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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 11:02

DrakkarSous cette jaquette et ce titre mensongers se cache, comme d'habitude, non pas la grande épopée sanglante que tu espères sans trop y croire en l'achetant, mais un téléfilm sur une poignée de barbus malpropres qui vadrouillent dans la campagne anglaise où tout est dans des tons gris et bruns délavés parce que le Technicolor c'était bon pour les Vikings de tes parents, mais dans le cinéma moderne on est sombre et réaliste steuplé. D'ailleurs ça démarre toujours par un texte à l'écran qui te garantit la véracité historique de ce qui va suivre, c'est dire si ça rigole pas.

Nous sommes cette fois à la fin du 8ème siècle et une horde de cinq Vikings envahit le nord de l'Angleterre. Ayant entendu parler des aventures magiques d'un certain "Christ", leur roi est persuadé que détenir le livre qui les raconte lui confèrera un grand pouvoir. Mais les moines des environs, pour une raison qui m'échappe, ont décidé qu'il était hors de question d'évangéliser ces païens bourrus et deux d'entre eux s'enfuient donc avec leur précieuse bible sous le bras pour éviter que les exploits de Jésus ne convertissent les méchants barbares nordiques au christianisme.

J'attends bien sûr qu'un historien de mes couilles vienne me contredire en m'expliquant qu'il a lu sur Wikipédia que l'Evangile de Lindisfarne n'était pas n'importe quelle bible mais un livre super précieux et important, mais je me permets de penser que la base de l'intrigue reste assez crétine malgré ça, parce que la valeur du bouquin ne justifie toujours pas le fait que les prêtres préfèrent le cacher plutôt que d'essayer de retourner la situation à leur avantage en ralliant les envahisseurs à la cause chrétienne. Enfin, de toutes façons, comme il n'y avait pas vraiment de sous dans la caisse pour faire un vrai film, l'aventure se limite à "deux petits groupes d'acteurs de troisième zone arpentent la lande et de temps en temps, une bagarre permet d'en avoir un de moins à payer". Occasionnellement un brigand ou une secte de Juggalos tente de briser la monotonie mais n'empêche pas de se faire copieusement chier d'un bout à l'autre même si l'idée générale est que dans la vie, la prière et le pacifisme ça va bien cinq minutes, mais à un moment donné un vrai bonhomme ça doit prendre les armes et péter des tronches.


Drakkar 051H25 dans des tons caca au cas où t'aurais pas compris
que le Moyen Âge c'était une période sombre où on ne rigolait pas trop.


Ca rappelle le médiocre Hammer of the Gods mais ça le ferait presque passer pour un bon film en comparaison tellement c'est indigent et mal filmé. Outre la présence de l'acteur Michael Jibson, le côté minable de cette invasion sans armée, et cette espèce de monochromie qui semble être l'unique alternative que les réalisateurs ont trouvée à l'excès d'"orange et bleu", on trouve ici aussi un message anti-religieux, et on sent que l'auteur a vraiment un compte à régler avec l'Eglise puisqu'en plus des discours sur "vous feriez mieux de protéger le peuple plutôt que votre livre" ou "c'est pas vos belles paroles qui vont guérir les malades" ou "haha tu vas mourir, où est ton Dieu maintenant hein ?", il a tenu à inclure une scène où le vieux moine se fait violer par un Viking sadique, qui semble plus être là pour dire "c'est une punition bien méritée" que "regardez comme ces barbares sont sans pitié". Bon, moi, vous me connaissez, je suis pas spécialement ni une âme sensible ni un cul-bénit, mais je suis pas sûr que montrer un vieillard en train de se faire fracasser le fion par une brute en cotte de maille tire le film vers le haut.


Drakkar 03Ah putain les salauds, ils ont même crucifié Heisenberg.


Que dire de plus... Ce genre de film, c'est à se demander si certains éditeurs de DVDs font d'abord concevoir une jaquette vendeuse par leurs graphistes, puis trouvent un stagiaire pour tourner, pour le moins cher possible, 85 minutes vaguement en rapport avec. Faut vraiment que les couillons comme moi apprennent à réfréner leurs "ouah cool, une histoire de Vikings dans l'offre à 3 pour 20€, je prends !" face aux rayons de films en soldes, parce que sans ça, ils vont continuer. En attendant ben voilà, maintenant que j'ai sauté sur la grenade, vous êtes sauvés, vous savez qu'il faut éviter cette sombre merde à tout prix.

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 08:27

BarbariansAh, chouette, un film de barbares, c'est cool vu que ça ne se fait plus trop depuis les années 80 et toutes ces séries B pas terribles qui ont voulu surfer sur le succès de Conan le Barbare. Enfin justement il y a bien eu un nouveau Conan le Barbare récemment mais ça a été un gros bide, alors c'est cool de voir a quand même... ah, non, excusez-moi, en fait c'est seulement que le distributeur français s'est dit que ça se vendrait mieux sous ce nom de Barbarians qu'en gardant tout simplement le titre original Taras Bulba. Faut comprendre, être associé à un truc chiant comme un film d'avant 2005 ou pire, un livre, c'est pas facile.

Mais c'est donc un film sans culturistes en pagne qui se défoncent au glaive et à la hache. C'est une adaptation du roman de Gogol par un cinéaste russe qui semble avoir plus confiance dans la culture de ses spectateurs potentiels que l'éditeur du DVD, vue sa façon de raconter l'histoire comme si on la connaissait déjà. Mais au cas où comme moi vous n'avez ni lu le bouquin ni vu la version avec Yul Brynner, le début de l'intrigue du film donne à peu près ça : au XVIème siècle, les Polonais contrôlent l'Ukraine, et le vieux cosaque Tarass Boulba s'est résolu à déposer les armes et mener une vie rangée sur ses terres. Il accueille ses fils séminaristes qui rentrent de Kiev, et trouve qu'ils ont un peu viré tapettes lors de leur séjour chez ces salauds de polaks. Il décide alors qu'il est temps d'abandonner cette existence paisible, de rejoindre les indépendantistes zaporogues, et de les manoeuvrer habilement pour les pousser à rompre leur trève avec l'occupant. Ses fils choisissent de l'accompagner pour prouver que ce sont eux aussi de vrais Russes qui en ont dans le
brjúki. Après trois quarts d'heure de film pendant lesquels il ne se passe vraiment pas grand'chose de plus que ça, les cosaques sont enfin sur le sentier de la guerre, mais lors du siège d'une forteresse ennemie, l'un des fils Boulba apprend que la petite pouliche polak qu'il a tripotée en douce pendant ses études fait justement partie des habitants en train de crever de faim du mauvais côté des remparts. N'écoutant que son courage, sa générosité et sa teube, il s'introduit dans le château avec des provisions et passe à l'ennemi pour les beaux nichons yeux de sa blondinette. Mais ni sa trahison ni les sanglantes défaites à venir n'affaibliront la volonté de Tarass Boulba de bouter l'envahisseur.


Barbarians 07Rendez-vous compte, les Polonais sont tellement des sauvages que quand on les affame,
non seulement ils mangent leurs chevaux mais en plus ils ne prennent pas la peine de les cuire avant.


Ca voudrait clairement être le Braveheart russe mais ça n'est qu'un mauvais film de propagande qui passe deux heures à répéter que les Russes sont les plus forts et courageux, que la religion orthodoxe est la seule vraie religion, que les Polonais sont des enfoirés d'hérétiques et que les Juifs sont couards et cupides (mais attention hein c'est progressiste quand même : ils sont couards et cupides, MAIS ils ont le droit de vivre malgré tout). Les producteurs n'ont pas lésiné sur les moyens : il y a des dizaines voire centaines de figurants, cascadeurs et cavaliers ; les costumes, armes et armures sont de belle qualité ; mais tout ça sert moins à raconter une grande épopée tragique qu'à simplement nous asséner en boucle que malgré tous les obstacles qui se dresseront sur le chemin de la Sainte Russie, un jour un puissant tzar va bien niquer sa race au reste du monde. Allez savoir, y a peut-être un rapport avec le fait que le réalisateur a été financé par la télé publique à la solde du gouvernement Medvedev-Poutine.


Barbarians 08Apprends en t'amusant : le Dniepr est un fleuve d'Europe de l'Est, long de 2200 km, qui se jette dans la Mer noire.


Alors après, un film partisan, patriotique, idéologiquement discutable peut quand même être réussi, voire être un très bon film. Il n'y a pas besoin d'être du même bord politique que Clint Eastwood ou John Milius pour apprécier leur cinéma. Mais Barbarians n'est sauvé ni par son scénario, ni par sa mise en scène, ni par la force de ses personnages. Le discours empiète trop sur l'histoire, comme j'ai dit il faut attendre un looooooooong moment avant que l'intrigue se mette vraiment en marche parce que tout le monde est très occupé à discuter sur la bravoue russe et la beauté de la foi orthodoxe, et ensuite même pour les plus patients qui ont réussi à ne pas s'endormir avant les batailles, ça continue, chaque fois qu'un personnage russe encaisse une lance dans le bide il prend quand même 30 secondes avant de mourir, le temps d'expliquer qu'il ne regrette rien parce que la Russie et l'orthodoxie sont éternelles et vaincront la racaille polono-infidèle. Ca casse un peu le rythme et c'est vite répétitif (tout comme les plans sur des lames ouvrant des blessures, auxquels on a droit à chaque mort aussi).


Barbarians 04

"Et quand celle sale guerre... sera finie... dites à ma femme... de se méfier... de cette crapule... de Shlomo... Arrrrgh..."


Cela dit, même sans ça, les scènes d'action ne sont quand même pas bien fameuses. Les différentes phases des combats s'enchaînent maladroitement, on a toujours du mal à suivre l'évolution de la situation, quel camp est en train de gagner, à quoi riment les différentes manoeuvres. Les historiens se satisferont peut-être de l'authenticité des équipements, les nanardeurs rigoleront un peu en voyant certains figurants faire n'importe quoi en espérant que ça ne se voit pas parce qu'ils sont en arrière-plan (tant qu'on est dans le sujet des éléments gentiment ridicules, je me permets un apparté : si vous ne saviez pas que les Russes ne doublent pas les films étrangers, mais font parler un interprète par-dessus les dialogues d'origine, un seul pour tous les personnages et qui débite robotiquement toutes les répliques, vous le découvrirez ici dans les scènes où les Polonais discutent entre eux, c'est du plus bel effet, vraiment), mais même si c'est moins ennuyeux que les discours, ça n'est franchement pas réussi. On s'implique évidemment d'autant moins dans ces affrontements qu'il n'y a pas l'ombre d'un personnage intéressant, pas même Tarass Boulba, joué par le Depardieu ukrainien et qui fait vraiment figure de vieux con borné plutôt que de vaillant héros.


Barbarians 02Malgré sa bonne tronche d'ivrogne, tellement belle qu'elle aurait mérité d'être dessinée par Goossens,
difficile de s'attacher à ce vieux salaud donneur de leçons qui décide d'aller assister à l'exécution de son fils
juste pour vérifier qu'il encaisse la torture sans crier, comme un vrai cosaque.


C'est évidemment très long, encore un de ces films qu'il a fallu que je me force péniblement à finir pour éviter d'en faire une chronique malhonnête basée sur une demi-heure d'ennui profond. Moi qui espérais naïvement quelque chose dans la veine de Wolfhound je me suis bien planté, ça ne vaut même pas le très moyen Prince Yaroslav, c'est 125 minutes de pub bien chiante et assez puante pour la guerre sainte orthodoxe et la beauté de l'âme russe, avec une intrigue racontée n'importe comment et une réalisation friquée (pour une production européenne, en tout cas) mais médiocre. Si vous faites une thèse sur le nationalisme russe, ça peut servir de pièce à conviction, mais pour le cinéphile moyen c'est 5€ et 2 heures de foutus en l'air.

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 08:14

Hammer of the GodsLe succès commercial des adaptations de Tolkien et de Thor ont remis les poilus en costume médiéval et les Vikings au goût du jour, mais tout le monde n'a pas 200 millions de dollars pour faire son film de scandinaves barbus, et souvent donc on se retrouve face à des jaquettes qui tentent de nous vendre comme de grandes épopées spectaculaires ce qui n'est en fait que des téléfilms avec une poignée de cascadeurs velus qui se tapent dessus à la hache dans la campagne britannique. Hammer of the Gods fait partie de ces productions à petit budget qu'on trouve pour 5€ quelques mois à peine après leur sortie directement en DVD.

Le film nous emmène au 9ème siècle, alors que les Vikings occupent l'Angleterre mais commencent à avoir du mal à tenir leurs positions face aux Saxons. Un renfort de pas moins de cinq guerriers arrive alors que le roi viking (le chef des Gardes Noirs dans Game of Thrones) se meurt. Il confie à son fils cadet Steinar
(joué par un obscur second rôle de Twilight 2) une mission capitale : retrouver son aîné, banni des années plus tôt, mais seul selon lui à être digne de lui succéder, car il est assez fort et téméraire pour manier le "Marteau des Dieux" (qui, bien qu'il donne son titre au film, ne sera plus jamais mentionné après une unique réplique au début). Steinar doit traverser un territoire infesté de Saxons avec sa petite troupe pour dénicher son frère disparu, qu'on dit être devenu cinglé, et va découvrir une vérité bien pire que ce qu'il n'imaginait.


Hammer of the Gods 01C'est à se demander si le titre a été imposé par le distributeur parce qu'il le trouvait percutant,
forçant les auteurs à ajouter deux lignes de dialogue pour le justifier,
mais en tout cas on ne verra jamais le fameux marteau.


Tourné par un réalisateur de séries télé (il a bossé entre autres sur la dernière saison de Luther, diffusée récemment sur Canal), Hammer of the Gods semble surtout être le bébé de son scénariste et de son producteur, qui ont officié sur plusieurs films de Nicolas Winding Refn (Bronson, Only God Forgives) et tentent ici de faire une espèce de version grand public de Valhalla Rising, ce qui évidemment est une démarche complètement absurde, comme si quelqu'un décidait de faire un genre de Drive tout en s'efforçant de le rendre un peu plus comme Fast & Furious. On peut aimer les deux mais ça ne sert à rien d'abâtardir l'un ou l'autre en espérant amadouer ceux qui à la base n'en aiment qu'un seul, c'est comme ajouter des lardons dans un cake aux fruits pour faire plaisir à ceux qui préfèrent les cakes salés.


Hammer of the Gods 02On veut nous raconter une descente aux enfers tragique et inexorable,
mais les moments de cinéma "sérieux" côtoient des scènes où le héros
doit mettre son trou-de-balle en jeu pour amadouer un futur compagnon de boucherie.


Hammer of the Gods voudrait donc être un peu intello mais quand même bourrin, contemplatif et sérieux et solennel mais quand même avec de vraies scènes d'action et des décapitations et des femmes à poil. Le résultat se révèle aussi creux et ennuyeux que peut l'être le cinéaste danois susmentionné, mais sans en avoir le style et sans le bénéfice de bons acteurs. L'intrigue, très simplette, emmène mollement les protagonistes du point A au point B en semant sur leur chemin quelques obstacles banals et vite surmontés. Les personnages sont inintéressants au possible, on dirait que de nos jours tous les films à épées, que ce soit Robin des Bois, Centurion, Le Roi Arthur ou Prince Yaroslav, utilisent le même groupe de stéréotypes, le gros rustre qui ne pense qu'à se battre et à baiser, la chiffe molle qui doit prouver sa valeur, le bras droit fidèle mais un peu trop conservateur... A la limite si le casting avait eu un peu plus de gueule, si l'interprétation avait été moins fade, mais là, il faut se contenter de seconds couteaux de la BBC, le genre de gars qui récupèrent les rôles dont même John Rhys-Davies et Vinnie Jones ne veulent pas, c'est dire le niveau.

 

Hammer of the Gods 03Les quelques bastons ne sont pas trop mal mises en scène, mais ce ne sont toujours
que quelques petites échauffourées, jamais de grandes batailles.


Ceux à qui la jaquette a fait croire à une grande épopée spectaculaire n'en auront clairement pas pour leur argent, et ceux qui à qui le début du film fera espérer une tragédie cornélienne sur un héros tiraillé entre son devoir envers son père et son peuple et son amour pour ses frères seront déçus en constatant que c'est finalement un film creux dont le principal "message" est assez convenu en plus d'être sans aucun rapport avec la trame principale (la religion c'est mal, que ce soit le paganisme ou le christianisme). Alors évidemment ça reste moins mauvais que des trucs comme Berserkers ou Thor et le Marteau des Dieux, mais ça n'est pas un gros exploit et ça reste aussi raté, voire encore plus, que Beowulf, la légende viking ou Pathfinder. Si vous voulez absolument voir des bagarres à la hache sur fond de hard rock, mieux vaut vous tourner vers Kull le Conquérant que vers ce machin médiocre, ennuyeux et prétentieux.

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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 09:14

EragonDepuis Harry Potter, plus aucun éditeur ne veut prendre le risque d'être l'imbécile qui a laissé une usine à pognon lui passer sous le nez, et ça fait donc une petite quinzaine d'années qu'ils se sont tous mis à publier absolument n'importe quoi dhéroïco-magique pour les gosses dans l'espoir d'en vendre plein de suites qui se transformeront plus tard en encore plus de films (parce qu'il ne faut pas hésiter à couper le dernier épisode en deux) et pourquoi pas en jeux vidéo, dessins animés, jouets, etc. Alors évidemment chacun essaie d'avoir sa petite singularité à soi pour se démarquer de la concurrence, y en a qui prennent les dieux grecs ou les chouettes au lieu des sorciers ou des vampires. Pour Eragon, c'est que l'auteur avait prétendument 15 ans quand il l'a écrit, ce qui en réalité signifie que comme tous les premiers de la classe forts en rédaction du monde, il a jeté 3 bouts d'idées dans un cahier quand il était au collège ou au lycée, mais qu'à la différence de la plupart des autres il s'est donné la peine d'écrire un roman complet basé dessus quand il a eu 20 ans. Mais c'est sûr que c'est moins vendeur de dire que "l'auteur avait à peine 20 ans quand il l'a écrit" alors on fait croire que c'est vraiment l'oeuvre d'un enfant surdoué pour que les média en parlent.

Bon alors après, ça a eu un petit succès commercial mais il s'est un peu fait descendre par la critique qui l'a accusé d'avoir repompé toutes ses idées ailleurs. J'espérais que ce soit de la méchanceté gratuite émanant d'imbéciles tellement fiers d'une formule lapidaire de type "c'est La Guerre des Etoiles dans le monde du Seigneur des Anneaux" qu'ils préfèrent se cantonner à ça plutôt que d'admettre que, dans la mesure où toutes les histoires du monde ont déjà été racontées, c'est pas grave de réutiliser une trame scénaristique classique tant qu'on sait y apporter sa griffe. J'ai pas poussé l'optimisme jusqu'à lire le bouquin mais j'ai vu le film. Et malheureusement je préfère admettre tout de suite que ce n'est vraiment pas être mauvaise langue que de reprocher à Eragon d'être une bête copie de sagas à succès : ça n'est effectivement guère plus que
La Guerre des Etoiles dans le monde du Seigneur des Anneaux.


Eragon 04Heureusement que les machines à voyager dans le temps n'existent pas,
mon moi de 8 ans serait bien triste d'apprendre qu'un film avec
des chevaliers et des dragons qui se battent dans le village ewok peut être aussi ennuyeux.


Soit donc l'histoire d'un jeune fermier qui vit chez son oncle dans un monde contrôlé par un méchant guerrier qui a pris le pouvoir après avoir éliminé tous ceux de sa caste, à l'exception de son vieux rival qui vit planqué à la campagne en attendant le jour où il devra servir de mentor au petit péquenaud qui, ayant reçu d'une princesse en péril de quoi vaincre le méchant, entreprendra d'aller rejoindre la rébellion pour lui mettre une branlée. Alors comme ça se passe dans un monde médiéval plutôt que dans l'espace mais que le coup de l'anneau qui rend invisible c'est déjà pris, à la place des plans secrets de l'Etoile Noire c'est un dragon que le destin envoie entre ses mains (c'est pratique, comme ça il fait office d'épée-laser aussi), et comme c'est pas facile d'inventer un monde d'heroic fantasy tout neuf, l'auteur a simplement repris celui où les gentils humains, les gentils elfes et les gentils nains (évoqués dans les dialogues, mais qu'on ne verra pas dans le film) s'allient contre le sorcier et son armée de brutes basanées qui n'existent que pour la guerre (et sa préparation). Il y a même un groupe de créatures des ténèbres qui jouent les chiens de chasse à travers le pays pour retrouver le jeune fuyard.


Eragon 03Il y a même la scène coupée du montage original de La Guerre des Etoiles
où Biggs apprend à Luke qu'il va rejoindre la Rébellion, mais ici comme le scénariste
ne sait pas très bien raconter, on ne découvre jamais ce qu'il devient après sont départ.


Sincèrement j'aurais aimé pouvoir vous dire qu'il ne faut pas écouter les médisants et que sous ses airs de redite, il s'agit en fait d'un petit film sympathique. Mais hélas on sent effectivement assez vite qu'Eragon est basé sur l'oeuvre de quelqu'un qui, à chaque fois qu'il lit ou regarde un truc qui lui plaît, se dit "ouah, ce serait trop classe que je raconte des histoires bien comme ça moi aussi !" mais qui, une fois qu'il se décide à essayer, s'aperçoit qu'il a zéro idée et se met donc à recopier les histoires des autres en changeant les noms et en mélangeant un peu les situations. Georges Lucas n'a pas inventé l'histoire du paysan qui devient le plus grand des chevaliers mais il a eu l'idée d'y mettre des vaisseaux spatiaux et des robots. Tolkien n'a pas inventé le quart des créatures qui peuplent sa Terre du Milieu mais il a eu l'idée d'utiliser les mythologies nordique et celte pour raconter les exploits non pas de dieux et de surhommes, mais de gentils nabots qui se découvrent un héroïsme insoupçonné. L'un et l'autre, malgré leurs emprunts, ont su faire preuve de créativité, d'imagination pour donner un aspect inédit à leurs épopées. Le couillon qui a pondu Eragon, à moins que le film ait décidé de laisser de côté les meilleurs éléments de son livre, n'avait que l'envie de faire pareil que ceux qu'il admire, mais sans aucune espèce d'inventivité pour mener son projet à bien.


Eragon 01Robert Carlyle c'est un peu devenu le Temuera Morrison écossais,
un bon acteur qu'Hollywood a transformé en mercenaire cantonné
aux seconds rôles de guignol dans des films à gros budget crétins.


On passe donc 1h35 à suivre des protagonistes sans personnalité qui s'échangent des platitudes au fil d'une intrigue convenue, en attendant désespérément qu'il se passe quelque chose de surprenant, que les héros croisent la route d'un monstre un peu original, d'un ennemi qui ait un peu de caractère, d'un allié qui ait quelque chose d'un peu rigolo à raconter pour justifier sa présence... en vain. Certes, rien n'est particulièrement mauvais, en dehors de l'idée de faire parler la dragonne par télépathie avec une voix insupportable (Rachel Weisz en mode "nounou anglaise"), mais rien n'est vraiment bon non plus. C'est insipide au possible, ni les acteurs, ni le réalisateur, ni le chef op, ni le décorateur, ni le responsable des effets spéciaux, ni le compositeur n'avaient envie de faire quelque chose qui dépasse le potable. Forcément, cette impression que personne n'a fait l'effort de viser plus haut que simplement "acceptable" contribue à priver le film de toute âme, de tout charme. Au bout du compte, Eragon n'est pas un film conçu pour divertir son public, mais seulement pour l'occuper. On regarde défiler les images pour passer le temps mais on ne s'amuse pas devant parce que ça n'a aucune saveur.


Eragon 02Avec sa philosophie pour biscuits chinois, la sentencieuse dragonne
est une héroïne plus agaçante qu'attachante.


C'est à croire que les producteurs d'adaptations de bouquins flippent tellement de déclencher les vociférations interminables des nerds sur internet qu'ils ne veulent surtout pas prendre le risque de faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire, des fois que ça soit trop "infidèle" au livre. Ils vont remplir ton verre à moitié, avec de l'eau plate, comme ça t'ira pas chialer qu'ils t'en ont renversé sur les genoux ou que le goût est trop fort par rapport à ce que t'attendais. Bon enfin c'est aussi que le matériau de base était probablement pas fameux. Pour couronner le tout,
ça se conclue sur un "à suivre..." implicite, mais comme ça n'a pas rapporté assez de fric pour mériter une suite, c'est comme pour le pas-terrible-non-plus A la croisée des mondes, un bête premier chapitre plutôt qu'une histoire complète avec une fin satisfaisante. Si vous voulez absolument épargner à vos gamins les nichons et les décapitations de Game of Thrones, dans la mesure où il n'y a pas énormément de bons films d'heroic fantasy et que celui-ci est un peu mieux fait que la moyenne des mauvais téléfilms de dragons disponibles en DVD, je peux comprendre que vous envisagiez de dépenser 5€ dedans, mais à votre place je piocherais plutôt une vieillerie comme Willow ou Krull, deux preuves qu'on peut plagier éhontément Tolkien et Lucas et quand même obtenir un résultat sympa.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 08:13

Thor et le marteau des dieuxLe blog a enfin dépassé les 50.000 visiteurs uniques et les 100.000 pages lues et je dois bien avouer qu'en quatre ans d'existence c'est un peu minable. Heureusement, octobre est arrivé, il est temps de recommencer un mois 100% horreur, ça avait amené un peu de monde il y a un an, ça relancera peut-être la fréquentation cette année.

On commence en douceur avec un mélange d'heroic fantasy et de film de monstres, un peu à la manière d'Outlander mais tourné pour la chaîne Syfy (du temps où elle s'appelait encore Sci Fi) donc sans argent. Thor et le marteau des dieux raconte les mésaventures d'un petit groupe d'explorateurs vikings menés par le vaillant Baldr et son jeune frère Thor. Débarqués sur une île mystérieuse, ils sont attaqués par des créatures mi-hommes mi-bêtes. Plusieurs membres de la troupe sont capturés et, bien que la sagesse commande de quitter l'île avant de tous subir le même sort, les intrépides Vikings ne fuiront pas avant d'avoir libéré leurs camarades.
Thor est alors pris de visions d'un héros armé d'un énorme marteau capable de commander à la foudre, et le voilà persuadé que l'arme est cachée dans les environs, et que s'en emparer est le seul moyen de vaincre la horde d'hommes-loups.

Tourné en Bulgarie par un tacheron, avec de mauvais acteurs locaux et un gros poupon à l'air mongolo (il jouait un des gamins dans la série Papa bricole avec Tim Allen) dans le rôle de Thor (qui démarre ici en tant que simple mortel avant de comprendre qu'il est la réincarnation du dieu du tonnerre) sur un scénario d'un habitué des téléfilms de monstres pouilleux, Thor et le marteau des dieux est à l'image de sa vilaine jaquette marron : bien cacateux. Au début, si on est de bonne humeur, on peut se dire "ah tiens pour une fois c'est ni une histoire de Vikings qui découvrent le Nouveau Monde, ni une histoire de Thor le dieu/superhéros, c'est des Vikings contre des loups-garous, c'est cool ça comme idée", mais on déchante très très vite. Tout le monde joue faux, les effets spéciaux sont minables (costumes de loups miteux, images de synthèse à la Mortal Kombat), les combats sont du genre "heureusement que t'as fait un grand mouvement inutile de bouclier là sinon mon épée aurait tournoyé bêtement dans le vide" ou " heureusement que t'as oublié que ton but c'était de me tuer sinon t'aurais eu dix fois le temps de m'embrocher pendant que je faisais mon 360° tout mou qui sert à rien", l'intrigue enchaîne poncifs (évidemment, le héros est l'être élu annoncé par une prophétie...) et retournements de situation prévisibles (bien sûr, les villageois qui se prétendent victimes des loups-garous sont en réalité les monstres eux-mêmes, sous leur forme humaine).


Thor et le marteau des dieux 02La production ne possédait visiblement que deux costumes de loups-garous
pour représenter toute la meute, et en plus ils sont minables.

Avec tout ça, ça pourrait virer nanar, mais les très mauvais films ne méritent pas tous ce "prestigieux" label et celui-ci reste plutôt un simple navet. A la rigueur, les contradictions absurdes entre les décors utilisés et le scénario peuvent prêter à sourire : les Vikings détruisent un pont au-dessus d'un précipice pour retarder leurs poursuivants comme si c'était un pont en corde à la Indiana Jones et le Temple Maudit, sauf que c'est un pont en bois... et finalement leurs ennemis arrivent de l'autre côté sans encombre... Ils doivent aller au sommet d'une haute montagne pour récupérer le marteau, mais à l'arrivée ça ressemble  plutôt au pied d'une petite colline... et ils y retrouvent leur drakkar, à flot sur la côte, parce qu'apparemment le sommet de la montagne est au bord de la mer... Voilà. C'est idiot, c'est un peu rigolo. La nullité des acteurs aussi, un peu. Mais c'est tout et dans l'ensemble le film est vraiment chiant. Tant que j'y suis, pour ne rien arranger l'édition DVD est un peu mesquine, puisqu'elle ne propose que de la VO sans sous-titres en plus de la VF.


Thor et le marteau des dieux 01Je me demande si chaque film avec Thor s'est donné pour mission de trouver
un acteur principal à l'air plus teubé que les autres pour incarner le célèbre héros.

Au moins c'était court et ça ne m'a coûté que 3€, mais c'est une assez maigre consolation. Comme je me suis fait réprimander par un historien quand j'ai dit que Beowulf, la légende viking était à chier, parce que "mais non en fait c'est très bien comme film parce que les costumes ressemblent à des vrais costumes vikings !" (ou quelque chose dans ce genre), je signale quand même qu'ici aussi les accesoires et dans une moindre mesure les costumes ne pas trop mal. Enfin, surtout au sens où les casques n'ont pas de cornes. Ca fait toujours plaisir aux puristes, les casques sans cornes. Il y aura sûrement des étudiants en histoire qui trouveront que ça rend le film génial, du coup. Pour les autres, c'est surtout très raté aussi bien en tant que film d'horreur qu'en tant que film d'action et d'aventures. En fait c'est même l'un des trucs les plus moisis que j'ai vus depuis quatre ans que j'ai lancé Ciné Discount. Ca doit être à cause de films comme ça que j'ai si peu de visiteurs.

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 07:19

WolfhoundMes précédentes incursions dans le cinéma russe à gros budget n'ont pas été super heureuses, mais je continue d'espérer qu'il y ait des alternatives intéressantes aux productions hollywoodiennes dans le cinéma de genre international, alors je me suis maté Wolfhound, adaptation d'un roman d'heroic fantasy apparemment pas traduit en français (mais vous pouvez probablement trouver un forum sur lequel des gens se plaignent en français du fait que c'est une trahison honteuse de l'oeuvre originale, rassurez-vous).

Ca démarre par des images d'une famille heureuse dans un village paisible, ce qui en langage cinématographique signifie que le petit garçon va aller jouer plus loin et tomber nez-à-nez avec des méchants soldats venus massacrer tout le monde. Pas besoin de vous faire un dessin, vous vous doutez bien que cinq minutes de film plus tard le gamin, devenu orphelin, est un guerrier solitaire en quête de vengeance. Néanmoins, à la différence de Conan le Barbare, ici on saute ses années d'esclavage (ce sera pour un flashback plus tard dans le film) pour passer directement à son arrivée dans la forteresse du type qu'il veut défoncer, et l'affaire est assez vite expédiée. Mais l'aventure de "Chien-Loup, du clan des Chiens Gris" ne fait que commencer, puisqu'en assassinant le Cannibale (le meurtrier de sa tribu), il a sans le savoir perturbé l'équilibre politique de toute la région : Zhadoba, l'ancien rival du Cannibale, a désormais le champ libre pour mettre le royaume à feu et à sang. Le mariage arrangé d'une jolie princesse avec le fils du défunt chef barbare pourrait éviter la guerre, mais Chien-Loup y voit surtour une occasion de l'utiliser comme appât pour se débarrasser de Zhadoba. S'ensuivent bagarres, sorcellerie, trahisons, chevauchées dans les contrées sauvages de Slovaquie, etc, je vais pas vous détailler les 2h10 de film quand même hein mais vous voyez le genre.


Wolfhound 01La charmante Oksana Akinshina (vue dans La Mort dans la peau) est touchante dans son rôle
de princesse prête à se sacrifier dans l'intérêt de son peuple.


Un peu comme Lock Out, Wolfhound prouve qu'on peut encore tirer un résultat satisfaisant du recyclage d'éléments pourtant bien usés, à condition que les péripéties empruntées à d'autres films soient vécues par un héros qui se distingue un peu de ses confrères. L'intrigue a un petit air de déjà-vu, mais le personnage de Chien-Loup rend quand même l'ensemble unique, il n'est ni un clone de Conan ni un simple pantin sans caractère. Comme c'est un dur-à-cuire pas très causant, assez effrayant, et motivé par la vengeance, on pourrait le rapprocher d'un cowboy solitaire de western spaghetti. D'un autre côté son héroïsme indéfectible le rend trop chevaleresque pour être tout à fait comparable à l'Homme sans nom ou Django. Il sauve les gens non pas pour la gloire, ou parce qu'il compte se servir d'eux plus tard, ou parce que "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", mais parce qu'il a une espèce d'instinct de justice qui le pousse à risquer sa peau pour les autres. Il a même sauvé une chauve-souris blessée, incapable de voler, qui est devenue son animal de compagnie, et combien de héros ont une chauve-souris comme animal familier, hein ?


Wolfhound 04Aleksandr Bukharov n'a pas vraiment un physique de jeune premier mais
son style "vagabond fan de heavy metal" a le mérite de le distinguer nettement
d'un Aragorn, d'un Conan ou d'un Will Turner.


Avec son air mélancolique et farouche et bien qu'il n'ait pas beaucoup de répliques, l'acteur Aleksandr Bukharov (inconnu chez nous, mais également à l'affiche d'un autre DVD pas cher, Fantassins) est convaincant dans la peau de ce "Chien" à la fois sauvage et protecteur. Ca n'est ni un jeune bellâtre ni un culturiste, ce qui une fois de plus le singularise par rapport aux personnages d'heroic fantasy qu'on a l'habitude de voir à l'écran. Entre les mauvais téléfilms de dragons et les récentes croutes à gros budget comme Blanche-Neige et le Chasseur ou Jack le chasseur de géants, ces derniers mois j'ai vu pas mal de films tenter d'imposer des acteurs sans charisme dans des rôles sans relief en guise de héros d'épopée, mais Wolfhound se donne la peine d'offrir au spectateur un vrai guerrier mythique, et ses exploits sont du coup beaucoup plus intéressants qu'un bête déluge d'effets spéciaux numériques.


Wolfhound 03Parmi les bonnes idées qui renforcent le personnage, une scène où une voyageuse chante
la légende de l'esclave qui a échappé aux mines du Cannibale, et dont les exploits sont tellement surhumains
que personne dans l'assistance n'irait imaginer que le type fait partie de leur troupe.


Non pas que ceux du film soient mauvais, d'ailleurs. Bon, il ne faut pas s'attendre à voir plein de monstres ou des batailles à l'échelle de celles du Seigneur des Anneaux, mais c'est pas du trucage de série Z non plus. La fameuse chauve-souris est réussie, les quelques interventions magiques sont tout à fait convenables à défaut d'être vraiment mémorables. Quant aux scènes d'action, elles sont filmées de façon à masquer les limites de ce que l'acteur principal sait faire avec une épée à la main, mais au moins c'est pas le genre "caméra qui tremble trop près de tout". Le montage est un peu maladroit, en revanche, mais rien de trop grave quand même. Pas grand chose de négatif à signaler donc, l'intrigue est un peu bateau, les rebondissements pas toujours très surprenants, mais l'ensemble est suffisamment bien raconté pour être intéressant à suivre, et au risque de me répéter, le fait d'avoir un bon protagoniste aide beaucoup. Petit détail qui me chagrine bien que je ne sois pas russophone : j'ai l'impression que le sous-titrage français est une traduction de la version anglaise, pas de la VO russe (je précise aussi que certaines éditions ne proposent que la VF). C'est pas la mort mais j'ai trouvé un peu crétin de voir les personnages appelés par leur nom anglais.


Wolfhound 02Visuellement ça n'égale pas tout à fait les superproductions hollywoodiennes mais ça a de la gueule.


Si vous aimez les histoires de féroces guerriers et de méchants sorciers, c'est vraiment un très chouette film d'aventures, meilleur que Kalidor ou Kull le Conquérant, moins bébête que Le Roi Scorpion, moins kitsch que Krull, moins fade que Prince of Persia, à situer quelque part entre La Légende de Beowulf et Willow (cela dit, attention, ça me paraît un poil trop brutal et sanglant pour les gosses). C'est vrai que c'est un peu long, et que ça ne séduira probablement pas un non-amateur du genre, mais pour un fan, ça vaut largement ses 5 ou 10€.

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 07:30

Paladin le Dernier Chasseur de DragonsQuand je vous disais qu'avec l'avènement des effets spéciaux numériques, le film de dragon (jadis rarissime) s'était banalisé, c'était pas des conneries. Pour vous dire, celui-ci a même été écrit et réalisé par la scénariste d'un autre, le médiocre Age of Dragons, et qui a depuis signé The Crown and the Dragon en mendiant les sous sur un de ces sites de clochards où des escrocs font financer leurs hobbies par des imbéciles qui ont du fric à gaspiller. Bon vous me direz qu'en tant qu'instigateur de l'opération Fais pas ta pute je ferais mieux de fermer ma gueule, mais ça n'a rien à voir, désolé, ne commencez pas à tout mélanger et dire n'importe quoi merci. Donc voilà aujourd'hui en gros n'importe quelle vieille ado qui n'arrive pas à faire publier ses "fanfics" genre Bella et Edward chez les Dragons de Pern qu'elle a mises sur son blog, entre deux gifs animés de fées et de licornes, peut réunir les sous pour s'offrir un dragon en images de synthèse et faire un téléfilm. Avec une jaquette suffisamment clinquante, il y aura toujours des naïfs comme moi pour espérer que le résultat soit une chouette petite série B d'heroic fantasy plutôt qu'un pauvre navet pondu par des gens qui se sont autopromus cinéastes sans en avoir les compétences.

 Paladin suit la destinée de Will Shepherd, humble berger promis à une carrière de chevalier par le biais d'une dette du seigneur local envers sa famille. Mais Will est plus du genre Bilbo que Luke Skywalker : il ne veut pas devenir guerrier et vivre de grandes aventures, il veut rester s'occuper de sa ferme. Un jour hélas son père est tué par un dragon lassé de n'attaquer que des moutons. Pour pouvoir le venger, Will doit apprendre à se battre, et se rend donc au château du baron Sterling pour y devenir son écuyer. Mais il se retrouve cantonné à des tâches de ferme qu'il trouve soudain trop ingrates, et c'est la jolie fille du seigneur qui le forme aux arts de la guerre en cachette, persuadée qu'il possède le pouvoir de résister au feu qui permet de devenir un paladin, un chevalier chasseur de dragons.


Paladin le dernier chasseur de dragons 01La créature est un peu moins rudimentaire que celle de Dragon Fury, mais pas très spectaculaire pour autant.

Tourné sur une côte irlandaise avec une dizaine d'acteurs de troisième zone aux abords d'une petite tour médiévale, Paladin sent le projet semi-amateur produit avec de l'argent de poche. Mal écrit, maladroitement mis en scène, pas très bien joué, le film s'adresse moins aux amateurs d'épopées chevaleresques qu'aux lectrices des collections "historiques" de chez Harlequin dans lesquelles la princesse rebelle s'éprend du beau palefrenier qui est secrètement l'héritier du trône. Les clichés s'enchaînent tandis que l'intrigue s'enlise, de temps en temps il y a un petit duel à l'épée entre des acteurs qui n'ont visiblement pas trop eu le temps de répéter avec un professionnel pour être un peu crédibles, ou une apparition du fameux dragon qui, comme beaucoup de ses confrères récents, n'est pas tout à fait assez raté pour être drôle, mais pas réussi non plus. Cela dit c'est clair que sans ces quelques effets spéciaux et sans les costumes pas trop mauvais (il me semble que la réalisatrice est costumière, à la base), l'ensemble fait si fauché que ça ressemble plus au spectacle de fin d'année du club de théâtre du lycée qu'à un film destiné à une diffusion télé et une distribution en DVD. Le château fait minable, l'absence de figurants fait minable (le seigneur règne apparemment sur trois personnes)...


Paladin le dernier chasseur de dragons 02Les protagonistes sont certes photogéniques mais pas spécialement talentueux...
Paladin le dernier chasseur de dragons 03...ni très doués pour l'escrime.


Le seul aspect un peu divertissant du film finit par être de repérer faux raccords, comme lorsque l'héroïne fugue, ballerines aux pieds et cape sur le dos...


Paladin le dernier chasseur de dragons 04
...puis repart sans cape quand le beau gosse vient la chercher...


Paladin le dernier chasseur de dragons 05
...puis retrouve sa cape la seconde d'après, tandis que son compagnon gagne un deuxième canasson...


Paladin le dernier chasseur de dragons 06
...puis la perd à nouveau mais a miraculeusement troqué ses petits souliers contre des bottes.


Paladin le dernier chasseur de dragons 07
Ou encore ce moment où elle part à la recherche de son père sur un cheval blanc (et qui est, en plus, l'occasion de voir avec quelle incroyable finesse la mise en scène dissimule le fait que l'actrice est remplacée par une cascadeuse)...


Paladin le dernier chasseur de dragons 08
...et arrive en tenant par la bride un cheval marron.


Paladin le dernier chasseur de dragons 09
Bon, voilà, écoutez, que dire. C'est de la merde. N'achetez pas.

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 08:25

Age of DragonsQuand j'étais petit, les films avec des dragons étaient un genre rarissime. En dehors des dessins animés, il y avait Le Dragon du Lac de Feu et c'est à peu près tout. Donner vie à une créature aussi complexe avec l'animatronique n'était clairement pas de la tarte. Aujourd'hui par contre les dragons doivent être devenus le monstre le plus facile à créer en images de synthèse si l'on en croit la quantité de téléfilms à petit budget qui sont consacrés à leurs méfaits. Je vous ai parlé récemment de Last Dragon, mais ces dernières années on a eu aussi Dragon Sword, Paladin... Même l'ex-espoir Pitof n'a trouvé que Les Chroniques du Dragon à réaliser après le tristement célèbre Catwoman. Pour tout dire, j'en étais venu à me demander si la même boîte d'effets spéciaux ne refilait pas le même modèle à tout le monde, mais apparemment chacun a sa propre créature. Age of Dragons se paie même le luxe d'avoir quelques bestioles en caoutchouc en plus.

Le film est une adaptation de Moby Dick dans laquelle les terribles monstres volants remplacent les baleines. L'idée est saugrenue, mais a quand même de quoi rendre un peu curieux. On suit le jeune Ishmael et son pote exotique Queequeg alors qu'ils s'engagent pour une chasse au dragon auprès de l'équipe du Capitaine Ahab (le sous-titreur a décidé que "Achab" c'était pour les cuistres), un homme mystérieux et tyrannique obsédé par le légendaire Dragon Blanc, qui l'a défiguré après avoir tué sa soeur. Ils embarquent sur le Pequod, une sorte de tank des neiges, après qu'un vieux fou prédit à Ishmael qu'un seul homme survivra à leur aventure, et commencent leur traque. Bien entendu, les événements ne tardent pas à apporter du crédit à cette funeste prophétie, puisque les dangers de la chasse au dragon et les violentes dissensions au sein de l'équipe réduisent de jour en jour le nombre de participants à la quête de vengeance du capitaine.


Age of Dragons 04Difficile de dire si Danny Glover en fait des tonnes
parce qu'il a l'impression de tenir enfin un grand rôle ou à l'inverse parce qu'il s'en bat les couilles.

 
Le pari de transformer le roman de Melville en histoire d'heroic fantasy était risqué et, autant le dire tout de suite, ça ne fonctionne pas du tout. Et pourtant certains ajouts dont on aurait pu craindre le pire, comme la présence d'une jolie nana sur le Pequod, sont finalement pas trop mal intégrés. Mais on voit très vite que la transposition ne va pas tenir la route. C'est presque comme si les scénaristes, plutôt que de vraiment réfléchir à une façon intelligente d'adapter l'histoire, avaient simplement pris un résumé du bouquin et barré toutes les occurrences du mot "cachalot" pour le remplacer par "dragon". Ou alors ils trouvaient vraiment charmante et originale l'idée d'un bateau qui se déplace sur terre, avec des roues, ou de montrer les dragons comme des animaux victimes de la chasse et du commerce qu'elle alimente plutôt que comme de dangereux prédateurs, et ne se sont pas rendus compte que c'était absurde. Age of Dragons se déroule ainsi dans un monde où l'on sait déplacer des véhicules par magie, sans chevaux ni moteur, mais où on a absolument besoin d'affronter des monstres géants féroces et cracheurs de feu pour récupérer sur leur dépouille une infime quantité de combustible pour éclairer des lanternes. Logique.


Age of Dragons 03Il y a toute une scène pour montrer que les glandes des dragons permettent de fabriquer
des grenades médiévales, une arme qui sera utilisée exactement zéro fois par la suite.


Bon, admettons qu'on consente à avaler cette grosse pilule histoire de dire qu'on joue le jeu pour rester positif "parce que sans ça y a pas de film", reste qu'on est malheureusement face à un direct-to-video mou et bavard, dans lequel il ne se passe finalement pas grand'chose, et plombé par une narration omniprésente censée faire "littéraire" mais qui ne parvient qu'à donner un air prétentieux à un film vraiment pas assez intelligent pour mériter le droit de se la jouer "profond et philosophique" comme ça, même s'il est tiré d'un classique. L'acteur principal est beau gosse mais pas vraiment charismatique ou talentueux, Danny Glover surjoue son rôle de vieux fou mais c'est plus triste à voir que vraiment poignant ou savoureux, la plupart des personnages sont sans relief. Les effets spéciaux sont plutôt pas mal, même si on a affaire une fois de plus à une créature qui n'interagit quasiment jamais directement avec le décor et les personnages parce que c'est trop compliqué quand on n'a pas les moyens de se payer des images de synthèse top niveau, mais c'est à peu près le seul élément un peu réussi.


Age of Dragons 01

Les limites du budget obligent le dragon à rater une cible à 1 mètre de ses mâchoires
parce que c'est beaucoup plus compliqué de montrer une bébête inexistante en train de bouffer un acteur
que de simplement l'incruster dans des décors ou lui faire attaquer d'autres créatures numériques.

 

C'est laborieux et con, ça gâche du même coup un roman et un monstre qui méritaient mieux que ça. Ca voudrait être sérieux, ça n'est que chiant et forcément, dans ces conditions ça ne peut pas fonctionner en tant qu'heroic fantasy légère pour amateur de guerriers et de magiciens qui tabassent des dragons. Je ne désespère pas de trouver un film potable sur ce thème, mais c'est clairement pas celui-ci. A éviter, même à très bas prix.

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 08:39

Prince YaroslavCette production russe tournée en 2010 à l'occasion du millénaire de la ville de Iarioslavl (dont la fondation sert de conclusion au film), se trouve parmi les épopées historiques un peu "exotiques" proposées  depuis quelques mois dans les promotions pour supermarchés "4 pour 20€" ou "5 pour 30€" et dont les jaquettes sont clairement designées pour exprimer, sans avoir à l'écrire en toutes lettres, "achète, c'est comme 300, Gladiator, Le Seigneur des Anneaux et Braveheart, t'aimes ce genre-là non ?" J'ai l'impression qu'en dehors de grands noms comme Mikhalkov, Lounguine ou Sokourov, on importe très peu de cinéma russe en France et certainement pas beaucoup de cinéma de genre, et j'étais donc curieux de jeter un oeil sur celui-ci.

L'intrigue nous amène au début du Xème siècle dans ce qui deviendra la Russie mais n'est encore qu'une principauté relativement modeste entre la Pologne et la Scandinavie, constamment en proie aux attaques de barbares venus des régions environnantes. Fraîchement arrivé au pouvoir, le jeune Iaroslav aimerait pouvoir collecter l'impôt, mais avec les pillards et les esclavagistes qui terrorisent les villages il ne reste souvent plus rien à prélever lorsqu'il passe avec ses hommes pour réclamer son dû. Conscient que s'il veut pouvoir soutirer des thunes aux petites gens, il doit d'abord assurer leur protection, Iaroslav décide de faire bâtir une forteresse au bord de la Volga, mais ses plans se voient contrariés lorsqu'il est capturé par les guerriers de la tribu de l'Ours, dont il entendait pourtant s'attirer les bonnes grâces. Il parvient néanmoins à retarder son exécution  et s'efforce de convaincre les chefs du village que faire cause commune contre les barbares serait sans doute plus constructif que de lui couper la tête. Il ignore que pendant ce temps, l'un de ses généraux, qui a juré sa perte, manigance dans l'ombre pour pousser la famille princière à déclarer la guerre à la tribu de l'Ours qui ne manquera alors pas de faire un sort à son précieux otage...


Prince Yaroslav 03Malgré les apparences, non, ce n'est pas Alan Moore dans le rôle de Tom Bombadil.


Si vous espérez un grand film d'aventures plein de batailles, revoyez tout de suite vos attentes à la baisse : s'il y a bien quelques échauffourées au début et à la fin du film, Prince Yaroslav consacre la majeure partie de son temps à la captivité de son héros, ses tractations avec ses ravisseurs, son amourette avec la fille de leur chef, et les débats et complots de sa cour en son absence. Moi, ça m'a pas spécialement gêné, je trouve même ça plutôt original de voir que pour une fois, quelqu'un a fait un film à la gloire d'un personnage historique sans chercher à nous raconter toute sa vie remplie d'actes spectaculaires sur trois heures, mais s'est limité à un épisode de son règne, à l'héroïsme plutôt discret. Après, je suis pas un spécialiste de l'histoire russe, je sais pas si c'est une reconstitution fidèle ou une simple extrapolation à partir de légendes (comme le mythe fondateur de la ville de Iaroslavl, selon lequel le prince aurait tué un ours d'un coup de hache à l'endroit où il fit bâtir la ville). Dans l'ensemble ça paraît à peu près plausible, pas trop exagéré, pas trop hagiographique. Ca a quand même un petit côté propagande, en revanche, puisque sans vouloir vous déballer toute l'intrigue (ceux qui ont peur que j'en dise trop, sautez au paragraphe suivant pour être tranquilles), on y voit les fiers Ours finir par renoncer, de leur plein gré et avec le sourire, à leur indépendance, leur mode de vie et leur religion en faveur de l'ordre promis par le bon prince chrétien, parce que se révolter c'est mal, obéir au grand chef c'est bien.


Prince Yaroslav 04Si l'image de la jaquette peut amener à penser que les bagarres sanglantes et chevauchées sauvages
sont un thème récurrent de
Prince Yaroslav, en réalité c'est quand même avant tout

une histoire de discussions autour d'une table entre barbus.

 
En tout cas, une approche quelque peu originale (sans être révolutionnaire) ne suffit pas à faire un bon film, et malheureusement Prince Yaroslav, sans être vraiment mauvais, n'est pas bien passionnant. Je peux m'accommoder du manque de péripéties spectaculaires vu qu'on a affaire à un protagoniste connu sous le surnom "Iaroslav le Sage" et pas "Iaroslav le Grand Guerrier qui défonçait les barbares", mais le personnage n'est finalement pas très développé et le scénario ne lui donne pas l'occasion d'accomplir grand'chose en 1h40 : il est blessé au combat presque tout de suite, puis très vite capturé, et on a alors un peu l'impression qu'il devient simplement un visage parmi d'autres dans un film "choral". Les braves gens du clan des Ours sont finalement plus intéressants, avec leurs ruses de Rambo médiévaux, leur vieux sorcier philosophe, leur ours-ninja qui se faufile dans les tunnels pour attaquer à l'improviste...


Prince Yaroslav 02Le film est l'occasion de redécouvrir la discipline méconnue du catch contre ours.


Je ne sais pas si c'est parce que le film s'adresse avant tout à un public pour qui Iaroslav est déjà un héros national qu'on ne présente plus, mais je n'ai pas eu l'impression qu'un gros effort ait été fait pour le dépeindre comme exceptionnel... On va dire que théoriquement on pourra admirer qu'il cherche une résolution pacifique au conflit, mais concrètement, c'est un peu entaché par le fait qu'à la base il ne fait pas vraiment ça par grandeur d'âme mais pour défendre son droit de collecter des impôts sans se faire agresser, et il apparaît moins comme un habile diplomate que comme un type qui va forcément gagner ses négociations à l'usure, vu que ses interlocuteurs ont le choix entre accepter sa proposition de paix ou se faire défoncer par son armée. On ne peut pas dire qu'on soit face à un héros de cinéma mémorable, même si l'acteur n'est pas mauvais et qu'il parvient néanmoins à rendre son personnage plutôt sympathique.


Prince Yaroslav 01Le réalisateur n'a même pas fait l'effort d'essayer d'être un peu discret
sur son utilisation de l'effet spécial super désuet du
"mec qui transperce un figurant de part en part en glissant son épée sous son bras".


La mise en scène est assez plate (les quelques effets façon "caméra qui fait woosh ! pour faire dynamique" sont aussi rares que dérisoires), le suspense n'est pas vraiment haletant, le mystère qui entoure l'identité du traître est un peu cousu de fil blanc. Cela dit, ça n'est pas foncièrement mal fait, en gros ça a les défauts et qualités d'un téléfilm historique de luxe : c'est propre, professionnel, on a l'impression d'apprendre un petit quelque chose sans s'ennuyer, mais ça peut se suivre d'un oeil distrait tout en faisant son repassage sans avoir l'impression de rater un vrai bon film. Je n'en espérais rien de spécial, je craignais même un peu de tomber sur un truc pouilleux à la Berserkers et donc c'est quasiment une bonne surprise qui dépasse mes attentes, mais ça reste très très moyen. Si vous êtes féru d'histoire et/ou vraiment curieux de voir à quoi ressemble le cinéma russe grand public d'aujourd'hui et qu'il vous manque un 5ème DVD pour bénéficier d'une offre promotionnelle par lot, c'est pas un achat honteux, mais sinon ça ne vaut pas trop le coup.

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 09:02

Le Choc des empiresJe suis pas historien, mais je me doutais qu'un affrontement entre les légions d'Hadrien et les armées de la dynastie Han, si ça avait vraiment eu lieu, j'en aurais entendu parler à un moment ou un autre de ma scolarité. Du coup, comme c'est ce que la jaquette de ce DVD promettait, je pensais à tort que le film avait un bon potentiel de goleri nanaresque. En fait, c'est un film malais adapté d'une légende locale sur les exploits d'un héros folklorique qui aurait été pote à la fois avec les Romains et les Chinois tellement il était cool (et voyageur). Fort du deuxième plus gros budget de l'histoire du cinéma de là-bas, le réalisateur espérait visiblement faire une sorte de 300 asiatique, avec beaucoup de batailles, de sang et de braves guerriers prêts à mourir pour défendre leur liberté.

Narrée par un vieux roi, l'histoire se déroule au deuxième siècle après Jésus-Christ, alors que les deux hommes les plus puissants du monde connu cherchent à s'allier en mariant leurs enfants, un prince romain et une princesse chinoise. Victime d'intempéries en mer, le jeune Marcus parvient tout de même à gagner l'Inde, où il recrute un aventurier dont les frasques lui valent des ennuis partout où son navire accoste. Merong Mahawangsa, c'est son nom, accepte d'emmener le prince à son rencart avec la jolie Meng Li Hua. Mais à leur arrivée, ils sont attaqués par une horde de pirates (je précise pas "sanguinaires" hein, vous imaginez bien que si c'étaient des pirates sympa ça ferait un rebondissement moyen) qui capturent la jeune fille, balancent le petit Romain à la baille et laissent Merong pour mort. Soigné par les autochtones, il se laisse convaincre de les mener au combat contre les pirates, qui vivent à leurs dépens depuis des décennies, mais le temps est compté, l'ennemi est largement supérieur en nombre, et les renforts romains et chinois tardent à se montrer.


Le Choc des empires 01

Beaucoup de spectateurs reprochent au Choc des Empires de promettre plus de grand spectacle
qu'il n'en offre réellement, mais il y a quand même quelques belles bagarres à intervalles réguliers.

Vu le matériau source, on a évidemment affaire à une intrigue très classique, fonctionnant sur des ressorts éprouvés : une prophétie, un héros un peu mauvais garçon mais qui a bon fond, qui sous sa façade individualiste finit toujours par accepter d'aider les autres, de la camaraderie qui nait au combat entre des mecs que tout opposait au départ, un méchant avec des pouvoirs magiques (ici, une amulette qui rend invulnérable), un vieux sage qui fournit une arme puissante pour le vaincre (un kriss forgé avec "une pierre tombée du ciel"), une princesse à sauver... Rien d'original dans les grandes lignes, pas même l'introduction de quelques éléments plus typiques du cinéma moderne que de la mythologie (les filles participent un peu à l'action, le prince romain fait du karaté), mais le fait que ce soit une légende peu connue en Occident et qu'elle mêle des éléments qu'on n'a pas l'habitude de voir ensemble (les Romains, les Chinois, les plages de l'océan Indien) apporte quand même un petit côté inédit à tout ça, qui donne envie de s'y intéresser.


Le Choc des empires 02
Les moments de comédie ne sont vraiment pas les plus réussis du film...

Malheureusement, le film n'est pas une grande réussite, probablement parce que ses moyens n'étaient pas à la hauteur de ses ambitions. Je ne parle pas forcément de moyens financiers, à l'échelle du cinéma local c'est clairement une superproduction et rien ne fait vraiment "téléfilm de pauvres" comme dans un direct-to-video de chez nous à la Sinbad et le Minotaure (bon allez je vous accorde que la fausse peau de tigre du chef pirate et les armures des légionnaires sont pas terribles). Mais c'est en termes de moyens humains que le bât blesse. Ainsi les acteurs, à l'exception peut-être du héros, sont tous assez fades et pas super convaincants, notamment lorsque les dialogues en anglais, chinois et malais leur imposent de s'exprimer dans une langue qui n'est pas la leur. Forcément, difficile d'accrocher dans ces conditions, de croire aux liens qui se nouent entre les uns et les autres (les histoires d'amour et d'amitié paraissent toutes un peu bidon et forcées). Les figurants, certes nombreux, n'ont visiblement pas été triés sur le volet eux non plus : on en remarque beaucoup qui font un peu n'importe quoi, se jettent au sol de manière trop théâtrale, ne savent clairement pas se battre mais se retrouvent quand même impliqués dans des affrontements de premier plan. Je n'irai pas jusqu'à dire que ça gâche tout, mais ça nuit à la crédibilité des batailles, et ça donne lieu à quelques scènes carrément ridicules, comme lorsque Merong utilise des miroirs pour enflammer ses ennemis et que les cascadeurs en face réagissent tous différemment, de celui qui gesticule comme un débile avant de faire un bond de deux mètres à celui qui se laisse mollement tomber en gardant un visage totalement inexpressif.


Le Choc des empires 04Au moins, il y a de vraies séquences en mer,
pas comme dans les laborieuses aventures de Sinbad, pourtant marin de profession.


L'étalonnage numérique "à l'Hollywoodienne" contribue également à traîner le film par le bas, c'est à se demander si le réalisateur (dont les précédents films, les deux Cicak-Man, sont également disponibles en DVD en France, si ça vous intéresse) était à côté du technicien pendant qu'il essayait de faire son boulot, à donner des instructions sans arriver à se décider sur un style en particulier. "Bon pour cette scène là, tu me la fais genre monochrome, les Américains font ça j'ai vu c'est trop bien ça te pose direct l'ambiance du film, mais par contre la scène d'après tu la laisses comme elle est, ensuite re-monochrome mais avec les couleurs encore plus délavées si possible, ensuite monochrome aussi mais là je veux un bleu bien vif parce que c'est la nuit, ensuite tu me re-laisses les couleurs normales, ensuite re-monochrome, ensuite c'est re-la nuit mais on va quand même laisser les couleurs normales ce coup-ci, ensuite tu me re-délaves bien tout..." Forcément le résultat final est pas très harmonieux.


Le Choc des empires 03Visuellement le film cherche à se rapprocher de 300 de Zack Snyder,
que les âmes sensibles soient d'ailleurs prévenues que le sang coule à flots pendant les batailles.


Malgré tous les reproches qu'on peut faire au film, je dois avoué que je ne me suis pas ennuyé devant, ça a son charme malgré les maladresses, parce que le héros lui-même n'est pas inintéressant, que les rouages de l'intrigue sont bien huilés, qu'il y a quelques scènes d'action correctes. C'est pas terrible, et il faut pas vous attendre à un grand péplum épique (comme apparemment tous les spectateurs qui massacrent le film sur internet) mais c'est pas si nul qu'on pourrait le craindre. J'ai pris ça en offre "5 pour 30€", c'est peut-être un peu cher pour ce que c'est, mais pour un cinéphile en mal d'exotisme qui veut voir à quoi peut bien ressembler un "gros" film quand il vient d'un tout petit pays, c'est un objet de curiosité sympathique même si c'est un film un peu raté.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

Goldmembers

goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

-Artemis
-jakbonhom
-Mahg

-Sheep Tapes
-Snowman
-Super Menteur