mais loin d'être indispensable. 

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 08:25

Double DragonUn an après le bide de Super Mario Bros., la même année que l'étrange Street Fighter et un an avant le carton de Mortal Kombat, il y a eu une adaptation de jeu vidéo que tout le monde a un peu oubliée : Double Dragon, tiré d'une série de beat'em up aujourd'hui largement passée de mode. Dans le jeu d'arcade original deux frères jumeaux, Billy et Jimmy Lee, défonçaient tous les loubards de la ville (c'est-à-dire toute la ville en fait, parce que dans les années 80, toutes les grandes villes du monde étaient entièrement peuplées de gangs, et ça les livres d'histoire n'en parlent jamais) pour les beaux yeux de leur petite amie commune, Marian. Cette version ciné en reprend quelques éléments qu'elle tente d'incorporer à une comédie d'action pour enfants et handicapés mentaux, quelque chose à la croisée des chemins entre Les Tortues ninja, une adaptation pour jeune public du début des années 90 des Guerriers de la nuit et de RoboCop, et les films des "Barbarian Brothers". Si comme moi vous étiez jeune il y a vingt ans, vous avez probablement déjà compris que le résultat est redoutable, mais vous êtes peut-être encore suffisamment titillé par la perspective d'une Alyssa Milano de 22 ans en short pour rester lire la suite quand même.

L'action se situe dans le futur, en 2007 pour être exact, des années après qu'un tremblement de terre a détaché Los Angeles du continent et que les restes de la ville sont tombés aux mains de groupes de délinquants "à thème", les Iroquois, les Ecoliers, les Clowns, les Facteurs, les Ninjas, etc. Un homme d'affaires assoiffé de pouvoir (Robert "T-1000" Patrick, qui n'a pas l'air de s'amuser tant que ça en méchant ricanant) entend régner sur ce "New Angeles" grâce à un médaillon magique, le Double Dragon, qui confère à son porteur diverses aptitudes invraisemblables en fonction des besoins du scénario. Mais il lui manque la moitié de l'objet, détenue par les jeunes frères Lee, deux couillons installés dans les ruines d'un théâtre avec leur mère adoptive (qui jouait la meuf à Stallone dans Rambo II). Après avoir envoyé sans succès ses hommes de main à leurs trousses, il décide d'unir contre eux tous les gangs de la ville, et les frères Lee vont devoir s'allier au Power Corps, la bande de justiciers menée par Marian, leur copine en short, pour contrecarrer ses plans diaboliques. Hé, vous moquez pas hein, le scénario est de Peter Gould (Breaking Bad) d'après une histoire de Paul Dini (Batman, la série animée). Je vous jure.


Double Dragon 01L'idée de gangs costumés comme ceux de chez Walter Hill est goleri,
et certains décors du New Angeles post-apocalyptique ont de la gueule,
mais entre les effets spéciaux dérisoires et les images de synthèse moyennâgeuses,
l'espoir d'être face à un honnête petit film d'anticipation ne dure pas longtemps.


Lorsqu'ils apparaissent à l'écran pour la première fois, Billy et Jimmy participent à la finale d'un tournoi d'arts martiaux et on se dit que c'est plutôt bon signe, même si l'un des deux est joué par Scott Wolf de La Vie à cinq, qui en plus de ne pas savoir faire de karaté possède le talent et le charisme d'un acteur pour pubs de dentifrice. Malheureusement, par la suite le film oublie presque totalement qu'ils savent se battre et en fait deux guignols qui ne savent plus que grimacer d'effroi et s'enfuir face à la moindre adversité. Pour vous dire, le premier méchant qu'ils rencontrent, un type costaud mais tout seul et sans arme, il faut que ce soit des gamins déguisés en murs (c'est-à-dire qu'ils portent des manteaux gris couverts de tags pour se camoufler) (je vous jure) menés par une fille (Alyssa Milano en short) qui viennent les sauver, sinon ils étaient cuits. De temps en temps le réalisateur (issu du monde du clip, et qui n'a jamais refait de film depuis) se rappelle que le deuxième Lee est joué par Mark Dacascos, qui sait se battre pour de vrai, alors il y a une bagarre, mais la majeure partie des aventures des frangins consiste à se barrer en courant et en gueulant comme Macaulay Culkin dans Maman j'ai raté l'avion au gré des rebondissements d'un scénario complètement idiot.


Double Dragon 02Alors, qui imite le mieux une poupée gonflable ?


Alors, forcément, pour un film tiré d'un jeu de baston c'est un peu con. Dans la mesure où ils visaient un public de gosses qui jouaient à la Nintendo, c'est compréhensible que les producteurs aient renoncé à faire quelque chose d'ultra-violent dans une ambiance semi-réaliste, mais on peut faire du divertissement familial sans tomber dans la clownerie et le mauvais goût à ce point. Double Dragon ne manque pas vraiment de scènes d'action, mais presque toutes semblent n'être là que comme prétextes à nous infliger un humour niais au possible à base de vannes à deux balles et mimiques ridicules. Et non content d'être idiot, le film est également affreux, avec cette volonté de verser constamment dans le débile et le grotesque (parce que le studio a décidé qu'il n'y a que ça qui puisse plaire aux enfants) alliée à une exploitation du pire de ce qu'a produit la période fin des années 80/début des années 90 dans le genre "récupération commerciale des cultures hip-hop/skate par des publicitaires quadragénaires à catogan pour vendre une coolitude frelatée en supermarchés à des petits de 8 ans".


Double Dragon 03Le chef des Iroquois devient une espèce d'immonde boursouflure en caoutchouc
pour le plaisir d'agresser encore un peu plus les yeux du public.


Cela dit, j'avoue que c'est ce qui sauve le film de l'inintérêt total. Là où un King of Fighters est simplement nul et ennuyeux, Double Dragon est suffisamment consternant pour garder éveillé un spectateur trentenaire en agissant comme une sorte de d'exhumation de capsule temporelle anti-nostalgie. Non, tout n'était pas mieux avant. Le fluo, Crystal Waters, les jeux de "réalité virtuelle" bidon, Alyssa Milano en blonde platine à cheveux courts comme mascotte de nos plaisirs solitaires adolescents, les pin's, les petits Blancs propres sur eux avec une casquette à l'envers pour faire rappeurs, les bandanas, la dance music, c'était quand même un peu la honte tout ça, et le film en est un rappel douloureux mais un peu rigolo aussi quand même, parce que c'est pas si grave et que c'était pas complètement de notre faute.


Double Dragon 04PLUS JAMAIS CA.


Si vous avez mon âge et que vos gosses n'ont pas plus de six ans, ce ramassis bête et moche de singeries poussives pourra peut-être les occuper 1h30 ; après, vous pourrez enterrer le DVD dans le jardin et le ressortir en 2024 pour qu'ils se foutent bien de votre gueule quand vous leur expliquerez que du temps où vous aviez leur âge, pour être à la mode il fallait se saper comme les jeunes du Power Corps et se trémousser dans des boums sur de la techno. Et si vous êtes amateur de nanars, je reconnais que c'est suffisamment ahurissant de stupidité et de laideur pour valoir mieux que certaines adaptations de jeux disons "objectivement" meilleures mais insipides, comme Tekken, même si dans l'ensemble je crois qu'il est plus raisonnable de se cantonner aux Mortal Kombat. Mais si vous n'êtes pas le genre de public qui écume les Cash Express pour y dénicher de vieilles séries Z moisies, Double Dragon n'est clairement pas pour vous.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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