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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 15:58

PaperhouseQuand on parle des nuitées de samedi sur Canal +, bien sûr la plupart d'entre vous pense au premier du mois et au Journal du Hard parce que vous êtes des petits dépravés, mais pour ceux d'entre nous qui ont été jeunes il y a longtemps, c'était aussi l'une des rares occasions de voir du cinéma fantastique, d'horreur ou de science-fiction à la télé. C'est là que j'ai découvert Paperhouse, qui s'est fait plutôt rare depuis, et dont je gardais un très bon souvenir, mais vous savez comment c'est avec ce genre de film un peu "disparu" : au début on l'aime bien, puis il devient introuvable et il gagne une aura de petit chef-d'oeuvre perdu, parce que plus aucune chaîne ne le diffuse, qu'on n'a pas que ça à foutre d'écumer les brocantes en espérant trouver une VHS survivante, et que personne ne se décide à le sortir en DVD en France. Du coup, plus moyen de vérifier si c'était si bien que ça mais on se dit que ça l'était forcément, puisque ces gros cons d'éditeurs et de directeurs des programmes nous en privent parce qu'ils n'y connaissent rien. Mais bon, voilà, après quasiment 25 ans d'absence, on peut enfin se procurer le film de Bernard Rose (Candyman, Ludvig Van B.) facilement et pour pas cher et vérifier si c'était bien un trésor caché à redécouvrir, ou simplement un bon petit film atypique.

Adaptée d'un roman de Catherine Storr inédit en France, l'histoire est celle d'une écolière anglaise, Anna, qui nous fait sa petite crise de préadolescence : elle dessine en classe, elle sèche les cours... Elle a régulièrement des pertes de connaissance, au cours desquelles elle rêve qu'elle explore l'un de ses dessins, une maison au milieu de nulle part. Pour ne pas s'ennuyer lors de sa prochaine visite, elle décide d'améliorer son oeuvre, en dessinant l'intérieur, ainsi qu'un personnage à une fenêtre, pour avoir un ami. Mais Anna ne contrôle pas la façon dont ses dessins seront interprétés dans le monde des rêves, et s'aperçoit trop tard qu'elle ne peut pas effacer ce qui ne lui convient pas. Et quelques coups de crayon malheureux vont transformer sa "maison de papier" en théâtre de cauchemars.


Paperhouse 02Le menu du DVD donne l'impression d'avoir été réalisé pour un gentil petit film innocent pour enfants
mais même s'il convient au jeune public, Paperhouse contient son lot de scène inquiétantes.


La bonne nouvelle c'est qu'il y a plein de choses dans Paperhouse qui sont aussi bien que dans mes souvenirs. Le scénario prend des thèmes qui en soi ne sont pas foncièrement neufs, le dessin qui prend vie, la confusion entre rêve et réalité, mais les exploite de façon habile et originale, avec plein de bonnes idées. La vision du rêve est l'une des plus justes que j'aie pu voir dans un film, on n'est ni dans Freddy ni dans Inception, c'est un univers fait d'éléments du monde réel plus ou moins déformés, qu'on contrôle un peu (ici donc en faisant des dessins) mais jamais complètement (tout ajout au dessin, bon ou mauvais, est irréversible), qui peut être tantôt familier ou inquiétant, et qui malgré les événements fantaisistes qui s'y déroulent, obéit à certaines règles arbitraires de "simili-réalisme" (on ne peut pas faire apparaître par magie les cornets dont on a besoin pour la machine à faire des glaces à l'italienne, il fallait penser à les dessiner avant).


Paperhouse 04La maison du titre n'est pas le seul lieu que visite Anna dans ses rêves, et visiblement Bernard Rose
a le goût des grands édifices surplombant une campagne déserte.


 Le décor et les accessoires sont excellents, aussi bien intérieurement qu'extérieurement c'est plein de trouvailles visuelles pour vraiment donner l'impression d'un trait enfantin maladroit transformé en objet réel mais en gardant sa forme biscornue. La maison, le mobilier, le vélo... Les coups de crayon rageux pour faire disparaître ce qu'on n'aime pas, et qui se transforment en affreuses balafres... Le tout est joliment filmé, y a pas vraiment d'effets de mise en scène super fous mais de beaux plans comme cette image qui décore la jaquette (bien meilleure que l'ancienne). Tous ses bons côtés en font vraiment un film unique et attachant, d'autant plus aujourd'hui qu'il appartient à un genre quasiment abandonné, le fantastique pur. On ne bascule jamais complètement dans le film d'horreur, le surnaturel n'est toujours qu'une hypothèse, mais on n'essaie pas non plus de tout nous expliquer par la science. J'ai pas souvenir de beaucoup de réalisateurs qui tentent de faire du thriller psycho-onirique comme ça sans verser dans le truc intello abscons à la David Lynch.


Paperhouse 01"Maman, où est mon kimono ? C'est aujourd'hui que j'ai ma compète contre les Coréens !!"


Oui mais voilà, malgré tout ça... j'ai eu très vite la triste impression que finalement non, Paperhouse n'était pas le super film qu'il était devenu dans ma tête, déjà parce que quelque chose casse immédiatement l'ambiance : les acteurs ne sont vraiment pas très bons. C'est pas facile de trouver des enfants qui savent jouer et la petite Charlotte Burke, dont c'est d'ailleurs resté l'unique rôle, est plutôt mauvaise. Oh, pas le genre tête à claques insupportable à force d'en faire trop pour paraître cool ou adorable, au moins c'est déjà ça, mais elle joue faux. Et les adultes autour ne font pas beaucoup d'efforts pour relever le niveau. Ajoutons que l'épilogue traîne en longueur tandis que la relation entre Anna et son ami imaginaire dans la maison de papier est finalement sous-exploitée, que la musique verse un peu trop souvent dans le larmoyant/grandiloquent, et le résultat ne sort pas indemne d'un deuxième visionnage, même si le premier remonte à plus de vingt ans.


Paperhouse 03On croirait plus facilement à la petite amourette pleine de grands mots passionnés
des deux enfants si on avait passé un peu plus de temps à les voir s'amuser
dans leur maison imaginaire et un peu moins à regarder le film se finir poussivement.


Ca me rend un peu triste, et je conseillerais à tous ceux qui auraient déjà vu Paperhouse dans leur jeunesse de laisser leur souvenir intact et de ne pas revoir le film, sauf si vous vous sentez d'humeur indulgente face à une petite actrice qui joue comme la fille des vieilles pubs pour Mir Express (oui, pour les jeunes, c'était ça l'histoire du kimono dans la légende de la photo plus haut). Pour ceux qui le découvriraient en revanche, les qualités devraient être suffisantes pour passer l'éponge sur les défauts. Ca n'est pas le grand film qu'il a pu devenir dans la mémoire de certains fans, c'est une espèce de film d'épouvante malin pour jeune public, doublé d'un beau film sur le rêve et l'enfance, et qui ne ressemble à aucun autre. C'est dommage qu'il soit raté, mais il mérite d'être vu au moins une fois.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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