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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 08:36

KalidorCa devait faire une bonne vingtaine d'années que je n'avais pas revu ce film et je dois dire que mes souvenirs était assez flous. Sa chronique sur Nanarland m'avait donné envie de le "revisiter" et sa présence à 5€ dans les bacs de soldes cette année m'a convaincu d'acheter le DVD. Curieusement, ça ne correspond ni à mes vagues souvenirs ni à l'idée que je m'en faisais après lecture de l'article en question (ou de diverses autres critiques le descendant en flammes comme une ignoble merde). Mérite-t-il pour autant une réhabilitation ? Faut voir.

Tourné en 1985 alors que le producteur des deux aventures de Conan tentait de surfer sur son succès tout en se renouvelant un peu, le film s'appelle à l'origine Red Sonja, du nom du véritable personnage principal (Kalidor étant celui interprété par Schwarzenegger). Bien que présenté comme une autre adaptation de Robert Ervin Howard, Kalidor met en réalité en scène un personnage né dans les comics Marvel. Bizarrement, ça ne s'est pas fini en procès ; il faut croire que les gens de chez Marvel s'étaient piégés eux-mêmes en présentant leur héroïne comme la version BD de Sonya la Rouge, un personnage effectivement créé par Howard, pour s'assurer l'adhésion des fans de Conan.

Bon, vous me direz qu'on s'en branle un peu, mais au cas où vous ne le sauriez pas déjà, soyez prévenus : le colosse autrichien n'a ici qu'un second rôle et laisse la vedette à Brigitte Nielsen, devenue l'une des icônes des années 80 avec ses implants mammaires démesurés, son mariage raté avec Stallone et ses apparitions dans Cobra, Rocky IV ou Le Flic de Beverly Hills 2, mais qui à l'époque n'était qu'une grande bringue scandinave totalement inconnue, dénichée à la dernière minute par Dino de Laurentiis qui désespérait de ne pas trouver d'actrice assez imposante pour donner vie à sa version féminine de Conan le Barbare, et a fini par se contenter d'un mannequin sans expérience cinématographique.


Kalidor02Le rôle de Schwarzenegger se limite à des apparitions sporadiques, chaque fois
qu'il s'agit de montrer que Sonia est une nullasse qui ne s'en sortirait jamais sans l'aide d'un homme.


Les choses ne commencent pas très joyeusement pour la pauvre Sonia la Rousse, ayant refusé ses charmes à la cruelle reine Gedren, elle est condamnée à mort avec toute sa famille. Mais elle survit à la boucherie, et  par chance, une bonne fée, ou une déesse, j'ai oublié, décide de lui faire don d'un talent exceptionnel pour le maniement de l'épée. Des années plus tard, Gedren s'empare d'un talisman divin gardé par des prêtresses-guerrières et Sonia, mise au courant des faits au moment même où elle achève sa formation de bretteuse dans une sorte de monastère shaolin hyperboréen, part à sa recherche pour déjouer ses plans de conquête du monde. Refusant au départ toute aide extérieure, elle finit par accepter de voyager avec un jeune prince arrogant et son serviteur/souffre-douleur, ainsi qu'avec le mystérieux Kalidor, guerrier errant qui surgit toujours au bon moment pour la tirer des mauvais pas...


Kalidor04Le film s'ouvre sur le viol de l'héroïne et le massacre de sa famille, puis oscille
entre scènes de comédie, aventure tous publics et décapitations et démembrements.
Autrement dit, c'est un peu le cul entre deux chaises, quelque part entre Conan le Destructeur et Willow.


Le scénario n'est donc pas follement original, et souffre en plus d'un certain manque de relecture, à moins que ce ne soit d'un abus de réécritures. Ainsi, on nous dit au début que toute la famille de Sonia a été massacrée par les hommes de Gedren, et quelques scènes plus loin on lui découvre une soeur du même âge toujours en vie. On nous montre la bonne fée accordant par magie à Sonia une habileté sans égale à l'épée, et un quart d'heure plus tard on voit que c'est par un entraînement avec un maître d'armes qu'elle l'a acquise. Kalidor refuse d'expliquer sa motivation première dans sa quête du talisman, et quand enfin il la révèle on se demande bien pourquoi il a tenu à faire des mystères dessus. Alors, c'est pas que ça soit vraiment choquant mais ça témoigne d'une certaine paresse, et quoi qu'on puisse dire sur la nécessité de "débrancher son cerveau" lorsqu'on regarde ce genre de film, ce n'est pas sur une intrigue paresseuse qu'on peut construire une aventure épique.


Kalidor01Une vingtaine de participants à tout casser, une mise en scène un peu molle,
des gaffes visibles comme ici une poche de sang qui explose au mauvais moment :
le premier combat donne le ton, personne ne s'est trop foulé à essayer de faire de la série B haut-de-gamme.


Le film souffre également d'un certain manque de moyens. On n'est pas dans du bis italien tourné pour des clopinettes à la Barbarians, y a Richard Fleischer à la réalisation et Ennio Morricone à la musique, certains éléments de décors sont originaux et réussis (comme cette espèce de statue/fossile de taureau géant qui orne la jaquette) donc ça a quand même un minimum de classe, mais à côté de ça, on a des temples et des forteresses en carton-pâte, des bracelets et des diadèmes de chez Tati, peu de scènes de batailles, des armées qui consistent en quelques poignées de figurants à peine... Le casting principal n'est d'ailleurs pas plus impressionnant, on est loin de James Earl Jones et Max Von Sydow dans Conan le Barbare ou même de Grace Jones et Wilt Chamberlain dans Conan le Destructeur : Schwarzie n'apparaît que dans quelques scènes, et à part ça, il faut se contenter du type qui jouait "Rabban la Bête" dans Dune, de Ernie Reyes de Dernier Dragon, et de Sandahl "Valeria, la meuf à Conan" Bergman dans le rôle de la méchante.


Kalidor03Amateurs de matte paintings un peu classieux, sachez que Kalidor offre quelques beaux paysages,
l'un des rares éléments à donner un peu de cachet à une production un poil cheap.


Et puis au centre de tout ça, il y a Brigitte Nielsen. Et elle est vraiment, vraiment bien nulle. Toutes ses répliques, qu'elle prononce avec le même air totalement inexpressif, sonnent faux. Et ça aurait pu être drôle si elle y avait mis un minimum d'énergie et de conviction, façon Farrugia dans La Cité de la Peur, mais ça n'est même pas le cas. Elle n'est pas non plus crédible l'épée à la main, et il me semble même qu'elle est doublée par un cascadeur masculin pour certains duels... Comme face à elle, Schwarzenegger n'est pas vraiment non plus un grand acteur et joue ses quelques scènes sans l'entrain qu'il a mis dans les Conan, là je vais me permettre d'aller complètement à l'opposé de l'avis de Nikita sur Nanarland et déclarer que le seul acteur à briller un peu est finalement le gamin dans son rôle de faire-valoir comique. Son personnage de petit coq imbuvable au langage ampoulé est, à mes yeux, l'une des rares touches un peu originales et intéressantes du film.


Kalidor05Ernie Reyes en insupportable nobliau déchu capricieux et présomptueux
donne un peu de saveur à un film bien fade dans l'ensemble.


Ca n'est quand même pas non plus irregardable pour peu que vous soyez un minimum fan d'heroic fantasy, mais je n'y vois ni un bon film ni un nanar, même pas pour "nanardeurs débutants". Ceux qui espéraient une héroïne aussi sexy que "la Diablesse à l'épée" des comics seront déçus, ceux qui imaginaient un film un peu "girl power" aussi vu que Sonia se révèle incapable de s'en tirer sans l'aide de Kalidor dès que ça chauffe un peu, et finit même par avouer que oui, contrairement à ce qu'elle affirmait, elle a effectivement besoin d'un homme pour réussir. Ca fera plaisir aux féministes. Dans le genre, ça n'atteint même pas le niveau de Conan le Destructeur (lui-même moins réussi que Conan le Barbare) et ceux qui veulent rigoler un bon coup préféreront le réjouissant Barbarians, Kalidor n'étant vraiment pas drôle. Malgré quelques scènes sanglantes, ça peut à la rigueur faire office de divertissement familial pas trop naze pour après-midi pluvieux, mais c'est loin d'être une pièce indispensable à votre DVDthèque.

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 09:36

Valhalla RisingDistribué en salles en tant que Le Guerrier Silencieux, le dernier film du réalisateur de Bronson a retrouvé son titre original pour sa sortie en DVD, mais comme Valhalla Rising tout seul ça ressemble un peu trop au nom d'un groupe de heavy metal scandinave, l'éditeur Wild Bunch y a adjoint un sous-titre, Le Guerrier des ténèbres. Pourtant, pour une fois, le premier titre français était pas mal et annonçait bien la couleur, puisque le héros (ou anti-héros) est effectivement un guerrier qui ne parle jamais et que le film lui-même n'utilise de dialogues qu'avec la plus grande parcimonie.

Se voulant un "film de Vikings d'art et d'essai", Valhalla Rising pourrait presque être un prologue à Pathfinder puisqu'il raconte comment un groupe de croisés scandinaves se perd sur la route de Jérusalem et débarque sur un mystérieux continent dont les habitants, hostiles, leur tirent des flèches depuis leurs cachettes dans la forêt. Tombant un à un sous les traits de leurs assaillants invisibles ou l'effet de la faim, les voyageurs commencent à craindre que le guerrier païen borgne et muet qui les accompagne les a conduits tout droit en Enfer...

Du réalisateur danois Nicolas Winding Refn, je n'avais vu que le creux et prétentieux Bronson, qui mettait en scène de manière théâtrale la vie d'un type beaucoup moins intéressant que ce que le film tentait de nous faire croire, puisque l'oeuvre du bonhomme se limitait à taper sur ses contemporains sans raison particulière et, parfois, à peindre. Le Guerrier des ténèbres confirme la fascination de son auteur pour les durs à cuire dont la principale voire unique qualité consiste à être très fort à la bagarre. Ici, "Le Borgne" est au départ un esclave que son maître fait concourir dans une version médiévale de l'ultimate fighting et qui arrive à vaincre tout le monde tellement il est trop fort. Puis il accepte de suivre les Croisés en Terre Sainte parce qu'ils lui ont promis que, au cas où l'aspect religieux de l'expédition ne l'intéressait pas, il aurait au moins la possibilité d'étriper autant de gens qu'il voudrait. Ensuite il se bat encore, et ensuite voilà, c'est tout. Le personnage central se résume vraiment à ça.


Valhalla Rising 01Du coup c'est vrai que par moments c'est un peu violent et sanglant.


Du coup, je ne vais pas en vouloir à son interprète, Mads Mikkelsen, d'afficher la même expression pendant 1h20. Le réalisateur n'a pas dû lui donner d'autre indication que "prends un air à la fois farouche, désabusé, mystérieux et tragique" et comme il n'y a vraiment rien à faire de plus, sa performance se limite à ça : faire la gueule tout au long du film. Bronson nous offrait au moins le numéro d'acteur de Tom Hardy dans le rôle-titre, qui parvenait à donner un peu de charme à un personnage sans véritable épaisseur grâce à son entrain et son bagout. Mais le guerrier silencieux, lui, comme son nom l'indique, il ne dit rien. Il ne vanne pas, il ne fanfaronne pas, il ne cherche pas à te convaincre qu'il est cool et rigolo. Il arbore constamment la mine grave de celui qui comprend et accepte avec abnégation le fait que la vie est une tartine de merde et qu'à la fin il faut mourir. Des fois il pète la gueule à des gens. Des fois il regarde l'horizon. Après il repète la gueule à d'autres gens, et ensuite il re-regarde l'horizon. Comme la chorégraphie des combats consiste à peu près toujours à se rouler dans la boue en se collant de gros coups de poings et que c'est filmé caméra à l'épaule, genre on est censé croire que c'est pas de la fiction mais un documentaire tourné au XIème siècle en plein coeur de l'action, ça n'a même pas l'attrait d'un vrai film de baston.


Valhalla Rising 02C'est du cinéma moderne, donc toutes les séquences d'action ressemblent à ça.


C'est rigolo d'ailleurs, de se dire que le film séduit des gens qui, par ailleurs, se moqueront d'un Stallone, d'un Seagal, d'un Van Damme, parce que "ha ha ha, il garde le même visage inexpressif tout le temps et tout ce qu'il sait faire c'est cogner". Ou alors ne pourront pas s'empêcher de dire que, s'ils l'ont apprécié, c'était "au second degré" ou "le cerveau débranché". Là apparemment, on peut apprécier au premier degré et avec le cerveau sous tension, parce que ce qui fait normalement l'attrait d'un film d'action a été remplacé par des prétentions intello-arty.


Valhalla Rising 03Ce n'est pas un bête film de Vikings, c'est une oeuvre riche et forte sur
l'homme face à la nature sous le regard de Dieu, tu comprends ?


Car oui, Valhalla Rising est un film où on s'explose la cheutron entre brutes velues, mais c'est pour exprimer son mal-être et ses angoisses existentielles dans un monde où la religion éloigne l'Homme de la nature tandis que la violence fait de lui une bête. Ou un truc comme ça. C'est un film oùùùùù oooooooon faaaaaait deeeeeees geeeeeeeeestes trèèèèèèèèès leeeeeeeeeeents et sollenneeeeeeeels en sileeeeeeeeence, même pour simplement boire de l'eau d'une gourde, parce que quand tu fais les choses tout lentement sans rien dire, elles deviennent tout de suite lourdes de sens, et artistiques. C'est un film où des hommes se lancent des regards noirs ou observent le lointain d'un air pensif, et c'est artistique parce qu'avec la retouche numérique, en jouant sur les couleurs et les contrastes, un visage buriné et crasseux qui se détache sur un ciel tout bleu ou tout vert ou tout gris, c'est beau comme ces vieilles pubs "Tartare" qui nous invitaient à aller mastiquer des tartines de fromage crémeux dans les steppes de Mongolie. C'est un film où l'ensemble des personnages doit prononcer un total de 15 ou 20 répliques en 80 minutes ; la plupart du temps, personne ne moufte, mais parfois l'un d'eux prend un air grave et sort un truc puissant comme "Cet homme vient de l'Enfer et il nous a menés en Enfer" ou "Je suis venu ici pour le pardon de mes fils".


Valhalla Rising 04Un vieux dicton viking dit
"L'homme sage est celui qui sait boire son eau au ralenti".


Forcément, comme c'est lent et qu'il ne se passe presque jamais rien, c'est un film extrêmement chiant. Mais vous savez ce que c'est : si c'est chiant et que les images sont bien léchées, c'est que c'est de l'Art. Même si l'esthétique a un côté "publicité du ministère du Tourisme". Mais attention hein, pas pour le tourisme des beaufs, pas le genre carte postale mignonne et pittoresque. Plutôt le genre "ici c'est pas le soleil et la plage, c'est sauvage, c'est rude, c'est pur, tu côtoies des gens vrais". C'est plus des vacances, c'est de l'expérience mystique, du voyage spirituel. Va en Ecosse et entre en contact avec ton animal-totem. Ce sera sûrement un aigle ou un loup, parce que c'est pas trop la classe de rentrer de voyage spirituel et de faire une séance diapo au cours de laquelle tu devras dire à tes potes "Voyez, ça c'est mon animal-totem, le ténia. On est entrés en contact après que j'ai bouffé un haggis douteux au restaurant de l'hôtel à Kilgairlochnish".


Valhalla Rising 05Et pour ceux qui pensent que j'exagère, ci-dessus, une séquence du film...

Ecosse...et là, une image provenant de la page d'accueil
du site de l'office du tourisme écossais.

Mais je m'égare. Vous aurez sans doute compris que je n'ai pas tellement aimé Valhalla Rising. J'irai même jusqu'à dire que j'ai trouvé ça très pompeux, plein de vide et terriblement ennuyeux. Je n'espérais pas une aventure épique avec des grandes batailles, j'étais vraiment curieux de voir à quoi ça pouvait bien ressembler, un film d'auteur avec des vikings, sauf que quand l'auteur en question est aussi surfait que Nicolas Winding Refn, malheureusement ça ne donne rien. Si vous tenez absolument à vous faire une idée par vous-même, la bonne nouvelle c'est que pour un peu moins de 15 € vous devriez pouvoir le trouver en coffret avec le nettement plus réussi Outlander, dont je vous parlerai bientôt. Ca fait 10 € pour le chouette Outlander et 3-5€ pour cette merde, ce qui est déjà trop cher mais pour l'instant c'est le meilleur prix. Mais ne l'achetez pas sans Outlander en bonus, ça mérite pas.

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 08:21

SinbadJe ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je trouve que ça commence à s'embourgeoiser par ici franchement, avec des films connus, des films à gros budgets, si ça continue on risquerait même d'avoir des films bien. Alors je sais bien que la règle c'est pas "Il faut que ce soit obscur et/ou nul" mais "Il faut que le DVD ne coûte pas plus de dix euros", mais tout de même. Histoire de renouer un peu avec mes racines à l'approche du premier anniversaire de Ciné Discount (il reste moins d'un mois, ne vous laissez pas surprendre à la dernière minute, pensez aux cadeaux dès maintenant), j'ai décidé de me passer un beau film des éditions RED/Barucq, du lourd, du costaud, du Lou Ferrigno.

Produit par le proverbial nanardeur Yoram Globus à l'époque où ça commençait déjà à sentir bien le sapin pour sa firme, la Cannon, le film d'Enzo Castellari (Une Poignée de Salopards, alias Inglorious Bastards) entend nous narrer avec un budget d'environ douze piastres et trois maravédis cinquante une aventure du légendaire marin de Bassorah tirée non pas des classiques Contes des Mille et une nuits, mais de La Mille et deuxième nuit de Shéhérazade, un pastiche signé Edgar Allan Poe. Par curiosité, j'ai lu l'histoire en question après avoir vu le film, ça n'a absolument aucun rapport (à part que le personnage central s'appelle Sinbad). Globus a dû penser que personne ne connaissait Les Mille et une nuits en Occident et que ça serait plus vendeur avec un auteur ricain...


Sinbad 01C'est vrai que là on se sent vraiment tout de suite transporté dans l'ambiance magique de l'Orient.


Bref, c'est rigolo, parce que ça nous donne une introduction où une brave mère de famille décide de lire du Edgar Poe à sa fillette pour l'endormir, ce qui est un peu irresponsable en plus de ressembler à une façon idiote de singer l'indispensable Princess Bride. Dans ce récit, le méchant grand vizir Jaffar renverse le calife de "Basia" (les doubleurs de la version française, seule présente sur le disque évidemment, on appremment pris le "r" de Basra pour un "i") et entreprend d'asservir sa fille, la princesse Alina, promise au prince Ali, meilleur ami de Sinbad le marin. Son esprit pur lui résiste, notamment grâce à la puissance de gemmes magiques que le vizir décide donc de disperser aux quatre vents pour pouvoir briser sa volonté. Le valeureux Sinbad, de retour d'un voyage avec ses compagnons, ne l'entend pas de cette oreille, et lui et sa bande partent donc à la recherche des gemmes, sans lesquelles ils ne pourront vaincre Jaffar et sa magie noire.


Sinbad 04En plus, il a une dominatrice SM culturiste pour décorer son antre.


Sur ce point de départ classique et pas plus con qu'un autre, Castellari et le scénariste Lewis Coates (Luigi Cozzi, responsable de la mythique série Z Starcrash !) ont concocté 80 minutes de molles aventures où l'indigence des effets spéciaux le dispute à l'incohérence des situations. On comprend en cours de route que le tournage n'a jamais été achevé, mais que ce qui était déjà mis en boîte au moment où la production a dit "y a plus de sous, on arrête tout" permettait tout de même de bricoler un long métrage avec un début, une fin et quelques rebondissements entre les deux, et qu'on a donc chargé un monteur de sauver ce qu'il pouvait et d'assembler un film à partir de séquences plus ou moins décousues.


 Sinbad 09Il a quand même trouvé de quoi nous donner deux Lou Ferrignos (des Lou Ferrigni ?) pour le prix d'un...
Sinbad 03...la femme à Claude Lelouch encore jeune et jolie dans le rôle de la fille d'Haroun El Poussah...
Sinbad 05...Prince Pédé, le héros du goûter, dans son match retour contre l'armure vide de la pub des gâteaux...
Sinbad 06...et d'étonnantes créatures probablement rejetées au casting des Maîtres de l'Univers, alors chapeau l'artiste !


On ne sera donc pas trop surpris qu'un pareil accouchement dans la douleur ait donné naissance à un bébé malformé. Mauvais raccords, transitions foireuses, rebondissements mentionnés par le dialogue mais passés à la trappe, le film n'a honte de rien. On mentionne cinq gemmes magiques à récupérer au début du film, comme ils n'ont pas tourné assez de scènes ça passe à quatre en cours d'histoire, puis à la fin quand Sinbad les utilise il en apparaît cinq quand même. Jaffar s'adjoint les services d'une sorcière blonde baraquée mais elle ne fait rien pendant tout le film à part papoter avec lui, on devine qu'il aurait dû y avoir des séquences la montrant en train d'utiliser sa magie contre les héros ou quelque chose dans ce genre-là, mais que sa prestation a été réduite faute de moyens. Sinbad demande à ses compagnons de "s'occuper du monstre" pendant qu'il part affronter le vizir, sauf que le monstre en question ne sera jamais vu ou mentionné après cette réplique (ni avant d'ailleurs). Les séquences s'enchaînent fréquemment de manière plutôt abrupte, et c'est la maman-narratrice qui bouche les trous.


Sinbad 02"Et à ce moment-là, tout l'équipage qui était perdu sur une île se retrouve téléporté sur le bateau !"


Tout ce rafistolage grossier ne suffirait peut-être pas à assurer un label qualité nanar à Sinbad, mais heureusement, les ingrédients les plus importants d'un mauvais film drôle sont là aussi. Des effets spéciaux miteux, des dialogues idiots, des péripéties débiles (Sinbad, ami des animaux, noue des serpents en caoutchouc pour se faire une corde...), des sous-fifres à la con comme un samouraï chinois, des seconds rôles "comiques" pas drôles, c'est le bis italien des années 80 dans toute sa non-splendeur. On a aussi droit à la vieille gloire qui en fait des tonnes, avec un John Steiner  (le méchant des Croc Blanc de Lucio Fulci) qui gesticule et grimace avec les yeux exorbités pendant tout le film dans un rôle à la Iznogoud.


John SteinerMOUHOUHOUHOUHAHA Prince des TENEBRES, donne-moi la TOUTE PUISSANCE
pour devenir CALIFE A LA PLACE DU CALIFE !!!


Et puis, dans le rôle-titre du rusé marchand devenu pour les besoins du film un guerrier musclé, il y a Lou Ferrigno, le plus mauvais acteur du monde. Entendons-nous bien : il a un physique invraisemblable qui aurait été parfait pour des seconds rôles muets dans n'importe quel film d'heroic fantasy, et ses successeurs dans le rôle de Hulk ne lui arrivent pas à la cheville pour ce qui est de donner vie à l'irascible bodybuilder vert, mais en vedette dans un rôle parlant... je crois que le mieux, c'est de laisser parler les images, avec un petit florilège des plus belles expressions faciales du colosse au jeu si subtil et au regard respirant l'intelligence :


Lou Ferrigno 01Fig. 1 : la méfiance.
Lou Ferrigno 02Fig. 2 : le courroux difficilement contenu.
Lou Ferrigno 03Fig. 3 : le dégoût mêlé de colère.
Lou Ferrigno 04Fig. 4 : la lubricité.
Lou Ferrigno 05Fig. 5 : la terreur.
Lou Ferrigno 06Fig. 6 : la stupéfaction.
Lou Ferrigno 07Fig. 7 : la gourmandise.
Lou Ferrigno 08Fig. 8 : l'arrogance.


Le film est court et régulièrement ponctué de bagarres, ce qui évite de s'endormir devant, à condition évidemment d'être fan de nanars. Si les films foireux ne vous font pas marrer, fuyez Sinbad qui n'est certainement pas un bon film d'aventures (je pense même qu'il est vraiment trop con et mal foutu pour gagner l'indulgence du jeune public à qui il vaut bien mieux montrer les Sinbad sur lesquels a officié Ray Harryhausen). Par contre, si ce genre de connerie est votre came, c'est vraiment bien rigolo, et à 2 ou 3 €, vous pouvez l'ajouter sans hésiter à votre collection de mauvais films sympathiques.

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 08:16

Le Roi Scorpion 2Le Roi Scorpion est un petit film d'action/aventures sympatoche que je me repasse régulièrement avec plaisir. Aussi, malgré l'absence de sa star à l'affiche, j'étais quand même curieux de voir sa suite, sortie directement en DVD, et qui passe également de temps en temps sur Canal + sous le titre La Vengeance du Scorpion Noir. Il s'agit en fait d'un prologue, ou d'une prequel comme on dit pour faire professionnel, sur la jeunesse du personnage précédemment incarné par The Rock. A défaut d'un catcheur, on a ici un ancien champion d'Ultimate Fighting, Randy Couture (à l'affiche en ce moment dans Expendables, Unité d'élite), dans le rôle du méchant. Derrière la caméra, Russell Mulcahy, un réalisateur dont le travail ces dernières années n'a pas été spécialement brillant, mais qui a signé quelques films marquants dans les années 80 (Razorback, Highlander).

C'est donc toujours l'histoire de Mathayus, du peuple des Akkadiens, les meilleurs mercenaires du Moyen-Orient. Il appartient à une branche de la tribu qui s'est mise au service du roi Hammurabi, et rêve de devenir un grand guerrier en intégrant sa garde personnelle, les Scorpions Noirs. Hélas pour lui, alors qu'il revient de 6 ans d'entraînement intensif dans le désert, il découvre que c'est le chef des Scorpions Noirs, le diabolique Sargon, qui a pris la place du roi. Mathayus désobéit à son tout premier ordre, exécuter son propre frère, et quitte la ville en rêvant de vengeance. Mais pour affronter Sargon et sa magie noire, il doit d'abord s'emparer d'une arme légendaire...


Le Roi Scorpion 2 06En tant que prologue, le film s'efforce de répondre à quelques questions sur le passé du héros,
qu'on ne se serait à vrai dire même pas posées si cet épisode n'avait pas du tout existé, comme
"Pourquoi Mathayus il a pas de tatouage de scorpion dans l'autre film alors qu'ici il en a un ?"


Le film entend appliquer la recette du premier épisode et de la série de films dont il était issu (La Momie) : de l'heroic fantasy exotique, dans un univers à l'ambiance "mille et une nuits" imprégné de mythologie antique, avec des combats, de la magie, des créatures monstrueuses, des filles court vêtues, et un héros bagarreur qui triomphe de l'adversité avec l'aide de son équipe de faire-valoir. Malheureusement, c'est loin de fonctionner aussi bien. Et contrairement à ce qu'on pourrait craindre, ça n'est pas qu'une question de budget, même s'il est vrai qu'un casting un peu plus prestigieux aurait aidé. Visuellement ça ne fait pas trop minable, les décors et costumes sont peut-être juste un peu moins bien que dans le premier par exemple, et les effets spéciaux en images de synthèse ne sont ni plus ni moins ratés. Et le film a d'ailleurs la bonne idée de ne pas en abuser, en ne montrant pas trop ses monstres. D'ailleurs, le scorpion géant qui sert de boss de fin est invisible, c'est dire.


Le Roi Scorpion 2 05Quand même, le coup du monstre invisible, c'est con mais fallait y penser.


Le scénario n'est pas plus con, c'est encore une intrigue assez basique à base de vengeance, qui plie l'Histoire à ses besoins et n'a qu'une connaissance assez vague des mythologies qu'elle utilise. L'arme magique que recherche Mathayus, par exemple, c'est l'Epée de Damoclès. Probablement que le scénariste a juste entendu l'expression "épée de Damoclès", n'a pas cherché à savoir de quoi parlait la légende, s'est simplement dit "Ca devait être une super épée pour qu'il y ait une légende dessus !" et a décidé d'en faire l'épée magique nécessaire pour vaincre le méchant. Mais c'est pas grave, c'est rigolo. Le reste est à l'avenant, le type avait un dictionnaire de l'Antiquité ouvert sur les genoux et de temps en temps il piochait un nom qui lui paraissait cool. "Allez, on va dire que les Ilyriens ont aidé les Akkadiens dans la guerre contre les Hittites, ça sonne bien". On s'en fout, à la différence de la majorité des péplums (et assimilés) modernes, les aventures du Roi Scorpion n'ont jamais prétendu faire de la reconstitution historique, ce sont simplement des alternatives moins sanglantes à Conan le Barbare.


Le Roi Scorpion 2 03"Oh là là, quel spectacle incroyable ! Dommage qu'on n'ait pas les sous pour vous le montrer !"


Mais alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Eh bien, en plus du fait que Michael Copon (Force Bleue dans les Power Rangers, nous dit IMDB), sans être mauvais, n'a vraiment pas le charisme de Dwayne "The Rock" Johnson, Russell Mulcahy peine à insuffler un rythme satisfaisant au film, qui s'embourbe pour de longues périodes entre deux scènes d'action, là où le premier faisait bondir son héros d'une péripétie à l'autre de façon fluide tout en sachant ménager des pauses. Ici, ça castagne un peu, puis on passe 20 minutes à attendre que ça bouge à nouveau, en écoutant Mathayus et ses compagnons se chamailler. Ca pourrait passer si les dialogues étaient vraiment pétillants, ou les personnages un peu plus étoffés que de simples archétypes (la jolie fille qui a pas peur de tenir tête aux garçons, le poltron rusé...), mais là du coup, non. Toute la partie où les héros explorent le Monde des Morts est d'ailleurs assez typique du manque de souffle de l'aventure : le film essaie d'instaurer de la tension et du suspense en faisant répéter à l'un des comparses qu'il faut se dépêcher parce que ceux qui séjournent là trop longtemps devront y rester, mais comme tout le monde traîne tranquillement des pieds quand même et que l'endroit n'a pas l'air si dangereux que ça, on ne ressent pas vraiment l'urgence de la situation. Ensuite survient un combat contre la déesse des lieux, youpi, enfin ça remue un peu, CATFIGHT!!! comme dirait Christophe Agius quand il imite Joey Styles dans Catch Attack sur NT1, sauf que très vite, Mathayus stoppe le combat pour négocier avec l'ennemie... Super mon gars, merci de casser l'ambiance comme ça alors que l'action reprenait enfin ses droits.


Le Roi Scorpion 2 04A l'inverse de son prédécesseur, le réalisateur a fait des concessions au style moderne pour les scènes d'action,
avec parfois des plan trop courts, des cadrages foireux, la caméra qui tremble et des excès de ralenti.


Un montage un peu plus serré aurait sûrement arrangé les choses. L'original sorti au cinéma durait moins d'une heure et demie, il n'y avait aucune raison d'étirer son rejeton direct-to-DVD à plus de cent minutes comme ça. Ca n'est ps horriblement mauvais, il y a quelques qualités. Sous-exploité dans Expendables, Randy Couture fait ici un bon méchant. Sur la fin, ça se réveille un peu, et le coup du scorpion invisible est assez (involontairement) comique. Seul, le film est vendu une dizaine d'euros et je dirais quand même que ça ne vaut pas forcément la peine d'y mettre ce prix-là. Si vous avez l'occasion de trouver l'édition qui, pour le même prix, regroupe les deux épisodes, et que vous n'avez pas encore le premier, c'est nettement plus intéressant. Surtout pour l'autre c'est sûr, mais celui-ci reste regardable. Disons que c'est bien pour un jour d'arrêt maladie, quand vous avez envie de comater devant un truc léger qui vous laissera somnoler un peu par moments si vous êtes fatigué. J'aurais aimé pouvoir dire "c'est presque aussi chouette que le premier", au final le mieux que je puisse dire c'est quelque chose comme "au moins c'est pas aussi chiant que Max Payne". Pas terrible je sais, mais c'est déjà ça.

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 09:46

Le Roi ScorpionJe le répète chaque fois que j'en ajoute un ici, parce qu'hélas c'est vrai : jusqu'à présent, les films produits en solo par WWE Studios sont tous ratés. Bon ok j'ai pas encore vu Shoot & Run, mais à part ça, c'est peu de dire que See No Evil, The Marine, The Marine 2 et Les Condamnés ne cassent pas trois pattes à un canard. Il serait peut-être temps qu'ils admettent leurs échecs et acceptent de s'associer à de vrais professionnels du cinéma. D'ailleurs c'est ce qu'ils ont fait sur En territoire ennemi 3 avec leur ex-poulain Mr Kennedy, mais je vous parlerai de ce film-là un autre jour. Et c'est aussi ce qu'ils faisaient à leurs débuts, sur les films montés autour de leur plus grande star de l'époque, The Rock, celui qui se fait aujourd'hui appeler Dwayne Johnson et joue dans n'importe quoi.

Je n'ai pas vu Bienvenue dans la jungle ni Tolérance Zéro. Par contre je me suis refait Le Roi Scorpion, dont je gardais de bons souvenirs. Le film est basé sur un personnage secondaire entraperçu dans Le Retour de la Momie. Chapeauté par Universal, ce fut la première coproduction WWE Films. Le lien entre Le Roi Scorpion et la série de Steven Sommers est concrètement super ténu : l'action se déroule sous l'Antiquité, le personnage est ici un gentil humain et non un méchant monstre, et le nom même de "Roi Scorpion" n'est attribué au héros qu'à la toute fin, pour une raison assez tirée par les cheveux. Mais bon, on s'en balance un peu.

Le Roi Scorpion 03Epate tes amis avec une anecdote méconnue : Vince McMahon, le patron de la WWE,
a obtenu un petit rôle pour sa bru dans le film.


Ca se passe dans un proche ou moyen Orient d'heroic fantasy et au début de l'aventure, The Rock s'appelle Mathayus, et c'est l'un des derniers Akkadiens, un peuple de mercenaires et d'assassins. Lui et ses frères louent leurs services de tueurs professionnels dans une région en proie aux conquêtes du terrible tyran Memnon, dont les armées peuvent triompher de n'importe quel adversaire grâce aux visions d'un devin. Les dernières tribus libres décident alors de s'allier et recrutent les Akkadiens pour éliminer l'arme fatale de Memnon. La mission tourne court, mais comme Mathayus se retrouve avec un compte personnel à régler avec le cruel roi de Gomorrhe, il se battra jusqu'à renverser son régime...

Le Roi Scorpion 01The Rock n'est pas le seul ex-catcheur du film puisque son premier adversaire
n'est autre que Tyler Mane, futur Michael Myers dans le remake d'Halloween
.


Le scénario est du genre simple et sans fioriture, non pas qu'il manque de rebondissements mais bon c'est une histoire assez classique de guerrier musclé avec vengeance à accomplir, méchant monarque à destituer, jolie princesse à sauver, et un héros qui croise évidemment la brochette habituelle de faire-valoir : le pleutre comique (mais pas vraiment drôle en fait) et roublard, le petit gamin des rues, le vieux sage, le noble bourrin (ici incarné par le colossal Michael Clarke Duncan). Le méchant est bien entendu une grosse ordure mais là c'est pas le genre "sale fourbe qui n'a rien dans le slip et se réfugie derrière ses hommes de main", c'est lui-même un excellent combattant qui ne craint pas l'adversité.

 

Le Roi Scorpion 07C'est vrai ce n'est pas le Xerxès de 300, mais au moins il sait se battre
et ne verse pas dans la caricature du seigneur du Mal diabolique et ricanant.

 
Du coup, on ne peut pas dire que ce soit très original, c'est sûr, en fait on peut même dire qu'à peu près tout a un côté cliché et déjà vu. Donc je ne vais pas vous prétendre que c'est un grand film, pas même un grand film d'action. Mais on peut se contenter de suivre une formule éprouvée et en tirer un produit valable, et dans le genre petite série B con-con qui détend, c'est vraiment pas désagréable à regarder. Deux atouts en font un film largement plus fréquentable que, mettons, The Marine : un honnête faiseur derrière la caméra, et un héros charismatique devant.

Le Roi Scorpion 04Bon et puis y a Kelly Hu du Flic de Shanghai et X-Men 2 aussi.


Réalisateur sans génie mais compétent, Chuck Russell (Freddy 3, Le Blob, The Mask...) est de la vieille école : il sait comment insuffler un rythme rapide sans être frénétique, où poser ses caméras pour rendre les scènes d'action lisibles, ne pas abuser des ralentis ou des images de synthèse. Il sait garder un ton léger sans se croire obligé de faire constamment savoir au spectateur que tout ça c'est de la grosse connerie décérébrée et que tout est à prendre au second degré. Les péripéties diverses s'enchaînent bien, duels, poursuites, infiltrations en douce, batailles, évasions, il n'y a rien de particulièrement original ou mémorable (si l'on excepte peut-être une fuite en catapulte) mais il y a de la variété et une mise en scène correcte qui rendent le tout vraiment chouette quand on aime les films où ça se bagarre, ça court et ça saute  sans trop se poser de questions existentielles.

Le Roi Scorpion 05Russell maîtrise l'art, aujourd'hui perdu, de la caméra qui ne tremble pas
et que l'on pose à plus de 20 cm du visage des acteurs, et son monteur a été autorisé
à laisser les plans durer plus d'un dixième de seconde chacun.
Si vous avez grandi devant le cinéma d'action moderne, ça pourra vous paraître ringard.


Quant à The Rock, pour cette réinteprétation de son premier rôle au cinéma, il n'avait pas à rougir de sa prestation. C'est vrai, on sent dans ses mimiques exagérées qu'on a affaire à un catcheur, c'est-à-dire quelqu'un qui a l'habitude de devoir surjouer pour que même les spectateurs qui n'ont pas pu avoir un siège aux abords du ring comprennent de loin son langage corporel. Du coup, je me doute bien que certains n'y verront qu'un énième monsieur muscles décérébré incapable de jouer la comédie. Pour ma part, je ne dis pas que c'est Gary Oldman, mais pour ce genre de rôle, son registre relativement limité est suffisant. Et puis Gary Oldman en guerrier barbare, hein ? Non, il n'est pas mauvais acteur, The Rock, il sait sortir une vanne comme il faut, il sait avoir l'air d'y croire quand il annonce que oui, s'il le faut, c'est tout seul qu'il se dressera face aux armées de l'ennemi, ce n'est pas le genre de veau au regard vide qu'on peut voir dans The Marine, il apparaît dans ce film comme un digne héritier des Schwarzenegger et Stallone des années 80. Au passage, ceux pour qui ces deux-là ne sont qu'un sujet de moquerie sont prévenus : vous n'accrocherez sans doute pas plus au cinéma de Dwayne Johnson qu'à Conan le Barbare ou Rambo. Mais pour ceux qui sont capables d'apprécier un bon héros de films d'action, vous verrez que la vedette du Roi Scorpion y montrait un potentiel qui aurait mérité d'être exploité par la suite dans de meilleurs films que l'abominable Southland Tales.

Le Roi Scorpion 02Y a encore du chemin à parcourir avant l'Oscar,
mais c'est le meilleur "acteur" issu de la WWE jusqu'à présent.


On est loin du film du siècle, mais je le revois de temps en temps avec plaisir et je n'aurais pas rechigné devant une suite (autre que direct-to-video tourné avec d'autres acteurs). Dans le genre divertissement familial pour s'occuper tranquillement lors d'un après-midi pluvieux, c'est très correct. Avec les soldes d'été qui approche, il devrait réapparaître dans les bacs des supermarchés autour de 3€ ou 5 € comme lors des dernières soldes d'hiver, et à ce prix-là si vous êtes fan de cinéma d'aventures à l'ancienne avec des costauds qui se frittent à l'épée, vous pouvez acheter sans crainte. 
 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 11:12

Terreur a Tiny TownJe ne sais pas vraiment pourquoi, et je sais que c'est très vilain de ma part, mais moi quand la présentation d'un film (ce que les abrutis appellent le "pitch" depuis que cet imbécile d'Ardisson s'est mis à employer, à tort, ce mot qui ne veut PAS dire "synopsis", bordel à cul) se termine par "...avec des nains", j'achète. Heureusement que ça n'arrive pas souvent d'ailleurs. En fait jusqu'ici j'avais que The Creeps. Et en plus je sais que je ne devrais pas. Après tout, en quoi la présence de nains augure-t-elle forcément d'un film rigolo, hein ? J'ai vu Les Condamnés, c'était profond et ça m'a fait réfléchir vous savez. On sait déjà que les véritables condamnés ne sont pas les condamnés à mort qui se battent sur l'île mais les gens prêts à regarder l'émission. Alors, dans le même ordre d'idée, se pourrait-il que nous autres amateurs de films avec des nains soyons au fond... les véritables nains ? Enfin pas littéralement hein, entendons-nous bien. Dans nos têtes et dans nos coeurs, je parle. Parce qu'on se gausse comme des idiots à l'idée de voir des nains en vedettes dans un film. C'est petit.

Bref. Terreur à Tiny Town, donc, est un western dont tous les personnages sont joués par des nains. Apparemment le réalisateur avait pour projet d'étendre ce concept surpuissant à d'autres genres. Le péplum avec des nains, les mousquetaires nains, Tarzan avec des nains, que sais-je encore avec des nains. Mais Tiny Town n'a pas marché et les rêves de grandeur (si j'ose dire, ha ha ha) de Sam Newfield sont tombés à l'eau. On ne saura jamais ce que ça aurait pu donner vu qu'aujourd'hui, plus de 70 ans plus tard, personne ne se risquerait à suggérer une idée pareille, même pas dans des domaines où visiblement les producteurs sont prêts à investir sur tout et n'importe quoi, genre les superhéros nains, ou Saw avec des nains. Il faudra se contenter du western avec des nains.

Terreur a Tiny Town 07Et donc évidemment, les cowboys montent des poneys et coursent des veaux.


Au passage, je tire mon chapeau (de cowboy) (nain) à Bach Films, un éditeur qui a su se constituer un sacré catalogue de curiosités. Des films de bikers, de momies mexicaines, de femmes en prison, de ninjas, des vieux films  d'épouvante pakistanais, des serials de Flash Gordon et Captain Marvel, des trucs avec le père noël, des trucs avec Tor Johnson, des trucs que t'y crois pas. Bon,  il faut dire quand même que ce sont souvent des films tombés dans le domaine public, qu'il leur manque les films avec Santo et que je garantis pas que tout soit vraiment regardable dans tout ça. Mais ça force le respect. En plus, je ne sais pas s'ils font pareil sur tous leurs DVDs (bon en fait je sais déjà qu'ils ne le font pas pour leurs collections d'arts martiaux) mais même les mentions légales sont rigolotes avec eux, ça fait plaisir. Et à défaut de proposer des tonnes de bonus ils mettent des bandes annonces d'époque qui vous donnent envie de tout leur acheter. Alors je dois le dire : Monsieur Bach Films, tu déchires, j'espère que tu ne connaîtras pas le triste sort de Neo Publishing. Voilà. Et je dis pas ça pour que tu m'envoies des DVDs gratos hein Monsieur Bach Films, mais bon si tu insistes, c'est pas de refus. Merci.


Terreur a Tiny Town 03On se moque, on se moque, mais mettez la même image
dans un film de David Lynch et tout le monde hurlera au génie.


Pour en revenir à Terreur à Tiny Town, l'action se déroule dans une petite ville de l'Ouest sauvage dont tous les habitants sont nains. Bat Haines le bandit semble décidé à y prendre le pouvoir, et s'est déjà mis le shérif dans la poche. Prochaine étape de son plan de domination : raviver une vieille querelle entre les deux plus gros éleveurs locaux, Lawson et Preston, afin de s'emparer de leurs propriétés après qu'ils se seront entretués. Mais le fils Lawson est tombé amoureux de la nièce Preston, et va de son côté oeuvrer pour réconcilier les deux familles. D'autant que, dans l'affaire de bétail volé qui les oppose, il a flairé un mauvais coup...


Terreur a Tiny Town 01La Terreur de Tiny Town et son gang au grand complet.


Quand j'ai fait ma critique de The Creeps, je vous ai comparé l'expérience à l'anecdote racontée par le personnage de Seth Rogen dans 40 ans, toujours puceau. Mais si, rappelez-vous, la fille et le cheval à Tijuana. C'était d'ailleurs une excellente idée puisque ça m'a attiré plein de visites avec des mots-clés comme "zoophilie" ou "femme qui suce un cheval". Eh si, en plus, c'est vrai. C'était également une excellente comparaison, cette histoire. Parce que ça le refait avec ce film-ci. Tu te mets devant en te disant "ha ha ha, un western avec des nains". Et au final ben c'est effectivement juste un western avec des nains et c'est pas spécialement amusant, ça te fait même un peu de peine pour les nains. Tu pensais naïvement que ça pourrait être simplement un spectacle insolite, un truc innocent à la Bugsy Malone, ou qu'un réalisateur capable d'avoir une idée aussi crétine en ferait sûrement un beau nanar bien con. Mais en fait non, ça fout un peu mal à l'aise comme spectacle, la mise en scène semblant chercher délibérément à rendre risibles ces malheureux nains.


Terreur a Tiny Town 06Vu le "naturel" de certains face à la caméra, il  semblerait que pour être embauché sur le film
il n'y avait pas besoin d'être acteur, seulement d'être nain.


Ainsi après une petite présentation condescendante ça démarre avec un forgeron et son assistant ayant toutes les peines du monde à ferrer un cheval. Dans la mesure où tous les cowboys du film montent des poneys shetland, il n'y a aucune raison pour eux de ferrer un cheval, c'est vraiment juste parce que je réalisateur trouvait ça hilarant de voir ses figurants s'acharner dans ce genre d'entreprise incongrue. Dans le même genre, si l'on excepte les carrioles et diligences tirées par les poneys, le décor et les accessoires n'ont pas été mis à l'échelle des acteurs. Alors je vais pas faire mon coincé, la première fois qu'on en voit un passer sous la porte du saloon, que voulez-vous que je vous dise, oui, c'est un peu marrant quand même... Les vingt suivantes, moins. Et les marches qu'ils doivent escalader alors qu'elles leur arrivent à la ceinture, et les instruments trop grands utilisés par les musiciens, et les verres de bières qu'ils ne soulèvent qu'avec difficulté, ben c'est pas vraiment marrant tout ça. Ca donne plutôt l'impression que le réalisateur était un enfoiré sadique.

Terreur a Tiny Town 02Un gag visuel dont le réalisateur Sam Newfield ne se lasse pas.


Heureusement, ça n'est pas constant. Au milieu des clowneries il y a un western classique avec le méchant sans foi ni loi, le héros tout propre sur son cheval poney blanc, la fille, le shérif. Et puis des chansons aussi, beaucoup, chantées avec des voix d'enfants ou de farfadets. Pour être honnête, ça n'est pas très passionnant, l'intrigue est convenue et vite torchée, et la plupart des nains du films ne sont pas de vrais acteurs et jouent assez mal. La vedette s'en sort un peu mieux que les autres ; ça n'est autre que Billy Curtis, ici encore tout jeune et qui des décennies plus tard tiendrait l'un des seconds rôles importants de l'excellent L'Homme des hautes plaines avec Clint Eastwood. Ouais, le rôle du nain, bravo, vous avez deviné.

 

Terreur a Tiny Town 04Billy Curtis, dans son tout premier rôle, est l'un des rares acteurs du film
à mettre un minimum de conviction dans ses répliques.

Bon, que dire. Ca ne dure qu'une heure et entre les moments de malaise, le reste est si peu palpitant que j'ai quand même trouvé le temps de me faire chier, c'est vous dire. Mais je peux pas non plus vraimenent le déconseiller avec force, en tout cas pas aux amateurs de cinéma qui sort des sentiers battus, parce que ça reste assez unique en son genre comme film (bon ok y a aussi Les Nains aussi ont commencé petits de Werner Herzog). Alors voilà, si quand on vous dit "c'est un western uniquement avec des nains" ça vous titille, soyez juste prévenus que le film n'est PAS un gros nanar hilarant, un grand moment de poilade, mais comme c'est court, que c'est pas très cher (je l'ai eu à 3€, mais c'est vrai que pour ça faut pas le commander sur le site de l'éditeur), en tant que fan de cinéma bis vous serez quand même content d'avoir vu un truc étrange comme ça.

Le film est tombé dans le domaine public. Si vous voulez le voir, tenez, c'est cadeau. Enfin, si ça fonctionne. Sinon allez là-bas.
 

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 14:25

Beowulf la legende vikingAprès m'être farci La Légende de Beowulf de Robert Zemeckis et Beowulf avec Christophe Lambert, je me suis dit que sur ma lancée, j'allais aussi tenter la version avec Gerard "This is Sparta" Butler, Beowulf, la légende viking, que vous pouvez également trouver dans le commerce en France sous son titre original conservé par l'édition destinée au Bénélux, Beowulf & Grendel. Comme d'habitude, c'est une adaptation plutôt libre, et celle-ci opte pour une approche semi-réaliste de la légende (tandis que l'escroc qui a conçu la jaquette essaie vraisemblablement de nous faire croire qu'on est face à un nouvel épisode du Seigneur des Anneaux), parce qu'il faut dire que c'est encore ce qui coûte le moins cher finalement, d'éviter le plus possible tout ce qui est monstres, démons et dragons dans l'histoire, et que visiblement Sturla Gunnarson, le réalisateur canadien d'origine islandaise, n'avait pas une fortune pour mettre son machin en boîte.

C'est quand même toujours l'histoire d'un roi danois, Hrothgar, qui pour sauver sa salle de banquet et ses hommes des griffes d'une affreuse brute, accepte l'aide d'un jeune guerrier venu d'une province voisine, Beowulf. Mais ça ne conserve vraiment pas grand chose de plus que ce noyau, parce que pour le reste ça dévie quand même assez largement.


Beowulf and Grendel 01Des noms scandinaves sur une carte géographique à l'ancienne :
attention ce
Beowulf-là ne rigole pas, c'est une authentique reconstitution historique.


Ca démarre avec une espèce d'homme de néanderthal qui se fait courser par une poignée de vikings et se fait tuer très facilement sans opposer de véritable résistance. Mais il se trouve que le vilain monsieur avait un fils, qui ressemble un peu à Hornswoggle, le catcheur nain de la WWE, au sens où c'est un petit enfant blond avec une barbe. Bref, Hrothgar le chef des vikings épargne le fils du troll, qui grandit rapidement pour devenir à son tour un Sébastien Chabal et décide qu'il va aller se venger des vikings en allant les défoncer dans la salle du trône/bar à hydromel de leur chef. Hrothgar ne sait plus que faire pour se protéger de la colère du Chabal. C'est un peu bizarre quand même parce qu'il n'a eu aucune difficulté à se débarrasser du père et que la mise en scène des attaques du fiston donne à penser qu'il suffirait d'embaucher de meilleures sentinelles pour ne plus avoir à le craindre, mais bon, admettons qu'à cette époque il n'y ait eu que des gardes incompétents dans tout le Danemark (il faut dire qu'apparemment en ce temps-là le Danemark était salement dépeuplé, mais j'y reviendrai plus tard). Là-dessus débarque Beowulf, joué par un Gerard Butler pré-300 à bouclettes blondes, qui l'assure qu'il va éliminer le monstre pour lui. Mais apparemment, tuer un troll violent et anthropophage lui pose un grave problème de conscience, et il va donc enquêter auprès d'une jeune fille accusée de sorcellerie pour savoir qui est réellement ce Chabal et pourquoi il en veut suffisamment à Hrothgar (qui ne lui a pas raconté le début du film) pour massacrer ses hommes mais pas au point de s'attaquer directement à lui, parce que ce serait vraiment cruel de tuer un impitoyable mangeur d'hommes sans avoir une bonne raison de le faire.


Beowulf and Grendel 02Bon ok il ressemble peut-être pas tant que ça à Hornswoggle,
juste à un enfant chelou avec de la barbe.


On devine donc facilement que l'idée de cette version de Beowulf est d'essayer de nous faire comprendre que finalement, Grendel n'est pas le mauvais bougre et qu'il faut juste qu'on apprenne à accepter nos différences pour vivre ensemble en harmonie. Et entendons-nous bien hein, c'est un très bon message, de dire aux gens qu'il faut accepter nos différences et vivre en harmonie, mais c'est un très bon message à faire passer par l'intermédiaire d'Arnold et Willy, pas par l'histoire de Beowulf. Enfin bref, ici donc, Grendel tue, mange et même viole des gens, mais c'est pas de sa faute, c'est parce que quand il était petit, son père a été abattu par de méchants vikings. D'ailleurs même la victime du viol trouve que finalement c'est un chic type, c'est dire si le film doit être populaire auprès du public féminin, avec cet aspect "une fille si tu la violes gentiment, elle tombera amoureuse". A côté de ça, Hypertension paraît presque plus délicat.


Beowulf and Grendel 05Chabal danse le haka face à un communiqué de l'Office du tourisme islandais.


Enfin. Admettons que ça a le mérite d'être une approche différente de l'histoire. Complètement con certes mais différente. Grendel est la victime, c'est l'humanité qui est méchante de l'avoir rejeté, ok. Notez bien que la version de Zemeckis non plus ne le présente pas comme une créature purement maléfique mais plutôt comme un pauvre fou. Le problème c'est que Gunnarson décide en plus de faire de son adversaire Beowulf un brave hippie plein d'empathie pour sa proie. Bon là si vous comptez voir le film quand même barrez-vous au paragraphe suivant parce que je vais un peu raconter la fin. Mais donc voilà ici, Grendel meurt presque accidentellement, techniquement Beowulf ne le tue pas, et il a l'air bien désolé de la tournure que prennent les événements. Ensuite il tue sa mère (qui contrairement au reste de la famille n'est pas simplement une sorte d'humain primitif un peu plus grand, costaud et velu que la moyenne mais un vilain monstre marin), mais c'est de la légitime défense. Et là, bon, excusez-moi mais quand on regarde un film sur la légende d'un fameux héros pourfendeur de monstres, c'est pas pour qu'on nous serve un truc mou et bien-pensant sur un héros qui n'aime pas tuer les monstres sous prétexte que le réalisateur veut nous dire qu'il faut apprendre à accepter ses contemporains même quand ils tuent et mangent et violent votre entourage, parce que quand on fait l'effort de les connaître on s'aperçoit que sous leurs airs de brutes préhistoriques ce sont juste de braves gens incompris.


Beowulf and Grendel 06Mais faut pas trop les faire chier quand même.


Ca ne serait pas bien grave et on pourrait pardonner au film la prétention d'avoir cru qu'il avait quelque chose d'intelligent à dire si par ailleurs, il assurait le spectacle en tant que bête divertissement. Mais comme je le disais au début, on a affaire ici à un Beowulf à petit budget, genre à peu près aussi indigent que la kitscherie débile avec notre Christopher national. En dehors des superbes paysages islandais, le film n'a rien à montrer qui ne fasse pas minable. Le bon roi Hrothgar gouverne une vingtaine de loqueteux parce que les figurants ça coûte cher, son fameux "Hall à Hydromel" tient plus de la grosse cabane moche que du palais médiéval nordico-rustique, même les chevaux de ses soldats ont l'air de vieilles carnes fatiguées, les trolls père et fils sont simplement des acteurs pas très bien maquillés en hommes des cavernes, le costume de la mère de Grendel n'est guère réussi lui non plus et vous pouvez carrément oublier le dragon de la légende originale, ça vaut une fortune les dragons. Il y a certes quelques bastons, mais rien d'épique à ce niveau-là non plus. Ca se voudrait bien brutal et sanglant pour montrer que chez les vikings, ça ne rigole pas, mais là encore, on sent que les restrictions budgétaires ont frappé, les effets gore c'est encore du pognon qu'on n'avait pas. Alors quand un mec en décapite un autre, on a un plan du mec qui attaque, un bruitage et un cri hors champ, et l'image suivante c'est une bête tête en caoutchouc qui tombe par terre et voilà. On est donc assez loin de ce que la jaquette essaie de nous vendre...


Beowulf and Grendel 04Finalement, en dehors de son casting semi-prestigieux,
il n'y a quasiment rien de valable dans cette adaptation.


Ce qui sauve le film du naufrage complet à la Pathfinder (pour prendre un exemple dans le même genre), c'est son trio d'acteurs principaux, Butler en héros récalcitrant, Sarah Polley en sorcière-sauvageonne et Stellan Skarsgård en vieux monarque en pleine déchéance. Ah et puis tout le monde a un accent différent et dit "fuck" et "shit" tout le temps, aussi, c'est pas banal dans un film en costumes. Mais malgré ça, ça reste le moins intéressant à regarder des trois Beowulf que j'ai vus : le film d'animation de Zemeckis est largement plus réussi, et la nanaritude de celui de Graham Baker le rend plus rigolo. C'est moche, con et laborieux, je vois mal ce qui pourrait amener un acquéreur à ne pas regretter ses 10 euros.

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 09:01
PathfinderDans ma (formidable) critique de 10 000, je disais que Roland Emmerich avait à peu près tout repompé à 300. Eh bien ça n'est pas complètement vrai. 10 000 a aussi pas mal repompé à Pathfinder en fait. Qui a lui-même piqué des trucs à 300, cela dit. Il faut dire que Marcus Nispel, le réalisateur, bosse rarement sur des produits originaux depuis qu'il a arrêté les pubs et les clips pour les Spice Girls ou Mylène Farmer. Massacre à la tronçonneuse 5, Vendredi 13 11/12, c'est lui. On y échappe pour Freddy 8/9, par contre il est l'auteur d'une 375.000ème adaptation de Frankenstein et va refaire Conan. Même ce Pathfinder était au départ prévu comme un remake du Passeur, film norvégien de 1987.

Mais bon vous n'êtes pas là pour que je vous raconte une page IMDB en détails, mais pour que je vous parle de Pathfinder, qui est basé sur la théorie, encore sujette à débat mais assez communément admise tout de même, que les Vikings sont les premiers Européens à avoir mis le pied sur le continent américain, bien avant Christophe Colomb. Il se fonde aussi sur l'idée, un peu moins communément admise, que les Vikings n'étaient pas des commerçants à la recherche de nouveaux marchés ou des pillards en quête de richesses à dérober et d'esclaves à capturer, mais des Orques du Seigneur des Anneaux dont le seul but était de semer la mort et la destruction partout sur leur passage. Ainsi donc ils découvrent le Canada et entreprennent d'y massacrer tout ce qui bouge et de saccager tout ce qui ne bouge pas, profitant que les autochtones n'ont pas de quoi faire face à leurs armes et armures de métal. Et puis un jour on ne sait pas trop pourquoi (on ne saura jamais, d'ailleurs) mais leur drakkar est retrouvé échoué sur la côte avec tout son équipage mort à bord, sauf un jeune garçon qui est adopté par une tribu amérindienne locale.

Pathfinder 04C'est au Canada, alors au lieu de tipis ils vivent dans des villages ewoks.

15 ans plus tard notre ex-Viking, rebaptisé Ghost par sa nouvelle famille qui parle anglais, est un guerrier en quête de reconnaissance, mais certains se méfient encore de lui du fait de ses origines. Là-dessus, les méchants Vikings redébarquent avec leurs casques à cornes, leurs grosses barbes sales et leurs épées, et exterminent la tribu de Ghost, qui échappe à la tuerie et entreprend de se venger. Mais que peut un homme seul contre une armée d'invasion ? Que peuvent ses alliés qui n'ont que des épieux de bois et des pointes de flèche en pierre à opposer aux "Guerriers Dragons" (oui apparemment dans ce film, le dragon fait partie de la culture indienne) ? Ghost aura bien besoin de l'aide du "Pathfinder", le shaman qui guide les peuples de la région, pour affronter les cruels barbares, sauver la femme qu'il aime et empêcher que les autres villages des environs ne soient rasés.

Pathfinder 01bOn ne voit pas toujours très bien ce qui se passe mais en tout cas ça saigne beaucoup.

Il y a plusieurs choses qui frappent assez vite le spectateur, dans Pathfinder. Bon, le fait que ça soit aussi fidèle à l'Histoire que 10 000 bien sûr, mais ça on s'en fout un peu. L'absence de retenue dans la violence est également assez marquante, ça n'est pas un film d'action tout public comme les gros studios en font de nos jours pour maximiser le nombre de spectateurs potentiels, ici on ne charcute pas hors-champ, on voit du sang, des décapitations et des mutilations à tire-larigot, et même si ça ne plaira pas à tout le monde, j'avoue que je suis de ceux qui préfèrent quand une histoire de guerriers barbares ne joue pas les vierges effarouchées. On s'apercevra vite aussi que, à l'image de la jaquette, tout est toujours super sombre et monochrome, comme si le film était destiné à être visionné sur une Game Boy. Il y a très peu de scènes vraiment bien lisibles, et surtout, aucune qui ne soit passée sous un filtre coloré pour être entièrement dans des tons bleus, ou verts, ou marron. Je suppose que c'est censé faire artistique mais ça rend le film extrêmement déplaisant à regarder. On croirait un clip pour du heavy metal gothique scandinave qui s'étalerait sur 1h40 au lieu de 5 minutes, c'est une horreur. Et puis enfin on se rend compte rapidement compte aussi que l'acteur principal, Karl Urban (Eomer dans Le Seigneur des Anneaux 2 et 3) ressemble vaguement à Moundir, l'Aventurier de l'Amour, mais avec encore moins de charisme, et qu'il n'est pas du tout taillé pour jouer la vedette d'une épopée.

Pathfinder 03Karl Urban, alias "c'était pas notre premier choix, mais Viggo Mortensen
et Jim Caviezel étaient déjà en tournage au moment du casting".

Le scénario ne l'aide pas vraiment, d'ailleurs, puisqu'absolument rien n'est fait pour donner la moindre épaisseur à son personnage. Ok, c'est le héros, c'est le Viking devenu Indien, mais c'est tout, et c'est pas vraiment assez pour qu'on se passionne pour ses aventures. Voyez, 300 n'est peut-être pas un grand drame psychologique ni même un bon film, mais au moins, il prend la peine de brosser un peu le portrait de Léonidas comme un vrai héros de cinéma hollywoodien. Pathfinder, lui, nous impose Ghost avec une énième histoire de prophétie selon laquelle un jour Toubab aidera les gentils sauvages à se tirer du caca parce qu'ils en sont incapables eux-mêmes, mais ne cherche à aucun moment à le rendre intéressant, sympathique ou quoi que ce soit. Les méchants ne sont d'ailleurs pas mieux lotis puisqu'on n'a même pas donné une motivation crédible à leur voyage en Amérique. Ils tuent tout le monde, ne volent rien, ne s'établissent pas sur les terres nouvellement conquises. Ils sont juste là pour le plaisir de massacrer.

Pathfinder 02Méconnaissable sous le casque, l'armure, la fausse barbe et le maquillage,
Clancy Brown (le méchant du premier Highlander) joue le chef des envahisseurs.

Bref, alors que le thème de la découverte de l'Amérique par les Vikings est intéressant, l'enjeu dramatique du film est assez minable. Finalement, tout ça n'est que prétexte à une succession de scènes de poursuites, de bastons et de tueries. Et comme ça n'est vraiment pas très bien fait à ce niveau-là non plus, forcément, il ne reste plus grand chose à sauver. Comme on ne voit pas grand'chose à ce qui se passe, l'action n'est pas très spectaculaire (malgré l'abus de ralentis destinés à nous faire comprendre que là, attention, c'est épique), et comme les rebondissements alternent entre lieux communs et débilités (genre les Vikings ne connaissent que l'hiver, ils savent pas que la neige et la glace ça fond, Ghost va bien les feinter), la débauche de brutalité ne suffit pas à empêcher l'ennui de pointer son nez.

Pathfinder 05Ghost est obligé de redevenir viking pour faire face à ceux qu'il ne considère plus comme ses semblables.

Le foirage complet du film est assez évident quand on se rend compte qu'il ne parvient même pas à exploiter réellement le potentiel d'un affrontement "Vikings contre Indiens". C'est pas super original et c'est un peu con-con, mais dans une histoire comme ça, on veut voir les Indiens triompher en utilisant leurs trucs d'Indiens pour compenser leur infériorité technologique, on ne veut pas les voir accumuler les défaites écrasantes et on ne veut surtout pas voir un Indien faire le Viking pour battre les Vikings. Mais ici, on n'aura pas ce genre de satisfaction. Les Indiens se font systématiquement hacher menu, Ghost se bat avec une épée viking et une armure viking pour pouvoir vaincre les Vikings. Pas de super ruse de Sioux, de pièges à la Rambo, on nous colle bien un vieux sage aux conseils imagés histoire de dire, mais c'est tout. Par comparaison, le très chouette Outlander mettait beaucoup plus habilement en scène son idée de "Vikings contre Alien", il ne la gâchait pas en mettant des fusils laser dans les mains de ses Vikings, il les forçait à vaincre avec leurs moyens à eux...

Pathfinder 06Oui, utilise la Force, Luke.

Des merdouilles, j'en ai vu un paquet et pas seulement depuis que j'ai commencé ce blog moisi, mais je dois dire que je suis rarement tombé sur un film pour lequel je ne trouvais vraiment rien de gentil à dire pour tempérer un peu. Des fois il y a une petite touche d'originalité, des fois il y a une idée rigolote, au pire il reste généralement l'excuse du budget ridicule. Ici, la seule qualité que je peux trouver ne provient même pas du film, mais de l'édition DVD : c'est cette collection "DVD Light", les pochettes en carton à 3-5 € et qui annoncent "le film et rien que le film", mais en fait non, pour le prix, la seule différence avec l'édition qui coûte cher c'est que vous n'avez pas la boîte plastique avec la jaquette, mais sinon il y a ouatmille bonus sur le disque en plus du film. Mais à à part ça, c'est tout. Si vous voulez voir un film de Vikings pas génial mais regardable il y a toujours La Légende de Beowulf, et même si vous tenez à vous infliger un film d'action raté par un mauvais réalisateur allemand, même BloodRayne est moins naze.
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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 10:41
BeowulfAaah, Beowulf avec Christophe Lambert... Le film avait été présenté comme un sacré nanar dès sa sortie mais je me suis aperçu en regardant La Légende de Beowulf de Zemeckis que finalement, malgré ma curiosité et un enregistrement VHS qui traînait quelque part depuis des années, je n'avais encore jamais vu cette version-là de l'histoire du monstricide nordique. Heureusement, le film peut se dénicher en DVD à pas cher. Pour l'anecdote, je l'ai eu à 4 € avec Fortress dans un pack "Double Succès - Christophe Lambert" et si je vous en parle, ce n'est pas pour me taper la honte en avouant que j'ai acheté non pas un mais deux films avec le mec qui joue Raiden dans Mortal Kombat, mais parce que ce coffret s'est révélé être une véritable "capsule temporelle" de l'an 2000. A l'intérieur, il y avait un prospectus qui promettait un remboursement de cent francs (les francs, souvenez-vous), et un CD-Rom pour installer "Net-Up" pour surfer sur internet à condition d'avoir comme configuration minimum un Pentium 75. Et dans le boîtier du disque lui-même, il y avait un petit feuillet récapitulatif des chapitres, quelque chose qui ne se fait pratiquement plus de nos jours. Bref, voilà. 10 ans déjà.

Sinon Beowulf donc, c'est toujours l'histoire d'un guerrier qui se pointe chez des gens qui ne lui ont rien demandé et leur garantit qu'il va les débarrasser d'un monstre qui hante les lieux. Ici néanmoins on est assez éloigné du poème épique original. On quitte le Danemark du haut moyen âge pour un lieu et une époque totalement indéfinis et assez difficiles à cerner. Ca pourrait être un monde d'heroic fantasy, y a un côté vaguement steampunk aussi, ou bien ça pourrait être du post-apocalyptique même. Pour résumer, on pourrait dire que c'est portnawak, c'est peut-être plus simple même si c'est un peu méchant.

Beowulf 01-copie-1Beowulf 03-copie-1Christophe Lambert, acteur intense et multi-facettes.
Ne réglez pas votre moniteur, les images du DVD sont vraiment d'aussi piètre qualité.

En tout cas, les costumières et les accessoiristes ont bossé pour donner de la personnalité au film. Certains mecs ont des masques en crâne qui semblent sorti d'un Conan, d'autres portent des casques de l'ère moderne mais avec des tuyaux dessus qui font plutôt SF fauchée d'il y a trente ou cinquante ans, certaines filles ont de grandes robes simili-médiévales et d'autres ont des porte-jaretelles et des rangers, au niveau des armes ça va de banales épées à des espèces de lames de tronçonneuses, des arbalètes à répétition, on voit même un garde avec un genre d'arme à feu rudimentaire. Du coup on ne sait vraiment pas où on est, mais je dois dire que tout ce bric-à-brac donnerait presque un petit charme. On s'attend à ce que tout soit minable et fait par-dessus la jambe et on s'aperçoit que, au moins au niveau de l'équipe technique, y a des gens qui se sont bougé le boule pour que le film ait un semblant d'identité et n'ait pas simplement l'air d'un épisode d'Hercule ou Xéna. On voit même les personnages prendre leurs repas dans des barquettes alu jetables.

Beowulf 05-copie-110 ans avant Doomsday, Rhona Mitra se promenait déjà dans un monde post-apocalyptico-moyenâgeux.
C'est sûr que celui-ci est beaucoup plus cheap, et pourtant il ferait presque moins factice.

L'inénarrable Christophe Lambert version blondasse péroxydée joue Beowulf, ici présenté comme une sorte de cowboy solitaire (il a même le petit "wah wah wah" du thème de Le Bon, la Brute et le Truand pour ponctuer son apparition et certains de ses gestes au début du film) dont la nature mystérieuse (enfin mystérieuse si vous n'avez pas lu le résumé sur la jaquette) l'a mené sur la route d'un avant-poste (concrètement, une image de forteresse mal incrustée sur celle d'un bout de château en ruines sur un terrain vague en Roumanie) où il compte s'en prendre à un monstre en caoutchouc recouvert d'un effet de floutage violet (c'est le Grendel du poème, mais il ne sera nommé qu'à la toute fin). Il n'est pas vraiment accueilli à bras ouverts par le seigneur Hrothgar, par contre la fille de celui-ci semble tout de suite intéressée (quoiqu'un peu méfiante). Là, je dois dire que la fille en question est interprétée par Rhona Mitra de Doomsday et Skinwalkers. Et que c'est vrai que même si à l'époque, du haut de ses 22 ans elle faisait encore un peu gamine mal dégrossie, elle était déjà, comment dire, assez charmante. Et que votre indulgence à l'égard du film dépendra beaucoup de votre intérêt pour...

Beowulf Rhona Mitra
...un scénario bien ficelé, de bonnes scènes d'action, de bons effets spéciaux et de bons acteurs, c'est-à-dire que par exemple si ce sont des choses pour lesquelles votre intérêt est habituellement assez élevé, vous risquez de ne pas du tout être indulgent avec Beowulf qui n'est pas très riche dans ces domaines. Lambert y est égal à lui-même, tout en strabisme et en répliques-qui-tuent-pas, il lui manque juste son fameux ricanement crétin (qui survient à la toute fin, quand même) parce que c'est un personnage qui souffre beaucoup à l'intérieur, voyez, alors il ne rigole pas. Rhona Mitra, bon, c'est pas encore cette année qu'elle gagnera un prix d'interprétation à Cannes mais disons qu'aujourd'hui elle sait à peu près faire l'actrice de série B, mais à l'époque, tout son talent d'actrice résidait dans son décolleté pigeonnant. La doublure de Christophe(r) nous gratifie d'environ 2874 saltos inutiles pour meubler de molles scènes d'action gentiment ridicules mais pas au point de déclencher l'hilarité. Les effets spéciaux sont d'une ringardise totale. Les personnages ne réagissent quasiment jamais de façon crédible à quoi que ce soit et l'intrigue ne se soucie que rarement de respecter une certaine cohérence, c'est prévisible (d'autant plus que, chaque fois que quelque chose d'important est sur le point de se passer, y a de la musique techno qui démarre), mal rythmé, bancal, avec des passages trop longs et d'autres complètement bâclés. Ca n'est jamais vraiment du grand n'importe quoi, c'est médiocre, c'est con, mais ça ne tirera à mon avis guère plus quelques sourires à un nanarophile. Moi en tout cas j'étais pas vraiment plié en deux devant, juste un peu amusé, un peu consterné. Un peu surpris, aussi.

Beowulf 06-copie-1Grendel est toujours flou, sans doute pour masquer un costume bidon.
L'effet est similaire à celui utilisé sur Nemesis 2: Nebula, une sacrée référence.

Surpris d'abord parce que le réalisateur, Graham Baker, n'a pas fait grand chose (et d'après imdb, plus rien depuis ça) mais a quand même signé Futur immédiat, Los Angeles 1991 (alias Alien Nation pour les puristes), un polar de science-fiction dont je garde un souvenir plutôt bon. Il y a donc quelques raisons de penser que ce monsieur n'est pas totalement incompétent, mais sur Beowulf ça ne se voit vraiment pas beaucoup tant c'est brouillon. J'irai pas jusqu'à dire que ça fait film amateur mais ça fait pas super professionnel non plus. Ca fait BloodRayne, en fait. Mais bon, après tout, le réalisateur du très chouette Jason X est également celui du très moisi Skinwalkers, donc ça n'est quand même pas super étonnant.

Beowulf 15Wikipedia parle de 20 millions de dollars de budget quand même,
mais clairement c'est pas passé dans le photoshoppage des plans extérieurs du bastion.

Ce qui l'est plus en revanche, c'est que le film dévie de l'histoire originale, sur laquelle je me suis renseigné un peu après visionnage de l'adaptation de Zemeckis, sur un point bien particulier, et figurez-vous que La Légende de Beowulf a choisi d'emprunter exactement la même déviation. Si vous n'en avez vu aucun des deux mais que vous comptez le faire, sautez au paragraphe suivant, les autres, sachez que dans ce Beowulf-ci aussi, la mère démoniaque de Grendel prend la forme d'une bombasse pour séduire les humains, et que le père du monstre n'est autre que Hrothgar. Et ça n'est pas dans le poème dont les films sont tirés. Autrement dit, un réalisateur à succès à la tête d'un budget de 150 millions de dollars s'est dit "Tiens ce serait bien si je repompais une obscure perlouze tournée dans les pays de l'Est pour 3 kopecks pour ma nouvelle superproduction". A moins que ce soit un pur hasard, ce qui est assez improbable quand même, Robert Zemeckis a regardé ce film, il a vu la séquence (réutilisée deux fois dans le film, d'ailleurs, avec un montage légèrement différent pour qu'on voit moins le foutage de gueule) ou une espèce de strip teaseuse débarque chez le vieux schnoque pour jouer au docteur, et il s'est dit "ah mais ouais putain trop bonne idée ça, que la mère de Grendel soit une pouffe à gros seins et que Grendel refuse d'affronter Hrothgar parce qu'ils sont père et fils, je vais mettre ça dans mon film à moi tiens, et puis après je me passerai d'autres films avec Christophe Lambert parce qu'ils sont sûrement plein de bonnes idées à piquer pour mes futurs films". Bon il s'est peut-être pas dit la dernière partie de la phrase, quoique si la suite de Roger Rabbit est un remake d'Hercule et Sherlock ça prouvera que j'avais raison sur toute la ligne, mais voilà, Robert Zemeckis c'est le genre de mec qui cherche l'inspiration dans le cinéma de Christophe Lambert.

Beowulf 14Ca c'est l'air réjoui d'un mec qui sait que dans 10 ans,
il sera toujours la muse du papa des Retour vers le futur.

Notez que l'idée elle-même est tout à fait valable et intéressante, comme quoi entre ça et la foire à la récup' au niveau costumes/armes/décors, tout n'est pas complètement foireux dans ce Beowulf. Le problème, c'est que mis bout-à-bout, les rares éléments intéressants n'en font certainement pas un bon petit film, tandis que les éléments minables ou ratés n'en font pas un vrai bon nanar non plus, faute d'être plus comiques. On est certes en territoire de série Z, mais je m'attendais à rigoler un peu plus souvent, surtout qu'à ce niveau-là ça démarre plutôt pas mal, mais ça s'essouffle vite, il y a trop de temps morts, de moments qu'on a envie de passer en avance rapide. Je sais que Nanarland l'a classé en nanar plutôt qu'en "on s'est fait avoir", et l'a même plutôt pas mal noté à ce niveau-là, mais je suis plus mitigé sur la question. Disons que c'est quand même un film à avoir vu pour parfaire votre culture nanaresque (enfin si c'est quelque chose qui vous intéresse à la base) mais quand je vois les prix auxquels on le trouve sur certains sites, je tiens à vous dire : n'allez surtout pas vous ruiner pour vous le procurer.
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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 09:51

La-Legende-de-Beowulf.jpgComme tout le monde, je n'ai jamais lu le poème épique Beowulf ni vu le film Beowulf avec Christophe Lambert et Rhona Mitra. Mais j'étais quand même intrigué par cette nouvelle adaptation, du fait de l'étrange originalité du produit : c'est un film tourné avec de vrais acteurs qui ont ensuite été repeints aux images de synthèse pour que ça ressemble à Shrek 4 en plus gore et un peu grivois. Sur le coup ça paraît saugrenu, on se dit, pourquoi faire ça au lieu de faire comme tout le monde et se contenter de coller des acteurs au milieu de décors et créatures en images de synthèse ? Alors j'avoue, je n'ai que la version pas chère du film, celle de l'offre Warner "10 DVDs pour 50 €", sans aucun bonus donc sans making of dans lequel Zemeckis expliquerait son choix. Du coup je me contenterai d'imaginer que c'est parce qu'un jour il regardait King Kong de Peter Jackson et qu'il s'est dit, "putain, ce singe est censé être le top du top des effets spéciaux, et c'est vrai qu'il est impressionnant, la façon de bouger, la fourrure, tout ça, j'ai jamais vu mieux en matière d'images de synthèse c'est sûr, et en même temps on dirait juste un putain de personnage de jeu vidéo qui s'intègre pas du tout au reste, j'ai l'impression de regarder Roger Rabbit mais en largement mois bien, ah la la comment je déchirais trop à l'époque de Roger Rabbit n'empêche, quand je pense qu'après j'ai fait des trucs genre Contact, Apparences ou Seul au monde, moi qui ai fait les Retour vers le futur putain, enfin bref, toutes ces conneries de monstres en images de synthèse ça paraitrait sûrement moins factice finalement si TOUT était en images de synthèse et pas seulement les effets spéciaux, tiens je vais faire un film de monstres comme ça pour voir."

 

Enfin je ne peux que supputer hein. Concrètement j'en sais rien, mais si c'est vraiment comme ça qu'il a eu l'idée je dirais qu'en théorie il n'avait pas complètement tort. Alors sans vouloir niquer le suspense, je dirais qu'en pratique le résultat ne fonctionne pas vraiment mieux que s'il avait mélangé prises de vues réelles et dragons en pixels, mais quand même, c'est bien d'avoir essayé, je trouve. C'est vrai, ça donne un ensemble plus harmonieux, mais du même coup, tout fait factice, au lieu que ce soit seulement les créatures surnaturelles. Donc c'est pas encore ça.

 

Beowulf 05

Les scènes d'action font un peu trop penser à des séquences de jeux vidéos
façon "Quick Time Events" de
God of War sur PlayStation 2
pour être considérées comme de vrais moments de cinéma à grand spectacle.

 

Pour en revenir au film lui-même plutôt qu'à l'expérimentation qu'il représente, c'est donc l'adaptation par Neil Gaiman (Coraline, Sandman...) et Roger Avary (un pote de Tarantino) d'une vieille légende. Histoire d'avoir l'air intelligent je me suis renseigné rapidos sur le Beowulf original (pas celui avec Christophe Lambert hein donc, suivez un peu) et visiblement ils ont pris des libertés avec l'histoire, mais des libertés que je trouve pas inintéressantes du tout, donc pour ma part, je ne leur en tiens pas rigueur. La Légende de Beowulf telle que racontée par les deux compères est celle d'un vieux roi danois, Anthony Hopkins dit "Gros Dégueulasse 1er", qui a bien des soucis avec un horrible géant qui vient foutre le bronx dans sa salle des fêtes dès qu'il y a trop de bruit. Nommé Grendel, l'affreux a la fâcheuse habitude de démembrer ou manger ses meilleurs guerriers et Gros Dégueulasse ne sait plus quoi faire pour s'en débarrasser. Arrive alors Beowulf, jeune héros vantard, qui affirme pouvoir occire Grendel. Malheureusement, Grendel n'est pas le seul démon à hanter les environs, et en fourrant son zgueg dans n'importe qui comme l'a fait avant lui Gros Dégueulasse, Beowulf va attirer sur lui une malédiction digne d'une tragédie antique...

 

 

Beowulf 03

Pour un film d'animation classé "Tous publics", La Légende de Beowulf

met tout de même en scène quelques exécutions bien sanglantes,

par contre il est évidemment hors de question d'y montrer l'ombre d'un téton.

 

Je ne vous en dis pas trop pour laisser quelques surprises à ceux qui n'auraient encore lu aucun résumé du film, mais si l'on peut avoir quelques préjugés sur un film d'animation hollywoodien avec un méchant géant, une sorcière et un dragon, je trouve qu'en définitive le scénario de La Légende de Beowulf se révèle loin d'être con. Il se permet même de s'aventurer sur des terrains inattendus dans ce genre de production, ne se conclut pas sur une happy end, sa toute fin étant même assez "ouverte", puisque le film s'arrête juste avant qu'on puisse savoir avec certitude si cette fois tout le monde a bien retenu sa leçon ou si au contraire la malédiction est destinée à se poursuivre indéfiniment.

 

  beowulf gif

Pour une bête image générée par ordinateur, il a largement plus de charisme

que cette pauvre nouille de Christophe Lambert.

 

Je ne vais pas prétendre que c'est un film intelligent qui fait réfléchir, mais tout de même, y a quelques éléments qui le tirent vers le haut. Les personnages, par exemple, ont une certaine épaisseur et ça devient rare. Grendel n'est pas qu'une abomination anthropophage qu'il faut exterminer pour avoir la paix, c'est une pauvre chose biscornue dont l'existence n'est que souffrance. Beowulf, sans être un anti-héros moderne genre "je suis beau et ténébreux et parfois je traîne un peu dans les bars et j'arrête de me raser pendant trois jours parce que j'ai plein de douleur en moi et des fois je dois contourner les règles pour mener ma mission à bien", n'est pas non plus le héros classique à l'ancienne. C'est un peu un enfoiré sur les bords, il ment à propos de presque tout à presque tout le monde, ça ne le gêne pas d'hériter d'une épouse comme si c'était un objet, il la trompe, puis il délaisse ses maîtresses... Et tout ça, tout en gardant quand même aussi un côté "homme d'honneur et guerrier à la bravoure sans faille". Ca le rend un peu plus intéressant qu'un Aragorn version Viggo Mortensen par exemple (et je dis ça, j'aime bien Viggo Mortensen hein).

 

Beowulf 08

En cherchant bien, on doit pouvoir trouver une traduction du poème original

qui précise que la mère de Grendel avait des pieds à talons aiguilles.

 

Et puis il y a quelque chose qui ancre tout ça dans la réalité, ça n'est pas qu'une succession de batailles dans un monde imaginaire comme Le Seigneur des Anneaux de Jackson. On pourrait presque dire que c'est un film sur l'infidélité et l'irresponsabilité masculines. Tout ce côté "ouais bon ok on a baisé, mais je pouvais pas faire autrement, c'est pas ma faute, c'était impossible de résister, n'importe quel mec en aurait fait autant à ma place" autour du personnage d'Angelina Jolie. C'est pas que ça dise quelque chose de vraiment profond et original sur le sujet mais je trouve ça déjà pas mal que ça ne se limite pas à "et alors le héros qui était super fort et super courageux prit son épée magique et tua le dragon et l'ordre revint dans le royaume".

 

Beowulf 09

Je ne veux pas trop vous dévoiler le look des créatures mais

reconnaissons déjà au film le mérite d'avoir un dragon,

un élément trop rare au cinéma je trouve.

 

A côté de ses qualités, malheureusement, le film est salement plombé par un paquet de défauts. Bon, déjà, on sent que ça a été mis en scène pour être vu en trois dimensions dans une salle équipée pour. Zemeckis pointe ou projette tout ce qu'il peut vers le spectateur, et avec de belles lunettes 3D dans une grande salle ça devait être sacrément chouette tout ça, mais sur un bête téléviseur, la très désagréable impression d'avoir raté quelque chose qu'on ne retrouvera forcément plus jamais (puisqu'il est peu probable que le film revienne à l'affiche) gâche salement l'ambiance chaque fois qu'une hache ou une pointe de javelot s'arrête bêtement à l'écran au lieu de le traverser pour entrer dans le salon.

 

Beowulf 04

Ca c'est typiquement le genre d'image qui devait être très chouette au cinéma en relief

mais qui fait un peu couillonne quand on doit se contenter de deux dimensions.

 

Un autre gros problème, c'est que les meilleures images de synthèse du monde sont encore très, très, très loin du photoréalisme total. Certains personnages semblent être en cire, d'autres en plastique, aucun n'a l'air réellement humain, vivant. Les mouvements ne sont pas du tout naturels, ça va parfois jusqu'au ridicule (les chevaux qui galopent par exemple), des gestes tout simples comme empoigner un objet font totalement faux, c'en est au point où finalement le personnage le plus crédible est le difforme Grendel. Quand je disais que ça ressemblait à du Shrek, c'était pas (que) pour faire un gag, ça y ressemble vraiment, l'impression d'être face à des marionnettes empêche de s'immerger vraiment dans cet univers.

 

Beowulf 07

Tiens, les mecs de Kaamelott sont au musée Grévin maintenant ?

 

Le choix d'acteurs connus nuit également à l'histoire. Cette reine en caoutchouc qui ressemble presque à Robin Wright Penn mais avec un gros nez, par exemple, ça ne va pas du tout. On la voit et on ne se dit pas "pauvre reine, son premier mari était un porc qui l'a cédée à un autre comme si elle faisait partie des meubles et son deuxième mari tringle une petite servante, tragique destin que le sien", on se dit "elle a vraiment un si gros nez la vraie Robin Wright Penn ?", ça pète l'ambiance. John Malkovich qui fait un accent rigolo, ça ne va pas non plus, sans compter qu'au bout du compte son personnage ne sert à peu près à rien quand on y pense. Encore heureux que le héros soit joué par un quasi-inconnu qui ressemble à peine à son avatar et que j'ai du mal à imaginer mieux qu'Angelina Jolie pour personnifier la poupée à fantasmes qui rêve d'avoir plein d'enfants, parce que sinon ça aurait vraiment été le désastre, que des célébrités venues faire des accents genre "j'ai été cohomédien deuh théââââtre moi, je peux faire genre je joue du Shakespeare".

 

Beowulf 01

Non mais sérieusement elle a vraiment un pif comme ça, la meuf de Santa Barbara ?

 

Le film est également desservi par un certain nombre d'éléments ou de scènes vraiment crétines dans des moments où l'ambiance n'est pas à la comédie. Je pense notamment au passage où Beowulf décide d'affronter Grendel tout nu. L'idée elle-même n'est pas risible, au contraire elle sert à établir quelques traits de caractère du personnage (c'est un combattant loyal car il veut être d'égal à égal avec son adversaire, c'est un malin car il sait que contre un être surnaturel une armure et une arme normales ne feront que le ralentir, c'est un prétentieux car il veut montrer à tout le monde que non seulement il peut buter le monstre, mais en plus il peut le battre à poil). Malheureusement, suite à son effeuillage, ça vire à un remake des scènes des différents Austin Powers où l'on voit Mike Myers se promener en tenue d'Adam, avec toujours un objet du décor savamment placé pour lui cacher la teube. Hollywood a vraiment du mal à assumer les teubes en images de synthèse, à la sortie de Watchmen la moitié des critiques amerloques ne parlaient que de la quéquette bleue du Dr Manhattan, et donc dans La Légende de Beowulf impossible de dévoiler la biroute virtuelle de Ray Winstone. Enfin bref, la scène se retrouve largement risible alors que ça devrait être un moment de tension fort.

 

Beowulf 06

Beowulf n'hésite pas à lancer des fumigènes pour ne pas que

tout le monde découvre qu'il en a une petite.

 

La Légende de Beowulf se traîne ainsi beaucoup trop de boulets aux pieds pour qu'on puisse y voir un vrai bon film. C'est loin d'être ennuyeux, mais c'est également loin d'être une réussite et en DVD, ça fait surtout regretter de ne pas être allé le voir en trouadé (enfin, quand on est du genre à pouvoir apprécier un film 3D comme une amusante attraction de fête foraine). Pour 5 €, ça n'est quand même pas du vol, l'histoire reste bonne, l'expérience "tout en images de synthèse même les vrais gens" est bizarre mais intriguante, l'ensemble assez attachant malgré tout. En revanche, je ne recommande pas la version "Director's Cut", qui ajoute des scènes pas forcément utiles, et casse le rythme.

 

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La Légende de Beowulf (Beowulf, 2007), réalisé par Robert Zemeckis (Retour vers le futur) sur un scénario de Neil Gaiman (Mirrormask) et Roger Avary (Killing Zoe). Avec Ray Winstone (Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal), Anthony Hopkins, Angelina Jolie, Brendan Gleeson (Troie), Robin Wright (Princess Bride), John Malkovich.

 

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Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

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