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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 08:04

Une Nuit en Enfer 3 La Fille du BourreauLes jeunes d'aujourd'hui ne se rendent pas compte, mais à une époque il n'y avait pas internet, et donc quand on avait apprécié un film, puis que sa suite sortait directement en vidéoclubs sans passer par la case cinéma, on ne pouvait ni le télécharger illégalement pour la voir gratos comme des malandrins ni meme consulter un merveilleux site comme le mien pour savoir ce que pouvait bien valoir Cyborg 3 ou Hellraiser IV. (notez que malgré tout ça ne sert à rien de venir ici pour savoir ce valent Cyborg 3 ou Hellraiser IV, je les ai pas vus). La seule solution, c'était de louer la cassette. Du coup n'importe quelle daube était susceptible de devenir un succès de location quand même, et donc d'engendrer une nouvelle suite, que même certains déçus de la précédente pouvaient être tentés de tester quand même. Vous savez, au cas où American Ninja 4 aurait été meilleur qu'American Ninja 3. C'est comme ça qu'on a eu 4 Critters, 7 Démons du maïs, 6 Trancers ou encore une floppée de Puppet Master. Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez, connards d'ingrats.

Ben oui parce que, même si je ne dirais pas que le phénomène a complètement disparu de nos jours, j'ai l'impression que depuis quelques années les studios, en plus de se calmer sur les "allez, venez on fait un quatorzième épisode", se donnent un peu plus de peine pour produire des direct-to-video présentables. Les suites de Course à la Mort sans Statham ou du Roi Scorpion sans The Rock sont regardables. Cela dit même dans les années 90 le marché des suites VHS ne proposait pas que de la merde, comme l'a prouvé le sympathique Une Nuit en Enfer 2 pas plus tard qu'avant-hier. Alors, même si celui-ci non plus ne m'avait pas spécialement plu quand je l'avais vu à sa sortie, c'est plein d'espoir que je me suis refait Une Nuit en Enfer 3 près de quinze ans après mon premier visionnage.


Une Nuit en Enfer 3 05Danny Trejo, déjà fidèle à son habitude de ne pas savoir dire non à un boulot
, est encore de retour.


Il est une fois de plus question de criminels aux prises avec des vampires au Mexique, et Danny Trejo rempile encore un coup, mais l'action se déroule avant celle des deux premiers épisodes, il y a une centaine d'années. Un jeune desperado échappe à la pendaison grâce à un complice inattendu et s'enfuit en emmenant avec lui la jolie Esmeralda, fille du bourreau qui était sur le point de l'exécuter. Il rejoint son gang, et ensemble ils dévalisent des voyageurs avant de s'arrêter pour la nuit dans une auberge que les habitués d'Une Nuit en Enfer reconnaîtront sans peine, même si à l'époque elle s'appelle encore "La Tetilla del Diablo" et pas le "Titty Twister". Ils se laissent séduire par les filles du coin, sans se douter qu'ils seront le plat principal au menu du dîner, ni qu'Esmeralda est attendue de pied ferme par la maîtresse des lieux.


Une Nuit en Enfer 3 01Les premiers rôles sont tenus par des inconnus, mais les seconds sont l'occasion de reconnaître
quelques habitués de la série B comme Temuera Morrison en bourreau.


Le démarrage laisse augurer le meilleur, en tout cas le meilleur qu'on puisse attendre d'un produit de ce genre. Oh, on est à fond dans du lieu commun de western hein, la potence, la foule qui réclame du sang, la jolie nana qui s'attriste du sort que va subir le beau bandit ténébreux, le tir bien placé qui coupe la corde au moment fatidique, c'est du déjà vu, mais c'est mis en scène avec ce qu'il faut de compétence et d'énergie. Et un peu plus tard, on a droit à une attaque de diligence, là non plus c'est pas vraiment du l'inédit mais ça témoigne d'une ambition louable d'essayer de faire du spectaculaire avec peu de moyens. Il faut reconnaître une chose à PJ Pesce, faute d'avoir les acteurs et le budget de l'original il aurait pu se contenter de bacler une petite merde, mais au lieu de ça il a fait l'effort de tenter de bricoler quelque chose qui en donne pour leur argent aux fans de Robert Rodriguez.


Une Nuit en Enfer 3 02Il faut vraiment, vraiment, VRAIMENT un moratoire contre les scènes de parodies de Taxi Driver.


Hélas, après ça le film s'enlise gentiment et ne repart jamais vraiment sur les bons rails. La partie purement western est nettement plus réussie que le reste, et lorsque l'aventure bascule dans l'horreur on a l'impression d'une sorte de bête resucée de l'original en moins bien, malgré quelques coups de théâtre pas inintéressants et une ou deux créatures originales. Les personnages se bagarrent avec des cascadeurs en costume en caoutchouc qui ont l'air d'avoir été empruntés à Buffy contre les Vampires, il y a du sang qui gicle, presque tout le monde meurt en l'espace de quelques minutes, et hop, rideau. Et c'est assez décevant de se dire qu'une série de péripéties qu'on a pris un peu de plaisir à suivre (même si on s'est ennuyé à certains moment aussi, quand même) sert au final à raconter une histoire dont on se branle (à savoir, l'origine d'un personnage qui a 5 minutes de présence dans le premier film).


Une Nuit en Enfer 3 03Il y a quelques effets gore bien dégueulasses mais rien de super inventif malheureusement.


La Fille du bourreau n'est pas catastrophique, mais n'est pas à la hauteur du Prix du sang qui pourtant ne plaçait pas la barre très haut, et on comprend qu'après ça Miramax et Dimension Films se soient dits qu'il était peut-être temps de laisser reposer leurs vampires mexicains en paix avant de sortir l'épisode de trop. Le scénario (signé par un cousin de Robert Rodriguez) est moins bien, les acteurs sont moins bien, les aventures au Titty Twister commencent à sentir un peu le réchauffé. E
n tant que western avec des monstres c'est meilleur qu'Alien Invaders, et si vous êtes le genre de spectateur compulsif qui se force à regarder toutes les suites des films qu'il aime bien pour être sûr qu'il a bien eu toute l'histoire complète, arriver au bout de celle-ci n'est pas une torture, mais à moins d'être collectionneur de tout et n'importe quoi, ça n'est clairement pas un DVD indispensable.

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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 07:49

Une Nuit en Enfer 2 Le Prix du SangRobert Rodriguez a décidé récemment que ce serait une bonne idée d'adapter en série télé l'un de ses premiers films, Une Nuit en Enfer. Je ne sais pas encore ce que vaut le résultat parce que je suis comme vous, je suis un honnête citoyen qui ne pirate pas les feuilletons comme un gros fils de pute, je patienterai jusqu'à la diffusion française, qui commence ce mois-ci. En attendant, je vous propose de nous pencher ensemble non pas sur le film original parce que, comme j'ai déjà expliqué, ici je préfère ne pas parler trop souvent de titres trop connus, mais sur ses suites, sorties directement en VHS à l'époque des vidéoclubs.

Rassurez-vous, si le film avec Clooney et Tarantino n'est plus tout frais dans votre tête, vous parviendrez quand même sans peine à suivre l'intrigue de celui-ci. On y retrouve certes brièvement le fameux bar "Titty Twister", Danny Trejo fait une apparition dans un petit rôle, et il y a quelques clins d'oeil, mais c'est une histoire indépendante. Un criminel évadé de prison contacte son ancien gang pour dévaliser une banque à la frontière mexicaine. En route pour les retrouver, un accident le contraint à aller chercher de l'aide dans un bar louche, qui est en réalité un repaire de vampires. Transformé lui-même en buveur de sang, il rejoint ses complices et les pousse à aller commettre leur forfait immédiatement, avant que le soleil se lève. Mais son comportement étrange amène les membres de la bande à soupçonner quelque chose...


Une Nuit en Enfer 2 01Le lien avec le film de Robert Rodriguez est présent mais assez ténu.


Je l'avais vu il y a une quinzaine d'années, il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, et les premières minutes n'augurent rien de bon puisqu'il y a Bruce Campbell dedans. Et entendons-nous bien, on l'aime tous, ce brave Bruce Campbell, mais on sait bien que sa présence dans un film d'horreur à petit budget est mauvais signe, une ruse de producteur pour transformer une merde invendable en merde que les fans de Bruce Campbell seront quand même curieux de voir. Cela dit, sur ce coup-là, c'est peut-être simplement une histoire de copinage, le réalisateur Scott Spiegel ayant officié comme scénariste sur Evil Dead 2 (pour info, il a également produit les trois Hostel, et réalisé le dernier). En tout cas, passé le prologue inutile dont Campbell partage la vedette avec Tiffani-Amber Thiessen de Sauvés par le gong, Le Prix du Sang se révèle finalement pas désagréable.


Une Nuit en Enfer 2 03Scott Spiegel adore poser sa caméra à des endroits bizarres pour offrir des points de vue rigolos,
cela dit c'est un peu sa seule idée de mise en scène pour jouer au mec cool à la Rodriguez et Tarantino
et si c'est marrant les 2 ou 3 premières fois, on finit par se lasser.


C'est peut-être parce qu'il bénéficie d'acteurs sympathiques comme Robert Patrick, Raymond Cruz de Breaking Bad (également habitué des petits rôles dans les films de Steven Seagal) en psychopathe stéroïdé, Bo Hopkins dans son 463ème rôle de shérif, ou encore Brett Harrelson, frère de Woody, en cowboy perceur de coffres. C'est peut-être parce que la musique est cool. Ou bien parce que l'auteur a réussi à intégrer des conversations rigolotes de type "criminels qui papotent de sujets à la con sans rapport avec l'histoire" de façon naturelle, sans qu'on ait l'impression qu'il se force pour faire du sous-Tarantino. Ou encore parce que c'est suffisamment court et bien rythmé pour ne pas laisser le temps de s'ennuyer, ou que son petit côté "production artisanale qui fait le maximum pour satisfaire les fans d'action et d'effets spéciaux avec un minimum de budget" lui donne du charme. Quoi qu'il en soit, c'est regardable à défaut d'être palpitant.


Une Nuit en Enfer 2 02Pour un film qui a probablement coûté moins cher que le budget coke du premier épisode,
Le Prix du sang s'efforce de ne pas avoir l'air trop minable, avec pas mal de scènes d'action
et quelques bonnes grosses explosions qui n'ont visiblement pas été faites par ordinateur.


Il faut garder à l'esprit que c'est une suite de série B pas franchement géniale à la base, et tournée pour le marché de la vidéo, donc même si ça aurait pu être largement pire, c'est du produit un peu bas-de-gamme et si vous décidez de l'acheter, essayez de ne pas dépenser beaucoup plus que 3€ et ne vous attendez surtout pas à un chef-d'oeuvre. Ca reste une histoire un peu bébête, qui se contente de hausser les épaules
quand vient le moment d'expliquer pourquoi des vampires voudraient braquer une banque. Si vous avez 78 minutes à tuer et que vous êtes d'humeur pour un petit film d'horreur sans prétention avec des chauves-souris en caoutchouc et des acteurs qui s'amusent à surjouer sur fond de surf rock, c'est potable, mais je vous en voudrai pas si vous décidez que vous avez mieux à faire de votre vie que regarder ça.

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 14:16

No One LivesCa faisait longtemps qu'on s'était pas fait un petit film WWE Studios vous et moi hein ? Celui-ci date de leur période actuelle, la période "on essaie de faire un vrai film et on donne un tout petit rôle à un de nos catcheurs pas très connus, parce que bricoler n'importe quoi autour de nos plus grosses vedettes comme John Cena ou Steve Austin comme on faisait au début, ça ne fonctionne pas si bien que ça". Sur ce coup, conscients du fait que les débuts au cinéma du colossal Brodus Clay dans leur deuxième film d'horreur après See No Evil ne constitueraient pas vraiment un super argument de vente, ils ont débauché Ryuhei Kitamura, réalisateur de Godzilla Final Wars et Midnight Meat Train (que j'avoue n'avoir toujours pas vus) et Luke Evans, le harponneur de dragons de la trilogie du Hobbit de Peter Jackson. Pour être honnête je m'attendais à un thriller anodin et je me préparais à écrire quelque chose sur le thème de "tout le monde en produit déjà plein des comme ça, ce serait mieux qu'ils réessaient de faire des trucs plus dans l'esprit WWE". Et à vrai dire No One Lives n'est effectivement pas spécialement destiné aux fans de catch. Mais en plus d'être l'un des meilleurs films WWE Studios (avec Dead Man Down), ça n'est finalement pas si dénué de personnalité et d'originalité que je le craignais. En fait, aux amateurs d'horreur bien sanglante et qui sorte un peu des sentiers battus, je serais tenté de suggérer d'arrêter tout de suite la lecture de cette critique et de simplement voir le film, pour ne pas vous gâcher ses surprises (même si le dos de la jaquette s'en charge). Pour ceux qui ont besoin d'un peu plus qu'une vague recommandation, ok, passez au paragraphe suivant, mais je vous préviens, après la photo je balance tout sans sommation.


No One Lives 01George "Brodus Clay" Murdoch est relégué à un court rôle de second plan,
mais on retrouve quelques visages familiers au casting, comme Lee Tergesen,
le Tobias Beecher de la série télé Oz.


Le début du film rappelle un tout petit peu Dark Country, avec son jeune couple en route pour une nouvelle vie, et dont la relation semble un peu ambiguë. Leur chemin croise celui d'un gang de voleurs mal remis d'un cambriolage raté. Pour se refaire, l'un des malfrats décide de dépouiller les tourtereaux mais c'est là que les choses basculent, puisque là où il pensait avoir à faire à d'honnêtes et inoffensives victimes, il s'aperçoit trop tard qu'il est tombé sur un tueur sadique et sa prisonnière. Celle-ci se trouvant être une riche héritière dont le père a promis une forte récompense à qui la retrouverait, les cambrioleurs décident de la garder pour toucher la prime, mais le psychopathe dangereux qui l'avait kidnappée va évidemment tout faire pour la récupérer, et par "tout faire", je veux dire principalement "massacrer un par un tous les membres de la bande avec des instruments tranchants".


No One Lives 04Notez qu'il emploie parfois des méthodes plus propres comme la strangulation.
Ce plan nichons vous est offert par l'actrice qui joue la mère d'Elijah Wood dans Maniac.


Alors bien sûr, chafouins comme vous êtes, vous allez me dire que le coup des dangereux malfaiteurs qui tombent accidentellement sur un prédateur encore pire qu'eux, ça n'est pas nouveau dans le cinéma d'horreur. Ce que je vous accorde bien volontiers, mais avouez que ça reste plus original qu'une histoire de jeunes en vacances à la campagne qui se font embrocher par le tordu du coin. Et puis, les personnages sortent un peu des clichés habituels. Le tueur n'est pas un boucher décérébré qui aime découper les filles, c'est un manipulateur séduisant qui amène les jeunes femmes à croire qu'il y a une relation entre eux qui va au-delà du rapport bourreau/victime, à être presque consentantes de leur sort de prisonnières. Sa captive n'est ni le genre guerrière qui reprend sa survie en mains ni le genre qui se sauve en hurlant et en pleurant : elle en a tellement bavé avec lui qu'elle paraît complètement blasée de tout et pas spécialement horrifiée à l'idée que sa seule chance de s'en sortir est de s'échapper seule pendant que le tueur sera occupé à charcuter les autres. Il y a aussi quelques rouages scénaristiques un peu malins, comme lorsqu'un gérant de motel fait remarquer à un personnage qu'il a "un nom pas courant", sans le révéler, un détail qui n'a l'air de rien sur le moment mais qui aura son importance par la suite. Quant aux scènes sanglantes, il y a quelques moments bien affreux et inventifs, je vous révèle rien parce que vraiment, c'est quand même un film qui mise beaucoup sur ses effets de surprise, mais bon, pensez à l'image de la jaquette, voilà, je vous ai rien dit.


No One Lives 03Adelaide Clemens (qui jouait avec son clone Carey Mulligan dans Gatsby le Magnifique)
démarre le film en tant que "la fille en marcel blanc qui s'enfuit dans la forêt",
mais le rôle évolue de manière intéressante lorsqu'elle réapparaît plus tard.


Ca reste une série B pour fans de gore plutôt qu'un grand film à suspense, avec une fin un peu décevante parce qu'un peu trop clairement là pour dire "hé, si on veut, on fait une suite", mais c'est bien ficelé, parfois outrancier mais sans être débile, et ça évite certains écueils dans lesquels tant de films d'horreur modernes se plantent : ça ne cherche pas à justifier les motivations du tueur avec une explication à la con (les flashbacks ne servent qu'à éclairer le spectateur sur son talent pour la torture psychologique), ça ne montre pas de longues scènes de souffrances horribles, ça joue avec les attentes du spectateur mais sans verser dans la semi-parodie de cinéma d'horreur. J'ai été agréablement surpris et à 5€ je ne regrette vraiment pas mon achat.

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 08:50

Maniac 2012Il y a maintenant plus d'un an que j'ai interviewé David Law pour sa contribution au remake de Maniac par Franck Khalfoun et Alexandre Aja. Avouez qu'il était grand temps que je me penche sur le film lui-même, d'autant que celui-ci promettait d'être un peu plus intéressant que les nouveaux Freddy ou Vendredi 13. D'abord parce que le CV des auteurs est plus prometteur que celui d'un Marcus Nispel ou d'un Steven Monroe. Ensuite parce que l'original n'est pas un classique célèbre à l'origine d'une longue série, avec un personnage récurrent aux accessoires bien connus, ce qui évite la tentation de se focaliser sur "grâce à moi les fans vont enfin savoir d'où vient son fameux pull à rayures" ou "dans ma version à moi, le masque a une toute autre origine" quand il faudrait plutôt essayer de trouver une nouvelle façon de raconter la même histoire.

L'intrigue reprend les grandes lignes du film de Lustig : Frank est un type louche, hanté par le souvenir de sa défunte mère, qui vit seul dans un appartement hideux entouré de mannequins de vitrine. La nuit, il suit des jeunes femmes, les tue et les scalpe, avant de rentrer chez lui discuter avec ses mannequins après avoir agrafé son nouveau trophée sur l'un d'eux. Un jour, il fait la connaissance d'une jolie photographe et un centre d'intérêt commun les amène à se fréquenter comme des gens normaux. Frank se force à contenir ses pulsions meurtrières en sa présence, mais continue à assassiner d'autres femmes, et ne semble jamais bien loin de finir par s'en prendre à elle...


Maniac 01Les clins d'oeil à "l'ancêtre" auraient pu être lourdingues, mais s'intègrent en fait plutôt bien au film.


L'original faisait partie de ces rares films d'horreur qui choisissent de suivre le tueur plutôt que ses victimes. Le remake va encore plus loin puisqu'il est carrément filmé de son point de vue du début à la fin, en caméra subjective. Les deux autres grands changements concernent le milieu dans lequel évolue Frank (le nom de famille Zito n'est jamais mentionné), puisqu'on passe des recoins lugubres du New York des années 80 aux lieux où traînent les jeunes artistes du Los Angeles d'aujourd'hui, et le personnage central lui-même, l'affreux Joe Spinell étant remplacé par le plus présentable Elijah Wood. Les nouveautés permettent au film de se démarquer de son modèle sans le renier, même si elles ne fonctionnent pas toutes à merveille. La meilleure idée est sans doute le choix de Frodon dans le rôle principal ; Khalfoun et Aja auraient pu se contenter de dénicher un type au physique ingrat genre Ron Jeremy, et raconter à nouveau l'histoire d'un détraqué qui, sous ses airs monstrueux et malgré ses horribles secrets, parvient à avoir une vie sociale normale, mais à la place, on a un malade mental qui semble vivre en reclus et qui, dans ses accès de lucidité, choisit de s'isoler pour ne pas céder à ses bas instincts, alors qu'on pourrait facilement le prendre pour un charmant garçon au-dessus de tout soupçon. Je regrette un peu que les auteurs aient eu la main aussi lourde sur la psychologie de bazar à base de "c'est devenu un taré parce que sa maman était une traînée" mais Wood est tout à fait convaincant dans le rôle, à la fois inquiétant et fragile.


Maniac 03

Les jeux de miroirs permettent d'obtenir quelques visions "extérieures"
et d'éviter qu'on ne se lasse trop de la caméra subjective.


 Malheureusement, tout n'est pas aussi judicieux et malin. Il y a par exemple quelques soucis de crédibilité un peu fâcheux. On pouvait admettre facilement que le Zito de 1980 commette ses crimes impunément parce qu'il s'en prenait à des putes des bas-quartiers, à des gens rencontrés au hasard. Mais on a du mal à gober que les flics n'aillent pas frapper à la porte du Frank de 2012 dès son second meurtre, parce que ça ne doit quand même pas être si difficile de pister un suspect qui a pris rendez-vous avec la victime grâce à un site de rencontres par internet où il a affiché sa photo, et qui a dîné avec elle dans un lieu public le soir de sa mort. Et ne me dites pas que c'est parce qu'ils n'ont pas encore retrouvé le corps : à notre époque, elle a forcément facebooké/twitté toutes ses copines à propos de son rencard, il doit bien y en avoir une pour s'inquiéter de ne plus avoir eu de nouvelles. Et pourquoi la fille qu'il poursuit n'a jamais l'idée de sortir son portable pour appeler des secours ? Tant qu'ils sont dans les couloirs du métro on peut encore penser "ça capte pas", mais contrairement à son homologue d'il y a 30 ans, celle-ci finit par retourner à la surface. Alors je vous accorde que ce n'est pas le premier film d'horreur à essayer d'ignorer l'existence de certaines technologies modernes mais je trouve toujours ça un peu crétin.


Maniac 05

Vous je ne sais pas, mais moi à la place de David Law, j'aurais suggéré
que Nora Arnezeder vienne un peu étudier son rôle auprès du vrai auteur de "ses" photos.
Hein les gars, hein ?


 La caméra subjective, pour sa part, amène du bon et du moins bon. L'impact des scènes de meurtres aurait pu être affaibli par le fait uqe leur aspect gore est forcément moins percutant aujourd'hui pour un public blasé par des années de Saw ou Hostel, mais le fait d'être dans la peau de l'assassin à chaque fois permet de les rendre tout aussi percutantes qu'ont pu l'être celles de 1980. Plus pervers, le film nous emmène en balade en voiture dans les rues de la ville pour un moment a priori "innocent" mais qui en réalité nous force à regarder certaines femmes comme des proies potentielles plutôt que de simples passantes parmi d'autres. Les amateurs d'horreur un peu dérangeante appércieront. Malheureusement, le revers de la médaille, c'est que tout ça tue un peu le suspense. Quand on sait toujours où est le tueur et quand on est aussi bien placé pour voir que ses futures victimes sont prises au piège sans espoir de fuite, l'issue de chaque scène ne fait jamais vraiment de doute. Je veux bien comprendre que le film ne cherche pas à utiliser les mêmes ressorts qu'un Halloween, mais à mes yeux, quand on ne peut jamais se demander "mais d'où va bien pouvoir surgir le psychopathe avec son couteau", il manque un petit quelque chose, ça gâche. Avec cette vue à la première personne, ce qui était l'une des meilleures séquences de l'original, celle du métro, devient l'une des plus ratées du remake.


Maniac 04

Après Zombies of Mass Destruction , ça fait deux fois en peu de temps que j'assiste
une scène de couteau planté dans la mâchoire visible par la bouche ouverte.
Est-ce que c'est parti pour supplanter le vieux coup du "personnage coupé en tranches
qui a une dernière expression de surprise avant de tomber en morceaux
" ?


Si vous cherchez un thriller qui fait sursauter, il vaut donc mieux aller voir ailleurs, Pour ma part, j'avoue avoir préféré le Maniac de Lustig, même si celui de Khalfoun n'est pas déméritant. C'est un exercice de style intéressant, qui montre qu'on peut rester fidèle à un modèle sans le recopier bêtement et qu'on peut faire un bon film d'horreur sans suivre une formule éprouvée. Mais malgré ses qualités, l'interprétation de Elijah Wood, la musique, le refus de se transformer en slasher aseptisé pour ados, ce Maniac-ci m'a paru inférieur, la faute à tous ces éléments fâcheux, le manque d'effet de surprise, les petites invraisemblances du scénario, une fin un peu bâclée... C'est loin d'être mauvais et je le conseille quand même aux fans de séries B un peu tordues et crapuleuses qui le trouveraient à bas prix (il est régulièrement en offre de type "4 pour 20€") mais je ne le recommanderais pas plus chaudement que ça.

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 09:39

My Name is BruceN'ayant qu'un seul film sur Noël cette année, j'enchaîne avec un autre film dont le protagoniste est un sale type ne pensant qu'à sa gueule, porté sur la bouteille et queutard, qui finit par se resaisir un peu par amitié pour un gamin sans père. Pour son deuxième long métrage en tant que réalisateur, Bruce Campbell, qu'il est probablement inutile de présenter aux (rares) lecteurs de ce (formidable) blog, se met en scène dans son propre rôle ou disons, dans le rôle qu'adoptent beaucoup d'acteurs quand leur personnage porte le même nom qu'eux, pour montrer à quel point ils sont super forts en autodérision et pas du tout prétentieux. La vedette des Evil Dead est donc ici un has been arrogant et lâche, qui vit dans une caravane miteuse et gagne misérablement sa vie en enchaînant les séries Z. Enlevé par un jeune fan, il se retrouve dans un petit village de bouseux dont les habitants, persuadés que son expérience de pourfendeur de monstres cinématographiques fait de lui un véritable guerrier, réclament son aide pour vaincre un mauvais esprit qui terrorise les environs : Guang Di, le dieu du tofu. Pensant qu'il s'agit d'un canular orchestré par son agent pour son anniversaire, Bruce joue le jeu, jusqu'au moment où il comprend que le méchant démon chinois décapiteur est bien réel.

On comprend très vite que Campbell et son scénariste (un auteur de comics, qui a également signé Timecop avec Van Damme) n'étaient pas très inspirés puisqu'ils ont complètement repompé leur idée de départ sur ¡ Trois Amigos ! mais qu'au lieu de l'adapter intelligemment à un autre contexte comme Galaxy Quest, ils l'ont simplement forcée à grands coups de marteau dans un film d'horreur bas-de-gamme. Il faut donc être prêt à accepter qu'un adolescent d'aujourd'hui, parfaitement conscient du fait que Bruce Campbell est un acteur, soit néanmoins assez naïf pour croire que ses exploits à l'écran signifient qu'il est un véritable spécialiste de la lutte contre le paranormal dans la vraie vie aussi. Et que tous ses concitoyens adultes le suivent dans son délire. Alors, je veux bien comprendre qu'une comédie horrifique n'est pas censée être réaliste, mais quand on recycle un ressort comique que d'autres ont su mettre en scène de façon à peu près plausible, l'excuse "mais allez on s'en fout on va pas chipoter, c'est juste pour rigoler !" est un peu foireuse. Les gags qui en découlent ne sont pas plus créatifs, on finit vraiment par se demander pourquoi ne pas avoir simplement raconté "Bruce Campbell se voit contraint d'affronter un démon pour de vrai" plutôt que de s'embarrasser avec "Bruce Campbell, confondu avec un véritable héros,
se voit contraint d'affronter un démon pour de vrai en croyant que c'est juste un film". Entre la nullité du prétexte de départ, le côté convenu de l'autoparodie (c'était plus rigolo avec Jennifer Tilly dans Le Fils de Chucky) et la platitude des quiproquos, le manque d'idées est flagrant.


My Name is Bruce 03Une bouffonnerie typique du caractère laborieux, puéril et pas très inventif du film :
dans les moments romantiques, Bruce ne peut pas s'empêcher de tout gâcher
en collant une main aux fesses à sa dulcinée. Ca revient 3 ou 4 fois en 1h20,
chacune était ponctuée par un bruitage "rigolo" aussi bienvenu que des rires enregistrés.


Comme quoi, Campbell a beau s'être donné le rôle du paria, il a quand même un statut qui lui a permis de donner vie à son "caprice de star" sans avoir à épater des producteurs avec un vrai bon scénario. Parce que là, à moins que les gens de chez Dark Horse soient complètement demeurés (ce qui est envisageable, vu qu'après tout, ils font de la bande dessinée) c'est pas possible que quelqu'un ait lu le truc avant de signer le chèque. Il y a juste eu un couillon pour penser "ha ha ha, Bruce Campbell, quel marrant ce type, j'ai trop kiffé Evil Dead. Allez, banco, je lui file son fric, je lui fais confiance pour me faire rire, il est trop marrant ce Bruce Campbell !", obligé. Et entendons-nous bien, je suis plutôt bon client moi aussi quand il s'agit de l'homme au gros menton, j'avais vraiment envie d'aimer le film, mais sur ce coup-là il s'est vraiment pas foulé. Il est vaguement amusant en épave, il y a deux ou trois bonnes blagues, mais dans l'ensemble c'est très paresseux et pas folichon. Comme beaucoup de tentatives d'être à la fois un film comique et un film d'horreur, ça échoue sur les deux plans.


My Name is Bruce 01La star de Bubba Ho-Tep en fait des tonnes pour se montrer sous le pire jour possible,
mais dans le même genre Billy Bob Thornton est plus drôle dans Bad Santa.


My Name is Bruce mélange donc une série B/Z du même calibre que celles dont il se moque (autrement dit, un truc con avec un monstre bidon) avec une redite inintéressante de Galaxy Quest autour des thèmes du rapport des fans à leurs idoles, de la confusion entre réalité et fiction et des acteurs contraints de rejouer le même rôle toute leur vie. Le résultat n'est pas complètement atroce, mais très décevant. C'est typiquement le film d'un type qui sait qu'il a suffisamment de fans inconditionnels pour que ses films payent son loyer sans qu'il ait trop à se sortir les doigts du cul. Alors au bout du compte, le meilleur conseil si vous aimez bien sa vedette, c'est d'éviter ce film-là, pour ne pas l'encourager dans la voie de la médiocrité.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 08:35

Night of the DemonsDepuis le début du mois, je vous ai parlé de loups-garous, de fantômes, de zombies, de tueurs psychopathes, de cannibales, de savants fous, de démons, de tortionnaires, de jouets maléfiques, mais il manquait encore un genre de film incontournable en période d'Halloween : le film qui se déroule justement pendant la nuit d'Halloween. Alors, pour conclure ce mois du film d'horreur pas cher, dont le moins que je puisse dire est qu'il n'a pas eu du tout le succès escompté vues les statistiques de fréquentation du blog et l'absence du moindre commentaire, je vous propose un remake d'un film méconnu des années 80. J'aurais aimé terminer sur quelque chose de meilleur j'avoue, mais le temps presse alors il faudra se contenter de ça.

N'ayant pas vu l'original, je ne sais pas à quel point l'histoire de celui-ci y est fidèle, mais dans cette version signée par les scénaristes de Mother of Tears de Dario Argento, il est question d'une teuf organisée la veille de la Toussaint dans un vieux manoir abandonné depuis que l'ancienne propriétaire s'est suicidée dans des circonstances mystérieuses 85 ans plus tôt. Ca danse et ça boit dans une ambiance débridée, jusqu'à ce que les flics viennent faire fermer boutique à l'organisatrice et expulsent tout le monde. Un petit groupe de fêtards échappe à la rafle, mais se retrouve prisonnier de la baraque. Au cours de la nuit, ils vont s'apercevoir que les lieux sont toujours habités par les démons qui ont poussé la maîtresse de maison à se pendre il y a 85 ans.

Les rares qualités du film sont sur sa jaquette, donc vous pouvez d'ores et déjà considérer que grâce à moi vous avez vu le meilleur et que vous pouvez largement vous épargner 1h28 de film pourri : il y a des nanas court vêtues à gros nénés et les maquillages de monstres ne sont pas trop mal. Bon, et allez, soyons magnanime, ajoutons que la bande son, bien qu'assez insipide, rappellera leur jeunesse aux nostalgiques de l'époque que j'évoquais dans ma critique de Dark Floors où horreur et rock étaient plus intimement liés. Mais le reste est, hélas, complètement dénué d'intérêt. On peine à croire qu'un scénario si bête émane d'un couple de professionnels et pas d'un groupe de collégiens. Lieux communs, grosses ficelles, rebondissements rares et prévisibles, personnages inexistants, le mélange de paresse et d'amateurisme maintient le film au ras des pâquerettes tout du long. Pas une idée originale ou un petit détail rigolo pour relever un tout petit peu le niveau. Le film ne semble même pas capable de se décider pour un ton, savoir s'il veut être un film d'horreur classique ou se la jouer un peu Buffy contre les vampires.


Night of the Demons 03Les créatures sont à peu près réussies mais ça ne suffit pas
à sauver le film de la nullité absolue.


Je crois qu'on comprend que c'est plus la peine d'espérer que ça décolle quand les personnages se mettent à faire tourner une bouteille pour savoir qui embrasse qui. Pour une fois qu'on n'avait pas affaire à des lycéens ou des étudiants mais à de jeunes trentenaires, les voilà quand même occupés à un jeu de gamins, et évidemment on a droit à l'inévitable séquence "allez les filles embrassez-vous houla c'est trop sexy et excitant, ah non nous on va pas s'embrasser parce que pour les garçons c'est pas pareil du tout !" Quelle absence d'imagination ! Quel ennui ! Quelle façon frileuse d'essayer d'être un peu coquin tout en restant soft et conventionnel ! Et après ça, chacun se sépare et tout le monde se fait avoir par les démons un par un, tout le monde oublie qu'il a un téléphone portable pour appeler des secours, personne n'essaie d'escalader la grille de la propriété pour se sauver... Et enfin, pour pas que les derniers meurent trop vite l'intrigue leur fournit toujours ce dont ils ont besoin (oh, une corde en parfait état qui traîne alors que le plancher vient de s'effondrer sur 4 étages et qu'on a besoin de descendre sans se faire mal ! oh elle est exactement à la bonne longueur en plus, pas un centimètre en trop ou pas assez !).


Night of the Demons 01Vivement la version Director's Cut avec une scène supplémentaire d' "Action ou Vérité".


Les acteurs ne relèvent pas le niveau, on sent un peu qu'ils sont là pour cachetonner et qu'ils s'en foutent, et c'est difficile de leur en vouloir. C'est un peu triste de voir un Edward Furlong bien mal en point en être réduit à vivoter de ce genre de merdouille, et de se dire que le réalisateur lui a tellement trouvé l'air d'une épave qu'il a tenu à faire de son personnage un dealer-louzeur, alors que ça n'a absolument aucune incidence sur l'intrigue, ça aurait pu être simplement un des participants de la fête, mais on non, on sent bien que le mec s'est dit qu'avec son air hagard et bouffi, jamais il serait invité à traîner avec de belles nanas branchées s'il avait pas des pilules magiques à leur vendre. A part ça, Shannon Elizabeth a pris un coup de vieux et Michael Copon n'est pas plus charismatique qu'à l'époque où il servait d'ersatz de Dwayne "The Rock" Johnson dans Le Roi Scorpion 2.


Night of the Demons 04Par moments on se demande si Edward Furlong joue encore
son personnage qui cherche la sortie du manoir hanté,
ou s'il joue Edward Furlong qui cherche la sortie du plateau de tournage.


C'est vraiment mauvais, donc à moins que vous ayez oublié d'acheter Jeepers Creepers et Razorback pour ce soir et que tout ce qu'il reste dans le bac à 5€ du supermarché d'à-côté soit ce pauvre navet, ça n'est vraiment pas la peine de perdre votre temps avec. Enfin, sauf si vous êtes amoureux du décolleté de Diora Baird, mais entre nous, si c'est le cas, il doit y avoir de quoi satisfaire vos besoins gratuitement sur internet sans avoir à gâcher 1h28 devant un film pourri.

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 07:16

Blood DollsVous connaissez la vieille tradition instaurée ici l'an dernier, alors vous vous doutiez bien que vous n'échapperiez pas à un film Full Moon produit, écrit et réalisé par Charles "j'aimerais tellement être Lloyd Kaufman" Band. N'ayant pu remettre la main sur mon DVD d'Evil Bong, ce sera Blood Dolls, édité il y a des années en France en boîtier métal (comme The Creeps avec qui il partage également l'acteur Phil Fondacaro) pour donner l'impression que c'est un film luxueux et prestigieux et pas un direct-to-video à petit budget.

Vous l'aurez compris au titre et à la jaquette, il est une fois de plus question de poupées tueuses, ici un maquereau, un hercule de foire et une geisha à quatre bras, créées par un inventeur de génie pour exécuter ses basses besognes. Milliardaire excentrique et difforme, notre homme vient de perdre une fortune dans un procès intenté par ses concurrents et, après avoir châtié ses avocats, entreprend de se venger de ses adversaires en lançant ses jouets à leurs trousses. Mais l'ambitieuse épouse de l'un de ses rivaux va ruser pour tenter de retourner ses plans machiavéliques contre lui.

Le début est assez surprenant pour qui a visionné quelques productions Charles Band de ces dix dernières années : certes, c'est moche, con et assez mal joué, comme d'habitude, mais c'est assez inventif. En quelques minutes à peine, on a droit à un majordome sinistre maquillé en clown aux dents taillées en pointe, un groupe de rockeuses enfermées dans une cage que leur "propriétaire" utilise comme une sorte de juke-box humain, un nain borgne et teigneux chargé de les forcer à jouer, un type toujours masqué pour dissimuler sa tête minuscule, une machine qui transforme les gens en poupées... Ah mais voilà, les "Blood Dolls" elles-mêmes sont assez révélatrices de ce qui a dû être la genèse du film : le responsable des effets spéciaux de Full Moon conçoit toujours trop de marionnettes pour les Puppet Master, et comme Band n'aime pas gâcher, quand il a un surplus suffisant de créatures jugées trop nulles pour sa série vedette il se débrouille pour les caser quand même dans autre chose, et là en l'occurrence tout le film a l'air d'un patchwork de trucs qui traînaient, des bouts d'idées de scénars, des petites pépées à qui il avait promis un rôle, un groupe de filles qu'il voulait lancer...


Blood Dolls 01

Les figurines qui donnent leur nom au film sont assez médiocre, mais autour d'elles,
quelques éléments rigolos donnent une certaine saveur à l'ensemble, comme le clown triste...

Blood Dolls 02

...ou le quatuor des "Baby Dolls" (apparemment, un obscur groupe nommé les Girl Eats Boy)
qui s'agite lascivement en cage quand le méchant nain les électrocute.


Alors voilà, c'est goleri quelques temps, et puis ça s'enlise. Quand, à 50 minutes de la fin du film, on voit qu'il ne reste déjà plus que deux victimes potentielles pour les vilaines poupées, on se dit qu'on va trouver bien long le temps qui reste, et effectivement ça devient plutôt pauvre en rebondissements et très bavard, tandis qu'il n'y a plus de nouveaux éléments originaux et fantaisistes pour raviver l'intérêt. On a alors tout le loisir de constater à quel point c'est vraiment indigent et idiot plutôt que de se passionner pour l'issue de ce duel de cerveaux entre crapules pontifiantes. Ca n'est pas complètement ennuyeux, ça garde un petit charme nanaresque jusqu'au bout (pour vous dire, ça se conclue sur deux fins différentes parce que l'auteur "n'arrivait pas à choisir" !), mais c'est tout juste du film d'horreur (les Blood Dolls n'ont finalement que peu de scènes) et c'est un poil mou et répétitif.


Blood Dolls 03

Malgré sa plastique agréable, la méchante dominatrice SM n'est pas
un personnage suffisamment intéressant pour justifier l'importance du rôle qui lui est accordé.


Ca date de 1999 et c'est vraisemblablement l'un des derniers produits d'une ère où Charles Band se sortait encore un tout petit peu les doigts du cul pour faire des petites séries B potables, crétines mais regardables, plutôt que des navets paresseux uniquement destinés à un public d'amateurs de cigarettes magiques disposés à ricaner devant n'importe quelle couillonnade, comme  Gingerdead Man. Je n'irai pas jusqu'à vous le recommander parce que c'est quand même plutôt mauvais, mais disons que ses quelques bizarreries pourront intéresser les plus curieux et courageux (au passage, sachez que le DVD ne propose qu'une VO sans sous-titres en plus de la VF). Si vous l'intégrez à une soirée films d'horreur pour Halloween, n'en faites surtout pas le plat de résistance, mais vous pouvez tenter de le servir en amuse-gueule ou, si vous préférez jouer la sécurité, en digestif, quand la moitié des invités est déjà endormie et l'autre déjà un peu comateuse.

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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 07:49

jeepers creepersUn type de film qu'il est toujours bon de placer en soirée du 31 octobre (à supposer qu'il reste, parmi mes rares lecteurs, des gens qui se font des soirées de films d'horreur pour Halloween), c'est le film pas tout à fait inconnu et jouissant même d'un statut semi-prestigieux mais n'ayant jamais vraiment acquis la notoriété ni des "classiques" comme Vendredi 13 ou Halloween ni des séries interminables à la Destination Finale ou Saw malgré sa bonne qualité. Jeepers Creepers rentre plutôt bien dans cette catégorie. Succès public et critique suffisant à l'époque pour garantir une suite, mais une seule ; pas assez célèbre pour que quelqu'un envisage un remake aujourd'hui ; pas vraiment omniprésent dans les bacs à DVDs et à la télé sans être devenu introuvable ; un amateur du genre en aura probablement entendu parler, mais ne l'aura pas forcément vu. J'en gardais un bon souvenir, et comme je n'ai pas encore vu énormément de bons films ce mois-ci, je me suis dit que j'allais me le refaire.

Comme pas mal de films d'horreur, Jeepers Creepers démarre avec des étudiants en vacances sur une route perdue au milieu de la campagne. Darry et Trish sont frère et soeur et rendent visite à leurs parents. En chemin, ils sont harcelés puis percutés par un chauffard fou au volant d'un vieux camion pourri qui finit par s'éloigner. Ils retrouvent le véhicule quelques kilomètres plus loin, garé près d'une église désaffectée, et surprennent le conducteur en train de décharger ce qui ressemble bien à des corps enroulés dans des draps. Trish propose de prévenir la police à leur arrivée, Darry insiste pour qu'ils aillent inspecter les lieux au cas où quelqu'un serait encore en vie parmi cette sinistre cargaison. Trish cède à contrecoeur, et ils découvrent l'antre macabre du "Creeper", remplie de cadavres. Malheureusement pour eux, le tueur sait qu'il a été vu, et ne va plus les lâcher...


Jeepers Creepers 04Le personnage de la medium apporte ce qu'il faut d'éléments d'exposition
sans pour autant devenir l'un de ces je-sais-tout agaçants
qui servent de béquilles aux scénarios boiteux.


Le film prouve qu'on peut recycler des éléments plus très nouveaux et quand même parvenir à un résultat malin et original. Légendes folkloriques, homicides ruraux, créatures démoniaques, visions prophétiques, jeunes imprudents, on ne peut pas dire que le réalisateur-scénariste Victor Salva s'aventure en terrain inexploré, mais il sait faire prendre des détours inattendus à une histoire d'apparence classique. Quand le camion débarque, on pense avoir affaire à un film de poursuite à la Duel, puis quand les héros s'aventurent près de l'église on s'imagine qu'ils vont s'y retrouver piégés et poursuivis et que ça va ressembler à un genre de Massacre à la tronçonneuse, et à chaque fois qu'on pense que l'intrigue s'est engagée pour de bon dans une voie, elle repart dans une autre direction. Et ce, sans pour autant se fourvoyer dans des coups de théâtre absurdes, et en gardant un rythme tranquille pour préserver le suspense.


Jeepers Creepers 012001, une époque où les films n'étaient pas encore
destinés à être vus sur des téléphones portables par des hyperactifs
et où on pouvait encore utiliser le bon vieux coup de
la menace qui se profile discrètement à l'horizon pendant que la scène se focalise sur autre chose.

 

Je reconnais que les protagonistes peuvent être assez agaçants. Les dix premières minutes sont consacrées à leurs jeux et chamailleries en voiture, brièvement interrompus par l'épisode du camion, c'est un bon moyen de rendre crédible leur relation frère-soeur (qui, par ailleurs, évacue toute tension sexuelle du film, et le démarque du même coup de la majorité des films d'horreur), et des détails anodins de la conversation sont ensuite habilement réutilisés (comme le fait que Darry ait emmené son linge sale pour que leur mère le lave), mais ça pourra taper sur les nerfs de certains spectateurs. Et si Darry se révèle être un brave garçon, le personnage de Trish reste franchement désagréable jusqu'au bout, c'est pas rédhibitoire mais c'est un peu contrariant. En revanche, on appréciera le fait que le personnage du Creeper soit plus développé qu'un simple croquemitaine basique, sans être complètement "expliqué". Pendant une bonne partie du film, on ne sait pas si c'est un cinglé ou un monstre. Ensuite, quand le voile commence à se lever, on apprend différents détails bizarres mais sans en avoir forcément la justification. Pourquoi est-ce qu'il ne frappe que pendant 23 jours tous les 23 ans ? C'est quoi son délire avec la chanson Jeepers Creepers ? Qu'est-ce qui le pousse à embaumer, coudre, bricoler ses victimes une fois qu'il a consommé les organes qu'il voulait ? Ca reste mystérieux, et c'est tant mieux.


Jeepers Creepers 03Difficile d'en faire la critique en préservant le secret intact, mais le film
laisse un moment planer le doute sur la nature du tueur :
serial killer particulièrement tordu, ou démon excentrique ?


La conclusion, abrupte et sans génie, m'a un peu laissé sur ma faim, et le look du Creeper est plus intéressant et effrayant quand on le distingue mal que quand il commence à apparaître sous toutes ses coutures, mais le reste est vraiment réussi. C'est inventif et ça évite les écueils qui coulent tant d'autres slashers. Ici, quand un personnage est imprudent, ce n'est pas parce que le scénario a un besoin soudain qu'il devienne un débile léger, c'est parce que les événements l'y poussent de façon logique, plausible. Si personne n'a de quoi appeler les secours, ce n'est pas parce que tout le monde a oublié qu'il avait un smartphone dans la poche ou que "ça capte pas !", c'est parce qu'on est en 2001, et qu'il a été établi que le seul personnage possédant un portable est typiquement le genre de mec qui oublierait de le recharger, et qu'il est à bord du genre de vieille guimbarde dont on croit sans peine que l'allume-cigare qui permettrait d'y remédier est cassé.


Jeepers Creepers 02

Même si la qualité des effets spéciaux n'est pas à remettre en cause,
le tueur fonctionne mieux en tant que silhouette menaçante de cowboy de cauchemar
que quand il devient une sorte de cousin du djinn de
Wishmaster.


Périodiquement, Hollywood se rappelle que Victor Salva sait faire des films et lui donne les moyens d'en tourner un nouveau, puis les médias rappellent qu'il a fait de la prison pour pédophilie et les producteurs se disent que bon, finalement, en termes d'image c'est pas forcément une très bonne idée de continuer à lui filer des sous même s'il en rapporte beaucoup plus qu'il n'en coûte (les deux épisodes de Jeepers Creepers ayant très bien marché malgré des budgets modestes), et il retombe dans l'oubli pour quelques années. Oui désolé, je plombe un peu l'ambiance là mais je tenais quand même à vous prévenir des méfaits de l'auteur, des fois que ça vous poserait un problème de conscience de vous intéresser à son oeuvre, de la même façon que certains boycottent les acteurs scientologues. Cela dit, on ne peut pas dire que Jeepers Creepers véhicule le moindre message d'incitation au tripotage de gamins, et sans être un chef-d'oeuvre c'est vraiment une bonne petite série B étrange et angoissante, dont un amateur d'horreur ne devrait pas regretter l'achat.

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 08:25

The TorturedComme tous les termes idiots, celui de "torture porn" est employé à tort et à travers par les cons, mais aujourd'hui je dois avouer que j'ai l'impression d'être tombé sur un film dont les auteurs (le réalisateur du très médiocre The Stranger avec Steve Austin et un producteur de téléfilms de Noël pour la chaîne Hallmark) avaient effectivement en tête de pondre un film destiné à un public qui prend plaisir à voir des personnages se faire martyriser. Ben oui parce que même si ce qualificatif imbécile a été infligé à Hostel ou Saw, ce sont clairement des films dans lesquels la torture est là pour faire grincer des dents, pas pour qu'on se paluche devant. Mais pour The Tortured, vraiment, j'ai un doute.

A la base, c'est un film de vengeance, celle d'un couple de mannequins d'une agent immobilière et d'un médecin dont le jeune fils a été kidnappé et tué par un serial killer. Le meurtrier est arrêté par la police et condamné à perpétuité, avec possibilité de liberté conditionnelle au bout de 25 ans. Persuadée qu'il l'obtiendra dans dix ans, parce qu'apparemment dans leur coin les comités de probation sont super indulgents avec les détraqués arrêtés avec un charnier de gosses dans leur jardin, la mère du petit décide qu'il doit mourir. Son mari, d'abord récalcitrant, finit non seulement par abonder dans son sens, mais par suggérer que le flinguer est encore trop sympa et que ce serait mieux de commencer par le séquestrer et le torturer. Ils détournent la camionnette qui le transfère vers une autre prison, et malgré un accident, parviennent à traîner leur future victime jusqu'à la cave d'une maison isolée en pleine campagne, ou le mari va mettre à profit son savoir médical pour lui infliger les pires douleurs.


The Tortured 02J'espère que vous êtes prêts pour une chouette soirée parce qu'il y en a plein des moments sympa comme ça.

The Tortured 03Vraiment, vraiment plein.


Voilà, j'aimerais vous dire qu'il y a un "mais" à ça. Quand la camionnette se retourne je me disais "ah ok ça va être ça l'histoire, le type s'échappe et ils se retrouvent traqués par celui dont ils voulaient se débarrasser". Mais non, peu après l'accident ils ont bien enchaîné un mec dans leur cave. Alors bien sûr, si on est un peu observateur on voit bien que ce n'est pas Bill Moseley qu'ils ont embarqué et on comprend qu'il y avait deux prisonniers dans la fourgonnette et qu'ils se sont trompés, et là on se dit que l'histoire du film ça va être que le vrai tueur rôde et va les piéger dans la baraque. Mais non, le couple se rend compte de rien, ce qui est complètement absurde parce qu'on suppose que le visage du psychopathe qui a tué leur fils doit être gravé dans leur mémoire, et c'est pas comme si le type est défiguré au point d'être méconnaissable ou qu'il ressemble particulièrement à Bill Moseley. Et là où ça devient encore plus con c'est qu'apparemment, nous, les spectateurs, on est censés se laisser avoir aussi, et penser qu'ils torturent la bonne personne. On est donc face à un film qui non seulement nous prend pour des aveugles, mais en plus nous propose de choisir entre cautionner le sadisme incroyable de parents qui veulent "se faire justice" ou souhaiter qu'un assassin d'enfants puisse enfin se libérer et s'échapper. Oser prendre le risque de mettre son spectateur mal à l'aise, c'est bien quand c'est fait intelligemment, mais pas quand il faut d'abord lui faire avaler une grosse couleuvre pour que ça fonctionne, et pas quand on finit par donner l'impression que, dans le fond, si les personnages avaient vraiment torturé le tueur et pas un innocent, leurs actes auraient été légitimes.


The Tortured 05Le revirement du mari, qui commence par rejeter l'idée de vengeance avant d'être celui
qui décide d'en faire un acte de barbarie sadique, n'est pas spécialement plausible.


Et attention hein, la torture se déroule pas hors champ et c'est pas une ou deux brèves scènes, on a droit à des brûlures avec divers instruments, un tympan crevé à la seringue, des injections de produits toxiques, un étouffement avec un masque spécialement conçu pour ça, les pieds broyés à l'étau, les os brisés à la pince, y a même une éviscaration en bonus (parce que ça n'est qu'un cauchemar). Le tout assorti de bruitages bien atroces. Une fois de plus, il y a des choses tout aussi horribles dans les Hostel ou Human Centipede, mais il y a une différence entre voir de pauvres gens se faire charcuter par des fous en espérant qu'il y en aura au moins un ou deux pour survivre et se sauver, et regarder deux bourreaux massacrer un prisonnier en se demandant s'ils vont finir par regretter leur geste et comprendre que ça ne leur rendra pas leur gamin, ou s'il va falloir subir encore une autre scène de mutilation, ou deux, ou quatre, avant que les flics ne les retrouvent ou qu'ils ne s'enfuient pour ne pas être arrêtés. J'ai vraiment l'impression que le réalisateur s'est dit "tiens, on dirait que les gens aiment voir de la torture au cinéma en ce moment, je vais leur en donner alors, ils vont se régaler !", qu'il a pris au pied de la lettre cette expression de "torture porn". Alors après soyons lucides il y a forcément des gens qui prennent du plaisir devant les scènes les plus sadiques mais j'ose espérer que ça ne représente qu'une minorité de spectateurs.


The Tortured 06Les quelques scènes de suspense semblent moins là pour donner l'espoir que la victime va s'en tirer
que pour amener à craindre d'être privés d'une énucléation ou d'un arrachage d'ongles supplémentaire.


Je ne suis pourtant pas spécialement prude ni rien, et je peux apprécier qu'un film ne nous martèle pas l'opinion qu'on est censés avoir sur les événements qui s'y déroulent, un peu comme l'ambigu Troupe d'élite. Mais là, le film donne tantôt l'impression de ne pas vraiment savoir ce qu'il veut dire sur la vengeance et la justice et compte surtout sur son faux coup de théâtre pour faire croire au spectateur qu'il vient de voir un truc super astucieux, et tantôt l'impression que c'est simplement une apologie réac du châtiment corporel et de la peine de mort parce que la justice serait trop laxiste envers les tueurs d'enfants. Ca se perd en séquence inutiles et survole très vite des éléments qui auraient pu faire la différence entre un bête film-défouloir et quelque chose d'un peu plus malin dans sa façon de mettre le spectateur mal à l'aise par rapport à ses propres bas instincts. Les héros se mettent très vite d'accord sur l'idée d'enlever et torturer l'assassin, puis se mettent à l'oeuvre sans trop d'hésitation, de culpabilité ou de remords... Il y a des films qui savent habilement montrer comment des gens bien-comme-il-faut peuvent se laisser aller à des actes ignobles, comme The Woman, mais The Tortured n'en a ni l'humour ni l'intelligence.

 The Tortured 01

Si photogéniques qu'ils soient, les acteurs ne sont pas hyper crédibles
dans leur rôle d'honnêtes gens poussés à la folie sanguinaire.


 Je veux pas faire mon Roger Ebert partant dans une diatribe anti-Oeil pour-Oeil et m'énerver contre "un immondice sans la moindre qualité artistique", mais je dois dire qu'il n'y a pas grand chose à sauver dans The Tortured. C'est idiot, maladroit, pas très bien joué, ça ne va nulle part, c'est un peu puant, et puis vraiment, tout simplement, pénible à regarder parce que voir quelqu'un se faire malmener comme ça pendant une bonne moitié d'un film d'1h20, avec l'idée que si ça n'était pas le faux coupable, il l'aurait bien mérité, le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne constitue pas un spectacle précédent. Malgré ce qu'affirme la jaquette, en ajoutant 4 étoiles pour faire croire que ça vient d'une vraie critique alors que c'est une pure invention du distributeur du DVD, je pense que même les plus gros fans des Saw peuvent éviter le film sans regret.

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 08:01

DjinnsIl fallait bien un représentant de l'horreur à la française pour la sélection de cette année, et comme le DVD du remake de Maniac n'est pas encore en solde, ce sera donc Djinns, premier (et dernier, à ce jour) film d'Hugues et Sandra Martin. L'action suit un commando français à travers le désert du Sahara en pleine guerre d'Algérie. Un avion transportant une mallette au contenu top-secret s'est écrasé, les troufions sont chargés d'aller porter secours aux éventuels survivants et surtout, de récupérer la valise. A peine ont-ils mis la main dessus qu'une attaque-surprise d'un groupe de fellaghas les pousse à fuir dans une tempête de sable. Ils trouvent finalement refuge dans un village non-répertorié, mais leur répit sera de courte durée, car les esprits protecteurs du désert, les djinns, sont bien décidés à ne pas laisser la mallette arriver à bon port. Très vite, les soldats sont victimes d'hallucinations qui les poussent à s'entretuer...

Choisir une guerre comme cadre d'un film d'horreur n'est pas une idée totalement inédite, mais soyons honnête, Djinns a le mérite d'avoir choisi une époque, un décor et une créature pas encore trop surexploités par le cinéma. Ca ne fait pas automatiquement un bon film, mais au moins le point de départ est un peu plus intriguant qu'une énième variation autour du tueur masqué qui poignarde des jeunes dévergondés. Du fait qu'il s'agit aussi d'un film de guerre, les dangers qui menacent les protagonistes ne sont pas que d'origine surnaturelle, ce qui permet de faire monter rapidement la tension sans avoir à surexposer trop vite les fameux djinns. Et si les personnages sont un peu stéréotypés, je préfère nettement suivre un groupe composé de "jeune appelé légèrement chiffe molle sur les bords", "brave gars", "psychopathe", "vieux briscard teigneux", "officier incapable" plutôt que "soldat #1", "soldat #2" ou "gros con #1", "gros con #2". On sait bien qu'ils vont presque tous se faire tuer, mais donner un minimum de caractère à ses futures victimes n'est pas du luxe.


Djinns 03En dehors du consternant Grégoire Leprince-Ringuet et de Raouïa Harand
qui débite ses répliques sans intonations, les acteurs sont plutôt pas mauvais.


Mais malgré ses qualités, il faut bien reconnaître que Djinns n'est pas une grande réussite. Passons rapidement sur le fait que le 1er rôle, le petit Leprince-Ringuet, est un acteur abominable, parce que le reste du casting rattrape un peu. Plus regrettable, l'intrigue aligne un paquet de clichés, à la fois de films de guerre et de cinéma fantastique. D'un côté, l'interrogatoire de prisonnier sous la torture, le sous-off plus expérimenté que son supérieur et qui finit par lui rentrer dans le lard, le pauvre couillon rongé par le remords d'avoir tué un civil, le flashback dans les terribles geôles viets... De l'autre, la prophétie qui prédit l'arrivée d'un Etre Elu,
la tribu avec sa sorcière pleine de sagesse qui comprend la nature que nous autres Occidentaux on respecte pas, les personnages qui se séparent bêtement au lieu de rester groupés... Avec tout ça, la bonne impression sur laquelle on part s'amenuise au fil des scènes. Et dans le genre "élément qui démarre bien mais qui finit par se galvauder", la première apparition d'un djinn, sous forme de vague silhouette inquiétante aux mouvements étranges, fonctionne très bien, et puis plus on en voit plus ça devient juste un cascadeur en costume dont on peut distinguer malgré le flou qu'il est pas terrible.


Djinns 01Les effets spéciaux sont de qualité acceptable, mais le design des djinns est un peu raté.


Je ne voudrais pas trop noircir le tableau, ça n'est pas un trop mauvais film, on ne s'ennuie pas devant, mais c'est loin d'être une grande réussite. Et pour être franc, faire intervenir le surnaturel dans une histoire qui se raccroche à un fait historique réel est un peu maladroit. On peut pas à la fois essayer de faire un film un peu sérieux sur la guerre d'Algérie ET montrer que ce que le Sahara s'est pris dans la gueule en 1960, c'est parce que les djinns n'ont pas réussi à le protéger. Ca fout un peu en l'air l'intrigue elle-même, en plus. Le fameux Etre Elu accepte son rôle de nouveau sorcier-défenseur du désert... mais laisse sciemment la catastrophe se produire au lieu de décider de garder la mallette que les djinns voulaient empêcher d'arriver à bon port. Bien joué, Etre Elu, grâce à toi on n'a pas du tout mais alors pas du tout l'impression que toute cette aventure n'a servi strictement à rien quand arrive l'épilogue.


Djinns 02

Le film a l'air d'hésiter entre traiter ses personnages comme les gentils
(parce qu'en face, les djinns, c'est méchant quand même, ils les rendent fous un à un)
ou les méchants (parce que la guerre d'Algérie quand même, c'était mal) puis finit lâchement par
faire peser toute la culpabilité sur les seules épaules du fou de guerre/tortionnaire joué par Thierry Frémont...


Une fois de plus, le folklore arabo-musulman étant rarement représenté au cinéma, si vous êtes vraiment curieux ça reste un film regardable, pas complètement inintéressant ou mal foutu. Si vous cherchez à apporter une petite touche d'exotisme à votre soirée films d'horreur et que vous n'êtes pas super exigeant, ça peut faire l'affaire. Mais c'est vraiment pas un titre indispensable à votre collection et dans le genre "barbouzes vs monstres" ça ne remplacera jamais un bon Predator.

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Fais pas ta pute

Bon, j'aime pas mendier, mais tu sais que je t'aime, ami lecteur, et que je sais que tu adores ce que j'écris, alors je me disais que par exemple, tu vois,  pour faire un beau geste, ce serait sympa si une fois de temps en temps histoire de filer un petit coup de pouce, tu lâchais quelques piécettes pour que j'ai un film de plus à chroniquer ici tu vois ? Non je sais que ça fait minable de réclamer comme ça mais putain,  tu crois qu'un mec qui a payé pour voir Gingerdead Man se soucie encore de son image de marque ? Et je sais que c'est la crise et que t'as des fins de mois difficile, mais bordel je demande pas la lune non plus, quand je pense au temps que tu passes GRATUITEMENT sur mon blog qui illumine ta journée ennuyeuse au bureau, je me dis que m'offrir un DVD de temps en temps ce serait un juste retour des choses quand même. Y a pas d'obligation hein, mais quand même quoi vazi fais pas ta pute. A ton bon coeur, mec. Tu le regretteras pas. Et je te cacherai pas que pour le moment, cette opération est un bide complet donc si tu décidais de participer, ça ferait de toi le premier contributeur, soit un genre de membre Gold du site tu vois, la classe. En plus si ça se trouve c'est déductible des impôts ou un truc du genre, renseigne-toi mec, ça vaut le coup.

Goldmembers

goldmemberMC Jean Gab'1 n'est pas une putain, retiens-le bien, mais ça vous le saviez déjà. Mais d'autres gens ici n'ont pas fait leur pute, et contribué à l'effort de guerre. Grâce soit donc rendue en ces lieux à :

-Artemis
-jakbonhom
-Mahg

-Sheep Tapes
-Snowman
-Super Menteur