Les jeunes d'aujourd'hui ne se rendent pas compte, mais à une époque il n'y avait pas internet, et donc quand on avait apprécié un film, puis que sa suite sortait directement en vidéoclubs sans passer par la case cinéma, on ne pouvait ni le télécharger illégalement pour la voir gratos comme des malandrins ni meme consulter un merveilleux site comme le mien pour savoir ce que pouvait bien valoir Cyborg 3 ou Hellraiser IV. (notez que malgré tout ça ne sert à rien de venir ici pour savoir ce valent Cyborg 3 ou Hellraiser IV, je les ai pas vus). La seule solution, c'était de louer la cassette. Du coup n'importe quelle daube était susceptible de devenir un succès de location quand même, et donc d'engendrer une nouvelle suite, que même certains déçus de la précédente pouvaient être tentés de tester quand même. Vous savez, au cas où American Ninja 4 aurait été meilleur qu'American Ninja 3. C'est comme ça qu'on a eu 4 Critters, 7 Démons du maïs, 6 Trancers ou encore une floppée de Puppet Master. Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez, connards d'ingrats.
Ben oui parce que, même si je ne dirais pas que le phénomène a complètement disparu de nos jours, j'ai l'impression que depuis quelques années les studios, en plus de se calmer sur les "allez, venez on fait un quatorzième épisode", se donnent un peu plus de peine pour produire des direct-to-video présentables. Les suites de Course à la Mort sans Statham ou du Roi Scorpion sans The Rock sont regardables. Cela dit même dans les années 90 le marché des suites VHS ne proposait pas que de la merde, comme l'a prouvé le sympathique Une Nuit en Enfer 2 pas plus tard qu'avant-hier. Alors, même si celui-ci non plus ne m'avait pas spécialement plu quand je l'avais vu à sa sortie, c'est plein d'espoir que je me suis refait Une Nuit en Enfer 3 près de quinze ans après mon premier visionnage.
Danny Trejo, déjà fidèle à son habitude de ne pas savoir dire non à un boulot, est encore de retour.
Il est une fois de plus question de criminels aux prises avec des vampires au Mexique, et Danny Trejo rempile encore un coup, mais l'action se déroule avant celle des deux premiers épisodes, il y a une centaine d'années. Un jeune desperado échappe à la pendaison grâce à un complice inattendu et s'enfuit en emmenant avec lui la jolie Esmeralda, fille du bourreau qui était sur le point de l'exécuter. Il rejoint son gang, et ensemble ils dévalisent des voyageurs avant de s'arrêter pour la nuit dans une auberge que les habitués d'Une Nuit en Enfer reconnaîtront sans peine, même si à l'époque elle s'appelle encore "La Tetilla del Diablo" et pas le "Titty Twister". Ils se laissent séduire par les filles du coin, sans se douter qu'ils seront le plat principal au menu du dîner, ni qu'Esmeralda est attendue de pied ferme par la maîtresse des lieux.
Les premiers rôles sont tenus par des inconnus, mais les seconds sont l'occasion de reconnaître
quelques habitués de la série B comme Temuera Morrison en bourreau.
Le démarrage laisse augurer le meilleur, en tout cas le meilleur qu'on puisse attendre d'un produit de ce genre. Oh, on est à fond dans du lieu commun de western hein, la potence, la foule qui réclame du sang, la jolie nana qui s'attriste du sort que va subir le beau bandit ténébreux, le tir bien placé qui coupe la corde au moment fatidique, c'est du déjà vu, mais c'est mis en scène avec ce qu'il faut de compétence et d'énergie. Et un peu plus tard, on a droit à une attaque de diligence, là non plus c'est pas vraiment du l'inédit mais ça témoigne d'une ambition louable d'essayer de faire du spectaculaire avec peu de moyens. Il faut reconnaître une chose à PJ Pesce, faute d'avoir les acteurs et le budget de l'original il aurait pu se contenter de bacler une petite merde, mais au lieu de ça il a fait l'effort de tenter de bricoler quelque chose qui en donne pour leur argent aux fans de Robert Rodriguez.
Il faut vraiment, vraiment, VRAIMENT un moratoire contre les scènes de parodies de Taxi Driver.
Hélas, après ça le film s'enlise gentiment et ne repart jamais vraiment sur les bons rails. La partie purement western est nettement plus réussie que le reste, et lorsque l'aventure bascule dans l'horreur on a l'impression d'une sorte de bête resucée de l'original en moins bien, malgré quelques coups de théâtre pas inintéressants et une ou deux créatures originales. Les personnages se bagarrent avec des cascadeurs en costume en caoutchouc qui ont l'air d'avoir été empruntés à Buffy contre les Vampires, il y a du sang qui gicle, presque tout le monde meurt en l'espace de quelques minutes, et hop, rideau. Et c'est assez décevant de se dire qu'une série de péripéties qu'on a pris un peu de plaisir à suivre (même si on s'est ennuyé à certains moment aussi, quand même) sert au final à raconter une histoire dont on se branle (à savoir, l'origine d'un personnage qui a 5 minutes de présence dans le premier film).
Il y a quelques effets gore bien dégueulasses mais rien de super inventif malheureusement.
La Fille du bourreau n'est pas catastrophique, mais n'est pas à la hauteur du Prix du sang qui pourtant ne plaçait pas la barre très haut, et on comprend qu'après ça Miramax et Dimension Films se soient dits qu'il était peut-être temps de laisser reposer leurs vampires mexicains en paix avant de sortir l'épisode de trop. Le scénario (signé par un cousin de Robert Rodriguez) est moins bien, les acteurs sont moins bien, les aventures au Titty Twister commencent à sentir un peu le réchauffé. En tant que western avec des monstres c'est meilleur qu'Alien Invaders, et si vous êtes le genre de spectateur compulsif qui se force à regarder toutes les suites des films qu'il aime bien pour être sûr qu'il a bien eu toute l'histoire complète, arriver au bout de celle-ci n'est pas une torture, mais à moins d'être collectionneur de tout et n'importe quoi, ça n'est clairement pas un DVD indispensable.