Je ne sais pas si c'est parce qu'au final les ventes de DVD leur suffisent à récupérer leurs budgets de production, ou si c'est simplement que la maison-mère, dans sa quête de respectabilité auprès du public des non-fans de catch, leur a signé un chèque en blanc qui les autorise à cramer autant de millions qu'il faudra pour enchaîner les films jusqu'à en pondre un qui sera bien accueilli. Toujours est-il que malgré leurs bides successifs, les braves gens de WWE Studios, la branche cinéma de la plus grosse fédération de catch du monde, continuent inlassablement de sortir 2 à 4 films par an pour promouvoir leurs poulains en dehors des rings. Parmi les amateurs d'action, il me semble qu'on était quelques-uns à y croire au début, quand même. Mais l'espoir s'amenuise au fil des ratages même si de temps en temps un titre un peu moins mauvais que les autres émerge. Les catcheurs qu'ils mettent en scène ont du potentiel, pourtant, mais ils s'en sortent mieux quand ils vont tourner pour d'autres producteurs. La WWE faisait de meilleurs films quand elle se contentait de coproduire en association avec de vrais gens de cinéma (comme sur Le Roi Scorpion) ; là, après dix ans d'existence, on dirait encore des amateurs qui débutent et c'est un peu dommage.
Il leur manque peut-être tout simplement un scénariste qui aurait envie de raconter de nouvelles histoires, ça remplacerait avantageusement l'écurie de salariés sans imagination qu'ils payent actuellement pour recopier des clichés de téléfilms. Le Chaperon commence à les aligner dès le départ : ça s'ouvre sur un détenu qui sort de prison avec la ferme intention de retourner sur le droit chemin et de se racheter auprès de son ex-femme et sa fille. Est-ce qu'elles ne veulent plus le voir, et ont refait leur vie avec un nouveau mari/beau-père tocard qui sera supplanté lorsqu'elles s'apercevront qu'il a changé, qu'il s'est rangé pour de vrai ? Est-ce qu'avant ça il y aura des quiproquos qui les amèneront à dire que "décidément tu es bien toujours le même !" avec une mine déçue/dégoutée, tout ça parce que ses anciens complices vont le mêler malgré lui à leurs nouveaux méfaits ? Oui, évidemment que oui, c'est un film WWE Studios. Autant demander s'il y a Bill Murray et des couleurs pétantes dans un Wes Anderson.
J'ai été sotte de croire que tu pouvais changer, WWE Studios,
tu seras bien toujours le même recycleur de grosses ficelles usées.
Le culturiste vedette du jour est Paul "Triple H" Levesque, qui avait démarré sa carrière d'acteur par un rôle secondaire dans Blade Trinity. Il incarne ici Ray Bradstone, as du volant ayant purgé sept ans de taule pour avoir servi de chauffeur à des braqueurs de banque, mais que les conseils d'une animatrice radio (qui semble ne jamais quitter l'antenne pour rester à sa disposition, vu qu'il l'appelle à n'importe quelle heure du jour et de la nuit tout au long du film) ont changé en homme honnête, réfléchi et non-violent, décidé à repartir du bon pied. Malheureusement pour lui, dès sa sortie, le chef de son ancien gang lui propose un nouveau coup. Malgré son insistance, Ray décline l'offre et, en espérant se rapprocher de sa fille de 12 ans, s'impose comme "chaperon" d'une sortie à La Nouvelle Orléans organisée par son collège. Un concours de circonstances envoie le butin du hold-up des malfrats qu'il a refusé d'aider dans la soute à bagages du car scolaire, et voilà Ray poursuivi à la fois par la police, qui le soupçonne d'avoir replongé, et par les gangsters, persuadés qu'il les a doublés.
Le Dr. Marjorie anime son émission 24h/24, une absurdité qui serait plus facilement pardonnable
si elle ne servait qu'à développer un peu le personnage de Ray,
mais un peu plus dure à accepter quand elle permet de résoudre l'intrigue à la fin du film.
Le DVD comporte pas mal de doublages différents mais pas de VO sous-titrée (si ce n'est un sous-titre anglais pour malentendants), ce qui est une sorte d'aveu de la part de l'éditeur qu'il s'agit d'un truc bas-de-gamme pour enfants. Le film lui-même semble hésiter un moment sur ce qu'il veut être, entre polar gentillet mais quand même un peu sérieux ou comédie dramatique familiale légère, avant d'opter sans conviction pour la comédie policière molle pour jeune public, du genre où les gosses assomment les bandits en jetant des billes par terre pour les faire tomber. L'intrigue se casse la gueule si on souffle trop fort dessus et n'est qu'un prétexte à enchaîner des saynètes convenues sur les thèmes usés du papa bourru mais au coeur d'or et du mauvais sujet repenti qui a appris à tendre l'autre joue face à une société toujours prompte à le juger coupable même quand il est innocent.
Mais attention faudrait quand même voir à pas lui pisser sur les chaussures, ok les gosses ?
Les tentatives d'humour essaient de s'adresser tantôt aux parents, tantôt aux enfants, et si le résultat n'est pas aussi insultant qu'un Alvin et les Chipmunks, il donne l'impression d'avoir été écrit par un vieux papa ringard, avec des gags sur des sujets comme "ah la la ces foutus appareils modernes à télécommande, on finit par s'y perdre hein ?" ou "ah la la c'est quand même fou que de nos jours on se fasse engueuler quand on essaie simplement d'inculquer la discipline à nos gamins quoi, pas vrai ?" quand ce n'est pas "ah la la, les jeunes, avec leurs téléphones portables et leur musique, on n'arrive plus à les suivre." Il y a même une blague sur Paris Hilton. Dans un film de 2011, quand même, Paris Hilton. On finit par se demander depuis combien de siècles le scénario traînait dans un tiroir, ou si dans 5 ans, le dialoguiste d'un hypothétique Chaperon 2 se tordra de rire en écrivant une vanne sur Rebecca Black.
Et les femmes, je vous ai parlé des femmes ?
Elles sont bavardes les femmes, j'ai pas raison les gars ?
Comme beaucoup de ses confrères passés au grand écran, Triple H a un jeu d'acteur limité mais pas ridicule. Et si dans les scènes "tendres", il ânonne certaines de ses répliques comme quelqu'un qui veut être sûr de tout bien réciter sans rien oublier, il sait aussi se montrer à l'aise quand le dialogue est plus léger. Je dis pas qu'il élève le niveau comique de l'ensemble mais son petit talent de "clown blanc" donne lieu aux quelques rares moments un peu drôles du film. Il faut dire aussi que le reste du casting ne brille pas particulièrement. L'actrice qui joue sa fille a une voix assez crispante et fait beaucoup trop jeune par rapport aux autres élèves de sa classe malgré le maquillage de pouffe tartiné sur sa tronche pour lui donner l'air d'une ado. Kevin Corrigan (vu dans SuperGrave et Délire Express) joue faux comme un type qui regrette d'avoir accepté le rôle. Petite curiosité pour les fans des Simpson, la doubleuse de Lisa joue ici la prof qui accompagne le groupe, mais ne livre pas vraiment une performance mémorable.
La sécurité a l'air vraiment laxiste dans les écoles ricaines, le personnage de Yeardley Smith
embauche comme accompagnateur un type qu'elle vient juste de rencontrer
et dont elle n'avait même jamais entendu parler alors que c'est le père d'une de ses élèves.
Pour ses débuts dans un premier rôle, Triple H aurait pu espérer mieux. Visiblement, être le gendre du patron ne garantit pas de favoritisme partout (ou alors, c'est lui qui n'a pas de flair et a choisi un projet foireux ?). C'est pas que ce type de film ne soit pas adapté à ses compétences, et pour être un peu positif, c'est agréable de voir une comédie qui n'éprouve pas le besoin de mettre son gros musclé en tutu (comme Hulk Hogan dans Monsieur Nounou) ou de le transformer en fée (comme The Rock dans Fée malgré lui) ou de le confronter à des tout-petits (comme Schwarzie dans Un flic à la maternelle et Vin Diesel dans Baby-Sittor) ou à une vieille dame (comme Stallone dans Arrête ou ma mère va tirer) pour nous faire comprendre que cette fois, attention, il est drôle. Cela dit, il serait sans doute plus à sa place ailleurs. Il devrait essayer de récupérer les rôles dont Sean Bean n'a pas voulu dans de l'heroic fantasy à petit budget, par exemple. Ou bien peut-être des trucs dans la veine de ce que fait Seagal ces temps-ci, le vieux briscard assagi qui préférerait pouvoir enseigner à son adversaire les vertus du bouddhisme plutôt que d'avoir à lui casser les deux bras, et qui malgré son physique massif qui semble le gêner pour marcher, est d'ailleurs encore capable de lui casser les deux bras en une seconde comme ça tchac tchac. C'est d'ailleurs presque ce qu'il fait ici, mais j'aurais préféré plus de tchac tchac et moins du reste.
Un peu comme dans Faster , le fait que le héros soit chauffeur ne sert finalement
qu'à garder le public de son côté malgré son passé de malfrat :
oui, il a fait de la zonzon, mais ça reste un "gentil" qui n'a pas de sang sur les mains.
N'espérez pas de cascades en voiture.
Pour les moins de 10 ans ou les plus de 60, c'est gentillet. Bébête, affligé d'un scénario risible de paresse et d'invraisemblance, mais pas abominable ni spécialement ennuyeux. Pour les autres, hélas, c'est vraiment sans grand intérêt. Beaucoup de lieux communs, quelques sourires, de rares scènes d'action d'une grande platitude. On n'a même pas droit à une poursuite en bagnoles alors que le héros est chauffeur. Alors, si vos gamins sont super fans de catch et de Triple H et vous le réclament absolument, ça va, pour une petite dizaine d'euros c'est indolore, ils ne devraient pas en garder plus de séquelles que votre porte-monnaie. Mais sinon, c'est vraiment pas la peine de vous infliger ce truc insipide et con.
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MC Jean Gab'1 n'est pas une putain,
retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :