"He was a good man, and he's gone" chante mélancoliquement le générique au début du film, dernière réalisation de Jim Isaac, décédé cette année. Ca lui ferait peut-être une bonne oraison funèbre, encore que je sais pas si c'était "un mec bien", j'avoue, mais en tout cas malgré l'inénarrable Jason X je crois que je peux dire qu'entre Skinwalkers et ce Pig Hunt, en tant que cinéaste il était pas très bon. Et pourtant, j'avais envie d'y croire à celui-ci hein !
Les films de requins tueurs sont légion, ceux sur des crocodiles, alligators et autres reptiles ne manquent pas non plus, le sanglier a le mérite d'être une bestiole peu représentée au cinéma. Il y a bien eu Razorback dans les années 80, mais à part ça si l'on excepte Hannibal il me semble que les cochons sauvages n'ont pas été beaucoup utilisés pour faire peur. Pig Hunt partait donc avec l'avantage d'une certaine originalité, mais très vite, on se rend compte qu'on est face à un film d'horreur tout ce qu'il y a de classique : des jeunes partent s'amuser dans une cabane au milieu de nulle part, s'aperçoivent que les portables captent plus, s'arrêtent dans une station-service tenue par des gens vaguement bizarres, croisent des gros ploucs patibulaires qui détestent les gens de la ville... Le seul élément un peu surprenant est une espèce de secte druidique menée par un costaud à machette et paréo rose, tout le reste emprunte aux lieux communs du genre. Avec, il est vrai, quelques tentatives timides pour y ajouter une touche personnelle un peu saugrenue de temps en temps, comme le vieux qui trace un itinéraire sur un poster de femme à poil.
Pig Hunt offre quelques visions insolites, mais reste assez plan-plan.
Le "monstre", un sanglier de plus d'une tonne surnommé "L'Éventreur", est utilisé un peu à la manière du requin des Dents de la Mer : de temps en temps une scène filmée de son point de vue, de temps en temps quelques images sanglantes des restes d'une de ses victimes, et pour le grand final une apparition sous forme de créature animatronique raisonnablement cinégénique bien qu'assez rudimentaire. Ca vaut mieux que les images de synthèse très bas-de-gamme des Syfy Originals ou des productions The Asylum, mais pour être honnête la mise en scène ne parvient pas à rendre l'animal vraiment effrayant. En fait, Pig Hunt mise surtout sur la tension entre citadins et péquenauds et sur le mystère qui entoure la bande de hippies à la fois amicaux et inquiétants, le sanglier finissant presque par avoir l'air d'un simple prétexte à réunir cette galerie de personnages, plutôt que d'être le principal "méchant" du film.
Comme je n'ai aucun commentaire sur cette image, j'en profite pour dire
que Les Claypool, le chanteur de Primus, fait une apparition dans le film.
Le film fait preuve de quelques bonnes intentions, mais donne principalement l'impression de partir dans tous les sens sans aller nulle part. Les personnages sont là pour chasser, puis ils ne veulent plus, puis ils veulent, puis non... Les culs-terreux ont l'air d'être successivement des gros cons à moitié tarés, des petits délinquants rusés, puis un gang motorisé sorti de Mad Max. La guerre en Irak est évoquée, on pense que ça va finir par jouer un vrai rôle dans l'histoire, et puis non. Le fait que la copine du héros participe à leur virée est au départ présenté comme un sujet de disputes, et finalement ça ne mène à rien. On sent que les auteurs auraient aimé élever leur produit au-delà d'un simple film d'horreur de consommation courante, mais leur bric-à-brac de petits bouts d'idées balancées pêle-mêle ne vole pas bien haut et patauge un peu dans un ensemble assez fade avant de finir de tout noyer dans une conclusion bâclée.
L'aspect "lutte des classes", qui oppose jeunes bourgeois qui se vantent d'avoir fait l'armée
mais n'ont jamais été au combat, et prolos revenus blessés de la deuxième guerre du Golfe,
fait partie de ces éléments un peu originaux mais tout juste effleurés.
En fait, malgré la volonté de maintenir une tension permanente, ça manque cruellement de suspense. C'est pas très angoissant, ça ne fout pas vraiment les foies, on ne peut pas dire qu'on reste cramponné à son siège en se demandant ce qu'il va advenir de ces pauvres malheureux. Il faut avouer que c'est un peu trop bavard aussi (et je signale au passage aux amateurs de VO que les sous-titres sont honteusement mauvais). C'est pas franchement nul, c'est même assez regardable, mais c'est franchement pas à mettre en priorité dans sa liste de petites raretés à se procurer d'urgence. Bref, ça se confirme : James Isaac nous aura bien fait goleri avec les tueries rocambolesques de Jason Voorhees dans l'espace, mais c'était pas un bon petit réalisateur injustement méconnu, plutôt un un mercenaire de la caméra avec des compétences techniques mais pas spécialement doué pour raconter de bonnes histoires. Le genre est suffisamment riche pour que vous trouviez beaucoup mieux que ça.